Voici le bulletin de décembre 2021 du Réseau syndical international de solidarité et de luttes, où participe l’Union syndicale Solidaires. Nous reproduisons notamment une interview d’une militante de l’association des femmes révolutionnaires RAWA, juste avant la prise du pouvoir par les Talibans en Afghanistan.
Réseau syndical international de solidarité et de luttes : Bulletin n°11
Bulletin d’information – Boletín de noticias – Newsletter – Boletim Informativo – Notiziario
N°11 – 31 décembre 2021
Sommaire – Resumen – Summary – Sumário – Riepilego
Droits des femmes – Women’s rights – Direitos da mulher – Diritti della donne
Les métallurgistes de São José dos Campos (Brésil) obtiennent un congé payé pour les victimes de violence domestique
A categoria metalúrgica de SJC arranca licença remunerada para vítimas de violência doméstica no setor
La triple charge de travail des syndicalistes indonésiennes
The triple work burden of Indonesia’s women unionists
Interview de l’une des porte-parole de l’Association des femmes révolutionnaires d’Afghanistan (RAWA)
Intervista con un portavoce dell’Associazione delle donne rivoluzionarie dell’Afghanistan (RAWA)
Nous reproduisons ici la traduction en français de l’interview de l’une des porte-parole de l’Association des femmes révolutionnaires d’Afghanistan (RAWA), réalisée il y a quelques semaines alors que les Talibans entamaient leur reconquête militaire.
En 2002, plusieurs organisations françaises, dont la fédération SUD-Rail [Solidaires], avaient organisé la tournée en France d’une représentante de Revolutionary Association of the Women of Afghanistan (RAWA). La CGT de l’Etat espagnol avait également accueilli une délégation de RAWA. Vingt plus tard, la situation n’est pas identique mais la prise de pouvoir des talibans, négociée avec le régime américain en février 2020 à Doha, nous incite à reprendre des extraits d’un texte de ces camarades de cette année 2002. Il est dans le Pdf joint.
RAWA (Association Révolutionnaire des Femmes en Afghanistan) est une organisation politique et sociale de femmes fondée en 1977 à Kaboul en Afghanistan.
Elle s’est opposé aux interventions étrangères successives dans ce pays, que ce soit celle de l’URSS, ou des États-Unis et de ses alliés, dont la France. Ces derniers qui ont financé des forces réactionnaires dans un premier temps pour combattre les soviétiques, puis, en 2001, ont envahi l’Afghanistan pour écarter du pouvoir les Talibans qu’ils avaient contribué à installer. Accomplissant un travail courageux de défense des droits humains, RAWA a par exemple scolarisé clandestinement, sous les Talibans, des milliers de femmes.
Depuis la chute des Talibans en 2001, quels progrès ont été réalisés en ce qui concerne le statut des femmes dans le pays ?
Il y a eu très peu de progrès, et nous pouvons dire qu’aucun de ces changements ne s’est enraciné profondément dans la société. Ils ont été fragiles, et à certains niveaux, illusoires.
Les 20 dernières années ont apporté plus de déceptions et plus de larmes. L’insécurité, la guerre généralisée et l’incertitude quant à l’avenir, les attentats suicides, les assassinats ciblés, la corruption rampante, la drogue et la toxicomanie, la pauvreté, les déplacements de population et bien d’autres choses encore, sont les préoccupations quotidiennes de notre peuple, et en particulier des femmes. L’Afghanistan est toujours décrit comme « le pire endroit pour naître en tant que femme ». L’une de nos membres a déclaré de manière prophétique dans une interview du 13 mars 2002 : « Nous savons qu’il est difficile de ne pas vouloir réagir lorsqu’un événement comme le 11 septembre se produit, mais le bombardement de l’Afghanistan ne débarrassera pas le monde du terrorisme. Les terroristes et les fondamentalistes vivent partout dans le monde, et en bombardant un pays, vous ne tuez pas leur réseau ». Nous voyons aujourd’hui le résultat : les Talibans, plus puissants qu’avant, dirigent le pays.
Quels ont été les plus grands succès et les plus grands échecs de ces vingt longues années d’occupation militaire ?
Il y a eu quelques succès, comme le fait que les filles ne sont plus interdites d’école et que les femmes ont pu exercer certains emplois. Les médias ont réussi à atteindre même les villages les plus reculés et les gens ont eu accès aux émissions de radio et de télévision. Des systèmes de communication tels que les téléphones portables et l’internet ont été introduits. Ces choses peuvent sembler évidentes, mais pour un pays très pauvre et arriéré, ce sont de véritables conquêtes. Mais dans le même temps, la corruption s’est généralisée et le fossé entre les riches et les pauvres s’est creusé. Sous le régime des Talibans, la culture de l’opium a été interdite, mais aujourd’hui, l’Afghanistan est la plus grande base de contrebande de drogue tandis que les divisions ethniques et les affrontements armés sont à leur plus haut niveau.
Nous aimerions également vous rappeler que si l’Afghanistan a été bombardé par les États-Unis et l’OTAN, c’est à cause des Talibans et d’Al-Qaïda. Aujourd’hui, les Talibans sont de retour au pouvoir et Daech est présent dans tout le pays… Même si les Talibans gouvernent l’Afghanistan, le terrorisme, la destruction et les combats ne cesseront pas.
Tant que les États-Unis et de nombreux autres courtisans impliqués tels que le Pakistan, l’Iran, la Turquie, et même la Russie, la Chine et l’Inde trouveront leur intérêt à soutenir des fondamentalistes religieux et des criminels connus, il sera difficile de trouver une solution.
Selon Human Rights Watch, environ 87 % des filles et des femmes afghanes sont victimes d’agressions au cours de leur vie. Ces chiffres sont terrifiants…
L’Afghanistan a toujours été un endroit misérable pour ses femmes en raison de la forte mentalité patriarcale, du système féodal, du manque d’éducation, de la culture et des traditions, des croyances religieuses, etc. Mais les 40 longues années de guerre et surtout le renforcement du fondamentalisme ont rendu la situation encore pire.
Les femmes afghanes sont les premières victimes de la guerre et de la violence persistante. Des cas de viols, d’enlèvements, de mariages forcés, de mariages de mineurs et de violences domestiques sont signalés quotidiennement. Plusieurs raisons expliquent pourquoi ces chiffres ne baissent pas, mais la principale est la forte emprise de ces fondamentalistes qui ont été soutenus par les États-Unis et qui sont les mêmes misogynes qui siègent au parlement, qui font les lois, qui contrôlent la police, le système judiciaire et tous les organes gouvernementaux.
Le rôle des ONG occidentales dans le pays a-t-il été positif ou négatif ?
Les ONG dans notre pays faisaient partie de l’occupation militaire occidentale. Elles ont poussé comme des champignons après le 11 septembre. À l’exception de quelques petits projets efficaces, ils ont surtout joué un rôle négatif. USAID (l’agence gouvernementale américaine), a principalement mis en œuvre les politiques des États-Unis, tout comme de nombreuses autres ONG internationales.
Ces ONG étaient d’ailleurs la raison principale de la corruption et des pots-de-vin. Elles ont réalisé des projets qui n’étaient bons que sur le papier, sous la supervision d’étrangers, et n’ont apporté aucun changement réel dans la vie de notre peuple.
Les pays occidentaux ont quitté l’Afghanistan les uns après les autres. Le retrait américain était-il une erreur ? Et si non, pourquoi ?
Oui, presque tous les pays sont partis. Ce n’est absolument pas une erreur pour nous, c’est plutôt quelque chose de positif. Nous étions totalement contre cette occupation et la présence de ces troupes. Mais malheureusement, ce retrait est le résultat d’un accord diplomatique entre les États-Unis et les Talibans. Une fois encore, comme les années précédentes, ce sont les civils afghans qui paient le prix fort. Les combats en cours tuent des civils, brûlent leurs maisons et leurs fermes et les obligent à quitter leurs villages.
Rawa croit fermement qu’aucune nation ne peut recevoir la paix et le progrès comme si c’était un cadeau. Les nations doivent se battre, construire la paix de leurs propres mains, pour avoir un lien solide avec elle.
Que se passera-t-il si les Talibans prennent le pouvoir ?
Ils sont déjà au pouvoir dans les principales régions du pays, mais tout est arrivé soudainement. Les gens sont encore sous le choc. Jusqu’à présent, ils ont agi différemment selon les zones : certaines régions sont encore disputées, sous le feu des combats, mais d’autres villes et frontières leur ont été remises sans aucune résistance. Tôt ou tard, ils arriveront à Kaboul et il sera difficile de prévoir ce qui se passera. Les Talibans feront de leur mieux pour maintenir une image positive et différente cette fois-ci. Ils tenteront également d’obtenir un soutien international. Ils peuvent organiser des « élections », mais il est impossible de cacher leur nature misogyne, criminelle et ambiguë. Ces derniers jours, les gens sont effrayés par leurs actes criminels et aucun Afghan ne peut oublier les horribles attentats perpétrés ces dernières années, comme les attaques contre des écoles et des hôpitaux, le meurtre de journalistes, de vaccinateurs, de juges, de policiers, de médecins, les attentats suicides…
Même les femmes membres de la délégation des soi-disant pourparlers de paix, comme Fouzia Kofi, avaient affirmé que les Talibans étaient en train de changer, mais les derniers jours ont prouvé le contraire. Les Talibans n’attendent que le bon moment pour atteindre Kaboul et créer leur émirat islamique qui appliquera la charia et s’immiscera dans tous les aspects de nos vies.
L’alternative est-elle de fuir ?
Non, pas du tout. Nous trouverons un moyen de poursuivre notre lutte en fonction de la situation. Il est difficile de dire comment, mais nous poursuivrons certainement nos activités souterraines comme nous l’avons fait dans les années 1990, sous le régime des Talibans. Bien sûr, cela ne se fera pas sans risques et dangers, mais toute forme de résistance nécessite des sacrifices.
Suite du bulletin N° 11
Santé – Salud – Health – Saúde – Salute
Notre santé n’est pas à vendre
Nuestra salud no está en venta
Our health is not for sale
A nossa saúde não está à venda
La nostra salute non è in vendita
Etats-Unis : les travailleur·euses des hôpitaux Kaiser viennent de remporter une importante victoireKaiser Permanente Workers Just Scored One of Striketober’s Biggest Victories
Santé : manifestation nationale à Varsovie
Health: national demonstration in Warsaw
Transport – Transporte – Transport – Trasporto – Transportes
Declaraciones de la 8ª reunión de la Coordinadora Internacional de Sindicatos de Metro
Grève unitaire des syndicats de base : blocage des grandes villes et des aéroports
Grassroots unions strike together: major cities and airports blocked
I sindicati di base scioperano uniti: Bloccate le principi città e importanti aeroportie le principi città e importanti aeroporti
Corée : soutien aux grèves des travailleurs et travailleuses du métro
Korea: support for Metro workers’ strikes
La grève de la faim des taxis new-yorkais s’achève par une énorme victoire
New York Cabbies’ Hunger Strike Ends With a Huge Victory
PLEIN SOUTIEN À LA LUTTE DES EMPLOYÈS ALITALIA CONTRE LE “PLAN ITA”
TOTAL APOYO A LA LUCHA DE LOS TRABAJADORES Y TRABAJADORAS DE ALITALIA CONTRA EL « PLAN ITA »
WE SUPPORT ALITALIA WORKERS AGAINST ITA PROJECT
TODO APOIO À LUTA DOS TRABALHADORES E DAS TRABALHADORAS DA ALITALIA CONTRA O PLANO ITA
PIENO SOSTEGNO ALLA LOTTA DELLE LAVORATRICI E DEI LAVORATORI ALITALIA CONTRO IL PIANO ITA
ΠΛΗΡΗ ΣΤΗΡΙΞΗ ΣΤΟΝ ΑΓΩΝΑ ΓΥΝΑΙΚΩΝ ΚΑΙ ΤΗΣ ΑΛΙΤΑΛΙΑΣ ΕΡΓΑΤΕΣ ΕΝΑΝΤΙΟΝ ΤΟΥ ΣΧΕΔΙΟΥ ITA
VOLLSTÄNDIGE UNTERSTÜTZUNG FÜR DEN KAMPF DER ALITALIA ARBEITNEHMER GEGEN DEN ITA-PLAN
Italie : Solidarité avec la lutte des travailleurs de Gkn et d’Alitalia
Italia: Solidaridad a la lucha de los obreros Gkn y las trabajadoras Alitalia
Italia: Solidarietà alla lotta degli operai Gkn e dei lavoratori Alitalia
Education – Educación – Education
28 décembre : un grand nombre d’enseignant·es retraité·es se sont rassemblé·es à Téhéran et dans d’autres villes
December 28: large numbers of the retired teachers gathered in Tehran and other cities
En Iran, les enseignant.es continuent la lutte
Iran : Des milliers d’enseignant·es se sont rassemblé·es et mobilisé·es dans tout le pays
Iran : Thousands of teachers gathered and rallied all over the country
Iran : Les enseignant·es appellent à des grèves et des rassemblements dans tout le pays
Iran : Teachers call for nationwide strikes and rallies
Sous la pression du gouvernement et des médias d’État chinois, le plus grand syndicat enseignant de Hong Kong s’auto-dissous
Les enseignant·es de Buenos Aires en grève contre le néolibéralisme
Teachers in Buenos Aires Are Striking Against Neoliberalism
Pour une alliance des syndicats étudiants au niveau européen contre les politiques néo-libérales !
Iran : répression contre les enseignant∙es et leurs organisations
Iran : continúa la represión del profesorado sindicalista
Iran: repression of teacher trade unionists and activists continue
A Diyarbakir, la répression du régime Erdogan frappe encore les enseignant⋅es
In Diyarbakir, the Erdogan regime’s repression still hits teachers⋅es
Mandalay Region teacher participating in CDM dies hours after arrest by the junta
République démocratique du Congo : La lutte des enseignants pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail
República democratica del Congo: Solidaridad con la lucha del profesorado
Democratic Republic of Congo : The struggle of teachers to improve their living and working conditions
Université de Liverpool : solidarité !
Liverpool University: solidarity!
Commerces et services – Comercio y servicios – Trade ans services – Commercio e servizi
Amazon : grèves et manifestations dans 20 pays à l’occasion du Black Friday.
Amazon Will Face Black Friday Strikes and Protests in 20 Countries
Myanmar : les travailleur·euses de l’industrie de l’habillement face aux campagnes de boycott
Myanmar: Garment workers face a fresh threat: a boycott
Ukraine : les livreur·euses de Bolt en grève après une baisse de salaire de 50 %
Bolt Delivery Drivers Strike in Ukraine after 50% Wage Cut
Hong Kong : les livreurs de nourriture remportent une première victoire
Hong Kong food delivery drivers successfully negotiate with Foodpanda
Amazon : nouvelle rencontre transnationale à Leipzig
Amazon: nueva reunión transnacional en Leipzig
Amazon: new transnational meeting in Leipzig
Non à la délocalisation de l’unique entrepôt français d’H&M
No a la deslocalizacion del unico almacen frances de H&M
No to the relocation of H&M’s only frech warehouse
No al trasferimento dell’unico magazzino francese d’H&M
Ferroviaire – Ferrocarril – Railway – Caminho-de-ferro – Ferrovia
Les cheminots de São Paulo au Brésil sont en grève
Los ferroviários de São Paulo en Brasil están en huelga
Brazil’s São Paulo railway workers are on strike
Win Ko Oo, un conducteur de train assassiné pour avoir défié les dictateurs du Myanmar
The train driver who died defying Myanmar’s dictators
Au Pakistan comme ailleurs, non à la privatisation des chemins de fer !
Tanto en Pakistán como en el resto del mundo, ¡no a la privatización de los ferrocarriles!
In Pakistan as elsewhere, no to railway privatisation!
No Paquistão como noutros lugares, não à privatização dos caminhos-de-ferro!
In Pakistan come altrove, no alla privatizzazione delle ferrovie!
Poste – Post
Les postier·es canadien·nes nous montrent à quoi ressemble le syndicalisme de lutte de classe
Canadian Postal Workers Are Showing Us What Class-Struggle Unionism Looks Like
US Postal : la qualité de l’air, un enjeu syndical
Letter Carrier: Air Quality Is a Union Issue
Call centers
Portugal: Trabalhadores de call centers Randstad/Manpower dos projectos concentrix conseguem aumento de +100 euros!
Palestine – Palestina – Palestine
Soutien à la population civile palestinienne et ses étudiant.es : libérez Layan Nasir !
Support the Palestinian civilian population and its students: free Layan Nasir!
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