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Actu Solidaires 78 antifascisme

La lettre de VISA – Vigilance syndicale antifasciste

Les articles parus sur VISA en février.
Communiqué intersyndical 78 : Non au racisme, non à la haine anti-pauvres et anti-sociale !
preview Le samedi 11 février est le jour choisi par le parti identitaire et xénophobe d’Eric Zemmour pour manifester contre un centre d’hébergement pour SDF au domaine de Thiverval-Grignon dans notre département des Yvelines. Ce centre d’hébergement accueille majoritairement des femmes avec leurs enfants ! En plus de faire la chasse aux pauvres, cette action coup… afficher en ligne.
Dégradation des locaux de la CGT Poissy L’extrême droite : ennemie des travailleurs et travailleuses
preview L’Union syndicale Solidaires 78 dénonce l’attaque perpétrée le 19 février 2023 contre les locaux de l’Union locale CGT Poissy et apporte tout son soutien à nos camarades de la CGT. Ces dégradations, ciblant le camp des travailleurs et des tra- vailleuses, surviennent dans une situation très vive de lutte contre la réforme des retraites. Dans… afficher en ligne.
Interview d’un camarade de VISA dans revue “Témoins” du SNJ CGT
preview “Il faut resister aux information non vérifiées et valoriser la rigueur intellectuelle” Bernard Schmid, avocat au barreau de Paris et militant antifasciste depuis la fin des années quatre-vingt, adhère en 1992 à Ras l’Front. En 1995, il s’implique dans la défense des services publics et perçoit le travail de terrain et la défense des luttes… afficher en ligne.
CGT PJJ Île de France : Lettre Ouverte à l’attention de Monsieur le Directeur interrégional de la PJJ d’Île de France & d’Outre-Mer : « Du vide de l’esprit à la lourdeur des actes »
preview Monsieur le Directeur interrégional, La pensée réactionnaire serait-t-elle devenue fréquentable, décomplexée, affichée ? Les résultats des dernières élections nationales ont mis à bas nos dernières illusions sur le sujet tant les candidats adorateurs de cette France « qui rayonnait dans le monde » ont attiré sur leurs noms des millions d’électeurs désœuvrés. Quand certains préféraient… afficher en ligne.
Communiqué de presse Biélorussie : L’intersyndicale appelle à la libération de Aliaksandr Yarashuk et tou.te.s les syndicalistes biélorusses emprisonné.e.s
preview Après avoir emprisonné des dizaines de dirigeant.e.s et militant.e.s syndicaux.ales, en avril, puis interdit le mouvement syndical, le régime biélorusse a poursuivi une série de procès contre des syndicalistes, dont plusieurs ont déjà été condamné.e.s à de longues peines de prison. Le dernier procès en date contre le président du BKDP Aliaksandr Yarashuk, le vice-président… afficher en ligne.
CGT Auvergne Rhône-Alpes : L’extrême droite n’a rien à faire dans nos manifestations
preview Que ce soit le Rassemblement National (RN, ex-FN) ou ses satellites des Patriotes, de Reconquête, le parti d’Eric Zemmour, ou bien de la Cocarde étudiante, les organisations d’extrême droite tentent de se réapproprier la colère légitime contre le projet de réforme des retraites du gouvernement Macron. Elles s’infiltrent dans nos manifestations à travers la région… afficher en ligne.
Tract VISA 38 : L’extrême droite n’a rien a faire dans nos manifestations
preview L’extrême-droite, une imposture sociale ! Que ce soit le Rassemblement National (RN, ex- FN) ou ses satellites des Patriotes, de l’Action Française ou de l’UNI ou bien reconquête, le parti d’Eric Zemmour, les organisations d’extrême droite tentent de se réapproprier la colère légitime contre le projet de réforme des retraites du gouvernement Macron. Pourtant, derrière… afficher en ligne.
Communiqué : Justice pour les camarades Antifascistes à Marseille
preview Communiqué suite à l’interpellation de 3 manifestants contre l’inauguration d’un local Reconquête à Marseille. afficher en ligne.
Communiqué de presse intersyndical Côtes d’Armor – Abandon du projet Horizon à Callac : NON, les fascistes ne gagneront pas !
preview C’est par la presse que l’intersyndicale CGT, FSU et Solidaires apprenait l’abandon du projet Horizon par la municipalité de Callac le 21 décembre 2022. La pression permanente exercée sur les élu.es par les groupuscules d’extrême droite a eu raison de ce projet porté par le fond de dotation Merci et la municipalité de Callac. Les… afficher en ligne.
Communiqués syndicaux contre l’extrême-droite à Carhaix
preview Plusieurs communiqués en soutien aux employé.es du journal Le Poher et à la rédaction de France 3, menacé par l’extrême-droite après leurs sujets sur le projet Horizon à Callac. afficher en ligne.
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Actu Solidaires 78 antifascisme Éducation

Écoles Espérance banlieues : une imposture pédagogique et sociale

Communiqué de Sud éducation 78

Le syndicat Sud éducation 78 souhaite réagir à la publication de l’article « Inscrire mes enfants à La Boussole : “Je regrette seulement de ne pas l’avoir fait plus tôt” » (édition du 15 février).Retour ligne automatique
Alors que ces dernières semaines des révélations ont mis en lumière de graves problèmes au sein de ce réseau (voir l’enquête du Média « Violence, racisme, maltraitance… La face cachée d’un réseau d’écoles privées », 9 décembre 2022), il est important de porter un autre point de vue sur ces écoles low cost et néo-coloniales que celui mis en avant dans Le Courrier.Retour ligne automatique
Pour toutes les personnes – personnels et familles – attachées au service public d’éducation ce réseau d’écoles qui célèbre ses 10 ans est une véritable provocation sociale, pédagogique et politique. Cette « vitrine » de l’enseignement privé hors contrat a vocation, de l’aveu même de ses fondateurs, à redorer l’image du hors contrat alors que de nombreuses dérives ont été pointées dans ce type d’établissements notamment dans un rapport de l’académie de Versailles de mars 2017.Retour ligne automatique
Quand Espérance banlieues communique sur ses classes à 15 élèves, nos écoles publiques se retrouvent avec 30 élèves… parce que non seulement les écoles Espérance Banlieues prospèrent sur le désengagement financier de l’État et des collectivités territoriales (mairies, département, région) mais surtout elles captent une partie de l’argent qui devrait revenir à l’école publique à travers la défiscalisation des dons de grands groupes du CAC 40 (à hauteur de 66 %) et des subventions publiques de centaines de milliers d’euros au nom de la politique de la ville (pratique qui a été retoquée dans la région Pays de la Loire mais pas encore en Île-de-France).Retour ligne automatique
Il s’agit d’une menace pour une école publique, gratuite et accessible à toutes et tous que nous défendons contre celles et ceux qui veulent fragmenter la société et casser le service public d’éducation qui reste la seule richesse de celles et ceux qui n’en ont pas. De nombreux articles ont révélé comment ces écoles qui appliquent les positions éducatives de la droite extrême ont été fondées par des militants issus des réseaux catholiques traditionalistes les plus radicaux et de la Manif pour tous, avec le soutien des nostalgiques du colonialisme et de l’OAS (comme l’association Secours de France).Retour ligne automatique
Concernant la pédagogie, nos collègues qui récupèrent dans leur classe les élèves passés dans ces écoles se sont publiquement inquiétés de la faiblesse de leur niveau scolaire et des graves lacunes dans la maîtrise des programmes scolaires, en particulier en histoire et en sciences (voir par exemple le témoignage de Jordi Le Cointe, professeur à Montfermeil dans les Cahiers pédagogiques). Des témoignages qui recoupent ceux de parents qui se sont sentis abusés par Espérance banlieues et que relate le journaliste Thierry Vincent dans deux articles de Off Investigation.

SUD éducation 78 revendique depuis toujours l’intégration de l’enseignement privé dans un unique service public laïc gratuit.Retour ligne automatique
Dans notre département cela concerne particulièrement le réseau Espérance Banlieue avec les cours la Boussole de Mantes, Charles-Péguy de Sartrouville et La Galiote de Poissy.Retour ligne automatique
Localement dans le Mantois, cela concerne La Boussole, mais aussi toutes les écoles confessionnelles : groupes scolaires Notre-Dame et Mathurin Cordier et l’école Eva de Vitray.

Limay, le 23 février 2023

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Actu Solidaires 78 antifascisme

Dégradation des locaux de la CGT Poissy L’extrême droite : ennemie des travailleurs et travailleuses

Communiqué Solidaires 78

Dégradation des locaux de la CGT Poissy
L’extrême droite : ennemie des travailleurs et travailleuses

L’Union syndicale Solidaires 78 dénonce l’attaque perpétrée le 19 février 2023 contre les locaux de l’Union locale CGT Poissy et apporte tout son soutien à nos camarades de la CGT.

Ces dégradations, ciblant le camp des travailleurs et des travailleuses, surviennent dans une une situation très vive de lutte contre la réforme des retraites.

Dans une période où les syndicats unis mènent ce combat, visiblement ce n’est pas la préoccupation des officines d’extrême droite qui dépensent leur énergie en quelques pitoyables graphes faisant l’apologie du fascisme tout en piétinant les revendications des travailleurs et des travailleuses en lutte. Cette attaque de locaux syndicaux démontre une nouvelle fois que l’extrême droite, peu importe son étiquette, se range toujours du côté du patronat.

Antifasciste, antisexiste et anticapitaliste, l’Union syndicale Solidaires se dressera toujours contre l’extrême droite, ses idées et ses méthodes.

Union syndicale Solidaires 78, le 20 février 2023
Contact presse : solidaires78@wanadoo.fr

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Actu Solidaires 78 antifascisme Dans les Yvelines, une classe en lutte... En grève ! Enseignement supérieur, recherche Retraites Revue de presse

Dans les Yvelines, une classe en lutte, épisode n° 47

Au sommaire : université et racisme, mobilisation retraites…


Petit tour d’horizon des mobilisations sociales dans le département… Liste forcément non-exhaustive, n’hésitez pas à nous transmettre vos infos à contact@solidaires78.org


Source : 78actu.fr
Source : 78actu.fr


Source :78actu.fr
Source : 78actu.fr
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Actu Solidaires 78 antifascisme Les travailleur·euses n'ont pas de pays ! Luttes contre les discriminations Luttes migrant·es

Non au racisme, non à la haine anti-pauvres et anti-sociale !

Communiqué CGT 78 – FSU 78 – UEY 78 – Solidaires 78

Non au racisme, non à la haine anti-pauvres et anti-sociale  !

Le samedi 11 février est le jour choisi par le parti identitaire et xénophobe d’Eric Zemmour pour manifester contre un centre d’hébergement pour SDF au domaine de Thiverval-Grignon dans notre département des Yvelines.

Ce centre d’hébergement accueille majoritairement des femmes avec leurs enfants !

En plus de faire la chasse aux pauvres, cette action coup de poing qui n’a d’autres but que de terroriser les plus démuni·es illustre bien tout le machisme et le patriarcat portés par une extrême droite toujours plus décomplexée !

Alors que ce même jour des centaines de milliers de travailleur·euses défileront dans les rues de tout le pays pour défendre leur droit à une retraite décente. L’extrême droite prouve une fois de plus qu’elle n’a que faire de la solidarité des retraites et de la solidarité tout court !

Le combat des extrêmes droites sont ceux qui prônent la division entre les salarié·es et les opprimé·es et organisent, dans la rue comme dans leurs décisions politiques une véritable chasse aux pauvres.

Nos organisations syndicales seront présentes dans la rue pour exiger le retrait du projet de réforme retraite et les projets anti-sociaux comme le projet de loi Kasbarian-Bergé (qui vise à faciliter l’expulsion locative des mal-logés et criminalise toute introduction et maintien dans des locaux d’habitation mais aussi à « usage économique »).

Nous resterons vigilant·es et lutterons sans relâche contre la menace identitaire et son discours de haine, mais également contre les politiques du Ministre de l’Intérieur. Ce projet de loi s’ajoute à une situation catastrophique dans les préfectures qui a conduit un collectif associatif et syndical, « Bouge ta pref » à manifester le 1er février pour dénoncer la fabrique des sans-papiers et l’insécurité permanente pour tous les étrangers.

Nous restons fortement convaincu·es que c’est par nos mobilisations unitaires, pour la défense et la conquête de droits pour toutes et tous, avec ou sans papiers, quelle que soit la nationalité, l’origine ou la religion, que nous ferons reculer les ennemi·es du monde du travail qui défendent un système social et économique injuste, inhumain mais toujours au service des puissants.

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antifascisme

Contre la tentative de censure de la FNAC, solidarité avec Libertalia et La Horde

Le 1 décembre 2022

Suite à une campagne offensive menée sur les réseaux sociaux par la fachosphère, notamment par des députés RN (dont celui exclu 15 jours de l’Assemblée pour ses propos racistes) et par un syndicat de commissaires de police proche de l’extrême droite, la FNAC a cédé rapidement le 27 novembre aux pressions de l’extrême droite : elle a annoncé retirer de la vente la seconde édition du jeu Antifa.

Le jeu collaboratif Antifa, co-édité par Libertalia et La Horde, a servi notamment de support dans nos formations Solidaires « Agir syndicalement contre l’extrême droite », et nous le revendiquons. Le jeu précise dans son préambule « Propos racistes, manifs homophobes, violences fascistes, ça suffit : contre l’extrême droite, à vous de jouer ! ».

À partir de scénarios inspirés de situations réelles, c’est un excellent outil ludique pour expérimenter les actions collectives contre l’extrême droite, contre ses idées et ses pratiques. Loin des mensonges véhiculés par l’extrême droite, il ne fait l’apologie d’aucune action violente.

Il n’est pas anodin que l’enseigne commerciale ait cédé à ces groupes de pression d’extrême droite, alors que par ailleurs elle commercialise sans problème des ouvrages racistes, comme ceux de Renaud Camus sur « Le Grand Remplacement » (inspiration de nombre de terroristes suprémacistes) et les ouvrages antisémites et complotistes d’Alain Soral. Mais la vente de tous ses livres ne semble poser aucun problème à la FNAC par contre. Nous rappelons pourtant que le racisme, quel que soit sa forme, n’est pas une simple opinion mais un délit !

Malgré un rétropédalage sur le retrait du jeu qui vient finalement d’être remis en vente , grâce à la médiatisation de l’affaire et à la mobilisation, nous constatons malheureusement que la FNAC d’aujourd’hui n’est plus, depuis longtemps, la FNAC des origines. Celle-ci avait été fondée en 1954 par André Essel et Max Théret, qui fut dans sa jeunesse un militant antifasciste engagé dans la guerre d’Espagne puis dans la Résistance.

L’Union syndicale Solidaires, active notamment dans les combats antifascistes et antiracistes, exprime toute sa solidarité avec ses camarades de La Horde et des éditions Libertalia.

Solidaires, antifascistes et antifascistes parce que syndicalistes Paris,

le 1er décembre 2022

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antifascisme Les travailleur·euses n'ont pas de pays ! Luttes contre les discriminations Luttes migrant·es

Politique d’expulsion : des déclarations du gouvernement qui sèment la confusion

Dans un climat de stigmatisation des personnes étrangères, La Cimade propose de déconstruire les idées fausses qui sont véhiculées et d’analyser la question de l’immigration sous un autre prisme.

L’instrumentalisation des questions migratoires se traduit aujourd’hui par de multiples déclarations d’un gouvernement cherchant à flatter les positions anti-immigration d’une partie de l’opinion, alors qu’une énième loi sur l’asile et l’immigration est annoncée pour le premier semestre 2023. Dans un climat de stigmatisation des personnes étrangères, La Cimade propose de déconstruire les idées fausses qui sont véhiculées et d’analyser la question de l’immigration sous un autre prisme.

IMMIGRATION : ENTRE FANTASMES ET REALITE

Pour justifier une nouvelle loi sur l’asile et l’immigration – la 29ème depuis 1980 – les membres du gouvernement s’attèlent à propulser au-devant de la scène médiatique les enjeux autour de la nécessité de « mieux » expulser en instrumentalisant les questions relatives à l’immigration irrégulière. Le président de la République a ainsi déclaré le 26 octobre dernier auprès du Conseil des ministres regretter des arrivées trop nombreuses ces dernières années. Dans une interview pour le journal Le Monde le 2 novembre dernier, les ministres de l’Intérieur et du Travail ont par ailleurs affirmé que « la part des étrangers dans notre population va atteindre les 10 % dans les années qui viennent ». Ces propos laissent non seulement entendre que la France serait envahie par des « flux d’immigration irrégulière » incontrôlés, mais entretiennent une confusion volontaire, puisque les chiffres relatifs à la population étrangère ne peuvent être mis sur le même plan que ceux relatifs à l’immigration irrégulière. En 2021, la population étrangère dans son ensemble s’élevait à 7,7 % de la population totale française. En se basant sur différents types de chiffrages, celle ayant trait aux personnes en situation irrégulière, oscillerait entre 0.52 % et 1.19 % de la population totale.

  La France est-elle dépassée par des « flux d’immigration irrégulière » ? 

Le ministre de l’Intérieur a par ailleurs déclaré le 27 octobre dernier que « Nous avons un travail à faire pour rendre la vie des personnes sous OQTF impossible en France, comme leur interdire l’accès aux logements sociaux… ». Ces propos sont dangereux car ils s’inscrivent dans le sillage d’un bon nombre de déclarations visant à véhiculer l’idée fausse selon laquelle les personnes étrangères abuseraient de droits et de prestations sociales. Or, les personnes sans-papiers n’ont accès ni aux logements sociaux ni aux droits sociaux, en dehors de l’aide médicale d’Etat. Ces propos sont par ailleurs symptomatiques d’une politique de harcèlement et de bannissement clairement assumée par le gouvernement, ce qui est particulièrement inquiétant dans ce contexte d’avant-projet de loi.

« Rendre la vie des personnes sous OQTF impossible en France » : que veut-dire cette phrase prononcée par le ministre de l’intérieur ?

UNE POLITIQUE D’EXPULSION ABSURDE

Il y a encore quelques semaines, peu de personnes étaient familières avec l’acronyme OQTF (obligation de quitter le territoire français). Aujourd’hui, l’actualité s’est emparée du sujet et la politique d’expulsion fait l’objet de vifs débats, et pour cause, le gouvernement tente par tous moyens de justifier sa politique d’expulsion défaillante. Pour expliquer le faible taux d’exécution des OQTF, le ministre de l’intérieur a déclaré au journal Le Monde le 2 novembre dernier que « [] pour calculer le taux d’exécution, on ne compte que les départs aidés et les départs forcés, soit près de 17 000 éloignements en 2021. Or, des milliers de personnes quittent le territoire après avoir reçu une OQTF, sans qu’on le sache ». Pour remédier à ce problème, le ministre de l’intérieur affirme « désormais inscrire toutes les OQTF au fichier des personnes recherchées, le FPR. Il ne s’agit pas de rétablir le délit de séjour irrégulier mais de pouvoir constater que la personne repart comme lorsque, par exemple, elle reprend un avion et ainsi de compter tous les départs d’étrangers ». Pourtant, non seulement les statistiques du ministère de l’intérieur comptabilisent bien les départs spontanés, mais l’inscription de toutes les personnes sous OQTF au FPR s’avère être une fausse mesure, car c’est déjà le cas pour la majorité des personnes sous OQTF.

Comment la France calcule-t-elle le nombre d’expulsions réalisé ?

Par ailleurs, dans l’optique de vanter les résultats de sa politique d’expulsion, le 27 octobre dernier, à l’antenne de France Inter, le ministre de l’intérieur a déclaré : « Nous faisons plus que l’Allemagne, plus que l’Espagne et plus que l’Italie, mais nous ne faisons pas assez ».

Qu’en est-il réellement des chiffres relatifs à l’expulsion ? Au total, 125 450 obligations de quitter le territoire français (OQTF) ont été prononcées en France en 2021 (source : Eurostat). Avec ce chiffre, la France est de loin le pays européen qui édicte le plus d’OQTF. Ainsi, vu sous cet angle, la France « fait plus » que ses pays voisins. En revanche, en examinant l’ensemble des données de plus près, la France présente un taux d’exécution des OQTF bien plus faible que ses voisins européens, ce qui vient ainsi contredire le fait que la politique d’expulsion française serait « meilleure » que celle de ses voisins européens.

La France « fait-elle plus » en matière d’expulsion que ses voisins européens ?

Le fort taux de délivrance d’OQTF non exécutables appelle d’ailleurs à un certain nombre de réflexions, à commencer par savoir si la France se conforme aux exigences de la loi. En effet, le constat d’un séjour irrégulier ne peut mener à la notification automatique d’une OQTF puisque la loi impose que l’administration procède à un examen personnalisé de la situation de la personne en amont de la notification d’une mesure d’éloignement afin de garantir que la mesure ne viole pas des dispositions législatives qui protègent certaines catégories de personnes contre l’éloignement. Or, La Cimade rencontre de manière croissante des personnes sous OQTF qui devraient faire partie des catégories protégées contre l’éloignement. C’est le cas par exemple des mineur∙e∙s, des personnes encourant des risques de traitements inhumains et dégradants en cas d’expulsion, ou des parent∙e∙s d’enfant français∙e∙s mineur∙e∙s.

Que révèle le faible taux d’exécution des mesures d’expulsion ?

EXPULSION ET ETAT DE DROIT

Toujours dans l’objectif de justifier une politique d’expulsion qui dysfonctionne, le ministre de l’intérieur s’efforce à identifier des prétendus obstacles à l’expulsion. Dans ce cadre, la thématique qui revient régulièrement dans ses déclarations concerne celle de la justice. Monsieur Darmanin a ainsi déclaré : « Notre droit est trop complexe. Pour expulser un étranger en situation irrégulière, nous avons jusqu’à 12 recours administratifs et judiciaires […] [Quand] vous faites des recours, vous ne pouvez pas expulser la personne […] Plus de la moitié des 120 000 OQTF prises ne sont pas exécutoires à cause de recours devant le tribunal administratif ».

Le ministre de l’intérieur opère dans ces propos une confusion entre ce qui relève de la procédure, et ce qui relève du recours. Il s’est ensuite repris le 2 novembre dans une interview au journal Le Monde en affirmant : « D’abord, il y a près de 50 % des OQTF qui font l’objet de recours qui les suspendent. L’une des dispositions du projet de loi qui sera examiné début 2023 au Parlement, est de fortement simplifier les procédures et de passer de douze à quatre catégories de recours, pour exécuter beaucoup plus rapidement les mesures ». Malgré l’usage d’une terminologie plus précise, le ministre a pris pour exemple, sur le plateau de CNews le 3 novembre dernier, le cas de personnes déboutées de l’asile. Or il omet parallèlement de préciser que la procédure d’expulsion est à distinguer de la procédure d’asile, de telle sorte à de nouveau créer de la confusion.

Au-delà de propos semant la confusion, le ministre semble remettre en cause le principe du droit au recours effectif consacré par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et par la Convention européenne des droits de l’homme, qui impose que toute personne a le droit de voir sa situation examinée par un∙e juge.

La justice représente-elle un obstacle à l’expulsion ?

Autre obstacle mis en exergue par le ministre de l’intérieur : les protections que la loi confère contre l’expulsion. C’est l’autre arlésienne de ces dernières semaines. Sur l’antenne de France Inter le 27 octobre dernier, le ministre de l’intérieur a déclaré que « Nous protégeons encore des étrangers qui ont commis des crimes et délits en France et qui ne peuvent pas être expulsés », avant d’enfoncer le clou quelques jours plus tard : Ce qui freine le ministre de l’intérieur aujourd’hui, ce sont des réserves d’ordre public qui empêchent, par exemple, d’éloigner des personnes arrivées avant 13 ans sur le territoire national. Dans le texte de loi, nous mettrons fin à ces réserves et laisserons au juge le soin de trancher s’ils doivent ou non rester en France au nom de la vie familiale ».

Ces déclarations sont fausses, en plus d’être vagues. S’il est vrai qu’un certain nombre de catégories de personnes sont « protégées » contre le prononcé de mesures d’expulsion, les autorités judiciaires (pour les interdictions du territoire) et administrative (pour les arrêtés d’expulsion et les OQTF) conservent toujours la faculté de contourner les mesures de protections. Dans les faits, seule une infime partie des personnes étrangères est donc effectivement et réellement protégée

Est-il vraiment impossible d’expulser certaines personnes ?

Dans la même veine, le 2 novembre dernier, le ministre de l’intérieur a déclaré au journal Le Monde : « Aujourd’hui, quand quelqu’un demande l’asile en France, il peut se passer un an et demi avant que la Cour nationale du droit d’asile [CNDA] lui dise éventuellement non, puis le préfet prend une OQTF et, s’il y a un recours, on est reparti pour au moins six mois. Donc il se passe parfois deux ans avant que la personne ne soit expulsable. Elle a eu le temps de trouver un travail, au noir, et peut-être de faire des enfants. Voilà comment on se retrouve avec des dizaines de milliers de personnes qu’on ne peut pas expulser alors qu’elles sont sous OQTF. Cette situation n’est pas tenable. Il ne faut pas laisser le temps de créer des droits qui viendraient contredire des décisions prises légitimement par les préfectures ».

Là encore, ces propos sont inexacts. La loi encadre de manière stricte les protections contre l’éloignement qui ne concernent que certaines catégories spécifiques de personnes étrangères. Le travail au noir (voire le travail déclaré) n’est pas constitutif d’un motif de protection contre l’expulsion énumérés à l’article L. 611-3 du CESEDA, pas plus d’ailleurs que ne l’est la présence d’enfants de nationalité étrangère.

Est-il vraiment impossible d’expulser les personnes déboutées de l’asile ? 

AMALGAME ENTRE IMMIGRATION ET DELINQUANCE

Depuis cet été, le refrain selon lequel il y aurait un lien entre immigration et délinquance revient dans la bouche des responsables politiques. Le ministre de l’Intérieur a ainsi pu déclarer qu’« il y a 7 % d’étrangers dans la population et ils représentent 19 % des actes de délinquance ». Pour sa part, le président de la République estime que « quand on regarde les faits de délinquance à Paris, on ne peut pas ne pas voir que la moitié au moins des faits de délinquance viennent de personnes soit en situation irrégulière, soit en attente de titre ».

L’essentiel des discours liant immigration et délinquance sont fondés sur des arguments quantitatifs : hausse des crimes et délits commis par les personnes étrangères, surreprésentation de ces dernières parmi les personnes détenues, etc. Or, en 2018, 549 966 condamnations ont été prononcées par les juridictions pénales, et seules 82 157 d’entre elles concernaient des personnes étrangères, soit 14,9%. La surreprésentation des personnes étrangères condamnées et des personnes étrangères incarcérées au regard de leur nombre au sein de la population française, s’explique par plusieurs facteurs, tels que les traitements discriminatoires dont elles sont l’objet ou par l’existence d’infractions qui ne peuvent être commises que par des personnes étrangères (ex. : refus de test PCR, refus de rendez-vous au consulat, refus monter dans l’avion etc.) par exemple.

Les personnes étrangères sont-elles réellement plus délinquantes ?

Enfin, dans son interview au Monde, le ministre de l’Intérieur a cette formule lapidaire : « Si je devais résumer, je dirais qu’on doit désormais être méchants avec les méchants et gentils avec les gentils ».

Sans doute anecdotique, elle laisse quand même entendre que ce n’était pas le cas jusqu’à présent, alors que toutes les lois relatives à l’immigration ont veillé à prévoir des mesures répressives, ou à renforcer des mesures déjà existantes. Ces effets d’annonce renforcent la stigmatisation toujours plus grande à l’égard de ces « ennemi·e·s commodes » que les gouvernements successifs se choisissent afin d’apporter une réponse hâtive collant au plus près du contexte social ou même médiatique. Pourtant, la réalité est toute autre, et cette affirmation est fausse pour au moins deux raisons : d’une part, aucune mesure contraignante n’existe aujourd’hui afin de permettre aux personnes étrangères détenues d’exercer leurs droits fondamentaux comme le droit d’asile, ce qui fait qu’elles sont déjà précarisées, invisibilisées, victimes de discriminations diverses et maintenues éloignées de leurs droits ; d’autre part, opérer un tri au regard du degré d’indésirabilité des personnes constitue une sérieuse entorse aux principes directeurs de l’exécution des peines, parmi lesquels figure le retour à la vie libre.

Devons-nous devenir méchant·e·s avec les méchant·e·s ?

Crédit photo ©JCHANCHE / CGLPL

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antifascisme

La lettre antifasciste de Visa – novembre 2022

Les articles parus sur VISA en octobre.
Journal “Le Lien” de la CGT FERC : article sur l’AG de VISA
Des néo-nazis visent le local d’SL Caen
Communiqué de l’intersyndicale du Rhône : Pas de fachos sur nos piquets ! Solidarité avec les grévistes de Perrache
Communiqué de Solidaires : Le gouvernement, la droite et l’extrême-droite détestent les chômeurs-ses
Débat à Sorbonne Université : droits des femmes et extrême droite
Brochure de Solidaires Étudiant-e-s : Face à l’extrême droite, riposte étudiante
Communiqué CGT Allier – La CGT doit s’opposer à la normalisation du RN
Communiqué Solidaires – Solidarité avec les femmes d’Iran
Tribune : Pour nos organisations, interagir et dialoguer avec le groupe RN à l’Assemblée Nationale, c’est non !
Communiqué intersyndical – Arrivée au pouvoir de l’extrême droite : solidarité avec les Italien-nes pour le respect des droits
preview L’assemblée générale annuelle de l’association VISA (Vigilance et Initiatives Syndicales Antifascistes) s’est déroulée le samedi 25 juin 2022 à Paris. De nombreux syndicats de la CGT, de la FSU, de Solidaires et de la CNT y étaient représentés, dont la FERC CGT, adhérente depuis plusieurs années à l’association. L’assemblée générale de VISA a commencé par… afficher en ligne.
preview Ce lundi 17 octobre, nous avons découvert que le couloir d’accès de notre local syndical a été la cible du groupe néo-nazi. Nos affiches ont été arrachées mais surtout des croix gammées et celtiques ont été gravées sur les murs et les portes. Au-delà de ladégradation matérielle, cet acte est la preuve de la résurgence… afficher en ligne.
preview Ce weekend les agents de nettoyage de la gare routière de Perrache, en grève depuis une semaine, ont reçu la visite d’un groupuscule néo-nazi venu arracher leurs banderoles et voler des drapeaux CNT-Solidarité Ouvrière pour s’en vanter ensuite dans leurs réseaux. Cette opération d’intimidation – comme il en arrive fréquemment à Lyon sans que jamais… afficher en ligne.
preview Après avoir voté la possibilité pour le gouvernement de réglementer le régime d’assurance chômage par décret en court-circuitant l’UNEDIC et les organisations syndicales qui seront simplement « consultées », les député-es des formations de droite et d’extrême-droite ont aggravé le projet de loi présenté par le gouvernement au sujet de la réforme chômage. Convaincus que… afficher en ligne.
preview Alors que 89 députés d’extrême droite ont été élus en juin, alors que le droit à l’IVG est menacé dans dans de nombreux pays sous pression de l’extrême droite, il y a urgence à réagir. La CGT FERC Sup et Sud Education de Sorbonne Université vous invitent à un débat : Jeudi 13 octobre de 18h… afficher en ligne.
preview L’UNI, la Cocarde, l’Action Française ou Génération Z font de leur cheval de bataille l’opposition à “islamo-gauchisation” à l’université qui se manifesterait, selon elles et eux, par l’attrait grandissant pour les genders studies et les études post-coloniales. Parmi leur réponse face à cela, un soutien ouvert aux enseignant-e-s racistes, homophobes, etc. ou encore de la… afficher en ligne.
preview Les élections législatives ont permis à 89 députés du Rassemblement National d’entrer à l’Assemblée Nationale. Ainsi, notre département de l’Allier a vu l’élection, sur la 2ème circonscription, d’un député RN. Le RN porte, de manière plus ou moins explicite, la “priorité nationale”, le “patriotisme économique”, le racisme, la xénophobie, l’homophobie, l’antisémitisme, le refus de la… afficher en ligne.
preview Le 13 septembre, Masha Jina AMINI, âgée de 22 ans, originaire de la région du Kurdistan (nord-ouest du pays), a été arrêtée par la police des mœurs pour « port de vêtements inappropriés ». Elle est morte trois jours plus tard en détention, après être tombée dans le coma. Après sa mort tragique, la foule… afficher en ligne.
preview Les digues du « barrage républicain » ont cédé sans résistance ni grand fracas aux moments des élections, puis de l’arrivée à l’Assemblée nationale d’un groupe d’extrême-droite sans équivalent dans l’histoire de la Ve République. Les ambiguïtés et les compromissions politiques ont une grande responsabilité dans cette situation. Alors nous, membres de la société civile, associations, syndicats,… afficher en ligne.
preview Les dernières élections générales italiennes ont vu l’extrême droite arrivée en tête du scrutin. Avec la droite elle détient une majorité absolue lui permettant de constituer un gouvernement. Le poste de cheffe du gouvernement devrait être occupé par une candidate dont la filiation fasciste ne fait pas mystère. Ce séisme politique qui tend à banaliser… afficher en ligne.
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antifascisme International Les travailleur·euses n'ont pas de pays !

Arrivée au pouvoir de l’extrême droite : solidarité avec les Italien-nes pour le respect des droits

Les dernières élections générales italiennes ont vu l’extrême droite arrivée en tête du scrutin. Avec la droite elle détient une majorité absolue lui permettant de constituer un gouvernement. Le poste de cheffe du gouvernement devrait être occupé par une candidate dont la filiation fasciste ne fait pas mystère.

Ce séisme politique qui tend à banaliser l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite en Europe intervient alors même que le bloc de la droite et de l’extrême droite suédoise a gagné d’une courte majorité les élections législatives face à la gauche parlementaire sortante. Ce contexte n’est pas sans entrer en résonance avec, en France, le score important du RN aux dernières élections législatives et l’arrivée d’un groupe de 89 député-es à l’Assemblée Nationale en juin dernier.

Nos organisations prennent avec le plus grand sérieux cette situation et la dynamique inédite qui voit progresser les idées nationalistes, racistes, contraires aux droits des femmes, des LGBTQi+ et antisociales partout en Europe.

Nous adressons notre soutien aux syndicalistes italiens et italiennes et à l’ensemble de la population qui risquent de faire grands frais de politiques anti syndicales. Nous considérons que c’est d’abord en répondant aux attentes sociales de la population particulièrement malmenée par les crises économiques, sociales, écologiques, acculée par les hausses généralisées des prix que l’on s’opposera durablement aux idées et pratiques des politiques d’extrême droite. En ce sens, nous décidons de renforcer notre lutte contre l’extrême droite et de travailler ensemble à empêcher son développement et son accession au pouvoir.

Communiqué intersyndical

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antifascisme

Mais que font un ministre de l’intérieur, un préfet de police et des syndicats de flics dans la Bourse du Travail ?

Texte de la Coordination contre la répression et les violences policières de Paris

Le 28 septembre 2022, la Bourse du Travail de Paris a laissé s’installer dans ses murs une opération de propagande orchestrée par deux syndicats de policiers — dont le plus raciste et réactionnaire, Alliance Police Nationale —, en présence du préfet de police et du ministre de l’Intérieur! Tout cela dans un silence assourdissant, venant d’abord des centrales syndicales qui siègent à la Commission administrative de la Bourse du Travail [1], tout comme de la part des partis de la gauche d’appareil ou des ONG de «défense des libertés». Surtout qu’une première réunion de préparation, au même endroit, a eu lieu le 7 septembre dernier! [2]

Depuis quelques mois, nous avons remarqué que des sections syndicales de policiers UNSA deviennent de plus en plus présentes à la Bourse, essentiellement des agents de la nouvelle police municipale parisienne qui prévoit de recruter à terme plus de 3000 flics. Très souvent, c’est la grande salle Ambroize Croisat qui les accueille. Déjà, se réunir aux côtés de flics (en uniforme!) nous met plus que mal à l’aise, étant nous même proches de victimes ou victimes directes de leur oppression, mais le grand spectacle du 28 septembre fut d’une toute autre ampleur. Cette grande messe entérinait la création d’un bloc syndical ultra-autoritaire, regroupant treize organisations autour d’UNSA police et d’Alliance, pour tenter d’écraser aux prochaines élections de décembre les keufs de SGP-FO, les soi-disant «flics de gauche» (FO est historiquement très proche du PS). Derrière ce décor perfide, comble de l’obscène, se sont affichés dans les tribunes de la Bourse du Travail les deux plus grands exécutants de la répression quotidienne, à savoir le ministre agresseur Darmanin et le préfet Nunez, lui-même ancien ministre, qui ont «répondu à l’invitation» pour finalement faire allégeance aux petits chefs de la syndicalo-milice nationale.

Après sa déplorable démonstration de force devant l’Assemblée nationale en mai 2021, accompagnée de presque tous les partis politiques (PS, PC et EELV étaient là, en compagnie des leaders de toute la la droite et des ministres), Alliance investit maintenant les Bourses du Travail?

On se contrefout des calculs politiques de quelques syndicats de flics. D’ailleurs en sont-ils vraiment? Il s’agit avant tout pour Alliance, de répandre l’idée d’une gestion toujours plus violente de la société et non de lutter contre un patron. On sait bien qu’il n’y a pas de flics de gauche ou de droite, ce sont tous des soldats de l’État et du capital. Et rappelons-le, la justice a toujours été au service de la police. La colère vient du fait que cette opération ait pu se dérouler sous nos yeux, dans une Bourse du Travail, en présence d’un ministre d’État. En colère qu’aucune organisation syndicale n’ait agi avant pour s’y opposer et qu’aucune non plus ne se soit prononcée sur ce meeting deux semaines après les faits. Comment cela a-t-il pu se réaliser sans opposition, sans résistance?

Les Bourses du Travail ont eu un rôle profondément émancipateur dans l’organisation de la classe ouvrière il y a une centaine d’années. L’idée même de créer un lieu autogéré, qui échapperait aux structures étatiques comme à l’influence des cartels et des capitaines d’industrie, était foncièrement révolutionnaire, à la fois produit et instrument de l’anarcho-syndicalisme. Tout au long du 19è siècle le mouvement ouvrier tient à bonne distance tout fonctionnaire d’État et les forces de police, compris à juste titre comme les forces répressives du capitalisme. A fortiori, il est impensable des les accueillir dans les murs des Bourses du Travail.

Aujourd’hui encore, elles restent un lieu de résistances, d’échanges, d’élaborations.

Les Nuits Debout en 2016 ont redonné vie à cette Bourse rue du Château d’eau, toute proche de la place de la République, renommée pour l’occasion place de la Commune. Alors la voir foulée par un ministre d’État accusé de violences sexuelles, multipliant les propos racistes, c’en est trop!

Le silence des organisations syndicales qui a entouré cette réunion inquiétante est assourdissant. Assourdissant pour les libertés publiques, inquiétant pour l’autonomie des organisations syndicales.

Il est impératif pour nous de réaffirmer la violence et la menace que représente la présence des flics et de toute force répressive de l’État à l’intérieur des Bourses du Travail. Le mouvement ouvrier n’a de cesse de combattre et de s’émanciper des lois liberticides et de l’exploitation capitaliste. Les flics et toutes les cohortes dites de «sécurité» sont les garants de cet ordre capitaliste et des injustices sociales qui lui sont liées. Il est impossible de banaliser cette présence quand nous combattons sans relâche pour la justice sociale, la fin de l’exploitation et pour l’égalité des droits.

Nous espérons que nombre d’organisations syndicales, de groupes et de collectifs relaieront autour d’elles et eux cette sinistre nouvelle afin que cette infamante présence policière à l’intérieur de la Bourse du Travail, adoubée par les plus hauts représentants de l’État sécuritaire, soit à jamais reléguée au magasin des mauvais souvenirs. Et si d’aventure il leur prenait l’envie de réitérer, soyons présents, en nombre, devant NOTRE Bourse du Travail, pour dénoncer cette exécrable présence.

Coordination contre la répression et les violences policières, 11 octobre 2022

Notes

[1] La Commission administrative gère l’utilisation des salles de la Bourse. Elle est composée de délégué.es désigné.es par les organisations syndicales admises en son sein, soit pour la CGT (6 membres), CFDT (4), FO (4), CFTC (2), Unsa Éducation (2) et Solidaires (2).

[2] On s’est fait souffrance et sali les yeux en allant consulter le groupe facebook d’Alliance Police nationale…