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Dans le privé et le public, un syndicalisme de lutte pour la transformation sociale

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Finances publiques

Des mesures fiscales qui augmentent le revenu des ménages les plus aisés : le ruissellement n’est pas pour maintenant !

L’INSEE vient de publier l’édition 2022 du portrait social de la France. L’un des dossiers est consacré à l’impact des réformes socio-fiscales de 2020 et 2021 sur le revenu disponible et le niveau de vie des ménages en 2021.

Ces réformes se composent de mesures pérennes : baisse de l’impôt sur les revenus de 2020, poursuite de la suppression de la taxe d’habitation en 2020 et 2021, revalorisation du minimum vieillesse et de l’allocation supplémentaire d’invalidité, extension de la garantie jeunes en 2021, sous-indexation de certaines prestations par rapport à l’inflation en 2020 ; et de mesures exceptionnelles comme les aides ponctuelles, le chèque complémentaire de 100 euros ou encore l’indemnité inflation de 100 euros et la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat dite « prime Macron ».

Si les mesures sociales et fiscales augmentent de 1,1 % le niveau de vie des personnes en France métropolitaine, il est cependant constaté, sans surprises, qu’elles profitent à la moitié la plus aisée de la population.

Ce sont les mesures exceptionnelles qui touchent majoritairement les plus modestes. Les mesures pérennes comme la réforme de la taxe d’habitation, d’abord dégrevée puis supprimée en 2023, et la baisse des taux applicables aux tranches de l’impôt sur le revenu, accroissent majoritairement le pouvoir d’achat des foyers les plus imposables à l’impôt sur le revenu. Ces inégalités se traduisent par une augmentation du niveau de vie allant jusqu’à 470 euros annuels en moyenne pour les personnes dont le revenu disponible se situe entre 26 680 euros et 30 820 euros, contre 90 euros pour les personnes dont le revenu disponible est inférieur à 21 250 euros.

Concernant l’impôt sur le revenu : il existe actuellement 5 tranches dont les taux ont été revus à la baisse passant de 14 % à 11 % pour la deuxième tranche, et dont les montants des tranches ont été ajustées.

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Dans son bilan fiscal et social, Solidaires Finances Publiques rapportait déjà que cet ajustement avait pour conséquences une moindre imposition liée à la baisse du taux mais une augmentation de l’imposition pour les catégories intermédiaires avec les effets de seuils.

Le rapport de l’INSEE confirme que la baisse des taux a eu très peu d’impact sur la moitié des foyers les plus modestes qui ne sont pas ou peu imposables.

Pour Solidaires Finances Publiques, l’impôt sur le revenu est le principal impôt progressif et doit permettre, à ce titre, de corriger les inégalités de revenus, de parvenir à plus de justice fiscale et de générer des ressources budgétaires conséquentes. La réforme de l’impôt sur le revenu associée à la mise en place du prélèvement forfaitaire unique et à la multiplication des niches fiscales a entraîné une dégressivité de l’impôt pour les plus riches, ce que confirme cette nouvelle enquête de l’INSEE. Nous défendons une réelle progressivité de l’impôt sur le revenu qui passe par une augmentation du nombre de tranches pour que chacun·e puisse contribuer selon ses ressources.

Quant à la taxe d’habitation de la résidence principale, sa réforme a conduit à une dégressivité de son dégrèvement en fonction du revenu fiscal de référence des ménages et du quotient familial. Pour 80 % des foyers fiscaux elle a été supprimée en 2020 après avoir été dégrevée de 30 % en 2018 puis de 65 % en 2019. Alors que la poursuite de son dégrèvement a favorisé les ménages de niveau de vie intermédiaire en 2020, le volet 2021 n’a eu aucun effet sur les 70 % les moins aisés mais a augmenté le niveau de vie des plus aisés de 240 euros !

Notre organisation syndicale a très tôt alerté sur les conséquences néfastes de la suppression de la taxe d’habitation sur les finances des collectivités territoriales dont elle représente un tiers des budgets. Si la taxe d’habitation est bien un impôt injuste qui repose sur des bases obsolètes, sa suppression et son remplacement par le versement d’une fraction du produit de la TVA nationale sont de profonds facteurs du renforcement des inégalités territoriales. Pour une mesure qui se voulait sociale, la suppression de la taxe d’habitation sur la résidence principale bénéficie majoritairement aux populations les plus aisées qui n’ont pas d’abattements ou d’exonération initiales sur cet impôt.

À propos des prestations sociales, l’enquête montre que les augmentations de l’allocation de solidarité aux personnes âgées, de l’allocation supplémentaire d’invalidité et de la garantie jeunes sont annulées par la sous-indexation de certaines prestations sociales par rapport à l’inflation en 2020. Au final, les mesures concernant les prestations sociales n’ont pas ou peu d’effet sur le niveau de vie des plus modestes.

Enfin, les mesures exceptionnelles conditionnées aux revenus, impactent principalement les populations les plus précaires. La prime exceptionnelle de pouvoir d’achat dite « prime Macron » a un effet moyen sur le revenu disponible annuel par ménage concerné de 30 à 170 euros. Par ailleurs, elle est soumise à la décision de l’employeur. Son exonération sociale et fiscale génère un manque à gagner dans les caisses des cotisations sociales de 40 à 280 millions d’euros et de 30 à 180 millions d’euros pour l’impôt sur le revenu. Solidaires Finances Publiques avait déjà émis des réserves sur le coût pour la collectivité d’une telle mesure. Si les primes exceptionnelles permettent de desserrer ponctuellement les budgets des ménages les plus modestes, nous défendons des augmentations de salaires pérennes et une meilleure répartition des richesses produites.

Cette enquête confirme ce que notre organisation syndicale dénonce depuis plusieurs années. Les mesures fiscales des gouvernements Macron profitent aux plus riches. Elles sont non seulement profondément injustes, mais elles accentuent les inégalités.

Bref, le ruissellement c’est pas pour maintenant !

Il y a urgence à faire de la fiscalité un véritable instrument de répartition des richesses pour plus de justice fiscale, sociale et environnementale !

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Automobile

« On est en train de tuer Renault »

Paroles de salariés. SUD procède à une enquête pour recueillir votre avis sur le projet de réorganisation et de scission Ampere/Power. Ce projet va avoir des impacts importants sur nos conditions de travail et hypothèque l’avenir de Renault, comme le montrent les premières réponses à cette enquête.

La plupart des salariés qui ont répondu pour l’instant à notre enquête sont opposés au démantèlement de Renault et de l’établissement en plusieurs entités (Power/Horse, Ampere sas, Ampere Software & Systèmes…), quelques-uns sont sans opinion. Voici quelques-uns des commentaires qui nous ont été adressés :

  • « Incompréhensible, mal préparé ; vente de renault à la découpe ! Quel avenir sombre ils nous préparent… »
  • « Quelle est la légitimité d’une Direction qui ne peut même pas justifier d’une ancienneté supérieure à 5 ans au sein du Groupe Renault ? C’est clairement inadmissible sans compter que ce top management risque de quitter le groupe dans moins de 3 ans pour aller remplir une autre mission pour un autre constructeur ! »
  • « La perte de la performance de Renault, plus de managers, moins d’économie d’échelle, moins de pouvoir des salariés : diviser pour régner. Dépassement rapide des entités. »
  • « Découper le groupe rend plus fragile chaque entité créée nouvellement. »
  • « On est en train de tuer Renault. »
  • « C’est la mort définitive du Renault FRANCE et de son Ingénierie après 125 ans. Les salariés vont être dans l’incapacité de travailler au quotidien avec leur collègues des autres entités (et bientôt processus-budget-ressources-statuts-outils divergents !!!). »
  • « Seulement une opération financière qui démantèle Renault. »
  • « Power rendu à l’état de sous-traitant auquel on fait appel… ou pas. »
  • « Salarié depuis 32 ans dans cette entreprise que j’aime : voila de nouvelles personnes qui viennent et qui détruisent tout au nom de la performance. On nous l’a déjà faite celle la : Et bizarrement le précèdent n’est plus considéré comme ayant fait les bons choix. Qui nous dit que pour ceux la, c’est pas la même chose…? En attendant on aura perdu notre notre âme, voire notre boulot. Eux en ont rien à faire : ils viennent tel des mercenaires, et repartent en empochant le pactole. Vraiment ras le bol de ce monde professionnel. »
     

Vous pouvez continuer à répondre à notre enquête Ampere/Power en cliquant ICI.

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Histoire Le conseil lecture de la semaine Luttes féministes

Féministes ! Luttes de femmes, lutte de classes [livre]

Sortie du livre Féministes ! Luttes de femmes, lutte de classes aux Editions  Syllepse.

Une trentaine de témoignages et analyses de féministes de terrain, de groupes femmes dans les entreprises, d’universitaires, des années 1970 à nos jours ( 50 ans), mais aussi la création de la Maison des femmes à Paris, le CNDF, les combats internationaux,  la marche mondiale des femmes, les batailles pour  le droit à l’avortement, contre le viol et le racisme… un ouvrage écrit à plusieurs mains, mis en page par Suzy Rojtman. 

Une histoire passionnante et actuelle qui a emprunté plusieurs  voies.


Présentation

Le mouvement féministe contemporain en France a plus de cinquante ans, un temps d’histoire, histoire d’un enthousiasme fou de se retrouver ensemble, émaillé de victoires décisives, mais jalonné de difficultés face à un patriarcat qui se défend bec et ongles.
Dans cette histoire, on oublie souvent une des actrices essentielles : la « tendance lutte de classes » comme elle s’est définie elle-même, après Mai 68, dans les années 1970.
Restituer cette histoire occultée, c’est le but de ce livre, réalisé à partir de trois colloques organisés par le Collectif national pour les droits des femmes.
Il aborde l’histoire pionnière du MLF et de toutes ses tendances : celle des groupes femmes créés dans les entreprises et les quartiers, celle des militantes d’extrême gauche, de gauche, des syndicalistes, qui, impliquées avec conviction, ont bataillé dans leurs organisations respectives.
L’histoire des luttes ouvrières où les femmes ont dû s’affirmer (Lip, Renault, banques, Chèques postaux). L’histoire méconnue des groupes de femmes immigrées ou dans les populations colonisées. L’histoire des luttes pour la visibilisation et l’affirmation des lesbiennes.
C’est aussi celle de la conquête du droit à l’avortement et son remboursement, celle de la création de collectifs féministes : contre le viol et contre le racisme ; de l’unité avec la création de la Maison des femmes de Paris, d’Elles sont pour et du Collectif national pour les droits des femmes, des combats internationaux avec la Marche mondiale des femmes.
C’est la parole de ses actrices elles-mêmes qui donne corps et vie à cette histoire.

Ce sont les contributions de 28 autrices qui donnent corps à ce livre, illustré avec des documents d’époque.

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antifascisme

Contre la tentative de censure de la FNAC, solidarité avec Libertalia et La Horde

Le 1 décembre 2022

Suite à une campagne offensive menée sur les réseaux sociaux par la fachosphère, notamment par des députés RN (dont celui exclu 15 jours de l’Assemblée pour ses propos racistes) et par un syndicat de commissaires de police proche de l’extrême droite, la FNAC a cédé rapidement le 27 novembre aux pressions de l’extrême droite : elle a annoncé retirer de la vente la seconde édition du jeu Antifa.

Le jeu collaboratif Antifa, co-édité par Libertalia et La Horde, a servi notamment de support dans nos formations Solidaires « Agir syndicalement contre l’extrême droite », et nous le revendiquons. Le jeu précise dans son préambule « Propos racistes, manifs homophobes, violences fascistes, ça suffit : contre l’extrême droite, à vous de jouer ! ».

À partir de scénarios inspirés de situations réelles, c’est un excellent outil ludique pour expérimenter les actions collectives contre l’extrême droite, contre ses idées et ses pratiques. Loin des mensonges véhiculés par l’extrême droite, il ne fait l’apologie d’aucune action violente.

Il n’est pas anodin que l’enseigne commerciale ait cédé à ces groupes de pression d’extrême droite, alors que par ailleurs elle commercialise sans problème des ouvrages racistes, comme ceux de Renaud Camus sur « Le Grand Remplacement » (inspiration de nombre de terroristes suprémacistes) et les ouvrages antisémites et complotistes d’Alain Soral. Mais la vente de tous ses livres ne semble poser aucun problème à la FNAC par contre. Nous rappelons pourtant que le racisme, quel que soit sa forme, n’est pas une simple opinion mais un délit !

Malgré un rétropédalage sur le retrait du jeu qui vient finalement d’être remis en vente , grâce à la médiatisation de l’affaire et à la mobilisation, nous constatons malheureusement que la FNAC d’aujourd’hui n’est plus, depuis longtemps, la FNAC des origines. Celle-ci avait été fondée en 1954 par André Essel et Max Théret, qui fut dans sa jeunesse un militant antifasciste engagé dans la guerre d’Espagne puis dans la Résistance.

L’Union syndicale Solidaires, active notamment dans les combats antifascistes et antiracistes, exprime toute sa solidarité avec ses camarades de La Horde et des éditions Libertalia.

Solidaires, antifascistes et antifascistes parce que syndicalistes Paris,

le 1er décembre 2022

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Actu Solidaires 78 En grève ! Poste / Télécom

Démantèlement des boutiques Orange, SUD mobilise le personnel

C’est la suite logique de la liquidation de l’opérateur public, anciennement France Télécom. La Direction générale d’Orange vient d’annoncer le début du démantèlement du réseau de boutiques dans le but de les faire basculer dans une de ses filiales, ce qui permettra à terme de reconsidérer l’ensemble des contrats de travail des salariés impactés, en réduisant leur rémunérations, leur évolution de carrière, tout en aggravant leurs conditions de travail. Précariser, exploiter, virer, tel est le triptyque infernal du libéralisme débridé que nous combattons à SUD/Solidaires inlassablement depuis notre création.

Avec cette énième restructuration, SUD PTT propose au personnel de se mobiliser et vient de déposer une série de préavis de grève sur plusieurs dates, concernant le réseau de boutiques, les 3, 10, 17, 24 et 31 décembre. Dans cette période de fin d’année, ce mouvement pourrait avoir un effet conséquent sur le chiffre d’affaire de cette multinationale. Comme c’est le seul langage que comprennent les patrons du CAC 40, le personnel dispose d’une fenêtre inespérée pour faire plier la direction, notamment en imposant des revendications et en dictant son agenda. Tout dépendra bien sûr de la hauteur de la mobilisation.

Ci-dessous le tract de SUD :

TRACT AD FF1décembre2022

Le premier préavis de grève pour le 3 décembre :

Préavis_ORANGE_031222

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Actu Solidaires 78 Retraites

Dossier Retraites (2022-2023) : s’informer, se défendre, agir

Les analyses, positions et le matériel de Solidaires, de ses syndicats et unitaires sur la réforme des retraites à venir.

Les analyses Solidaires

D’autres analyses

Déclarations unitaires

Tracts et communiqués Solidaires

Les visuels Solidaires

Tout est dans la médiathèque (des dizaines de visuels en jpg et PDF, avec plusieurs formats)

les vidéos Solidaires

De nombreux films dans la vidéothèque

Matériel des secteurs et territoires

SUD PTT : Macron et les retraites (interview) Ni vu, ni connu, j’t’embrouille !(novembre 2022)

Sur la partie interne du site

(pour les adhérent.es, se rapprocher de son syndicat national ou son solidaires départemental pour obtenir les codes)

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Actu Solidaires 78 Éducation

Éducation : du 1er au 8 décembre votons pour une autre école et une autre société !

Nous défendons les personnels et le service public à tous les échelons : dans les instances locales et nationales, devant les chef⋅fes, devant le ministre.

Pour SUD éducation, les éventuels ajustements à la marge de réformes qui vont dans le sens de la dégradation du service public et des conditions de travail sont inacceptables. SUD prend ses responsabilités et travaille sans relâche à informer les personnels, à mobiliser contre les réformes néfastes et à construire le rapport de force avec le gouvernement.

Comment voter ? Pourquoi voter pour Sud éducation ? Quelques rappels utiles…

Élections professionnelles : comment ouvrir son espace élections? Comment voter ? [TUTO] – Sud éducation Yvelines (78) (ouvaton.org)

Notre FAQ pour répondre à vos questions : https://wiki.sudeducation78.org/doku.php?id=faq_elections

Comment je crée mon espace élections ? Comment je vote ?

Je ne sais pas où aller pour voter.

Comment je récupère mon code de vote ? J’ai perdu mon code de vote.

Dans mon bahut, que doivent faire les chef-fes autour des élections pro ?

Les candidat·es Sud éducation aux élections pro 2022 – Sud éducation Yvelines (78) (ouvaton.org)

Élections professionnelles : pourquoi voter Sud éducation ? [vidéos] – Sud éducation Yvelines (78) (ouvaton.org)

Nos revendications – SUD éducation (sudeducation.org)

L’abstention nuit gravement à notre métier !

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Actu Solidaires 78 Éducation Répression

Soutien au lycée Joliot-Curie, notre camarade Kai TERADA doit être réintégré : rassemblement le 30/11 à 14h30

Mercredi 30 novembre 2022 à 14h30 Place Jacques Bainville, Métro Solférino

Communiqué de personnels du lycée Joliot-Curie de Nanterre

Appel Joliot au 3011

Notre communiqué / appel au rassemblement

SUD éducation 92 appel au 30 11


Interpellez vous aussi le ministre !
Kit de soutien disponible sur le site dédié :https://www.soutienakaiterada.org/kit-de-soutien
Vous pouvez envoyer un message personnel, d’une AG, des représentant·e·s au CA, etc. pour demander au ministre d’examiner le recours de Kai Terada.
Notre lettre au ministre : Recours_kai_terada__sud_education_92

Kai Terada interpelle le ministre au salon de l’éducation vendredi 25 novembre (lien vers la vidéo)

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Actu Solidaires 78 Automobile Idées, débats, cultures Luttes féministes

3 décembre – Rencontre avec Fabienne Lauret (St Quentin-en -Yvelines)

Rencontre avec Fabienne Lauret

Le 3 décembre 2022 à 15h00

Librairie Le Pavé du Canal

La librairie est ravie d’accueillir Fabienne Lauret pour une rencontre autour du roman graphique Une féministe révolutionnaire à l’atelier.

Rendez-vous le samedi 3 décembre 2022 en librairie !

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antifascisme Les travailleur·euses n'ont pas de pays ! Luttes contre les discriminations Luttes migrant·es

Politique d’expulsion : des déclarations du gouvernement qui sèment la confusion

Dans un climat de stigmatisation des personnes étrangères, La Cimade propose de déconstruire les idées fausses qui sont véhiculées et d’analyser la question de l’immigration sous un autre prisme.

L’instrumentalisation des questions migratoires se traduit aujourd’hui par de multiples déclarations d’un gouvernement cherchant à flatter les positions anti-immigration d’une partie de l’opinion, alors qu’une énième loi sur l’asile et l’immigration est annoncée pour le premier semestre 2023. Dans un climat de stigmatisation des personnes étrangères, La Cimade propose de déconstruire les idées fausses qui sont véhiculées et d’analyser la question de l’immigration sous un autre prisme.

IMMIGRATION : ENTRE FANTASMES ET REALITE

Pour justifier une nouvelle loi sur l’asile et l’immigration – la 29ème depuis 1980 – les membres du gouvernement s’attèlent à propulser au-devant de la scène médiatique les enjeux autour de la nécessité de « mieux » expulser en instrumentalisant les questions relatives à l’immigration irrégulière. Le président de la République a ainsi déclaré le 26 octobre dernier auprès du Conseil des ministres regretter des arrivées trop nombreuses ces dernières années. Dans une interview pour le journal Le Monde le 2 novembre dernier, les ministres de l’Intérieur et du Travail ont par ailleurs affirmé que « la part des étrangers dans notre population va atteindre les 10 % dans les années qui viennent ». Ces propos laissent non seulement entendre que la France serait envahie par des « flux d’immigration irrégulière » incontrôlés, mais entretiennent une confusion volontaire, puisque les chiffres relatifs à la population étrangère ne peuvent être mis sur le même plan que ceux relatifs à l’immigration irrégulière. En 2021, la population étrangère dans son ensemble s’élevait à 7,7 % de la population totale française. En se basant sur différents types de chiffrages, celle ayant trait aux personnes en situation irrégulière, oscillerait entre 0.52 % et 1.19 % de la population totale.

  La France est-elle dépassée par des « flux d’immigration irrégulière » ? 

Le ministre de l’Intérieur a par ailleurs déclaré le 27 octobre dernier que « Nous avons un travail à faire pour rendre la vie des personnes sous OQTF impossible en France, comme leur interdire l’accès aux logements sociaux… ». Ces propos sont dangereux car ils s’inscrivent dans le sillage d’un bon nombre de déclarations visant à véhiculer l’idée fausse selon laquelle les personnes étrangères abuseraient de droits et de prestations sociales. Or, les personnes sans-papiers n’ont accès ni aux logements sociaux ni aux droits sociaux, en dehors de l’aide médicale d’Etat. Ces propos sont par ailleurs symptomatiques d’une politique de harcèlement et de bannissement clairement assumée par le gouvernement, ce qui est particulièrement inquiétant dans ce contexte d’avant-projet de loi.

« Rendre la vie des personnes sous OQTF impossible en France » : que veut-dire cette phrase prononcée par le ministre de l’intérieur ?

UNE POLITIQUE D’EXPULSION ABSURDE

Il y a encore quelques semaines, peu de personnes étaient familières avec l’acronyme OQTF (obligation de quitter le territoire français). Aujourd’hui, l’actualité s’est emparée du sujet et la politique d’expulsion fait l’objet de vifs débats, et pour cause, le gouvernement tente par tous moyens de justifier sa politique d’expulsion défaillante. Pour expliquer le faible taux d’exécution des OQTF, le ministre de l’intérieur a déclaré au journal Le Monde le 2 novembre dernier que « [] pour calculer le taux d’exécution, on ne compte que les départs aidés et les départs forcés, soit près de 17 000 éloignements en 2021. Or, des milliers de personnes quittent le territoire après avoir reçu une OQTF, sans qu’on le sache ». Pour remédier à ce problème, le ministre de l’intérieur affirme « désormais inscrire toutes les OQTF au fichier des personnes recherchées, le FPR. Il ne s’agit pas de rétablir le délit de séjour irrégulier mais de pouvoir constater que la personne repart comme lorsque, par exemple, elle reprend un avion et ainsi de compter tous les départs d’étrangers ». Pourtant, non seulement les statistiques du ministère de l’intérieur comptabilisent bien les départs spontanés, mais l’inscription de toutes les personnes sous OQTF au FPR s’avère être une fausse mesure, car c’est déjà le cas pour la majorité des personnes sous OQTF.

Comment la France calcule-t-elle le nombre d’expulsions réalisé ?

Par ailleurs, dans l’optique de vanter les résultats de sa politique d’expulsion, le 27 octobre dernier, à l’antenne de France Inter, le ministre de l’intérieur a déclaré : « Nous faisons plus que l’Allemagne, plus que l’Espagne et plus que l’Italie, mais nous ne faisons pas assez ».

Qu’en est-il réellement des chiffres relatifs à l’expulsion ? Au total, 125 450 obligations de quitter le territoire français (OQTF) ont été prononcées en France en 2021 (source : Eurostat). Avec ce chiffre, la France est de loin le pays européen qui édicte le plus d’OQTF. Ainsi, vu sous cet angle, la France « fait plus » que ses pays voisins. En revanche, en examinant l’ensemble des données de plus près, la France présente un taux d’exécution des OQTF bien plus faible que ses voisins européens, ce qui vient ainsi contredire le fait que la politique d’expulsion française serait « meilleure » que celle de ses voisins européens.

La France « fait-elle plus » en matière d’expulsion que ses voisins européens ?

Le fort taux de délivrance d’OQTF non exécutables appelle d’ailleurs à un certain nombre de réflexions, à commencer par savoir si la France se conforme aux exigences de la loi. En effet, le constat d’un séjour irrégulier ne peut mener à la notification automatique d’une OQTF puisque la loi impose que l’administration procède à un examen personnalisé de la situation de la personne en amont de la notification d’une mesure d’éloignement afin de garantir que la mesure ne viole pas des dispositions législatives qui protègent certaines catégories de personnes contre l’éloignement. Or, La Cimade rencontre de manière croissante des personnes sous OQTF qui devraient faire partie des catégories protégées contre l’éloignement. C’est le cas par exemple des mineur∙e∙s, des personnes encourant des risques de traitements inhumains et dégradants en cas d’expulsion, ou des parent∙e∙s d’enfant français∙e∙s mineur∙e∙s.

Que révèle le faible taux d’exécution des mesures d’expulsion ?

EXPULSION ET ETAT DE DROIT

Toujours dans l’objectif de justifier une politique d’expulsion qui dysfonctionne, le ministre de l’intérieur s’efforce à identifier des prétendus obstacles à l’expulsion. Dans ce cadre, la thématique qui revient régulièrement dans ses déclarations concerne celle de la justice. Monsieur Darmanin a ainsi déclaré : « Notre droit est trop complexe. Pour expulser un étranger en situation irrégulière, nous avons jusqu’à 12 recours administratifs et judiciaires […] [Quand] vous faites des recours, vous ne pouvez pas expulser la personne […] Plus de la moitié des 120 000 OQTF prises ne sont pas exécutoires à cause de recours devant le tribunal administratif ».

Le ministre de l’intérieur opère dans ces propos une confusion entre ce qui relève de la procédure, et ce qui relève du recours. Il s’est ensuite repris le 2 novembre dans une interview au journal Le Monde en affirmant : « D’abord, il y a près de 50 % des OQTF qui font l’objet de recours qui les suspendent. L’une des dispositions du projet de loi qui sera examiné début 2023 au Parlement, est de fortement simplifier les procédures et de passer de douze à quatre catégories de recours, pour exécuter beaucoup plus rapidement les mesures ». Malgré l’usage d’une terminologie plus précise, le ministre a pris pour exemple, sur le plateau de CNews le 3 novembre dernier, le cas de personnes déboutées de l’asile. Or il omet parallèlement de préciser que la procédure d’expulsion est à distinguer de la procédure d’asile, de telle sorte à de nouveau créer de la confusion.

Au-delà de propos semant la confusion, le ministre semble remettre en cause le principe du droit au recours effectif consacré par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et par la Convention européenne des droits de l’homme, qui impose que toute personne a le droit de voir sa situation examinée par un∙e juge.

La justice représente-elle un obstacle à l’expulsion ?

Autre obstacle mis en exergue par le ministre de l’intérieur : les protections que la loi confère contre l’expulsion. C’est l’autre arlésienne de ces dernières semaines. Sur l’antenne de France Inter le 27 octobre dernier, le ministre de l’intérieur a déclaré que « Nous protégeons encore des étrangers qui ont commis des crimes et délits en France et qui ne peuvent pas être expulsés », avant d’enfoncer le clou quelques jours plus tard : Ce qui freine le ministre de l’intérieur aujourd’hui, ce sont des réserves d’ordre public qui empêchent, par exemple, d’éloigner des personnes arrivées avant 13 ans sur le territoire national. Dans le texte de loi, nous mettrons fin à ces réserves et laisserons au juge le soin de trancher s’ils doivent ou non rester en France au nom de la vie familiale ».

Ces déclarations sont fausses, en plus d’être vagues. S’il est vrai qu’un certain nombre de catégories de personnes sont « protégées » contre le prononcé de mesures d’expulsion, les autorités judiciaires (pour les interdictions du territoire) et administrative (pour les arrêtés d’expulsion et les OQTF) conservent toujours la faculté de contourner les mesures de protections. Dans les faits, seule une infime partie des personnes étrangères est donc effectivement et réellement protégée

Est-il vraiment impossible d’expulser certaines personnes ?

Dans la même veine, le 2 novembre dernier, le ministre de l’intérieur a déclaré au journal Le Monde : « Aujourd’hui, quand quelqu’un demande l’asile en France, il peut se passer un an et demi avant que la Cour nationale du droit d’asile [CNDA] lui dise éventuellement non, puis le préfet prend une OQTF et, s’il y a un recours, on est reparti pour au moins six mois. Donc il se passe parfois deux ans avant que la personne ne soit expulsable. Elle a eu le temps de trouver un travail, au noir, et peut-être de faire des enfants. Voilà comment on se retrouve avec des dizaines de milliers de personnes qu’on ne peut pas expulser alors qu’elles sont sous OQTF. Cette situation n’est pas tenable. Il ne faut pas laisser le temps de créer des droits qui viendraient contredire des décisions prises légitimement par les préfectures ».

Là encore, ces propos sont inexacts. La loi encadre de manière stricte les protections contre l’éloignement qui ne concernent que certaines catégories spécifiques de personnes étrangères. Le travail au noir (voire le travail déclaré) n’est pas constitutif d’un motif de protection contre l’expulsion énumérés à l’article L. 611-3 du CESEDA, pas plus d’ailleurs que ne l’est la présence d’enfants de nationalité étrangère.

Est-il vraiment impossible d’expulser les personnes déboutées de l’asile ? 

AMALGAME ENTRE IMMIGRATION ET DELINQUANCE

Depuis cet été, le refrain selon lequel il y aurait un lien entre immigration et délinquance revient dans la bouche des responsables politiques. Le ministre de l’Intérieur a ainsi pu déclarer qu’« il y a 7 % d’étrangers dans la population et ils représentent 19 % des actes de délinquance ». Pour sa part, le président de la République estime que « quand on regarde les faits de délinquance à Paris, on ne peut pas ne pas voir que la moitié au moins des faits de délinquance viennent de personnes soit en situation irrégulière, soit en attente de titre ».

L’essentiel des discours liant immigration et délinquance sont fondés sur des arguments quantitatifs : hausse des crimes et délits commis par les personnes étrangères, surreprésentation de ces dernières parmi les personnes détenues, etc. Or, en 2018, 549 966 condamnations ont été prononcées par les juridictions pénales, et seules 82 157 d’entre elles concernaient des personnes étrangères, soit 14,9%. La surreprésentation des personnes étrangères condamnées et des personnes étrangères incarcérées au regard de leur nombre au sein de la population française, s’explique par plusieurs facteurs, tels que les traitements discriminatoires dont elles sont l’objet ou par l’existence d’infractions qui ne peuvent être commises que par des personnes étrangères (ex. : refus de test PCR, refus de rendez-vous au consulat, refus monter dans l’avion etc.) par exemple.

Les personnes étrangères sont-elles réellement plus délinquantes ?

Enfin, dans son interview au Monde, le ministre de l’Intérieur a cette formule lapidaire : « Si je devais résumer, je dirais qu’on doit désormais être méchants avec les méchants et gentils avec les gentils ».

Sans doute anecdotique, elle laisse quand même entendre que ce n’était pas le cas jusqu’à présent, alors que toutes les lois relatives à l’immigration ont veillé à prévoir des mesures répressives, ou à renforcer des mesures déjà existantes. Ces effets d’annonce renforcent la stigmatisation toujours plus grande à l’égard de ces « ennemi·e·s commodes » que les gouvernements successifs se choisissent afin d’apporter une réponse hâtive collant au plus près du contexte social ou même médiatique. Pourtant, la réalité est toute autre, et cette affirmation est fausse pour au moins deux raisons : d’une part, aucune mesure contraignante n’existe aujourd’hui afin de permettre aux personnes étrangères détenues d’exercer leurs droits fondamentaux comme le droit d’asile, ce qui fait qu’elles sont déjà précarisées, invisibilisées, victimes de discriminations diverses et maintenues éloignées de leurs droits ; d’autre part, opérer un tri au regard du degré d’indésirabilité des personnes constitue une sérieuse entorse aux principes directeurs de l’exécution des peines, parmi lesquels figure le retour à la vie libre.

Devons-nous devenir méchant·e·s avec les méchant·e·s ?

Crédit photo ©JCHANCHE / CGLPL

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