La lutte continue – Quelques situations, de secteurs d’activités bien différents, démontrent que l’égalité professionnelle est encore un combat à mener au quotidien !!!
Catégorie : Actu Solidaires 78
Depuis plusieurs années, Solidaires porte le mot d’ordre de « grève des femmes » pour le 8 mars. Le renvoi à une « grève des femmes », traduit par certain·es comme une grève des seules femmes, n’a pas toujours été compris, voire rejeté, également sur l’argument ancien d’une division des travail-leur·euses. Du coup, c’est la modalité d’une grève féministe qui a été retenue en 2018 par exemple en Espagne. C’est aussi le mot d’ordre de l’appel national unitaire en France depuis 2019, entre les organisations du mouvement fémi-niste et des syndicats.
Et concrètement c’est quoi la différence entre une grève féministe et une grève classique ?
La grève est la cessation du travail, deux dimensions du « travail » sont en cause lorsque l’on parle de grève féministe :
1 La dimension du travail au sens général, c’est-à-dire le travail salarié : les femmes ont rejoint en France les hommes en terme de taux d’activité, mais des différences restent persistantes : différences de salaires, présentes majoritairement dans des métiers moins rémunérés (santé, éducation, soins…), différences d’évolutions de carrières, majorité de femmes dans le travail précaire et les temps partiels et au final une différence de montant de retraite de près de 40 %.
2 La dimension du « travail » invisible : c’est-à-dire le travail domestique, puisque les femmes ont encore en charge majoritairement les tâches ménagères et le soin, l’éducation des enfants. Il ne s’agit donc pas de cloisonner cet appel à la grève au seul travail salarié. La situation des femmes, des inégalités qu’elles subissent, est liée à un rapport de domination qui couvre toutes les situations de vie : sa place dans la société, sa place en tant qu’être sexué, sa place au travail…
Le Collectif des FFFRAC du Mantois (Fortes Fières Féministes Radicales et en Colère) prépare depuis des mois cette grande journée de grève des femmes avec manifestation, par des actions de rue animées et visibles à Mantes la JolieLes FFFRAC appellent donc à rejoindre les mobilisations parisiennes unitaires des 7 et 8 mars 2021 :
– Dimanche 7 mars de 13h à 17h Place de la République : grand rassemblement féministe et festif avec stands, interventions et spectacles féministes ..
– Lundi 8 mars : Manifestation – Rdv 12h à Port Royal -13H départ vers République
Rendez-vous collectif des FFFRAC à 11h30 à la Gare de Mantes la Jolie pour le train direct de 12h10.
Venez avec votre détermination et vos pancartes !
Sous nos masques, la colère gronde… 1001 raisons de faire la grève féministe le 8 mars!
Le 8 mars, nous serons en grève avec les femmes du monde entier pour refuser tou.te.s ensemble de payer le prix de la crise pandémique avec notre travail, notre salaire, notre corps.En France, comme en Pologne, au Chili comme en Italie et en Espagne, en Argentine comme au Nigeria, nous serons toutes et tous dans la rue pour dénoncer et arrêter une société patriarcale et raciste qui nous exploite, nous soumet et nous tue.
Les confinements ont mis en lumière que les femmes sont indispensables au fonctionnement de la société et invisibilisées en permanence : les femmes, et toujours plus les femmes migrantes, sont majoritaires dans les emplois du soin, de la santé, de l’éducation, du nettoyage, du commerce, elles sont sous-payées, peu ou pas reconnues…malgré les belles promesses, aucune négociation de fond n’a été initiée en ce sens !
Nous serons dans la rue pour réclamer la revalorisation des métiers à prédominance féminine et de réelles hausses de salaires !Les femmes subissent particulièrement la précarité, les temps partiels, les petits boulots précaires, l’écart de rémunération persiste à 25 % entre les femmes et les hommes… C’est comme si chaque jour à partir de 15h40, les femmes travaillaient gratuitement.
Nous ne voulons pas payer les conséquences de cette crise ! L’appauvrissement touche en premier les femmes, les jeunes…Nous serons dans la rue pour nous élever contre notre exploitation, pour l’égalité salariale femmes hommes et revendiquer un réel partage des tâches domestiques !
Nous serons dans la rue pour réclamer des logements décents et accessibles à toutes et tous, des services publics accessibles à toutes sur l’ensemble du territoire.
De par le monde, nous nous sommes affranchies du silence pesant sur les violences sexistes et sexuelles. Aujourd’hui, des milliers de femmes et d’hommes dénoncent les violences sexuelles incestueuses !
Parce que dans notre vie, nous sommes une sur trois à subir du harcèlement sexuel au travail, 100 % à subir du harcèlement de rue, des milliers à subir des viols ou des agressions sexuelles, à risquer la mort par violences conjugales.
Nous serons dans la rue pour réclamer un milliard pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles, pour obtenir une ratification ambitieuse de la convention de l’Organisation Internationale du Travail contre les violences et le harcèlement dans le monde du travail. Les inégalités sociales et les violences font partie d’un même système que nous dénonçons.
Nous serons dans la rue pour dénoncer les discriminations, de genre, de classe, de race, et lesbo,-bi- transphobes cumulées par certaines.Nous serons dans la rue pour lutter contre la violence sexuelle, raciste et institutionnelle faite aux femmes migrantes, contre leur exploitation, pour réclamer la liberté de mouvement à travers les frontières et un permis de séjour illimité et sans conditions !
Nous serons dans la rue pour que l’accès à l’avortement soit possible partout et même pendant le confinement, pour que le délai légal soit étendu au-delà de 12 semaines.
Nous serons en grève ce 8 mars, comme les femmes de par le monde, nous serons dans la rue à manifester et revendiquer, car sans les femmes, le monde s’arrête !
#ONARRÊTETOUTES DE BRIQUER#ONARRÊTETOUTES DE TRAVAILLER#ONARRÊTETOUTES DE CONSOMMER#ONARRÊTETOUTES DE CUISINER
Page facebook FFFRACContact : fffrac@protonmail.comTel : 06 74 92 20 24
Le 8 mars : ce n’est pas la fête des mères !
Contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, cette journée est dédiée à la lutte pour les droits des femmes. Elle trouve ses origines au début du 20eme siècle et s’ancre dans les luttes ouvrières et dans les nombreuses manifestations de femmes réclamant le droit de vote, de meilleures conditions de travail et l’égalité entre les hommes et les femmes.
C’est en 1910, avec la Conférence internationale des femmes socialistes qu’est votée la nécessité d’une journée de mobilisation consacrée à la lutte pour les droits des femmes.
La date n’est tout d’abord pas fixée, et ce n’est qu’à partir de 1917, avec la grève des ouvrières de St Pétersbourg que la tradition du 8 mars se met en place. Le 8 mars 1917est d’ailleurs considéré comme le 1er jour de la Révolution russe.
Après 1945, la Journée internationale des femmes devient une tradition dans le monde entier. Utilisée dès 1975, elle ne sera officialisée en France qu’en 1982.
Par ce bref résumé historique, il est évident que ce jour s’inscrit dans une tradition de luttes et de mobilisations et qu’il est plus que déplacé de la part de notre entreprise d’offrir des fleurs, des pisse-debout ou encore des cours de maquillage par exemple. Par ce type d’actions, l’entreprise nous renvoie encore et toujours à l’image de la femme objet, à notre genre tout en niant, décrédibilisant nos combats, nos droits et nos libertés.
C’est pourquoi nous appelons toutes les salariées à se mettre en grève, à dénoncer et refuser toutes les initiatives genrées de la direction lors de cette Journée internationale de lutte pour les droits des femmes
à lire :
Notes des lutteuses, le bulletin de Sud Rail rive gauche
Le 8 mars est la journée internationale de lutte des femmes depuis 1910.
En 2021, la lutte contre les inégalités hommes-femmes et pour les droits des femmes est toujours nécessaire. Les violences sexistes et sexuelles, les stéréotypes de genre, les inégalités professionnelles – notamment salariales – sont toujours à combattre et concernent toute la société, tous les milieux et tous les âges.
Pour lutter contre ces inégalités dans le monde du travail, les femmes se sont emparées à maintes reprises de l’arme par excellence des travailleuses : la grève !
Depuis plusieurs années, l’Union syndicale Solidaires appelle les femmes à utiliser ce levier de mobilisation le 8 mars, partout où c’est possible. Dans l’Éducation nationale, les raisons pour les femmes de faire grève ne manquent pas.
À l’heure actuelle, en France, une femme est assassinée tous les deux jours et demi par son conjoint ou partenaire. 80% des tâches domestiques sont effectuées par des femmes. Les différences de salaires entre hommes et femmes sont telles qu’à partir de 15h40, les femmes travaillent gratuitement. Nous dénonçons la féminisation de la pauvreté.
Lutter contre le sexisme dans l’Éducation nationale : ressources et analyses – Une brochure de SUD éducation
Lutter contre le sexisme dans l’Éducation nationale : ressources et analyses – Une brochure de SUD éducation
Si elle a connu dans les 20e et 21e siècles des avancées significatives quant aux droits et au statut des femmes, notre société est toujours porteuse d’inégalités et de discriminations à l’encontre des femmes et des personnes LGBTQI. Syndicat de lutte et de transformation sociale, SUD éducation veut être de tous les combats qui se jouent au sein de l’école contre les discriminations et inégalités découlant du système de domination patriarcale et hétérosexiste, traduites par les stéréotypes de genre. Ces combats concernent tous les acteurs et toutes les actrices des écoles et établissements.
Comme ailleurs, les discriminations sont effectives dans notre champ professionnel. Dans l’Éducation nationale, à ancienneté égale, le salaire des femmes progresse moins vite que celui des hommes. Cet écart de salaire se répercute au moment de la retraite. Par ailleurs, le métier est largement féminisé mais la hiérarchisation patriarcale se reproduit : les postes de direction sont largement masculins (à plus de 75%), et plus on avance dans le système scolaire vers des postes plus valorisés socialement, moins il y a de femmes (elles sont 83% chez les PE, mais seulement 35% à l’université). De plus, comme sur tout lieu de travail, l’Éducation nationale n’échappe pas aux problématiques de harcèlement à l’encontre de tous les personnels féminins (enseignantes, agentes, AED…). Enfin, les personnels reçoivent peu de formation sur les questions de genre et sur les moyens de mettre en œuvre des pédagogies ou des pratiques de travail antisexistes et anti-LGBTQIphobes. La domination patriarcale n’est pas la seule forme de domination qui pèse sur les individu-e-s : capitalisme et division de la société en classes sociales, racisme et discriminations/stigmatisations, traditionalisme et obscurantisme, viennent confluer avec patriarcat et hiérarchisation hétérosexiste. Il est nécessaire de penser ces formes de domination comme articulées les unes aux autres. Cette imbrication doit influer sur nos stratégies de lutte et sur notre vigilance militante pour que le féminisme ne soit pas instrumentalisé, notamment au service d’argumentaires xénophobes qui détourneraient ou confisqueraient sa lutte, qui oeuvre pour l’émancipation de toutes et tous.
Précarisation des femmes et inégalités salariales
Le gouvernement avait annoncé vouloir faire de l’égalité entre les femmes et les hommes une grande cause du quinquennat. Comme pour le reste, Macron et son gouvernement communiquent sans jamais passer aux actes. Pire, en continuant sa politique de régressions sociales, la casse des services publics et la ruine du système de protection sociale, le gouvernement, comme les précédents, organise l’aggravation de la précarité des femmes. Cela a de graves conséquences notamment dans l’Éducation nationale qui est un des deux ministères les plus féminisés avec 72% de femmes. Les professeur-e-s des écoles sont 83% de femmes.
Assez d’inégalités salariales
Les travailleuses de l’Éducation nationale subissent le sexisme de l’institution dans l’évolution de leur carrière. Dans la Fonction publique, 23% des femmes fonctionnaires sont à temps partiel, contre 6% des hommes. Cela a des conséquences sur la rémunération et sur l’avancement.
Quelques chiffres soulignent les inégalités de salaires :
• Pour la retraite, au 31 décembre 2018, le montant moyen des pensions mensuelles brutes de droit direct pour les femmes était de 2 063 euros et de 2 449 euros pour les hommes ;
• En 2017, le salaire net mensuel moyen dans la Fonction publique d’état est de 2 408 euros pour les femmes et de 2 785 euros pour les hommes.
Les salaires et calcul de pension
La contre-réforme des retraites, dont le projet n’est pas abandonné mais seulement reporté, creusera encore plus les inégalités.
Le projet de contre-réforme repose sur un changement majeur : le calcul de la pension sur l’intégralité de la carrière au lieu des 6 derniers mois pour le public et des 25 meilleures années pour le privé actuellement. Cela imposerait un taux de remplacement inférieur à 60% sur le salaire moyen de l’intégralité de la carrière ; c’est très inférieur aux 75% du dernier traitement dans la Fonction publique ou des 25 meilleures années dans le privé. Ce changement de calculs a pour effets principaux de diminuer globalement les pensions et de pénaliser les carrières heurtées. C’est en particulier le cas des femmes, conduites à arrêter momentanément de travailler ou à se mettre à temps partiel pour assumer l’éducation des enfants.
Le gouvernement a pour projet d’ajouter un prétendu âge d’équilibre fixé initialement à 64 ans, amené à reculer encore pour les générations suivantes (jusqu’à 66 ans pour la génération 1987). Il faudra donc travailler encore plus tard pour ne pas subir de décote.
La division sexuelle du travail dans l’Éducation nationale
La sociologue Danièle Kergoat la définit comme la forme de division du travail social découlant des rapports sociaux entre les sexes : « elle a pour caractéristiques l’assignation prioritaire des hommes à la sphère productive et des femmes à la sphère reproductive ainsi que, simultanément, la captation par les hommes des fonctions à forte valeur ajoutée (politiques, religieuses, militaires, etc…) ».
Elle a des conséquences concrètes sur les personnels féminins en ce qui concerne les disparités d’avancement, de salaires, d’affectations, de souffrance au travail, et de précarité.
Ainsi, les personnels d’encadrement sont, proportionnellement, majoritairement des hommes. Le personnel de direction de l’administration centrale du ministère de l’Éducation nationale comprend 52 % de femmes.
Plus le public auquel on s’adresse est jeune plus la profession est féminisée. Ainsi 83% des enseignant-e-s du primaire sont des femmes alors qu’elles ne sont que le tiers des effectifs des enseignant-e-s à l’université. Or le salaire des enseignant-e-s du supérieur est en moyenne plus élevé.
Les femmes toujours en première ligne face aux crises
Dès la fin du confinement du printemps 2020, les agent-e-s d’entretien ou administratif-ve-s, les AED et les AESH, qui sont le plus souvent des femmes, ont dû et doivent encore parfois faire face à des pressions hiérarchiques tentant de les obliger à venir sur leur lieu de travail même lorsqu’elles sont exposées à un risque de contamination évident. En effet, quand les équipements de protection (gel, gants, masques) manquent, elles doivent tout de même assurer leurs missions qui peuvent les mettre en situation très précaires face au virus.
De plus, les femmes doivent faire tenir de multiples journées en une. Ainsi, elles effectuent la majorité du travail domestique pour lequel elles ne perçoivent bien sûr aucune rémunération. Elles ont dû et doivent encore gérer la vie quotidienne du foyer. Selon une étude de l’Insee effectuée en 2012, les femmes font 72 % des tâches ménagères et prodiguent 65 % des tâches parentales hors période de confinement.
Ces pourcentages ont augmenté dans la situation de crise comme l’a prouvé l’enquête commandée par le Secrétariat d’État chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations sur “l’impact du confinement sur les inégalités entre les femmes et les hommes en matière de répartition des tâches au sein des foyers”. Cela a exposé les femmes à une forte augmentation de la charge mentale. Les femmes sont aussi les principales pourvoyeuses d’aide aux personnes âgées qui leur sont proches. Or, on sait que cette catégorie de population est particulièrement vulnérable à la Covid-19.
L’égalité professionnelle : Qu’est-ce qu’on attend ?
L’accord du 30 novembre 2018 relatif à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans la Fonction publique prévoit l’élaboration d’un plan obligatoire qui devrait être effectif en décembre 2020. L’employeur doit mettre en place des mesures concrètes pour résorber les écarts de salaires entre femmes et hommes, notamment en travaillant sur “l’articulation entre vie personnelle et vie professionnelle”. Or en l’absence d’un service public de la petite enfance efficace, c’est trop souvent aux femmes qu’incombe la responsabilité de prendre un congé parental ou de travailler à temps partiel. Cet état de fait a bien sûr de lourds effets sur la rémunération. Pour l’instant aucune mesure n’a été prise pour mettre en oeuvre ce projet.
Violences sexuelles et sexistes au travail
Aucune mesure n’a été mise en place ni pour prévenir les violences sexistes et sexuelles au travail ni pour accompagner les victimes. Chaque jour, en France, des femmes sont victimes de violences psychologiques, verbales, économiques, médicales, physiques ou sexuelles. Tous les deux jours, une femme est assassinée par son conjoint ou ex-conjoint : 146 féminicides en 2019 (en augmentation par rapport à 2018 où l’on avait recensé 121 féminicides).
Aujourd’hui dans l’Éducation nationale, on peut harceler ou agresser sexuellement en toute impunité. Pourtant la circulaire du 9 mars 2018, qui prévoit la protection des victimes de violences sexistes et/ou sexuelles dans la Fonction publique, existe. Elle dégage trois axes : la prévention, le traitement des violences et enfin les sanctions pour leurs auteurs (il s’agit de façon écrasante d’hommes qui sont incriminés). Cette circulaire n’est pas appliquée : les collègues qui ont dénoncé les violences subies n’ont bénéficié ni de protection ni d’accompagnement convenables. Pourtant l’employeur est responsable de la santé et de la sécurité des agent-e-s sur leurs lieux de travail ! SUD éducation revendique l’application de cette circulaire.
Violences sexistes et sexuelles : des chiffres inquiétants !
Les violences à l’encontre des femmes ne se bornent pas à la sphère privée comme le montre le Défenseur des droits : 1 femme sur 5 affirme avoir vécu des situations de violences au travail et seulement 5 % des femmes portent plainte pour dénoncer des violences qui ont lieu dans la sphère professionnelle. Ces violences qui comprennent les insultes, les discriminations, le harcèlement, les menaces, le chantage, mais aussi les agressions physiques et sexuelles, doivent cesser. Parmi les victimes de ces violences, les femmes célibataires, bisexuelles, lesbiennes et trans sont plus exposées au harcèlement. Dans le cadre du travail, les ouvrières et les salariées précaires et dans une moindre mesure les professions intermédiaires subissent une pression sexuelle plus intense que celle des autres catégories sociales.
La circulaire du 9 mars 2018 prévoit un accompagnement pour les victimes de violence, or il n’a jamais lieu. Une victime qui demande la protection fonctionnelle après avoir déposé plainte pour viol à l’encontre d’un agresseur, doit attendre un mois pour obtenir une simple réponse de l’employeur. De même, quand des collègues dénoncent du harcèlement sexuel, l’employeur préfère leur proposer de changer d’établissement.
L’Éducation nationale se cache derrière l’inaction de la justice en matière de lutte contre les violences sexuelles pour ne pas agir. Pourtant 16 % des femmes subissent des viols ou des tentatives de viol. 93 000 femmes ont été violées en 2017, parmi elles seules 10 % ont porté plainte et seulement 10 % de ces plaintes ont abouti en Cour d’assises. Une part importante des plaintes pour viols ne sont pas instruites aux assises comme les autres crimes mais en correctionnelle comme un simple délit.
La circulaire du 9 mars 2018 rappelle aussi que « L’obligation de protection des agents s’impose à tout employeur public ». Ainsi, les agent-e-s des collèges et lycées relevant des collectivités territoriales doivent aussi pouvoir bénéficier d’un accompagnement et de protection.
L’accord du 30 novembre 2018 relatif à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans la Fonction publique s’appuie notamment sur cette circulaire pour “ renforcer la prévention et la lutte contre les violences sexuelles et sexistes”. Cependant, aucune mesure concrète n’est prise pour faire de ce projet une réalité. Par exemple, la mise en place des cellules d’écoute psychologique pour les victimes n’est pas effective. L’employeur avait pourtant affirmé qu’il y en aurait dans toutes les académies.
Harcèlement sexuel : comment le repérer ?
Le harcèlement sexuel peut se manifester par des propos ou gestes à connotation sexuelle, par une attitude particulièrement insistante malgré des refus répétés ou encore par des propositions de nature sexuelle. Deux types de harcèlement sexuel sont distingués : celui qui repose sur la répétition d’actes de harcèlement et celui qui résulte de la commission d’un seul acte.
SUD éducation revendique l’application de la circulaire du 9 mars 2018 qui prévoit :
-une campagne de prévention des violences sexistes et sexuelles dans la Fonction publique : des formations pour tous les personnels notamment pour les représentan-t-e-s du personnel, ainsi que pour les personnels d’encadrement qui ont tendance à oublier leurs obligations.
-des dispositifs d’information, de communication et de sensibilisation auprès de l’ensemble des personnels avec la diffusion d’un numéro vert, le rappel de la loi, l’organisation de réunions de sensibilisation.
-la définition et la mise en œuvre d’un dispositif de signalement et de traitement des violences sexistes et sexuelles : ce dispositif est aujourd’hui inexistant ! Les signalements des personnels restent sans réponse de l’administration.
-la protection et l’accompagnement des victimes : l’employeur a la responsabilité de protéger les personnels : « une fois informée des agissements répréhensibles, l’administration doit mettre en œuvre toute action appropriée pour éviter ou faire cesser les violences auxquelles l’agent victime est exposé, même lorsqu’aucune procédure judiciaire n’est enclenchée ». Elle peut prendre une « mesure interne de changement d’affectation voire suspension de la personne présumée agresseur dans l’attente du conseil de discipline ». Circulaire du 9 mars 2018.
-de sanctionner les auteurs des violences : aujourd’hui, bien souvent l’administration se contente de déplacer soit la victime soit l’auteur des violences ou attribue une sanction parmi les plus basses aux auteurs de violences sexistes ou sexuelles. Pourtant la circulaire indique que « les employeurs se doivent d’être exemplaires dans la sanction des violences sexuelles et sexistes ». « Les actes constitutifs de violences sexuelles ou sexistes doivent être sanctionnés par le biais de la procédure disciplinaire et/ou par le juge pénal. Ils peuvent également donner lieu à une indemnisation par le juge civil. Les procédures disciplinaires, administratives et pénales sont indépendantes les unes des autres. ». Circulaire du 9 mars 2018.
Le 8 mars : une journée internationale de lutte des femmes
En 1910, une centaine de femmes de dix-sept pays différents se rassemblent à Copenhague pour la deuxième conférence des femmes socialistes. Ces militantes appartiennent à l’Internationale socialiste des Femmes, organisation sœur de l’Internationale socialiste. Clara Zetkin y propose une motion soulignant la nécessité d’une « journée internationale des femmes » qui est votée à l’unanimité. Ce moment de lutte est réfléchi comme international, car ces militantes, en tant que socialistes, insistent sur la nécessaire solidarité de classe pour gagner contre le capitalisme et l’impérialisme. La classe ne connaît pas de frontière. De la même manière, les femmes sont exploitées au-delà des délimitations nationales, la lutte contre le sexisme est internationale. Les objectifs de cette journée de lutte sont l’obtention du droit de vote, du droit de travailler librement, le combat contre les violences sexistes au travail. Plus généralement, les revendications portent sur l’égalité économique, juridique et politique des femmes.
Il n’y a pas de date précise proposée au départ. Le 8 mars est choisi après la révolution russe.
Une histoire de grève de travailleuses qui a contribué à déclencher une révolution
En effet, au début de l’année 1917, les ouvrières et les ouvriers de Petrograd, notamment, se mettent en grève pour dénoncer la guerre et la pénurie de pain. Le 23 février (8 mars du calendrier moderne), des ouvrières en grève manifestent pour leurs droits, pour des conditions de travail et de vies décentes. Les ouvriers des industries leur emboîtent le pas, les grèves se généralisent. Les travailleuses et les travailleurs s’arment alors pour affronter la police et l’armée. Elles et ils gagnent contre le Tsar et mettent à bas son régime autoritaire.
Un moment de lutte contre la récupération du combat pour les droits des femmes par les institutions capitalistes et de l’État
Les mouvements féministes de la deuxième vague (qui débutent dans les années 1960) investissent alors la date du 8 mars. En 1975, le Mouvement de Libération des Femmes (MLF) s’en sert notamment pour manifester contre l’Année internationale de la femme organisée par l’ONU.
L’oppression spécifique des femmes se trouve au croisement de l’exploitation capitaliste subie par tous les travailleurs et toutes les travailleuses et l’exploitation sexiste qui résulte d’inégalités sociales liées aux genres. Elle se trouve aussi à l’intersectionnalité du racisme et des discriminations subies par les personnes LGBTQI.
Les syndicats vecteurs de progrès social se sont saisis et se saisissent encore du 8 mars pour lutter contre le sexisme.
Un moment de lutte pour l’émancipation des femmes et pour la destruction du patriarcat
La grève du travail salarié est un moyen pour les femmes de montrer qu’elles ne sont pas dupes et que l’égalité professionnelle est encore à conquérir. La lutte féministe a pour objectif de renverser toutes les structures de domination.
La lutte féministe est intersectionnelle : la libération des femmes doit se faire au profit de toutes, et pas seulement au profit de quelques-unes et au détriment d’autres.
La grève du travail domestique et des soins aux personnes dépendantes est une manière de mettre en évidence le fait que ce sont les femmes qui font majoritairement ces tâches largement invisibilisées, méprisées et naturalisées.
C’est aux femmes elles-mêmes de récupérer leur dignité mise à mal par les injustices, les violences et le mépris qu’elles subissent en manifestant. Le 8 mars est une journée de combat pour l’émancipation des femmes et leur visibilisation.
Sexisme et manuels scolaires
Outils de travail quotidien pour les élèves et les enseignant-e-s, les manuels scolaires sont bien souvent les vecteurs de représentations stéréotypées et sexistes. Ils contribuent par là à perpétuer un ordre patriarcal synonyme de discriminations.
Le Centre Hubertine Auclert a produit de nombreuses études analysant les représentations sexuées dans les manuels d’histoire, de français, de mathématiques. Ces études permettent de mieux comprendre les biais sexistes de nombre de manuels.
Une sous-représentation des femmes
Les femmes sont très peu présentes dans les manuels. Seulement 3,2 % des biographies des manuels d’histoire sont consacrées à des femmes. Minorées comme actrices de l’histoire, elles sont aussi minorées comme autrices de documents-sources : près de 96 % des documents présentés dans les manuels scolaires d’histoire ont pour auteur un homme !
Le constat dans d’autres disciplines est tout aussi édifiant : les autrices proposées à l’étude dans les manuels de français ne représentent que 5 % de l’ensemble ! Cette sous-représentation concerne tous les domaines : scientifique, artistique, politique. Dans les manuels d’EMC, on trouve seulement 15 % de femmes dans le domaine relevant de la politique.
Le clitoris absent des manuels de SVT
Depuis 2011, les manuels de SVT ont introduit la notion de genre et initié ainsi une prise en compte du construit social dans la formation des identités sexuées. Si on peut se réjouir de cette avancée, on peut encore relever des aspects problématiques dans les manuels de SVT.
Ainsi, certains manuels ne daignent pas mentionner/représenter le clitoris, et à la rentrée 2017, seul un manuel sur huit le représente correctement, à savoir comme un organe de dix centimètres, qui ne se limite pas à sa partie externe. Cela n’est pas sans conséquence quant à la méconnaissance des jeunes filles de leur propre corps et du plaisir sexuel féminin.
De plus ces manuels de SVT invisibilisent le plus souvent les variations intersexes (qui ne correspondent pas aux définitions binaires type des corps masculins ou féminins) en présentant les sexes biologiques masculin/féminin comme binaires, bien délimités et en miroir… alors que les travaux scientifiques récents, comme ceux d’Anne Fausto-Sterling, montrent qu’il est plus pertinent de dépasser une vision binaire et de parler de continuum des sexes, tant les facteurs qui définissent le sexe biologique (génitaux, gonadiques ou chromosomiques) peuvent varier et se combiner différemment. Par ailleurs, quand les variations intersexes sont évoquées, elles le sont sous l’angle pathologique, comme des «malformations» ou des «dysfonctionnements».
Ressources antisexistes alternatives
Sur internet, le site du Centre Hubertine Auclert fournit de nombreux outils, de même que les sites Genrimages (outils d’analyse d’image), Matilda (courtes vidéos) ou le site du Centre Simone de Beauvoir.
L’écriture inclusive
L’écriture inclusive est un moyen de remettre en cause la domination patriarcale qui se manifeste jusque dans le langage.
L’écriture inclusive est une écriture qui n’invisibilise personne et permet de prendre en compte véritablement tout le monde, y compris les personnes non binaires qui ne s’identifient ni comme hommes ni comme femmes.
Un peu d’histoire…
En France, l’écriture inclusive est née de l’idée que l’on ne voulait plus utiliser le masculin dit générique pour parler indifféremment de toute personne. C’est un système d’écriture qui a été trouvé pour donner une égale visibilité à tou-te-s dans la langue écrite, pour que chacun-e ait une égale importance.
À l’heure actuelle, il n’y a pas d’unification. On peut utiliser des traits d’union, des barres obliques, des points bas, des points hauts, des points médians.
L’expression « écriture inclusive » est assez récente et est encouragée par le Haut conseil à l’Égalité (HCE) qui a publié en 2015 un guide pratique « pour une communication sans stéréotypes » : « Une langue qui rend les femmes invisibles est la marque d’une société où elles jouent un rôle second. C’est bien parce que le langage est politique que la langue française a été infléchie délibérément vers le masculin durant plusieurs siècles par les groupes qui s’opposaient à l’égalité des sexes ».
On peut très bien dire pour parler de l’ensemble de la population « les Français et les Françaises » mais on emploie généralement « les Français » pour désigner l’ensemble car on pense que ça suffit pour comprendre. Or les formes féminines et masculines existent : ce n’est donc pas forcément la langue qui est discriminante mais c’est la manière dont on l’utilise. Notons que l’expression « les Français et les Françaises » n’est pas satisfaisante en soi, car elle pose une partition binaire qui exclut les personnes intersexes et non-binaires. Donc l’écriture inclusive cherche par une graphie plus rapide à faire exister les activités humaines sous une forme qui englobe tout le monde (les « français-es »), sans avoir recours au masculin dit générique. Le masculin n’est pas neutre lorsqu’il s’agit de parler d’êtres humains.
La grammaire inclusive et pourquoi il est dangereux de dire que le masculin l’emporte
La grammaire inclusive, c’est :
la féminisation des noms de métiers ;
l’accord de proximité ;
l’accord en fonction du nombre ;
Un exemple d’invisibilisation révélateur.
Le mot « autrice » a existé avant le XVIIe siècle. À partir du XVIIe, « autrice » a disparu, condamné par des grammairiens.
Auparavant les accords se faisaient au gré de chacun-e, comme c’était le cas en latin. C’est au XVIIe siècle que cette règle du « masculin qui l’emporte sur le féminin » s’est imposée car les grammairiens étaient des hommes qui ont érigé le masculin en genre plus noble en se justifiant par des arguments patriarcaux et essentialisants : « Le masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle » (Beauzée, Grammaire générale… 1767).
La volonté de domination patriarcale se reflète dans la normalisation et l’évolution de la langue. De plus, au cours des siècles, se généralise l’utilisation du masculin à valeur générique comme « Homme » au singulier ou au pluriel pour désigner tous les êtres humains…mais dans les faits, cette règle conduit à invisibiliser le féminin et à placer le masculin au centre de toutes nos projections mentales. On note également une absence de féminisation des noms de métiers qui n’existent qu’au masculin, y compris dans les manuels scolaires (« un savant», « un humaniste »…). Et répéter cette formule grammaticale, « le masculin l’emporte sur le féminin » aux enfants à partir de 7 ans induit des représentations mentales qui conduisent à accepter la domination masculine, et une partition binaire des genres. Cette maxime patriarcale, devenue règle grammaticale, doit être mise au ban de l’école.
Par l’enseignement de la langue et la grammaire, le féminin est relégué à une position subalterne.
De la nécessité de voir le langage comme une manifestation sexiste parmi d’autres
L’emploi de la langue est une manifestation parmi d’autres du sexisme. Différence de salaire, inégale répartition des tâches ménagères, publicités sexistes, discrimination à l’emploi, harcèlement de rue, agressions sexuelles, harcèlement sexuel sur le lieu de travail, violences conjugales, injonctions vestimentaires, viols et langage sexiste font partie d’un même système. Il ne faut pas minimiser le combat de la langue et il faut attaquer le sexisme sous plusieurs angles. Ainsi l’écriture et la grammaire inclusives remettent aussi en question la position inégalitaire des femmes dans la société. L’écriture inclusive permet aussi, par des formes écrites qui englobent en une seule formule masculin et féminin, de sortir d’une langue binaire soit masculine soit féminine, et inclure par là toutes les personnes qui ne se reconnaissent pas dans cette partition binaire. Il est nécessaire de chercher un langage non sexiste pour tenter de réduire les inégalités ou violences faites aux femmes, et à tout-e-s les personnes qui ne se reconnaissent pas dans la partition binaire des genres. C’est au sein de l’école que beaucoup de choses se jouent, c’est par l’éducation des plus jeunes que le système sexiste pourra être modifié. C’est une lutte idéologique qu’il faut mener, et le langage est aussi un enjeu de cette lutte.
Mixité / Non mixité, quels outils de lutte ?
Quelques rappels
La pratique de la non-mixité fait partie intégrante de l’histoire du mouvement féministe.
Son utilité et sa raison d’être ont été notamment explicitées par la génération fondatrice du Mouvement de Libération des Femmes, Christine Delphy en tête, notamment dans son texte Nos amis et nous, écrit en 1977 et publié aujourd’hui dans L’ennemi principal. Hors du champ féministe, elle a aussi été revendiquée par d’autres mouvements d’émancipation collective, comme par exemple aux Etats-Unis le mouvement pour les droits civiques mené par les Afro-Américain-e-s.
Non mixité ET mixité choisies
Tant que subsisteront toutes les formes d’oppression (patriarcale, raciste, LGBTQIphobe), la non-mixité apparaîtra comme un outil utile. Mais si elle constitue la voie de l’émancipation, elle n’en est pas son horizon. Sa pratique, nécessaire, est aussi indissociable d’une convergence des luttes synonyme de mixité choisie.
De l’importance d’une non mixité choisie
Un constat : notre époque est celle de la non-mixité subie et de la mixité sans égalité.
• Le système patriarcal exclut les femmes de la société politique, économique ou médiatique (malgré une mixité apparente) tant au niveau national qu’international (gouvernement, hauts cadres administratifs, ONU, OCDE…) ou exclut les femmes des postes décisionnels dans des associations, clubs de sport ou autres ;
• Au sein des familles, il n’y a pas d’égalité femme-homme (violences conjugales, inégalité dans la prise en charge des tâches ménagères et de l’éducation des enfants) ;
• La parité numérique (50 % d’hommes/50 % de femmes) est un leurre car certaines professions sont beaucoup plus féminisées que d’autres ;
• La mixité à l’école, certes obligatoire depuis 1975, est censée offrir la même éducation à toutes et tous, mais telle qu’elle est pratiquée, elle reproduit les conditionnements sexués existants dans la société.
La non-mixité choisie permet aux femmes de se libérer
C’est aux femmes qui subissent de s’auto-émanciper car ce ne sont pas les hommes qui, ayant une position de dominants, vont lâcher de leur pouvoir, ce n’est pas à eux de dire comment les femmes doivent s’émanciper. Les femmes choisissent la non-mixité car :
Elle libère la parole, la sécurise, permet une sorte d’empowerment ( aux personnes opprimées de parler, de prendre l’espace, de parler mieux, de parler sans se faire sans cesse couper la parole, de se comprendre, mieux qu’en présence de personnes dominantes).
Elle permet aux femmes une prise de conscience de leur statut de dominées, en échangeant, elle voit les multiples facettes de l’oppression patriarcale.
La non-mixité est une stratégie de résistance politique à des dominations structurelles telles que le racisme ou le sexisme.
C’est un moyen de signifier aux hommes qu’ils doivent prendre conscience de leur place de dominants.
Investir des temps de non-mixité choisie est ainsi la base de toute lutte d’émancipation.
La mixité choisie (ou plus exactement : la possibilité de choisir – ou pas – la mixité) constitue un objectif pour les dominé-e-s, le chemin qui y mène passe nécessairement par des moments de non-mixité choisie.
• La mixité dans notre société est vue comme un progrès social mais elle n’attaque pas le patriarcat, elle n’est pas synonyme d’égalité : les stéréotypes de genre et les comportements sexistes ont la vie dure. L’égalité entre femmes et hommes par contre est un principe inaltérable.
• La mixité doit être un atout pour la convergence de toutes les luttes d’émancipation. Mais dans cette convergence, les allié-e-s ne doivent pas se substituer au groupe opprimé pour fixer modalités d’action et revendications. La mixité dans son sens large (mixité entre les sexes, mixité racisé-e-s-blanc-he-s), est indispensable au fonctionnement de notre société, et elle est de toute façon inhérente à chaque lutte.
Et ailleurs aujourd’hui ?
L’expérience des femmes Kurdes de Kobanê
La stratégie du mouvement des femmes consiste à la fois à promouvoir l’organisation non-mixte des femmes à tous les niveaux, et à assurer parallèlement une participation
égalitaire dans les structures mixtes.
En 2014, le Rojava déclarait son autonomie. Les femmes de Kobanê participaient à la mise en place d’un système d’égalité de genre inédit avec pour principes la co-présidence à tous les niveaux décisionnels et les assemblées autonomes de femmes au sein de chaque instance politique.
Lorsque le quota -40 % de femmes- n’est pas respecté, alors l’assemblée est annulée, ou alors les femmes ne sont pas tenues de respecter les décisions qui en découlent. Vu que les femmes s’organisent en non-mixité pour discuter et prendre les décisions qui les concernent, lorsque l’on applique ce quota au sein des organisations mixtes, il s’agit en fait de personnes porte-parole du mouvement des femmes.
Voici les principales structures du mouvement des Femmes Libres du Bakur dont nous avons connaissance :
• les Académies de Femmes, ces lieux où elles se retrouvent pour apprendre ensemble, dans une démarche proche de l’éducation populaire, en partant des expériences et connaissances de chacune, et où l’alphabétisation et la formation politique sont la base ;
• les coopératives permettent aux femmes d’accéder à un revenu et viser l’indépendance économique ; souvent il s’agit de se mettre ensemble pour produire et vendre l’artisanat qu’elles fabriquaient déjà chez elles sans avoir d’accès à la vente ;
• JINHA, une agence de presse composée exclusivement de femmes a été créée le 8 mars 2012 pour contrecarrer les articles extrêmement misogynes écrits dans la presse officielle ;
• les conseils de rues, de villages et de quartiers ont leurs propres structures en non-mixité. Elles traitent des sujets qui les concernent, mettent en place des commissions pour amener des solutions aux problèmes qu’elles soulèvent, puis ces espaces sont le premier repli pour les femmes victimes de violences ;
• de nombreuses associations de femmes, indépendantes des autorités étatiques, ont vu le jour. Une de leurs activités principales est de venir en soutien aux femmes victimes de violence conjugale. Pour cela, plusieurs refuges dans les principales villes accueillent ces femmes.
Des ressources utiles pour aller plus loin
● Sources et bibliographie :
KERGOAT, D. Le rapport social de sexe. De la reproduction des rapports sociaux à leur subversion. 2001
Ministère de l’Education Nationale. Repères et références statistiques, Chapitre 8, Les personnels. 2020. https://www.education.gouv.fr/reperes-et-references-statistiques-2020-1316
Harris Interactive. L’impact du confinement sur les inégalités femmes-hommes. 2020 (enquête commandée par le Secrétariat d’État chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes) https://harris-interactive.fr/opinion_polls/limpact-du-confinement-sur-les-inegalites-femmes-hommes/
Service Checknews. Combien y a-t-il de viols chaque année ? Combien de plaintes ? Combien de condamnations ? Libération. 2019.
Ifop pour le Défenseur des droits. Enquête sur le harcèlement sexuel au travail. 2014. https://www.defenseurdesdroits.fr/sites/default/files/atoms/files/ddd_etu_20140301_harcelement_sexuel_synthese_ifop_0.pdf
● Des textes de lois et autres textes juridiques
La loi n°2018-703 du 3 août 2018 renforçant la lutte contre les violences sexistes et sexuelles modifie ou complète certaines dispositions pénales existantes (prescription, infractions sexuelles sur mineurs, harcèlement sexistes et sexuel de groupe …), crée de nouvelles infractions (outrage sexiste, captation d’images intimes, administration de substances) et renforce la prise en compte des violences via la formation de divers professionnels, l’extension de compétences ou dans l’élaboration d’outils de planification.
La loi n° 2012-954 du 6 août 2012 relative au harcèlement sexuel instaure une nouvelle définition plus large et plus précise du harcèlement sexuel conforme au droit européen et assortie de sanctions plus lourdes. Elle harmonise ainsi les dispositions législatives relatives au harcèlement sexuel applicables au plan civil et au plan pénal. Elle élargit la protection contre les discriminations et renforce l’obligation de prévention qui incombe à l’employeur.
● Des outils pour aller plus loin
Le site de l’AVFT (association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail) Notamment sa boîte à outils. https://www.avft.org/
Les conseils sur le site du CFCV (collectif féministe contre le viol) https://cfcv.asso.fr/
Le Guide de Solidaires Agir syndicalement contre violences sexistes et sexuelles au travail en ligne et en pdf ici : https://solidaires.org/Guide-Solidaires-Agir-syndicalement-contre-les-violences-sexistes-et-sexuelles
Le centre Hubertine Auclert pour des ressources pédagogiques https://www.centre-hubertine-auclert.fr/
8 MARS : Journée internationale de lutte pour les droits des femmes !
Ce 8 mars, nous serons en grève avec les femmes du monde entier pour refuser tou.tes ensemble de payer le prix de la crise pandémique avec notre travail, notre salaire, notre corps. En France, comme en Pologne, au Chili comme en Italie et en Espagne, en Argentine comme au Nigeria, nous serons toutes et tous dans la rue pour dénoncer et arrêter une société patriarcale et raciste qui nous exploite, nous soumet et nous tue.
Nous sommes 2 millions de salariées dans la santé, le social et le médico-social. Nous sommes aides-soignantes, animatrices, auxiliaires de vie sociale, assistantes familiales, assistantes maternelles, éducatrices spécialisées, assistantes sociales, infirmières, agentes de service hospitalier, administratives, ouvrières, sage-femmes, aides à domicile, agentes d’entretien, …Nous sommes majoritaires dans les emplois du soin, de l’éducation, du nettoyage, du commerce, de l’aide à domicile. Tous ces secteurs essentiels et vitaux sont sous-payés, peu ou pas reconnus…Au boulot, notre travail salarié fait tourner l’économie et nos établissements. Et à la maison, notre travail domestique est invisibilisé.
PARCE QU’ON EN A MARRE !
Marre d’une gestion de pandémie qui nous a particulièrement mises en danger.Marre des pantalonnades et fausses promesses du gouvernement.Marre du mépris du gouvernement sur les sujets concernant les femmes, quand il nomme ministre un homme suspecté de viol, ou quand il envisage de mettre sur le marché public le 3919 !Nous avons toutes et tous une raison de nous mettre en grève ce 8mars2021!
Ensemble, nous sommes puissan.tes.Les argentines nous l’ont montré en obtenant après plusieurs années de luttes le droit à l’IVG !
Ce sont nos batailles collectives, imaginées par nous-même qui feront bouger les choses afin que toutes les violences patriarcales cessent.
Santé, Social, Médico-Social toutes et tous en grève!
Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir… à la DGFIP aussi.
Quelques rappels : pour une administration à 59 % féminisée, en catégories C et B, les 2/3 des agents sont des agentes alors que chez les A +, la tendance est inversée (mois d’1/3 de femmes, plus de 2/3 d’hommes). Des carrières hachées essentiellement pour raisons familiales, des volumes de promotion interne en baisse alors que les femmes se tournent principalement vers elles pour dérouler leur carrière, des rémunérations inférieures à celles de leurs homologues masculins…, la DGFip, à l’instar du reste de la Fonction Publique, ne garantit pas une égalité de traitement. Et l’arrivée des lignes directrices de gestion relatives au parcours professionnel va encore compliquer l’évolution de la carrière des femmes qui souvent se consacrent à l’éducation des enfants avant de se présenter à un concours, une sélection ou une liste d’aptitude.
Le plan d’actions 2020-2021 de la DGFip en faveur de l’égalité professionnelle femmes-hommes ne présente pas de mesures permettant réellement d’avancer.
Solidaires Finances publiques invite, chacun et chacune, femmes et hommes, à s’inscrire dans les actions proposées en cette journée du 8 mars, à répondre au mot d’ordre de grève féministe, mais aussi tout le reste de l’année, au quotidien, par des changements de comportement sociétaux, familiaux et professionnels.
Femmes et hommes, nous sommes toutes et tous concerné·es !
Le 8 mars, c’est toute l’année !
Les luttes féministes ont permis de conquérir des droits et de progresser vers l’égalité entre les femmes et les hommes. Mais cette égalité est loin d’être effective.
62 % des agents de la FPT sont des agentes et 67, 5 % des contractuel.les sont des femmes.
C’est pourquoi la journée du 8 mars ne se “fête” pas et n’est pas la “journée de LA femme” mais bien celle de la lutte pour les droits des femmes.
Pour que cela change au travail et à la maison : toutes en grève le 8 mars !
Le nouveau numéro de Virus, le journal de la section SUD Santé Sociaux du CH de Versailles est sorti !
Ce samedi 20 février à Paris, le groupuscule d’extrême droite Génération Identitaire organisait une manifestation contre sa dissolution. Un contre rassemblement unitaire antifasciste a été organisé en même temps dans un autre lieu, pour ne pas laisser la rue aux fascistes.
Ce contre rassemblement n’a pas été interdit par la préfecture (ce qui impliquerait un arrêté explicitant l’interdiction), qui s’est contentée de prétexter une déclaration trop tardive pour ne pas prendre de position officielle. À l’heure actuelle, il n’y a toujours aucun arrêté préfectoral interdisant notre rassemblement.
Toutefois, de nombreux·ses camarades ont été interpellé·es (au moins une quinzaine de gardes à vue en cours), contrôlé·es, fouillé·es, et verbalisé·es (plusieurs dizaines d’amendes de 135€) en justifiant qu’ils et elles « ont prévu de rejoindre une manifestation interdite ». Suite à quoi les camarades verbalisé·es ont été menacé·es d’interpellation et arrestation si ils et elles étaient recontrôlé·es dans le rassemblement prétendument interdit. Empêcher le SO de rejoindre le rassemblement est pourtant particulièrement irresponsable pour la sécurité des manifestant·es et la bonne tenue du rassemblement.
À un moment où l’extrême droite et l’État brandissent de concert l’« islamogauchisme » en faisant de toute personne affirmant une position antiraciste une alliée de l’islamisme, où le gouvernement criminalise une partie de sa population par l’adoption de la loi sur le séparatisme, ce même gouvernement confirme, par le pouvoir de sa préfecture, son positionnement politique favorable à l’extrême droite en l’autorisant à défiler. Il s’agit pourtant de la même extrême droite que celle qui a des liens directs avec des attentats terroristes, que ce soit par les financements qu’elle reçoit de Brenton Tarrant (auteur d’un attentat ayant causé 51 victimes contre deux mosquées à Christchurch, en Nouvelle-Zélande) ou encore par la présence de Maxime Brunerie (auteur d’une tentative d’assassinat sur le président de la République Jacques Chirac) à la manifestation de ce jour.
Si le gouvernement en place entend donc dissoudre Génération Identitaire pour des raisons purement électorales, nous ne pouvons que constater qu’il les autorise à battre le pavé comme ils le veulent, tout en interdisant les contre-manifestations, en instrumentalisant les règles sanitaires pour sanctionner celles et ceux qui ont participé à ce rassemblement.
Nous exigeons le retrait de toutes les contraventions reçues par les personnes qui ont participé·es à cette contre-manifestation, et la libération de tou·tes les camarades qui sont actuellement détenu·es en garde à vue !
Nous avons également à déplorer l’intervention de la BRAV-M, qui une fois de plus s’est autorisée à charger sans raison des militant·es hors du rassemblement, qui étaient simplement en train de discuter aux abords d’une bouche de métro avant de s’en aller après la dispersion prématurée du rassemblement. Cette charge soudaine sans aucune sommation a violemment poussé nos camarades dans les escaliers du métro et s’est poursuivi jusque dans ses couloirs, ce qui est particulièrement dangereux. Nous demandons à ce que la préfecture de Police de Paris mette un terme à l’existence de cette brigade violente qu’est la BRAV-M et que la traque aux militant·es cesse.
La répression, seule réponse de la part de la préfecture de police de Paris, témoigne d’un évident tournant autoritaire dans la gestion de la contestation. Néanmoins, il apparaît que la mobilisation ne saurait seulement être résumée à un échec. En effet, la pression exercée par ce rassemblement, conjuguée aux diverses autres initiatives, a suffisamment entravé la manifestation prévue par Génération Identitaire pour que celle-ci se limite finalement à un rassemblement.
Face aux identitaires, nous continuerons d’amplifier nos mobilisations. Nous devons plus que jamais participer activement à la création d’alliances entre les différents groupes opprimés et mettre en place un véritable front antifasciste large, regroupant organisations syndicales, antiracistes, antipatriarcales, etc.
Organisations signataires : Comité pour Clément, Jeune Garde Antifasciste, Nouveau parti anticapitaliste, Union communiste libertaire, Union syndicale Solidaires, La Horde.