Skip to content

Dans le privé et le public, un syndicalisme de lutte pour la transformation sociale

Catégories
Conditions de travail Ressources juridiques

Connaître ses droits – Il fait trop froid au boulot, on fait quoi ?

Publié le 12 janvier 2025

En période de froid, nos conditions de travail peuvent être mises à rude épreuve si l’employeur ne prévoit pas de protections contre les conditions atmosphériques (s’agissant de salarié∙es travaillant dehors), si les installations de chauffage ou l’isolation du bâti sont défectueuses. Comment anticiper ces situations qui résultent pour une part des dérèglements climatiques et du manque d’anticipation face à ces derniers ? Comment agir ?

Que dit le droit ?

L’Institut national de Recherche et de Sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) indique : “Un environnement est considéré comme froid pour une température de l’air inférieure à 18° C, température à laquelle se déclenchent des déperditions de chaleur” (“Travailler dans des ambiances thermiques chaudes ou froides : quelle prévention ?”). Cela ne veut pas dire cependant qu’on puisse s’arrêter de travailler dès qu’on passe en dessous de 18° C ! En effet, le Code du travail ne fixe pas de température minimum précise, chiffrée, en dessous de laquelle on devrait arrêter de travailler.

Il est néanmoins légitime, dès lors, de demander à l’employeur quelles sont les mesures mises en place pour prévenir les risques liés au froid. Le Code du travail précise en effet que “Les locaux fermés affectés au travail sont chauffés pendant la saison froide” et que “Le chauffage fonctionne de manière à maintenir une température convenable et à ne donner lieu à aucune émanation délétère.” (article R4223-13). Ainsi, le délai mis à réparer un système de chauffage défaillant ne saurait être un argument pour l’employeur qui doit dans l’intervalle fournir des chauffages d’appoint.

Comme pour tout risque professionnel, il est de la responsabilité de l’employeur d’évaluer et de prévenir les risques liés au froid et il “prend, après avis du médecin du travail et du comité social et économique, toutes dispositions nécessaires pour assurer la protection des travailleurs contre le froid et les intempéries.” (article R4223-15).

Le Code du travail précise également que “Les équipements et caractéristiques des locaux de travail sont conçus de manière à permettre l’adaptation de la température à l’organisme humain pendant le temps de travail, compte tenu des méthodes de travail et des contraintes physiques supportées par les travailleurs.” (article R4213-7).

Pour les salarié∙es travaillant en extérieur, il est indiqué que les postes de travail “sont aménagés de telle sorte que les travailleurs (…) dans la mesure du possible soient protégés contre les conditions atmosphériques” (pluie, vent, froid, soleil…) (article R4225-1).

L’hébergement par l’employeur fait l’objet, quant à lui, d’une précision chiffrée de la température minimale : “Les équipements et caractéristiques des locaux affectés à l’hébergement doivent permettre de maintenir la température intérieure à 18 °C au moins et d’éviter les condensations et les températures excessives.” (article R4228-28).

Le Code du travail interdit enfin d’affecter des jeunes (moins de 18 ans) à des travaux les exposant à des températures extrêmes (mais sans pour autant définir cette notion) susceptibles de nuire à leur santé (article D4153-36).

Important : ces dispositions du Code du travail s’appliquent également à la fonction publique. En conséquence, chaque fois que l’intervention du CSE sera évoquée, il faudra la transposer au comité social de chaque versant (CSA, CSE et CST).

Quels sont les risques liés au froid ?

Les risques liés au froid sont la crispation, l’engourdissement des extrémités, la perte de dextérité ou de sensibilité tactile, les engelures, l’aggravation des maladies respiratoires (asthme, bronchite chronique), l’affaiblissement du système immunitaire et l’hypothermie. Travailler dans un environnement froid entraîne également un surcroît de fatigue et une irritabilité qui nuit au maintien de bonnes conditions de travail.

Que peut-on demander à l’employeur ?

L’Institut national de Recherche et de Sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) a publié en novembre 2024 deux documents servant d’appui pour évaluer les risques liés à la chaleur et au froid : un guide et un outil d’évaluation. Il recommande par ailleurs des mesures de prévention, qui concernent l’aménagement des locaux et des postes, l’organisation du travail ou encore les vêtements et équipement de travail.

Pour les salarié∙es travaillant en extérieur, il est conseillé d’isoler les surface métalliques, d’utiliser des équipements et outils qui peuvent être maniés avec des gants ou des mitaines, de choisir des matériaux non glissants pour les sols, de prévoir des aides à la manutention pour réduire la charge physique de travail, et d’utiliser des systèmes de signalisation. Une salle de repos chauffée doit être mise à disposition, avec des boissons chaudes et des moyens de séchage des vêtements.

En matière d’organisation du travail, les activités en extérieur doivent être planifiées en fonction des prévisions météorologiques. Le temps de travail au froid doit être limité, de même que le travail intense et le port de charge répétitif. Il faut prévoir des temps de récupération supplémentaires après l’exposition à des températures très basses. Il est nécessaire, enfin, de protéger les salarié∙es isolé∙es, de prévoir des dispositifs de communication et d’alarme.

L’employeur doit intégrer ces risques dans le Document unique d’évaluation des risques (DUER).

Que peut-on demander au médecin du travail ?

Le médecin du travail donne un avis sur les mesures envisagées par l’employeur et peut préconiser des mesures collectives, mais également des mesures individuelles. Ces dernières sont proposées par écrit et après échange avec le ou la salariée et l’employeur, en respectant la confidentialité médicale. Il peut s’agir de mesures d’aménagement du poste de travail ou du temps de travail qui tiennent compte de l’âge, de la santé physique et mentale, des pathologies, des antécédents, des médicaments ou de la grossesse du ou de la salariée.

Que faire si la situation devient intenable ?

On peut agir syndicalement ! N’hésitez pas à contacter les représentant∙es syndicaux∙ales qui pourront :

– déclencher un droit d’alerte pour situation de danger grave et imminent afin d’exiger de l’employeur des mesures immédiates de protection de la santé ;

– demander la réunion en urgence du Comité social et économique (CSE) pour contraindre l’employeur à agir ;

– saisir le médecin du travail et l’inspection du travail.

C’est aussi l’occasion d’imposer des évolutions de locaux en exigeant de l’employeur la communication de l’audit énergétique réglementaire qui est obligatoire pour les entreprises de plus de 250 salariés ayant un CA de plus de 50 millions d’euros, à l’exception de celles ayant obtenu la certification ISO 50001 qui en sont dispensées.

S’il n’y a pas de syndicat ou de délégué∙e dans l’entreprise, le ou la salariée peut contacter l’union locale ou départementale Solidaires la plus proche ou le syndicat de son secteur professionnel, afin d’être aidé∙e, accompagné∙e, de ne pas être isolé∙e.

Dans quelles conditions puis-je arrêter de travailler ?

Le droit de retrait (qui existe aussi dans la fonction publique) permet au salarié ou à la salariée de se retirer de son poste de travail lorsqu’il ou elle a un motif raisonnable de penser que sa situation de travail présente “un danger grave et imminent” pour sa vie ou sa santé, à condition d’en informer immédiatement son employeur.

Si l’employeur conteste le danger grave et imminent, il faut faire intervenir l’inspection du travail.

La validation d’un droit de retrait demeure à l’appréciation des Conseils de prud’hommes (ou du TA pour la FP) si l’employeur conteste le droit de retrait ou si le ou la salariée voit sa rémunération diminuer.

Comment agir à plus long terme ?

Par ailleurs, la nécessité d’appliquer les dispositions réglementaires et législatives peut être formalisée en CSE par la rédaction de réclamations individuelles ou collectives avec nécessité de réponses formelles de l’employeur. (Article L2312-5 pour CSE moins de 50 et Article L2312-8 pour les CSE+50) . Les réclamations peuvent anticiper les problèmes qui risquent de se poser.

Enfin, sur cette question du froid, les travailleurs et travailleuses ne réagissent pas de manière identique en fonction de l’activité réelle qui leur est confiée. Adapter le travail à l’homme (et la femme), en particulier en ce qui concerne la conception des postes de travail” (comme l’exige l’article L4121-2 du Code du travail) nécessite de prendre en compte une série de considérations qui concernent la physiologie de la personne (on réagit plus ou moins au froid…), la conception des locaux (courants d’air), le travail en open space ou en bureau isolé, la nature du travail qui nécessite plus ou moins d’activité (ou d’inactivité) physique. Toutes ces questions se prêtent bien à l’enquête syndicale et à la formalisation dans le cadre de réclamations.

L’Union syndicale Solidaires revendique :

– des températures minimales et maximales de travail, selon le type d’activité et de travailleurs et travailleuses ;

– des autorisations d’absence sans retenues de salaire lors d’événements climatiques violents.

Catégories
Conditions de travail Précarité

RSA conditionnel : c’est toujours non !

Alors que près d’une allocation RSA sur 3 ne trouve pas preneur·se en France, la réforme qui durcit encore l’accès au Revenu de Solidarité Active est généralisée à tout le territoire depuis le 1er janvier dernier. Bien qu’aucun bilan qualitatif contradictoire n’ait été tiré de sa phase d’expérimentation, le directeur de France Travail se félicite d’une mesure à même selon lui de ramener vers l’emploi un public qui figure parmi les plus éloignés. Il est bien le seul. Il demeure d’ailleurs bien conscient que sans moyens supplémentaires, il a peu de chances de parvenir à « accompagner » ce nouveau public de plusieurs millions de personnes. Et dont pour beaucoup le quotidien est consacré à la survie, pas vraiment celui de trouver un emploi qui a en plus toutes les chances d’être rare, déclassé, mal payé, aux horaires impossibles…

Plus prudent, le médiateur de France Travail estime nécessaire ne pas sanctionner les allocataires ne satisfaisant pas aux 15h d’activités hebdomadaires, au moins pas avant l’été 2025. Car malgré les dénis du gouvernement, il y a bien obligation de 15h d’activités sous peine de sanctions. C’est même la raison d’être du dispositif : obliger à occuper des emplois, à commencer par ceux dont personne ne veut. Peu importe la volonté de l’allocataire qui, si il ou elle veut survivre sera tenté·e d’accepter n’importe quoi. Rappelons une nouvelle fois que ces emplois dégradés dits « en tension » sont au nombre de quelques centaines de milliers en comparaison du nombre de chômeur·ses qui est lui de plusieurs millions. Soit un rapport d’un emploi « disponible » pour 10 ! D’une manière générale, l’emploi est rare : selon l’INSEE, en 2023, seuls 158 000 emplois (1,3 million depuis 2019) ont été créés. Loin, très loin d’occuper les millions de chômeur·ses !

Après que le Secours catholique, Aequitaz et ATD Quart Monde aient dans un rapport1 au vitriol appelé solennellement à abandonner la réforme, la CNCDH a déclaré pour sa part le 19 décembre dernier que subordonner des heures d’activités, en réalité de travail, à l’obtention du RSA était contraire aux droits humains. Enfin un rapport du Ministère du Travail alertait en novembre dernier sur ses piètres résultats en termes d’emplois.

En ce début 2025, les résultats s’étalent donc sous nos yeux : ce RSA conditionné à un minimum de 15h à 20h hebdomadaires d’activités est une trappe à emploi gratuit, notamment pour des collectivités exsangues financièrement qui y voient l’occasion de sous-traiter gratuitement leurs travaux. Et au lieu d’y recourir, les allocataires se détournent de plus en plus du RSA, rebuté·es par le flicage (1,5 million de contrôles prévus en 2027 !) et les algorithmes de tri et de suivi mis en place. Et pour quel résultat en termes d’emplois ? Selon les estimations, moins d’1 allocataire du RSA sur 5 a trouvé en moyenne un emploi durable (3,6 % pour ceux considéré·es comme les plus « éloigné·es » de l’emploi), soit peu ou prou le même nombre qu’avant la réforme ! Tout ça pour ça !

Plus que jamais, l’Union syndicale Solidaires revendique la fin immédiate de ce dispositif catastrophique. Elle revendique un véritable service public de l’emploi doté des personnels en nombre suffisant et bien formés. Solidaires revendique une véritable politique de l’emploi assise sur la réduction du temps de travail à 32h sans perte de salaire, des embauches massives dans les services publics et des créations dans les secteurs écologiques et correspondant aux besoins sociaux. Elle exige l’interdiction des licenciements dans les entreprises réalisant des profits avec continuité du salaire et des droits sociaux entre deux emplois. Solidaires réclame une hausse massive des salaires et des minimas sociaux qui ne sauraient être inférieurs au SMIC.

Il est temps d’instaurer la justice sociale.

1.https://www.secours-catholique.org/sites/default/files/03-Documents/Premier%20bilan%20des%20expe%CC%81rimentations%20RSA%20-%20SCCF%20ATD%20AequitaZ%20-%2010%202024.pdf

Catégories
(re)Penser notre syndicalisme Actu Solidaires 78 Agenda militant Commerce Conditions de travail Grève Idées, débats, cultures Industrie Lecture Santé-Social Souffrances au travail TPE / TPA

Mardi 7 février à Limay : rencontre avec le groupe La Mouette enragée autour de son enquête ouvrière

Le travail, on l’aime ou on le déteste, mais c’est toujours du travail. Du temps et de l’énergie qu’on échange contre un salaire. C’est une réalité que nous sommes une grosse majorité à vivre et, de plus en plus, à subir.

Nous produisons à manger, nous soignons, nous nous occupons des enfants, des personnes dépendantes, nous transportons des gens, nous construisons des bâtiments, nous livrons… Pourtant, alors que nous faisons tourner la société, rares sont les moments où on entend notre parole de travailleurs et travailleuses.

C’est de cette réalité, celle du travail, partagée et pourtant silencieuse, que nous vous invitons à discuter. Celle qui occupe chaque jour nos corps et nos esprits, qui tour à tour nous fait plier, nous rend fiers, nous révolte, nous blesse, et parfois nous tue…

À partir d’une enquête ouvrière, les travailleurs du groupe militant La Mouette enragée ont récolté des témoignages de salariés de différents secteurs professionnels pour interroger le travail aujourd’hui, rassemblés dans le livre « Avant de faire le tour du monde, faire le tour de l’atelier,n ». Qu’est-ce qu’un travail ouvrier en 2025 ? Les PME sont-elles différentes des grosses boîtes ? Que cache l’ubérisation ? Comment résister sur son lieu de travail ?

Nous vous invitons à en discuter le vendredi 7 février 2025 à 19h la Librairie La Nouvelle Réserve à Limay.
Entrée libre et gratuite

Catégories
Accidents du travail Conditions de travail Rail Transport

Suicide d’un cheminot : faute inexcusable de la SNCF reconnue

Dans un arrêt du 10 décembre 2024 la Cour d’Appel d’Amiens a confirmé la décision du Tribunal Judiciaire de Saint-Quentin du 15 mai 2023, reconnaissant la faute inexcusable de la SNCF pour la mort par suicide de Julien Piéraut, survenue le 21 mai 2018, en plein conflit contre la énième réforme du système ferroviaire, qui éclatait un peu plus la SNCF, et promettait toujours plus de pression sur les travailleur-euses au nom de la productivité et de la rentabilité.

Catégories
Conditions de travail Défense de nos libertés

On prend les mêmes et on recommence : il y a urgence à changer de cap

François Bayrou vient d’être nommé Premier ministre. Depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, les choix budgétaires ont toujours été les mêmes : ceux des baisses des prélèvements obligatoires favorisant les plus fortuné∙es et les grandes entreprises. Cette politique était soi-disant essentielle pour favoriser la compétitivité, la croissance et les emplois. Or, le bilan est tout autre. Ces choix budgétaires n’ont fait, année après année, que dégrader les comptes publics et vider les caisses de l’État : 62 milliards de recettes en moins selon la Cour des Comptes, sans pour autant sauver les emplois de l’industrie et du commerce. Sans oublier qu’ils ont aussi dégradé encore plus les services publics déjà mis à mal par les politiques libérales depuis des décennies et ainsi développé les inégalités et les injustices. C’est pourquoi nous sommes particulièrement inquiet·es de voir se poursuivre cette politique, massivement rejetée dans la population et dont les effets sont délétères, creusent les inégalités et renforcent le vote d’extrême droite.

L’Union syndicale Solidaires souhaite l’alerter sur les dossiers urgents qui doivent être une priorité de son nouveau gouvernement :

– La justice fiscale devra être au cœur du prochain budget : l’impôt sur le revenu doit être plus progressif, le plafonnement de l’impôt sur les sociétés remontés à 40%. Il faut un audit des niches fiscales et supprimer le crédit impôts-recherches et le prélèvement forfaitaire unique.

– Il faut stopper d’urgence les plans de licenciements qui se multiplient et adopter une loi spéciale obligeant les entreprises qui licencient à rembourser les aides publiques et interdisant les licenciements pour les entreprises qui font des bénéfices. Les salarié·es doivent pouvoir s’exprimer sur les restructurations à travers un droit de veto des CSE.

– L’ensemble des organisations syndicales continuent de réclamer l’abrogation de la réforme des retraites. Alors que la coalition autour du NFP est arrivée en tête après avoir fait campagne autour de ce thème, continuer à en faire une ligne rouge constitue un déni de démocratie.

– Il faut augmenter le SMIC, les salaires et les pensions et les indexer sur les prix.

– SUD Rail et la CGT Cheminots interpellent le premier ministre pour un moratoire sur la liquidation de fret SNCF. Il y a urgence. L’inaction climatique coûtera plus cher que d’investir dans la bifurcation écologique.

Il y a nécessité d’une planification pour transformer notre industrie et nos emplois. Alors que la reconversion écologique de la société pourrait détruire 500 000 emplois, un rapport estime qu’elle pourrait en créer 1,5 million, soit un solde net d’1 million d’emplois créés.

De ce point de vue, nous ne pouvons qu’être inquiet·es de la nomination d’un Haut-commissaire au plan qui n’aura pas planifié grand-chose durant son mandat.

Le choix de François Bayrou témoigne une nouvelle fois du mépris pour la démocratie du Président de la République. M. Bayrou a depuis longtemps donné des gages à l’extrême droite, puisqu’en 2022 il avait parrainé la candidature de Marine Le Pen à l’élection présidentielle.

La situation sociale et écologique du pays mérite mieux que les guerres de place et les jeux politiciens. L’urgence est à l’augmentation générale des salaires, à l’abrogation de la réforme des retraites largement dénoncée par la population, et au renforcement des services publics.

Faute de prise en compte de ces urgences, les mobilisations se poursuivront dans les prochaines semaines.

Catégories
Actu Solidaires 78 Conditions de travail Éducation

États généraux de l’éducation – Intervention de SUD éducation 78 lors du rassemblement

Les résultats de l’enquête intersyndicale 78 sont incontestables : les conditions d’étude de nos élèves comme les conditions de travail des personnels de l’éducation se dégradent et nombreuses et nombreux sont les collègues qui souffrent de leur travail et ont du mal à trouver le sens de leurs missions de service public.
Manque de personnels dans tous les services, effectifs de classe excessifs, tri inacceptable des élèves, accompagnements indignes du fait d’un manque de formation et d’investissement dans l’éducation, les raisons en sont nombreuses et la colère gronde dans nos salles des personnels.
Cette colère s’est vue alimentée par le ministre de la Fonction publique lui-même. Guillaume Kasbarian tient un discours qui relève du fonctionnaire-bashing et multiplie les contre-vérités.
Ses décisions, qui s’inscrivent dans une logique d’austérité injustifiable, portent atteinte non seulement à nos conditions de travail et à notre pouvoir d’achat, mais aussi à la reconnaissance de notre engagement quotidien au service de la société.

C’est pourquoi nous dénonçons cette réforme et nous demandons :
  La suppression du jour de carence et le maintien de l’indemnisation des arrêts maladies au nom du droit à la santé.
  Une revalorisation immédiate de la valeur du point d’indice et l’augmentation des salaires sans contreparties.
  L’amélioration des conditions de travail et le développement des services publics sur tout le territoire.

Mais en réalité, nous demandons à ce que personne, dans le secteur privé comme dans le secteur public, ne subisse de journée de carence et que toustes puissent bénéficier d’une médecine du travail à la hauteur des enjeux.

SUD Education 78 appelle les personnels à amplifier la mobilisation d’aujourd’hui en se mettant en grève le 5 décembre pour faire entendre notre exigence d’une vraie politique de justice sociale, et à discuter très rapidement des moyens de poursuivre ce mouvement !
La politique du gouvernement au service des plus riches et des extrêmes droites doit cesser. SUD éducation 78 est et sera toujours aux côtés de celles et ceux qui se battent. C’est pourquoi nous dénonçons la politique de criminalisation des militantEs et de répression à l’œuvre dans l’éducation comme dans d’autres secteurs. Dans les Yvelines, c’est le cas de Laëtitia Salini, du collège de Chatou, mutée « dans l’intérêt du service », prétend l’administration. Nous l’avons soutenue le jeudi 28 novembre lors de son audience au tribunal administratif de Versailles.
C’est aussi le cas de Kai Terada, muté « dans l’intérêt du service », pour qui un rassemblement est organisé le lundi 16 décembre à partir de 9h, devant le tribunal administratif de Versailles : nous appelons toustes les collègues à participer et espérons être nombreuses et nombreux pour témoigner, une nouvelle fois, de notre soutien et de notre lutte contre la répression et pour l’abandon de toutes les procédures.

Par la mobilisation massive dans la durée dans tous les secteurs, nous allons construire un rapport de force capable d’imposer des mesures pour une société plus juste.

Pour rappel, les résultats de l’enquête départementale :

Catégories
Accidents du travail Actu Solidaires 78 Conditions de travail Éducation

Communiqué Solidaires 78 – Mort au travail à la cantine de Poissy : en finir avec l’indifférence et la désinvolture patronale, gouvernementale mais aussi médiatique

Le lundi 25 novembre 2024, à 7 heures du matin, le corps d’un employé (en sous-traitance) de la cantine du lycée Charles-de-Gaulle de Poissy est retrouvé par ses collègues, il s’agit très probablement d’un suicide. Même si aucune lettre n’a pour l’instant été retrouvée, le choix de son lieu de travail pour se donner la mort n’est jamais anodin.

Comme toute mort au travail, cette disparition, en tant que travailleurs et travailleuses et en tant que syndicalistes nous révolte et nous scandalise…

Mais, scandalisé·es et révolté·es, nous le sommes aussi par le traitement médiatique de cette affaire par le Parisien Yvelines qui choisit de conclure son article du 25 novembre de cette manière : “Dans un classement établi par Le Parisien en 2023, le lycée Charles-de-Gaulle de Poissy figurait parmi les meilleurs établissements des Yvelines, avec un taux de réussite de 98 % au bac.”

Est-ce ainsi que ce drame doit être relaté ?

D’autres chiffres n’auraient-ils pas eu toute leur place dans dans cet article ?

L’union syndicale Solidaires 78 rappelle que chaque année, 1 million de travailleurs et travailleuses sont victimes d’accidents du travail, plus de 800 personnes perdent leur vie à leur travail en France – soit plus de 2 morts par jour – un chiffre qui ne cesse d’augmenter. Dans son enquête sur le sujet, Matthieu Lépine, que Solidaires 78 avait invité à Limay, rappelle que, en Europe, « c’est en France qu’on meurt le plus au travail avec 3,53 accidents mortels pour 100 000 personnes en activité. »

Depuis 2 ans l’Union syndicale Solidaires 78 a mené un travail d’information, de sensibilisation et de mobilisation sur ce sujet encore tabou et trop souvent relégué à la rubrique « faits divers » alors qu’il s’agit d’abord et avant tout d’un enjeu social et politique.

Construisons la riposte
Mais nous ne voulons plus commémorer les morts·es au travail, nous voulons les empêcher et en finir avec l’impunité patronale et managériale. Ils et elles doivent rendre des comptes. Nous voulons aussi alerter sur le traitement médiatique de cette “hécatombe  invisible” qui ne relève pas de la rubrique “Faits divers” ni d’une auto-promo malsaine comme cette évocation totalement déplacée du classement des lycées du Parisien

Quand un·e journaliste meurt, dans l’exercice de son métier, à travers le monde, donne-t-on le chiffre de ventes de son journal ou les parts d’audience du média pour lequel il ou elle travaille ?

On ne doit jamais mourir au travail. Ce n’est pas une fatalité, mais pour cela il faut s’organiser et se mobiliser collectivement.

L’Union syndicale Solidaires 78, le 26 novembre 2024

Catégories
Conditions de travail

Une nouvelle journée de travail gratuit votée par le Sénat : travailler plus pour gagner moins… encore et toujours !

Dans le cadre du débat parlementaire sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025 le gouvernement et ses soutiens multiplient les attaques contre les assuré-es sociaux, salariés et retraités. C’est maintenant, le Sénat qui en rajoute et vient de voter une contribution de solidarité de sept heures de travail sans rémunération. Solidaires s’élève contre cette nouvelle tentative de remise en cause larvée du temps de travail, fondée sur le dogme libéral du travailler plus pour gagner moins qui aura comme autre conséquence d’augmenter la contribution des seuls actifs du secteur privé et du public au financement de la caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA).

Si elle venait à être définitivement votée, cette contribution viendrait s’ajouter à la journée de solidarité déjà existante depuis 2004 (en principe le lundi de Pentecôte, mais les entreprises peuvent la fixer un autre jour). Leur objet est le même : contribuer au financement de la perte d’autonomie, compte tenu du vieillissement de la population. Une 2ème journée de solidarité générerait le doublement de la contribution des entreprises (de 0,3 % à 0,6 %) à la branche autonomie. Cette mesure est censée dégager 2,5 milliards d’euros par an. Or la perte d’autonomie concerne l’ensemble de la population, et son financement ne saurait reposer sur des contributions des seul· salarié·s et retraité·es.

Au lieu et place de cette mesure injuste socialement qui ne vise que les salarié-es et qui ne répond pas à l’enjeu du financement de la 5ème branche Autonomie, l’Union syndicale Solidaires propose de remplacer ses financements actuels par une contribution universelle assises sur tous les types de revenus, seule véritable expression de la solidarité nationale.

Et plutôt qu’augmenter injustement le temps de travail pour renflouer les caisses de la sécurité sociale, l’Union syndicale Solidaires revendique de baisser celui-ci à 32 h pour toutes et tous avec maintien du salaire. Ce qui permettra d’embaucher des centaines de milliers de travailleur-ses soit autant de cotisations sociales en plus et fera baisser le chômage soit autant d’allocations chômage économisées. Sans compter que baisser le temps de travail, ca fera autant d’accidents et d’usure en moins.

C’est cela la justice sociale !

Catégories
anti-validisme Conditions de travail Fonction publique Luttes antivalidistes Services publics

Notre analyse : mieux vaut être riche et en bonne santé que pauvre et malade

Arrêtez d’être malades !

Publié le 8 novembre 2024 par SUD Travail Affaires sociales

Pour faire des économies le ministre de la fonction publique prévoit d’augmenter à 3 le nombre de jours d’arrêt non indemnisés dits « de carence » (lancé sous Sarkozy pour la fonction publique, abrogé par Hollande en 2014 et réintroduit par Macron en 2018) et de passer d’une indemnisation de 100 à 90% des arrêts maladie des agent·es de la fonction publique. Pour faire face au « fléau » de l’absentéisme le tout neuf ministre, qui marque par ces premières mesures toute sa reconnaissance envers les agent·es, veut porter à trois ces jours de carence.

Parler « d’absentéisme » est une sacrée pirouette linguistique ! Car contrairement au préjugé délétère qui domine le débat public, on ne s’arrête pas soi-même C’est le médecin et lui seul, après examen médical du/de la patient·e, qui estime nécessaire pour son rétablissement de prescrire un arrêt de travail. Des médecins témoignent à l’inverse d’un nombre croissant de travailleur·euses refusant un arrêt alors que les praticien·nes veulent le prescrire…

Notre point de vue et notre analyse dans le tract ci-dessous

RSS
Follow by Email