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Dans le privé et le public, un syndicalisme de lutte pour la transformation sociale

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Actu Solidaires 78 Retraites

Vendredi 14 avril : rassemblement festif et offensif à Mantes-la-Jolie

Le jour où le Conseil Constitutionnel doit rendre sa décision, l’intersyndicale de Mantes appelle à un rassemblement à partir de 19h00 à Mantes Esplanade Gabrielle d’Estrées à l’entrée de la passerelle (assemblée participative, soirée festive, BBQ, repas partagé, atelier banderoles, inauguration de La passerelle de la lutte pour la retraite à 60 ans », etc.).

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Lecture Luttes féministes

Samedi 15 avril Féministes, luttes de femmes, lutte de classes / Une féministe révolutionnaire à l’atelier (Versailles)

Le samedi 15 avril à 17 heures, salle Montgolfier à l’Hôtel de ville de Versailles rencontre des Ami·es du Monde Diplomatique avec

  • Suzy Rojtmann, autour de son livre Féministes, luttes de femmes, lutte de classes (Éditions Syllepse – 2022)
  • Fabienne Lauret, autour de son livre BD Une féministe révolutionnaire à l’atelier (Éditions La Boîte à Bulles – 2022).

Féministes, luttes de femmes, lutte de classes

Le mouvement féministe contemporain en France a plus de cinquante ans, un temps d’histoire, histoire d’un enthousiasme fou de se retrouver ensemble, émaillé de victoires décisives, mais jalonné de difficultés face à un patriarcat qui se défend bec et ongles.
Dans cette histoire, on oublie souvent une des actrices essentielles : la « tendance lutte de classes » comme elle s’est définie elle-même, après Mai 68, dans les années 1970.
Restituer cette histoire occultée, c’est le but de ce livre, réalisé à partir de trois colloques organisés par le Collectif national pour les droits des femmes.
Il aborde l’histoire pionnière du MLF et de toutes ses tendances : celle des groupes femmes créés dans les entreprises et les quartiers, celle des militantes d’extrême gauche, de gauche, des syndicalistes, qui, impliquées avec conviction, ont bataillé dans leurs organisations respectives.
L’histoire des luttes ouvrières où les femmes ont dû s’affirmer (Lip, Renault, banques, Chèques postaux). L’histoire méconnue des groupes de femmes immigrées ou dans les populations colonisées. L’histoire des luttes pour la visibilisation et l’affirmation des lesbiennes.
C’est aussi celle de la conquête du droit à l’avortement et son remboursement, celle de la création de collectifs féministes : contre le viol et contre le racisme ; de l’unité avec la création de la Maison des femmes de Paris, d’Elles sont pour et du Collectif national pour les droits des femmes, des combats internationaux avec la Marche mondiale des femmes.
C’est la parole de ses actrices elles-mêmes qui donne corps et vie à cette histoire.

Ce sont les contributions de 28 autrices qui donnent corps à ce livre, illustré avec des documents d’époque.


Une féministe révolutionnaire à l’atelier

Comme d’autres « établis » – démarche amorcée à la suite de mai 1968 et visant à faire entrer des militants révolutionnaires dans les usines – Fabienne Lauret se fait embaucher à l’usine Renault-Flins, dans les Yvelines, le 3 mai 1972.

Son engagement pour la cause ouvrière, à l’instar de nombreux établis, deviendra très vite la trajectoire de toute une vie. Elle passera ainsi plus de trente-six ans à l’atelier de couture et au comité d’entreprise de l’usine.

Dans cette BD coscénarisée par Philippe Guillaume, Fabienne Lauret retrace une vie de luttes syndicales et féministes, de l’obtention du samedi comme jour de congé au droit à des conditions de travail et salaires décents. Véritable journal d’usine des années 1970 à 1990, ce témoignage raconte la condition ouvrière et les discriminations sexistes qui révoltaient Fabienne, sans oublier le racisme omniprésent envers les nombreux immigrés qui occupaient les postes les plus pénibles.

Un témoignage tout à la fois personnel, intime, sociologique et historique, à l’heure où la menace d’une fermeture plane sur Renault Flins…

Préface de l’historienne Ludivine Bantigny.

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Actu Solidaires 78 Dans les Yvelines, une classe en lutte... En grève ! Retraites

Toujours déterminé·es à gagner toutes et tous ensemble le retrait de la contre-réforme des retraites !

Communiqué de l’intersyndicale de Mantes

Au niveau local comme au niveau national, l’intersyndicale est porteuse de revendications claires : pas de recul de l’âge de départ, pas d’allongement de la durée de cotisations. La demande réitérée de retrait de la réforme s’est heurtée à un refus net de l’exécutif.

Pour l’intersyndicale, il s’agit là d’un déni et d’un mépris total du rejet massif porté par toutes nos organisations, par les travailleurs et travailleuses et par l’opinion publique. Pourtant, cette opposition largement majoritaire s’exprime dans le pays, depuis le 19 janvier ; elle s’exprime aussi dans le Mantois avec plus d’une quinzaine de manifestations et de rassemblements à l’appel de toutes les organisations syndicales et de jeunesse, mais aussi au travers des actions et des grèves pour dénoncer cette réforme injustifiée, les régimes de retraite n’étant pas « au bord de la faillite » comme le prétend le gouvernement.

Le contexte est inédit. Dans ce climat de fortes tensions que l’on peut qualifier de grave crise démocratique et sociale, l’exécutif s’arc-boute et porte seul la responsabilité d’une situation explosive dans l’ensemble du pays.

Cette réforme est perçue, à juste titre, comme brutale et injuste par les travailleurs et travailleuses et la jeunesse qui ont tous et toutes bien compris qu’ils et elles devront travailler plus longtemps sans que jamais le patronat, ni les employeurs publics ne soient mis à contribution.

L’intersyndicale de Mantes appelle :

  • Le jeudi 13 avril à une journée de mobilisations et de grève pour gagner le retrait de cette réforme. Des actions et des départs en car sont prévus sur Mantes.
  • Le vendredi 14 avril, jour du rendu de la décision du Conseil constitutionnel, à rassemblement à partir de 19h00 à Mantes Esplanade Gabrielle d’Estrées à l’entrée de la passerelle (assemblée participative, soirée festive, BBQ, repas partagé, atelier banderoles, inauguration de La passerelle de la lutte pour la retraite à 60 ans », etc.).
  • Le samedi 15 avril à une manifestation au départ de la Collégiale à 10 heures.
  • Le mardi 18 avril à un concert de soutien aux grévistes à partir de 19 h à la librairie à la Nouvelle Réserve de Limay
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Actu Solidaires 78 En grève ! Retraites

La loi retraite ne passera pas

Depuis le mois de janvier nous avons été des millions à nous mobiliser sur tout le territoire par la grève, reconductible dans plusieurs secteurs, les débrayages, les actions d’information et de blocage, les rassemblements et les manifestations.

Notre mouvement est fort et déterminé. L’intersyndicale unie a permis de donner confiance à des millions de travailleuses et travailleurs pour lutter contre cette réforme. Il faut poursuivre et amplifier cette lutte.

Le 13 avril à l’appel de l’intersyndicale par la grève et les manifestations.

Le 14 avril, jour du rendu de la décision du conseil constitutionnel, par des actions, grèves, blocages, rassemblements, soutenus par l’intersyndicale nationale.

Pourquoi participer massivement à ces journées de mobilisation ? Parce que nous pouvons gagner ! Le gouvernement est fébrile : les tensions internes à l’exécutif tout comme la stratégie d’intimidation et de violences contre les manifestant.es en sont des preuves. Nous le savons aussi, le conseil constitutionnel prend des décisions qui sont liées certes au texte mais aussi à la situation sociale et politique générale.

Le gouvernement croit pouvoir nous épuiser. Nous l’avons dit : le mouvement est dur mais nous ne les laisserons pas tourner la page. Nous ne lâcherons rien. Ensemble nous allons faire en sorte que la loi retraite, injuste, brutale et injustifiée, soit d’une manière ou une autre, retirée.

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En grève ! Rail Répression Transport Violences policières

La fédération SUD-Rail s’insurge de la criminalisation de nos luttes

Notre camarade Éric vient d’être libéré après avoir passé 48 heures en garde à vue et avoir été déféré au Tribunal de Paris. Il ressort libre, sans suite judiciaire, mais avec un classement sous condition qui équivaut à une peine administrative sans recours. Il a subi, comme plusieurs militant·e·s de notre organisation syndicale, la stratégie violente de répression du mouvement social pour intimider et réprimer celles et ceux qui combattent les brutalités de ce gouvernement. Ces dernières semaines, nous avons trop de militants syndicaux qui se sont trouvés en GAV dans l’unique but de leur mettre un coup de pression en espérant qu’ils baissent les bras.

La fédération SUD-Rail dénonce avec la plus grande fermeté cette situation d’asphyxie répressive !

Nous interpellons officiellement « notre » ministre délégué chargé des Transports sur ces violences institutionnelles que son collègue Gérald Darmanin utilise sous toutes les formes. Clément Beaune doit arrêter ces déclarations déplacées où, tout en affirmant « être un soldat du dialogue social » (le 29 mars 2023 sur Europe 1), il continue de faire partie d’un gouvernement qui exige de sa police des interpellations illégales, autorise tous les débordements violents, voire des mutilations, pour dissuader les manifestant·e·s par la peur !

La société se fracture à cause des inégalités et des injustices que produit la Macronie et la seule réponse donnée est toujours plus de répression. Le climat va se tendre aussi dans nos entreprises, et tout particulièrement à la SNCF, si le pouvoir en place continue de matraquer les travailleuses et travailleurs.

Nous n’oublions pas, nous avons encore la rage des violences policières qui ont éborgné notre camarade Sébastien le 23 mars à Paris. Prochainement, nous allons déposer plainte pour faire condamner cette mutilation.

La fédération SUD-Rail appelle les cheminotes et cheminots à se mettre massivement en grève le 13 avril.

Des raz de marée dans toutes les manifestations jeudi prochain ; et la peur va changer définitivement de côté … et nous gagnerons !

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antifascisme Dans les Yvelines, une classe en lutte... Éducation En grève ! Énergie Les travailleur·euses n'ont pas de pays ! Pourquoi des prisons ? Retraites Revue de presse Violences policières

Dans les Yvelines, une classe en lutte, épisode n° 51

Au sommaire : Versailles, Bois d’Arcy, Mantes-la-Jolie

Une classe en lutte dans les Yvelines !


Petit tour d’horizon des mobilisations sociales dans le département… Liste forcément non-exhaustive, n’hésitez pas à nous transmettre vos infos à contact@solidaires78.org


Source : Le Courrier de Mantes, 5 avril 2023

Source : Le Courrier de Mantes, 5 avril 2023

Source : Le Courrier de Mantes, 5 avril 2023

Source : Le Courrier de Mantes, 5 avril 2023

Source : 78actu.fr

Source : 78actu.fr

Source : Le Parisien

Source : Le Parisien

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Actu Solidaires 78 Conditions de travail Histoire Histoire locale

Un film à voir et à discuter : L’Etabli

L’Établi de Mathias Gokalp, inspiré du formidable livre du même titre de Robert Linhart, publié en 1978, racontant son année d’établissement à l’usine automobile Citroen de Choisy dès septembre 1968.

Un récit très fort où il décrit admirablement le si pénible travail à la chaîne, les brimades de la maîtrise, le racisme et la discrimination  envers les travailleurs immigrés, le machisme envers les rares femmes, mais surtout la construction collective et fraternelle de la grève sur plusieurs jours, son joyeux déploiement malgré un triste dénouement, à la mesure de l’inhumanité récurrente des patrons. Voilà un film qui tombe à pic en ces mois de mouvement social très fort, où la question du travail et de la grève en entreprise est constamment posée, sachant aussi que nous ne sommes plus dans la même période.

L’établi est magistralement incarné par l’acteur Swann Arlaud, accompagné d’autres formidables acteurs et actrices, jouant les rôles d’ouvriers et ouvrières de plusieurs nationalités. De fait, un peu avant 1968 et après, des milliers de jeunes militant.es révolutionnaires maoïstes ou d’autres tendances, pas forcement de milieux aisés, avaient choisi d’aller en usine surtout après la plus grande grève du pays en mai -juin 1968, forte de 10 millions de grévistes. Un énorme mouvement social, initié aussi par la jeunesse étudiante et lycéenne. 

Notre région à l’époque très industrialisée, a connu cette révolte dans sa chair, suite aux nombreux affrontements avec les CRS, censés aider à la reprise du travail après les accords de Grenelle, début juin à Renault Flins. On se souvient avec effroi du jeune lycéen maoïste, Gilles Tautin mort noyé dans la Seine. Dans notre région, il y eut aussi des établi.es pendant des années, ayant intégré les syndicats de lutte, car ouvriers et ouvrières. Certain.es s sont encore présent.es aussi dans les luttes locales !

Allez voir ce film, lisez le livre, parlez-en, organisez ou participez à des débats, car c’est notre histoire !

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Luttes féministes

Féminisme, travail, syndicalisme

A l’heure où une femme (pour la 1ère fois) est à la tête de la CGT, nous proposons ce texte sur un livre sorti il y a quelques années


« Les syndicats veulent voir les femmes libres, indépendantes, fières, capables de prendre position dans la bataille sociale non en auxiliaire mais en égales, en collaboration, en vue de l’émancipation intégrale » La Bataille syndicaliste, 1913, citée par Maryse Dumas

« les femmes ne constituent pas une catégorie homogène, elles constituent la moitié de l’humanité et bientôt la moitié du salariat ; leurs aspirations sont multiples, liées aussi à leur place diverse dans les différentes catégories de salariés » Maryse Dumas

« le travail n’est pas seulement le lieu principal de la domination, il est aussi le lieu de solidarité et de coopération, de socialisation » Danièle Kergoat citée par Rachel Silvera

« Les chiffres sont les mêmes depuis des années : les femmes gagnent moins que les hommes – un quart en moins, en moyenne » Rachel Silvera

« Face au chômage durable et de masse, le choix des gouvernements successifs a été fait de se servir du travail des femmes comme variable d’justement par le temps partiel et la précarité, plutôt que par la réduction du temps de travail pour tous et toutes » Rachel Silvera

« L’objectif n’est pas de s’aligner sur un modèle masculin mais bien de transformer la société » Sophie Binet

« La mise en opposition des rapports sociaux de sexe et de classe ou l’oubli des uns au profit des autres sert traditionnellement à neutraliser le combat féministe en la coupant du mouvement social » Sophie Binet

« Confier des responsabilités aux militant-e-s qui se dégagent « naturellement » est à la fois discriminant pour les femmes et dangereux pour le syndicat » Sophie Binet

Je ne vais pas discuter ici de la notion de féminisme appliquée à une organisation mixte. Je préfère quant-à moi parler d’orientation pro-féministe, réservant le terme féministe au mouvement d’auto-émancipation des femmes.

Je ne formulerai pas non plus de divergences avec l’histoire reconstruite par Maryse Dumas – cependant beaucoup moins dogmatique et fantasmatique que celle racontée majoritairement dans les années 80 et 90 -, je me contenterai de souligner les points qui me semble aujourd’hui importants.

Les femmes, le travail salarié (le travail domestique fait gratuitement en faveur du ménage et donc des hommes, ainsi que plus globalement les rapports sociaux de sexe dans ce qu’ils ont de plus spécifiques ne sont pas directement abordés, mais leur imbrication avec les rapports sociaux de classe sont pris en compte), les femmes au travail dans les entreprises, les femmes salariées, les travailleuses…

Trois autrices :

  • Maryse Dumas : Un siècle d’émancipation des travailleuses par elles-mêmes… et avec la CGT !
  • Rachel Silvera : Le féminisme passe par le travail
  • Sophie Binet : Les conquêtes sociales passent par la féminisme

Maryse Dumas souligne que « la place des femmes dans le travail d’abord puis dans le syndicat, n’est jamais allée de soi ». Elle aborde, entre autres, les « conférences féminines » organisées de 1923 à 1985, l’invisibilité des femmes travailleuses à la fin du XIXe siècle (30% des travailleurs/travailleuses), la situation de mineure dépendante du mari ou du père, le poids des traditions religieuses, les positions misogynes de Pierre-Joseph Proudhon, le fait que les femmes ont toujours travaillé, l’« affaire Couriau », l’adoption d’une « résolution hostile au travail des femmes », le fédéralisme, la journée de huit heures, le principe « A travail égal, salaire égal », celles qui durant la première guerre mondiale et l’union sacrée (à laquelle la majorité de la CGT participa) déclarèrent « guerre à la guerre », les conférences et commissions « féminines » à la CGTU « sans créer une organisation parallèle ou autonome des femmes », la réunification syndicale de 1936 et l’absence de la participation de femmes, la Résistance et la longue occultation de la participation de femmes, l’identité de classe (qui ne serait pas sexuée !), les premiers stages syndicaux spécifiques aux femmes, la double journée de travail (mais le silence sur l’auto-dispense des hommes pour le travail domestique), les luttes des employées, Madeleine Collin, Antoinette, l’exigence d’abrogation de la Loi de 1920, la réduction du temps de travail sans réduction de salaire, l’opposition au temps partiel et l’exigence d’un autre partage des tâches, l’absence de femmes dans la délégation aux discussions de Grenelle, des revendications dont certain·es estiment qu’elles ne relèvent pas du champ syndical, le droit à l’IVG (mais le silence sur le MLAC), la conférence « Les femmes salariées aujourd’hui », l’« activité engluée dans une spirale de crises internes », Chantal Rogerat puis la fin d’Antoinette, l’hétérogénéité de la catégorie femme (mais il en est de même de la catégorie salarié·e ou prolétaire), « C’est donc la conception générale de la CGT qu’il faut changer ! », un siècle se termine et une autre page est désormais ouverte…

Des encadrés nous rappellent Marie Saderne ; la première bataille pour l’égalité salariale : le institutrices dans les années 1910 ; Lucie Baud ; Les grèves de 1917 : des midinettes aux munitionnettes ; 1925 : « A travail égal, salaire égal », la lutte des dames des PTT ; Juin 36 : grève dans les grands magasins ; Marie Guillot ; Aux origines de la journée internationale de luttes pour les droits des femmes du 8 mars…

Comme l’indique Rachel Silvera, les revendications féministes pour un droit au travail et des salaires égaux ont eu une place particulière. L’autrice réaffirme la centralité du travail dans les combats féministes. Elle aborde, entre autres, les reconfigurations des inégalités au travail, le fait que les femmes ont toujours travaillé (on ne le répétera jamais assez), les 2,3 millions d’ouvrières en 1914, les illusions d’optique des mesures statistiques, le caractère longtemps suspect du travail des femmes, les conquêtes faites par les femmes (dont « leur niveau d’éducation et leur progression parmi l’encadrement »), l’absence de réelle mixité des emplois, la persistance d’inégalités, le spectre du salaire d’appoint, la prise en compte de la situation familiale des femmes mais pas de celle des hommes, les abattements historiques sur les salaires des femmes, la tolérance à l’inégalité lorsqu’elle concerne les femmes, la naturalisation de compétences acquises (les soi-disant aptitudes des femmes)…

L’autrice analyse notamment la croissance de l’emploi à temps partiel comme « fruit des politiques de l’emploi », le sous-emploi imposé aux femmes, « ce temps partiel se traduit par des salaires partiels, mais aussi par des carrières partielles et au bout du compte des retraites partielles », les choix sous contrainte, la ségrégation professionnelle, les plafonds de verre et les parois de verre, le salaire égal pour un travail de valeur égal, la dévalorisation des critères définissant la plupart des emplois à prédominance féminine, l’invisibilisation ou la sous-estimation de la pénibilité, les effets de la maternité (dont la suspicion générale sur la maternité potentielle des femmes au travail), les critères de présentéisme et de disponibilité, l’articulation travail famille qui ne semble concerner que les femmes, les raisons du faible effet du congé parental, les primes en moins, les retards de carrière en plus, le plancher collant, les conséquences des inégalités salariales sur les retraites et leur aggravation ave les contre reformes encours (en complément possible, Christiane Marty : Réforme Delevoye : un projet régressif, /reforme-delevoye-un-projet-regressif/), les femmes travailleuses pauvres…

Rachel Silvera met en avant pour permettre d’avoir une vie décente, « droit à un mode d’accueil accessible pour les enfants, accès à la formation et aux transports, accompagnement vers l’emploi… », la fin de la référence à la situation familiale et l’individualisation des droits sociaux, « l’individualisation des droits sociaux, et notamment des minima, donnerait une plus grande autonomie financière à toutes les femmes, et aussi la possibilité de divorcer, quand elles le souhaitent… » (il faudrait ajouter l’imposition fiscale unipersonnelle). Comment construire l’égalité si certain·es sont encore considéré·es, non comme des individus plein·es et entier·es, mais comme des membres secondaires d’une unité « matrimoniale » existante ou supposée ?

Sans oublier les indicateurs pour mesurer les inégalités, un partage non réalisé des taches domestiques et familiales, des politiques d’égalité… inégalitaires, des réglementations pour les entreprises qui par leur méthodologie (cinq critères, catégories professionnelles, seuil de pertinence) dispensent les grandes entreprises d’actions de rattrapage de salaire…

« C’est par la lutte et un rapport de force en faveur de toutes les femmes salariées que la plupart des avancées ont eu leu, et c’est encore par de telles mobilisations que l’on parviendra à avancer encore, à mettre fin au temps partiel précaire, à revaloriser les emplois à prédominance féminine et à avancer vers l’égalité salariale »

Des encadrés nous rappellent Emma Couriau ; Eté 1953 : la grève de la fonction publique ; Rose Zehner ; Les ouvrières du textile dans le nord en juin 1968 ; 1078 grève à Moulinex ; Les « filles de Chantelle » la grève de l’hiver 1981-1982 ; Martha Desrumaux.

Sophie Binet discute les conquêtes sociales dues au féminisme, l’ordre établi bousculé par les mobilisations de femmes, les enjeux d’émancipation des femmes et de lutte contre le racisme, le renouveau du féminisme et la question des femmes dans la CGT, l’articulation des rapports sociaux de classe et de sexe (il faudrait ajouter au moins les procès de racisation), la nécessite du prisme de genre, « mettre les lunettes du genre pour examiner chaque question, faute de quoi l’universel sera masculin », l’interaction des inégalités au travail et dans la société, les clichés sexistes, la mixité, la remise en cause des rapports de domination et de pouvoir masculin, le #8mars15h40 et l’heure symbolique où les femmes cessent d’être payées…

L’autrice analyse notamment les écarts de rémunération et de déroulement de carrière, la question du temps partiel, « tout sauf un outil permettant une meilleure articulation des temps », comment rendre visibles les discriminations, la revalorisation des métiers à prédominance féminine, l’individualisation des rémunérations, la place de la négociation collective, « Mettre fin aux discriminations, est-ce bien le rôle de la négociation collective ?» – la loi et les législateurs/législatrices doivent de garantir l’application du principe fondamental qu’est l’égalité -, les actions juridiques de groupe, un service public de la petite enfance…

Sophie Binet souligne que les violences sexistes et sexuelles sont au fondement des rapports de domination. Elle parle des violences au travail, du soupçon qui pèse sur les femmes qui les dénoncent, de la honte qui doit changer de camp, du sentiment d’illégitimité, de la socialisation sexiste des médecins, des actes et agissements aux seins des syndicats, des freins et des leviers à la prise de responsabilités syndicales, des clichés de genre, de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans la CGT, de ce qui entretient le fatalisme…

Des encadrés nous rappellent 1988 la coordination des infirmières « ni bonnes, ni nonnes, ni connes » ; Marie Couette ; Les caissières de supermarché Carrefour Grand Littoral « marre d’encaisser en silence » (février 2008) ; 2012-2019 : grève des femmes de chambre de grands hôtels ; Madeleine Colin ; 2018-2019 : la lutte des assistantes maternelles (« assmats ») ; Christiane Gilles.

Une contribution syndicale. Reste que la construction d’un mouvement féministe puissant dans les entreprises, s’il peut s’appuyer sur des espaces syndicaux spécifiques ou non, nécessite aussi des structures autonomes, non mixtes et auto-organisées par les femmes, dépassant les clivages syndicaux et catégoriels…

Sophie Binet, Maryse Dumas, Rachel Silvera : Féministe, la CGT ?
Les femmes, leur travail et l’action syndicale
Les éditions de l’atelier, Ivry-sur-Seine 2019, 192 pages, 17 euros

Didier Epsztajn


En complément possible :
Nicola Cianferoni : Travailler dans la grande distribution. La journée de travail va-t-elle redevenir une question sociale ?, le-retour-de-la-journee-de-travail-au-coeur-de-la-question-sociale-du-xxie-siecle/
Convention (n° 190) sur la violence et le harcèlement, 2019, convention-n-190-sur-la-violence-et-le-harcelement-2019/
Sous la direction de Margaret Maruani : Je travaille, donc je suis. Perspectives féministes, penser-lemancipation-construire-legalite-reelle-entre-les-femmes-et-les-hommes/
Sous la direction de Margaret Maruani : Travail et genre dans le monde – L’état des savoirsdans-le-monde-du-travail-les-femmes-sont-partout-legalite-nulle-part/
Margaret Maruani et Monique Meron : Un siècle de travail des femmes en France 1901-2011L’apport de la force de travail des femmes a toujours été massif et indispensable
Rachel Silvera : Un quart en moins. Des femmes se battent pour en finir avec les inégalités salarialespour-les-femmes-rien-nest-egal-par-ailleurs/
Coordonné par Xavier Dunezat, Jacqueline Heinen, Helena Hirata et Roland Pfefferkorn : Travail et rapports sociaux de sexe. Rencontres autour de Danièle Kergoatun-rapport-social-ne-peut-pas-etre-un-peu-plus-vivant-quun-autre-il-est-ou-il-nest-pas/
Sous la direction de Jules Falquet, Helena Hirata, Danièle Kergoat, Brahim Labari, Nicky Le Feuvre, Fatou Sow : Le sexe de la mondialisation. Genre, classe, race et nouvelle division du travaille-genre-est-un-organisateur-cle-de-la-mondialisation-neoliberale/
CGT, F.S.U, Union syndicale SolidairesToutes à y gagner. Vingt ans de féminisme intersyndical, dans-le-monde-du-travail-les-femmes-sont-tout-sauf-une-minorite/
Intersyndicales femmes : CGT, FSU, Solidaires : Journées intersyndicales femmes, formation-débat des 29 et 30 mars 2018, indispensable-prise-en-compte-des-femmes-dans-lanalyse-des-rapports-sociaux/

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