Une classe en lutte dans les Yvelines !
Petit tour d’horizon des mobilisations sociales dans le département… Liste forcément non-exhaustive, n’hésitez pas à nous transmettre vos infos à contact@solidaires78.org
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Alors que le mouvement “Parents vigilants” gagne du terrain et met la pression sur le corps enseignant, l’équipe du “Grand JT de l’Éducation” s’interroge sur les ambitions de l’extrême-droite. Pourquoi ce parti rêve-t-il de faire école ? Pour en parler, Virginie Guilhaume reçoit en plateau Grégory Chambat, enseignant, militant à Solidaires – SUD Éducation 78, et auteur du livre Quand l’extrême droite rêve de faire école.
Les dernières annonces “Choc des savoirs” sont particulièrement inquiétantes : Gabriel Attal renonce à la visée émancipatrice de l’accès pour tous les élèves à un même enseignement en dessinant des voies de ségrégation scolaire avec les groupes de niveau ou les classes prépa-lycée, mais aussi en renforçant le poids des résultats dans le parcours scolaire des élèves. Le député d’extrême droite Roger Chudeau a reconnu dans ses annonces le programme pour l’éducation du Rassemblement national et s’en est félicité.
Non content de flatter l’électorat réactionnaire, contre les revendications des personnels de davantage de moyens pour réduire les inégalités scolaires et sociales, le ministre Attal poursuit “l’extrême droitisation” de sa politique éducative entamée à la rentrée avec l’interdiction des abayas en annonçant à présent l’expérimentation de l’uniforme à l’école.
Dans un guide à destination des collectivités territoriales volontaires, le ministère de l’Éducation nationale a donné les contours de l’expérimentation de l’uniforme à l’école, au collège et au lycée. Les collectivités volontaires devront fournir un trousseau aux élèves (polos, pull, pantalon) d’une valeur de 200 euros avec un appui financier du ministère.
SUD éducation dénonce cette mesure réactionnaire : pour améliorer le climat scolaire et combattre les inégalités, le service public d’éducation a besoin de moyens. Plutôt que d’uniformiser les tenues des élèves, le ministère de l’Éducation nationale devrait au contraire s’assurer que les droits des élèves sont respectés, que toutes et tous ont un toit, bénéficient de repas chauds au quotidien et ont accès aux soins médicaux nécessaires.L’argent public doit être utilisé pour lutter contre les inégalités sociales et pour la reconversion écologique du bâti scolaire, pas pour caporaliser les élèves. À nouveau, le ministre fait preuve de populisme dans des réponses toutes faites qui passent à côté des besoins des élèves et des personnels, à commencer par baisser le nombre d’élèves par classe.
Derrière les annonces sur l’uniforme ou la défense de l’autorité des professeurs, le ministre continue à supprimer des postes. Pour défendre l’autorité des professeurs ou sortir du “Pas de vague”, les personnels n’ont pas besoin de grands discours ministériels mais de vrais moyens pour améliorer leurs conditions de travail. Le ministre Gabriel Attal fait peser sur les élèves en difficultés et leurs familles la responsabilité de la dégradation des conditions de travail des personnels qui incombe pourtant à son propre ministère.
SUD éducation est particulièrement inquiet de la place grandissante du discours de la l’extrême droite dans le débat public sur l’école. Le Rassemblement national mise sur son discours sur l’école pour progresser dans l’opinion publique en faisant porter la responsabilité de la “baisse du niveau” sur les élèves racisé·es, les élèves en situation de handicap et les élèves en difficultés sociales.
SUD éducation entend s’opposer fermement à l’extrême droitisation de la politique éducative du ministère. Nous ne cesserons de rappeler, avec SUD éducation, la tâche qui incombe au service public d’éducation : celle de former, d’émanciper et de faire émerger chez les élèves un esprit critique.
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Le 5 décembre, le ministre Attal a adressé un courrier aux enseignant·es et a tenu une conférence de presse pour commenter les résultats de l’enquête Pisa et pour présenter les mesures du « choc des savoirs » destiné à « élever le niveau des élèves ».
À l’école comme au collège, les mesures de ce « choc des savoirs » ont la même logique : rendre les élèves scolairement fragiles responsables de leurs difficultés en multipliant les dispositifs destinés à les mettre de côté et à leur faire « rattraper le niveau » plutôt que de trouver des moyens pour les faire réussir avec les autres.
C’est cette logique inspirée d’une vision rétrograde de l’école qui conduit le ministre à remettre au goût du jour le redoublement forcé, dont l’efficacité est loin d’être démontrée mais dont les effets sur l’estime de soi n’ont plus besoin d’être documentés, ou à inventer un passage à la classe supérieure conditionné à la participation à des stages pendant les vacances.
Pour SUD éducation, c’est à l’École de tout mettre en œuvre pour améliorer les conditions d’études des élèves et lutter ainsi contre les inégalités sociales, qui pèsent très lourdement dans la réussite scolaire. La baisse du nombre d’élèves par classe en éducation prioritaire a commencé à porter ses fruits : il faut l’amplifier et à la généraliser afin que tou·tes les élèves puissent bénéficier de l’attention et de l’accompagnement qu’il leur faut.
Dans les écoles primaires, le ministre Attal souhaite en plus cadenasser davantage la liberté pédagogique en réécrivant les programmes avec des objectifs annuels renforcés et en contrôlant davantage l’utilisation des manuels. Si on peut se permettre d’espérer que la rénovation des programmes intègre enfin des objectifs d’apprentissage concernant notamment l’écologie ou l’éducation à la vie affective et sexuelle, le retour annoncé à des prescriptions annuelles va à l’encontre du respect du rythme des élèves.
SUD éducation suivra avec attention la réécriture des programmes pour veiller à ce que les enjeux du monde d’aujourd’hui ne soient pas une nouvelle fois escamotés.
Cette réécriture devrait par ailleurs mener à une nouvelle approche de l’enseignement des mathématiques, inspirée de la « méthode de Singapour », qui semble être devenue la nouvelle lubie du ministère et dont l’application risque donc de faire l’objet d’un contrôle tatillon par les inspecteurs et inspectrices les plus zélé·es.
La même volonté de normalisation des méthodes d’enseignement se retrouve dans l’annonce d’une labellisation des manuels scolaires, à commencer par les manuels de lecture de CP à la rentrée 2024. Cette labellisation doit s’accompagner d’investissements de l’État pour favoriser l’achat de manuels en CP et en CE1. Face à ce contrôle par l’État des manuels utilisés (et qui concernera d’ici 2026 tous les manuels du CP à la terminale !), SUD éducation rappelle son attachement à la liberté pédagogique : ce sont les enseignant·es qui sont les plus à même de choisir la méthode et les outils les plus adaptés à leurs élèves et à leur approche pédagogique.
À rebours des propositions ministérielles, pour améliorer les conditions d’études des élèves et lutter contre les inégalités sociales, SUD éducation revendique :
– une baisse des effectifs par classe ;
– un réseau d’aides spécialisées complet dans toutes les écoles et des médecins scolaires en nombre suffisant ;
– des moyens pour l’école inclusive ;
– une reconnaissance du métier d’AESH par la création d’un véritable statut.
Ce mardi 7 décembre, le ministre Attal annonçait le retour de la possibilité donnée aux équipes pédagogiques d’imposer le redoublement aux familles, par le biais de la publication d’un décret début 2024.
Il s’agit de revenir sur un décret publié en 2014 qui avait laissé le dernier mot aux familles. Le taux de redoublement restait à l’époque l’un des plus élevés d’Europe. Il était cependant en forte baisse depuis une décennie, les enseignant-es ayant fait l’expérience de son caractère insatisfaisant.
Depuis 2014, le redoublement a de fait continué à baisser : en 2022, 4,8 % des élèves sont, par exemple, entrés en 6e avec au moins un an de retard, contre 11,4 % en 2013, et plus de 17 % en 2005. Aujourd’hui, le redoublement est un choix des élèves et des familles, souvent pour consolider des acquis (en fin de CP par exemple) ou projet d’orientation (en fin de collège ou de lycée).
Pourtant, aujourd’hui, Attal décide de revenir sur cette décision, arguant de la baisse du niveau des élèves présentée dans le rapport PISA. Il s’agit ni plus ni moins d’une décision populiste, visant à flatter les instincts réactionnaires d’une partie de la population.
En effet, les études scientifiques, y compris au niveau international, ont un consensus important sur son caractère souvent néfaste pour l’estime de soi des élèves et les trajectoires scolaires des élèves concerné·es. Il reproduit fortement les inégalités sociales, le redoublement impactant plus fortement les élèves issu·es de classes sociales défavorisées. Par ailleurs, il ouvre la porte à une gestion disciplinaire de la difficulté scolaire, le redoublement étant perçu comme une sanction pour les élèves posant des problèmes en classe.
Gageons que les personnels, dans la lignée d’une évolution professionnelle sur le sujet s’étendant sur plusieurs décennies, ne s’empareront pas de la possibilité offerte par Gabriel Attal d’imposer le redoublement aux familles.
SUD éducation appelle les personnels à en débattre, et à adopter des motions collectives dans les établissements pour signifier leur refus du redoublement imposé aux familles.
SUD éducation revendique des mesures pour traiter la difficulté scolaire, non pour la sanctionner : il faut baisser le nombre d’élèves par classe, recruter et former davantage les personnels.
Bien que la lutte contre les violences faites aux femmes ait été proclamée grande cause des quinquennats d’Emmanuel Macron, les conclusions du rapport 2023 du Haut Conseil à l’Égalité Femme-Homme (HCEFH) soulignent un manque d’actions concrètes et la persistance d’une banalisation des violences faites aux femmes, y compris chez les jeunes générations, et un regain de stéréotypes sexistes chez les hommes de 25 – 34 ans.
Les chiffres concernant les violences faites aux femmes montrent l’étendue du combat à mener : ils sont insupportables.
• 1 femme sur 2 a déjà subi une violence sexuelle,
• pour 1 femme sur 6 le premier rapport est non consenti et non désiré,
• 16% des français·es ont subi une maltraitance sexuelle dans leur enfance,
• 75% des agressions islamophobes visent des femmes,
• 85% des personnes trans ont été agressées au cours de leur vie,
• 80% des femmes en situation de handicap ont été victimes de violences,
• 213 000 femmes sont victimes de violences physiques ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint chaque année
• 94 000 femmes sont victimes de viol ou tentative de viol chaque année.
Et les violences ne s’arrêtent pas à la porte de nos lieux de travail. Lorsqu’on leur pose la question, 1 femme sur 5 affirme avoir subi des violences sexistes et/ou sexuelles au travail. En réalité, au moins 30% ont subi ces violences au sens juridique du terme (enquête IFOP 2019 pour la fondation Jean Jaurès). Seules 5% d’entre elles portent plainte.
– Dans l’éducation nationale, ces violences font l’objet d’une omerta !
– Rappel des lois
– Quelques témoignages de violences sexistes et sexuelles au travail
– Au travail comme ailleurs, les violences se cumulent
– Impact et conséquence sur la santé des femmes
Le gouvernement s’obstine dans sa volonté de casser le lycée professionnel, en s’attaquant à la classe de terminale. Pour répondre au désastre issu des réformes successives qu’a subies le lycée professionnel, la ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels enfonce le clou avec une année de terminale présentée comme à la carte pour l’élève, mais qui est en réalité un dispositif pour masquer les difficultés que rencontre le lycée professionnel.
Le chaos en terminale
La transformation de l’année de terminale porte sur deux principaux aspects : Un calendrier décousu avec des épreuves d’examens dispersées pour les élèves : évaluations en CCF tout au long de l’année pour les langues vivantes, maths-sciences, arts appliqués, EPS, enseignement technologique et professionnel ; épreuves de français et d’histoire-géographie-éducation civique et économie-droit à la mi-mai ; épreuve de PSE et oral de “projet” (qui remplace le chef d’œuvre) en juin. à la mi-mai, le positionnement de l’élève sur un parcours parmi les deux proposés : six semaines de “stage” pour les élèves qui envisagent une insertion dans le monde du travail ou six semaines de cours d’enseignements généraux et professionnels et de compétences psychosociales.Ce parcours est censé permettre aux élèves qui souhaitent poursuivre leurs études d’acquérir les compétences nécessaires à la réussite dans l’enseignement supérieur, alors même que la réforme Blanquer a drastiquement réduit les heures d’enseignement général, technologique et professionnel, avec la mise en place du chef d’œuvre, de la co-intervention, de l’accompagnement personnalisé, de nouvelles disciplines pour lesquelles les collègues n’ont reçu qu’une faible formation.
Les conséquences
Cette transformation est lourde de conséquences pour les élèves et leurs enseignant·es.Elle contribue à la poursuite de la destruction du lycée professionnel et crée un clivage entre les élèves qui iront en stage et celles et ceux qui resteront au lycée : les premier·es seront confié·es à des entreprises pendant 6 semaines, entérinant ainsi l’abandon de la poursuite d’études pour intégrer un marché du travail davantage précaire.Au lieu de donner aux élèves des lycées professionnels de véritables moyens pour apprendre, le ministère envoie un signal négatif aux PLP en recyclant les épreuves anticipées, abandonnées en LGT, dont on sait les effets négatifs qu’elles ont eus sur l’assiduité des élèves.La scission de l’année de terminale en deux périodes ouvre la porte à l’annualisation du travail pour les PLP, que le ministère cherche à mettre en place depuis longtemps dans les lycées professionnels..
Nos revendications
SUD éducation revendique un lycée professionnel de qualité qui, associant enseignement professionnel et enseignement général, apporte aux élèves autonomie et esprit critique. Nous demandons :• l’abrogation de la réforme de l’enseignement professionnel et l’abandon de la transformation de l’année de terminale,• l’annulation de la modification du calendrier scolaire qui dégraderait les conditions de travail des élèves et des personnels,• un parcours scolaire décent pour les élèves,• une scolarité exclusivement sous statut scolaire des élèves de CAP et de bac pro,• le retour au bac pro 4 ans et l’ouverture de classes de CAP.Pour faire entendre notre refus de cette transformation inique, SUD éducation appelle l’ensemble des personnels à se mobiliser massivement par des assemblées générales, des rassemblements et des manifestations le mardi 12 décembre, journée de grève pour la défense des lycées professionnels.
Tout le dossier sur la casse des lycées professionnels, c’est par ici
https://www.sudeducation.org/lycee-pro-une-reforme-catastrophique/
A Paris, le 15 novembre 2023
Monsieur Gabriel Attal
Ministre de l’Éducation nationale et de la jeunesse,
110 rue de Grenelle
75007 PARIS
Objet : alerte sur les agissements de Parents Vigilants
Monsieur le Ministre,
Le samedi 4 novembre, l’association Parents Vigilants, créée par le parti Reconquête, a tenu un colloque au Sénat, à l’invitation de Stéphane Ravier, sénateur de ce parti. A cette occasion, les membres de cette association d’extrême droite ont fait état de leurs pratiques et ont rappelé leurs objectifs. Sans surprise, ils s’inscrivent dans la lignée des pratiques déjà connues et particulièrement inquiétantes.
Ainsi, Parents Vigilants a opté pour des pratiques dangereuses pour nos collègues. En général, ce sont les cours ou activités prévues par ces enseignant·es qui sont visées : sorties scolaires, contenus des cours, ateliers et conférences organisées dans les établissements. Les thématiques visées sont toujours les mêmes : la lutte contre les LGBTIphobies, les droits des personnes migrantes, l’éducation à la vie sexuelle et affective.
Le mode opératoire est également bien identifié. Une personnalité d’extrême-droite dénonce sur les réseaux sociaux tel cours ou telle activité, s’ensuit une campagne de harcèlement en ligne, allant parfois jusqu’à la publication du nom et de l’adresse d’enseignant·es visées, et parfois d’un rassemblement devant l’école ou l’établissement Face à la gravité des menaces, certains de nos collègues ont même dû bénéficier d’une protection policière. De plus, Parents Vigilants n’a pas caché son intention d’infiltrer les conseils d’école et les conseils d’administration des collèges et lycées ce qui leur permettra de toucher plus de parents pour diffuser leurs idées nauséabondes et dangereuses, mais aussi de tenter de contrôler les projets pédagogiques.
Nous tenons à vous faire part de notre plus vive inquiétude. Nous considérons que l’École, par son rôle émancipateur, est un rempart contre toutes les formes d’intolérances et de discriminations. Il est inacceptable que les activités et enseignements proposées dans les écoles et établissements fassent l’objet de la pression de la part des obscurantismes de tous bords, dont l’extrême droite, qui cherchent ainsi à imposer une vision réactionnaire et antirépublicaine de l’École. L’École publique, laïque et émancipatrice, celle qui fait grandir les élèves et éveille les consciences, celle où la liberté pédagogique est au service de l’émancipation, doit être défendue et protégée.
Les collègues et communautés éducatives visées sont plongées dans des situations intenables où la peur devient quotidienne, dans leur vie professionnelle comme dans leur vie privée. Les pratiques de Parents Vigilants (raids numériques, identités et coordonnées rendues publiques) ne sont pas nouvelles et nous savons qu’elles peuvent avoir une issue dramatique : elles nous font craindre un passage à l’acte dont serait victime un·e de nos collègues. Monsieur le Ministre, vous avez à plusieurs reprises exprimé votre volonté de défendre et protéger les personnels de l’Éducation nationale. Nous attendons de vous des paroles et des actes sans ambiguïtés face aux menaces que fait peser le collectif Parents Vigilants sur nos collègues et sur l’École.
Veuillez recevoir, Monsieur le Ministre, nos salutations respectueuses.
Le gouvernement s’obstine dans sa volonté de casser le lycée professionnel, en s’attaquant à la classe de terminale. Pour répondre au désastre issu des réformes successives qu’a subies le lycée professionnel, la ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels enfonce le clou avec une année de terminale présentée comme à la carte pour l’élève, mais qui est en réalité un dispositif pour masquer les difficultés que rencontre le lycée professionnel.
Une explosion d’actes antisémites
Depuis le 7 octobre, nous assistons en France et dans le monde à une multiplication terrifiante d’actes antisémites : inscriptions taguées, insultes, agressions et profanations. Le 20 octobre, à Paris, un homme a incendié la porte d’entrée d’un couple d’octogénaires sur laquelle était accrochée une mezouzah. Depuis, nombreuses sont les personnes juives en France à avoir retiré de leur porte ce symbole de protection.
Dans l’Éducation nationale, des parent·es d’élèves conseillent à leurs enfants de taire leur judéité et font part aux personnels de leur inquiétude que nos élèves de confession juive soient victimes de la haine antisémite au sein même de l’école. À l’université également, les étudiant·es juif·ves alertent sur une montée de l’antisémitisme, jusque dans les amphis, comme à Panthéon-Assas, où un enseignant a fait un salut nazi en cours et un autre a été suspendu pour avoir plaisanté sur les victimes du 7 octobre.
Regarder l’antisémitisme en face
Dans ce déferlement de haine et la cacophonie médiatique qui en résulte, avec son lot d’instrumentalisations et de récupérations, chacun·e croit connaître et reconnaître les coupables, direct·es ou indirect·es, mais personne ne regarde les victimes.
En tant qu’organisation antiraciste, ces actes nous révoltent et doivent nous révolter. Nous ne devons ni fermer les yeux ni minimiser leur gravité. L’antisémitisme en France n’est pas un phénomène nouveau ni marginal, il fait partie de l’histoire française depuis des siècles, il n’est pas apparu avec la création d’Israël.
Cette haine a ses principaux promoteurs à l’extrême-droite, mais il est naïf et dangereux de ne pas reconnaître qu’elle traverse toute la société, depuis des stéréotypes et des fantasmes conspirationnistes largement répandus, jusque dans des explosions de violence qui ne semblent jamais avoir de fin : la profanation du cimetière juif de Carpentras en 1990, la torture et le meurtre d’Ilan Halimi en 2006, le meurtre des trois élèves du collège Ozar Hatorah à Toulouse en 2012, la prise d’otages et l’exécution de quatre personnes juives à l’Hyper Cacher de Vincennes en 2015, les meurtres de Sarah Halimi en 2017 et de Mireille Knoll en 2018, etc.
L’antisémitisme prend aussi racine au plus haut sommet de l’État: caricatures antisémites contre Macron par Les Républicains lors de la présidentielle 2017, réhabilitation de Pétain et Maurras par Macron, de Barrès par un député LR, propos antisémites de la part de Darmanin dans un ouvrage. Ou encore Marine Le Pen qualifiant le macronisme comme un « attalisme », une « philosophie du déracinement », un « nomadisme ».
Notre solidarité légitime avec le peuple palestinien dans sa lutte pour sa décolonisation, notre lutte contre le racisme anti-Arabes et l’islamophobie, notre lutte anticapitaliste : aucun de ces engagements ne saurait justifier ou excuser de relayer et de propager des stéréotypes judéophobes, de sous-estimer le sentiment de peur et de solitude des personnes juives en France ces dernières semaines, ou encore de pratiquer le même type d’amalgames que nous combattons ailleurs.
Ainsi, l’injonction implicite ou explicite faite à l’ensemble des personnes juives à se désolidariser de la politique israélienne à chaque résurgence de la guerre israélo-palestinienne est une assignation identitaire du même ordre que celle qui vise les personnes musulmanes après chaque attentat islamiste. Une assignation que le gouvernement d’extrême-droite au pouvoir en Israël instrumentalise à son tour. Si la deuxième nous indigne ; la première doit nous indigner aussi.
La haine des personnes juives, des personnes musulmanes ou supposées musulmanes ont des mécanismes et des réalités communes, et d’autres qui leurs sont propres. Mais nous devons les considérer toutes les deux pour ce qu’elles sont : des idéologies racistes d’exclusion et de domination. Et c’est notre devoir de les combattre avec la même force.
Entrer en résistance
Pour cela, nous devons résister de toutes nos forces au projet de la droite et de l’extrême-droite qui consiste à isoler l’antisémitisme des autres racismes, voire à les opposer, et en définitive à diviser les opprimé·es pour mieux continuer leur oppression. Il faut non seulement dénoncer sans relâche les instrumentalisations, les amalgames et les récupérations, mais aussi démontrer notre solidarité pour toutes les victimes de racisme.
N’abandonnons pas l’initiative du terrain et de la rue aux organisations qui se revendiquent de « l’arc républicain », appellation totalement vide, d’autant plus quand elle prétend y inclure des partis d’extrême-droite héritiers de l’anti-dreyfusisme, du nazisme et du pétainisme.
Refusons toute complaisance ou indulgence envers tous propos et actes antisémites autour de nous, sur nos lieux de travail et dans les lieux de militantisme.
Nous exprimons notre solidarité et notre soutien aux personnes juives victimes de la haine antisémite.
Nous le redisons : l’antisémitisme est incompatible avec la lutte antiraciste et anticoloniale. Il est incompatible avec une paix juste et durable entre les Israélien·nes et les Palestinien·nes.