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Dans le privé et le public, un syndicalisme de lutte pour la transformation sociale

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Actu Solidaires 78 Les travailleur·euses n'ont pas de pays ! Luttes migrant·es

Rassemblement « Bouge ta pref » Intervention Solidaires 78

Versailles – 1er février 2023

L’Union syndicale Solidaires des Yvelines

Dénonce, avec l’ensemble des organisations associatives et syndicales présentes les dysfonctionnements de la Préfecture des Yvelines, comme partout en France

Des dysfonctionnements qui mettent des femmes, des hommes, des enfants dans des situations inhumaines

Des dysfonctionnements qui créent abusivement des sans-papiers

Mais est-ce seulement des dysfonctionnements ?

Macron et Darmanin veulent leurs rendre la vie encore plus impossible

Macron engage des milliards d’euros supplémentaires pour la police, la répression et la construction de nouveaux centres de rétention

Des sommes considérables sont dépensées dans les murs et les frontières européennes, terrestres et maritimes, qui font de la méditerranée un mouroir.

Ces milliards pourraient servir à accueillir dignement celles et ceux qui fuient la guerre, les persécutions, la misère ou les conséquences du dérèglement climatique

Ces choix sont délibérés.

Des moyens exceptionnels ont été mobilisés pour l’accueil des réfugié.es d’Ukraine

Pourquoi uniquement pour elles et eux ?

Les guerres non européennes sont elles moins meurtrières ?

Les réfugiés non européens sont ils moins respectables ?

Faire une distinction, n’est ce pas du racisme ?

N’est ce pas faire le lit de l’extrême droite ?

Cette extrême droite qui en 2015 a attaqué le centre d’accueil de Triel.

Les sans papier travaillaient lors des confinements

Indispensables hier, indispensables aujourd’hui mais proscrits des droits

Proscris comme ceux de DPD et Chronopost en grève depuis 14 mois

Proscris comme les travailleuses et travailleurs sans papier du nettoyage, du btp, de l’hôtellerie, de la restauration, de la sous-traitance et de l’intérim

Ces travailleuses et travailleurs sont nos collègues, nos camarades

Leurs lutte est notre lutte

Les priver de droits tirera vers le bas les salaires et les conditions de travail et de vie de toutes et tous

Le titre de séjour « métier en tension » aggravera la précarisation

S’opposer au projet de loi Darmanin

Refuser l’immigration jetable

Fermer les CRA

Ce n’est pas de l’humanitaire

C’est une lutte de notre classe

Une lutte pour un autre avenir, une autre société, un autre monde que celui de la pauvreté, des murs, de la guerre et du racisme.

Pas de régularisation à l’arbitraire du patronat, de l’administration et du pouvoir.

Avec les collectifs de sans papier,

Exigeons la régularisation sans condition de toutes et tous

Exigeons la libre circulation.

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Actu Solidaires 78 Luttes migrant·es

Retour sur le rassemblement devant la préfecture de Versailles (1er février)

A l’appel d’une trentaine d’associations et organisations des Yvelines engagées dans l’aide aux étrangers plus de 300 personnes se sont rassemblées mercredi 1er février devant la
Préfecture des Yvelines à Versailles pour protester contre les dysfonctionnements des services en charge des titres de séjour.
Le Collectif « Bouge te Pref » qui dénonce la « fabrique de sans-papiers » que sont devenues les préfectures avait appelé à faire de même dans tous les départements de l’Ile de France.


Une délégation d’une dizaine de personnes a été reçue par le Directeur des Migrations des Yvelines. Elle a décrit les entraves à la régularisation et à l’intégration provoquées par le manque de personnel avec les drames sociaux et humains qu’elles produisent et a exprimé ses revendications de délais raisonnables au traitement des dossiers et de clarification de
procédures devenues incompréhensibles. A l’issue de la rencontre il a été prévu de mettre en place des réunions de travail en commun.
Dans la rue des témoignages aussi bien des étrangers en galère que des militants qui les accompagnent ont bien fait comprendre la diversité des situations qui conduisent toutes à la même angoisse : obtenir un rendez-vous pour déposer son dossier et obtenir qu’il soit traité pour ne pas devenir ou rester des « sans-papiers » sans droits et sans possibilité de travailler.


Les députés Benjamin Lucas et William Martinet ont fait connaitre leur soutien et Ali Rabeh – Maire de Trappes a envoyé un message qui se terminait ainsi : “Je mesure dans mes
fonctions actuelles combien les migrants sont maltraités au quotidien et combien la république est indigne de ses valeurs et de son histoire.”
Les associations et les organisations restent mobilisées dans la perspective de la loi Darmanin à venir encore plus dure pour les étrangers.


Organisations signataires
Accueil Mineurs Isolés Sud Yvelines (AMIS78), Action Catholique des milieux Indépendants (ACI 78), Action Catholique Ouvrière Vallée de la Seine (ACO VIS), Aide aux migrants dans les Yvelines (AMY), ASTI de Marly le roi, ASTI du Mantois, ATD Quart Monde Yvelines, ATTAC 78 Nord, ATTAC 78 Sud,
Cercle de Silence de Mantes, Cercle de Silence de Versailles, Collectif de soutien de la confluence, Comité des Tilleuls de Triel-sur-Seine, Croyants en liberté yvelines (CELY), Dom’Asile, Jesuit Refugee Service (JRS 78), La Cimade 78, LDH 78 (sections de Conflans, Mantes, Poissy, St Quentin, Verneuil), Mouvement de la Paix (Comité Local), MRAP CL Plaisir, MRAP SQY.E, Réseau Education sans Frontières (RESF 78), Voisins Solidaires de Mézy, Voisins Solidaires de Versailles, Solidaires 78, UD
CFDT 78, UD CGT 78.

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Actu Solidaires 78 Les travailleur·euses n'ont pas de pays ! Luttes migrant·es

Bouge ta Pref avec le Réseau Amy

Le collectif “Bouge ta Pref” appelle à organiser des rassemblements devant toutes les préfecture d’Ile de France pour en dénoncer les dysfonctionnements.

En coordination avec ce collectif, le Reseau-AMY invite à un rassemblement devant la pref des Yvelines à Versailles le mercredi 1er février 2023 à 15h00.

Tracts et affiches de “bouge ta pref” pour le 78 ci-dessous :

Des communiqués de presse sont aussi prévus d’ici quelques jours.

Rdv impossibles, délais démesurés, OQTF multipliées

Arrêtez la Fabrique de sans-papiers, ouvrez les guichets, régularisez !

Mercredi 1er Février 2023 à 15h00

Malmener ses étrangers (maintien dans la précarité, obligation de démarches multiples, injonctions contradictoires, refus d’accueil), c’est malmener en même temps ses nationaux (les employeurs, les voisins, les amis, les soutiens, et finalement tout on chacun).

RASSEMBLEMENTS UNITAIRES DEVANT TOUTES LES PREFECTURES D’ILE-DE-FRANCE

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Les travailleur·euses n'ont pas de pays ! Luttes migrant·es

Bonne année, « les migrants » !

Communiqué du Gisti

En ce début d’année, les menaces s’accumulent pour les personnes étrangères.

Celles que le ministre de l’intérieur a soigneusement empilées dans son projet de loi « Pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration » – transmis au Conseil d’État le 19 décembre 2022 pour être discuté au Parlement début 2023 – commencent à être assez bien connues [1].

Sur fond de suspicion généralisée à l’égard de celles et ceux qui, selon lui, « troublent gravement l’ordre public » ou « rejettent les principes de la République », il s’agit prioritairement d’éloigner toujours plus vite, même lorsqu’elles ont noué en France des attaches familiales solides et anciennes, toutes les personnes qui se verront retirer leur droit au séjour ou le perdront faute de répondre aux critères d’une politique migratoire utilitariste.

Beaucoup plus discrète, en revanche, a été la publication au Journal officiel, le 30 décembre 2022, d’un décret daté du 27 décembre portant création d’un « office de lutte contre le trafic illicite de migrants » (Oltim) [2], lequel vient se substituer à « l’office central pour la répression de l’immigration irrégulière et de l’emploi d’étrangers sans titre » (Ocriest) créé en 1996.

Dans ce qui pourrait apparaître comme un simple ravalement de façade, quelques indices ont de quoi surprendre et inquiéter.

L’intitulé de cet office, d’abord, qui érige « le migrant », variété d’être humain aussi indéfinie et fantasmée qu’ignorée dans sa personnalité propre, en nouvelle catégorie juridique à part entière puisque faisant l’objet d’une réglementation qui vise à en réprimer le trafic.

Un intitulé qui, de surcroît, laisse entendre que certains trafics de « migrants » pourraient être licites puisque seuls les trafics dits « illicites » sont dans le viseur de l’Oltim. Rappelons, par comparaison, que l’article 225-4-1 du code pénal définit la traite des êtres humains – par nature illicite sans qu’il soit nécessaire de le préciser – comme un crime commis contre « une personne ». Si le trafic de « migrants » peut, dans certains cas, être licite, est-ce donc parce qu’il ne s’intéresserait pas à des personnes mais à cette sous catégorie particulière ?

Quant aux missions assignées à cet office, elles sont lourdes de présupposés. « En lien avec l’ensemble des administrations concernées », l’article 3 du décret le charge en effet « de l’évaluation de la menace liée aux trafics illicites de migrants ». Et il est précisé que « L’office, sur la base de l’état de la menace, élabore la stratégie interministérielle de lutte contre le trafic de migrants et assure le suivi de sa mise en œuvre. »

Les contours et le contenu de cette « menace liée au trafic illicite de migrants », ainsi placée au cœur des objectifs de l’Oltim, restent curieusement flous s’agissant d’un texte réglementaire et il faudra attendre ses premiers bilans d’activité pour en savoir plus. Mais point n’est besoin d’être devin pour décrypter les intentions d’un ministre toujours prompt à manier les amalgames : si les « trafics illicites de migrants » sont érigés en cible privilégiée de l’action policière, c’est à n’en pas douter parce que derrière chaque « migrant » se cacherait un terroriste en puissance. A moins qu’il ne s’agisse de reprendre à son compte l’épouvantail de la « submersion migratoire » ? Quoi qu’il en soit, le postulat est limpide : il s’agit bien d’imprimer dans les esprits que l’immigration nous menace tous…

Les non dits qui entourent cette initiative gouvernementale en disent, en réalité, beaucoup sur les a priori qui inspirent une politique migratoire toujours plus brutale, à laquelle la loi annoncée pour cette année fera franchir un nouveau cap. 6 janvier 2023

[1www.gisti.org/projetdeloi2023 [2www.gisti.org/article6945



www.gisti.org/spip.php?article6947

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Les travailleur·euses n'ont pas de pays ! Luttes migrant·es

À Paris, les sans-papiers manifestent contre la loi Darmanin et en hommage aux morts du Qatar


Hasard du calendrier, la finale de la Coupe du monde de football a lieu durant la journée internationale des migrants. En France, les collectifs de sans-papiers ont manifesté contre le projet de loi immigration, mais aussi pour les ouvriers morts au Qatar, et en solidarité avec les migrants exploités sur les chantiers des JO de Paris 2024. (…)
Un article publié sur Mediapart
 
Lire l’article
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Histoire Les travailleur·euses n'ont pas de pays ! Luttes migrant·es

Les gueules noires du Maroc, oubliées de l’histoire de France

Dans les années 1960 et 1970, la France a recruté 80 000 Marocains pour travailler à bas coût dans les mines du Nord et de la Lorraine. La sociologue Mariame Tighanimine, fille d’un de ces mineurs, et la journaliste Ariane Chemin braquent les projecteurs sur cette histoire absente des manuels scolaires. 

Rachida El Azzouzi

9 décembre 2022 à 19h43

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Les travailleur·euses n'ont pas de pays ! Luttes migrant·es

Solidarité, Liberté, Égalité, Papiers ! CONTRE DARMANIN ET SON MONDE

Le monde aujourd’hui incarné par Darmanin chasse, agresse, tue, expulse, discrimine, surexploite et divise sur la base de l’origine, la couleur de peau, la nationalité, la religion.
Ce monde qui brise les solidarités détruit aussi la planète, développe toutes les inégalités et s’attaque à tous nos droits. Ce monde porte la guerre et le fascisme.

Ensemble Sans-Papier, migrante, migrant, étranger, étrangère, racisé·e, musulmane, musulman, syndicaliste, féministe, écologiste, habitant·e des quartiers, organisons-nous, mobilisons-nous.
Nous disons que si nous ne ripostons pas quand l’un·e d’entre nous est discriminé·e, humilié·e, réprimé·e, exploité·e ce sont toutes nos luttes qui sont affaiblies. 

Des centaines de milliers de Sans-Papiers vivent et travaillent aujourd’hui en France, cotisent, déclarent et paient des impôts sans aucun droit. Au moment où même certains patrons demandent des régularisations l’unité est plus que jamais cruciale pour gagner la régularisation de toutes et tous les sans-papiers, l’égalité des droits et des revenus et des conditions de travail décents pour toutes et tous, français·e·s comme étranger·ère·s.

Si elle est brisée en un de ses points la solidarité ne peut tenir.
Acceptée pour les Sans-papiers, l’inégalité sera plus difficile à combattre sur d’autres questions. Entre unité ou racisme, entre solidarité ou nationalisme, il faut choisir. Il en va de notre avenir à tou·te·s.

Dans le monde incarné par Darmanin, l’étranger, l’étrangère, est le problème, l’ennemi.
Mais nous sommes des millions d’étrangers, d’étrangères à son monde.
Ensemble devenons le problème de Darmanin. Notre monde s’appelle Solidarité.

Nous appelons à nous mobiliser partout ensemble et à inscrire nos revendications dans toutes les luttes.

Nous appelons à une journée nationale de manifestations sur tout le territoire à l’occasion de la Journée Internationale des Migrant·e·s le dimanche 18 décembre.

Contre la loi immigration de Darmanin,
Contre la double peine et les centres de rétention,
Contre la criminalisation de la solidarité
!

Pour la régularisation des Sans-Papiers,
Pour la liberté de circulation,
Pour l’égalité des droits !

Cliquez ici pour télécharger un argumentaire contre la loi immigration de Darmanin

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Défense de nos libertés Les travailleur·euses n'ont pas de pays ! Luttes migrant·es

Loi immigration : à qui profite la peur ? Des moyens pour accueillir les migrant-es pas pour les criminaliser !

Le gouvernement vient de lancer de soi-disant consultations et des débats sur une énième loi sur l’asile et l’immigration (la 28ème depuis 1986, la seconde d’un gouvernement Macron) et à mesure que celle-ci se précise, nos craintes et notre opposition se renforcent. Le ressort unique, celui de la xénophobie, le rejet et de la peur de l’étranger, permet de faire des immigré·es des boucs émissaires faciles.

Les exilé·es fuient la guerre, la misère ou les crises écologiques, conséquences d’années de politiques néolibérales au profit des gouvernements et des entreprises capitalistes et colonialistes.

Le but de cette énième loi ne fait aucun doute : accueillir le moins possible, réprimer et expulser le plus grand nombre. Rien de bien nouveau : trier les sans-papiers, les considérer comme de la main d’œuvre, corvéable à merci par les patrons, avec une nouvelle carte, annuelle, des plus précaires, les cantonnant dans les métiers dits sous tension, sans possibilité de changer de secteur d’activité. De plus, une frange de population sans papiers ne serait ni régularisable ni expulsable, maintenue sous OQTF et sous IRTF pendant non plus 1 mais 3 ans. Cela les mettrait encore plus longtemps à la merci des prédateurs patronaux en mal d’exploitation. Pour les autres, celles et ceux qui sont en situation régulière, on leur demandera de prouver qu’ils et elles sont “intégré·es” avant de leur concéder une carte de séjour pérenne pour vivre et travailler sereinement et dignement : une carte pluriannuelle voire une carte de résident.

En citant Jacques Bainville, figure antisémite de l’Action Française, ou en assimilant délinquance et immigration, le ministre Darmanin ne fait que donner des gages à l’extrême droite. Le débat se tient dans un contexte nauséabond avec une extrême droite très présente dans les débats et dont les propos et les mensonges sont distillées sans complexe par des médias, et en premier lieu par ceux du milliardaire Bolloré. Cette parole décomplexée libère, depuis de trop nombreux mois, les groupuscules d’extrême droite qui attaquent dans de nombreuses villes les mobilisations unitaires et les organisations syndicales ou politiques sans aucune retenue.

Ce monde-là, nous n’en voulons pas.

Le gouvernement ne veut pas entendre nos revendications d’accueil immédiat et sans condition des exilé·es. Nos camarades sans-papiers des trois piquets de grève de DPD, Chronopost et RSI depuis un an le savent bien. Par leur combat, avec l’arme de la grève, ils démontrent comment un système capitaliste ne peut fonctionner qu’avec une main d’œuvre qu’il espérait corvéable à merci. Ils démontrent, avec ténacité et courage, leur volonté d’obtenir le droit légitime de vivre pleinement sur le territoire. Il est plus que temps d’accéder à leur demande de régularisation !

Le 6 décembre, durant le premier débat à l’Assemblée Nationale, une première riposte unitaire s’est mise en place, avec des collectifs de sans-papiers, des associations, des ONG et Solidaires en interpellant les député·es qui ont bien voulu nous rencontrer, puis avec un rassemblement massif et festif.

Cette riposte doit se poursuivre et s’étendre. C’est ce que nous construisons avec la Marche des Solidarités avec des mobilisations qui auront lieu partout sur le territoire le 18 décembre pour la journée internationale pour les droits des migrantes et des migrants. A Paris la manifestation partira à 11h de Porte de la Chapelle.

Solidaires continuera partout à dénoncer cette politique de l’immigration jetable, et appelle à construire un cadre unitaire large pour revendiquer haut et fort, toutes et tous ensemble, la liberté de circulation et d’installation avec une véritable politique d’accueil.

Pour gagner, la riposte doit s’amplifier !

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Les travailleur·euses n'ont pas de pays ! Luttes migrant·es

Appel à des manifestations sur tout le territoire le 18 décembre 2022 à l’occasion de la journée internationale des migrant·e·s

Solidarité, Liberté, Égalité, Papiers !
CONTRE DARMANIN ET SON MONDE

Le monde aujourd’hui incarné par Darmanin chasse, agresse, tue, expulse, discrimine, surexploite et divise sur la base de l’origine, la couleur de peau, la nationalité, la religion.
Ce monde qui brise les solidarités détruit aussi la planète, développe toutes les inégalités et s’attaque à tous nos droits. Ce monde porte la guerre et le fascisme.

Ensemble Sans-Papier, migrante, migrant, étranger, étrangère, racisé·e, musulmane, musulman, syndicaliste, féministe, écologiste, habitant·e des quartiers, organisons-nous, mobilisons-nous.
Nous disons que si nous ne ripostons pas quand l’un·e d’entre nous est discriminé·e, humilié, réprimé, exploité ce sont toutes nos luttes qui sont affaiblies. 

Des centaines de milliers de Sans-Papiers vivent et travaillent aujourd’hui en France, cotisent, déclarent et paient des impôts sans aucun droit. Au moment où même certains patrons demandent des régularisations l’unité est plus que jamais cruciale pour gagner la régularisation de toutes et tous les sans-papiers, l’égalité des droits et des revenus et des conditions de travail décents pour toutes et tous, français·e·s comme étranger·ère·s.

Si elle est brisée en un de ses points la solidarité ne peut tenir.
Acceptée pour les Sans-papiers, l’inégalité sera plus difficile à combattre sur d’autres questions. Entre unité ou racisme, entre solidarité ou nationalisme, il faut choisir. Il en va de notre avenir à tou·te·s.

Dans le monde incarné par Darmanin, l’étranger, l’étrangère, est le problème, l’ennemi.
Mais nous sommes des millions d’étrangers, d’étrangères à son monde.
Ensemble devenons le problème de Darmanin. Notre monde s’appelle Solidarité.

Nous appelons à nous mobiliser partout ensemble et à inscrire nos revendications dans toutes les luttes.

Nous appelons à une journée nationale de manifestations sur tout le territoire à l’occasion de la Journée Internationale des Migrant·e·s le dimanche 18 décembre.

Contre la loi immigration de Darmanin
Contre la double peine et les centres de rétention
Contre la criminalisation de la solidarité

Pour la régularisation des Sans-Papiers
Pour la liberté de circulation
Pour l’égalité des droits

VISUELS-AFFICHES-TRACTS-ET-AUTOCOLLANTS

Tous les visuels : https://antiracisme-solidarite.org/nos-visuels/


Publication presse : https://antiracisme-solidarite.org/


Liste des 139 collectifs, syndicats, associations, réseaux, organisations, locales comme nationales qui sont les premiers signataires de l’appel :

La Marche des Solidarités et les collectifs de sans-papiers :

  • Collectif de Demandeur.se.s de Papiers 13
  • Collectif des sans-papiers de Lyon (CSP69)
  • Collectif Migrants 17
  • Collectif Migrants 83
  • Collectif Sans-Papiers 95 (CSP95)
  • Collectif Sans-Papiers de Montreuil
  • Collectif Sans-Papiers Paris 20
  • Coordination Sans-Papiers 75
  • Collectif Sans-Papiers Paris 17eme
  • Collectif Travailleurs Sans-Papiers Vitry
  • Droits devant!!
  • CISPM Mannheim
  • Coalition Internationale des Sans-Papiers et Migrants (CISPM)

Et

  • 100 pour 1 Surgères
  • 20eme solidaire avec tou·te·s les migrant·e·s
  • ACE (Action Culture Entreprise) Rennes
  • ACOR Association Contre le Racisme
  • Act For Ref
  • Actions Refugees Paris
  • AG contre les violences d’Etat, Montpellier
  • Alternatives et Autogestion
  • AMAAR (Association Mortainaise d’Aide et d’Accueil des Réfugiés)
  • ANC (Association Nationale des Communistes)
  • APICED
  • Arts et Cultures des Deux Rives signe ACDR
  • Assemblée Citoyenne des Originaires de Turquie (ACORT)
  • Association accueil Azun
  • Association de Solidarité et d’information pour l’Accès aux Droits des étrangers
  • Association de Soutien aux Amoureux au Ban Public de Lyon
  • Association Démocratique des Tunisiens en France (ADTF)
  • Association des Familles des Prisonniers et Disparus Sahraouis (AFAPREDESA)
  • Association des Familles Victimes du Saturnisme (AFVS)
  • Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF)
  • Association française des juristes démocrates
  • Association France Palestine Solidarité 46
  • Association France Palestine Solidarité Paris-Sud
  • Association Marocaine des Droits Humains AMDH Paris/IDF
  • Association Pour continuer de Vivre
  • Association Tous citoyens
  • Associations des Marocains en France (AMF)
  • ASTI de Petit-Quevilly
  • ATPAC Maison Solidaire
  • ATTAC France
  • ATTAC Rennes
  • Auberge des Migrants
  • AUDE Réfugiés Solidarité
  • Autremonde
  • CADTM France
  • CGT AHSFC (Besançon Doubs)
  • CGT énergie Paris
  • CIVCR Collectif Ivryen de Vigilance Contre le Racisme
  • CNT Educ 75
  • Collectif “chabatz d’entrar”
  • Collectif 100 Pour Un Toit Comminges
  • Collectif Boycott Apartheid Israël – Paris Banlieue
  • Collectif de défense des droits des étrangers (CDDLE)
  • Collectif de soutien de l’EHESS aux sans-papiers et aux migrant-es
  • Collectif Justice & Libertés
  • Collectif Liberté Egalité Papiers à Paris 20e une carte d’habitant.e pour tou.t.es
  • Collectif Migrant.e.s Bienvenue 34
  • Collectif poitevin D’ailleurs Nous Sommes d’Ici
  • Collectif soutiens / migrants Croix-Rousse
  • Comico (collectif migrants comminges)
  • Comité Manche Droits des Femmes
  • Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT)
  • Confluences 81
  • Coordination Pas sans Nous
  • COPAF
  • CRID
  • CSLAM (Collectif saint-lois d’aide aux Migrants)
  • Culture et Solidarité
  • D’ailleurs Nous Sommes d’Ici 67
  • Droits Ici Et La-bàs (DIEL)
  • ELAfF (écolo-libertaire ANTIFASCISTE & féministe)
  • Emancipation tendance intersyndicale
  • Ensemble pour un Toit 70
  • ENSEMBLE!-MAGES
  • ENSEMBLE35
  • Europe Ecologie les Verts
  • FASTI
  • Fédération Anarchiste
  • Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR)
  • Fédération Etorkinekin-Diakité
  • Femmes Plurielles
  • FSU
  • FUIQP
  • Gauche Eco Socialiste (GES)
  • Génération.S
  • Gilets jaunes du Jarnisy
  • Gisti
  • Groupe d’appui de la France Insoumise de Villeneuve Saint Georges
  • ICARE05 (Initiative Citoyenne pour l’Accueil de Réfugiés dans l’Embrunais)
  • Ingénieurs sans frontières
  • Insoumis Comminges-Savès (31)
  • JAMAIS SANS TOIT DE VAULX EN VELIN
  • La Cimade Figeac
  • La FI 17
  • LDH Paris 20
  • LDH70
  • Le Cercle MANOUCHIAN
  • Les Communaux
  • Les Midis du MIE
  • LIÉ·E·S
  • “Migrations, Minorités Sexuelles et de
  • Genre (2MSG)”
  • Mouvement des Progressistes
  • MRAP Vaucluse
  • Nouvelle Jungle Lille
  • NPA
  • Oury Jalloh Initiativ Berlin\Mannheim
  • Paris d’Exil
  • PEPS 81 (Pour une Ecologie Populaire et Sociale)
  • PEPS Pour une Ecologie Populaire et Sociale
  • Réseau Education Sans Frontières (RESF)
  • Réseau Euro-Maghrébin Citoyenneté et Culture (REMCC)
  • RESF 61
  • RESF 81
  • RESF Gard
  • Rosmerta
  • RUSF38 (Réseau Universitaire Sans Frontière de Grenoble)
  • RUSF51
  • Section Syndicale CGT Société de Restauration du Musée du Louvre
  • Solidaires étudiant-e-s
  • Solidarités Asie France (SAF)
  • SOS Refoulement
  • SUD éducation 35
  • Syndicat National des Personnels de l’Education et du Social à la Protection Judiciaire de la Jeunesse (SNPES-PJJ/FSU)
  • TadamunExil 70
  • Terre d’Ancrages
  • Tous Migrants
  • UD Solidaires 35
  • UN TOIT C’EST TOUT
  • ‌Une Ecole, Un Toit, des Papiers – Pays dacquois
  • Union Communiste Libertaire
  • Union Juive Française pour la paix (UJFP)
  • Union Locale CGT PARIS 18
  • Union Populaire de Villeneuve Saint Georges
  • Union Syndicale Solidaires
  • Union Syndicale Solidaires Val-de-Marne
  • Voies Libres Drôme
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Politique d’expulsion : des déclarations du gouvernement qui sèment la confusion

Dans un climat de stigmatisation des personnes étrangères, La Cimade propose de déconstruire les idées fausses qui sont véhiculées et d’analyser la question de l’immigration sous un autre prisme.

L’instrumentalisation des questions migratoires se traduit aujourd’hui par de multiples déclarations d’un gouvernement cherchant à flatter les positions anti-immigration d’une partie de l’opinion, alors qu’une énième loi sur l’asile et l’immigration est annoncée pour le premier semestre 2023. Dans un climat de stigmatisation des personnes étrangères, La Cimade propose de déconstruire les idées fausses qui sont véhiculées et d’analyser la question de l’immigration sous un autre prisme.

IMMIGRATION : ENTRE FANTASMES ET REALITE

Pour justifier une nouvelle loi sur l’asile et l’immigration – la 29ème depuis 1980 – les membres du gouvernement s’attèlent à propulser au-devant de la scène médiatique les enjeux autour de la nécessité de « mieux » expulser en instrumentalisant les questions relatives à l’immigration irrégulière. Le président de la République a ainsi déclaré le 26 octobre dernier auprès du Conseil des ministres regretter des arrivées trop nombreuses ces dernières années. Dans une interview pour le journal Le Monde le 2 novembre dernier, les ministres de l’Intérieur et du Travail ont par ailleurs affirmé que « la part des étrangers dans notre population va atteindre les 10 % dans les années qui viennent ». Ces propos laissent non seulement entendre que la France serait envahie par des « flux d’immigration irrégulière » incontrôlés, mais entretiennent une confusion volontaire, puisque les chiffres relatifs à la population étrangère ne peuvent être mis sur le même plan que ceux relatifs à l’immigration irrégulière. En 2021, la population étrangère dans son ensemble s’élevait à 7,7 % de la population totale française. En se basant sur différents types de chiffrages, celle ayant trait aux personnes en situation irrégulière, oscillerait entre 0.52 % et 1.19 % de la population totale.

  La France est-elle dépassée par des « flux d’immigration irrégulière » ? 

Le ministre de l’Intérieur a par ailleurs déclaré le 27 octobre dernier que « Nous avons un travail à faire pour rendre la vie des personnes sous OQTF impossible en France, comme leur interdire l’accès aux logements sociaux… ». Ces propos sont dangereux car ils s’inscrivent dans le sillage d’un bon nombre de déclarations visant à véhiculer l’idée fausse selon laquelle les personnes étrangères abuseraient de droits et de prestations sociales. Or, les personnes sans-papiers n’ont accès ni aux logements sociaux ni aux droits sociaux, en dehors de l’aide médicale d’Etat. Ces propos sont par ailleurs symptomatiques d’une politique de harcèlement et de bannissement clairement assumée par le gouvernement, ce qui est particulièrement inquiétant dans ce contexte d’avant-projet de loi.

« Rendre la vie des personnes sous OQTF impossible en France » : que veut-dire cette phrase prononcée par le ministre de l’intérieur ?

UNE POLITIQUE D’EXPULSION ABSURDE

Il y a encore quelques semaines, peu de personnes étaient familières avec l’acronyme OQTF (obligation de quitter le territoire français). Aujourd’hui, l’actualité s’est emparée du sujet et la politique d’expulsion fait l’objet de vifs débats, et pour cause, le gouvernement tente par tous moyens de justifier sa politique d’expulsion défaillante. Pour expliquer le faible taux d’exécution des OQTF, le ministre de l’intérieur a déclaré au journal Le Monde le 2 novembre dernier que « [] pour calculer le taux d’exécution, on ne compte que les départs aidés et les départs forcés, soit près de 17 000 éloignements en 2021. Or, des milliers de personnes quittent le territoire après avoir reçu une OQTF, sans qu’on le sache ». Pour remédier à ce problème, le ministre de l’intérieur affirme « désormais inscrire toutes les OQTF au fichier des personnes recherchées, le FPR. Il ne s’agit pas de rétablir le délit de séjour irrégulier mais de pouvoir constater que la personne repart comme lorsque, par exemple, elle reprend un avion et ainsi de compter tous les départs d’étrangers ». Pourtant, non seulement les statistiques du ministère de l’intérieur comptabilisent bien les départs spontanés, mais l’inscription de toutes les personnes sous OQTF au FPR s’avère être une fausse mesure, car c’est déjà le cas pour la majorité des personnes sous OQTF.

Comment la France calcule-t-elle le nombre d’expulsions réalisé ?

Par ailleurs, dans l’optique de vanter les résultats de sa politique d’expulsion, le 27 octobre dernier, à l’antenne de France Inter, le ministre de l’intérieur a déclaré : « Nous faisons plus que l’Allemagne, plus que l’Espagne et plus que l’Italie, mais nous ne faisons pas assez ».

Qu’en est-il réellement des chiffres relatifs à l’expulsion ? Au total, 125 450 obligations de quitter le territoire français (OQTF) ont été prononcées en France en 2021 (source : Eurostat). Avec ce chiffre, la France est de loin le pays européen qui édicte le plus d’OQTF. Ainsi, vu sous cet angle, la France « fait plus » que ses pays voisins. En revanche, en examinant l’ensemble des données de plus près, la France présente un taux d’exécution des OQTF bien plus faible que ses voisins européens, ce qui vient ainsi contredire le fait que la politique d’expulsion française serait « meilleure » que celle de ses voisins européens.

La France « fait-elle plus » en matière d’expulsion que ses voisins européens ?

Le fort taux de délivrance d’OQTF non exécutables appelle d’ailleurs à un certain nombre de réflexions, à commencer par savoir si la France se conforme aux exigences de la loi. En effet, le constat d’un séjour irrégulier ne peut mener à la notification automatique d’une OQTF puisque la loi impose que l’administration procède à un examen personnalisé de la situation de la personne en amont de la notification d’une mesure d’éloignement afin de garantir que la mesure ne viole pas des dispositions législatives qui protègent certaines catégories de personnes contre l’éloignement. Or, La Cimade rencontre de manière croissante des personnes sous OQTF qui devraient faire partie des catégories protégées contre l’éloignement. C’est le cas par exemple des mineur∙e∙s, des personnes encourant des risques de traitements inhumains et dégradants en cas d’expulsion, ou des parent∙e∙s d’enfant français∙e∙s mineur∙e∙s.

Que révèle le faible taux d’exécution des mesures d’expulsion ?

EXPULSION ET ETAT DE DROIT

Toujours dans l’objectif de justifier une politique d’expulsion qui dysfonctionne, le ministre de l’intérieur s’efforce à identifier des prétendus obstacles à l’expulsion. Dans ce cadre, la thématique qui revient régulièrement dans ses déclarations concerne celle de la justice. Monsieur Darmanin a ainsi déclaré : « Notre droit est trop complexe. Pour expulser un étranger en situation irrégulière, nous avons jusqu’à 12 recours administratifs et judiciaires […] [Quand] vous faites des recours, vous ne pouvez pas expulser la personne […] Plus de la moitié des 120 000 OQTF prises ne sont pas exécutoires à cause de recours devant le tribunal administratif ».

Le ministre de l’intérieur opère dans ces propos une confusion entre ce qui relève de la procédure, et ce qui relève du recours. Il s’est ensuite repris le 2 novembre dans une interview au journal Le Monde en affirmant : « D’abord, il y a près de 50 % des OQTF qui font l’objet de recours qui les suspendent. L’une des dispositions du projet de loi qui sera examiné début 2023 au Parlement, est de fortement simplifier les procédures et de passer de douze à quatre catégories de recours, pour exécuter beaucoup plus rapidement les mesures ». Malgré l’usage d’une terminologie plus précise, le ministre a pris pour exemple, sur le plateau de CNews le 3 novembre dernier, le cas de personnes déboutées de l’asile. Or il omet parallèlement de préciser que la procédure d’expulsion est à distinguer de la procédure d’asile, de telle sorte à de nouveau créer de la confusion.

Au-delà de propos semant la confusion, le ministre semble remettre en cause le principe du droit au recours effectif consacré par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et par la Convention européenne des droits de l’homme, qui impose que toute personne a le droit de voir sa situation examinée par un∙e juge.

La justice représente-elle un obstacle à l’expulsion ?

Autre obstacle mis en exergue par le ministre de l’intérieur : les protections que la loi confère contre l’expulsion. C’est l’autre arlésienne de ces dernières semaines. Sur l’antenne de France Inter le 27 octobre dernier, le ministre de l’intérieur a déclaré que « Nous protégeons encore des étrangers qui ont commis des crimes et délits en France et qui ne peuvent pas être expulsés », avant d’enfoncer le clou quelques jours plus tard : Ce qui freine le ministre de l’intérieur aujourd’hui, ce sont des réserves d’ordre public qui empêchent, par exemple, d’éloigner des personnes arrivées avant 13 ans sur le territoire national. Dans le texte de loi, nous mettrons fin à ces réserves et laisserons au juge le soin de trancher s’ils doivent ou non rester en France au nom de la vie familiale ».

Ces déclarations sont fausses, en plus d’être vagues. S’il est vrai qu’un certain nombre de catégories de personnes sont « protégées » contre le prononcé de mesures d’expulsion, les autorités judiciaires (pour les interdictions du territoire) et administrative (pour les arrêtés d’expulsion et les OQTF) conservent toujours la faculté de contourner les mesures de protections. Dans les faits, seule une infime partie des personnes étrangères est donc effectivement et réellement protégée

Est-il vraiment impossible d’expulser certaines personnes ?

Dans la même veine, le 2 novembre dernier, le ministre de l’intérieur a déclaré au journal Le Monde : « Aujourd’hui, quand quelqu’un demande l’asile en France, il peut se passer un an et demi avant que la Cour nationale du droit d’asile [CNDA] lui dise éventuellement non, puis le préfet prend une OQTF et, s’il y a un recours, on est reparti pour au moins six mois. Donc il se passe parfois deux ans avant que la personne ne soit expulsable. Elle a eu le temps de trouver un travail, au noir, et peut-être de faire des enfants. Voilà comment on se retrouve avec des dizaines de milliers de personnes qu’on ne peut pas expulser alors qu’elles sont sous OQTF. Cette situation n’est pas tenable. Il ne faut pas laisser le temps de créer des droits qui viendraient contredire des décisions prises légitimement par les préfectures ».

Là encore, ces propos sont inexacts. La loi encadre de manière stricte les protections contre l’éloignement qui ne concernent que certaines catégories spécifiques de personnes étrangères. Le travail au noir (voire le travail déclaré) n’est pas constitutif d’un motif de protection contre l’expulsion énumérés à l’article L. 611-3 du CESEDA, pas plus d’ailleurs que ne l’est la présence d’enfants de nationalité étrangère.

Est-il vraiment impossible d’expulser les personnes déboutées de l’asile ? 

AMALGAME ENTRE IMMIGRATION ET DELINQUANCE

Depuis cet été, le refrain selon lequel il y aurait un lien entre immigration et délinquance revient dans la bouche des responsables politiques. Le ministre de l’Intérieur a ainsi pu déclarer qu’« il y a 7 % d’étrangers dans la population et ils représentent 19 % des actes de délinquance ». Pour sa part, le président de la République estime que « quand on regarde les faits de délinquance à Paris, on ne peut pas ne pas voir que la moitié au moins des faits de délinquance viennent de personnes soit en situation irrégulière, soit en attente de titre ».

L’essentiel des discours liant immigration et délinquance sont fondés sur des arguments quantitatifs : hausse des crimes et délits commis par les personnes étrangères, surreprésentation de ces dernières parmi les personnes détenues, etc. Or, en 2018, 549 966 condamnations ont été prononcées par les juridictions pénales, et seules 82 157 d’entre elles concernaient des personnes étrangères, soit 14,9%. La surreprésentation des personnes étrangères condamnées et des personnes étrangères incarcérées au regard de leur nombre au sein de la population française, s’explique par plusieurs facteurs, tels que les traitements discriminatoires dont elles sont l’objet ou par l’existence d’infractions qui ne peuvent être commises que par des personnes étrangères (ex. : refus de test PCR, refus de rendez-vous au consulat, refus monter dans l’avion etc.) par exemple.

Les personnes étrangères sont-elles réellement plus délinquantes ?

Enfin, dans son interview au Monde, le ministre de l’Intérieur a cette formule lapidaire : « Si je devais résumer, je dirais qu’on doit désormais être méchants avec les méchants et gentils avec les gentils ».

Sans doute anecdotique, elle laisse quand même entendre que ce n’était pas le cas jusqu’à présent, alors que toutes les lois relatives à l’immigration ont veillé à prévoir des mesures répressives, ou à renforcer des mesures déjà existantes. Ces effets d’annonce renforcent la stigmatisation toujours plus grande à l’égard de ces « ennemi·e·s commodes » que les gouvernements successifs se choisissent afin d’apporter une réponse hâtive collant au plus près du contexte social ou même médiatique. Pourtant, la réalité est toute autre, et cette affirmation est fausse pour au moins deux raisons : d’une part, aucune mesure contraignante n’existe aujourd’hui afin de permettre aux personnes étrangères détenues d’exercer leurs droits fondamentaux comme le droit d’asile, ce qui fait qu’elles sont déjà précarisées, invisibilisées, victimes de discriminations diverses et maintenues éloignées de leurs droits ; d’autre part, opérer un tri au regard du degré d’indésirabilité des personnes constitue une sérieuse entorse aux principes directeurs de l’exécution des peines, parmi lesquels figure le retour à la vie libre.

Devons-nous devenir méchant·e·s avec les méchant·e·s ?

Crédit photo ©JCHANCHE / CGLPL

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