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Dans le privé et le public, un syndicalisme de lutte pour la transformation sociale

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Éducation Précarité Ressources juridiques

Renouvellement du contrat AESH : connaître ses droits, les défendre  !

Depuis juin 2014, le contrat doit être renouvelé en CDI à l’issue de 6 années de CDD. Depuis juin 2019, le code de l’éducation prévoit dans son article L917-1 que les contrats des personnels accompagnant·es des élèves en situation de handicap (AESH) soient établis pour trois ans.

Les premiers CDD de trois ans établis au 1er septembre 2019 arrivent à terme le 31 août 2022. Sur l’ensemble du territoire ce sont des milliers de collègues qui vont être concerné·es par leur renouvellement.

Dans cette fiche, SUD éducation fait le point sur ces conditions de (non)renouvellement et les actions à envisager.
Les employeurs publics ne peuvent pas faire n’importe quoi !

Les conditions de renouvellement des agent·es contractuel·les de la Fonction publique ne sont pas encadrées par des garanties suffisamment contraignantes ; les employeurs, DSDEN ou chef·fes d’établissement pour les AESH, ont ainsi une trop grande latitude pour décider arbitrairement de ne pas renouveler un contrat.

Cependant, comme dans toute situation arbitraire, il existe quelques leviers qui permettent de ne pas totalement se laisser faire :

délai de prévenance : l’administration doit respecter un préavis pour vous notifier le renouvellement ou non de votre contrat (article 45 du décret n°86-83 du 17 janvier 1986). Ce délai diffère en fonction de votre ancienneté :

vous avez moins de 6 ans d’ancienneté, votre contrat doit être renouvelé en CDD ; le délai de prévenance que doit respecter l’employeur est de 2 mois ;

vous avez 6 ans d’ancienneté, votre contrat doit être renouvelé en CDI ; le délai de prévenance que doit respecter l’employeur est de 3 mois.

Pour calculer votre ancienneté, il faut prendre en compte l’ensemble de vos contrats, y compris s’il y a une interruption inférieure à 4 mois entre deux contrats. Le délai se décompte à partir de la date de fin de contrat.

Si votre contrat est proposé au renouvellement, vous disposez ensuite de 8 jours pour faire connaître votre décision.

⚠ Vous avez plus de 3 ans d’ancienneté mais moins de 6 ans (car avant le CDD de trois ans vous avez déjà eu un contrat de 1 ou 2 ans) : il faut signer le CDD de trois ans, même si avant son terme vous devez être CDIsé·e. Dans ce cas, un avenant sera établi à la date anniversaire des 6 ans de CDD pour le transformer en CDI.

entretien préalable au non-renouvellement : un entretien préalable au non-renouvellement est obligatoire. Celui-ci doit être distinct d’un entretien professionnel (circulaire relative à la réforme du décret 86-83 du 20-10-2016). Vous devez être convoqué·e à cet entretien par écrit et avez la possibilité d’être accompagné·e par un·e représentant·e syndical·e. C’est un·e supérieur·e hiérarchique qui doit mener cet entretien (pilote du PIAL, IEN, chef·fe d’établissement).

motivation du non-renouvellement : si la décision de non-renouvellement n’a pas à être « formellement motivée », elle doit cependant être justifiée par « l’intérêt du service » ou « l’insuffisance professionnelle de l’agent », et cela reste à prouver ! Des éléments tangibles et matériellement établis doivent motiver la décision. La circulaire n° 2019-090 du 5-6-2019 cadre de gestion précise dans son 2.3 “en cas de contentieux, tout non renouvellement qui reposerait sur un motif étranger à l’intérêt du service serait considéré par le juge administratif comme entaché d’une erreur de droit”.

En cas de non-renouvellement on fait quoi ?

La première des solutions à envisager pour instaurer un rapport de force en vue d’obtenir le renouvellement de votre contrat, c’est de chercher des solidarités internes à l’école ou à l’établissement, auprès des autres personnels. Ne restez pas seul·es, faites part de votre situation autour de vous, si possible avant que la décision ne vous soit notifiée.

Si vous pensez que votre non-renouvellement n’a pas été fait dans les règles ou que vous souhaitez le contester, contactez au plus vite le syndicat SUD éducation de votre département afin de prendre conseil et d’organiser la riposte. Même si obtenir satisfaction risque d’être compliqué, nous avons déjà remporté des batailles et il est important de ne pas rester sans réponse face à l’arbitraire des chef·fes. Plusieurs types de recours juridiques peuvent être envisagés selon les situations.
Attention

⮊ Si vous ne souhaitez pas renouveler votre contrat, rien ne vous oblige à le signaler par écrit, contrairement à ce que demandent les DSDEN. Dans l’optique où vous souhaiteriez prétendre à l’allocation de retour à l’emploi nous conseillons de ne laisser aucune trace écrite d’un refus de votre part de renouvellement de contrat et de réclamer une fois votre contrat arrivé à terme votre attestation employeur et votre attestation Pôle emploi.

⮊ Il ne peut pas y avoir de période d’essai en cas de renouvellement de CDD.

⮊ En cas de problème, contactez le syndicat SUD éducation de votre département.
SUD éducation revendique pour les AESH :

un statut de la Fonction publique par la création d’un nouveau métier d’éducateur·trice scolaire spécialisé·e ;

+400 euros pour les plus bas salaires et la reconnaissance d’un temps plein à 24h d’accompagnement pour les AESH ; l’attribution de l’indemnité REP/REP+ ;

des moyens pour l’école inclusive, l’abandon des PIAL et de la logique de mutualisation ;

des moyens pour une politique de formation initiale et continue ambitieuse ; la création de brigades de remplacement.

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Actu Solidaires 78 Éducation Précarité

Scandale des Jobdating : la conséquence d’années successives de casse du service public d’éducation

L’académie de Toulouse, dès le 30 mars, et l’académie de Versailles, à partir du 30 mai, ont mis en œuvre une procédure de “jobdating”. Celle-ci fait aujourd’hui scandale. Il s’agit d’une procédure accélérée de recrutement de personnels contractuels enseignants, mais aussi d’infirmiers et AESH. Les entretiens de recrutement durent entre 20 et 30 minutes et sont menés par des inspecteurs·trices. La seule condition de recrutement, pour les postes d’enseignant·es, est d’être titulaire d’un bac +3 minimum. 

SUD éducation dénonce sans ambiguïté aucune cette procédure. Le caractère expéditif du recrutement laisse entendre à la société que les compétences professionnelles et les connaissances disciplinaires nécessaires pour exercer les missions concernées sont minimales. Il jette le discrédit sur les parcours de formation initiale dont ont bénéficié les professeur·es actuellement en poste. Ce nouveau mode de “prof bashing” est renforcé par la communication effectuée autour de ces job dating par les rectorats et les médias qui s’en emparent. 

Cette procédure révèle l’état de délabrement dans lequel se trouve le service public d’éducation après plusieurs décennies de casse par les gouvernements successifs. Le métier n’attire plus les étudiant·es, comme en témoignent les chiffres des concours du premier et du second degré. Le nombre d’admissibles au CRPE, à titre d’exemple, est cette année particulièrement inquiétant. Les causes de cette crise du recrutement sont connues : déclassement salarial, moyens insuffisants, contre-réformes successives, casse de la formation initiale. Pour SUD éducation, il est plus que jamais nécessaire d’exiger un plan d’urgence pour l’éducation qui prenne en compte tous ces aspects. 

Pour autant, les futur·es collègues qui sont recruté·es en ce moment ne sont pas à blâmer. Au contraire, SUD éducation les assure dès à présent de tout son soutien dans les épreuves qu’ils et elles auront à affronter. Partout, SUD éducation défendra ces collègues précaires, comme nous l’avons toujours fait. 

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Actu Solidaires 78 Éducation Précarité

De retour de la manif parisienne du 1er mai 2022

Le défilé du cortège Solidaires Ile-de-France a été ponctué de prises de parole. Voici le texte lu par Solidaires 78 pendant la manif.


Le 27 janvier 2022, en tant que syndicaliste retraitée de Renault Flins, j’ai participé à une formidable manifestation de rue à Mantes La Jolie, organisée par le Collectif des AESH du Mantois, soutenu par Solidaires 78 et Sud Education 78, dans le cadre d’une mobilisation nationale : un cortège animé, vivant, chaleureux, très combatif ; les animatrices passaient dans les rangs de la manif pour interwiver au micro les Aesh présent.es, chacun.e racontait son vécu, expliquait les revendications. Les passant.es applaudissaient et certain.es et même rejoignaient le cortège : un véritable meeting de proximité et de lutte dans la manif elle-même !

Voilà la Petite histoire du collectif AESH 78 racontée par Fati (extraits) (texte complet sur le site de Solidaires 78 )

Dès le début de l’année scolaire 2017 /2018, dans l’établissement, où j’exerce mes missions d’Accompagnante d’Élève en Situation d’Handicap, le mot d’ordre est donné par les collègues AESH, dont le cerveau avait bien été lavé par le proviseur de l’époque : « Si tu ne veux pas de problème, éloigne toi des syndicalistes » …

Maintenant je sais ce que cela voulait dire… Si tu l’ouvres trop, ta place et ton CDI tu pourras t’asseoir dessus ! Voici le contexte dans lequel le Collectif Aesh 78 a pris racine…

Mettez dans un établissement scolaire, deux professeur·es syndicalistes et une accompagnante d’élève en situation d’handicap et vous obtiendrez un début de mouvement de lutte pour les accompagnantes, oubliées de tous et toutes, dans nos établissements scolaires, car l’idée est bien de nous invisibiliser un maximum, afin de ne pas dénoncer la situation dans laquelle nous sommes, c’est-à-dire une précarisation et un manque de reconnaissance sans précédent des institutions qui nous emploient, j’ai nommé : l’Éducation nationale. Voilà pourquoi je ne dois pas m’approcher des syndicalistes !

C’est avec plaisir que je me suis laissée entraîner à une réunion aux Mureaux, avec un petit groupe de camarades, nous nous sommes retrouvé·es pour échanger sur nos situations et essayer de se soutenir. Le regard de chacun et chacune était important, car cela mêlait la richesse et la diversité des points de vue ; ainsi enseignantes, enseignants et AESH ont travaillé ensemble pour améliorer le travail de chacun.e.

Les revendications principales sont : un vrai statut, un vrai salaire et une vraie formation.

Après quelques réunions, dans une ambiance de début de colère vis-à-vis du système éducatif, nous avons organiseé un rassemblement devant la mairie des Mureaux (2018) pour sortir de nos murs et se montrer, du moins se faire connaître du public.

Ce rassemblement très peu suivi aurait pu être vécu comme une défaite, mais il m’a encore plus motivée à continuer… Nous avons organisé un autre rassemblement devant le lycée St Exupéry à Mantes la Jolie, suivi d’une marche jusqu’à l’IME du Val Fourré. Pas d’audience demandée à l’inspecteur mais il a eu notre pétition !

Nous sortions enfin de l’invisibilité !

Puis durant les différentes mobilisations de la réforme des retraites en 2020, d’autres liens se sont tissés et avec des étiquettes syndicales différentes, peu importe, avec moi j’avais des personnes intelligentes et avec un idéal commun : « ne laisser personne sur le carreau ».

Durant la lutte des réformes contre les retraites, nous avons fait les AG au local syndical de la Vaucouleurs, beaucoup d’enseignant·es, d’agent·es SNCF, de Gilets Jaunes, mais pas de camarades AESH.

Pas mieux après plusieurs invitations à participer aux AG de « l’Assemblée de lutte du Mantois » Peur d’être noyé·es dans cette masse de lutteurs et lutteuses professionnels, ça peut effrayer lorsqu’on n’a pas l’énergie ou qu’on se sent pas légitime à porter un mouvement de contestation !

Nous avons donc créé notre collectif d’AESH, pour changer le regard que nous portions sur nous en tant qu’être humain mais également en tant que professionnelles de l’inclusion scolaire, avec un savoir-faire qui n’était pas reconnu de certains de nos collègues enseignant·es, directeurs·trices, proviseur·es, référentes de scolarité, d’autres personnels de l’Éducation nationale ni même de la coordination Pial (Pôles inclusifs d’accompagnement localisés).

Avec mes copin·es syndicalistes, nous avons commencé à refaire des réunions, mais cette fois-ci au local syndical de la Vaucouleurs, à Mantes la Ville.

Le groupe est parti de 4 AESH et 4 enseignant·es… Les enseignant·es qui peu à peu laissaient place aux principales concernées, les AESH, pour échanger et mener des actions afin d’améliorer nos conditions de travail, aucune influence n’a été faite sur qui que ce soit.

Nous étions maître·sses du jeu.

Avant de commencer une quelconque lutte, il fallait que nous, AESH, prenions conscience de notre situation et de la misère dans laquelle l’État nous plonge, pour ne pas nous rendre compte de quoi que ce soit : avec un salaire de 780 euros par mois, pour un temps de travail imposé, des conditions de travail très dégradantes et la maltraitance institutionnelle infligée aux élèves, avec de moins en moins d’heures de prise en charge, des collègues AESH qui ont en charge de plus en plus d’enfants, avec des pathologie diverses et variés, ainsi avec des préoccupations de survie, nous ne remettions rien en question.

Et l’institution peut, comme bon lui semble, nous laisser sur le bord de la route, ne se préoccupant pas du constat alarmant qui est que nous vivons sous le seuil de pauvreté… A tel point que des camarades AESH ont deux emplois ! Non la précarité n’est pas un métier !

C’est pourquoi nous voulons aussi la suppression des Pial qui morcellent notre travail, désormais réparti entre plusieurs établissements au détriment de l’intérêt des enfants.

Lorsque cette prise de conscience fut prise, nous étions prêtes à affronter le monde…

Nous nous réunissons une fois tous les deux mois au local de la Vaucouleurs, nous avons mené plusieurs actions, rassemblements et manifs à Mantes.

Maintenant je sais pourquoi je dois me méfier des syndicalistes !

Non ! La lutte des classes n’est pas d’un autre temps ! Les exploité·es sont toujours présent·es ! Le problème est que certaines pensent encore que la lutte contre l’exploitation des femmes (notre emploi très féminisé à 95 %) est terminée et qu’au 21è siècle, que ce ne serait plus d’actualité.

L’histoire du Collectif des AESH nous montre qu’elle est toujours belle et bien présente et qu’il faut plus que jamais nous mobiliser pour ne plus laisser personne sur le carreau.

Nous sommes devenu.es plus organisé.es, plus combatives et avons pris conscience de notre situation d’oppressées, d’exploitées et identifié nos oppresseurs. FATI

Merci à toi Fati !

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Précarité Secteur associatif

Salaires : la branche de l’animation absente des secteurs revalorisés !

Alors que l’animation est un métier formidable,
Alors que nos métiers sont d’une nécessité et d’une utilité sociale indéniables,
Alors que les nouvelles générations désaffectent ces voies par manque de perspectives,
Alors que l’animation est en situation de pénurie de personnel depuis
plusieurs mois,
Alors que des salarié·es se mobilisent et élèvent leurs voix contre la précarité qui les touche,
Alors que l’inflation ne cesse de battre des records,
Hexopée, le syndicat employeur dans l’animation, ne propose aucune
reconnaissance salariale ambitieuse ni aucun horizon !

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Précarité

DELIVEROO condamné pour travail dissimulé, une victoire pour le monde du travail !

La plateforme de livraison DELIVEROO vient d’être condamnée ce mardi par le tribunal correctionnel de Paris à 375 000 € d’amende, ainsi que deux de ses ex-dirigeants à 12 mois de prison et 5 ans d’interdiction de gérer une entreprise, le tout avec sursis, pour avoir fait travailler près de 3.000 livreurs/euses, de 2015 à 2017, en tant qu’indépendant-es alors qu’ils et elles auraient dû être salarié-es.

L’Union syndicale Solidaires, la Fédération SUD Commerces et Services, et SUD Commerces et Services IDF, parties civiles au côté de 116 livreurs/euses et d’autres syndicats, se félicitent de cette victoire, même si la condamnation financière est infime par rapport aux bénéfices de la plateforme (219 millions d’euros en France en 2021) et au nombre de coursiers régulièrement blessés, voire décédés en effectuant des livraisons pour elle.

Cette condamnation inédite sanctionne un modèle fondé sur l’exploitation de travailleurs/euses précaires, voire sans-papiers : il est temps que la France mette fin à l’ubérisation et soutienne la directive européenne pour qu’iels soient considéré-es comme de présumés salarié-es !

Solidaires, et sa fédération du Commerce seront toujours présent-es pour continuer à les accompagner au mieux et gagner avec eux/elles, dans la rue comme devant les tribunaux, des améliorations de leurs conditions de travail et une revalorisation de leur rémunération : c’est aussi le sens de notre candidature à la première élection des représentant-es des travailleurs des plateformes prévue du 9 au 16 mai prochain.

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Actu Solidaires 78 Bâtiment - travaux publics Collectivités territoriales Dans les Yvelines, une classe en lutte... Éducation En grève ! Industrie Luttes logement Précarité

Dans les Yvelines, une classe en lutte, épisode n° 29


Au sommaire : Industrie, éducation, logement, petite enfance, université… Trappes, Meulan, Bouafle, Guyancourt, Les Mureaux …


Petit tour d’horizon des mobilisations sociales dans le département… Liste forcément non-exhaustive, n’hésitez pas à nous transmettre vos infos à contact@solidaires78.org


Source : 78actu.fr

Une illustration locale de la dégradation régulière des services sociaux notamment concernant l’accueil des enfants : encore une fois, les femmes souvent en charge de leur garde, devront se débrouiller seules ! 

Source : 78actu.fr

Source : 78actu.fr

Source : 78actu.fr

Source : 78actu.fr

Source : 78actu.fr
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Précarité

Enquête en ESAT : quand l’exploitation des ouvriers passe pour de l’action sociale

Enquête en ESAT quand l’exploitation des ouvriers passe pour de l’action sociale / article blog Médiapart

Il y a de nombreux ESAT et EA dans le 78.

https://www.reseau-gesat.com/Gesat/Yvelines-78/

L’enquête sur les ESAT réalisée par Thibault Petit confirme ce que les militants antivalidistes dénoncent depuis longtemps: l’exploitation d’ouvriers et d’ouvrières privés du SMIC et du droit du travail. S’y expriment la colère et les revendications de ces travailleurs jusqu’alors largement ignorés par les organisations du mouvement ouvrier et les travaux sur la condition ouvrière.

morin cecile

morin cecile Militante contre le validisme. Doctorante en histoire contemporaine Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce texte a été initialement publié sur le site de la revue Dièses.

Après les révélations de Victor Castanet sur ORPEA, voici que paraît un autre livre enquête signé par le journaliste Thibault Petit et intitulé Handicap à vendre[1]. Pendant six ans, l’auteur a mené une investigation sur les ESAT, les bien mal nommés « Établissements et services d’aide par le travail ». Le bandeau de couverture donne le ton : « Resteriez-vous sept heures à trier des vis ? eux, oui ! »

Qui croiraient qu’il s’agit là d’une dénonciation des conditions de travail en ESAT par l’auteur se méprendrait : la citation est issue d’une publicité conçue par un directeur d’établissement à l’attention d’entreprises désireuses de sous-traiter leur production.

Dans une annonce qu’il intitule « Cost killing & externalisation », ce directeur vante ainsi les avantages de la main d’œuvre de l’ESAT : « Plus de 175 travailleurs handicapés sont prêts à répondre à vos besoins à un coût défiant l’externalisation tout en vous permettant de réduire votre taxe AGEFIPH », « Leurs différences, leurs petits défauts sont, bien souvent dans le domaine du travail de sous-traitance (minutieux, répétitif, taylorisation) un réel avantage », «Ne déviez-vous jamais du travail fixé par votre chef : eux non. »[2]

Le patronat du XIXe siècle n’aurait pas parlé autrement de l’intérêt d’employer des enfants dans l’industrie : main d’œuvre quatre fois moins coûteuse que les adultes, particulièrement docile, dure à la peine et pourvue d’une surprenante dextérité. « Dans le milieu ordinaire, les travailleurs font chier. Et les handicapés, bah, ils travaillent mieux, oui » déclare d’ailleurs ce facétieux directeur à Thibault Petit[3]

Pas de SMIC ni de droit du travail

Il est vrai que les entreprises auraient tort de se priver de sous-traiter aux ESAT tant la main d’œuvre y est sous-payée et dépourvue de droits. Le journaliste décrit page après page la condition des travailleuses et travailleurs des ESAT que ne cessent de dénoncer différents collectifs antivalidistes, comme l’avaient fait avant eux les militants handicapés des années 1970[4]. La rémunération en ESAT équivaut en moyenne à 11% du SMIC rappelle l’auteur en citant un rapport du Sénat sur le sujet.

Lire la suite…

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Actu Solidaires 78 Éducation En grève ! Précarité

5 avril – AESH en grève le 5 avril : dossier complet

SUD éducation appelle avec l’Intersyndicale à une nouvelle journée de grève le 5 avril pour les droits des AESH, pour l’école inclusive, contre les Pial.

Vous trouverez dans ce dossier tout le matériel pour préparer et réussir cette journée de grève.

SUD éducation appelle les AESH à se mettre massivement en grève, mais aussi l’ensemble des personnels.

Le tract de SUD éducation d’appel à la grève
Le communiqué intersyndical
La caisse de solidarité pour la grève du 5 avril
AESH : comment faire grève?
Visuels pour les droits des AESH
Le guide “droits des AESH”
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Actu Solidaires 78 Dans les Yvelines, une classe en lutte... Éducation En grève ! Précarité

Petite histoire du collectif AESH 78

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Dès le début de l’année scolaire 2017 /2018, dans l’établissement, ou j’exerce mes missions d’Accompagnante d’Élève en Situation d’Handicap, le mot d’ordre est donné par les collègues AESH, dont le cerveau avait bien été lavé, par le proviseur de l’époque : « Si tu ne veux pas de problème éloigne toi des syndicalistes » …

« Si tu ne veux pas de problème éloigne toi des syndicalistes » …

Maintenant je sais ce que cela voulait dire… Si tu l’ouvres trop, ta place et ton CDI tu pourras t’assoir dessus !

Voici le contexte dans lequel le collectif a pris racine…

Mettez dans un établissement scolaire deux professeur·es syndicalistes et une accompagnante d’élève en situation d’handicap et vous obtiendrez un début de mouvement de lutte pour les accompagnantes, oubliées de tous et toutes, dans nos établissements scolaires, car l’idée est bien de nous invisibiliser un maximum, afin de ne pas dénoncer la situation dans laquelle nous sommes, c’est-à-dire une précarisation et un manque de reconnaissance sans précédent des institutions qui nous emploi, j’ai nommé : l’Éducation nationale.

Voilà pourquoi je ne dois pas m’approcher des syndicalistes !

Enseignantes, enseignants et AESH ont travaillé ensemble pour améliorer le travail de chacun, chacune

C’est avec plaisir que je me suis approchée et laissée entrainer à une réunion aux Mureaux, ou un autre syndicaliste nous attendait dans un local, avec un petit groupe de camarades, nous nous sommes retrouvé·es pour échanger sur nos situations et essayer de se soutenir. Le regard de chacun et chacune était important, car cela mêlaient la richesse et la diversité des points de vue ; ainsi enseignantes, enseignants et AESH ont travaillé ensemble pour améliorer le travail de chacun, chacune. Les revendications principales étaient : un vrai statut, un vrai salaire et une vraie formation.

Après quelques réunions, dans une ambiance de début de colère vis-à-vis du système éducatif tout en gardant une bienveillance les un·es pour les autres, nous avons décidé d’organiser un rassemblement devant la mairie des Mureaux (2018) pour sortir de nos murs et se montrer, du moins se faire connaitre du publique et pourquoi pas enrôler d’autres camarades…

Rassemblement très peu suivi et ce qu’on pourrait penser comme étant une défaite m’a encore plus motivé à continuer…

Nous avons organisé un autre rassemblement devant le lycée St Exupéry à Mantes la Jolie, suivi d’une marche jusqu’à l’IME du Val Fourré, nous avions demandé une audience avec l’inspecteur, malheureusement cela ne nous a pas été accordé, à défaut cela ne nous a pas empêcher de donner notre pétition au secrétariat.

Le mouvement des retraites

Durant les différentes mobilisations de la réforme des retraites (2020), d’autres liens se sont tissés et avec des étiquettes syndicales différentes, peu importe avec moi j’avais des personnes intelligentes et avec un idéal commun « ne laisser personne sur le carreau ».

Je voulais délocaliser le groupe plus près de Mantes, en ayant l’idée que sur le Mantois j’avais plus d’attache et que je connaissais un peu plus le terrain.

Durant la lutte des réformes contre les retraites, nous avons fait les AG au local syndical de la Vaucouleurs, beaucoup d’enseignant·es, d’agent·es SNCF, de Gilets Jaune, mais pas de camarades AESH.

Le constat, après plusieurs invitations à participer aux AG de ce nous avons nommé « l’Assemblé de lutte du Mantois » ne faisait pas fureur. Peur d’être noyé·e dans cette masse de lutteurs et lutteuses professionnels, ça peut effrayer lorsqu’on n’a pas l’énergie ou qu’on se sent pas légitime à porter un mouvement de contestation, surtout quand à longueur de journée ont nous martel de nous taire et d’aller au fond de la classe !

Quand à longueur de journée ont nous martel de nous taire et d’aller au fond de la classe !

C’est ainsi que nous avons compris la nécessité, de créer un collectif d’AESH, car il fallait avant d’intégrer une quelconque lutte, changer le regard que nous portions sur nous en tant qu’être humain mais également en tant que professionnelles de l’inclusion scolaire, avec un savoir-faire qui n’était pas reconnu de certains de nos collègues enseignant·es, directeurs·trices, proviseur·es, référentes de scolarité, coordo PIAL et d’autres personnel de l’Éducation nationale.

Avec mes copin·es syndicalistes, nous avons commencé à refaire des réunions , mais cette fois-ci au local syndical de la Vaucouleurs, à Mantes la Ville.

Le groupe est partie de 4 AESH et 4 enseignant·es…

Les enseignant·es qui peu à peu laissaient place aux principaux concerner, les AESH, pour échanger et mener des actions afin d’améliorer nos conditions de travail, se sont retiré·es des réunions, à aucun moment les enseignant·es nous ont dicté nos actions, aucune influence n’a été faite sur qui que ce soit. Nous étions maitre·sse du jeu.

Avant de commencer une quelconque lutte, il fallait que nous, AESH, avec un salaire de 780 euro par mois, pour un temps de travail imposé, des conditions de travail très dégradante et la maltraitance institutionnelle infligée aux élèves, avec de moins en moins d’heures de prise en charge, des collègues accompagnantes d’élèves en situation d’handicap qui ont en charge de plus en plus d’enfants, avec des pathologie diverses et variés, prennent conscience de notre situation et de la misère dans laquelle l’État nous plonge, pour ne pas nous rendre compte de quoi que ce soit ; ainsi avec des préoccupations de survie nous ne remettons rien en question et l’institution peut comme bon lui semble nous laissé sur le bord de la route ; ne se préoccupant pas du constat alarmant qui est que nous vivons sous le seuil de pauvreté…

Des camarades AESH ont deux emplois !

Lorsque cette prise de conscience fut prise nous étions prêtes à affronter le monde…

Nous nous réunissons une fois tous les deux mois au local de la Vaucouleurs, nous avons mené plusieurs actions, rassemblement devant la DSDEN, manif devant l’inspection académique de Mantes la Jolie, 2 rassemblement devant la mairie de Mantes la Jolie, une manifestation dans laquelle nous avons déambulé pour nous arrêter devant la MDPH et scander des slogans enrobés de témoignages glaçants du vécu des AESH, nous avons rencontré le député de la 8ème circonscription et avons d’autres projets…

Maintenant je sais pourquoi je dois me méfier des syndicalistes !

Non ! La lutte des classes n’est pas d’un autre temps !

Les exploité·es sont toujours présent·es !

Le problème c’est qu’on pense que les luttes, contre l’exploitation des femmes (emploi très féminisé à 95 %) sont terminées et qu’au XXI siècle ce n’est plus d’actualité. L’histoire du collectif des AESH nous montre qu’elle est toujours belle et bien présente et qu’il faut plus que jamais nous mobiliser pour ne plus laisser personne sur le carreau.

L’actualité du collectif :

Un appel à une grève intersyndicale et nationale est lancé pour le mardi 5 avril 2022, une réunion s’est tenue le samedi 19 mars 2022 à 10h au local syndical de la Vaucouleurs.

Le collectif a été invité, samedi 12 mars au débat, après la projection du film de Ruffin, Debout les femmes, aux Mureaux…

Nous sommes devenus plus organisées, plus combatives et avons pris conscience de notre situation d’oppressée et identifié nos oppresseurs.

A vous les studios !

Fati

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