Le jeudi 29 octobre, Jean-Michel Blanquer a répondu au journaliste de Télématin sur France 2 au sujet du nouveau protocole sanitaire dans l’éducation. Ses réponses montrent qu’il ne connaît pas du tout la situation sur le terrain ou qu’il se moque ouvertement de la santé des personnels et des élèves.
Catégorie : Actu Solidaires 78
L’assassinat de Samuel Paty nous a bouleversé·es
Par sa violence.
Par le fait qu’il s’agissait d’un collègue, assassiné parce qu’il faisait son métier.
Par l’élan de solidarité qu’il a suscité.
Mais, très vite, les vautours idéologiques et les fossoyeurs de l’école publique ont lâchement instrumentalisé cette tragédie : propos haineux et racistes, appels à la guerre et à l’allégeance, sans parler des ministres Blanquer et Castex qui, cyniquement, récupèrent ce drame pour encenser leur politique ou la rendre encore plus dogmatique et autoritaire.
Non, les personnels de l’éducation ne sont pas en guerre.
Ni contre une communauté, ni contre les élèves, ni contre les familles.
Contre les divisions et les stigmatisations, nous avons besoin de dignité, de solidarité et de collectif.
Nous sommes en lutte pour nos conditions de travail.
Abandonné·es, méprisé·es, réprimé·es, nous, personnels de l’éducation, nous savons bien que les discours officiels du moment ne sont que des leurres sans lendemain.
C’est à nous d’affirmer notre dignité professionnelle, d’en finir avec le contrôle, la suspicion, le dénigrement et les injonctions hiérarchiques.
Face à la souffrance des personnels que Blanquer comme ses prédécesseurs n’ont cessé d’ignorer, face à la démagogie ministérielle, aux violences managériales, au #pasdevague, c’est à nous d’exiger une reconnaissance salariale et professionnelle, ainsi que des conditions de travail décentes : médecine du travail, protection sanitaire, etc.
En lutte, toujours, pour une école digne et émancipatrice
Nul besoin de consignes autoritaires : nous savons faire notre travail, nous le faisons tous les jours afin de construire une école pour toutes et pour tous, qui ne discrimine ni les élèves ni les personnels selon leurs convictions.
Contre l’ingurgitation d’une pensée unique, contre la faussement consensuelle idéologie nationale et les fanatismes de tous bords, nous préférerons toujours une pédagogie de la pensée critique et contradictoire.
Si elle n’est pas universelle, démocratique et sociale, la République n’est qu’un mot creux : à nous de lutter pour cette République dans nos classes, dans nos établissements et dans la société.
* Blanquer dans son mail aux personnels du vendredi 30/10/2020.
Un préavis de grève illimitée a été déposé par Sud éducation pour permettre à tou·tes les collègues de se mobiliser dès le lundi 2 novembre et les jours suivants.
Le Collectif des travailleurs sans-papiers CGT des Mureaux et du 78 était dans les rues des Mureaux ce samedi matin 17 octobre avec la participation de membres de l’AG interprofessionnelle de la ville dont Solidaires 78, pourtant tardivement mis au courant.Le défilé déterminé d’une centaine de manifestant·es, parti des Halles d’Auchan, a traversé la ville au son et au rythme des percussions, scandant joyeusement de nombreux slogans pour la régularisation de tous et toutes, le logement, l’égalité des droits et la fermeture des CRA.
La plupart vêtu·es de chasubles orange au sigle de leur syndicat, avec chacun.e une lettre sur le torse formant de véritables banderoles humaines en marche, ont fait forte impression lors de leur passage sur l’avenue centrale Paul Doumer, menant à la gare puis bifurquant à la place de la mairie. Les interventions de leurs représentant·es décrivant leur galère et leur détermination, puis celles de Solidaires 78 et de l’UL CGT des Mureaux, étaient toutes scandées par le rythme d’un djembé, donnant ainsi plus de force et de combativité aux propos.
La dernière étape se déroula à la Poste du centre ville pour dénoncer les entraves et manquements inadmissibles de ce service public à leur égard, Puis une partie des participant·es prit le train pour rejoindre la manifestation -marche de convergence qui démarrait place de la République à Paris et qui fut un réel succès avec plus de 20 000 personnes extrêmement déterminées.
Le combat des sans-papiers est notre combat à tous et toutes et ne peut que gagner dans l’unité et la solidarité.
Nous étions rassemblé·es à Mantes, ce mercredi 21 octobre, pour témoigner de notre émotion suite à l’assassinat de notre collègue Samuel Paty à l’appel d’organisations syndicales et d’associations…
Mercredi 14 octobre la marche des sans-papiers venant du Nord-Ouest (Rennes) arrive à Versailles à 11h comme prévu ! C’est une de leurs dernières étapes avant la convergence prévue samedi 17 octobre 14h à République avec les autres marches venant du Sud et de l’Est. Ils et elles sont une bonne quarantaine en comptant les accompagnant·es.
Les associations actives sur cette cause dans le 78, notamment membres du Ramy (Réseau Accueil des Migrant·es en Yvelines), ont préparé l’accueil et la journée depuis des semaines. Solidaires 78 y a pris sa part activement. On peut regretter/s’étonner qu’il n’y en ait pas été de même pour les grandes organisations syndicales départementales pourtant signataires de l’appel national. Mais on ne peut que se réjouir de la présence de militant·es locaux ainsi que la participation de quelques Gilets Jaunes.
120 personnes participent au rassemblement devant la préfecture où de nombreuses prises de paroles, témoignages poignants de sans-papier·es sur leurs terribles conditions de vie, de travail, donnent le ton combatif et dynamique pour : la régularisation de tous et toutes les sans-papier·es, la fermeture des CRA (Centres de rétention administratifs), un logement pour tous et toutes… Et c’est parti pour la marche de 15 kms vers le CRA de Plaisir : une chouette manifestation dans Versailles !
Après un arrêt repas-pique-nique à 4 kms, formidablement organisé par les Voisins Solidaires de Versailles, les 70 restant·es prennent la route dans une ambiance de slogans, au son des tam-tam, djembés. Des jongleurs agrémentent l’ambiance festive et fraternelle du défilé, même pas troublé par la police qui encadre pour la circulation. Ca discute beaucoup, on fait connaissance, la marche délie les langues… Une petite pause goûter où un journaliste de TV78 en profite pour faire un reportage. Enfin à 18h on arrive comme prévu au CRA où d’autres personnes solidaires et non marcheuses sont présentes. Les slogans de solidarité fusent vers les “résidents” du CRA qui apprécient, applaudissent derrière les barreaux des fenêtres. Après d’autres interventions au micro, il est temps d’aller prendre le repas du soir puis d’aller dormir dans un centre pour certains, chez des militant·es pour d’autres dans plusieurs villes du 78.
Un repos bien mérité pour la dernière étape dans le 92 vers Malakoff où il a fallu néanmoins marcher un moment sur les trottoirs sur ordre de la préfecture ! Tout cela pour savourer l’exceptionnelle convergence des 3 marches samedi 17 octobre à 14h sur la place de la République à Paris ! Le trajet prévu vers Concorde (pour aller à l’Elysée!) avait été refusé par la préfecture, mais ce sont près de 20 000 manifestant·es qui ont magnifiquement montré jusqu’à Trinité, que le mot solidarité est une réalité de plus en plus palpable avec laquelle ce gouvernement devra forcément compter face à sa funeste et intraitable politique envers le sans-papier·es.
Fabienne
Revue de presse :
Mercredi 21 octobre 2020 à 12 h devant la mairie de Mantes la Jolie
Ce vendredi 16 octobre à Conflans-Sainte-Honorine, Samuel Paty a été assassiné devant le collège où il enseignait l’histoire et la géographie.
Victime d’un attentat perpétré au nom d’une conception dévoyée de l’Islam, il était depuis plusieurs jours la cible d’une vindicte publique. Pourquoi cette vindicte ?
Parce qu’il avait montré des caricatures de Mahomet dans l’une de ses classes où il étudiait avec ses élèves la liberté d’expression.
Comme tout enseignant, il cherchait ainsi à préparer des jeunes à l’exercice de l’esprit critique, condition essentielle à une pleine citoyenneté.
Nous nous rassemblons pour dire des choses simples et importantes :
– Que nous pensons à Samuel Paty ainsi qu’à ses proches endeuillés.
– Que les enseignants doivent être soutenus dans l’exercice de leur métier.
– Que nous sommes attachés à la liberté d’expression et que nous refusons les logiques extrémistes et obscurantistes.
– Que nous sommes attachés à la laïcité, qui garantit la liberté de conscience.
– Que ça n’est pas par la haine que nous répondrons à la haine qui a coûté la vie à Samuel Paty mais par la promotion de la liberté, de l’égalité et de la
fraternité.
C’est avec effroi et colère que nous avons appris l’assassinat de notre collègue de Conflans le vendredi 16 octobre.
Nos premières pensées vont bien évidemment à sa famille, à ses proches et à celles et ceux qui le côtoyaient au quotidien dans son établissement.
En tant qu’organisation syndicale, nous témoignerons de notre tristesse et de notre solidarité en toute occasion, dans les jours qui viennent et selon les modalités que la famille et les personnels auront retenues.
Syndicalistes et pédagogues, nous luttons quotidiennement pour une école émancipatrice et pour une pédagogie critique. Nous continuerons d’enseigner et de travailler au sein des différents services de l’Éducation nationale en rappelant cette exigence démocratique.
Parce que nous savons que l’éducation, le partage du savoir et l’esprit critique sont leur cible, nous combattrons sans relâche ces idéologies meurtrières et rétrogrades qui conduisent à de telles violences tout comme nous condamnerons toutes les généralisations, stigmatisations et récupérations réactionnaires de ce drame, d’où qu’elles viennent.
Sud éducation 78 et l’Union syndicale Solidaires 78 appellent au rassemblement de cet après midi à 15 h à Conflans devant le collège du Bois d’Aulne
Sud éducation 78 – Solidaires 78
Un enseignant d’un collège des Yvelines a été décapité en fin d’après-midi, ce vendredi 16 octobre. D’après une publication revendiquant l’attentat sur les réseaux sociaux, l’assassinat ferait suite à un cours de l’enseignant sur la liberté d’expression, utilisant les caricatures de Mahomet faites dans Charlie Hebdo.
SUD éducation exprime son horreur face à cet assassinat et adresse ses pensées à ses proches, ses collègues, ses élèves, sa famille. La douleur de perdre un proche, un professeur, un collègue est insupportable, particulièrement dans de telles conditions.
Les enseignant-e-s doivent pouvoir aborder les différents sujets du programme en classe en utilisant les supports pédagogiques qui leur paraissent pertinents sans avoir à craindre des représailles, sans même parler des menaces sur leurs vies. À ce titre, l’ensemble des enseignant-e-s se montrent solidaires des proches de notre collègue, de sa famille, de ses élèves, de ses collègues.
Attention, il ne s’agit pas d’une fiche juridique, mais uniquement d’une lettre d’info mensuelle adressée aux 300 jeunes qui ont rejoint le groupe des jeunes du RESF 78 depuis 2013 en remplacement des réunions et compte-rendu qui avaient lieu avant le covid…
Ces infos sont donc utilisables uniquement dans les YVELINES, et peuvent à tout moment changer.
Le numéro de téléphone du RESF 78 est le 06 16 55 95 60
Situation sanitaire difficile
Des réunions sont prévues uniquement pour les jeunes qui n’ont pas encore commencé leurs démarches vers la préfecture. Ces réunions ne peuvent pas être ouvertes à tous. C’est dommage…
Une première réunion a eu lieu le 3 octobre ; seuls les jeunes qui devaient demander dès maintenant un rdv pour déposer leur premier dossier ont été invités. Il en sera de même en décembre. Nous indiquer dès maintenant si vous souhaitez recevoir une invitation pour la réunion de décembre.
Ceux dont le titre de séjour ou le récépissé avait une fin de validité entre le 16 mars et le 15 juin, ont été prolongé de 6 mois. Mais ATTENTION aucune autre prolongation n’est prévue.
les bonnes nouvelles
Heureusement il y a beaucoup de bonnes nouvelles
Des anciens qui sont devenus français, des premiers titres de séjour qui ont été reçus, des renouvellements ou changement de statut qui se sont bien passés,…
Une jeune qui avait reçu un refus avec une OQTF (obligation de quitter le territoire) a récupéré son récépissé suite à notre intervention.
La préfecture est toujours fermée, sûrement pour encore longtemps…. Ne peuvent entrer que ceux qui ont une convocation.
Pour obtenir un rendez-vous pour déposer une première demande de titre de séjour
Nés en 2002 ou début 2003, vivant en “famille”, si vous êtes scolarisés depuis assez longtemps, vous pouvez dès maintenant demander un rendez-vous pour déposer votre dossier. Actuellement les rdv sont pour le mois de novembre. NOUS DEMANDER DES CONSEILS…
pour renouveler son récépissé
Comme on ne peut toujours pas entrer dans la préfecture sans convocation, il faut demander un rendez-vous. Voilà le lien : https://contacts-demarches.interieur.gouv.fr/etrangers/renouvellement-recepisse/
S’y prendre, plusieurs semaines à l’avance.
pour renouveler son titre de séjour
pas de changement ; prendre rendez-vous 4 mois avant la fin de validité de sa carte pour pouvoir déposer son dossier juste avant la fin de validité
Voilà le lien : http://www.yvelines.gouv.fr/booking/create/6342
problème : il y a trop peu de proposition de date à choisir. Conclusion, quand chaque semaine ils rajoutent une semaines, toutes les dates sont prises en moins de 24 heures. Actuellement les rendez-vous sont pour fin janvier.
pour récupérer son titre de séjour
vous recevrez un SMS qui vous indiquera que votre carte est prête.
Suivre les instructions.
Si elle est à Versailles, il faudra alors aller sur le site de la préfecture pour choisir la date et l’heure pour aller la récupérer . Voilà le lien : http://www.yvelines.gouv.fr/booking/create/22101
problème : de nombreux jeunes ont un récépissé entre les mains et attendent depuis plus de 2 mois de recevoir le SMS. En général, ces jeunes devaient envoyer des documents complémentaires qui manquaient le jour du rendez-vous. Ce qu’ils ont fait très rapidement.
pour payer, c’est toujours en timbres fiscaux à acheter
ou en ligne : http://timbres.impots.gouv.fr/
ou dans un bureau de tabac
Pour un titre étudiant, c’est 75 euros ( 25 euros pour la fabrication de la carte + 50 euros de taxes)
Pour les autres titres de séjour, c’est 225 euros (25 euros pour la fabrication de la carte + 200 euros de taxes)
et pour les premiers titres, il faut rajouter le prix du visa de régularisation (200 euros dont 50 euros payés lors du dépôt de dossier)
pour demander un changement de statut
Vous avez un titre de séjour “étudiant”, vous avez obtenu votre diplôme en juin et vous souhaitez arrêter vos études et rentrer dans la vie active. Le métier que vous allez commencer doit correspondre à votre formation que vous venez de finir.
– demander un rendez-vous à la préfecture comme pour un renouvellement
– lors du rendez-vous, apporter : votre scolarité (bulletins scolaires 2019-2020 + réussite à l’examen), et pour le changement de statut ( contrat de travail, de préférence un CDI et le cerfa employeur (numéro 15186-03) qui s’engage à payer la taxe).
avoir le droit au travail à titre accessoire, c’est, pouvoir travailler 964 heures pendant l’année de validité de sa carte. Cela correspond par exemple : à travailler toutes les semaines de l’année pendant 21h (on peut même signer un CDD ou un CDI à temps partiel) ou à travailler tous les week-end et toutes les vacances.
pour les jeunes isolés pris en charge par l’ASE
pas de changement, il faut demander directement un rdv pour déposer son dossier 3 mois avant ses 18 ans à pref-ase@yvelines.gouv.fr
ATTENTION : il est nécessaire de pouvoir prouver son identité : acte de naissance (avec jugement supplétif…) + passeport (ou récépissé de demande, ou attestation de non délivrance,…). Et avoir commencer sa formation.
N’oubliez pas de demander à l’ASE un accueil provisoire jeune majeur – APJM. Il s’agit de poursuivre votre prise en charge à votre majorité pour vous aider à devenir autonome (recherche d’un logement, obtention d’un titre de séjour,…). Cela se demande par écrit 2 à 3 mois avant vos 18 ans.
et pour finir, conseils habituels pour tous :
ÉVITER LES FAUX
ne pas déménager hors des Yvelines
une question qui revient souvent : c’est quoi le numéro AGDREF demandé pour les démarches sur internet ? il s’agit de ce que l’on appelle aussi le numéro d’étranger. En général, il commence par 78031….. écrit en haut à droite des récépissés ou sur le côté des cartes.
Ce 8 octobre, comme chaque 8 de l’année, les militant·es féministes étaient dans la rue. A Mantes, le collectif FFRRAC appelait à un rassemblement avec prises de parole devant la mairie.
A cette occasion, plusieurs prises de parole ont mis en lumière la nécessite d’une mobilisation quotidienne contre le sexisme…
Voilé ou dévoilé le corps des femmes toujours coupable ?
La tenue des femmes reste une obsession française inépuisable,
Petit rappel de la loi du 17/11/1800 : « toute femme désirant s’habiller en homme doit se présenter à la préfecture de police pour en obtenir l’autorisation », loi modifiée en 1909 autorisant les femmes à porter le pantalon si elles tenaient par la main un guidon de bicyclette ou les rênes d’un cheval…
Durant l’été d’aucun, d’aucune, pérore sur les birkinis, fin août une femme se voit refuser l’entrée au musée d’Orsay sous prétexte que son décolleté est trop plongeant, et en septembre durant cette rentrée des classes pour le moins inhabituelle, une lycéenne se fait renvoyer du lycée car sa tenue n’est pas « correcte ». Des lycéennes décident de résister -rendons hommage à leur inventivité et leur courage car elles sont très jeunes- en débridant leurs tenues, en s’habillant de façon provocante selon le regard « masculin » de notre société.
Le Ministre de l’Éducation, à la tête de ce grand ministère qui est censé éduquer, protéger, empêcher la violence, prôner l’égalité des filles et des garçons somme les lycéennes de s’habiller normalement pour que tout se passe bien… sinon quoi ? sinon les hormones des garçons vont s’emballer et gare à vous… vous ne viendrez pas vous plaindre, et c’est ainsi qu’une fois de plus la culture du viol est lentement mais surement distillée au sein de la société…et que le ministre justifie en quelque sorte cette violence…
La formule du ministre de l’éducation nationale équivaut à limiter la liberté vestimentaire des jeunes filles dans un geste inégalitaire, puisque ces polémiques ne visent que les jeunes filles. La récurrence des controverses à propos du vêtement féminin n’en finira jamais. Trop courte, la minijupe fait problème, trop longue aussi, car elle serait devenue un signe religieux ostentatoire. On s’inquiétait il y a peu de temps des risques sociaux de la mode non genrée…
Cette offensive relève d’une logique patriarcale bien ancrée : garder un œil sur les corps des filles, les protéger de la libido intrinsèquement débordante des garçons ; les protéger des insultes sexistes que, forcément, elles provoquent un peu avec leur soutien-gorge trop visible, ou, pire encore, leur absence de soutien-gorge.
Une offensive qui relève d’un vieux système qui vise tantôt à nous couvrir, tantôt à nous découvrir, toujours nous contrôler, de la plage au musée, de la piscine à l’école, de la rue au travail.
Dans le même temps nous vivons, faut-il encore le rappeler, dans un monde où le corps des femmes reste un bon vieux levier marketing, la publicité sexiste continue d’inonder les écrans les rues et les magasins, la représentation des femmes en publicité a encore du chemin à faire. Sexisme banalisé, femme objet, hyper-sexualisation, injonctions et biais culturels… la liste est longue et s’accompagne encore d’images et de messages subliminaux dégradants.
Ces jeunes lycéennes décident de résister à des règlements vestimentaires glosant sur la longueur des jupes, des shorts, des crop-tops, sur la profondeur des décolletés et la largeur des bretelles de débardeurs pour manifester leur liberté de s’habiller comme elles le veulent, pour briser l’idée qui voudrait qu’une femme qui se vêtit doive le faire dans le respect des cadres qui cloisonnent le corps féminin dans la sexualisation pour dire qu’une partie du corps dénudé n’a pas vocation à exciter les passants pour répéter encore et toujours qu’une tenue stricte respectable de bon sens ou condamnable n’est pas la source du viol pour dire stop aux injonctions contradictoires quant à savoir si les jupes des filles sont assez ou trop courtes si elles sont assez couvertes ou trop couvertes…
Et maintenant revenons à la norme, qu’est-ce que la norme si ce n’est le produit d’un rapport de forces au service de ceux qui peuvent en tirer avantage. Des normes vestimentaires, corporelles, sexuelles, familiales, sociales, politiques, raciales ou religieuses ? Interrogeons ces normes, déconstruisons et détricotons-les sans cesse et n’oublions pas qu’elles ne viennent pas de nulle part, elles ont une histoire et des finalités, notamment celle de la domination.
Et enfin dans une rentrée que tout le monde qualifie de « hors norme », dans un monde très peu normal où l’on navigue à vue, où les forêts brulent, les maisons et leurs habitants sont emportés dans des coulées de boue, qu’est ce qui est normal ? le climat est il normal. Le chômage est-il normal ? la pauvreté est-elle normale, le traitement réservé aux migrants est-il normal ?
Foutez la paix à nos corps à nos tenues à nos désirs et à nos plaisirs, nous nous en chargeons seules comme on se charge un paquet de trucs dans la vie que nous faisons seules.
Résistons contre le retour de l’ordre moral
Et si nos désirs font désordres, alors soyons le désordre !
Femmage à Gisèle Halimi 8 Octobre 2020 – FFFRAC
A notre dernier rassemblement nous avions passé assez vite sur les apports essentiels de Gisèle Halimi, cette grande avocate et formidable militante féministe décédée le 28 juillet 2020 à 93 ans.
Beaucoup de ses livres personnels, historiques, romancés ou politiques, en attestent, car elle avait aussi la passion de l’écriture. Le meilleur femmage (elle aurait aimé ce nouveau mot!) serait donc de la lire !
Féministe depuis son enfance difficile en Tunisie, elle fit bien sûr avancer considérablement le combat pour le droit à l’avortement en défendant les femmes lorsque celui-ci était encore interdit avant 1975. Ainsi le procès de Bobigny gagné pour la jeune Marie-Claire (qui avait avorté après un viol) fut une étape essentielle pour le mouvement des femmes.
Mais aussi le combat sur la question du viol, marqué par sa très longue défense des 2 jeunes femmes lesbiennes violées à Marseille sur une plage en 1974 et dont le procès à Aix en Provence fut gagné en 1978 avec la reconnaissance du viol comme crime passible des assises.
Elle fit aussi avancer la cause homosexuelle.
Gisèle Halimi, qui créa en 1971 le mouvement Choisir-la cause des femmes- avec Simone de Beauvoir, fut aussi farouchement anticolonialiste et antiraciste : elle défendit des militants algériens pendant la guerre d’Algérie, notamment Djamila Boupacha, torturée et violée, qui échappa à la peine de mort en 1962.(voir le livre de G.H)
Gisèle Halimi liait toujours ses plaidoiries aux mouvements de lutte de libération dont elle était partie prenante.
C’est ce qui la différencie à mes yeux de Simone Veil.
Et les hommages officiels et convenus, le projet de sa panthéonisation, l’auraient certainement fait sourire ou irritée.
J‘avais justement envie de vous faire partager cette réflexion d’une écrivaine à propos d’une autre écrivaine féministe actuelle, Alice Coffin qui ne mâche pas ses mots !
« Il faut dire qu’un sacré travail d’adoucissement et d’invisibilisation a été mené, au fil des décennies, pour rendre les rares militantes féministes célèbres compatibles avec la tiédeur des positions féministes républicaines françaises.
Dans La Cause des femmes, le temps des malentendus, Gisèle Halimi écrivait « l’humanisme, qui a phagocyté la femme sous le prétexte de la fondre dans l’individu — masculin — constitue le piège le plus redoutable de nos démocraties modernes ».
Le jour de sa mort, Emmanuel Macron a osé lui rendre « hommage » en la qualifiant de « républicaine passionnée » pour qui « le féminisme était un humanisme ».
L’avocate féministe s’attaquait pourtant à tout : « Notre numéro de Sécurité sociale commence par le chiffre 2. Celui des hommes par le chiffre 1. Ce n’est évidemment pas un hasard. Nous restons reléguées au second rang, inessentielles derrière les essentiels ».
Des mots qui, s’ils étaient balancés sur un réseau social par une militante moins connue, seraient moqués et tronqués. Relégués au rang des « combats inutiles » des femmes idiotes qui n’auraient rien compris à la hiérarchie des combats.
« Personne n’est plus arrogant envers les femmes, plus agressif ou méprisant, qu’un homme inquiet pour sa virilité », écrivait aussi Simone De Beauvoir, que les hommes de pouvoir (pas tous, bien sûr) aiment encore à citer comme monument de respectabilité et de nuance. Intouchable.
Pendant ce temps, Alice Coffin est une « identitaire », une femme à craindre, un épouvantail lesbien brandi pour décrédibiliser un discours qui dépeint pourtant des réalités.
Pour conclure en forme de boutade :
Alors plutôt qu’un Dupont-Moretti, arrogant et machiste, on se dit qu’une Gisèle Halimi aurait été formidable comme ministre de la justice !
Mais elle ne cherchait ni les honneurs ni la gloire, elle faisait son boulot et ses tâches de militante pour l’avancée de tous les droits dont ceux des femmes.
Un de ses livres porte le magnifique titre Ne vous résignez jamais !
Comme nous aujourd’hui, encore et ici à Mantes la Jolie.
Fabienne