Le ministre Gabriel Attal poursuit l’œuvre de Jean-Michel Blanquer : réformes qui accentuent le tri social et désorganisent les écoles, collèges et lycées, suppressions de postes, dégradation des conditions de travail, gestion par l’évaluation, mépris envers les personnels, salaires insuffisants !
Les personnels de l’Éducation nationale savent que pour arracher des augmentations salariales, de meilleures conditions de travail et faire barrage aux contre-réformes, il faut imposer un rapport de force, la grève est notre meilleure arme.
La loi Immigration votée le 19 décembre main dans la main entre la “majorité” présidentielle, la droite et l’extrême droite est un recul intolérable, SUD éducation exige son abrogation.
1- pour de vraies augmentations de salaires
Les mesures de revalorisation engagées l’an dernier, principalement pour les enseignant·es et CPE en début de carrière, sont très insuffisantes pour rattraper l’écart avec la rémunération moyenne des enseignant·es des pays de l’OCDE et des autres fonctionnaires de catégorie A. Pour 70 % des enseignant·es, la revalorisation s’est bornée à une augmentation indemnitaire de 95 euros par mois et à une trentaine d’euros induits par la hausse du point d’indice pour tou·tes les fonctionnaires. Ces mesures sont très insuffisantes au regard de l’inflation. La situation des personnels AESH et AED est alarmante : la maigre augmentation de salaire des AESH de septembre est bien loin de répondre à nos revendications : au final les salaires n’augmentent que peu et, pour les collègues aux plus bas échelons, c’est toujours une rémunération sous le seuil de pauvreté qui les attend à chaque fin de mois. Les temps incomplets imposés plongent les AESH dans la précarité. Pourtant, le ministère refuse toujours d’ouvrir le dossier du temps de travail et se borne à tenter d’imposer ses lubies de double employeur, augmentant par là les missions et la charge de travail des AESH.
SUD éducation revendique la reconnaissance d’un temps plein pour 24 heures d’accompagnement auxquelles s’ajoutent les heures connexes pour le travail de préparation, de suivi et de concertation !
SUD éducation revendique une augmentation immédiate de 400 euros pour toutes et tous, le SMIC à 2000 euros bruts, le rattrapage du point d’indice et une réduction des inégalités salariales, en particulier femmes/homme !
2- pour de meilleures conditions de travail
De Jean-Michel Blanquer à Gabriel Attal, les personnels subissent des réformes injustes, imposées dans la précipitation, qui participent à la dégradation des conditions de travail des personnels : la réforme du lycée professionnel, le démantèlement de la formation continue, la casse des groupes classe au collège… Ces réformes aggravent une situation alarmante : augmentation des tâches, des missions et du temps de travail, bâti scolaire dégradé et en partie amianté et inadapté à la crise écologique, absence de médecine du travail…
3- pour de vrais moyens et des créations de postes
Suite à la publication des derniers résultats de l’enquête Pisa sur le niveau scolaire des élèves de l’OCDE, le ministère a annoncé un “choc des savoirs” composé d’une compilation de mesures démagogiques à l’inefficacité prouvée et dont la mise en oeuvre va désorganiser complètement les collèges et aggraver la relégation sociale des élèves les plus en difficultés. Ce n’est pas en encourageant le redoublement, en mettant en place des groupes de niveau pour trier les élèves ou en sabordant le lycée professionnel que le ministre peut espérer réduire des inégalités sociales qui pèsent lourdement sur les trajectoires scolaires des élèves. Le ministre annonce 650 suppressions de postes dans les 1er degré.
Au contraire, SUD éducation porte des revendications pour lutter contre les inégalités sociales en améliorant les conditions d’études des élèves : baisse du nombre d’élèves par classe par le recrutement massif de personnels, développement de la formation initiale et continue des personnels, accompagnement médico-social des élèves, reconnaissance du métier d’AESH par la création d’un véritable statut…
SUD éducation revendique une baisse des effectifs par classe à 25 élèves en LGT, 20 en collège ordinaire, 16 en éducation prioritaire et en LP, ainsi qu’une baisse des effectifs globaux des établissements.
4- pour une école pour tou·tes les élèves
Macron a ordonné l’acte 2 de l’école inclusive pour augmenter le nombre d’élèves en situation de handicap à l’école, il oublie néanmoins tous les autres élèves qui dépendent de dispositifs d’inclusion : les élèves allophones et les élèves en grande difficulté scolaire. L’Éducation nationale ne donne pas les moyens aux personnels d’accueillir tous les élèves : il manque de personnels AESH, de moyens pour garantir l’accessibilité, de temps de concertation et de formation. Il faut d’urgence créer un vrai statut de la Fonction publique pour les AESH et arrêter la mutualisation de l’accompagnement.
Il y a urgence à convaincre que tou·tes les élèves ont leur place à l’école et que c’est bien à l’école qu’il revient de garantir des compensations du handicap afin d’en finir avec le validisme et la ségrégation scolaire et sociale.
SUD éducation appelle tous les personnels à se mobiliser pour gagner les moyens d’accueillir tous les élèves à l’école qu’importe leur handicap, leur origine ou leurs difficultés scolaires.
Lors de sa conférence de presse du mardi 16 janvier 2024, le Président de la République a repris à son compte les annonces de son ex-ministre de l’Éducation nationale et désormais Premier ministre : pour Emmanuel Macron comme pour Gabriel Attal, les réponses aux problèmes de l’école d’aujourd’hui et aux défis de l’école de demain sont à rechercher dans les caves poussiéreuses d’un passé fantasmé.
C’est la logique du “choc des savoirs”, un ensemble de mesures directement inspirées du programme passéiste du Rassemblement national : des groupes de niveau au collège pour saper le collège unique et mettre en place un tri social précoce des élèves, des classes de relégation après la 3e pour les élèves qui n’obtiendraient pas le brevet, des redoublements favorisés et des programmes d’enseignement étriqués.
Le Président de la République a également assumé l’expérimentation de l’uniforme dès 2024 avec une possible généralisation en 2026. Au prétexte de gommer (plutôt que de combattre) les inégalités sociales, une autre mesure de l’extrême-droite au coût faramineux va ainsi être mise en place dans les établissements scolaires. SUD éducation le répète : dans un contexte de dérèglement climatique, l’argent public serait bien mieux employé à isoler et à rénover les écoles, les collèges et les lycées.
Enfin, pour donner corps au “réarmement civique”, nouveau slogan publicitaire du macronisme, le Président a multiplié les annonces aussi symboliques que dérisoires, comme l’apprentissage par cœur de la Marseillaise à l’école primaire. La cérémonie de remise du diplôme du brevet existe quant à elle depuis 2016. Ce qui n’est pas symbolique, en revanche, c’est la généralisation du service national universel en seconde, véritable entreprise de militarisation de la jeunesse sur temps scolaire.
SUD éducation dénonce ces mesures nourries par l’illusion que “c’était mieux avant” et revendique au contraire un programme ambitieux pour répondre au défis de l’école :
un recrutement massif de personnels pour réduire les effectifs par classe, mieux remplacer les absences et mieux accompagner les élèves ;
un vrai statut et un vrai salaire pour les accompagnant·es des élèves en situation de handicap, afin que l’école inclusive ne soit pas qu’un slogan ;
un investissement dans la rénovation du bâti scolaire pour en finir avec les locaux décrépits et pour affronter le dérèglement climatique.
La grande bourgeoisie incarnée par Emmanuel Macron et Amélie Oudéa-Castéra impose une politique de classe contre l’école publique et son objectif d’émancipation.
SUD éducation appelle à se mobiliser massivement le 1er février par la grève.
Ce début d’année 2024 est marqué par les déclarations du président de la République et de plusieurs ministres sur la nécessité d’un « réarmement civique et moral » de la jeunesse.
Que les membres du gouvernement donnent des leçons de morale pourrait prêter à sourire ! Mais ce qui pointe derrière ce « réarmement civique » est autrement plus sérieux : « Le sens du devoir, il n’est pas inné, il s’apprend, il se développe, il s’entretient. Et oui, le Service national universel permet cela. Nous devons nous rappeler que nous avons un destin commun, peu importe d’où l’on vient, où on habite, qui l’on est. » (Prisca Thévenot, alors Secrétaire d’Etat à la Jeunesse et au SNU ; aujourd’hui porte-parole du gouvernement).
C’est toujours le même roman : riche ou pauvre, exploiteur ou exploité∙e, policier armé ou jeune discriminé, résident∙e d’un quartier privilégié ou habitant∙e d’une banlieue à l’abandon, chômeuse sans droit ou rentier, etc., nous aurions « un destin commun », les mêmes intérêts à défendre…
Nous refusons, dénonçons et combattons cette politique réactionnaire et le SNU qui la sert
Petit tour d’horizon des mobilisations sociales dans le département… Liste forcément non-exhaustive, n’hésitez pas à nous transmettre vos infos à contact@solidaires78.org
L’accueil des étudiantes et étudiants étrangers à l’université ne se limite pas aux étudiant·es Erasmus ou à celles et ceux passés par Campus France. Il doit également prendre en compte les adultes, plus ou moins jeunes, qui souhaitent commencer ou reprendre des études en France, après des périodes d’exil, ou des années de formation ou de travail en France sous divers statuts administratifs.
Les organisations associatives et syndicales de personnels et d’étudiant·es à l’origine de ce guide revendiquent un accès à l’université libre et ouvert à toutes et à tous. Cet ouvrage a donc pour but de donner des clés aux personnels de l’enseignement supérieur sur la diversité des profils des personnes souhaitant intégrer le système universitaire français ou déjà étudiantes, ainsi que sur les démarches à effectuer dans ce parcours. Il vise également à identifier les obstacles à la reprise d’études et à aider à l’organisation d’actions collectives pour les surmonter.
L’accompagnement des étudiantes et étudiants étrangers n’est pas qu’administratif, il est aussi humain et social car il touche des personnes qui ont pu vivre des expériences difficiles, et/ou qui peuvent se retrouver du jour au lendemain soumises à une décision d’éloignement du territoire français. Refusant la répression des sans-papiers et revendiquant leur régularisation, nous entendons à travers cette publication favoriser la mise en place d’une solidarité et d’un accompagnement inconditionnel dans les épreuves que peuvent traverser ces personnes, au sein des universités comme en dehors.
Ce guide vise à former à l’accompagnement des étudiantes et étudiants étrangers, avec ou sans papiers. Il est à destination des personnels des établissements d’enseignement supérieur et des bénévoles qui les accompagnent dans leurs démarches administratives et juridiques.
Malgré notre opposition au système de sélection des étudiant·es à l’entrée de l’université, le guide s’inscrit dans le cadre de la législation actuelle afin de pouvoir mettre en place des stratégies d’accompagnement réalistes, tout en continuant à porter le projet politique d’une université ouverte, critique et publique, sans discrimination ni marchandisation.
L’accueil des étudiantes et étudiants étrangers à l’université ne se limite pas aux étudiant·es Erasmus ni à celles et ceux passés par Campus France, l’agence nationale chargée de la promotion de l’enseignement supérieur français à l’étranger. Un grand nombre d’adultes, plus ou moins jeunes, souhaitent aussi commencer ou reprendre des études en France, après des périodes d’exil, ou des années de formation ou de travail en France sous divers statuts administratifs.
Les organisations associatives et syndicales de personnels et d’étudiant·es à l’origine de ce guide revendiquent un accès à l’université libre et ouvert à toutes et à tous. Cet ouvrage a donc pour but de :
donner des clés aux personnels de l’enseignement supérieur sur la diversité des profils des personnes souhaitant intégrer le système universitaire français ou déjà étudiant·es, et sur les démarches à effectuer dans ce parcours ;
identifier les obstacles à la reprise d’études et à aider à l’organisation d’actions collectives pour les surmonter.
L’accompagnement des étudiantes et étudiants étrangers n’est pas qu’administratif : il est aussi humain et social, car il touche des personnes qui ont pu vivre des expériences difficiles, et/ou qui peuvent se retrouver du jour au lendemain soumises à une décision d’éloignement du territoire français. Refusant la répression des personnes sans papiers et revendiquant la régularisation de toutes et tous, nous entendons à travers cette publication favoriser la mise en place d’une solidarité et d’un accompagnement inconditionnel dans les épreuves que peuvent traverser ces personnes, au sein des universités comme en dehors.
Ce guide vise à être diffusé largement afin de former un maximum de personnes à l’accompagnement des étudiantes et étudiants étrangers, avec ou sans papiers. Il est à destination des personnels des établissements d’enseignement supérieur ou des bénévoles qui les accompagnent dans leurs démarches administratives et juridiques.
Malgré notre opposition au système de sélection des étudiant·es à l’entrée de l’université, le guide expose et analyse le cadre de la législation actuelle afin de faciliter la mise en place de stratégies d’accompagnement réalistes, tout en continuant à porter le projet politique d’une université ouverte, critique et publique, sans discrimination ni marchandisation.
La notion d’étudiantes et d’étudiants étrangers recouvre une multitude de situations. Sont inclus dans cette catégorie :
Les étudiantes et les étudiants ressortissants d’un pays membre de l’Union Européenne, dont les droits tendent à s’assimiler à ceux des nationaux ;
Les étudiantes et étudiants internationaux, venus avec un visa long séjour, souvent via la procédure Campus France ou via des accords bilatéraux, et qui sont confrontés à des problématiques particulières (difficulté d’insertion, précarité spécifique, lourdeur des procédures administratives, difficulté de renouvellement de la carte de séjour et d’accès en préfecture, etc.) ;
Les étudiantes et les étudiants exilés, enfin, qui désignent toute personne déjà présente en France dans l’incapacité ou dans l’impossibilité de retourner dans son pays d’origine (et ce, quelle qu’en soit la raison, personnelle, psychologique, matérielle, liée à des persécutions ou à la violence dans le pays), ou souhaitant tout simplement rester en France pour étudier. Généralement, ces personnes ne sont pas passées par la procédure de demande de visa et de titre de séjour portant la mention « étudiant ». Leurs situations sont diverses. Elles peuvent être :
en situation régulière : en demande d’asile, bénéficiaires d’une protection internationale (réfugiées, apatrides, bénéficiaires de la protection subsidiaire ou temporaire) mais aussi, dans certains cas, primo-arrivantes (par exemple, les membres de famille de réfugié) ;
en situation irrégulière : personnes déboutées de leur demande d’asile, personnes arrivées par voie irrégulière ou par voie touristique et ayant décidé de rester en France ou personnes ayant bénéficié d’un titre de séjour à un moment mais qui n’ont pas réussi à le renouveler.
Toutes les personnes qui entrent dans ces catégories ont le droit de s’inscrire à l’université, même si elles n’ont pas bénéficié d’un visa ou d’un titre de séjour mention « étudiant ». L’accès aux études n’est pas conditionné à un droit au séjour : il s’agit de deux droits distincts. Le droit à l’instruction est un droit fondamental qui s’applique à toute personne quelle que soit sa nationalité et son âge.
Quelles sont les difficultés spécifiques rencontrées par les personnes en exil ?
Manque d’information
Problèmes d’orientation
Difficulté d’accès au niveau de français requis du fait du manque d’offre linguistique
Manque d’accompagnement administratif, psychologique, médical, etc.
Difficultés matérielles et précarité
Dispositifs de découragement
Ces difficultés peuvent être partagées par tous les étudiants et les étudiantes en exil, quel que soit leur statut administratif : manque d’information, manque d’accompagnement linguistique, administratif, psychologique, médical, extrêmes difficultés matérielles (précarité du logement, pécules misérables pour vivre ; interdiction de travail pour les personnes sollicitant l’asile, limitation du droit au travail pour les étudiantes et étudiants étrangers, etc.). Le manque de moyens alloués au Centre national des œuvres universitaires et scolaires (Cnous) et au Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous) ainsi qu’aux dispositifs psychologiques et dans la médecine universitaire se répercute sur leur qualité de vie. Elles et ils sont souvent victimes de maltraitance et de précarité administrative et doivent sans cesse faire face à des pratiques dissuasives : déplacement du jour au lendemain vers des centres d’hébergement éloignés qui brise les attaches et les projets, discours décourageants de certains personnels, rejets, racisme, etc.
Le parcours pour obtenir des papiers, que ce soit via l’asile, pour des études ou pour un autre motif, est de plus en plus pénible, long et incertain, voire impossible. Les conditions de renouvellement du titre de séjour étudiant sont si exigeantes et les services publics préfectoraux si dégradés, que beaucoup n’arrivent pas à obtenir un titre de séjour ou le perdent du fait de la lenteur ou de la mauvaise volonté de l’administration qui les place ainsi dans une situation d’irrégularité. Cette situation plonge les personnes en quête de stabilité administrative dans une incertitude difficile à supporter et dans une précarité administrative constante.
La situation des étudiantes et étudiants exilés s’est fortement dégradée : la prise en compte de leurs difficultés n’est pas une priorité pour les administrations. Toutefois, des actions et mobilisations se développent pour les aider :
l’aide apportée par le Réseau universités sans frontières (RUSF)1 ;
les programmes de reprise d’études dédiés aux personnes exilées qui existent depuis 2015 ;
la constitution du réseau Migrants dans l’enseignement supérieur (le MEnS), réseau national des universités, associations et écoles pour diffuser les bonnes pratiques, identifier les problèmes et créer une dynamique2 ;
les mobilisations contre le plan « Bienvenue en France » lancé en 2019 par le gouvernement prétendant vouloir attirer davantage d’étudiants étrangers en France tout en augmentant leurs frais d’inscription3 ;
des outils et des adaptations juridiques se mettent en place peu à peu : une page « Poursuivre ou reprendre ses études pendant son exil en France » sur le site de Campus France, l’habilitation par le Crous du diplôme d’université Passerelle, (DU Passerelle) [voir p. 47], l’ouverture du Crous à certaines catégories d’étudiant·es (les bénéficiaires de la protection subsidiaire), des guides pratiques, etc.
Voir leur site https://rusf.org/
Voir leur site https://reseau-mens.org/
Voir Marion Tissier-Raffin, « “Bienvenue en France”, attirer ou trier ? », Plein droit, n° 130, novembre 2021.
Organisation du guide
Un souci de lisibilité a présidé au choix de distinguer deux catégories :
les étudiantes et étudiants internationaux, qui viennent en France avec un visa de long séjour prévu pour venir faire des études en France ;
les étudiantes et les étudiants exilés, les personnes qui sont déjà en France munies d’un autre titre de séjour (carte de séjour temporaire au titre du travail ou de la vie familiale, carte de résident au titre du statut de réfugié, attestation de demande d’asile, etc.) ou qui sont sans papiers.
Les personnes étrangères ressortissantes d’un pays hors de l’Union européenne (UE) titulaires d’un titre de séjour dans un autre pays de l’UE sont également dispensées de visa, mais ne sont autorisées à séjourner en France que dans la limite de 90 jours. Passé ce délai, elles doivent détenir un titre de séjour français pour rester en France.
Pour les personnes résidant déjà en France, certaines ont déjà un autre titre de séjour, d’autres sont sans papiers. Ces dernières peuvent solliciter leur régularisation et la délivrance d’un titre de séjour « étudiant » dans certaines conditions très restrictives. Dans tous les cas, les étudiantes et les étudiants déjà présents sur le territoire ont le droit de suivre des études même s’ils ne sont pas titulaires d’un titre de séjour portant la mention « étudiant », et s’ils ne sont titulaires d’aucun titre de séjour.
Ce guide passe en revue les règles s’appliquant d’une part aux étudiantes et étudiants internationaux (partie I) et, d’autre part, aux exilé·es (partie II). Il décrit les différents dispositifs d’aides sociales et de santé auxquels les étudiantes et les étudiants étrangers peuvent avoir accès en fonction de leur statut (partie III). Ce guide présente les différentes formes de mobilisation qui peuvent être déployées à l’université pour soutenir l’accès aux études des personnes étrangères et exilées : créer un comité de soutien, lancer un dispositif de reprise d’études ou s’investir dans un « DU Passerelle » existant (partie IV). Enfin, il expose diverses situations d’étudiants et d’étudiantes et analyse leurs droits, en fonction de leur situation (partie V).
Notre camarade de SUD éducation – Solidaires 78 a accordé un entretien au collectif antifasciste La Horde que nous reproduisons ici.
Grégory Chambat, enseignant et militant syndical, s’intéresse depuis plusieurs années à la pénétration des idées d’extrême droite en matière d’éducation. Il vient de publier un petit ouvrage qui propose un rapide historique de l’imaginaire réactionnaire de l’institution scolaire, un argumentaire pour répondre aux idées racistes et sexistes des nationalistes de droite, et une présentation des politiques éducative de différents gouvernements d’extrême droite dans le monde. On lui a posé quelques questions pour en savoir plus sur l’extrême droite et l’école : voici ses réponses.
Ton dernier livre fait moitié moins de pages que L’École des Reac-publicains. Pourquoi publier un livre d’un format compact dans le contexte actuel ? À première vue, les deux ouvrages peuvent sembler proches dans leur thématique, mais ils répondent en réalité à deux objectifs différents et s’adressent aussi peut-être à deux publics qui ne se recoupent pas forcément. Publié en 2016, L’École des réacs-publicains entendait questionner l’émergence, dans les débats sur l’école, d’une rhétorique que j’ai qualifiée de « réac-publicaine » et qui apparaît au milieu des années quatre-vingt à travers un puissant courant « anti-pédagogiste », courant qui se développe au moment où la gauche de gouvernement renonce à toute ambition sociale, égalitaire et émancipatrice et où l’extrême droite marque ses premiers points dans sa bataille pour l’hégémonie culturelle. Et c’est justement sur cette question de l’éducation que des « républicains » des « deux rives » vont se retrouver et confirmer l’analyse de Jacques Rancière qui écrivait dans La haine de la démocratie : « C’est, de fait, autour de la question de l’éducation que le sens de quelques mots – république, démocratie, égalité, société, a basculé. » À la sortie du livre, j’ai été taxé de tout mélanger. À l’époque, les Onfray, Brighelli, Michéa, Polony ou Julliard apparaissaient encore comme des « souverainistes de gauche ». Aujourd’hui, leur inscription dans la galaxie réactionnaire ne fait plus de doute, et c’est bien d’abord à travers leurs discours sur l’école qu’ils ont rallié « l’autre rive ». Mais cette exploration de la nébuleuse réacpublicaine voulait aussi s’interroger sur une inquiétante impuissance du mouvement social concernant les enjeux scolaires, quand, là encore, pour résumer à grands traits, l’abandon d’un discours critique sur l’école faisait que la défense de l’école républicaine prenait l’ascendant sur la lutte pour une école démocratique et émancipatrice. Avec Quand l’extrême droite rêve de faire école, il s’agit, hélas, d’acter la victoire idéologique de l’extrême droite dans le débat scolaire. Ses prétendus adversaires reprennent aujourd’hui sa rhétorique et son programme (« Les discours de M. Blanquer, déclarait Marine Le Pen dès 2017, sont […] pour nous une victoire idéologique mais même maintenant une victoire politique » ). L’heure n’est plus vraiment au décryptage, mais bien à la contre-offensive. En ce sens, j’ai imaginé ce nouvel ouvrage comme un texte de combat, et donc comme un écrit plus accessible, plus court (130 pages) et plus synthétique, répondant à cette lancinante rengaine « l’extrême droite ? on n’a jamais essayé… ». L’ouvrage est structuré autour de quatre entrées : un survol historique qui démontre l’obsession de l’extrême droite pour l’éducation, une analyse de sa rhétorique et de son programme, la présentation de l’action de l’extrême droite là où elle est déjà au pouvoir et « fait école » (mairies RN, mais aussi expériences à l’étranger – Brésil, États-Unis, Hongrie, Turquie) et enfin une partie qui se propose de construire la riposte. Il s’agit d’abord d’outiller, d’armer et de conscientiser celles et ceux qui veulent résister et lutter. Je crois que le livre trouvera surtout son public sur les tables de presse militantes, les stages syndicaux, les rencontres antifascistes, etc. où il a davantage sa place plutôt qu’en librairie (mais ce serait bien que je me trompe…).
L’offensive de l’extrême droite en matière d’éducation est essentiellement réactionnaire. Est-ce que tu peux expliquer pour quelles raisons ? L’extrême droite nourrit depuis toujours une obsession pour les questions éducatives. Le livre retrace un certain nombre de ces épisodes, depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à nos jours : Edouard Drumont, l’auteur de La France juive, contre le pédagogue libertaire Paul Robin, les ligues nationalistes anti-dreyfusardes dénonçant « l’école sans patrie », l’Action française contre Freinet, etc.
À chaque fois, il s’agit de lutter contre une promesse d’émancipation sociale en se mobilisant pour maintenir un système inégalitaire et autoritaire. Jean-Michel Barreau a une définition très pertinente du projet réactionnaire : « Conservateur en colère, écrit-il, le réactionnaire veut maintenir l’ordre “naturel” des choses et se donne les moyens autoritaires de le faire. [Il est aussi] assurément un réformateur, mais un réformateur qui réforme à reculons : en reculant dans l’histoire et en reculant dans le social, dans la justice et l’égalité. » Cette rhétorique réactionnaire de l’extrême droite se construit en deux temps : distiller l’idée d’une décadence du système scolaire pour en appeler à un redressement – du corps, des esprits et de la nation. Dans cette perspective, l’idée d’égalité est tout simplement insupportable. L’école est ainsi présentée comme le symptôme d’un effondrement de la civilisation, d’un « Grand endoctrinement » qui fait écho au « Grand remplacement ». Elle est aussi vue comme le lieu d’un possible retour à l’ordre. Mais pour cela, il faut exclure : exclure les élèves issu·es de l’immigration, les enfants de pauvres, mais aussi exclure les personnels (les pédagogues, les syndicalistes, les wokistes et les islamo-gauchistes), exclure, enfin, toute pensée critique (historique, sociologiques, etc.).
Parmi les principaux ennemis de l’extrême droite en matière d’éducation, tu cites les pédagogues, alors que la pédagogie est littéralement la science de l’éducation. Est-ce que tu peux nous expliquer cet (apparent) paradoxe ? Effectivement, les pédagogues figurent en tête des ennemis à éliminer du fait de leur volonté de transformer l’institution. Ils et elles sont accusé·es (avec les sociologues, les historien·nes critiques, etc.) d’être les responsables de la baisse du niveau et de la décadence du système éducatif. Mais derrière ces enjeux pédagogiques, il y a en réalité des choix politiques. En opposant un courant « républicain » à un courant qualifié de « pédagogiste », il s’agit de balayer d’un revers de main toute ambition de transformation sociale. Les sciences de l’éducation sont d’ailleurs également remises en question au nom de la tradition – enseigner serait un métier qui ne s’apprend pas, Sarkozy avait ainsi supprimé toute formation initiale – et il s’agit uniquement d’appliquer les bonnes vieilles recettes d’antan (cours magistral, scolastique, etc.) Il faudrait aussi évoquer la tendance à se référer continuellement aux neurosciences pour en faire « la » science de l’éducation. De Blanquer à Attal, on retrouve cette volonté d’uniformiser les pratiques pédagogiques et de transformer les enseignant·es en simple exécutant·es de process validés par la science.
C’est aussi au nom de cette neuropédagogie que se développe aujourd’hui tout un tas d’écoles hors contrat. Pour accompagner la création de ces écoles, il y a un mouvement très structuré, la Fondation pour l’école, dont les liens avec les catholiques intégristes mais aussi les nostalgiques du colonialisme sont avérés. De fait, comme tu le dis, on ne peut pas imaginer une école sans pédagogie. Mais celle-ci est toujours adossée à un projet politique et à une vision de la société. La nostalgie pour les méthodes d’hier renvoie à une conception hiérarchique et autoritaire, celles justement que des pédagogues comme Robin, Ferrer, Freinet ou Freire, se référant au mouvement ouvrier, ont dénoncé. D’autres ont voulu « dépolitiser » les questions pédagogiques, je pense en particulier à Montessori, qui justifiait ainsi ses accointances avec le régime de Mussolini. Sans forcément que ces liens soient connus, la pédagogie Montessori jouit d’un prestige chez certain·es réactionnaires. Ainsi, dans la ville où j’enseigne (Mantes-la-Ville), l’ancien maire FN avait favorisé l’implantation d’une école Montessori.
Tu avances que l’extrême droite aurait gagné « la bataille des idées » en matière d’éducation. Est-ce qu’elle n’essaye pas surtout de le faire croire (comme c’est le cas dans bien des domaines) ? N’est-ce pas dans le champ éducatif justement que la résistance à ses idées semble la plus forte ? Je crois – hélas – que l’extrême droite sort aujourd’hui victorieuse de cette bataille culturelle…. Le jour des annonces de Gabriel Attal, Roger Chudeau, le « monsieur éducation » du RN, déclarait « les mesures sont exactement celles du programme de Marine Le Pen ». Il y a là peut-être une part de stratégie politique, mais, assurément, en matière d’éducation, l’extrême droite a su imposer son discours, son agenda et ses « solutions ».
Elle y est d’autant mieux parvenue que c’est un sujet où l’on a sous-estimé son action alors même que le mouvement social a abandonné l’idée d’une critique de l’école. Le débat scolaire s’est ainsi réduit à une opposition réactionnaires / gestionnaires (ou « républicains vs « pédagogistes »). Cette hégémonie idéologique de l’extrême droite en matière d’éducation fait qu’il est de plus en plus difficile de contrer son discours sur la restauration de l’autorité, les fondamentaux, etc. Le simplisme des mesures préconisées, comme par exemple le port de l’uniforme, n’empêche pas qu’elles recueillent une large adhésion, y compris chez certain·es collègues qui, tout en prétendant combattre l’extrême droite, nourrissent en réalité le terreau sur lequel elle prospère. Mais il s’agit de distinguer le succès idéologique et médiatique des droites extrêmes de leur implantation dans les établissements scolaires. Quand Zemmour annonce l’élection de 3500 « parents vigilants » dans les instances, il faut rappeler que ce sont 300 000 représentant·es de parents d’élèves qui siègent à différents niveaux.
Quant au corps enseignant, le vote d’extrême droite y est bien moins puissant que dans d’autres profession (entre 10 et 20 % selon les élections) mais il progresse régulièrement pour des raisons que j’ai essayé de montrer dans mon livre. De fait, l’école demeure encore un lieu de résistance. Les organisations syndicales ont pris conscience du danger, elles organisent des stages et ont monté une structure intersyndicale « Toutes et tous ensemble contre l’extrême droite » qui rassemble la CGT, la FSU, SUD, la CFDT, l’Unsa. Ainsi à Béziers les conseils d’école ont jusque-là refusé la blouse que Robert Ménard veut imposer depuis des années. Si l’école prend conscience des dangers qui pèsent sur elle, si les personnels sortent de la résignation et prennent le chemin du collectif, on peut garder l’espoir que le monde éducatif soit un espace de résistance. Mais on sait aussi que les choses peuvent évoluer très rapidement. Et qu’en cas de trop forte opposition, les gouvernements autoritaires n’hésitent pas non plus à réprimer. En Hongrie, au Brésil ou encore en Turquie, les enseignant·es trop revendicatif·ves ont été mis·es sous surveillance et déchu·es d’un certain nombre de leurs droits (liberté d’expression, liberté pédagogique, droit de grève, etc.).
On le sait, le système scolaire est déjà une machine à produire de l’inégalité. De quelle manière les propositions scolaires de l’extrême droite pourrait davantage accentuer cet état de fait ? Je commence la partie historique de mon livre en rappelant que l’institution scolaire est déjà en elle même très conservatrice et inégalitaire ce qui peut la rendre perméable à certains discours réactionnaires. L’école de Jules Ferry, c’est d’abord une organisation fondée sur la ségrégation sociale (l’école du peuple, gratuite et l’école de l’élite, le secondaire, publique mais payant jusqu’en 1932). C’est bien cette fonction de tri social que l’extrême droite entend restaurer à travers une série de mesures (fin des réseaux d’éducation prioritaire, des aides sociales pour les transports, la cantine, le péri-scolaire, limitation de l’accès aux bourses aux seul·es méritant·es, etc.). « Faute de pouvoir combattre l’accroissement des inégalités, déclare Jacques Rancière, on les légitime en disqualifiant ceux qui en subissent les effets. … Le retournement de l’universalisme républicain en une pensée réactionnaire, stigmatisant les plus pauvres, relève de la même logique. » Une logique que le philosophe Ruwen Ogien avait pointé dans son ouvrage La Guerre aux pauvres commence à l’école, à propos de l’enseignement de la morale. D’abord, il faut distiller l’idée d’une décadence du système afin d’en appeler à un ou une « sauveur ». Et c’est en se tournant vers un passé mythifié (l’école de Ferry mais aussi le colonialisme), que l’extrême droite entend nous convaincre que « c’était mieux avant » (j’ai ajouté des guillemets), que les idées de progrès social et d’égalité, sont vouées à l’échec, qu’il faut remettre de l’ordre et mettre hors d’état de nuire les empêcheur·euses de régresser en toute tranquillité. L’objectif est de balayer les contestations, de bâillonner toute lutte au sein de l’institution et d’éliminer les ennemi·es intérieur·es. L’extrême droite voue une haine farouche à l’égalité – rebaptisée « égalitarisme » – qui transpire dans l’ensemble de son programme. Elle lui oppose la méritocratie (Giorgia Meloni, sitôt élue, s’est empressée de renommer le ministère de l’éducation en ministère de l’Éducation et du mérite), l’ordre, la hiérarchie, l’obéissance et surtout « l’égalité des chances ». Une formule que l’on retrouve chez d’autres mais l’extrême droite peut à juste titre en revendiquer la paternité puisque c’est Pétain qui l’a mise au goût du jour dans un discours sans équivoques : « Le régime nouveau, affirmait-il, sera une hiérarchie sociale. Il ne reposera plus sur l’idée fausse de l’égalité naturelle des hommes, mais sur l’idée nécessaire de l’égalité des “chances” données à tous les Français de prouver leur aptitude à “servir”. Seuls le travail et le talent deviendront le fondement de la hiérarchie française. […] Ainsi renaîtront les élites véritables que le régime passé a mis des années à détruire. »
Si les politiques éducatives de ces dernières années participent très largement au renforcement des inégalités, parfois à travers des copier-coller des mesures préconisées par la droite de la droite, l’arrivée de cette dernière au pouvoir marquerait une nouvelle étape et une accélération du processus. L’étude des mesures prises dans les mairies au main du RN en est une préfiguration. Sous prétexte de lutter contre « l’assistanat » et de « responsabiliser » les familles démunies, l’accès à la cantine, aux transports ou aux activités péri-scolaires est drastiquement limité ou est devenu payant, les dotations de fonctionnement ou les salaires des agent·es (par exemple les Atsem en maternelle) sont gelées, les enseignant·es sont violemment pris·es à partie…
L’extrême droite multiplie depuis plusieurs années les structures de formation pour ses militants (Academia Christiana, Iliade, Issep, etc.). Tu en parles peu dans ton livre. Qu’en penses-tu ? C’est vrai, j’évoque seulement l’Issep, l’école fondée par Marion Marechal Le Pen qui en a fait un élément central de son combat politique (« avec ce projet entrepreneurial, je suis fidèle à ce que j’ai toujours défendu durant mon mandat : le combat culturel, métapolitique. Transmettre la culture, le savoir, nos valeurs civilisationnelles ne peut se faire uniquement par le biais électoral. »). J’évoque aussi la centralité de l’Action française dans la formation des cadres nationalistes. La multiplication de ces structures de formation participe bien de la bataille culturelle que mène l’extrême droite avec la volonté de faire émerger des intellectuel·les organiques, selon la théorie du penseur marxiste Gramsci. C’est un phénomène qu’il est important d’observer et qui participe à l’enracinement de ces mouvements. Je l’ai peu abordé car il me semblait en marge de la question scolaire mais il y aurait effectivement tout un travail à mener sur ces initiatives qui s’avèrent des lieux de socialisation, en particulier pour la jeunesse.
La carte que tu évoques avait accompagné la sortie du livre L’École des réac-publicains. C’était un travail très stimulant, inspiré des cartos que vous réalisez pour le compte de La Horde. C’est une autre manière de déployer spatialement ses analyses et cela permet de mettre en lumière certaines convergences pas forcément évidentes à souligner à travers un texte linéaire. Par exemple, je pensais au départ structurer la carte autour de quatre pôles : national-républicain, identitaires, cathos intégristes et libéraux-créateurs d’écoles, puis j’ai réalisé que les deux derniers se superposaient parfaitement. De fait une grosse mise à jour est nécessaire, la centralité du FN, devenu RN, est remise en question avec l’irruption de Reconquête, Florian Philippot a fondé depuis son propre parti, Les Patriotes, auquel s’est rallié le Collectif Racine issu du FN. Il faudrait aussi trouver comment intégrer un certain nombre de politiques non étiqueté·es à l’extrême droite mais dont les discours et les mesures sur l’école sont en adéquation avec les idées du RN (je pense à Jean-Michel Blanquer et Gabriel Attal, par exemple) tout en évitant les amalgames… Bref, ce n’est pas à La Horde que je vais expliquer que c’est un très gros chantier, délicat et qui nécessite de perpétuelles mises à jour. Donc le projet est bien dans les cartons mais il va nécessiter pas mal de temps…
Merci à toi !
Vous pouvez commander le livre Quand l’extrême droite rêve de faire école ici ou dans toutes les bonnes librairies.
Petit tour d’horizon des mobilisations sociales dans le département… Liste forcément non-exhaustive, n’hésitez pas à nous transmettre vos infos à contact@solidaires78.org
Destruction d’habitats de fortune à coups de pelleteuse lors de l’opération Wuambushu à Mayotte, matraquage des jeunes migrant·es lors du démontage du campement qui s’était établi devant le Conseil d’État : les autorités françaises ont une manière scandaleuse de gérer la question du mal-logement, qui frappe de plein fouet les enfants. D’après le baromètre des enfants à la rue de l’Unicef, dans la nuit du 21 au 22 août 2023, près de 2 000 enfants (dont 480 de moins de trois ans) “sont resté·es sans solution d’hébergement” et “29 780 enfants ont été hébergés en hôtel”. 20% d’enfants en plus dorment dehors par rapport à l’année dernière. La place d’un·e enfant, en pleine nuit, n’est pas dans la rue. Un·e enfant ne peut, sur du long terme, vivre dans un hôtel avec sa famille. Des hébergements dignes doivent être proposés à ces familles et les enfants ne devraient pas être amené·es à changer de logement plusieurs fois par mois sans prise en compte du suivi de leur scolarité ou de leur besoin de stabilité, d’autant que, selon une étude de l’Insee de 2021, il existe près de 3,1 millions de logements vacants en France dont un nombre important de logements de fonction d’écoles, de collèges ou de lycées qui sont régulièrement inoccupés.
Plus de 42 000 enfants vivent dans des hébergements d’urgence, des abris de fortune ou dans la rue d’après l’Unicef France et la Fédération des acteurs de la solidarité. L’augmentation de la précarité, renforcée par le contexte d’inflation actuel, jette à la rue des familles de plus en plus nombreuses, et notamment des familles de personnes sans-papiers. De plus en plus de personnes sont touchées par la précarité et concernées par les problèmes de logement. Pour rappel, le rapport de la fondation Abbé Pierre indique que 4 millions de personnes sont non ou mal logées, dont 300 000 personnes privées de domicile fixe. Ce rapport précise que 14,6 millions de personnes sont fragilisées par la crise du logement. De plus en plus de personnes rencontrent des difficultés à payer leur loyer, leurs factures de gaz et d’électricité dans des logements insalubres et mal-isolés. 12 millions de personnes vivent dans une situation de précarité énergétique. 500 000 locataires sont en impayé de loyer et risquent une procédure d’expulsion.
Dans les établissements scolaires et les écoles, des collègues se mobilisent avec les familles, en lien avec les associations de soutien aux personnes sans papiers et les associations de défense du droit au logement. L’accès à l’éducation est un droit fondamental et doit pouvoir être accessible à tous et toutes dans des conditions décentes. Des élèves sans toit ou menacé·es d’expulsion ne bénéficient pas d’une scolarité comme les autres enfants. L’absence de domicile fixe a un impact sur la santé mentale de l’élève (mal-être, sommeil, estime de soi, alimentation, stress). Cela peut provoquer des troubles de l’anxiété, de la dépression et des troubles de l’humeur. Afin de permettre à ces élèves de suivre dans de meilleures conditions leur scolarité, SUD éducation se mobilise aux côtés d’associations et de collectifs afin de faire respecter les droits de tous les enfants, en particulier les enfants immigré·es, et leur obtenir un toit pour vivre décemment en France. Des occupations d’écoles ont d’ores et déjà permis de débloquer des moyens d’hébergement qui, s’ils sont provisoires, représentent néanmoins de premières victoires. SUD éducation encourage et soutient les mobilisations des personnels de l’éducation nationale aux côtés de leurs élèves et leur famille, et revendique un toit pour toutes et tous. Aucun·e élève ne devrait dormir dans la rue.
SUD éducation revendique
SUD éducation dénonce le sort réservé aux élèves sans toit et/ou menacé·es d’expulsion ;
SUD éducation exige l’annulation de l’obligation de quitter le territoire français et la délivrance d’un titre de séjour pour toutes les familles concernées ;
SUD éducation revendique la régularisation de toutes et tous les sans papiers et l’accès à une scolarité publique, gratuite et émancipatrice pour toutes et tous, sans condition aucune ;
SUD éducation revendique la réquisition de logements, notamment les logements de fonction vides dans l’éducation nationale ;
SUD éducation appelle à rejoindre toutes les mobilisations et tous les collectifs, à proposer des actions visibles de mise à l’abri comme les occupations d’école, à signer des pétitions, à participer aux goûters pour que ces élèves poursuivent leurs études en France.
Droit à la protection contre les violences sexuelles
En France, un·e enfant sur 10 est victime d’inceste selon une enquête d’Ipsos sur l’inceste. Au primaire c’est en moyenne 1 enfant par classe, au secondaire 2 ou 3. Face à ces chiffres alarmants, l’Éducation nationale ne donne toujours pas les moyens nécessaires pour mener des programmes de prévention qui favorisent l’accueil de la parole et abordent la question du consentement, pour assurer la protection et l’accompagnement des victimes, pour recruter des personnels médico-sociaux. Il y a urgence à recruter des personnels comme des infirmier·es, médecins scolaires, assistant·es de services sociaux et psyEN.
Quelle réalité ?
Les violences sexuelles, ce sont 130 000 filles et 30 000 garçons chaque année. Une fille sur cinq et un garçon sur treize en sont victimes.
L’âge moyen des premières violences sexuelles est 10 ans. Ce sont des filles dans 83% des cas.
1 fois sur 5, ces violences sexuelles sont un viol.
44% des violences sont incestueuses.
96% des cas d’inceste sont commis par des hommes
5% des victimes sont en situation de handicap au moment des faits.
50% des victimes de violences sexuelles durant l’enfance font par la suite une tentative de suicide.
avoir subi des violences durant l’enfance est le premier facteur de décès précoce et peut faire perdre jusqu’à 20 ans d’espérance de vie.
À l’instar des violences sexuelles sur les femmes et les minorités de genre, la majorité des enfants victimes de violences connaît son agresseur. C’est un membre de la famille, de la communauté éducative, du centre de loisirs, un adulte de confiance. Il s’agit d’événements quotidiens qui invisibilisent leur banalité.
Comment prévenir les violences sexuelles ?
> Former les personnels – à la réalité des violences sexuelles, leurs typologies, les auteurs potentiels – à percevoir les manœuvres d’approche développées par les pédocriminels – à identifier les signaux faibles – à repérer les interlocuteurs institutionnels qui peuvent intervenir – à maîtriser les aspects juridiques de base (droits fondamentaux des enfants) – identifier les personnes ressources dans l’école / dans l’établissement / dans l’administration – organiser l’échange de savoirs entre pairs
> Sensibiliser les élèves, libérer la parole – être capable de parler de son corps, de ses sentiments – repérer les situations à risques, les éviter – apprendre à dire non – savoir où trouver de l’aide – travailler l’estime de soi – travailler l’égalité fille-garçons
Les revendications de SUD éducation SUD éducation porte des revendications pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles sur mineur·es :
l’application des circulaires et lois qui assurent la protection des mineur·es victimes de violences sexuelles ;
la formation de tous les personnels de l’Éducation nationale à l’accueil de la parole des mineur·es victimes de violences sexistes et sexuelles, et à la question du consentement ;
dans l’Éducation nationale, la suspension immédiate à titre préventif de l’agresseur dès lors qu’un·e enfant témoigne de violences ;
des créations de postes suffisantes pour que chaque circonscription et chaque établissement soit doté de postes de médecins et/ou d’infirmier·es à temps plein et/ou d’assistant·es de services sociaux,
des moyens, du temps, de la formation et des personnels pour une éducation à la vie sexuelle et affective au-delà des 3 séances annuelles ; l’application du code de l’éducation (article L. 312-16) sans remise en cause par les DSDEN académiques
que l’administration procède à des signalements aux services de police sans aucune pression à l’encontre des élèves ou des personnels qui relatent des violences sexuelles dont ils ou elles ont recueilli le témoignage.
Derrière la communication, le ministère oublie ses responsabilités
Dans une lettre aux professeurs d’octobre dernier, le ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse met en avant la campagne contre les violences sexuelles faites aux enfants. Si l’initiative d’une telle campagne est louable et affiche la volonté de protéger les enfants, une fois de plus le ministère se focalise uniquement sur les violences intrafamiliales et oublie d’y associer des moyens humains et matériels.
Le ministère communique mais n’augmente pas les moyens
Comme le dit l’article du ministère « les enfants qui subissent des violences sexuelles ne savent pas quoi faire, ni à qui en parler ». Pour mettre fin à ce silence, tou·tes les personnels doivent être formé·es à l’accueil de la parole, ce n’est pas le cas aujourd’hui. Trop souvent, la parole des enfants est minimisée voire remise en question, par manque de formation et d’information des personnels. Il est en effet très difficile d’entendre ces violences et d’en accepter la réalité, c’est pourquoi nous revendiquons que l’accueil de la parole soit enseigné lors de la formation initiale des enseignant·es et des CPE, puis que des formations soient proposées/imposées tout au long de la carrière. Les AED et AESH doivent aussi accéder à ces formations.
De plus, le manque de personnel social et de santé dans les établissements ne permet pas d’orienter correctement les enfants victimes ou témoins de telles violences. L’équipe pédagogique ne doit pas rester seule face aux enfants victimes de violences et doit pouvoir s’appuyer sur le travail du personnel médico-social (assistant·es sociales, infirmièr·es scolaires, médecins scolaires, psychologue de l’éducation nationale, etc) pour accompagner correctement ces élèves. La présence d’un·e assistant·e social·e et d’un·e infirmièr·e scolaire à temps plein, et formé·e·s sur l’accueil de la parole des victimes, dans chaque établissement est indispensable pour répondre aux besoins des élèves.
Mettre fin à l’omerta : les violences n’ont pas lieu uniquement dans les familles
L’école, premier lieu de sociabilisation et de parole après la famille, doit être un espace protecteur. C’est ce que le ministère précise dans son article « Agir contre les violences sexuelles faites aux enfants ». Mais comment afficher une telle volonté sans lever l’omerta quant aux violences sexuelles exercées par certains membres du personnel ? Si la majorité des violences sexuelles subies par les enfants a lieu dans la famille ou l’entourage proche, il ne faut pas occulter l’existence de violences au sein même de l’école. Pourtant, les témoignages d’élèves victimes au sein de l’École sont trop souvent mis sous le tapis par les collègues, les chef·fes d’établissement ou les rectorats, sous prétexte de protéger la réputation d’un établissement ou de l’Éducation nationale. Et dans les rares cas où les rectorats essaient de prendre en compte la parole des élèves, ils s’en remettent souvent aux décisions de justice. Or on sait que le temps de la justice est long, et que les cas de judiciarisation de violences sexuelles sont rares et complexes. On sait que 50% des victimes de violences sexuelles durant l’enfance font par la suite une tentative de suicide. Les sanctions (ou absences de sanctions) judiciaires ne sont pas toujours adaptées à la protection des élèves. On a par exemple vu un professeur accusé de viol par des élèves est autorisé à revenir devant des classes après un non lieu, alors même que l’enseignant a admis avoir eu un rapport sexuel avec une élève, mais a basé sa défense sur la supposition d’un consentement de celle-ci.
Apprendre ne doit jamais faire l’objet de relations ou pression sexiste, sexuelle ou pédocriminelle. Le silence des personnels et de l’institution apprend à nos élèves que dans notre société face aux violences sexistes et sexuelles les agresseurs sont protégés et les victimes ignorées.
Il est urgent qu’une réelle politique de prise en compte de la parole des enfants soit menée, afficher de beaux discours ne suffira pas à repérer ou éviter des violences si les actes ne suivent pas.
SUD éducation revendique
Le recrutement de personnels socio-médicaux pour prendre en charge correctement les violences sexistes et sexuelles dont sont victimes les élèves dans les établissements ;
La formation de tous les personnels aux violences sexistes, sexuelles et pédocriminelles ;
La suspension systématique des personnels agresseurs présumés, le temps des enquêtes administratives et judiciaires ;
La radiation des personnels agresseurs condamnés par la justice ;
La mise en place d’enquête et de mesures par l’administration parallèlement au travail de la justice ;
L’accompagnement des élèves victimes par l’Education nationale dans leurs démarches médicales et juridique ;
La mise en place de cellules d’écoute pour les élèves victimes de violences sexuelles dans l’Éducation nationale ;
La mise en place d’une étude ministérielle sur l’ampleur des violences sexuelles à l’École.
Droit à la scolarité pour les élèves en situation de handicap
En 2006, seul·es 155 361 enfants en situation de handicap étaient scolarisé·es en milieu scolaire. Aujourd’hui, ils et elles sont plus de 400 000. Le nombre de personnels en charge de l’accompagnement (AESH) est passé de 12 640 à plus de 130 000.
Pourtant, nous constatons une dégradation des conditions d’accueil des élèves en situation de handicap en milieu ordinaire dont le nombre d’heures en accompagnement diminue. Les conditions d’une école réellement inclusive ne sont donc pas remplies. L’accompagnement ne se fait pas selon l’évaluation réelle des besoins des élèves, mais selon une logique de rentabilisation et d’économie des moyens qui n’a pas sa place à l’école. La mutualisation des moyens doit cesser et il faut des embauches massives de personnels accompagnant·es des élèves en situation de handicap.
SUD éducation dénonce les carences de l’État en matière de scolarisation des élèves handicapé⋅es. Combien faudra-t-il de rapports à charge (notamment ceux de la Défenseure des droits, de la médiatrice de l’éducation nationale, de la commission sénatoriale sur la loi Blanquer) pour que le ministre de l’éducation nationale décide de donner à l’école les moyens de scolariser réellement les élèves handicapé⋅es et de leur garantir les mêmes droits que tou·tes les autres ?
Il faut d’urgence abandonner cette machine à morceler l’accompagnement qu’est le PIAL (bientôt renommé PAS), donner des moyens pour l’accueil de tou·tes les élèves à l’école quels que soient leurs besoins et créer un vrai statut de la Fonction publique pour les AESH.
Droit à la scolarité pour les élèves allophones
Nous avons de plus en plus d’enfants de familles sans papier et à la rue, mais aussi de Jeunes isolé·es étranger·es, dans nos classes. Par ailleurs, les élèves français⋅·es allophones rencontrent les mêmes problématiques et ne bénéficient trop souvent d’aucun dispositif spécifique.
A l’école aussi, les CLIN (classe d’initiation), les CLA (classe d’accueil) et les CLA-ENSA (Élèves Non Scolarisé⋅es antérieurement) ont été remplacées par des dispositifs UPE2A et UPE2A-NSA avec la circulaire d’octobre 2012 signée Jean Michel Blanquer. L’idée principale était d’inclure davantage les élèves dans leur classe d’affectation. En réalité, l’Éducation nationale a fait des économies en supprimant des heures pour récupérer des postes. En effet, dans les classes d’accueil les élèves bénéficiaient de 23 à 26 heures de cours par semaine. Aujourd’hui dans les dispositifs les élèves n’ont plus que 9 à 18 heures de cours hebdomadaires. Dans le 1er degré, la notion de dispositif a permis à l’administration de ne fixer aucune limite au nombre d’élèves accueilli·es. S’ajoutent à cela un parcours des familles très difficile pour intégrer un dispositif, un racisme institutionnel et une orientation déterminée. Sans compter la problématique du logement et des démarches administratives qui ne facilitent pas des apprentissages dans de bonnes conditions. Une seule année en dispositif UPE2A est insuffisante pour une inclusion totale dans une classe. Ces élèves ont besoin de temps, ils·elles ont vu et vécu parfois des événements très lourds et marquants dans leur pays d’origine. De plus, ce manque de moyens est totalement contradictoire avec une pression toujours plus forte sur le niveau de langue des familles auxquelles on reproche de ne pas s’être assimilées alors même qu’on ne donne pas les moyens aux élèves d’apprendre le français dans de bonnes conditions.
SUD éducation dénonce l’hypocrisie de l’Éducation nationale : dans les textes il y a bien obligation de scolarisation des enfants étranger·es sur le territoire français, en réalité les moyens alloués pour ces élèves se réduisent à peau de chagrin depuis 2012 et sont insuffisants au vu de leurs conditions de vie.
SUD éducation revendique
Double inscription des élèves allophones, en les comptabilisant dans l’effectif global, ce qui permettrait d’abaisser les moyennes de classes dans les établissements concernés pour favoriser leur intégration ;
Des effectifs de 15 élèves maximum en UPE2A et 12 élèves maximum en UPE2A-NSA ;
Des personnels formé·es aux besoins spécifiques des élèves allophones (une piste serait de développer l’enseignement du Français Langue Seconde au moyen de décharges horaires) ;
Ouvrir des classes d’accueil sur tout le territoire ;
Les UPE2A doivent être ouvertes à côté des structures qui accueillent des étranger·es ;
Pas d’UPE2A à mi-temps sur une école ;
Une formation pour les personnels qui accueillent les élèves allophones ;
L’abrogation du Code de l’entrée et du séjour du droit d’asile ;
Pour la scolarisation inconditionnelle des jeunes étranger·es allophones au sein du service public d’éducation indépendamment de l’âge, la nationalité et du statut administratif (avec ou sans-papiers) ;
Retour aux classes d’accueil fixes avec des enseignant·es spécialisé·es, à la place des actuels dispositifs UPE2A ;
Pour une durée d’accueil des élèves dans les dispositifs adaptée aux besoins de chaque élève, pour une orientation choisie et non subie ;
Pour des postes d’interprètes dans l’éducation nationale ;
Pour l’arrêt des OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) et des expulsions, pour la délivrance sans conditions de titres de séjour vie privée et familiale pour toutes et tous les Jeunes isolé·es étranger·es et de tou·tes les élèves dit·es sans papiers ;
Pour l’auto-formation entre pairs associée à une formation spécifique, destinée à l’ensemble des personnels et dispensée par des personnes qualifiées (hors Éducation nationale) ;
Pour l’ouverture des frontières ;
Pour la régularisation des familles des élèves allophones.
Droit à une scolarité sans harcèlement
En 9 mois, nous sommes à 3 suicides, 3 victimes du harcèlement scolaire : Lucas, en janvier, Lindsay en mai et Nicolas en septembre. Chaque suicide affecte et touche toute la profession. La prise en compte par l’institution de la situation vécue par Nicolas, qui a mis fin à ses jours, conduit à s’interroger sur les réponses institutionnelles mais, au-delà de ces drames, il y a trop de situations qui ne sont pas bien prises en charge, pas prises en charge du tout voire pas du tout identifiées. Rien ne semble vraiment avoir changé ou presque 10 ans après le suicide de Marion, âgée de 13 ans. Les dysfonctionnements constatés dans l’académie de Versailles l’attestent. Le plan de lutte contre le harcèlement qui a été présenté, même s’il a le mérite de remettre ce sujet majeur sur le devant de la scène, ne permet pas une lutte efficace sur du long terme et manque cruellement d’ambition au niveau éducation.
De plus, il faut être en mesure de nommer les violences et le harcèlement LGBTQIphobes, racistes, sexistes, validistes que subissent certain·es élèves, comme Dinah, jeune fille racisée et lesbienne, qui s’est suicidée en 2022. En France, 10% des élèves (soit environ 700 000 élèves) sont victimes de harcèlement. Les tentatives de suicide et les pensées suicidaires sont plus élevées chez les victimes de harcèlement scolaire (12% et 36%). 25% de l’absentéisme concerne des élèves victimes de harcèlement. Les LGBTIphobies en milieu scolaire et universitaire tuent. Les jeunes victimes d’homophobie et de transphobie sont 2 à 7 fois plus touché·es par le suicide que les autres jeunes.
Le code de l’éducation prévoit le droit à une scolarité sans harcèlement. Le site du ministère propose différents outils pour lutter contre le harcèlement, mais sans moyens financiers et humains, cela reste du bricolage et de la communication.
Pour mettre en œuvre les objectifs louables du programme PHARE (Programme de lutte contre le HARcèlement à l’École), SUD éducation revendique une formation de tous les personnels et un temps de concertation entre collègues.
En effet, il ne s’agit pas de faire en sorte que les enseignant·es soient les uniques responsables de la gestion et de la résolution des situations de harcèlement. En revanche, il est indispensable que tous les personnels en lien direct avec les élèves soient en mesure de détecter les signaux du harcèlement et aient pleine connaissance des procédures à suivre pour leur donner suite.
D’autre part, la lutte contre le harcèlement doit relever de dynamiques professionnelles collectives au sein des établissements. À ce titre, il faut du temps et de la concertation pour échanger entre collègues, construire des projets et améliorer le climat scolaire. La banalisation de demi-journées pour permettre aux équipes de construire de tels projets, à l’occasion notamment de la journée de lutte contre le harcèlement à l’école, peut être à ce titre un levier pertinent.
Droit à une scolarité émancipatrice fondée sur la liberté d’expression
La mise en place du SNU sur le temps scolaire est encore un coup porté aux heures dévolues aux apprentissages, déjà mis à mal par la réforme Blanquer du bac. C’est une militarisation et un renforcement de la soumission qui éloignent encore plus l’école d’un projet émancipateur.
Le déploiement du SNU sur temps scolaire nous renforce dans nos revendications : abrogation pure et simple du dispositif, reversement des fonds alloués dans le service public d’éducation. Il s’agit en effet d’une entreprise de militarisation de la jeunesse, d’un déploiement des idées nationalistes, qui met en danger les jeunes accueilli·es. De nombreux cas de maltraitances et de violences sont relevés à chaque séjour sans exception, dont des agressions sexuelles et viols, des propos racistes et homophobes.
A rebours de ce projet militariste et réactionnaire, SUD éducation revendique une école émancipatrice. Celle-ci ne peut passer que par la liberté d’expression des élèves, y compris sur le sujet des valeurs républicaines. La laïcité, en particulier, ne peut être un catéchisme républicain, mais doit se vivre en classe, être questionnée, discutée, appropriée par les élèves. Cela ne peut que passer par l’acceptation des désaccords, sans stigmatisation, et en faisant confiance à la professionnalité des enseignant·es pour expliciter les notions. Il en va de même pour les questions géopolitiques. La situation actuelle en Palestine suscite de manière légitime des interrogations et des indignations de la part des élèves : il appartient pleinement aux enseignant·es de favoriser, dans une logique de citoyenneté et d’esprit critique, les échanges sur les sujets d’actualité. Dans ces situations, le principe qui doit prévaloir est la liberté d’expression des élèves, qui est à la fois un droit fondamental et une nécessité pédagogique.
Droit à une scolarité de qualité, avec des moyens et des personnels en nombre suffisant
A tous les niveaux, les moyens manquent cruellement. Les personnels médico-sociaux manquent dans de nombreuses circonscriptions et de nombreux établissements. Les conditions de travail et le salaire attirent de moins en moins.
Assistant·es de services sociaux
Les assistant·es de services sociaux s’engagent dans la prévention et la lutte contre les violences et le harcèlement mais avec des moyens très insuffisants. La crise sanitaire a mis en lumière les carences en termes de professionnels de santé. Les conditions de travail des ASS se sont dégradées avec une charge de travail aujourd’hui considérable. L’administration va vers une mutualisation des moyens ASS en imposant une affectation non pas sur un établissement mais sur une zone géographique, au détriment des conditions de travail et de la qualité de l’accompagnement social des élèves et de leurs familles. De même, les écoles ne bénéficient pas de l’accompagnement des ASS, obligeant les autres personnels à prendre en charge des missions de service social pour lesquelles ils n’ont pas reçu de formation.
Les infirmier·ères et médecins
On ne compte en moyenne qu’un médecin pour 12 000 élèves. Les personnels infirmiers sont très rarement affectés à temps plein dans un établissement scolaire dans le second degré, et couvrent un nombre important d’écoles dans le premier degré. Alors que la santé, y compris mentale, des élèves s’est fortement dégradée depuis le début de la crise sanitaire, le ministère refuse de donner les moyens au service public de l’éducation pour veiller à la santé des élèves scolarisé·es.
SUD éducation revendique
1 infirmerie ouverte sur tout le temps scolaire dans chaque établissement avec la présence d’au moins un personnel infirmier titulaire. Cela permet aussi du temps pour des interventions en classe, des concertations et de la co-animation avec des professeur·es et les CPE ;
1 Assistant·e de Service Sociaux à temps plein dans chaque établissement et leur déploiement dans le premier degré ;
Le renforcement de la médecine scolaire avec des visites obligatoires pour tous·tes les élèves ;
Le renforcement des CMP (Centre Médico-Psychologique) et de l’équipe paramédicale de prévention et de dépistage (orthophonie, psychomotricité, psychologie, ophtalmologie…) ;
1 PsyÉN pour 400 élèves au maximum.
Des classes surchargées
Une condition indispensable pour garantir les bonnes conditions d’apprentissage est d’avoir des conditions d’étude sereines pour les élèves. Mais au lieu d’investir dans l’Éducation nationale, le ministère supprime des postes (dans le second degré, dans un contexte de hausse démographique, 9000 suppressions de postes en 6 ans). SUD éducation réclame un plan d’urgence pour l’éducation, prévoyant des recrutements importants, une meilleure formation continue des personnels, et des moyens matériels permettant une mise à niveau du bâti scolaire.
SUD éducation revendique
1. Des moyens en personnels
Limiter les effectifs par classe avec au collège : > 20 élèves maximum en collège ordinaire, 16 en éducation prioritaire, 12 en SEGPA ; > des dédoublements nationaux sur la moitié des horaires d’enseignement dans toutes les matières ;
Des Vies scolaires renforcées : > Au moins 1 CPE dans tous les collèges quel que soit le nombre d’élèves ; > 1 CPE pour 120 élèves dans les collèges ordinaires et 1 pour 100 en éducation prioritaire ; > En plus du CPE, 1 personnel de vie scolaire pour 50 élèves en collège ordinaire et 2 pour 50 en éducation prioritaire ;
2. Un réseau de service public à taille humaine et égalitaire
> Une taille des collèges limitée avec des collèges de 400 élèves maximum ; la fin des regroupements d’établissements dans des cités scolaires de taille trop importante pour assurer un suivi correct des élèves.