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Dans le privé et le public, un syndicalisme de lutte pour la transformation sociale

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Éducation En grève ! Précarité

Solidarité avec les grévistes AESH du 94 !

Les AESH du 94 sont en grève illimitée depuis le 10 janvier : elles ont besoin de notre soutien !

Nous sommes accompagnant-es d’élèves en situation de handicap (AESH).

Nous travaillons dans les classes d’écoles, collèges, lycées, pour aider les élèves en situation de handicap dans les apprentissages.

Nous serons en grève « illimitée » à partir du 10 janvier. Nous faisons souvent ce travail depuis plusieurs années, mais nous n’avons toujours pas un vrai salaire.
Nous nous voyons imposer des temps partiels de 21 heures rémunérés 728 euros par mois, soit sous le seuil de pauvreté.


(image Le Parisien)

Nous demandons “Un vrai statut, un vrai salaire et des recrutements”

Nous serons en grève « illimitée » à partir du 10 janvier car nous voulons obtenir enfin un vrai statut avec des droits et en finir avec la précarité. Nous sommes actuellement obligé-es d’attendre 6 ans pour avoir un CDI et continuer à toucher moins de 750 euros par mois. Nous sommes contraint-es, pour la plupart d’entre nous, d’enchainer plusieurs emplois pour survivre.

Cette situation de grande précarité a des conséquences pour les élèves. Il y a peu de volontaires pour occuper ces postes. Il manque de nombreux-ses AESH. Beaucoup démissionnent car ils-elles ne peuvent pas vivre décemment. En conséquence, des élèves en situation de handicap sont en souffrance car ils ne peuvent être accompagnés par un-e AESH voire parfois ne peuvent être accueillis en classe. Tous les élèves pâtissent de cette carence d’AESH.

Avec les PIAL, le temps d’accompagnement des élèves diminue

En cette rentrée scolaire, la Direction académique met en œuvre les PIAL (Pôles Inclusifs d’Accompagnement Localisé) voulus par le Ministre Blanquer.
Le Ministre de l’Education Nationale et ses représentants dans le département tentent de nous imposer une prise en charge simultanée de plusieurs élèves et/ou d’intervenir auprès d’élèves d’établissements différents, mettant en cause les cumuls d’activités (cantine, accueils, étude, …) qui nous sont vitaux pour augmenter le maigre salaire que nous verse l’Education nationale !

Ainsi, au lieu de concéder un vrai statut et un vrai salaire aux AESH, d’en recruter davantage pour répondre aux besoins des enfants, le gouvernement voudrait nous imposer une mobilité forcée et un nombre très important d’enfants à suivre (en diminuant pour tous leur temps d’accompagnement).

De surcroît, la Direction académique prévoit d’augmenter notre temps de travail à 22 heures, sans augmentation de salaire ! C’est inadmissible ! Qui peut accepter de travailler plus sans être rémunéré-e en conséquence ?
Pour 700 EUROS par mois : pas un élève de plus, pas une heure de plus, pas un établissement de plus !

Tant que les AESH n’auront pas un vrai statut et des conditions de salaire et de travail acceptables, la scolarisation des élèves en situation de handicap restera chaotique voire impossible. Le respect des droits des élèves en situation de handicap nécessite que l’Etat cesse de se dérober à ses obligations et fournisse enfin les moyens.

Nous n’acceptons pas cette situation !
Nous voulons être respecté-es.
Nous voulons que les droits des élèves en situation de handicap soient respectés.
Pour l’abandon des PIAL, pour obtenir un vrai salaire et un vrai statut !


Voilà pourquoi, avec nos syndicats FO, FSU, CGT et SUD, nous serons en grève à partir du 10 janvier. En comptant sur votre soutien et participation financière en abondant cette Caisse de solidarité !

Bien cordialement,

Le comité d’organisation de la grève des AESH du 94 avec les syndicats FO, FSU, CGT et SUD.

Voir en ligne : CAISSE DE SOLIDARITE POUR LES AESH DU 94 EN GREVE ILLIMITEE

P.-S.

Un article de presse sur la grève : https://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/val-de-marne-les-accompagnants-deleves-en-situation-de-handicap-demarrent-une-greve-illimitee-lundi-07-01-2022-QJGAFB6KVRG2REPMZY7CLLZALU.php

Dans les Yvelines aussi la mobilisation des AESH est bien réelle :

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antifascisme Défense de nos libertés Répression

Darmanin déteste la liberté de la presse ! Soutien à Nantes Révoltée

Gerald Darmanin a annoncé le 25 janvier engager une procédure de dissolution du collectif Nantes révoltée, média alternatif et engagé dans les luttes sociales et démocratiques sur la région nantaise.

Le ministre de l’intérieur s’en prend à Nantes Révolté au prétexte de bris de vitre sur une manifestation antifasciste relayée par le média à laquelle plusieurs organisations ont participé, dont Solidaires 44.

Alors qu’il devrait résolument s’attaquer à la violence fasciste qui gangrène le pays dans une campagne présidentielle où les thématiques racistes et xénophobes ont largement droit de cité, Darmanin s’en prend donc violemment à un média alternatif. On peut évidemment ne pas partager l’ensemble de sa ligne éditoriale mais en donnant la parole à des points de vue différents de ceux rapportés par les médias dominants, il est un acteur important de la vie démocratique locale. C’est à la liberté de la presse et d’opinion que le ministre s’attaque frontalement au grand plaisir des notables de droite. Les mêmes d’ailleurs s’en prennent au groupe antifasciste de la région lyonnaise (GALE) pour délit de “mauvaise opinion”. Faut-il craindre là aussi un risque de dissolution ?

L’Union syndicale Solidaires dénonce les propos inadmissibles du ministre
Darmanin et s’opposera résolument à la fermeture de Nantes Révoltée et de tous les médias alternatifs au motif d’une ligne et une pratique journalistique qui déplaisent aux puissants.

Au lieu de mettre en danger l’exercice réel de la démocratie par la dissolution d’un média, dissolution dont on peut craindre qu’elle en appelle d’autres, les autorités légales ont le devoir impérieux de s’attaquer au véritable venin contre la démocratie. L’extrême droite dont on rappelle qu’elle s’en prend quotidiennement et violemment à celles et ceux qui lui déplaisent à commencer par nos propres militant-es et nos locaux syndicaux.

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Internationalisme

Algérie, 30 ans après le coup d’État : le devoir de solidarité

Article extrait du site

Algeria-Watch

Informations sur la situation des droits humains en Algérie


François Gèze, 73 ans, éditeur, membre d’Algeria-Watch, Algeria-Watch, 15 janvier 2021

Quand est survenu le coup d’État du 11 janvier 1992, je n’avais découvert les réalités de l’Algérie et de son histoire que depuis quelques années. Ayant pris le relais de François Maspero à la tête de la maison qu’il avait fondée en 1959 (devenue La Découverte en 1982), j’avais fait la connaissance d’auteurs algériens prestigieux qu’il avait publiés, au premier rang desquels l’immense Mouloud Mammeri, qui m’a beaucoup appris sur les réalités algériennes. Puis, après avoir voyagé à plusieurs reprises en Algérie, j’ai eu le privilège de faire la connaissance d’Hocine Aït-Ahmed, qui m’a permis de l’accompagner lors de son mémorable retour d’exil dans son pays, en décembre 1989. Un moment inoubliable.

La même année, grâce à notre amie commune José Garçon, journaliste à Libération et très fine connaisseuse de l’Algérie, j’avais publié le livre d’Aït-Ahmed L’Affaire Mécili, en hommage à son compagnon de toujours Ali Mécili, assassiné en mai 1987 à Paris par un tueur de la Sécurité militaire (SM), la police politique algérienne. Aït-Ahmed y décortiquait le rôle central joué depuis l’indépendance par la SM au cœur du régime, instrument essentiel de contrôle de la population. Malgré les espoirs soulevés par l’« ouverture démocratique contrôlée » ayant suivi la terrible répression des émeutes populaires d’octobre 1988, je savais donc que les chefs de l’armée et de la SM étaient toujours en embuscade pour préserver leurs intérêts, devenus économiques autant que politiques, grâce au contrôle de filières de corruption leur rapportant chaque année des milliards de dollars. Aussi, le coup d’État annulant la victoire électorale du FIS n’était pour moi qu’une demi-surprise : les généraux avaient déjà, sept mois plus tôt, organisé un premier putsch pour se débarrasser du gouvernement des « réformateurs », qui entendaient en finir avec la corruption systémique ; cette fois, c’est d’abord parce qu’ils redoutaient l’appropriation par les islamistes de leurs réseaux d’enrichissement occulte que les généraux ont décidé d’empêcher leur arrivée au pouvoir.

En revanche, je n’imaginais pas que la violence répressive immédiatement déchaînée par les « janviéristes », emmenés par les généraux Khaled Nezzar, Larbi Belkheir, Mohammed Médiène, Mohammed Lamari et Smaïl Lamari, allait s’emballer au fil des mois au point de devenir, pendant des années, une terrible guerre contre la population, moyennant ce que nous appellerons plus tard une véritable « machine de mort ». Reste que, dès 1992, nous étions plusieurs, à Paris, à nous étonner du discours médiatique dominant, qui présentait l’interruption du processus électoral comme une initiative de militaires « républicains » et « laïques » pour sauver la démocratie menacée par la « barbarie islamiste ». Alors que, dans le même temps, des nouvelles de plus en plus alarmantes nous parvenaient sur les violations des droits humains perpétrées aussi bien par les « forces de sécurité » que par les groupes armés se réclamant de l’islam. C’est ce qui a conduit un petit groupe de journalistes et universitaires, français et algériens, réuni à l’initiative de José Garçon, à réaliser sous la signature de Reporters sans frontières l’ouvrage collectif Le Drame algérien. Un peuple en otage, que j’ai publié en juin 1994 (et qui a connu deux rééditions actualisées, en juin 1995 et juin 1996). Ce livre, qui reste une référence, soulevait déjà nombre d’interrogations sur les véritables commanditaires des crimes atroces revendiqués par les « groupes islamiques armés ».

C’est notamment ce travail qui m’a amené à rejoindre le combat d’Algeria-Watch, association créée en Allemagne en 1997 pour dénoncer les violations des droits humains en Algérie, quels qu’en soient les auteurs, militaires ou islamistes. Puis à publier les témoignages extrêmement forts de Nesroulah Yous (Qui a tué à Bentalha ? Algérie : chronique d’un massacre annoncé, 2000) et de Habib Souaïdia (La Sale Guerre. Le témoignage d’un ancien officier des forces spéciales de l’armée algérienne, 2001). L’ampleur de la désinformation mise en œuvre par les janviéristes pour masquer leurs crimes et leurs manipulations de la violence islamiste apparaîtra en pleine lumière lors du procès en diffamation intenté (et perdu) à Paris par le général Nezzar en juillet 2002 contre Habib Souaïdia (dont j’ai publié ensuite les minutes). Et plus encore avec le livre enquête de Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire, Françalgérie, crimes et mensonges d’États (2004), qui donne les clés pour comprendre l’ampleur symétrique des complicités politiques, économiques et médiatiques entre les « décideurs » français et leurs homologues algériens.

Parallèlement, grâce au travail opiniâtre de militants algériens des droits humains, au premier rang desquels les avocats feu Mahmoud Khelili, Mohamed Tahri et Rachid Mesli, ainsi que le médecin Salah-Eddine Sidhoum, nous avons pu, avec Algeria-Watch et d’autres ONG, organiser à Paris en novembre 2004 une session du Tribunal permanent des peuples sur « les violations des droits de l’homme en Algérie (1992-2004) » (dont les rapports font toujours référence). Et depuis lors, nous avons poursuivi patiemment notre action d’information, principalement grâce au site d’Algeria-Watch, dont l’audience est allée croissant au fil des années, en Algérie et ailleurs.

Bien sûr, je suis conscient du fait qu’un tel travail d’information ne pourra jamais, à lui seul, mettre un terme à des décennies d’oppression d’un régime d’autant plus puissant qu’il bénéficie du soutien indéfectible des États occidentaux, la France en tête. Mais je sais aussi qu’il peut, modestement, contribuer à nourrir la détermination de la seule force qui pourra obtenir l’accomplissement de cet objectif de démocratie et de liberté : le peuple algérien lui-même. La formidable mobilisation du Hirak, de 2019 à 2021, en a apporté la preuve. Dans le livre collectif Hirak en Algérie. L’invention d’un soulèvement (2020), nous avons ainsi rendu compte, non sans émotion, de la remarquable lucidité et de l’intelligence politique dont ont fait preuve les millions de manifestant.e.s, y compris celles et ceux nés après le coup d’État.

Trente ans après, ils et elles témoignent que l’espérance et le courage qui avaient permis à leurs aîné.e.s, il y a soixante ans, d’obtenir la libération de leur pays du joug colonial sont toujours bien présents. Une réalité qui ne peut que conforter le devoir de solidarité.

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Automobile

Des ressources humaines en voie de déshumanisation

Le 31 janvier 2022, la direction a présenté aux élus du CSE de Renault Guyancourt/Aubevoye un projet de réorganisation des Ressources Humaines France prévoyant l’externalisation d’une partie de ses activités.

Réunion extraordinaire du Comité Social et Economique de Renault Guyancourt/Aubevoye du 31 janvier 2022 : Evolution de la fonction ressources humaines France et du rattachement de ses activités au sein de la DRH France.

Déclaration SUD

Renault est en pleine transformation avec des dizaines de réorganisations en 2021. Nous devons changer de métier, parfois changer d’équipe, de méthodes de travail, nous former, être mobiles, être agiles, nous projeter dans l’avenir… Tout cela alors que le droit du travail est attaqué, que ce soit au niveau national par une successions de réformes entaillant à chaque fois davantage notre modèle social, ou au niveau de l’entreprise avec une succession d’accords de compétitivité qui remettent en cause de nombreux droits acquis par les salariés de Renault.

Et pour accompagner les salariés dans cette tempête, il ne reste que 8 personnes RH au TCR pour gérer 9760 salariés, soit environ 1 RH pour 1000 salariés.

Nous avons toujours les mêmes interrogations sur la transformation des compétences et les formations de reconversion. Où sont-elles ? Que sont devenus les RH de proximité mis en place par la direction ?

Encore des délocalisations et des externalisations d’activités

La direction veut « regrouper et standardiser les activités administratives et digitalisables dans des centres de services partagés qui seraient externalisés et gérés au niveau mondial ». Sont concernés les « services aux collaborateurs », le « recrutement externe » et dans un deuxième temps la « formation » et le « support aux équipes RH ».

Une trentaine de salariés RH vont être priés d’aller voir ailleurs. Elles « bénéficieraient d’un reclassement au sein du Groupe, ou si elles le souhaitent des mesures d’accompagnement existantes  », c’est-à-dire un départ de l’entreprise.

SUD demande quels sont les postes de reclassement proposés aux salariés RH qui perdent leur activité ?

Cette externalisation pose un problème de transfert des données personnelles des salariés à l’extérieur de l’entreprise, de standardisation des modes de management avec la disparition d’une façon de faire propre à Renault et à son histoire sociale. La gestion du personnel est désormais pilotée par les multinationales du secteur (Korn Ferry Hay Group…) dans une conception de plus en plus néo-libérale, une perte du lien avec les RH internes…

La digitalisation est le prétexte également à transférer la plupart des tâches administratives vers les salariés et leurs hiérarchiques qui ont à gérer davantage de salariés dans les UET.

Plus d’agence RH de proximité pour répondre aux besoins des salariés. Ceux-ci devront utiliser leur téléphone portable personnel pour interroger un robot, un chatbot ou un prestataire extérieur si possible délocalisé dans un pays lowcost !

Résultat, ce seront encore moins de vraies relations humaines et sociales dans l’entreprise. Les salariés sont de plus en plus utilisés comme des pions.

SUD appelle les salariés à refuser cette logique et à créer de vraies relations humaines à la base.


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En grève ! Énergie

EDF : le ras-le-bol des salariés face au « pillage de l’entreprise »

Un article du site Reporterre sur la situation à EDF

«On en a ras le bol de bosser comme des esclaves pour que des entreprises privées se fassent du pognon.» C’est ainsi que Philippe Page Le Mérour, président (CGT) du comité social et économique (CSE) central d’EDF, a résumé à Reporterre l’état d’esprit des salariés. Mercredi 26 janvier, à l’appel des quatre principaux syndicats du secteur — CGT, CFDT, FO et CFE–CGC, plus d’un tiers des salariés d’EDF (37,2%) étaient en grève, selon la direction. Des rassemblements sont prévus, notamment devant certaines centrales nucléaires du groupe, comme à Golfech (Tarn-et-Garonne) et Gravelines (Nord). Des baisses de production d’électricité sont possibles, de l’avis de l’ensemble des sources syndicales interrogées par l’AFP, mais elles ne devraient pas pénaliser les ménages et les entreprises. C’est dire si la décision du gouvernement de relever de 100 à 120 térawattheures (TWh) le volume d’électricité qu’EDF est obligé de vendre à bas coût à ses concurrents ne passe pas.

Ce relèvement provisoire du plafond de l’Arenh — pour «accès régulé à l’électricité nucléaire historique» — avait été annoncé par Barbara Pompili et Bruno Le Maire le 13 janvier dernier en complément de la baisse de la taxe sur l’électricité. Objectif, contenir à 4% l’envolée du prix du tarif réglementé de l’électricité, qui aurait pu atteindre 44,5% le 1er février selon la Commission de régulation de l’énergie (CRE). En compensation, la Commission européenne avait accordé à EDF qu’elle relève son prix fixe de vente pour l’Arenh de 42 à 46 euros par mégawattheure (€/MWh). Un montant à comparer aux quelque 222 euros que valait un mégawattheure sur le marché de gros de l’électricité en décembre 2021. EDF avait estimé que cette obligation gouvernementale allait lui faire perdre entre 7,7 et 8,4 milliards d’euros. «Nous sommes scandalisés que l’État organise le pillage de l’entreprise», avaient réagi les administrateurs salariés du groupe. La mesure tombait au plus mal, alors qu’EDF traverse déjà une zone de turbulences : problème de combustible sur l’EPR de Taishan en Chine, nouveau report de la mise en service de l’EPR de Flamanville (Manche), mise à l’arrêt prolongé de cinq réacteurs après la découverte de corrosions.

Lire aussi : EDF dans la tourmente

Les représentants du personnel d’EDF ont déclenché un droit d’alerte économique, ont-ils annoncé le 19 janvier. Une réunion entre le CSE et la direction est prévue le 4 février. «Une perte de 8 milliards d’euros signifie qu’il va y avoir des renoncements. Nous avons besoin de savoir lesquels : toucheront-ils les recrutements? L’entretien du parc nucléaire? Les investissements dans les énergies renouvelables? Nous allons poser toutes ces questions à la direction», explique M. Page Le Mérour. S’ils ne sont pas convaincus par les réponses apportées par la tête du groupe, les représentants du personnel pourront exiger une expertise comptable détaillée de la situation de l’entreprise.

Mais pour les salariés, le relèvement du plafond de l’Arenh n’est que l’arbre qui cache la jungle de l’ouverture à la concurrence du secteur de l’électricité en Europe. «Il faut renationaliser EDF, sortir du marché de l’électricité et abolir ce système concurrentiel qui a fait preuve de son inconsistance et de son inefficacité pour les usagers comme pour les salariés», clame le président du CSE central du groupe. «Nous dénonçons le marché de l’électricité», renchérit Anne Debregeas, ingénieure de recherche en économie et fonctionnement du système électrique et élue Sud Énergie à EDF.

Le marché européen en cause?

De quoi parlent-ils? En France, après 1946, toute la chaîne de production et de distribution de l’électricité était un service public assuré par EDF, entreprise d’État en situation de quasi-monopole. En 1996, l’Union européenne engagea l’ouverture à la concurrence du secteur de l’électricité avec la première directive du «paquet énergie». Trois piliers à ce texte : le libre choix du fournisseur pour les consommateurs, la liberté d’établissement pour les producteurs et le droit d’accès au réseau pour tous les utilisateurs. En France, la transposition de ce processus se fit par étapes : en 1999 pour les plus gros industriels, en 2004 pour tous les professionnels et les collectivités locales, en 2007 pour les particuliers. Plusieurs fournisseurs «alternatifs» d’électricité émergèrent : de grands électriciens comme Total ou Engie, mais aussi des start-up ou des groupes comme E.Leclerc. Ils sont une quarantaine aujourd’hui et fournissaient de l’électricité à 28,1% des particuliers fin septembre 2021 sur le marché résidentiel, selon la CRE [1]. Même si depuis le début de la crise des prix, plusieurs d’entre eux ont mis la clé sous la porte.

Selon Mme Debregeas, le système électrique, qui nécessite des investissements planifiés de très long terme et exige la coordination la plus fine des moyens de production pour équilibrer l’offre et la demande à chaque instant, ne se prête pas à la compétition entre acteurs. Ce processus de création d’un marché de manière artificielle aurait donc accouché d’un monstre : «Pour faire vivre une concurrence qui n’existait pas — de nombreux fournisseurs ne produisent pas d’électricité et disposent seulement d’un service commercial et d’un bureau de trading —, des dispositifs complètement ésotériques ont été inventés», déplore la chercheuse. Parmi ces mesures, l’Arenh, mis en place en 2010 par la loi Nome pour forcer EDF à partager sa rente nucléaire — EDF bénéficiant en effet d’un vaste parc nucléaire construit grâce à de l’argent public et amorti, qui la rend insurpassable par ses concurrents.

Autre aberration pour Mme Debregeas, les prix de gros sur le marché européen obéissent à une tarification dite au «coût marginal» [2], c’est-à-dire qu’ils «correspondent au prix du mégawattheure produit par la centrale la plus chère à un instant donné, généralement une centrale à gaz». En clair, le prix de l’électricité est indexé au prix du gaz, très volatile, et au prix de la tonne de CO2. Dans la situation d’un effondrement des prix de marché, cela peut conduire certains électriciens à vendre en dessous de leurs coûts de production, fragilisant ainsi leur situation financière et, par ricochet, leur capacité d’entretien du parc et leur capacité d’investissement. À l’inverse, dans la situation actuelle où le prix du gaz fossile et de la tonne de CO2 se mettent à flamber, c’est le prix de l’électricité en Europe qui s’embrase — «y compris dans un pays comme la France où le mix électrique est à 93% décarboné», regrette Mme Debregeas. Ainsi, la création du marché européen a rendu le prix de l’électricité extrêmement fluctuant… au grand dam des consommateurs et d’EDF.

Mécanique infernale

La réforme de 2015 du tarif réglementé de l’électricité [3] — le fameux «tarif bleu» de la majorité des particuliers inscrits à EDF —, en intégrant le prix du marché à son mode de calcul, a encore aggravé cette volatilité.

Le marché de l’électricité est un échec, insistent donc les syndicalistes. Il n’a pas tenu sa promesse de baisse des factures. «Au contraire, on a pris 50% d’augmentation du prix de l’électricité hors inflation depuis 2007, sans compter l’explosion de cette année. Des entreprises commencent à fermer parce qu’elles ne peuvent plus se payer le courant», dénonce Mme Debregeas. D’après Le Monde, 150 entreprises métallurgiques auraient coulé sans les mesures de contention des prix du gouvernement.

Il ne permet pas non plus de faire face ni aux besoins monumentaux de maintenance et de remise à niveau du parc nucléaire ni aux exigences de la transition énergétique. «RTE, dans ses scénarios, évalue le besoin en investissements pour la décarbonation de 20 à 25 milliards d’euros par an. Aujourd’hui, EDF en est à 12-13 milliards, illustre l’élue Sud Énergie. Il y a quelques années, les effectifs du centre de recherche ont été baissés au motif que les cours de l’électricité étaient bas et que les résultats du groupe étaient donc mauvais. Curieuse manière d’anticiper les besoins de recherche pour la transition!»

Par leur grève, salariés et syndicats d’EDF espèrent enrayer cette mécanique infernale. Mais M. Page Le Mérour se dit inquiet : «Maintenant que la boîte est dans le rouge, le gouvernement va sûrement nous ressortir du congélateur le projet Hercule de démantèlement d’EDF, en nous expliquant que c’est la solution pour faire face à ses difficultés financières.» Ce projet, qui consistait à scinder EDF en trois entités — une entreprise publique pour les centrales nucléaires, une autre cotée en Bourse pour la distribution d’électricité et les énergies renouvelables et une troisième pour les barrages hydroélectriques — avait été repoussé aux calendes grecques par le gouvernement en juillet 2021.

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antifascisme

VISA et ACRIMED : journée débats le 12 février sur les médias et l’extrême-droite

Acrimed et Visa (Vigilance et Initiatives Syndicales Antifascistes) s’associent pour une Journée publique d’information et de débats le 12 février autour des liaisons dangereuses entre médias et extrême droite. (Salle Olympe de Gouges, 15 Rue Merlin, 75011 Paris )   Après une entrée avec la fanfare invisible à 13h, la journée s’articulera autour de trois tables rondes (programme ci-dessous), suivies d’échanges avec le public. Un espace sera dédié aux tables de presse de collectifs, syndicats, médias indépendants et maisons d’édition

SAMEDI 12 FEVRIER

13h – Fanfare invisible

14h – Médias d’extrême droite, extrême droite dans les médias

  • Les usages des médias par les dirigeants du FN
  • Cartographie de la fachosphère, La Horde
  • La gauche, les médias & l’extrême droite dans les années 1930, Dominique Pinsolle

15h30 – 30 ans de banalisation médiatique de l’extrême droite

  • Les médias face à la menace fasciste, Ugo Palheta
  • Comment les préoccupations centrales de l’extrême droite sont-elles devenues légitimes dans le débat public ? Annie Collovald
  • Chaînes d’info : la prime à l’extrême droite, Samuel Gontier

17h – Quelle réaction des rédactions ?

Débat avec Acrimed, des journalistes et les syndicats de journalistes SNJ & SNJ-CGT

illustration
https://www.visa-isa.org/fr/node/146135
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Internationalisme Podcast

À écouter : La crise sanitaire a-t-elle relancé les syndicats aux Etats-Unis ?

Dans l’émission Les Enjeux internationaux (France culture), Donna Kesselman, professeure à l’université Paris Est-Créteil, sociologue du travail, spécialiste des droits sociaux aux États-Unis évoque la situation du syndicalisme aux États-Unis.

à écouter ici

Le syndicalisme américain sera soumis cette semaine à un nouveau test puisque les employés d’Amazon, plus précisément de l’entrepôt de Bessemer en Alabama (aux Etats-Unis les batailles syndicales se jouent lieu par lieu), sont appelés à voter pour un nouveau référendum interne. Oui on non, souhaitent-ils être représentés et défendus par un syndicat, en l’occurrence le RWSDU qui est à l’origine de la procédure…?

Le mouvement initié l’année dernière mais qui s’est d’abord soldé par un premier échec ne s’est pas déclaré vaincu. Il a fait tâche d’huile dans d’autres entrepôts comme celui de Staten Island dans l’Etat de New-York…

Quand par ailleurs, 38 millions d’Américains ont décidé l’année dernière de quitter leur emploi, chacun pour des raisons différentes mais pour beaucoup parce que la pandémie de Covid les avait fait réfléchir, quelles nouvelles armes ont les syndicats américains pour peser sur les salaires et les conditions de travail choisis par les employeurs ?

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Actu Solidaires 78 Pourquoi des prisons ?

2 février, Limay : rencontre autour du livre La peine de mort n’a jamais été abolie

Solidaires Yvelines organise avec la Librairie La Nouvelle Réserve et le journal l’Envolée une rencontre publique sur le thème “Des prisons, pour quoi faire ?” le mercredi 2 février à 19h à Limay.

Nous avons déjà expliqué les raisons qui nous poussent à nous opposer au projet de construction d’une nouvelle prison à Magnanville : http://solidaires78.org/2021/10/17/non-a-la-construction-de-nouvelles-prisons-a-magnanville-comme-partout-ailleurs/

Au-delà de notre opposition à ce projet, nous souhaitons plus largement que les habitants, les travailleurs, les syndicalistes de la région, puissent venir échanger avec des militants qui s’interrogent sur la place de la prison dans notre société et qui luttent contre l’ordre carcéral qui y règne.

Contre la prison de Magnanville, et contre toutes les autres.

Nous espérons vous voir nombreuses et nombreux pour construire ensemble un discours et des pratiques vers une société humaine et sans prison.

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Actu Solidaires 78 Automobile Dans les Yvelines, une classe en lutte... Éducation En grève !

Dans les Yvelines, une classe en lutte, épisode n° 25


Au sommaire : Mantois, Poissy…
Automobile, éducation, grève…


Petit tour d’horizon des mobilisations sociales dans le département… Liste forcément non-exhaustive, n’hésitez pas à nous transmettre vos infos à solidaires78@wanadoo.fr


Source : 78actu.fr

Victoire express des grévistes d’un sous-traitant de PSA-Poissy !

Source : Anti-K

Ils ont voté la grève à l’unanimité des présents ce vendredi 14 janvier, revendiquant la régularisation de leurs droits aux congés payés, le remboursement des cotisations de mutuelle injustement prélevés, le versement du treizième mois et une augmentation de 150€ pour tous. Après seulement 3 jours de grève, les salariés d’ISS, un sous-traitant sur le site de PSA-Poissy, ont obtenu leurs revendications face à une direction qui jusqu’ici niaient une bonne partie de leurs droits.

Comme le rapporte le journal de Lutte Ouvrière, les 16 ouvriers de l’entreprise, tous nettoyeurs de cabine, avaient pris l’habitude de se réunir pour échanger sur leurs difficultés et les manquements de leur direction. Ils avaient notamment remarqué que leur employeur leur prélevait une cotisation pour une mutuelle qui disait ne rien savoir d’ISS et refusait donc de rembourser les médicaments des salariés, cotisation dont les salariés demandaient donc le remboursement. Et alors que, depuis plusieurs mois déjà, ils exigeaient une revalorisation de leurs salaires, bloqués depuis des années, ils se sont aperçus début janvier que certains d’entre eux n’avaient pas reçu leur treizième mois, alors que d’autres s’étaient vu verser une simple « prime de gratification » à la place.

C’est pour mettre un terme à ce mépris de leur direction que les salariés, réunis en assemblée générale vendredi dernier, ont voté la grève à l’unanimité. Ils ont fait valoir leurs revendications, notamment lors de marches organisées dans l’usine, et ont suscité le soutien des salariés des autres boîtes de PSA-Poissy qui partagent la revendication d’une augmentation de salaire. En réaction, l’employeur ISS a d’abord essayé de faire venir des salariés du site de PSA-Sochaux pour remplacer les grévistes à Poissy et espérait ainsi casser la grève, mais les salariés de Sochaux ont refusé et menacé d’étendre la grève à leur propre site. La direction a ensuite cherché à diviser les grévistes en proposant de négocier avec chacun des salariés en grève un part un, piège dans lequel ne sont pas tombés les grévistes, qui ont imposé à la direction de discuter avec l’ensemble des grévistes réunis dans la même pièce. La grève n’a duré que trois jours mais ils ont obtenu une victoire complète, toutes leurs revendications ont été satisfaites, y compris une augmentation de salaire de 100€ sur les 150€ qu’ils demandaient, ainsi que le 13e mois et des primes paniers.




Cette victoire express est une illustration de la force de la grève comme méthode pour imposer nos revendications. Un exemple important qu’il s’agit d’élargir aux nombreux autres secteurs où les travailleurs voient leurs conditions de travail attaquées, voir sont menacés de licenciements. C’est dans ce sens-là que nous appelons tous ses secteurs à s’organiser pour imposer une réponse d’ensemble aux offensives patronales, à commencer par rejoindre l’appel à la grève du 27 janvier comme point de départ pour faire reculer les attaques du gouvernement et du patronat sur les services publics et les salaires, et imposer des conditions de travail dignes !


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