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Dans le privé et le public, un syndicalisme de lutte pour la transformation sociale

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Actu Solidaires 78 Éducation

Éducation : une délégation reçue par le sous-Préfet de Mantes la Jolie le 10 novembre 2020

Dans le contexte de la journée de mobilisation du 10 novembre pour obtenir un renforcement du protocole sanitaire, une délégation composée de représentants d’organisations syndicales (FSU-CGT Educ’action-Sud éducation) et de fédérations de parents d’élèves (FCPE) a été reçue par le sous-Préfet de Mantes la Jolie. Une trentaine de peronnels et de parents étaient présents devant la sous-préfecture, représentatifs des établissements en lutte dans le Mantois (Jules Ferry, la Vaucouleurs, George Sand…).

Un état des lieux de la situation a été porté à la connaissance de M. le sous-Préfet concernant la gestion indigne de l’hommage à Samuel Paty qui a généré au-delà de l’incompréhension une violence institutionnelle qui pour beaucoup de personnels s’est traduite en mal-être et en colère.

Notre démarche s’inscrit dans la volonté que les établissements scolaires restent ouverts de la maternelle à l’université et ce, afin de ne pas revivre le 1er confinement avec la détresse des personnels, des élèves et de leur famille et ses conséquences pédagogiques mais aussi sociales et humaines. Nous pensons que le cadre sanitaire actuellement posé – qui n’est pas de nature à assurer cette sécurité – ne permettra pas que cette ouverture soit possible dans la durée. De plus cet accueil doit permettre des conditions décentes d’apprentissage pour tous et d’épanouissement des élèves.

C’est pourquoi, nous exigeons le renforcement immédiat et sans équivoque du protocole sanitaire : distanciation physique dans les classes, la demi-pension, les transports… Cela nécessite que l’ accueil des élèves dans les établissements scolaires, soit organisé en effectifs allégés de la maternelle à l’université.

Cette organisation devra privilégier des temps en présentiel très réguliers, que le travail donné en autonomie à la maison ne nécessite ni connexion ni aide des parents, que la prise en charge des plus jeunes puisse être quotidienne avec la participation des collectivités locales en terme de locaux et de personnels adaptés permettant cet accueil.

Des propositions ont été faites comme l’accueil des élèves dans le 1er degré en demi-journée école et demi-journée collectivités locales, ce qui signifie davantage d’ enseignants en faisant immédiatement appel à la liste complémentaire mais aussi au recrutement massif de personnels pour encadrer les élèves.

Concernant les matériels de protection fournis aux personnels, nous déplorons trop souvent leur absence. Quant aux masques à la protection discutable, le nombre fourni ne couvre pas l’ensemble du temps de leurs missions. Concernant les élèves, nous voulons que des masques adaptés soient fournis gratuitement à tous, pour des raisons financières et sanitaires.

Par ailleurs, le port du masque et son utilisation continue par les personnels comme les élèves a des conséquences sur leur santé physique et psychologique qui doivent aussi être prises en compte.

Le plan VIGIPIRATE écarlate, nécessite d’être clarifié car dans nos établissements son respect, est très problématique et souvent difficile à mettre en place. Ont été évoqués les déplacements en dehors des établissements inscrit dans l’emploi du temps et notamment l’incohérence de maintenir l’activité piscine qui, de plus, va à l’encontre des gestes barrières.

La situation sanitaire a remis en lumière l’état désastreux de nos locaux scolaires : des fenêtres bloquées, l’absence de point d’eau, de sanitaires en état de fonctionner et en nombre suffisant ne permettant même pas le respect des règles élémentaires d’hygiène. Les effectifs démesurés dans les établissements et dans les classes que nous ne cessons de dénoncer et qui aujourd’hui ne permettent aucune réelle distanciation physique.

Mais aussi les conséquences de l’externalisation par le département des missions concernant la demi-pension et l’hygiène des locaux dans les collèges. Se traduisant par des personnels en nombre insuffisant avec des missions mal définies et dans des temps contraints impossibles à tenir. Ces mêmes problématiques sont signalées dans le 1er degré où de nombreuses municipalités ont aussi fait le choix d’externaliser ces missions. Avec des conséquences dramatiques sur l’application très approximative des protocoles sanitaires dans les écoles. De manière générale nous constatons que le renvoi des responsabilités au local participe à l’inégalité de traitement sur le territoire.

Notre délégation a alerté le sous-préfet afin que toutes les problématiques évoquées soient entendues et relayées auprès des autorités compétentes. Que les écueils rencontrés lors du premier confinement de mars servent d’appui pour que les mêmes erreurs ne soient pas réitérées voire aggravées par cette gestion incohérente comme c’est le cas depuis septembre. Gestion qui s’est tout particulièrement illustrée au retour des congés d’automne par sa cacophonie et son mépris affiché pour les personnels, les élèves et leurs familles.

Nous dénonçons l’impréparation de l’état face à la propagation de la COVID. Nous dénonçons l’irresponsabilité du ministre Blanquer et de son protocole sanitaire adaptable en fonction des problèmes structurels des établissements scolaires et du nombre insuffisant de personnels. C’est-à-dire qui ne protège personne. Rien n’a été pensé depuis Juillet 2020, cette gestion, toujours en réaction et jamais en anticipation, génère de fortes tensions qui ne s’apaiseront pas avec des réponses répressives.

C’est pourquoi nous exigeons, qu’immédiatement, les mesures sanitaires prises dans les établissements scolaires , le soient en suivant très scrupuleusement les prescriptions du Haut Conseil de la santé publique et en s’appuyant sur les compétences des professionnels que nous sommes et la réflexion collective de la communauté éducative notamment celle des parents d’élèves.

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Actu Solidaires 78 Éducation Luttes féministes

Violences sexistes et sexuelles au travail – Stop ! – Dossier de SUD éducation

Alors que Macron avait annoncé faire de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles la « Grande cause de son quinquennat », SUD éducation constate qu’aucune mesure n’a été mise en place ni pour prévenir les violences sexistes et sexuelles au travail ni pour accompagner les victimes. Chaque jour, en France, des femmes sont victimes de violences psychologiques, verbales, économiques, médicales, physiques ou sexuelles. Tous les deux jours, une femme est assassinée par son conjoint ou ex-conjoint : déjà 149 féminicides depuis le 1er janvier 2019 (en augmentation par rapport à 2018 où l’on avait recensé 121 féminicides à la même date).

Stop aux violences sexuelles et sexistes sur nos lieux de travail

Dans l’Éducation nationale, les violences sexistes sont communes, courantes et impunies. Si 1 femme sur 5 affirme avoir vécu des situations de violences au travail, seulement 5% porte plainte pour les dénoncer. Elles comprennent insultes, discriminations, harcèlement, menaces, chantage, mais aussi les agressions physiques et sexuelles. Les femmes les plus exposées au harcèlement sont celles qui subissent des discriminations liées à leur origine et à leur identité de genre et/ou leur orientation sexuelle. Dans le cadre du travail, ouvrières et salariées précaires et dans une moindre mesure les professions in-termédiaires subissent une pression sexuelle plus intense que celle des autres catégories sociales. La circulaire du 9 mars 2018, qui prévoit la pro-tection des victimes de violences sexistes et/ou sexuelles, n’est pas appliquée : les collègues qui ont dénoncé les violences subies n’ont bénéficié ni de protection ni d’accompagnement conve-nables. Pourtant l’employeur est responsable de la santé et de la sécurité des agent-e-s sur leurs lieux de travail !

Assez d’inégalités salariales

De plus, les travailleuses de l’Éducation nationale subissent aussi le sexisme de l’institution dans l’évolution de leur carrière. 12 % des femmes sont à temps partiel, contre 3 % des hommes, avec des conséquences sur la rémunération et sur l’avance-ment. Dans les postes les plus précaires et moins payés , comme celui d’AESH, 90 % sont occupés par des femmes. Plus les élèves sont jeunes plus la profession est féminisée : en 2006, 80 % des enseignant-e-s du primaire sont des femmes alors qu’elles ne sont que 35% dans les universités. Chez les agents-e-s, la répartition du travail est sexuée : aux hommes les postes de techniciens et de chefs cuisine, aux femmes les tâches dites polyvalentes (nettoyage ou service des repas).

Ras-le-bol de l’éducation aux inégalités

Le système scolaire perpétue les violences de genre et contribue à les fabriquer auprès des élèves. Quel exemple la hiérarchie donne-t-elle aux élèves en ne protégeant pas les personnels victimes de violence et en octroyant l’impunité aux agresseurs sexuels ? Quel modèle social l’institution propose-t-elle aux élèves en n’agissant pas pour abolir le système patriarcal et la division sexuée du travail ?

L’éducation proposée aux élèves véhicule l’invisibilisation et l’infériorisation des femmes et les enferme dans des rôles binaires en fonction des genres stéréotypés filles/garçons qui entravent leur émancipation. D’ailleurs, les femmes, absentes ou très minoritaires dans les programmes scolaires et manuels scolaires ne sont pas érigées en modèles disparaissant de tout récit historique. Et pourtant, elles existent et ont existé!

A l’école : une éducation nécessaire aux sexualités

Rappelons qu’à l’école, si les garçons sont plus exposés à la violence (insultes, bagarres…), les filles, subissent plus d’agressions sexuelles et sexistes (baisers imposés, jeux où on doit tou-cher leurs fesses dans la cour de récré, et surtout cyber-harcèlement). Afin que cessent les violences, l’école doit éduquer permettre une construction aux sexualités, dans une perspective non hétéro-centrée, en insistant sur l’éducation au consentement.

Contre toutes les formes de violences sexistes et sexuelles, SUD éducation appelle à participer massivement à toutes les initiatives à l’occasion des journées de luttes du 21 au 25 novembre.


Vous trouverez ci-dessous :

le matériel (tract et affiche) de SUD éducation

le matériel (tract et affiche) intersyndical CGT-FSU-SUD éducation

la brochure SUD éducation intitulée “Lutter contre le sexisme dans l’éducation nationale : ressources et analyses”

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Actu Solidaires 78 Éducation

Communiqué Sud éduc 78 : Soutien aux personnels mobilisés, ce n’est que le début !

Les personnels d’enseignement et d’éducation de l’ensemble du pays ont dû faire face une nouvelle fois, dans les jours précédant la rentrée des congés scolaires d’automne, au mépris décomplexé du ministère à leur égard. En effet, moins de quinze jours après l’assassinat de leur collègue Samuel Paty, en lien direct avec l’exercice de ses missions d’enseignant, le ministère, après avoir annoncé la tenue de 2 heures d’échanges entre les personnels suivies d’un hommage, fait volte-face au prétexte d’impératifs sécuritaires. Le temps d’échange est supprimé, et l’hommage à Samuel Paty est désormais réduit à une minute de silence. Cette décision est ressentie par nombre de personnels comme une insulte, à la fois à la mémoire de leur collègue, mais également à l’égard du traumatisme que pour beaucoup d’entre-eux, les congés n’ont absolument pas permis d’atténuer.

En outre, dans un contexte sanitaire critique, le protocole « renforcé » annoncé par le ministère de l’Éducation nationale jeudi 29 octobre au soir ne s’inscrit aucunement dans la conformité avec les mesures prévues par le ministère lui-même cet été, en cas de nouvelle période de circulation active du virus : pas de dédoublement des classes, permettant de limiter le brassage des élèves, mais des consignes dérisoires portant sur l’aération fréquente des locaux (à la veille du mois du novembre), sur leur désinfection régulière (sans qu’aucun moyen humain supplémentaire chez les agents ne soit déployé pour le permettre), sur le port du masque, étendu aux élèves de l’école primaire. De plus, à la veille de la rentrée, les stocks de masques et de gel hydro-alcooliques n’étaient pas encore parvenus aux écoles et aux établissements du secondaire, montrant combien le discours ministériel qui se vante de « choyer » les enseignants est hypocrite. Le ministère met donc délibérément en danger plus de 800 000 personnels, 12 millions d’élèves, et plus largement l’ensemble de la population, alors que les hôpitaux sont saturés et que le décompte des morts quotidiens atteint voire dépasse le niveau de mars-avril.

Face à cette situation indigne et alarmante, de nombreux établissements se mobilisent depuis lundi 2 novembre. Dans les Yvelines, nombre de collègues du secondaire des bassins de Mantes (lycée Saint-Exupéry à Mantes-la-Jolie, lycée Senghor à Magnanville, lycée Condorcet à Limay, collège de la Vaucouleurs à Mantes-la-Ville, collège Cézanne à Mantes-la-Jolie, collège George Sand à Magnanville), des Mureaux (lycée Villon aux Mureaux, lycée Van Gogh à Aubergenville), de Sartrouville (collège Romain Rolland) se sont mis en grève lundi et réunis en Assemblée Générale afin de décider de la suite des actions à mener pour réclamer une rentrée digne et la mise en place des dédoublements. À partir de mardi et / ou dans la suite de la semaine, la mobilisation a été massivement reconduite dans certains établissements, et s’est invitée dans de nouveaux : collège Chénier et collège Ferry (Mantes-la-Jolie), collège Pagnol (Bonnières), lycée Claudel (Mantes-la-Ville). Dans d’autres, les collègues ont déposé un droit de retrait au vu de la mise en danger qui les guette, non seulement eux mais aussi l’ensemble de la société, en reprenant leurs classes dans ces conditions. Cette mobilisation peut et doit payer ! C’est le cas au collège Claude Monnet de Carrières-sous-Poissy ou du lycée St Exupéry de Mantes-la-Jolie qui fonctionneront en demi-groupes à partir de lundi 9 ou du lycée Van Gogh d’Aubergenville avec division des effectifs par 2 et 3 jours de lycée par semaine pour chaque élève et 3 jours à la maison.

Les élèves ont également été partie prenante de cette mobilisation, en rencontrant parfois les personnels grévistes par le biais de leurs représentants dans leurs instances et organisations collectives, en exprimant leur contestation et leur indignation à la porte d’établissements incapables de les recevoir dans des conditions sanitaires sérieuses. Face à la mobilisation lycéenne, une nouvelle fois la réponse du gouvernement c’est la matraque et les lacrymos, sans compter l’usage de grenades de désencerclement à St Exupéry… Les parents d’élèves ne sont pas en reste : à la Vaucouleurs, les élus appellent à une journée collège mort vendredi 6. Malgré l’ampleur de la mobilisation, la Direction académique n’avait jusque ici pas apporté de réponse globale à ces revendications, mais s’est contentée d’envisager d’hypothétiques aménagements au cas par cas en demandant aux chefs d’établissements de leur communiquer les scenarii de reprise possible localement.

SUD éducation 78 apporte tout son soutien aux personnels mobilisés du département, rappelle qu’un préavis de grève national permanent est déposé par la fédération SUD éducation, et appelle à poursuivre la mobilisation partout dans le département, jusqu’à obtention de conditions de travail dignes et pourquoi pas de bien plus !

Après un premier recul du Ministre sur les lycées, nous devons amplifier la mobilisation pour que la protection des personnels et des élèves, que les 1/2 groupes et l’allégement des programmes soient étendus à tous les niveaux… C’est par le rapport de forces que nous imposerons nos demandes !

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Actu Solidaires 78 Éducation

Vessies et lanternes dans l’Éducation nationale

Ou comment la propagande ministérielle, médiatique et républicaine,

fait passer l’école pour autre chose que ce qu’elle est

La communication ministérielle, et plus généralement l’écho médiatique qui a suivi l’ignoble assassinat de notre collègue, ont mis au centre du débat l’école publique et républicaine. Elle en sort grandie et presque intouchable, on lui donne un rôle de phare de la République dans cette période sombre1. Ce texte se veut une réflexion sur le sens, la fonction de l’école dans le contexte post assassinat de notre collègue, pour démêler le vrai du faux de cette propagande. Trois aspects du discours sont discutés : le soutien de la hiérarchie, le rôle de formation de l’esprit critique et l’universalité de l’école de la République.

On nous affirme avec force que les mécanismes de la hiérarchie, bien huilés, ont parfaitement fonctionné, et qu’ainsi notre collègue a été soutenu du début à la fin. Quiconque a déjà subi des pressions de parents sait que la hiérarchie n’est pas toujours là pour débloquer la situation, quand ce n’est pas elle qui met la pression. Au quotidien, la hiérarchie nous familiarise plutôt avec les atteintes à la liberté pédagogique, le flicage et le tri des bons et des mauvais profs2, les postures de managers et de chefs d’entreprise vis à vis des contractuels, le noyautage des possibilités de rencontre entre personnels et parents d’élèves pour échanger sur les réformes et les moyens de les combattre3, la répression des trouble-fêtes pour fait de grève4, la transmission et l’exécution de toutes les réformes antisociales… Plus récemment, la continuité pédagogique et l’envoi en première ligne pour faire garderie patronale ont montré à quel point la hiérarchie était bienveillante. Toujours, l’Éducation Nationale n’a été qu’une institution extrêmement hiérarchisée, pilotée par le gouvernement dans son intérêt. Nous n’avons, travailleurs et travailleuses de l’éducation, rien à attendre de notre hiérarchie.

On nous dit que l’école de la République est le fer de lance de la promotion de l’esprit critique pour les jeunes, qui transmet « le savoir au service de l’esprit critique, c’est-à-dire au service de la construction de citoyens libres et éclairés » (Blanquer). De qui se moque-t-on quand on affirme cela alors que le cadre général de l’école est d’attendre de la part des élèves discipline et obéissance à l’autorité, recrachage de cours à travers l’évaluation-sélection permanente, et formatage des corps et des esprits par les programmes et l’idéologie républicaine conservatrice5 ? Un léger recul en arrière montre que l’école publique n’a jamais été autre chose – et ce depuis ses origines sous le bien-aimé (des ministres) Jules Ferry -, celle dont les réac-publicains (version IIIème République) ont la nostalgie. Ce discours hypocrite est d’autant plus indigeste que les dernières réformes ne font que renforcer cette tendance d’annihilation de l’esprit critique des élèves et des personnels : suppression d’heures d’enseignement général pour les élèves en voie professionnelle6, élèves que l’on tasse à 36 élèves (voire plus) par classe dans les lycées7, classes qui doivent afficher des drapeaux français et des paroles de la Marseillaise8, dans lesquelles on ingurgite des programmes qui ouvrent de moins en moins aux critiques de la société9. Pour qui s’y risquerait tout de même, l’article premier de la loi « pour l’école de la confiance », permet de sanctionner les personnels trop remuants.

On nous vend une école et une République des Lumières, universelles, à même de combattre l’obscurantisme religieux qui frappe notre Nation. Mais derrière ces grandes images – qui, finalement, ne sont que des mots – l’école, loin d’unifier la population et d’assurer les moyens à tous de choisir son avenir, reproduit les inégalités de génération en génération. C’est dans ce contexte social duquel l’école est partie prenante, que les vautours idéologues du racisme, du complotisme et du fanatisme s’alimentent de la colère des populations exclues et précaires, la dirigeant dans leur intérêt vers des cibles factices, ce qui n’est porteur d’aucune perspective émancipatrice. Loin de l’image de l’ascenseur social dont on nous abreuve, l’école n’a que pendant une brève parenthèse historique permis l’ascension sociale d’une petite partie de la population (devenus gestionnaires et encadrants de l’exploitation des autres travailleurs…) alors qu’elle a sans cesse maintenu son rôle majeur de sélection sociale et de formation des futurs travailleurs aux exigences du marché de l’emploi. On appelle ça pudiquement « orientation » et « préparation d’un projet professionnel ». « Pour leur bien », les enfants des pauvres seront des travailleurs précaires, mis très tôt sur les rails de l’alternance, des formations courtes professionnalisantes, etc., et pour les enfants des classes supérieures, les études… supérieures et les diplômes d’élite. L’école ne fait donc rien pour répondre à la fracture sociale grandissante entre les différentes classes sociales, si ce n’est l’accentuer davantage, grâce aux dernières réformes notamment10.

Derrière le discours de façade de soutien de notre ministre qui hier nous traitait de « décrocheurs », derrière la vague médiatique #jesuisprof qui présente les personnels comme des héros du quotidien et l’école comme parangon de vertu, se cachent en réalité bien des contradictions. Celles-ci nous sautent aux yeux dans une période comme la nôtre, car les belles paroles masquent mal la réalité d’une école capitaliste dans une société capitaliste. En définitive, il serait illusoire de croire que l’école que l’on connaît soit avant tout un service public émancipateur : la soumission à l’autorité y est omniprésente, les apprentissages y sont mis au service d’une sélection des élèves en vue de leur future existence de travailleurs, répondant aux besoins en main d’œuvre de la classe capitaliste.

Ce n’est donc pas la défense en bloc du service public d’éducation et le front républicain11 qui nous aideront à surmonter les contradictions de l’école publique, tant ces idéologies peinent à cacher leurs ambiguïtés. Il y a au contraire à repenser un discours, des luttes et un projet pour attaquer l’école capitaliste dans ses fondements.

1Le ministère de l’Éducation Nationale est bien sûr celui qui a le discours le plus consensuel, et les syndicats ont critiqué notamment le discours « L’institution scolaire aux côtés de Samuel Paty à chaque étape de ce qui a précédé cette tragédie »

2Voir l’IA de l’Ariège qui appelait à « garder mémoire nominative des engagements remarquables et remarqués ; l’inverse est aussi vrai… » des enseignantsaprès la « continuité pédagogique »

3Dans beaucoup d’académies et de lycées tout a été fait pour empêcher les enseignants de rencontrer les parents d’élèves pour discuter avec eux de la réforme du lycée, entre 2018 et 2020

4Du 12 au 16 octobre ont eu lieu les CAPA disciplinaires de 4 enseignants de l’académie de Poitiers, pour leur participation à la lutte contre les E3C l’année scolaire passée

5Dernier exemple en date, l’affaire de la « tenue républicaine » (contre les tenues jugées antirépublicaines comme le crop top), ou comment l’institution dit aux filles comment elles devraient s’habiller !

6Dernière réforme de la voie professionnelle, 2019

7Comment faire circuler la parole en 1h de cours avec 36 élèves ? Comment organiser un débat ?

8Loi Blanquer, dite « pour l’école de la confiance », 2019

9Voir la suppression de Marx dans les derniers programmes de SES

10Parcoursup qui écrème les classes populaires des études supérieures, la dernière réforme du lycée et du bac qui renforcent le côté élitiste de l’évaluation…, sans compter dernièrement l’ouverture des classes prépas alors que les universités sont fermées, pendant le deuxième confinement.

11Où est passé la « solidarité » #jesuisprof aux personnels de l’éducation, pour cette rentrée où sont piétinés les besoins de concertation entre collègues vis à vis de l’assassinat de S. Paty et le « protocole sanitaire » ?

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Actu Solidaires 78 Éducation Précarité

Toujours pas de mesures de protection pour les Accompagnant·es d’élèves en situation de handicap !

Les personnels de l’Éducation nationale ont découvert le 29 octobre un nouveau protocole sanitaire. SUD éducation dénonce les insuffisances de ce protocole qui ne protège ni les personnels ni les élèves. Le renforcement du protocole sanitaire se limite à imposer le port du masque aux élèves de 6 ans et plus, à aérer davantage les salles de classes, à nettoyer davantage les locaux et à limiter si possible le brassage des élèves. Le protocole est en décalage complet avec la réalité vécue par les personnels dans les écoles et les établissements. Pourtant, avec 10 000 contaminations par jour, l’accueil des élèves et des personnels constitue un enjeu de santé public majeur.

Les personnels AESH (Accompagnant-e-s d’Élèves en Situation de Handicap) sont à nouveau les grand-e-s oublié-e-s du protocole alors même que leurs missions ne leur permettent pas de respecter une distanciation physique avec les élèves.

La mission des personnels AESH est indispensable dans les écoles, collèges et lycées. Ce sont les AESH qui ouvrent l’école aux élèves en situation de handicap. Il faut leur fournir le matériel de protection nécessaire pour travailler dans les meilleures conditions.

L’accompagnement de certain-e-s élèves en situation de handicap nécessite des masques transparents ou de matériels de protection renforcée (sur-blouses, visières, masques FFP2, gants…). Ce matériel doit être mis à disposition des personnels AESH dès le 2 novembre.

Enfin, les personnels AESH doivent pouvoir bénéficier des autorisations d’absence pour les personnels vulnérables au même titre que les autres personnels sans perte de salaire.

Pour toute question, contactez le syndicat SUD éducation .

SUD éducation appelle tous les personnels à se montrer inflexible lorsque leur santé et leur sécurité sont en jeu.

SUD éducation appelle les personnels à signaler tous les manques de leur hiérarchie en matière de sécurité et de santé au travail dans le Registre Santé et Sécurité au Travail (RSST) qui doit être accessible pour tous les personnels.

SUD éducation appelle les personnels à imposer, par le rapport de force – AG, débrayage, grève – la mise en œuvre de conditions sanitaires respectant la santé des personnels et des élèves.

Pour plus d’information sur vos droits, consultez le dossier « COVID 19 » sur le site de SUD éducation.

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Actu Solidaires 78 Éducation

Santé des élèves, santé des personnels ? Blanquer face à la réalité : la désintox

Le jeudi 29 octobre, Jean-Michel Blanquer a répondu au journaliste de Télématin sur France 2 au sujet du nouveau protocole sanitaire dans l’éducation. Ses réponses montrent qu’il ne connaît pas du tout la situation sur le terrain ou qu’il se moque ouvertement de la santé des personnels et des élèves.

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Actu Solidaires 78 Éducation

2 nov. : une rentrée scolaire « comme à l’habitude* » ?

L’assassinat de Samuel Paty nous a bouleversé·es

Par sa violence.
Par le fait qu’il s’agissait d’un collègue, assassiné parce qu’il faisait son métier.
Par l’élan de solidarité qu’il a suscité.

Mais, très vite, les vautours idéologiques et les fossoyeurs de l’école publique ont lâchement instrumentalisé cette tragédie : propos haineux et racistes, appels à la guerre et à l’allégeance, sans parler des ministres Blanquer et Castex qui, cyniquement, récupèrent ce drame pour encenser leur politique ou la rendre encore plus dogmatique et autoritaire.

Non, les personnels de l’éducation ne sont pas en guerre.
Ni contre une communauté, ni contre les élèves, ni contre les familles.
Contre les divisions et les stigmatisations, nous avons besoin de dignité, de solidarité et de collectif.

Nous sommes en lutte pour nos conditions de travail.

Abandonné·es, méprisé·es, réprimé·es, nous, personnels de l’éducation, nous savons bien que les discours officiels du moment ne sont que des leurres sans lendemain.

C’est à nous d’affirmer notre dignité professionnelle, d’en finir avec le contrôle, la suspicion, le dénigrement et les injonctions hiérarchiques.

Face à la souffrance des personnels que Blanquer comme ses prédécesseurs n’ont cessé d’ignorer, face à la démagogie ministérielle, aux violences managériales, au #pasdevague, c’est à nous d’exiger une reconnaissance salariale et professionnelle, ainsi que des conditions de travail décentes : médecine du travail, protection sanitaire, etc.

En lutte, toujours, pour une école digne et émancipatrice

Nul besoin de consignes autoritaires : nous savons faire notre travail, nous le faisons tous les jours afin de construire une école pour toutes et pour tous, qui ne discrimine ni les élèves ni les personnels selon leurs convictions.

Contre l’ingurgitation d’une pensée unique, contre la faussement consensuelle idéologie nationale et les fanatismes de tous bords, nous préférerons toujours une pédagogie de la pensée critique et contradictoire.

Si elle n’est pas universelle, démocratique et sociale, la République n’est qu’un mot creux : à nous de lutter pour cette République dans nos classes, dans nos établissements et dans la société.

* Blanquer dans son mail aux personnels du vendredi 30/10/2020.

Un préavis de grève illimitée a été déposé par Sud éducation pour permettre à tou·tes les collègues de se mobiliser dès le lundi 2 novembre et les jours suivants.

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Réseau Education Sans Frontières des Yvelines (78) Permanences des associations

mise à jour le 2 octobre 2020


LUNDI
-Versailles (Dom’asile) à l’Ermitage, 23 rue de l’Ermitage, de 10h à 12h – bus 2 – Arrêt Berthier

MARDI
– Plaisir (Bénévoles de La CIMADE) les mardis de 14 à 17h 2 rue Calmette à Plaisir uniquement sur rdv à demander au : 06 72 81 90 06 . à pied: à 20 minutes de la gare de PlaisirGrignon; en bus: N° 4, 9, ou 10 et descendre à l’arrêt Marché.
– Versailles (La Cimade – ASILE) réouverture le 22 septembre – de 14h à 17h dans les locaux de la maison des associations 2 bis place de Touraine 78000 VERSAILLES – uniquement
sur rdv à demander par mel à asile78@lacimade.org ou par téléphone au 0………. à la limite de Versailles et de Viroflay, près de l’Hôtel des Impôts, à
coté de la “pépinière d’entreprises” – Pour celles et ceux qui ne peuvent nous contacter par mail ou par téléphone, un pré-accueil se fera de 13h à 14h (en extérieur) pour donner des créneaux de rendez-vous.
– Rambouillet (LDH Rambouillet)
le 4° mardi du mois de 19h à 20h30 au 7 avenue Foch à Rambouillet – uniquement sur rdv à demander au : 06.80.89.64.21
MERCREDI
– Mantes-la-Ville (LDH) 18h à 20h à la maison Mandela, 9 rue Edmond Debeaumarché (petite rue au dessus de la salle J.Brel) Tel: 07 71 73 00 44
– Mantes-la-Jolie (ASTI du Mantois) 18 rue de Gassicourt, de 19 h à 21 h, sur rendez vous (Tel: 06 28 23 85 71).
– Sartrouville (ASTI) 9h30 à 12h à la maison du citoyen, des droits et des devoirs, 118 avenue Georges Clémenceau – uniquement sur rendez-vous : 01 61 04 20 99
17 h à 19 h, Centre social 1 bis rue Lebon
-Versailles (Dom’asile) à l’Ermitage, 23 rue de l’Ermitage, de 14h30 à 16h30 – bus 2 – Arrêt Berthier
-Versailles (Secours Catholique) 24 T rue du Maréchal Joffre de 10h à 16h uniquement sur rdv à demander au : 01 39 50 44 45.
– Rambouillet (Secours catholique) 3 rue Dubuc de 9h à 12h uniquement sur rdv à demander au : 01 34 83 18 82
– Versailles (LDH – RESF – CEFY) dans les locaux de la maison des associations 2 bis place de Touraine Versailles – uniquement “en interne” sur rdv auprès des militants qui assurent la permanence en téléphonant au numéro : 07 49 25 85 97
JEUDI
– Trappes, ( MRAP Saint Quentin-en-Yvelines et environs), réouverture de la permanence d’accueil à partir du 24 septembre de 18h à 20h 4 allée Saint-Exupéry maison des associations uniquement sur rdv à
demander au : 06 80 24 35 70
VENDREDI
– Achères (LDH Poissy Achères) Point d’accès au Droit 8 allée Simone Signoret, place du Marché, un ou deux vendredis par mois après 18 heures uniquement sur rdv à demander au : 06 32 68 01 41
– Conflans ( CEFY Collectif Etrangers Français en Yvelines) chaque vendredi (non férié) de 16 h à 19 h dans les locaux de l’Union Locale CFDT de Conflans et Environs Zone d’Activité du Renouveau 05, rue du
clos d’en Haut (ou 05 rue du Renouveau) – Porte A – uniquement sur rdv à demander au 06 03 51 82 59 ou au 06 72 94 92 54
– Poissy (Secours Catholique) 68 avenue Foch de 9h à 12h uniquement sur rdv à demander au 01 30 74 67 48
SAMEDI
– Sartrouville, (ASTI) Centre social 1 bis rue Lebon (ASTI) – de 9H30 à 12H uniquement sur rendez-vous (tel: 01 39 13 97 63)
– Mantes-la-Jolie, (ASTI du Mantois) 18 rue de Gassicourt, de 9h30 à 11 h 30 (Tel: 06 28 23 85 71)
– Poissy, (LDH Poissy Achères) Centre André Malraux, 25 avenue du Maréchal Lyautey – téléphoner de préférence pour prendre rdv au 06 32 68 01 41), le 3è samedi du mois de 9h30 à12h, sauf vacances scolaires.
– Sartrouville, (Secours catholique) 3 rue Pablo Picasso de 9h à 12h uniquement sur rdv à demander au : 01 79 27 05 97

Le Réseau Éducation sans Frontières (RESF) apporte un soutien actif aux élèves et à leurs parents sans-papiers
Téléphone: 06 16 55 95 60 http://www.resf78.ouvaton.org/ et http://www.educationsansfrontieres.org

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Actu Solidaires 78 antifascisme Éducation

Mantes, 21/10, rassemblement à la mémoire de Samuel Paty…

Mercredi 21 octobre 2020 à 12 h devant la mairie de Mantes la Jolie

Ce vendredi 16 octobre à Conflans-Sainte-Honorine, Samuel Paty a été assassiné devant le collège où il enseignait l’histoire et la géographie.
Victime d’un attentat perpétré au nom d’une conception dévoyée de l’Islam, il était depuis plusieurs jours la cible d’une vindicte publique. Pourquoi cette vindicte ?
Parce qu’il avait montré des caricatures de Mahomet dans l’une de ses classes où il étudiait avec ses élèves la liberté d’expression.
Comme tout enseignant, il cherchait ainsi à préparer des jeunes à l’exercice de l’esprit critique, condition essentielle à une pleine citoyenneté.
Nous nous rassemblons pour dire des choses simples et importantes :
– Que nous pensons à Samuel Paty ainsi qu’à ses proches endeuillés.
– Que les enseignants doivent être soutenus dans l’exercice de leur métier.
– Que nous sommes attachés à la liberté d’expression et que nous refusons les logiques extrémistes et obscurantistes.
– Que nous sommes attachés à la laïcité, qui garantit la liberté de conscience.
– Que ça n’est pas par la haine que nous répondrons à la haine qui a coûté la vie à Samuel Paty mais par la promotion de la liberté, de l’égalité et de la
fraternité.

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