Publié le 14 décembre 2024


Publié le 14 décembre 2024
Voilà le n°124 du bulletin Solidaires et internationalistes ! Un bulletin pour que les militantes et militants aient connaissance de l’activité internationale de notre Union syndicale.
Au sommaire :
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Le 6 novembre Trump a été réélu à la présidence des Etats-Unis.
Ce choix électoral va avoir des conséquences pour l’ensemble de la population sur le sol américain d’abord.
La politique populiste et fascisante de Trump qui va être mise en œuvre n’a en fait rien à envier à l’extrême droite. A l’origine du coup de force contre le congrès américain le 6 janvier 2021, Trump qui se vantait d’être un dictateur en cas de réélection est juste un danger mortel pour la démocratie.
Son programme liberticide menace de s’exporter, avec des répercussions probables sur la scène internationale, où l’influence américaine risque d’encourager des politiques de répression similaires dans d’autres pays. Le plan de réélection de Trump, appelé « Projet 2025 », dessine un modèle de société axé sur des valeurs ultra-conservatrices, remettant en cause les droits des femmes, des personnes LGBTQI+, des personnes racisées, et s’appuyant sur une politique migratoire ultra-restrictive:
– reconduction massive d’immigré-es hors des frontières, assumant une politique raciste
– banalisation du sexisme voire des violences faites aux femmes, et la remise en cause du droit à l’avortement partout en perspective… à la grande joie de nombreux masculinistes trumpistes. Rappelons qu’il a été condamné en 2023 pour agression sexuelle.
– recul des droits, répression, maltraitance sera aussi le quotidien pour toutes les femmes, les personnes racisées mais aussi pour les personnes LGBTQI+.
De plus, la politique capitaliste ultra-libérale prônée par Trump accentuera les inégalités : diminution des impôts aux plus riches et aux multinationales, taxes protectionnistes, baisse des subventions aux associations qui luttent contre les discriminations ou pour la santé sexuelles et reproductive, etc, ce qui affaiblira encore les minces filets de protection sociale.
Le poids et la domination des Etats-Unis dans le monde, font avoir les pires craintes sur des sujets majeurs, comme la guerre en Ukraine, ou le renforcement de la politique d’impunité du génocide en cours par l’Etat d’Israël.
Même si la politique américaine était bien en deçà de la bifurcation écologique, l’arrivée de Trump, climato-sceptique affiché, fait là aussi porter peu d’espoir pour un changement majeur en ce sens, notamment car il souhaite encourager le développement d’énergies fossiles.
La nomination d’Elon Musk, propriétaire de X, notamment pour “démanteler la bureaucratie gouvernementale” (en clair toute l’administration et privatiser le peu de service public restant) démontre bien s’il le fallait qu’il s’agit d’une politique ultra-libérale, portée désormais par celui qui veut fonder un empire autoritaire de la communication et des affaires…Cette nomination a été saluée par Kasbarian actuel ministre de “la fonction publique, de la simplification et de la transformation de l’action publique”, qui se voit visiblement comme son homologue direct.
Plus que jamais, nos luttes, nos résistances y compris internationales sont nécessaires pour faire rempart à ces politiques mortifères. Celles-ci que l’extrême droite en France compte bien imposer.
L’internationalisme est une des valeurs fondamentales du syndicalisme que nous construisons. Il s’agit là d’une orientation politique. La lutte des classes ne s’arrête pas aux frontières des États… et le patronat le sait ! Les multinationales, mais aussi de grands groupes historiquement publics, ont une stratégie internationale : dans la logique et le cadre du système capitaliste, elle est tournée vers la recherche de profits pour une minorité et l’exploitation du plus grand nombre.
Face à cet internationalisme capitaliste, est posée la question de l’internationalisme réel du mouvement ouvrier, et notamment du mouvement syndical.
Dans cette logique, l’Union syndicale Solidaires :
L’Union syndicale Solidaires revendique :
Pour la démocratie et la justice : les peuples doivent lutter et s’organiser contre les pouvoirs politiques et économiques. Les renoncements de la démocratie représentative, le verrouillage de la démocratie par les institutions européennes, les traités internationaux ont favorisé l’extrême droite.
Au niveau international, ce que nous revendiquons dans le cadre de nos frontières, nous le revendiquons pour l’ensemble des travailleurs et travailleuses dans le monde. Cela implique de construire, avec les organisations du monde entier qui partagent ces valeurs, les outils internationaux pour organiser des mouvements revendicatifs communs, assurer la nécessaire solidarité internationale et aussi œuvrer à la transformation sociale à laquelle nous aspirons : c’est l’objectif du Réseau syndical international de solidarité et de luttes. Cela implique également de participer aux alliances permettant de fédérer les forces en vue de la conquête de nouveaux droits : droits sociaux, démocratiques, accès aux droits fondamentaux et aux biens communs de l’humanité. Le mouvement syndical n’est pas seul concerné dans cette lutte et il nous faut articuler la construction avec les différents réseaux et collectifs : forums, contre-sommets, coalitions, alliances internationales et autres réseaux.
L’autodétermination des peuples, en vue de l’émancipation, fait partie de nos revendications, notamment pour les peuples soumis aux puissances coloniales comme pour ceux que les institutions financières internationales et européennes ou les pays les plus puissants essaient de soumettre. Bien des frontières actuelles sont le produit des guerres coloniales et impérialistes. Le passé colonial de la France ne peut être évacué dans l’analyse de la situation contemporaine, dans notre pays et aussi dans les ex-colonies. Cela implique, notamment :
Pour l’Union syndicale Solidaires les revendications liées aux libertés fondamentales doivent être portées à l’international :
Égalité et solidarité se conjuguent à l’international.
Nous revendiquons une égalité de droits pour les travailleurs et travailleuses du monde entier, égalité qui doit se faire par le haut. Pourtant, c’est l’inverse que l’on constate la plupart du temps. Les directives européennes l’illustrent bien.
Il existe bien des normes internationales qui ont instauré un droit international du travail, c’est la fonction de l’Organisation Internationale du Travail, mais dans la réalité ces droits sont bafoués par de très nombreux pays.
L’internationalisme suppose de défendre le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Bien des frontières actuelles sont le produit des guerres coloniales et impérialistes. Le passé colonial de la France ne peut être évacué dans l’analyse de la situation contemporaine, dans notre pays et aussi dans les ex-colonies :
Le fait colonial est toujours d’actualité. Il crée des inégalités, des difficultés et des mobilisations spécifiques dans les collectivités territoriales d’outre-mer et certains territoires comme la Kanaky. Il pèse aussi sur la condition des travailleurs et travailleuses originaires de ces territoires ou de la deuxième génération en « territoire métropolitain ».
Pour une justice environnementale et sociale, pour la préservation de la planète, Solidaires a des revendications à l’échelle internationale à voir dans la section écologie.
La France doit agir en faveur de la paix dans le monde, cela implique des changements politiques et économiques profonds. D’une manière générale, l’Union syndicale Solidaires réaffirme qu’elle condamne tous les régimes politiques et/ou religieux qui oppriment les peuples.
Les mouvements migratoires génèrent des transferts financiers vers les pays d’origine, marché juteux pour les sociétés spécialisées, en revanche les politiques d’aide au développement (hors dépenses sécuritaires) se réduisent.
L’Union syndicale Solidaires revendique :
La dimension internationale fait partie de notre démarche syndicale. Il s’agit à la fois de faire vivre la solidarité internationale, dimensions indispensable de notre syndicalisme — solidarité avec les militant-es syndicaux qui subissent la répression dans leur pays ou solidarité avec les peuples du monde qui subissent la domination et la guerre — et de tisser des liens et travailler à la construction de mobilisations syndicales sectorielles ou interprofessionnelles au niveau européen et international.
Au plan international, la priorité de l’Union syndicale Solidaires est le développement du syndicalisme que nous défendons et pratiquons en développant notre outil syndical international : le Réseau Syndical International de Solidarité et de Luttes, constitué en mars 2013 et animé par la CSP-Conlutas (Brésil), la CGT de l’État espagnol, la CUB (Italie) et Solidaires. Le manifeste, mis à jour régulièrement est anticapitaliste, écologiste, féministe, autogestionnaire et antiraciste :
Des engagements divers et complémentaires, de niveaux différents, tous utiles et nécessaires.
Le collectif est notre force. Rassembler nos forces par-delà les frontières, c’est les décupler !
Extrait du cahier revendicatif de Solidaires, 2022
Nous, associations, collectifs de personnes exilées, collectivités accueillantes et syndicats, faisons part de notre vive préoccupation quant aux intentions du gouvernement Barnier en matière d’immigration. Après le feuilleton de la loi sur l’asile et l’immigration, nous nous opposerons à toute nouvelle dégradation des droits des personnes exilées en France et continuerons à défendre une politique migratoire d’accueil et de solidarité.
A peine nommé, le Gouvernement fait de l’immigration son cheval de bataille et multiplie les annonces outrancières et dangereuses. Le ministre de l’Intérieur a déjà annoncé réunir les préfets « des dix départements où il y a le plus de désordre migratoire pour leur demander d’expulser plus, de régulariser moins ». Nous dénonçons cette représentation mensongère des migrations : non, il n’y a pas de désordre migratoire, ni de crise migratoire. Nous assistons à une crise de l’accueil et de la solidarité, et une mise en danger des personnes exilées par des politiques de restriction et d’exclusion dont les gouvernements successifs se font les champions. Collectivement, nous revendiquons la régularisation des personnes sans-papiers, la protection des mineur·e·s non accompagné·e·s, le respect de la dignité et des droits humains.
Le ministre de l’Intérieur a annoncé vouloir remettre en cause l’Aide médicale de l’État (AME). La santé des personnes exilées est à nouveau instrumentalisée pour venir alimenter des considérations de politique migratoire. Nous souhaitons rappeler que l’AME est un dispositif de santé, essentiel pour l’accès aux soins des personnes et qu’elle répond à des enjeux de santé publique. A ce titre, cette politique publique se décide au ministère de la Santé. Nous nous inquiétons de voir nos gouvernant·e·s s’approprier la rhétorique d’extrême droite basée sur l’appel d’air et les dépenses incontrôlées, pourtant largement pourfendue par nombres d’études et rapports récents. Enfin, nous alertons sur le fait qu’environ un quart des bénéficiaires de l’AME sont mineur·e·s, et qu’il est intolérable de vouloir priver des enfants de l’accès aux soins.
Rien ne sera épargné aux personnes issues de parcours d’exil. Le gouvernement envisage même une nouvelle loi sur l’asile et l’immigration pour promouvoir des mesures pourtant censurées par le Conseil constitutionnel en début d’année. Ceci, à l’heure où nous constatons déjà les premières conséquences dramatiques de la loi promulguée le 26 janvier 2024. Ce gouvernement s’est lui-même placé sous la tutelle de l’extrême droite et a choisi de faire des personnes exilées le bouc-émissaire de tous les maux. Ses propositions s’inscrivent dans l’intensification du climat de peur pesant sur les personnes étrangères, et plus généralement sur toutes les personnes victimes du racisme. Le programme est clair : restrictions des droits, criminalisation des migrations et des personnes solidaires, répression des personnes exilées, enfermement à tout-va. Dans sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale ce mardi 1er octobre, le Premier ministre a annoncé vouloir « lutter contre le racisme » et traiter le sujet de l’immigration avec dignité, mais il se contredit aussitôt en prévoyant d’augmenter la durée maximale légale de rétention, d’empêcher les personnes exilées de franchir les frontières, et en faisant peser sur elles toutes les suspicions. En revanche, Michel Barnier ne remet à aucun moment en question les déclarations inquiétantes du ministre de l’Intérieur. Nous dénonçons l’orientation du gouvernement, et rappelons notre attachement à un État de droit qui respecte les personnes et les considère avec humanité, pas comme des indésirables.
Nous, associations, collectifs de personnes exilées, collectivités accueillantes, et syndicats, appelons à mettre fin à cette obsession migratoire xénophobe et dangereuse, et à respecter les droits de chaque personne, indépendamment de sa nationalité, de son origine, de sa religion, de son orientation sexuelle et de genre. Nous appelons chacun·e à la vigilance et à la solidarité, à continuer à soutenir et à participer aux actions, comme les luttes des travailleur·se·s Sans Papiers pour leur régularisation. Nous resterons mobilisé·e·s contre tout nouveau coup porté au respect des droits et à la dignité des personnes étrangères.
Signataires :
Ah Bienvenue Clandestin·es ! / Assemblée Citoyenne des Originaires de Turquie – L’ACORT / Les Amoureux au ban public / Anafé / ANVITA / Ardhis / Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF) / ATTAC / CCFD-Terre Solidaire / CGT / La Cimade / CNAJEP / CRID / Dom’Asile / Emmaüs / FCTR / Femmes Egalité / FSU / Gisti / Grdr – Migrations-Citoyenneté-Développement / Humanity Diaspo / J’Accueille / LDH / Ligue de l’Enseignement/ Limbo / Madera / Médecins du Monde / MIF / Mouvement de la Paix / MRAP / On Est Prêt / Organisation de Solidarité Trans (OST) / Oxfam / Pas Sans Nous / Patrons Solidaires / PLACE Network / Planning Familial / Polaris 14 / RAAR / Réseau Féministe « Ruptures » / RESF / Ripostes, pour une coordination antifasciste / SAF (Solidarités Asie France) / Singa / SOS Racisme / Thot / UEE / Union syndicale Solidaires / UniR Universités & Réfugié.e.s / Utopia 56 / Visa – Vigilance et initiatives syndicales antifascistes / Watizat / Weavers
Association Bretillienne des Familles / AMPB-Accueil Migrants Pays Bigouden / ASTI Les Ulis / Accueil Réfugiés Bruz / L’Auberge des migrants / Bienvenue Fougères / Centre social Accueil Goutte d’Or / Collectif Ile-de-France Bouge ta Pref / Collectif Migrants 83 / Collectif pour le Respect des Droits des Étrangers – 93 (RDE93) / COPAF / Droit à l’Ecole / Fédération Etorkinekin Diakité / Fontenay Diversité / Forum Social des Quartiers – Rennes le Blosne / Grigny Solidarité Palestine / Groupe accueil et solidarité (GAS) / L’Hirondelle de Martigné-Ferchaud / Intercollectif : Coordination Sans-Papiers 75, CSPM, CSP 17e / L’IOSPE – InterOrga de soutien aux personnes exilées de Rennes / LDH Section d’Arles / LDH de Martigues / LDH – Pays de Rennes / Maison de l’Hospitalité de Martigues / Migrants en Bretagne Romantique – QMS / Pantin Solidaire / Paris d’Exil / Plouër Réfugié-e-s / La Pourtère / Réseau Territoires Accueillants 35 / RESF 75 / Rosmerta (Avignon) / Solidarité Jean Merlin / Solidarité sans papiers Creil / Soutien Migrants Redon / Tous Migrant / UD CGT 35 / Un Toit c’est Un Droit Rennes / VIAMI Val d’lle-Aubigné Accueil Migrants / La Vigie de la Laïcité 13
Le socle idéologique du Rassemblement national et de toute l’extrême droite sont le nationalisme, le racisme (voir le 4 pages « Racisé·es et étrangèr·es ») et le patriarcat (voir le 4 pages « Femmes et minorités de genre »). Le RN a un projet fondamentalement nationaliste et xénophobe qui s’oppose à notre syndicalisme de transformation sociale et internationaliste.
Le Rassemblement national et plus largement les partis d’extrême droite sont nos ennemis. Ils mènent des politiques réactionnaires, racistes, xénophobes et en faveur du patronat, mais aussi du colonialisme. Les personnes racisées sont rendues coupables de tous les maux, et les solutions sont toujours recherchées du côté de l’ultralibéralisme. Partout dans le monde où ils sont arrivés au pouvoir, les droits des travailleurs et travailleuses, des femmes, des minorités de genres, des personnes racisées et des populations autochtones ont reculé, les violences contre les immigré·es et les personnes LGBTQI+ ont augmenté.
Partout l’extrême droite est un danger mortel pour le monde du travail.
Voici quelques exemples des politiques menées dans des pays dans lesquels l’extrême droite est arrivée au pouvoir. La liste n’est pas exhaustive… il y a malheureusement de nombreux autres exemples.
En Argentine, le gouvernement de Milei a restreint le droit démocratique de manifestation en assimilant les manifestations publiques à des délits et en autorisant les forces de sécurité à réprimer toute protestation. Il a mené des activités de renseignement sur les organisations du mouvement social, avec le plus grand mépris des principes démocratiques.
À peine en place, il a réformé le droit du travail pour permettre l’ubérisation de l’emploi, et supprimé les sanctions pour les sociétés qui emploient des personnes sans contrat ! 6 mois après son arrivée au pouvoir, l’extrême droite a supprimé le Ministère des femmes, des genres et des diversités et le secrétariat contre la violence de genre. Le gouvernement Milei entretient d’excellents rapports avec le gouvernement israélien d’extrême droite de Netanyahou.
Au Brésil, le président Bolsonaro s’est attaqué très rapidement aux droits des travailleurs et des travailleuses mais aussi aux libertés de l’ensemble de la population, à commencer par les minorités de genre et les populations indigènes. Suppression de la revalorisation automatique du salaire minimum, ouverture du port d’armes à plusieurs professions, réduction des fonds publics à l’éducation, attaques contre les filières de sciences sociales et développement des écoles militaires, accaparement des terres des communautés autochtones par les industries agro-alimentaires, le président d’extrême droite a mené une politique d’austérité à coup de privatisations d’entreprises publiques et de réformes anti-sociales. Comme le Réseau syndical de solidarité et de luttes l’a dénoncé, « c’est une politique qui profite aux banques, aux entreprises et aux grands propriétaires terriens et qui entraîne la pauvreté et la faim pour la classe ouvrière. » Le gouvernement Bolsonaro entretenait d’excellents rapports avec le gouvernement israélien de Netanyahou.
Aux États-Unis, le président Trump a baissé l’impôt sur les sociétés, et les inégalités se sont accrues, augmentant considérablement le déficit de la dette des États-Unis. Dans le même temps, l’assurance maladie et les législations environnementales ont fortement été altérées. Parmi ses autres « exploits », la construction d’un mur le long de la frontière avec le Mexique et d’incessantes atteintes à l’ordre institutionnel, à l’autorité de la justice et au processus électoral. Il s’est illustré également dans une très forte répression du mouvement Black Lives Matter suite à l’assassinat par la police de Georges Floyd, assassin qu’il a ouvertement soutenu. Sans compter son rôle d’incitation dans l’invasion du Capitole du 6 janvier 2021 où l’extrême droite américaine a tenté de prendre le pouvoir par la force. Le gouvernement Trump entretenait également de bons rapports avec Poutine, d’excellents rapports avec le gouvernement israélien de Netanyahou, et il a « reconnu » Jérusalem comme capitale d’Israël, contre le droit international.
En Inde, Narandra Modi gère les émeutes populaires avec une grande brutalité. Son gouvernement réduit certaines dépenses sociales, et met progressivement en place un régime autoritaire, où militant·es et journalistes sont jeté·es en prison pour des prétextes fallacieux. Son positionnement politique est régulièrement qualifié de national-populiste, anti-musulman et xénophobe, ayant pour but de « purger les musulman·es des zones hindoues ». Le nombre de crimes de haine contre les minorités musulmanes et chrétiennes a augmenté de 300 % depuis l’arrivée de Modi au pouvoir. De plus, ses résultats en matière d’indices de santé, de pauvreté et d’éducation sont exécrables. Le gouvernement Modi entretient d’excellents rapports avec le gouvernement israélien de Netanyahou.
Poutine, au pouvoir depuis 1999 (alternativement président du gouvernement et de la fédération de Russie), a concentré les pouvoirs, mettant en place un gouvernement autoritaire. Répression et assassinats des opposant·es, restriction des libertés publiques, suppression des médias et organismes indépendants n’ont cessé de s’aggraver. Depuis 2013, un texte de loi interdit « l’information auprès des mineurs au sujet des relations sexuelles non traditionnelles ». S’inspirant du régime dictatorial violemment homophobe de Ramzan Kadyrov qu’il a lui-même mis en place en Tchétchénie, en 2023, les transitions de genre deviennent illégales et les mouvements LGBTQIA+ sont considérés comme extrémistes. En 2014, il annexe la Crimée qui appartenait à l’Ukraine et en 2022 il lance la guerre contre l’Ukraine dans l’objectif de la coloniser. La Russie a aussi soutenu le régime sanguinaire de Bachar el-Assad en Syrie.
En Italie, le gouvernement de Giorgia Meloni, au pouvoir depuis 2022, a réduit les prestations sociales, s’est opposé à l’accueil des bateaux de migrant·es en Méditerranée, et revient sur les droits des familles homo-parentales. Ce gouvernement réprime violemment les étudiant·es et attaque la liberté de manifestation et la liberté d’expression (projet de réforme sur la liberté pédagogique pour interdire aux enseignant·es de critiquer le ministère). Sous couvert de décentralisation, il projette également une division de l’Italie en 20 régions « autonomes », qui accentuerait les écarts de salaires entre les régions du nord et du sud du pays et détruirait un peu plus le service public. Les droits des femmes sont attaqués, en commençant par l’accès à l’IVG. Bien qu’héritier du fascisme antisémite italien, le gouvernement Meloni entretient d’excellents rapports avec le gouvernement israélien de Netanyahou.
La Hongrie de Viktor Orban adopte une loi sur le contrôle des médias et la liberté de la presse est encadrée. Dans le cadre de l’adoption d’une nouvelle constitution, l’article qui précisait « un salaire égal pour un travail égal » est supprimé et le droit de grève fortement restreint. En 2021 une loi interdisait « la promotion et la représentation de l’homosexualité et du changement de genre » et le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes de l’ONU a fait état de sa vive inquiétude concernant les droits reproductifs dans le pays. Bien qu’étant un antisémite notoire, le gouvernement d’Orban entretient d’excellents rapports avec le gouvernement israélien de Netanyahou.
Le projet du RN est foncièrement nationaliste et xénophobe : il met en avant la question de la « préférence nationale ». C’est un projet politique d’État raciste qui systématisera par la loi l’exclusion dans l’accès aux droits des personnes en fonction de leur nationalité, de leur religion, ou de leur origine. La préférence nationale c’est la légalisation généralisée des discriminations racistes.
Jordan Bardella confirme que les « postes stratégiques » seront refusés aux binationaux s’il est désigné Premier ministre.
Par ailleurs, le RN criminalise les migrant·es et s’emploiera à expulser étranger·es et à fermer encore plus les frontières.
Le Rassemblement national (RN) qualifie de « submersion migratoire » qui menacerait « nos valeurs de civilisation », sa tête de liste, Jordan Bardella, avance une solution : une « double frontière », aux niveaux européen et français.
Le Rassemblement national a déposé à l’Assemblée nationale, le 25 janvier 2024, une proposition de loi constitutionnelle visant à faire prévaloir la loi française sur le droit européen — ce qui constituerait un véritable « Frexit » juridique.
Cette inversion de la norme consisterait à faire passer la loi française devant tous les textes de droit international : l’objectif du RN est clair : refuser de respecter le droit international, en particulier en ce qui concerne les droits humains, sociaux et environnementaux. La Cour européenne des droits humains est à ce titre une cible du RN.
Entre protectionnisme et nationalisme, ce projet de repli sur soi est particulièrement dangereux et va à l’encontre des solidarités internationales.
1/ Le RN a l’intention de poursuivre la politique colonialiste et néocolonialiste actuelle, comme en Françafrique, mais aussi en Kanaky/Nouvelle-Calédonie où elle a des alliances avec les loyalistes contre l’indépendance de la Kanaky, négociée depuis des décennies.
Kanaky/Nouvelle-Calédonie : Marine Le Pen promeut « un accord global, institutionnel et économique, avec une nouvelle consultation dans quarante ans ».
2/ De même, le soutien du RN à l’État colonial israélien a trois motivations essentielles :
Palestine : « Reconnaître l’existence d’un État palestinien, au moment où nous parlons, ce serait légitimer le Hamas », a précisé Jordan Bardella, le 29 mai.
3/ Enfin, la fascination et les liens troubles du RN avec des États autoritaires, dont la Russie de Poutine, notamment sur des campagnes de financement mais aussi sur des projets sécuritaires et d’alliance stratégique sont également très inquiétants, en particulier dans le contexte de la guerre en Ukraine.
Dans le programme du RN pour l’élection présidentielle de 2022, il est toujours recherché « une alliance avec la Russie sur certains sujets de fond », comme « la sécurité européenne qui ne peut exister sans elle ».
Dans les organisations syndicales de tous les pays où l’extrême droite est arrivée au pouvoir, dans les mouvements sociaux, nos camarades ont mené et mènent encore des luttes d’ampleur, des mobilisations autour de grèves générales pour tenter de contrer ces réformes. Le Réseau syndical international de solidarité et de luttes, dont Solidaires est partie prenante, relaie régulièrement les appels à mobilisations, et organise des rencontres pour permettre des échanges entre syndicalistes de tous les continents sur ces questions.
Depuis mars 2013, l’Union Syndicale Solidaires lutte pour la solidarité internationale au sein du RSISL (Réseau Syndical International de Solidarités et de Luttes). Nous nous employons à renforcer le syndicalisme anticapitaliste, autogestionnaire, démocratique, environnemental, indépendant des patrons et des gouvernements, et internationaliste, qui combat toutes les formes d’oppression : le machisme, le racisme, l’homophobie, la xénophobie, en opposition fondamentale avec le programme de l’extrême droite.
À Solidaires, notre syndicalisme est internationaliste, si nous soutenons les travailleurs et les travailleuses du monde entier dans leurs luttes contre l’extrême droite, ces expériences nous alertent et doivent faire prendre conscience collectivement de l’urgence, en France, de faire barrage à l’extrême droite dans quelques jours, mais plus généralement toute l’année, sur nos lieux de travail et dans nos vies.
Le collectif Asile Île-de-France organise le 25 juin une soirée de présentation pour la sortie de son rapport « Asile en terre hostile : pratiques abusives et illégales en Île-de-France ». Lors d’une table ronde, des membres du collectif partageront leurs constats sur les enjeux et défis actuels liés à l’asile en région francilienne. La soirée se poursuivra avec un concert du groupe Le 13ème son, dès 20h45.
Dans un contexte de normalisation des discours de haine et de rejet de l’autre, le collectif Asile IDF publie un livre noir, qui recense les pratiques illégales et abusives exercées contre les personnes demandeuses d’asile en Île-de-France.
Depuis des années, les lois se succèdent, restreignant chaque fois les droits des personnes arrivant en Europe en quête de protection, et transforment les parcours en véritables champs minés. En France, la procédure d’asile a été profondément modifiée en 2015, puis à nouveau en 2018. La dernière réforme du 26 janvier 2024, dite loi « Darmanin », impacte à son tour lourdement la procédure d’asile. Ces évolutions inquiétantes s’inscrivent dans un continuum plus large de politiques migratoires répressives et dangereuses, notamment au niveau européen, avec un nouveau Pacte sur la migration et l’asile adopté par le Parlement européen le 10 avril 2024. Une Europe, toujours plus refermée sur elle-même et hostile aux personnes étrangères.
Cette hostilité est observée quotidiennement par nos associations franciliennes, sollicitées par les personnes demandeuses d’asile, souvent désemparées face aux multiples obstacles mis sur leur route. Nous avons souhaité rendre visible cette hostilité, la faire lire, pour en finir avec les fausses déclarations politiques « d’humanité »1 dans l’accueil, quand nous constatons beaucoup d’indignité, d’indifférence et de maltraitance.
Ce livre noir témoigne de cette hostilité envers les personnes demandeuses d’asile qui, nous le rappelons, sont des personnes qui fuient des conflits ou la persécution, contraintes de s’exiler, car leur vie et leur liberté sont en péril. Ce livre noir rappelle qu’il existe encore des engagements internationaux et un cadre légal contraignant.
Pourtant, alors que ceux-ci protègent déjà insuffisamment les personnes, ils sont bien souvent ignorés ou appréciés de manière extrêmement restrictive par les autorités chargées de l’asile.
Ce livre noir recense, enfin, les pratiques illégales et abusives constatées en Île-de-France, territoire qui concentre historiquement les personnes demandeuses, mais qui sont légion sur tout le territoire sans exception.
« Le taxi m’a déposé à la gare de Lyon. Je n’avais personne, donc je me suis assise avec mon petit sac et la nuit est venue me trouver. (…) J’ai dormi là-bas presque un mois. »
Sandra, alors qu’elle était enceinte de 3 mois
« Ils m’ont blâmé, sans jamais m’écouter, sans jamais me donner d’indications pour la suite de ma procédure. »
Sayed, qui n’a pas envoyé sa demande d’asile dans les délais en raison d’une hospitalisation
Sous le choc d’une élection européenne qui conforte les propos dangereux d’une extrême droite autrefois infréquentable, il est plus que nécessaire de veiller au respect des droits et de se mobiliser, sans faillir, contre toutes les atteintes qui leur sont portées.
Nous, personnes demandeuses d’asile et associations membres du collectif Asile IDF, avons écrit depuis notre région, mais ces constats nourrissent plus largement la dénonciation des politiques de non-accueil de toutes les personnes étrangères à l’œuvre en France et en Europe.
Parce que la mobilisation commence par la compréhension des enjeux, le collectif Asile Île-de-France organise le 25 juin une soirée de présentation pour la sortie de son rapport « Asile en terre hostile : pratiques abusives et illégales en Île-de-France ». Lors d’une table ronde, des membres du collectif partageront leurs constats sur les enjeux et défis actuels liés à l’asile en région francilienne. La soirée se poursuivra avec un concert du groupe Le 13ème son, dès 20h45, pour une ambiance conviviale et solidaire.
Rejoignez-nous,
#asileenterrehostile
Signatures :
Cet accueil syndical de Solidaires 78, de 17 h à (exceptionnellement) 20 h ou +, ouvert à toustes, entrée libre et gratuite, sera consacré à la situation politique actuelle et à notre riposte locale et nationale.
Nous vous proposons une lecture collective “en arpentage” de l’ouvrage Dix questions sur l’antifascisme, aux éditions Libertalia.
Librairie La Nouvelle Réserve, Limay
Dans son sens premier, l’arpentage est la science de mesurer les terres. En éducation populaire, il s’agit de parcourir en long et en large, collectivement, un ouvrage, un livre (1).
La lecture en arpentage, un peu d’histoire
L’arpentage est une méthode de lecture collective issue de la culture ouvrière et inspirée des pratiques des cercles ouvriers du XIXe siècle. La lecture en arpentage est par la suite utilisée dans le maquis (2), comme outil de formation des résistant·es pendant la Seconde Guerre mondiale (autour de Joffre Dumazedier).
À partir des années 1950, elle se diffuse plus largement, notamment à travers l’action de Peuple et Culture, mouvement d’Éducation populaire cofondé par le même Dumazedier.
Plus récemment, différents mouvements d’Éducation populaire, mais également des associations et des syndicats, ont réinvesti cette pratique qui a également fait l’objet d’attaques sur les réseaux sociaux lorsque toute une mouvance réactionnaire s’est indignée qu’on puisse déchirer un livre pour le lire à plusieurs ! Autoformation, partage horizontal du savoir, désacralisation du livre, etc. ne font effectivement pas bon ménage avec un certain élitisme de classe…
Hier inscrite dans l’histoire du mouvement ouvrier puis outil de lutte contre l’occupant nazi, aujourd’hui réactivée par le mouvement social et honnie par les défenseur·es de l’ordre dominant, la lecture en arpentage a toute sa place dans nos luttes !
La lecture en arpentage, pourquoi ?
« L’arpentage est une méthode de découverte à plusieurs d’un ouvrage, en vue de son appropriation critique, pour nourrir l’articulation entre pratique et théorie. (3) »
Elle se donne comme objectif de
– désacraliser l’objet « livre », populariser la lecture
– expérimenter un travail coopératif et critique
– créer une culture commune autour d’un sujet, d’un savoir théorique
– comprendre qu’aucun savoir n’est neutre, que tout point de vue est situé
« Il ne s’agit pas d’un apprentissage et d’une restitution scolaire, mais bien de s’approprier un texte, de s’en saisir afin de le faire résonner en nous, au sein d’un groupe. […] En effet, il est moins question d’en faire un résumé classique que de susciter la réflexion, la remise en question de soi et de ses pensées, de se positionner vis-à-vis de nos expériences et de celles des autres et de populariser la lecture.
[…] Cela va plus loin qu’une lecture individuelle, sans pour autant la remplacer. Celle-ci est militante, puissante. L’objectif est de susciter l’échange, les conversations, de mettre en perspective différents points de vue et les émotions qui naissent à la lecture de l’ouvrage.
[…] Dans l’arpentage, l’élément le plus important est le collectif. Chacun.e, en fonction de son vécu, aura sa manière propre de parler de l’œuvre, et c’est ce qui fait toute la richesse de cette méthode de lecture collective.
[…] La force de l’arpentage est sa fonction revendicatrice : l’accès aux écrits est un moyen de structurer notre propre pensée, partager les lectures permet donc de lutter contre les inégalités d’accès aux connaissances écrites. (3) »
1 – « L’arpentage ou le partage collectif du savoir », Zoé MAUS (CIEP-communautaire), (https://www.ciep.be/images/BoiteAOutils/FichePedagEspeluette/108FPedEsper.pdf)
2 – « la tradition d’associations, comme Peuple et Culture, est de ne pas écrire sur l’arpentage, mais de le diffuser en le pratiquant avec de nouvelles personnes. Le mystère entretenu autour de cette pratique est lié à l’histoire du mouvement ouvrier, qui est tant de fois passé par la clandestinité, et dont le maintien dans l’ignorance constituait un enjeu de pouvoir de la classe dominante mais aussi à l’éducation populaire en tant que telle. En effet, n’est-ce pas le principe même de celle-ci que de se pratiquer avant de s’écrire ? » L’arpentage ou le partage collectif du savoir, Zoé MAUS (CIEP-communautaire).
3 – https://www.ciep.be/images/BoiteAOutils/FichePedagEspeluette/108FPedEsper.pdf
FACE À L’EXTRÊME DROITE, COMMENT S’ORGANISER ?
CONTRE LES DANGERS DE L’EXTRÊME DROITE, NE RESTONS PAS SEUL·E :
– syndiquons-nous sur notre lieu de travail et/ou dans notre ville ou département
– construisons des assemblées générales pour construire une mobilisation d’ampleur
-renforçons les associations, collectifs militants et les autres contre-pouvoirs pour combattre
l’extrême droite
– rejoignons les manifestations, rassemblements et l’ensemble des initiatives antifascistes qui se dérouleront dans les jours et semaines à venir
Le temps est venu de construire un réseau de résistance, de tisser un maillage de contre-pouvoirs populaires. Le temps est venu de nouer de nouvelles alliances et et déployer de nouvelles stratégies en allant à la rencontre de nombreux collectifs, syndicats et organisations. Cela implique une lutte acharnée sur le terrain et une bataille culturelle.
Les “Soulèvements de la Terre”, c’est la tentative de construire un réseau de luttes locales tout en impulsant un mouvement de résistance et de redistribution foncière à plus large échelle ; la volonté d’établir un véritable rapport de force en vue d’arracher la terre au ravage industriel et marchand.
Partout en Europe et dans le monde, des partis néo-fascistes s’emparent du pouvoir. Partout dans la société leurs idées xénophobes et autoritaires se répandent. Pourtant, pas question de banaliser ce qui nous arrive. Pas question de normaliser un parti fondé par des SS et des partisans de l’Algérie française.
Le RN est un parti néo-fasciste. Il fantasme la pureté d’une nation refermée sur elle-même. Une nation “blanche et catholique” qui exclut et discrimine. Il promeut une guerre de civilisation. Il exalte la virilité, la masculinité toxique et la force brute. Il perpétue le racisme colonial le plus rance. Il stigmatise des boucs émissaires et désigne des ennemis intérieurs : hier les “judéo-bolcheviques”, aujourd’hui les “islamo-gauchistes”. Il prétend que les inégalités de classe, de genre et de race seraient “naturelles”.
Le RN s’inscrit dans la continuité historique des fascismes du XXe siècle. À la différence de l’Italie et de l’Allemagne des années 30, le néo-fascisme n’est pas un mouvement de masse avec des milices armées qui tiennent la rue. Du moins pas encore. En revanche, il s’est incrusté au plus profond de l’appareil répressif d’État. Il gangrène en profondeur les rangs de la police et de l’armée.
En moins de 20 ans, il a imposé ses idées dans le paysage culturel et médiatique, de la télé de Bolloré aux armées de trolls sur les réseaux sociaux. Il s’est installé peu à peu comme la première force électorale du pays. Aujourd’hui, il est aux portes du pouvoir.
Depuis des années, droite et gauche lui préparent le terrain. Sarkozy s’est vanté de vouloir“passer les banlieues au karcher” et “débarrasser la racaille”. Il a créé un ministère de l’identité nationale et multiplié les lois sécuritaires. Hollande a proclamé l’État d’urgence. Il a arrosé la jeunesse de grenades pour passer en force sa loi travail. Il a voulu introduire la “déchéance de nationalité” dans la constitution.
Macron a supprimé le droit du sol à Mayotte. Il a interdit le port de l’abaya à l’école. Il a fait voter une loi séparatisme et une loi sur l’immigration qui reprennent les propositions du RN. Il a dissout plus d’associations que n’importe quel autre gouvernement. Il soutient aveuglément l’extrême-droite israélienne et le génocide qu’elle perpétue en terre de Palestine. En banlieue, à Sainte-Soline ou en Kanaky, il déploie une police radicalisée qui exerce une violence sans borne. Une police autorisée à mutiler en masse. Une police à laquelle il a délivré un permis de tuer.
Depuis 20 ans, la gauche et la droite de gouvernement s’alignent sur les idées du RN. Elles le banalisent et le normalisent. Elles appliquent une partie de sa politique sans même que celui-ci ne gouverne. Elles organisent le règne de l’état d’exception, renforcent le racisme systémique et désignent les mêmes ennemis intérieurs que lui. L’ensauvagement du capitalisme néo-libéral et la fascisation se renforcent mutuellement. L’extrême-centre roule pour l’extrême-droite. Longtemps, il s’est servi d’elle comme épouvantail électoral pour gagner les élections en dépit de sa politique anti-sociale. Maintenant, il s’apprête à lui cèder la place. En décrétant la dissolution de l’Assemblée Nationale, Macron lui offre un boulevard. L’extrême-droite pourrait bien revenir au pouvoir pour la première fois depuis le régime de Vichy.
Entendons-nous bien, si les gouvernements successifs lui ont soigneusement préparé le terrain, une éventuelle prise de pouvoir néo-fasciste serait tout de même un moment de bascule. Une accélération fulgurante du ravage écologique, social et colonial. Un électro-choc autoritaire pour maintenir coûte que coûte la domination capitaliste.
Difficile d’imaginer la salve de mesures qui seraient adoptées en premier lieu contre les exilé·es et les personnes issues de l’immigration, les musulman·es et les quartiers populaires, les personnes LGBT et les précaires, les travailleur·euses sociaux et les associations solidaires. Difficile d’imaginer l’offensive brutale qui serait engagée contre les luttes sociales et écologiques. Historiquement, le fascisme a toujours cherché à écraser toutes celles et ceux qui s’opposent au régime, par tous les moyens. Impossible de se figurer les agissements d’une police en roue libre avec Bardella pour premier ministre.
Gardons en mémoire le front populaire de 1936. Il est né dans la rue d’une manifestation anti-fasciste. Ses mesures phares – comme l’instauration des congés payés – sont le fruit d’une longue grève générale avec occupations d’usines enclenchée au lendemain de sa victoire aux élections. L’annonce par Nouveau Front Populaire (NFP) d’un moratoires sur les mégabassines et les autoroutes dans son programme des 15 premiers jours est le fruit du rapport de force que nos luttes ont su imposer au cours des 3 dernières années.
Le terrain et le tempo des Soulèvements de la terre sont ceux de la lutte, de l’auto-organisation des mouvements et de l’action directe populaire. Que le gouvernement soit néo-faciste, macroniste ou de gauche, nous continuerons à lutter contre l’accaparement des terres par l’agro-industrie et la bétonisation du monde. Quel que soit le résultat, nos luttes et nos actions doivent franchir un cap face aux menaces conjointes du ravage écologique et de la fascisation.
Nous vivons pour l’heure un moment historique. Il ne suffit pas de faire barrage au Rassemblement National par les urnes, il faut lui barrer physiquement la route. Il ne doit pas prendre le pouvoir, ni dans trois semaines, ni dans trois ans !
C’est pourquoi nous appelons les comités locaux des Soulèvements de la terre et les collectifs d’habitant·es en lutte auxquels nous sommes liés :
# Avant les élections
# Après les élections
Si le RN est au pouvoir nous devrons immédiatement faire en sorte qu’il ne puisse pas appliquer son programme. Voici de premières propositions d’actions communes et d’espaces de convergences. Nous invitons à les mettre en discussion au sein des comités locaux et des assemblées d’ici le 30 juin :
# Avant et après les élections
Le temps est venu de construire un réseau de résistance, de tisser un maillage de contre-pouvoirs populaires.
Le temps est venu de nouer de nouvelles alliances et et déployer de nouvelles stratégies en allant à la rencontre de nombreux collectifs, syndicats et organisations.
Cela implique une lutte acharnée sur le terrain et une bataille culturelle.
Cela implique de prendre dès à présent les mesures qui s’imposent face à la répression en diffusant des pratiques de sécurité et de solidarité.
Cela exige d’être en mesure de jeter les bases d’une riposte en cas de bascule néo-fasciste.
Nous appuierons dans les semaines qui viennent des initiatives pour construire un front de lutte qui agrège des salarié·es, des étudiant·es, des paysan·nes, des habitant·es des quartiers populaires, des campagnes et des villes résolu·es à s’unir pour désarmer le fascisme.
Les soulèvements de la terre, le 14 juin 2024