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Dans le privé et le public, un syndicalisme de lutte pour la transformation sociale

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Actu Solidaires 78 antifascisme antiracisme

Combattons la “loi immigration” raciste et antisociale

L’Assemblée nationale vient d’adopter ce texte après des tractations politiciennes organisées par le gouvernement tandis que l’extrême-droite jubile.

Il reflète la volonté du gouvernement de stigmatiser une fois de plus les immigré·es et développe un climat nauséabond vis-à-vis des étranger·es, malgré les promesses de “digue contre l’extrême-droite” d’Emmanuel Macron en mai 2022.

La journée du 19 décembre a franchi un nouveau cap. Le gouvernement a décidé de faire adopter une loi reprenant les pires positions de l’extrême-droite sur la préférence nationale, sa négation du droit du sol et des droits des travailleuses et travailleurs étranger·es. Le problème n’est pas d’adopter le projet de loi avec ou sans les voix de l’extrême droite. C’est bien son contenu, qui permet qu’il soit voté par l’extrême droite.

L’Union syndicale Solidaires lutte depuis des mois contre ce projet de loi. Nous avons participé activement au cadre unitaire UCIJ, Unis contre une immigration jetable, pour repousser cette loi et porter une politique migratoire d’accueil et solidaires. L’urgence c’est de régulariser les travailleurs et travailleuses sans-papiers trop souvent exploité·es, sous la menace d’une arrestation sur le chemin du travail. Cette loi n’y répond pas. L’urgence c’est de ne laisser personne à la rue. L’urgence c’est de donner les moyens aux services publics. L’urgence c’est les augmentations de salaires, le partage des richesses et la lutte contre la crise écologique, pas une énième loi sécuritaire et xénophobe.

Nous sommes à un tournant politique majeur. Il est urgent que l’ensemble du mouvement social, que les forces syndicales, associatives et politiques, fassent front ensemble. Nous avons une responsabilité collective à proposer une action massive et populaire pour empêcher l’application de cette loi. L’Union syndicale Solidaires va tout mettre en œuvre dans ce sens dans les jours et semaines qui viennent.

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Actu Solidaires 78 antifascisme antiracisme

Loi immigration : xénophobie d’État – Dossier SUD éducation

La loi immigration, portée par le gouvernement et votée le 19 décembre avec les voix de la “majorité présidentielle”, de la droite et de l’extrême droite, est une régression sans précédent.

Le gouvernement mène une politique raciste de ségrégation sociale : il désigne des boucs émissaires pour mieux diviser les classes populaires.

SUD éducation appelle l’ensemble des personnels à se mobiliser dès ces prochains jours lors de mobilisations locales et se réunir à la rentrée pour préparer une riposte à la hauteur de cette attaque pour une société plus solidaire, plus émancipatrice et plus démocratique, contre le racisme.

Communiqué de sud éducation
communiqué de sud éducation dans l’esr
déclaration intersyndicale lors du csa men du 21 décembre
communiqué intersyndical de l’esr
Droit à la scolarité pour les élèves allophones
communiqué de solidaires
https://solidaires.org/sinformer-et-agir/actualites-et-mobilisations/communiques/combattons-la-loi-immigration-raciste-et-antisociale/
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Actu Solidaires 78 antifascisme Éducation

Interview de Grégory Chambat, auteur de “Quand l’extrême droite rêve de faire école”

Notre camarade de SUD éducation – Solidaires 78 a accordé un entretien au collectif antifasciste La Horde que nous reproduisons ici.

Grégory Chambat, enseignant et militant syndical, s’intéresse depuis plusieurs années à la pénétration des idées d’extrême droite en matière d’éducation. Il vient de publier un petit ouvrage qui propose un rapide historique de l’imaginaire réactionnaire de l’institution scolaire, un argumentaire pour répondre aux idées racistes et sexistes des nationalistes de droite, et une présentation des politiques éducative de différents gouvernements d’extrême droite dans le monde. On lui a posé quelques questions pour en savoir plus sur l’extrême droite et l’école : voici ses réponses.

Ton dernier livre fait moitié moins de pages que L’École des Reac-publicains. Pourquoi publier un livre d’un format compact dans le contexte actuel ?
À première vue, les deux ouvrages peuvent sembler proches dans leur thématique, mais ils répondent en réalité à deux objectifs différents et s’adressent aussi peut-être à deux publics qui ne se recoupent pas forcément.
Publié en 2016, L’École des réacs-publicains entendait questionner l’émergence, dans les débats sur l’école, d’une rhétorique que j’ai qualifiée de « réac-publicaine » et qui apparaît au milieu des années quatre-vingt à travers un puissant courant « anti-pédagogiste », courant qui se développe au moment où la gauche de gouvernement renonce à toute ambition sociale, égalitaire et émancipatrice et où l’extrême droite marque ses premiers points dans sa bataille pour l’hégémonie culturelle. Et c’est justement sur cette question de l’éducation que des « républicains » des « deux rives » vont se retrouver et confirmer l’analyse de Jacques Rancière qui écrivait dans La haine de la démocratie : « C’est, de fait, autour de la question de l’éducation que le sens de quelques mots – république, démocratie, égalité, société, a basculé. » À la sortie du livre, j’ai été taxé de tout mélanger. À l’époque, les Onfray, Brighelli, Michéa, Polony ou Julliard apparaissaient encore comme des « souverainistes de gauche ». Aujourd’hui, leur inscription dans la galaxie réactionnaire ne fait plus de doute, et c’est bien d’abord à travers leurs discours sur l’école qu’ils ont rallié « l’autre rive ».
Mais cette exploration de la nébuleuse réacpublicaine voulait aussi s’interroger sur une inquiétante impuissance du mouvement social concernant les enjeux scolaires, quand, là encore, pour résumer à grands traits, l’abandon d’un discours critique sur l’école faisait que la défense de l’école républicaine prenait l’ascendant sur la lutte pour une école démocratique et émancipatrice.
Avec Quand l’extrême droite rêve de faire école, il s’agit, hélas, d’acter la victoire idéologique de l’extrême droite dans le débat scolaire. Ses prétendus adversaires reprennent aujourd’hui sa rhétorique et son programme (« Les discours de M. Blanquer, déclarait Marine Le Pen dès 2017, sont […] pour nous une victoire idéologique mais même maintenant une victoire politique » ). L’heure n’est plus vraiment au décryptage, mais bien à la contre-offensive. En ce sens, j’ai imaginé ce nouvel ouvrage comme un texte de combat, et donc comme un écrit plus accessible, plus court (130 pages) et plus synthétique, répondant à cette lancinante rengaine « l’extrême droite ? on n’a jamais essayé… ». L’ouvrage est structuré autour de quatre entrées : un survol historique qui démontre l’obsession de l’extrême droite pour l’éducation, une analyse de sa rhétorique et de son programme, la présentation de l’action de l’extrême droite là où elle est déjà au pouvoir et « fait école » (mairies RN, mais aussi expériences à l’étranger – Brésil, États-Unis, Hongrie, Turquie) et enfin une partie qui se propose de construire la riposte. Il s’agit d’abord d’outiller, d’armer et de conscientiser celles et ceux qui veulent résister et lutter. Je crois que le livre trouvera surtout son public sur les tables de presse militantes, les stages syndicaux, les rencontres antifascistes, etc. où il a davantage sa place plutôt qu’en librairie (mais ce serait bien que je me trompe…).

L’offensive de l’extrême droite en matière d’éducation est essentiellement réactionnaire. Est-ce que tu peux expliquer pour quelles raisons ?
L’extrême droite nourrit depuis toujours une obsession pour les questions éducatives. Le livre retrace un certain nombre de ces épisodes, depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à nos jours : Edouard Drumont, l’auteur de La France juive, contre le pédagogue libertaire Paul Robin, les ligues nationalistes anti-dreyfusardes dénonçant « l’école sans patrie », l’Action française contre Freinet, etc.

L’Éducateur prolétarien (revue de Freinet) n° 2, 15 octobre 1934

À chaque fois, il s’agit de lutter contre une promesse d’émancipation sociale en se mobilisant pour maintenir un système inégalitaire et autoritaire. Jean-Michel Barreau a une définition très pertinente du projet réactionnaire : « Conservateur en colère, écrit-il, le réactionnaire veut maintenir l’ordre “naturel” des choses et se donne les moyens autoritaires de le faire. [Il est aussi] assurément un réformateur, mais un réformateur qui réforme à reculons : en reculant dans l’histoire et en reculant dans le social, dans la justice et l’égalité. »
Cette rhétorique réactionnaire de l’extrême droite se construit en deux temps : distiller l’idée d’une décadence du système scolaire pour en appeler à un redressement – du corps, des esprits et de la nation. Dans cette perspective, l’idée d’égalité est tout simplement insupportable. L’école est ainsi présentée comme le symptôme d’un effondrement de la civilisation, d’un « Grand endoctrinement » qui fait écho au « Grand remplacement ». Elle est aussi vue comme le lieu d’un possible retour à l’ordre. Mais pour cela, il faut exclure : exclure les élèves issu·es de l’immigration, les enfants de pauvres, mais aussi exclure les personnels (les pédagogues, les syndicalistes, les wokistes et les islamo-gauchistes), exclure, enfin, toute pensée critique (historique, sociologiques, etc.).

Parmi les principaux ennemis de l’extrême droite en matière d’éducation, tu cites les pédagogues, alors que la pédagogie est littéralement la science de l’éducation. Est-ce que tu peux nous expliquer cet (apparent) paradoxe ?
Effectivement, les pédagogues figurent en tête des ennemis à éliminer du fait de leur volonté de transformer l’institution. Ils et elles sont accusé·es (avec les sociologues, les historien·nes critiques, etc.) d’être les responsables de la baisse du niveau et de la décadence du système éducatif. Mais derrière ces enjeux pédagogiques, il y a en réalité des choix politiques. En opposant un courant « républicain » à un courant qualifié de « pédagogiste », il s’agit de balayer d’un revers de main toute ambition de transformation sociale.
Les sciences de l’éducation sont d’ailleurs également remises en question au nom de la tradition – enseigner serait un métier qui ne s’apprend pas, Sarkozy avait ainsi supprimé toute formation initiale – et il s’agit uniquement d’appliquer les bonnes vieilles recettes d’antan (cours magistral, scolastique, etc.)
Il faudrait aussi évoquer la tendance à se référer continuellement aux neurosciences pour en faire « la » science de l’éducation. De Blanquer à Attal, on retrouve cette volonté d’uniformiser les pratiques pédagogiques et de transformer les enseignant·es en simple exécutant·es de process validés par la science.

Jean-Michel Blanquer

C’est aussi au nom de cette neuropédagogie que se développe aujourd’hui tout un tas d’écoles hors contrat. Pour accompagner la création de ces écoles, il y a un mouvement très structuré, la Fondation pour l’école, dont les liens avec les catholiques intégristes mais aussi les nostalgiques du colonialisme sont avérés.
De fait, comme tu le dis, on ne peut pas imaginer une école sans pédagogie. Mais celle-ci est toujours adossée à un projet politique et à une vision de la société. La nostalgie pour les méthodes d’hier renvoie à une conception hiérarchique et autoritaire, celles justement que des pédagogues comme Robin, Ferrer, Freinet ou Freire, se référant au mouvement ouvrier, ont dénoncé. D’autres ont voulu « dépolitiser » les questions pédagogiques, je pense en particulier à Montessori, qui justifiait ainsi ses accointances avec le régime de Mussolini. Sans forcément que ces liens soient connus, la pédagogie Montessori jouit d’un prestige chez certain·es réactionnaires. Ainsi, dans la ville où j’enseigne (Mantes-la-Ville), l’ancien maire FN avait favorisé l’implantation d’une école Montessori.

Tu avances que l’extrême droite aurait gagné « la bataille des idées » en matière d’éducation. Est-ce qu’elle n’essaye pas surtout de le faire croire (comme c’est le cas dans bien des domaines) ? N’est-ce pas dans le champ éducatif justement que la résistance à ses idées semble la plus forte ?
Je crois – hélas – que l’extrême droite sort aujourd’hui victorieuse de cette bataille culturelle…. Le jour des annonces de Gabriel Attal, Roger Chudeau, le « monsieur éducation » du RN, déclarait « les mesures sont exactement celles du programme de Marine Le Pen ». Il y a là peut-être une part de stratégie politique, mais, assurément, en matière d’éducation, l’extrême droite a su imposer son discours, son agenda et ses « solutions ».

Elle y est d’autant mieux parvenue que c’est un sujet où l’on a sous-estimé son action alors même que le mouvement social a abandonné l’idée d’une critique de l’école. Le débat scolaire s’est ainsi réduit à une opposition réactionnaires / gestionnaires (ou « républicains vs « pédagogistes »). Cette hégémonie idéologique de l’extrême droite en matière d’éducation fait qu’il est de plus en plus difficile de contrer son discours sur la restauration de l’autorité, les fondamentaux, etc. Le simplisme des mesures préconisées, comme par exemple le port de l’uniforme, n’empêche pas qu’elles recueillent une large adhésion, y compris chez certain·es collègues qui, tout en prétendant combattre l’extrême droite, nourrissent en réalité le terreau sur lequel elle prospère.
Mais il s’agit de distinguer le succès idéologique et médiatique des droites extrêmes de leur implantation dans les établissements scolaires. Quand Zemmour annonce l’élection de 3500 « parents vigilants » dans les instances, il faut rappeler que ce sont 300 000 représentant·es de parents d’élèves qui siègent à différents niveaux.

Quant au corps enseignant, le vote d’extrême droite y est bien moins puissant que dans d’autres profession (entre 10 et 20 % selon les élections) mais il progresse régulièrement pour des raisons que j’ai essayé de montrer dans mon livre. De fait, l’école demeure encore un lieu de résistance. Les organisations syndicales ont pris conscience du danger, elles organisent des stages et ont monté une structure intersyndicale « Toutes et tous ensemble contre l’extrême droite » qui rassemble la CGT, la FSU, SUD, la CFDT, l’Unsa. Ainsi à Béziers les conseils d’école ont jusque-là refusé la blouse que Robert Ménard veut imposer depuis des années. Si l’école prend conscience des dangers qui pèsent sur elle, si les personnels sortent de la résignation et prennent le chemin du collectif, on peut garder l’espoir que le monde éducatif soit un espace de résistance.
Mais on sait aussi que les choses peuvent évoluer très rapidement. Et qu’en cas de trop forte opposition, les gouvernements autoritaires n’hésitent pas non plus à réprimer. En Hongrie, au Brésil ou encore en Turquie, les enseignant·es trop revendicatif·ves ont été mis·es sous surveillance et déchu·es d’un certain nombre de leurs droits (liberté d’expression, liberté pédagogique, droit de grève, etc.).

On le sait, le système scolaire est déjà une machine à produire de l’inégalité. De quelle manière les propositions scolaires de l’extrême droite pourrait davantage accentuer cet état de fait ?
Je commence la partie historique de mon livre en rappelant que l’institution scolaire est déjà en elle même très conservatrice et inégalitaire ce qui peut la rendre perméable à certains discours réactionnaires. L’école de Jules Ferry, c’est d’abord une organisation fondée sur la ségrégation sociale (l’école du peuple, gratuite et l’école de l’élite, le secondaire, publique mais payant jusqu’en 1932). C’est bien cette fonction de tri social que l’extrême droite entend restaurer à travers une série de mesures (fin des réseaux d’éducation prioritaire, des aides sociales pour les transports, la cantine, le péri-scolaire, limitation de l’accès aux bourses aux seul·es méritant·es, etc.).
« Faute de pouvoir combattre l’accroissement des inégalités, déclare Jacques Rancière, on les légitime en disqualifiant ceux qui en subissent les effets. … Le retournement de l’universalisme républicain en une pensée réactionnaire, stigmatisant les plus pauvres, relève de la même logique. » Une logique que le philosophe Ruwen Ogien avait pointé dans son ouvrage La Guerre aux pauvres commence à l’école, à propos de l’enseignement de la morale. D’abord, il faut distiller l’idée d’une décadence du système afin d’en appeler à un ou une « sauveur ». Et c’est en se tournant vers un passé mythifié (l’école de Ferry mais aussi le colonialisme), que l’extrême droite entend nous convaincre que « c’était mieux avant » (j’ai ajouté des guillemets), que les idées de progrès social et d’égalité, sont vouées à l’échec, qu’il faut remettre de l’ordre et mettre hors d’état de nuire les empêcheur·euses de régresser en toute tranquillité. L’objectif est de balayer les contestations, de bâillonner toute lutte au sein de l’institution et d’éliminer les ennemi·es intérieur·es.
L’extrême droite voue une haine farouche à l’égalité – rebaptisée « égalitarisme » – qui transpire dans l’ensemble de son programme. Elle lui oppose la méritocratie (Giorgia Meloni, sitôt élue, s’est empressée de renommer le ministère de l’éducation en ministère de l’Éducation et du mérite), l’ordre, la hiérarchie, l’obéissance et surtout « l’égalité des chances ». Une formule que l’on retrouve chez d’autres mais l’extrême droite peut à juste titre en revendiquer la paternité puisque c’est Pétain qui l’a mise au goût du jour dans un discours sans équivoques : « Le régime nouveau, affirmait-il, sera une hiérarchie sociale. Il ne reposera plus sur l’idée fausse de l’égalité naturelle des hommes, mais sur l’idée nécessaire de l’égalité des “chances” données à tous les Français de prouver leur aptitude à “servir”. Seuls le travail et le talent deviendront le fondement de la hiérarchie française. […] Ainsi renaîtront les élites véritables que le régime passé a mis des années à détruire. »

Le maréchal Pétain en visite dans une école / Mémorial de Caen

Si les politiques éducatives de ces dernières années participent très largement au renforcement des inégalités, parfois à travers des copier-coller des mesures préconisées par la droite de la droite, l’arrivée de cette dernière au pouvoir marquerait une nouvelle étape et une accélération du processus. L’étude des mesures prises dans les mairies au main du RN en est une préfiguration. Sous prétexte de lutter contre « l’assistanat » et de « responsabiliser » les familles démunies, l’accès à la cantine, aux transports ou aux activités péri-scolaires est drastiquement limité ou est devenu payant, les dotations de fonctionnement ou les salaires des agent·es (par exemple les Atsem en maternelle) sont gelées, les enseignant·es sont violemment pris·es à partie…

L’extrême droite multiplie depuis plusieurs années les structures de formation pour ses militants (Academia Christiana, Iliade, Issep, etc.). Tu en parles peu dans ton livre. Qu’en penses-tu ?
C’est vrai, j’évoque seulement l’Issep, l’école fondée par Marion Marechal Le Pen qui en a fait un élément central de son combat politique (« avec ce projet entrepreneurial, je suis fidèle à ce que j’ai toujours défendu durant mon mandat : le combat culturel, métapolitique. Transmettre la culture, le savoir, nos valeurs civilisationnelles ne peut se faire uniquement par le biais électoral. »). J’évoque aussi la centralité de l’Action française dans la formation des cadres nationalistes. La multiplication de ces structures de formation participe bien de la bataille culturelle que mène l’extrême droite avec la volonté de faire émerger des intellectuel·les organiques, selon la théorie du penseur marxiste Gramsci. C’est un phénomène qu’il est important d’observer et qui participe à l’enracinement de ces mouvements. Je l’ai peu abordé car il me semblait en marge de la question scolaire mais il y aurait effectivement tout un travail à mener sur ces initiatives qui s’avèrent des lieux de socialisation, en particulier pour la jeunesse.

Tu avais publié il y a quelques années une carte des reac-publicains. A quand une mise à jour ?

La carte que tu évoques avait accompagné la sortie du livre L’École des réac-publicains. C’était un travail très stimulant, inspiré des cartos que vous réalisez pour le compte de La Horde. C’est une autre manière de déployer spatialement ses analyses et cela permet de mettre en lumière certaines convergences pas forcément évidentes à souligner à travers un texte linéaire. Par exemple, je pensais au départ structurer la carte autour de quatre pôles : national-républicain, identitaires, cathos intégristes et libéraux-créateurs d’écoles, puis j’ai réalisé que les deux derniers se superposaient parfaitement.
De fait une grosse mise à jour est nécessaire, la centralité du FN, devenu RN, est remise en question avec l’irruption de Reconquête, Florian Philippot a fondé depuis son propre parti, Les Patriotes, auquel s’est rallié le Collectif Racine issu du FN. Il faudrait aussi trouver comment intégrer un certain nombre de politiques non étiqueté·es à l’extrême droite mais dont les discours et les mesures sur l’école sont en adéquation avec les idées du RN (je pense à Jean-Michel Blanquer et Gabriel Attal, par exemple) tout en évitant les amalgames… Bref, ce n’est pas à La Horde que je vais expliquer que c’est un très gros chantier, délicat et qui nécessite de perpétuelles mises à jour. Donc le projet est bien dans les cartons mais il va nécessiter pas mal de temps…

Merci à toi !

Vous pouvez commander le livre Quand l’extrême droite rêve de faire école ici ou dans toutes les bonnes librairies.

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antifascisme antiracisme Défense de nos libertés Les travailleur·euses n'ont pas de pays !

Loi immigration : xénophobie d’État

La loi immigration, portée par le gouvernement et votée le 19 décembre avec les voix de la “majorité présidentielle”, de la droite et de l’extrême droite, est une régression sans précédent. Elle prévoit des restrictions fortes d’accès aux aides sociales puisqu’il faudra passer 3 à 5 ans sur le territoire français pour en bénéficier, des quotas migratoires, des mesures de déchéance de nationalité, l’abandon du droit du sol pour les personnes nées en France, le durcissement des conditions du regroupement familial, des mesures discriminatoires à l’encontre des étudiant·es étranger·es, ainsi que le rétablissement du délit de séjour irrégulier.

Ces mesures sont profondément racistes, elles rompent avec l’histoire et les fondements de notre démocratie en discriminant une partie de la population. 

À l’occasion de la journée pour les droits des enfants du 20 novembre, SUD éducation avait déjà alerté sur les entraves aux droits de nos élèves, notamment les élèves sans papiers et les jeunes isolé·es étranger·es, en matière d’accès au logement et à la santé et sur les conséquences sur leur scolarité.

Avec l’adoption de cette loi, un cap est franchi en matière d’atteintes aux droits des enfants puisque certain·es de nos élèves se verront privé·es de la nationalité française, du droit de vivre en famille, du droit au logement. Le gouvernement entend signifier à ces élèves qu’ils et elles sont des citoyen·nes subalternes. C’est bien la démocratie et son apprentissage à l’école qui sont en danger. 

Les mesures de “préférence nationale” de cette loi sont directement issues du programme de l’extrême droite. SUD éducation s’alarme de la reprise par le gouvernement des mesures de l’extrême droite en matière d’immigration avec cette loi mais également avec les mesures “Choc des savoirs” et les annonces sur l’uniforme au ministère de l’Éducation nationale. 

Le gouvernement mène une politique raciste de ségrégation sociale : il désigne des boucs émissaires pour mieux diviser les classes populaires.  

SUD éducation appelle l’ensemble des personnels à se mobiliser pour une société plus solidaire, plus émancipatrice et plus démocratique, contre le racisme. 

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antifascisme International Les travailleur·euses n'ont pas de pays !

Réseau syndical international de solidarité et de luttes – Soutien aux travailleurs, travailleuses d’Argentine et à leurs organisations !

Les organisations membres du Réseau syndical international de solidarité et de luttes dénoncent la tentative du gouvernement argentin de criminalisation de la protestation sociale exprimée dans le nouveau Protocole pour le maintien de l’ordre public en cas de coupure de routes et d’autoroutes (Résolution Nº 943/2023, datée du 14 décembre 2023).

Le gouvernement argentin vient d’annoncer diverses mesures économiques répondant aux ordres du Fonds monétaire international : ces décisions politiques entraînent des conséquences tragiques pour le peuple, pour les travailleurs et travailleuses de ce pays. Le mouvement syndical, et des organisations sociales, organisent déjà la riposte populaire à ces graves attaques.

C’est dans ce contexte que le gouvernement veut restreindre le droit démocratique de manifestation. Il le fait au mépris même de la Constitution du pays. Le texte du gouvernement assimile les manifestations publiques à des délits. Il autorise ainsi les forces de sécurité à réprimer toute protestation, à mener des activités de renseignement sur les organisations sociales, à saisir des véhicules et à punir des personnes et des associations pour l’exercice d’un droit fondamental.

Cela ne constitue pas seulement une violation de l’État de droit, mais signifie également que le ministre de la sécurité se voit attribuer de facto le pouvoir public suprême. Il s’agit en fait d’une déclaration d’une sorte d’état de siège sans aucune des conditions prévues par la Constitution nationale. Rappelons que le président, la vice-président et des ministres du nouveau gouvernement ont publiquement nié les crimes de la dictature militaire qui a sévit en Argentine de 1976 à 1983 (assassinats, torture et arrestations en masse, suppression des libertés publiques, etc.)

Face à cette situation, le mouvement syndical argentin organise la résistance des travailleurs et des travailleuses. Des rencontres unitaires entre les différentes organisations syndicales ont lieu, des initiatives unitaires sont prises, dans les entreprises et à l’échelle nationale : grèves, rassemblements, manifestations, etc. Les organisations membres du Réseau syndical international solidarité et de luttes soutiennent les travailleurs et les travailleuses d’Argentine et leurs organisations syndicales dans leur lutte, qui est aussi la nôtre !

  • Stop aux mesures économiques barbares : le peuple argentin ne doit pas payer les fastes de la minorité capitaliste qui détruit la planète.
  • Stop aux décisions liberticides du gouvernement argentin !
  • Stop à la négation des crimes de la dictature militaire !

Soutien aux travailleurs, travailleuses d’Argentine et à leurs organisations ! | laboursolidarity.org

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Actu Solidaires 78 antifascisme Éducation

Le Grand JT de l’Éducation (11/12/2023) – “Quand l’extrême droite rêve de faire école”

Alors que le mouvement “Parents vigilants” gagne du terrain et met la pression sur le corps enseignant, l’équipe du “Grand JT de l’Éducation” s’interroge sur les ambitions de l’extrême-droite. Pourquoi ce parti rêve-t-il de faire école ? Pour en parler, Virginie Guilhaume reçoit en plateau Grégory Chambat, enseignant, militant à Solidaires – SUD Éducation 78, et auteur du livre Quand l’extrême droite rêve de faire école.

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antifascisme International

DOSSIER VISA n°12 : De l’Italie de Meloni à la France de Le Pen

Il y a un peu plus d’un an, le 22 octobre 2022, pour la première fois depuis Mussolini, une leader d’extrême droite prêtait serment et prenait le pouvoir en Italie.

Son slogan préféré en meeting était : “Dieu, patrie, famille“.

Immédiatement, la dirigeante du Rassemblement national a chaleureusement félicité Giorgia Meloni : “Tous mes vœux de réussite” a-t-elle déclaré, en ajoutant : “Partout en Europe, les patriotes arrivent au pouvoir et avec eux cette Europe des nations que nous appelons de nos vœux“.

Rien d’étonnant à cela puisque le programme électoral 2022 du parti de Meloni, Fratelli d’Italia :

  • défend un modèle familial traditionnel et tourné vers la procréation,
  • s’oppose farouchement au droit du sol et à l’accueil des réfugié·es (Elle a d’ailleurs plusieurs fois réclamé que les ports italiens refusent les bateaux ayant secouru des migrants en mer Méditerranée),
  • s’oppose à l’Union Européenne en souhaitant une Europe confédérale,
  • s’attaque à l’âge de départ en retraite en voulant le repousser à 67 ans,
  • propose des réductions d’impôts à tous les étages (entreprises, ménages) et souhaite en même temps que l’État italien investisse davantage dans une industrie nationale et dans le protectionnisme. Son marqueur est la préférence nationale.

Les similitudes entre Meloni et Le Pen, même si celle-ci lui préfère son allié de longue date Salvini, le nouveau vice premier ministre, ont poussé les militant·es de VISA à produire ce dossier pour éviter le pire en 2027… Un antifasciste averti en vaut deux !

Après un retour sur les élections du 25 septembre 2022, la campagne électorale et la composition du gouvernement, ce dossier traite de la politique migratoire, de la suppression du RSA, des positionnements syndicaux.

Il se conclut par un historique du fascisme en Italie.

Avec cette documentation, les syndicalistes auront donc une vision précise de ce que fait l’extrême droite en matière de reculs des droits et des libertés lorsqu’elle prend le pouvoir.

Cet outil leur permettra d’affirmer haut et fort que l’extrême droite est plus que jamais l’ennemi à abattre, en France comme ailleurs.

Le dossier

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antifascisme Rail

Sud rail Solidaires avec son secrétaire fédéral visé par l’extrême droite

Dans plusieurs gares parisiennes, ainsi que sur les locaux du CCGPF, une affiche avec la photo de notre camarade Erik et le logo SUD-Rail a été placardisée, avec la motion  « Wanted ». En dessous de la photo un texte : « Anarchiste. Black Block. Syndicaliste d’extrême gauche. Mettons en pleine lumières les idéologues trotskistes du chaos »
C’est bien sûr une intimidation, des menaces et une attaque contre notre camarade, mais aussi une intimidation contre notre fédération, nos syndicats régionaux, nos syndiqué-e-s, et plus largement contre toutes celles et ceux qui combattent les idées de l’extrême-droite.

Solidaires 78 dénonce cette nouvelle attaque des nervis d’extrême droite contre le syndicalisme ouvrier.

Nous témoignons de toute notre solidarité à Erik et aux camarades de SUD Rail.

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antifascisme Éducation

Alerte sur les agissements de Parents Vigilants – courrier intersyndical au ministre

A Paris, le 15 novembre 2023

Monsieur Gabriel Attal
Ministre de l’Éducation nationale et de la jeunesse,
110 rue de Grenelle
75007 PARIS

Objet : alerte sur les agissements de Parents Vigilants

Monsieur le Ministre,

Le samedi 4 novembre, l’association Parents Vigilants, créée par le parti Reconquête, a tenu un colloque au Sénat, à l’invitation de Stéphane Ravier, sénateur de ce parti. A cette occasion, les membres de cette association d’extrême droite ont fait état de leurs pratiques et ont rappelé leurs objectifs. Sans surprise, ils s’inscrivent dans la lignée des pratiques déjà connues et particulièrement inquiétantes.

Ainsi, Parents Vigilants a opté pour des pratiques dangereuses pour nos collègues. En général, ce sont les cours ou activités prévues par ces enseignant·es qui sont visées : sorties scolaires, contenus des cours, ateliers et conférences organisées dans les établissements. Les thématiques visées sont toujours les mêmes : la lutte contre les LGBTIphobies, les droits des personnes migrantes, l’éducation à la vie sexuelle et affective.

Le mode opératoire est également bien identifié. Une personnalité d’extrême-droite dénonce sur les réseaux sociaux tel cours ou telle activité, s’ensuit une campagne de harcèlement en ligne, allant parfois jusqu’à la publication du nom et de l’adresse d’enseignant·es visées, et parfois d’un rassemblement devant l’école ou l’établissement Face à la gravité des menaces, certains de nos collègues ont même dû bénéficier d’une protection policière. De plus, Parents Vigilants n’a pas caché son intention d’infiltrer les conseils d’école et les conseils d’administration des collèges et lycées ce qui leur permettra de toucher plus de parents pour diffuser leurs idées nauséabondes et dangereuses, mais aussi de tenter de contrôler les projets pédagogiques.

Nous tenons à vous faire part de notre plus vive inquiétude. Nous considérons que l’École, par son rôle émancipateur, est un rempart contre toutes les formes d’intolérances et de discriminations. Il est inacceptable que les activités et enseignements proposées dans les écoles et établissements fassent l’objet de la pression de la part des obscurantismes de tous bords, dont l’extrême droite, qui cherchent ainsi à imposer une vision réactionnaire et antirépublicaine de l’École. L’École publique, laïque et émancipatrice, celle qui fait grandir les élèves et éveille les consciences, celle où la liberté pédagogique est au service de l’émancipation, doit être défendue et protégée.

Les collègues et communautés éducatives visées sont plongées dans des situations intenables où la peur devient quotidienne, dans leur vie professionnelle comme dans leur vie privée. Les pratiques de Parents Vigilants (raids numériques, identités et coordonnées rendues publiques) ne sont pas nouvelles et nous savons qu’elles peuvent avoir une issue dramatique : elles nous font craindre un passage à l’acte dont serait victime un·e de nos collègues. Monsieur le Ministre, vous avez à plusieurs reprises exprimé votre volonté de défendre et protéger les personnels de l’Éducation nationale. Nous attendons de vous des paroles et des actes sans ambiguïtés face aux menaces que fait peser le collectif Parents Vigilants sur nos collègues et sur l’École.

Veuillez recevoir, Monsieur le Ministre, nos salutations respectueuses.

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antifascisme antiracisme

Se défendre et combattre la déferlante de racisme anti-arabe et anti-musulman

Samedi 25 novembre, un groupe d’extrême-droite a organisé une tentative « d’expédition punitive » raciste à Romans-sur-isère en criant des slogans comme « Islam hors d’Europe », « La France aux Français ». Ils ont attaqué le quartier de la Monnaie, avec l’intention affichée d’aller frapper des personnes supposées être d’origine maghrébine, instrumentalisant la mort de Thomas à Crépol la semaine dernière. Les participants à cette attaque sont présentés dans de nombreux médias comme des « militants » renvoyant les idées d’extrême droite à une opinion comme une autre. Ce n’est pas un événement isolé.

Dans la plupart des médias de masse, de manière quotidienne, les propos racistes, les amalgames stigmatisants, les violences verbales se banalisent et se multiplient contre les personnes cataloguées comme arabes ou musulmanes. Jusque dans les écoles, des enfants sont suspectés, signalés, réprimés, sous des motifs fallacieux ce qui dans la plupart des cas n’appelle que des approches éducatives.

La situation internationale est aussi instrumentalisée pour amplifier cette rhétorique : des images de morts horribles de civil·es israélien·nes sont utilisées pour marquer du sceau de la barbarie tou·tes les « arabes » et « musulman·es », dans la continuité de l’imagerie coloniale.

Cette stigmatisation permanente est largement responsable du développement des actes et agressions racistes : injures, menaces, violences policières, agressions physiques, inscriptions dégradantes sur les lieux de culte, etc. Le gouvernement refuse de se donner les moyens de quantifier ces faits, et pour cause, il y participe de par certains discours.

Ce climat nauséabond est entretenu par l’extrême droite pour qui chaque crime ou délit est le fait d’étrangers ou d’immigrés Et les nouvelles initiatives racistes de groupes d’extrême-droite dans plusieurs villes se multiplient de manière inquiétante.

Mais ce discours est également alimenté par les droites, – qu’on peine de plus en plus à distinguer de l’extrême droite – ce gouvernement, Darmanin et ses acolytes ne font pas illusion en condamnant ici ou là une scène particulièrement choquante. Toute leur politique et toute leur rhétorique nourrissent le racisme. On ne peut pas prétendre combattre le racisme en votant une énième loi sur l’asile et l’immigration xenophobe et répresssif, en supprimant l’aide médicale d’État, en jetant un soupçon général contre toute un partie de la population, sous prétexte de lutter contre le terrorisme.

L’Union syndicale Solidaires :

  • témoigne avec force sa solidarité avec l’ensemble des personnes qui subissent le racisme et ce qui va avec : l’oppression, la discrimination, la surexploitation et les violences.
  • réaffirme sa détermination à combattre le racisme sous toutes ses formes, d’où qu’il vienne et quelles que soient ses cibles.
  • se mobilise avec Unie·es contre l’Immigration Jetable, pour une politique migratoire d’accueil et la Marche pour l’égalité le 3 décembre prochain « Pour l’égalité, pour la justice, contre le racisme et contre la Loi Darmanin ».

La lutte antiraciste ne se divise pas. Le combat pour l’égalité et l’émancipation est un combat de tou·tes pour tou·tes.


Solidaires contre le racisme

Lors de son dernier congrès, l’Union syndicale Solidaires a adopté une résolution contre le racisme dont voici un extrait :
– Nous combattons le racisme sous toutes ses formes.
– Nous luttons contre l’antisémitisme inscrit dans l’histoire de la France et de l’Europe et toujours vif aujourd’hui.
– Nous combattons le racisme lié à l’histoire coloniale, à l’encontre des personnes africaines, arabes, asiatiques, antillaises, guyanaises, polynésiennes, kanaks ou réunionnaises, racisme qui touche les générations successives et qui a de lourdes conséquences sociales, répressives, discriminatoires au travail, dans l’accès au logement, aux services publics.
– Les populations ultramarines sont victimes de discriminations particulières dans les départements et régions d’Outre-mer dans l’accès aux services publics, sur les prix, les salaires (SMIC…), le développement économique.
– Nous dénonçons et combattons toute forme de discrimination liée aux croyances religieuses, notamment lorsqu’elles sont porteuses de pratiques racistes.

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