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Dans le privé et le public, un syndicalisme de lutte pour la transformation sociale

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Internationalisme Palestine

Reconnaître l’État palestinien, oui, mais un État sans droits ne sert à rien

L’Union syndicale Solidaires se réjouit du débat qui s’ouvre sur la reconnaissance d’un État palestinien. C’est un pas vers la reconnaissance du droit à l’autodétermination du peuple palestinien, dans les modalités qu’il décidera le moment venu. Comme nous le disions dans notre revendicatif publié en septembre 2023, « c’est aux Palestiniens et Palestiniennes de décider si leurs exigences et revendications doivent toujours déboucher sur une revendication étatique, et quelle devrait être sa formulation.(1) » Ce constat résultait du rejet de plus en plus fort de la solution à deux Etats proposée dans le cadre du « processus d’Oslo », rejet que nous avions constaté sur place, tant la situation était dégradée du fait de l’approfondissement de la colonisation et des mesures de blocus à Gaza et ce, bien avant le 7 octobre. 

En effet, de quelle reconnaissance parle-t-on si l’État en question est fragmenté et en ruine, s’il est occupé militairement, si sa capitale Jérusalem n’est pas reconnue, si son autorité décrédibilisée est remise en question, s’il n’a de souveraineté ni sur ses frontières, ni sur sa monnaie, ni sur sa sécurité ? Un État sans droits ne sert à rien.

De plus, cette revendication ne doit pas être le prétexte pour éviter de prendre des mesures plus tangibles, et pour solder les droits imprescriptibles de tou·tes les Palestinien·nes, y compris celles et ceux qui ont été expulsé·es en 1948 et leurs descendant·es. Parmi ces droits, celui du retour dans leurs foyers, et l’égalité pleine et entière avec tou·tes les citoyen·nes de la région, leurs sont toujours refusés.

Le seul geste à même d’ouvrir un horizon politique consiste à demander à ce que l’État israélien soit traité comme n’importe quel autre État, et qu’il soit soumis à de sévères sanctions pour toutes ses infractions au droit international, au droit humanitaire et aux injonctions de la Cour internationale de justice. Il en va de la préservation de la crédibilité des instances internationales nées de la seconde guerre mondiale.

L’Union syndicale Solidaires réitère en particulier la demande de rupture de tous les accords bilatéraux entre la France et Israël, mais aussi entre l’Europe et Israël, et à l’instauration d’un embargo strict dans les deux sens sur les armes, sur tous les composants et sur toutes les recherches pouvant servir à l’armée israélienne. Nous soutenons ainsi l’appel des syndicats palestiniens repris dans la campagne Stop Arming Israel (2), qui a conduit à bannir les entreprises israéliennes du salon Eurosatory de défense.

Nous demandons aussi aux entreprises de retirer leurs investissements en Israël, et à toutes et tous de boycotter les marchandises et institutions israéliennes, ainsi que les entreprises complices comme Carrefour, Axa ou HP, afin que ces pressions conduisent Israël à respecter ses obligations, à commencer par mettre fin au génocide en cours. C’est l’esprit de la campagne Boycott, Désinvestissement et Sanctions dans laquelle s’inscrit Solidaires (3).

L’Union syndicale Solidaires aspire au respect du droit international, seul cadre qui permettra de discuter de l’autodétermination du peuple palestinien et, peut-être, d’un État palestinien souverain, dont nous nous réjouirons enfin.

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https://solidaires.org/sinformer-et-agir/les-journaux-et-bulletins/solidaires-et-internationalistes/n120-special-palestine/
https://solidaires.org/sinformer-et-agir/actualites-et-mobilisations/internationales/non-a-la-cooperation-militaire-avec-israel/
https://www.bdsfrance.org/
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(re)Penser notre syndicalisme

Que peut une UD Solidaires en Seine-Saint-Denis ?

Les émeutes de juillet 2023 l’ont rappelé – sans qu’il y en ait besoin pourtant : les quartiers populaires sont en très grandes souffrances. En tant que syndicalistes, cela doit nous inquiéter. Or nous sommes toujours en peine d’une stratégie qui permettent de syndiquer de façon significative les habitant·es (travailleurs et travailleuses, chômeuses et chômeurs, étudiants et étudiantes, au minima sociaux, au foyer) mais aussi celles et ceux qui travaillent dans ces quartiers. Solidaires 93 a, à ce titre, un travail particulier à faire.

Si tous les quartiers populaires du pays ont des traits communs, qui recoupent aussi parfois des problèmes des territoires ruraux, la Seine-Saint-Denis a la particularité d’être le département de métropole qui connaît tous les problèmes sociaux et territoriaux dans une concentration sans équivalent ! Or non seulement l’État n’y fait rien, mais on peut même affirmer qu’il y a largement contribué. La Seine-Saint-Denis représente 40 villes (de 10 000 à 130 000 habitant·es), soit plus d’un million et demi de personnes, sans compter des centaines de milliers de personnes qui y travaillent. Les habitant·es et les travailleur·ses ne sont pas, pour une large partie, les mêmes personnes. Du point de vue de la structuration syndicale, ces données compliquent la donne. Elles sont le résultat de l’histoire de la constitution du département, en lien avec le centre de Paris. Une histoire souvent méconnue, qui se double d’une méprise et d’un mépris sur l’histoire sociale de ce territoire. Comme si rien n’avait jamais existé…

L’histoire de Solidaires, syndicat qui a toujours été ouvert sur les luttes sociales et sociétales constitue un point d’appui pour construire un syndicalisme ancré dans le territoire. La complexité de la Seine-Saint-Denis vient cependant du fait qu’en sus d’un discours et d’une histoire imposée par le centre, Solidaires se heurte aussi à ce qui a été construit dans le département par le « monde communiste », relayé dans l’espace syndical par la CGT. Cette deuxième histoire est aussi écrasée par l’histoire du centre. C’est donc un tissage complexe pour Solidaires que de frayer sa route tout en intégrant des pans d’histoire sociale du département.

Éléments de socio-histoire du 93

Quand on parle du 93 pour pouvoir essayer de s’organiser, tout détonne. En 2020, une enquête de l’INSEE amenait le Parisien à qualifier le département de « département de tous les records ». En effet, concernant les habitant·es, le taux de chômage y est autour de 10 % des actifs et actives, le nombre de personnes au RSA, autour de 80 000, soit près de 12 % des actifs et actives. Le département polarise ses emplois entre une augmentation des professions de cadres promises à une population peu issue du territoire et des professions d’employé·es et d’ouvrier·es souvent mal payé·es. Parmi les éléments les plus frappants, il y a ceux liés à la répartition emplois/habitant·es. En 2010, « Moins d’un actif résident sur deux (46 %) travaille en Seine-Saint-Denis » [1]. Pas sûr que ça ait beaucoup changé. Par ailleurs, « plus de 70 % de ces emplois hautement qualifiés sont occupés par des non-résidents, soit le plus fort taux de France métropolitaine. »

Ainsi du point de vue du travail, l’organisation de la Seine-Saint-Denis est un vrai casse-tête. On y nomme les néo-fonctionnaires, souvent averti·es qu’ils et elles arrivent dans une jungle, on laisse les habitant·es du département à des postes « bas », et on pousse les plus diplômé·es à partir, le plus souvent sous prétexte d’éviter toute forme de « favoritisme ». Ces distinctions recoupent aussi les origines des travailleurs et travailleuses ainsi que leur couleur de peau. Cela pousse les habitant·es qui veulent monter dans la hiérarchie à partir, et même à haïr le département où ils/elles ont grandi. Cette organisation économique n’est pas qu’un enjeu géographique, elle touche à la possibilité même d’une conscience de groupe, et évidemment d’une conscience de classe. Elle permet à l’État de construire un 93 contre le 93 en excluant les habitant·es des processus sociaux, politiques et économiques du département. L’État fait ainsi ce qu’il veut du territoire, sans possibilité pour les « locaux » de résister. Par ailleurs, il existe un réel syndrome du 93, notamment chez les militant·es syndicaux et politiques qui arrivent. Si ceux-ci et celles-ci peuvent être attiré·es par le caractère explosif du département, ils/elles se trouvent vite confronter à une violence sociale qu’ils/elles ne peuvent supporter. Cela entraîne deux attitudes. Une première attitude prend la forme d’un mépris contre le département, ce qui fait des militant·es dont l’objectif principal est de partir. Ils et elles se désintéressent de la lutte sur le territoire, pour se concentrer sur des intérêts corporatistes. D’autres se transforment au contraire en « sauveur ». Le 93 est notamment touché par un phénomène de militant·es qui ne cherche pas à connaître l’histoire des lieux, et agissent aussi inconsciemment avec l’idée d’« aider » charitablement un département – et ses pauvres cosmopolites – délaissé. Beaucoup de départs font suite à des dépressions et un immense sentiment d’impuissance. L’État consomme ceux et celles qui luttent ici et il y faut beaucoup d’énergie et de piliers sur lesquels s’appuyer pour tenir.

Il y a un vrai enjeu syndical pour tenir sur les revendications d’égalité de droits, souvent tellement basiques qu’on ne les met plus en avant. Solidaires 93 et les syndicats qui en font partie ont ainsi, à plusieurs reprises, tenté d’impulser des campagnes sur des thématiques de base :

  • Des milliards pour le service public.
  • Des médecins dans les écoles.
  • Des investissements dans les hôpitaux.
  • Une vraie couverture du territoire de l’inspection du travail.
  • Des transports décents (certaines zones d’un département parmi les plus urbanisés de France ne sont desservis par aucun transport).

On ne le rappelle pas assez mais ce dont nous avons besoin c’est d’une égalité de droits, pas d’une charité militante. Cela passe par une reconnaissance comme territoires de luttes, pas par des cours sur comment on doit lutter ! À ce titre, il est important de rappeler qu’à sa création, en 1968, le département a dû lutter pour récupérer l’essentiel des prérogatives détenues par Paris. Il a fallu arracher des hôpitaux, arracher des lycées, arracher le transfert de la gestion des logements sociaux par les municipalités et le département, arracher la création de vrais tribunaux. Tout cela a été obtenu par des luttes des habitant·es et des travailleur·ses (notamment du monde communiste). Chaque station de métro sortie de terre, chaque nouvelle ligne de tramway a 30 ans de luttes derrière elle.

La Seine-Saint-Denis a une histoire de luttes…

Sans doute faut-il ajouter… « mais une histoire CGTiste ». L’implantation de Solidaires 93, autour de 1999, s’est faite à un période charnière pour le mouvement social français. Solidaires débarquait dans un département encore emprunt de son histoire communiste mais déjà grignoté par la fin des sociabilités politiques forgées durant le XXe siècle. Terre rouge parmi les terres rouges, et ce dès la fin du XIXe siècle, les villes qui composent la Seine-Saint-Denis ont été maltraitées, discriminées, reléguées, exploitées et oppressées. Face à cela, c’est plus d’un siècle de luttes qui fait l’histoire de ces villes, regroupées dans le département du 93, à la suite de la réforme territoriale de 1964. L’identité du 93 a ensuite été forgé par le Parti communiste, via des figures comme George Valbon, qui fut le premier président du Conseil général de Seine-Saint-Denis, mais aussi le maire de Bobigny, la préfecture du nouveau département. À cette identité communiste se sont ajoutées des identités liées aux nombreuses catégories qui y furent reléguées : Algériens et pieds noirs arrivés dans la foulée de 1962, Antillais pris au pays pour faire tourner les services publics régionaux, « jeunes des cités »… jusqu’aux identités politiques contemporaines contre les violences policières, les luttes pour l’éducation prioritaire… Longtemps, tout se faisait en fonction du PCF et de la CGT, sans compter toutes les associations amies ou affiliées. En pour ou en contre, mais en fonction de… Cela était un problème du point de vue de la pluralité politique et syndicale, mais c’était aussi une protection. Une identité forte permettait de forger des solidarités d’ampleur dans les villes, et entre villes, du département.

Le département reste très marqué par cette empreinte communiste et cégétiste. Les locaux confédéraux de la CGT sont d’ailleurs installés à Montreuil. La CGT continue à être présente dans tous les secteurs d’activité et elle progresse dans de nouveaux secteurs comme l’enseignement. Elle est ainsi une composante historique et actuelle majeure du département. La Seine-Saint-Denis s’est forgée au fil des luttes autour de 1936 déjà, puis 1968, sans compter l’après-guerre, mais aussi les luttes d’usines de métallurgie ou d’automobile comme celle des Mécano de La Courneuve en 1976, Alsthom à Saint-Ouen en 1979… Ou enfin les luttes pour les services publics, en particulier le service public d’éducation comme lors de la grande grève de 1998. Le département s’est aussi construit au fil des luttes internationales en soutien aux Espagnol·es, aux Algérien·nes, aux Vietnamien·nes, aux Chilien·nes [2], aux Sud-Africain·nes [3], aux Palestinien·ens… autant d’éléments dont il porte les traces. Sans compter les plus de 190 langues qui y sont parlées.

Bien entendu, cette identité forte en a effacé d’autres, plus marginales, plus fragiles, mais tout aussi importantes. Ce sont les luttes pour l’égalité des droits des immigrés, notamment dans les foyers de travailleurs étrangers (1975-1979). Ce sont les luttes des locataires des grands ensembles (Les Courtillières en 1969, les 4000 en 1980, etc.), ou aujourd’hui les luttes contre les violences policières, qui prennent de l’ampleur depuis 2005 et l’assassinat de Zyed et Bouna, deux jeunes garçons de Clichy-sous-Bois. Ce sont aussi les luttes écologistes pour faire émerger des parcs (dans un territoire qui était encore une immense plaine agricole à la fin du XIXe siècle). La défense des jardins ouvriers ne date pas de la lutte contre les Jeux olympiques de 2024, elle commence dès l’après Seconde Guerre mondiale.

En tant que syndicat plus récent – même si déjà âgé de presque 25 ans – se pose pour nous la question d’assimiler ces histoires, pour les faire nôtres et s’appuyer sur elles pour construire les luttes d’aujourd’hui. Position d’autant plus difficile que nous avons été les témoins et les « victimes » des velléités hégémoniques de la CGT. Nous sommes aussi les témoins de la volonté des autres syndicats de nous ostraciser. Contre cela, les réactions ont souvent été dures. Solidaires a même récupéré des sections CGT, au demeurant pas toujours très propres. Mais sur un territoire victime d’une colonisation permanente et d’un effacement autoritaire, faire avec, c’est aussi accepter d’intégrer l’histoire des autres, de ceux et celles qui ont précédé, qui ont lutté avant et pour nous. Si nous voulons stopper la violence sociale qui s’exerce sur le département, il est nécessaire de ne pas faire comme l’État, en niant l’existence d’un tissu social existant. Nous devons intégrer ce tissu social. Dans des territoires qui sont à ce point écrasés par l’État, nous nous devons d’être exemplaires en matière d’unité à tous les niveaux. À ce titre, le travail en interprofessionnel est une réponse sans commune mesure !

L’interprofessionnel comme territoire

On a parfois le sentiment que le mot d’interprofessionnel recouvre un grand vide, beaucoup estimant qu’il y a « leur secteur » et l’interprofessionnel. Dans un même mouvement, les difficultés actuelles du syndicalisme sur le lieu de travail tendent à attirer les militant·es vers l’interprofessionnel, mais l’interprofessionnel est faible sans les syndicats. Il semble pourtant certain que l’interprofessionnel – entendu comme une rencontre de plusieurs secteurs égaux entre eux et qui souhaitent débattre ensemble – est l’une des pistes majeures pour aborder le territoire dans sa complexité et son ensemble. Le syndicat interprofessionnel est tout simplement un lieu magique pour appréhender la complexité d’un monde et d’un territoire. De façon simple, l’interprofessionnel est le meilleur lieu de rencontre d’un territoire et de confrontation des situations. Les différences de composition des syndicats permettent de faire se rencontrer des catégories sociales très différentes les unes des autres, de se croiser entre personnes aux origines différentes. Un jeune enseignant arrivé d’une ville moyenne, lointaine et plutôt blanche, pourra ainsi rencontrer une hospitalière ayant fait toute sa carrière dans un hôpital du coin ou un trentenaire maintenu catégorie C dans une collectivité territoriale. Ce sont aussi des rencontres entre des agents sociaux et des chômeurs (que Solidaires 93 peut syndiquer directement). Un travailleur de la culture pourra se confronter au fait que sa profession sert à gentrifier telle ou telle quartier… L’interprofessionnel doit pouvoir transcender les groupes et les barrières. C’est un espace qui peut à la fois servir de lieu d’accueil, de lieu de superposition des histoires (celles qui nous précèdent et celles qui nous font aujourd’hui). Le syndicat doit pouvoir se constituer comme une protection mais aussi une entrée dans le territoire.

Se structurer de façon départementale !

Tous ces éléments un peu théoriques en tête, reste à savoir comment organiser l’interprofessionnel, qui plus est sur l’ensemble du département. Le 93 a l’avantage et le désavantage de ne pas avoir de centre. Cela évite de se polariser autour d’une ville ou d’un secteur, mais cela rend aussi plus difficile le fait de se voir.

L’outil Union locale. Les UL sont une réponse à cette situation mais aussi une réponse à la complexité sociale et historique du territoire. Les Unions locales dépendent toutes de l’Union départementale, qui en valident l’existence puis les laissent fonctionner. Chaque UL développe ainsi son propre fonctionnement en lien avec son territoire. Certaines couvrent une ville, d’autres un ensemble de villes. Ces UL naissent et meurent d’ailleurs régulièrement en lien avec les militant·es qui les font vivre. C’est avec le mouvement de 2016 que nous avons connu une apogée des UL avec six existantes : Montreuil-Bagnolet, Saint-Denis et alentours, Aubervilliers-Pantin, Aulnay-Sevran-Tremblay, Bondy et Bobigny-Drancy. Aujourd’hui trois UL sont stabilisées :

  • Une UL Montreuil, la plus ancienne, qui fait beaucoup d’accompagnements juridiques, et a transmis son savoir-faire en la matière vers Aubervilliers, et désormais Saint-Denis.
  • Une UL Saint-Denis, la plus diverse et la plus dynamique sur les luttes sociales.
  • Une UL Aubervilliers-Pantin-La Courneuve.
    Une nouvelle UL est en construction à Bagnolet – Les Lilas – Romainville, à la suite du mouvement contre la retraite à 64 ans. Quant aux ex-UL Bobigny, Noisy-le-Grand et Aulnay, elles permettent de maintenir de petits réseaux sur les lieux en question, mais elles n’ont plus de réalité. L’UL Bondy a de son côté une trajectoire particulière. C’est une ancienne UL CGT, qui s’est avérée une véritable épine dans le pied de l’UD. Elle a fini par être dissoute en 2017 par suite de pratiques douteuses. Elle rappelle les difficultés à s’implanter des petites villes du département où la politique est souvent réduite à une expression clientéliste.

Malgré toutes ces difficultés, ces UL constituent une UD vivante. Elles sont une véritable force. Notamment par une capacité de réaction assez forte dans les villes où elles existent. Mais aussi par le fait que les UL peuvent – plus que l’UD – de bousculer les syndicats. Occupant une place de choix sur le terrain, elles permettent souvent une confrontation fructueuse sur les questions démocratiques. Ainsi l’UL Saint-Denis est très active sur les questions de violences sexistes et sexuelles. Elle est un lieu d’accueil pour les militantes, qui n’ont pas nécessairement l’oreille attentive de leur syndicat. Les UL peuvent aussi se retrouver à prendre en charge des situations juridiques, mal gérée par une équipe syndicale, qui serait, par exemple, trop proche d’une direction ou travailler à accompagner une équipe dans une boite. Ces UL renforcent donc notre implantation tout en permettant une forme d’unité des syndicats Solidaires. Elles offrent aussi une meilleure présence des syndicats. Ainsi les camarades du Rail – et plus largement les camarades des transports – concentrés le long des lignes (deux réseaux ferrés traversent le département) se connectent plus facilement à leur UL qu’à une UD souvent lointaine. Les camarades étudiant ?es sont aussi plus enclins à suivre les UL que l’UD. L’UL Saint-Denis a longtemps accompagné une section isolée dans le commerce… Dans les syndicats présents sur tout le territoire, cela permet à des camarades qui n’ont pas de mandats départementaux de s’investir dans l’interprofessionnel au quotidien. Les forces sont ainsi multipliées au moment d’organiser des formations, des manifestations, etc. Ces UL permettent enfin de prendre en charge les nombreuses situations de précarité du département. Elles peuvent suivre à la fois les questions de logement, de papiers ou encore les différends avec Pôle emploi.

Mais si les UL s’adaptent au territoire, l’UD doit en être la coordination. Il s’agit précisément de faire vivre tout un territoire, et non de remorceler, voir de développer des concurrences. Nous restons ainsi attentifs et attentives à ce que tout le monde reste le plus possible en dialogue. C’est pour le coup le rôle du secrétariat de créer du lien entre des militant·es d’UL et de syndicats différents pour qu’ils et elles avancent ensemble, s’entraident, etc. Un planning permanent de toutes les actions est d’ailleurs disponible sur notre site. Il est issu d’un outil similaire que nous animions durant la grève et reprenait, ville par ville, secteur par secteur, chaque action, rassemblement, discussion, AG.

Vers une organisation sans centre. Du fait du développement des UL, l’UD apprend aussi à se décentraliser. Longtemps polarisée sur Saint-Denis, en lien avec la composition du bureau de l’UD mais aussi de l’existence d’une très belle Bourse du travail, l’UD a entamé un travail de rééquilibrage du territoire. Désormais, les réunions se font à tour de rôle sur les quatre pôles importants de notre activité du département : Saint-Denis, Montreuil, Aubervilliers et Bobigny [4]. Et nous restons ouvert·es à un élargissement en lien avec les évolutions à venir. L’autre élément est le renforcement d’une mise en lien entre syndicats qui a toujours peiné à se faire. En 2016, nous avions lancé une grande campagne « 4 milliards pour les services publics », qui avait constitué un premier élément de rencontre entre des syndicats qui ne se parlaient pas. Si la campagne n’a pas eu un grand succès, elle a permis de vraies rencontres entre des secteurs de la fonction publique qui ne se connaissaient pas. Par la suite, des rassemblements devant les hôpitaux ont ramené des camarades des autres secteurs. En 2019, était décidé la constitution d’une liste d’échanges de tout le département. En 2021, la brochure sur les JO 2024 a été diffusé par tous les secteurs et dans toutes les villes. En 2022, la campagne en soutien à une comédienne licenciée par un théâtre local de la ville de Stains a été co-portée par l’UD et SUD Culture, avec l’idée de mêler questions du travail et discriminations territoriales. SUD collectivités territoriales Stains apporta d’ailleurs son soutien, y compris en s’attaquant à la non-réaction de la mairie vis-à-vis d’une structure massivement subventionnée. Par ailleurs, depuis 2021, Solidaires 93 organise ses propres formations, à côté de celles proposées par le CEFI-Solidaires d’Île-de-France. Cela permet de réfléchir à des formations spécifiques, qui partent des problèmes particuliers rencontrés par les équipes syndicales ou les UL.

Un autre élément important est le retour à la mise en place de manifestations, AG, etc. sur les villes. Depuis 2016, notre UD soutient, impulse et visibilise les actions dans toutes les villes. En 2019, les militant·es ont réussi à mettre en place de nombreuses AG interprofessionnelles, qui ont structuré un mouvement contre la réforme de la retraite à points. Plusieurs manifestations départementales ont aussi été organisées, malgré les réticences, au départ, de la CGT. Le mouvement de 2023 a, de nouveau, été l’occasion de mettre en place des manifestations sur tout le département. Ainsi, près de 30 villes sur 40 ont vu passer une manifestation ou marche aux flambeaux. Ces frémissements sont très clairement le début d’un travail d’une reconquête du territoire qui se fait. La mémoire des anciens et anciennes rappelle qu’en 1936 comme en 1968, ce sont les lieux de travail dans les villes mêmes qui étaient occupés, cela a permis l’explosion des luttes ensuite sur le logement, la santé, etc. via des réseaux formés pendant les occupations. Il est évident que les choses évoluent et qu’une nouvelle occupation territoriale est en train de se mettre en place. Il y a la naissance – pour la première une fois – d’une intersyndicale regroupant tout le monde lors des grèves de 2023 ; mais aussi un travail CGT-FSU-Solidaires renforcé, avec aussi la volonté commune de se lier avec des associations à l’occasion de la marche du 23 septembre et par la suite, la proposition de faire des temps féministes communs autour du 25 novembre et du 8 mars, le tout dans des villes différentes. Tout ceci montre un vrai dynamisme. Sans compter que Solidaires 93 développe ses propres rencontres, comme cela a été le cas pour préparer la grève contre la réforme des retraites en 2023.

Il reste du travail, mais l’une des principales qualités des habitant·es du département, c’est leur patience… alors rien ne sert de courir… il faut construire à point. Et faire avec le terrain tel qu’il est. [5]


[1Insee IDF no 340, juillet 2010.

[2] Par exemple Salvador Allende « possède » à lui seul au moins deux cités HLM à Saint-Denis et Villetaneuse, une PMI à Villepinte, une maison de retraite à Stains, un centre de santé à La Courneuve, une place à Pierrefitte ou une avenue à Montreuil…

[3] Nelson Mandela a au moins un collège au Blanc Mesnil, des stades à Saint-Denis et La Courneuve, un espace culturel à Épinay et à Bondy, un centre de loisir au Pré Saint-Gervais ou encore un centre social à Romainville…

[4] Villes où les UL ou l’UD a obtenu des locaux dans les Bourses du travail.

[5] Ce texte a été rédigé pour la revue Les Utopiques (numéro 24, « syndicalisme et territoires », hiver 2024). Anouk Colombani est membre de SUD Culture Solidaires et de l’Union départementale Solidaires Seine-Saint-Denis (93) dont elle est co-secrétaire. Elle est également une des animatrices du site Rue de la Commune et des activités liées.

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Défense de nos libertés

Interdire à un syndicat de se présenter à une élection n’est pas acceptable !

L’Union syndicale Solidaires a pris connaissance de la décision du Tribunal judiciaire de Paris, le 24 mai 2024, interdisant au Sindicatu di i Travagliadori Corsi (STC) de se présenter aux élections TPE/TPA, du 25 novembre au 9 décembre 2024.

En 2016, CFDT, CGT, FO et CFTC avaient tenté d’interdire au STC de se présenter[1] ; vainement. En 2020, le STC s’est présenté aux élections TPE/TPA dans les mêmes conditions que cette année.

La décision prise à la demande de FO revient à interdire la candidature d’une organisation syndicale.

Pour Solidaires ceci n’est pas acceptable. Qui plus est, c’est interdire la candidature d’un syndicat qui est la première force syndicale sur un des territoires concernés par cette élection, la Corse.

L’Union syndicale Solidaires, invitée aux 40 ans du STC il y a quelques semaines, connaît l’activité syndicale des militantes et militants du STC.

La contester et leur interdire la possibilité de se présenter est une atteinte à la démocratie.

Nous espérons que le pourvoi en cassation du STC sera positif, reconnaîtra la pluralité syndicale et le droit des travailleurs-euses à pouvoir choisir le syndicat qui les représente et les défend au plus près de leurs aspirations.

[1] Voir : https://www.lesutopiques.org/recourir-aux-tribunaux-pour-sattaquer-aux-droits-des-syndicats-cest-critiquable-utiliser-nimporte-quel-argument-cest-dangereux/

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antiracisme Conditions de travail Les travailleur·euses n'ont pas de pays ! Luttes contre les discriminations Luttes migrant·es

Pas de papiers, pas d’avocat ? C’est terminé : nous avons mené au bout notre action unitaire

Le Conseil constitutionnel a rendu son jugement : les travailleur-euses sans-papier·es vont pouvoir bénéficier de l’aide juridictionnelle pour faire valoir leurs droits devant les Prud’hommes !

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Écologie Rail Transport

Retour sur la manifestation des cheminotes et cheminots du 28 mai

Intervention de Solidaires à la mobilisation pour défendre un service public du fret ferroviaire

Pour l’Union syndicale Solidaires, la mobilisation contre la liquidation de Fret SNCF est une mobilisation interprofessionnelle, qui nous concerne toutes et tous, et qui est emblématique de ce qu’on cherche à construire au sein de l’Alliance écologique et sociale.
La lutte pour le fret ferroviaire public démontre que le combat social et le combat écologique sont aujourd’hui indissociables.

Sans moratoire sur la liquidation de Fret SNCF, ce sont 500 emplois qui risquent d’être supprimés, des emplois dont nous avons besoin pour réussir une reconversion écologique de notre économie.

Sans moratoire, on observera un report massif du transport de marchandise vers la route, alors que c’est tout le contraire qu’il faudrait faire pour répondre aux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’Union européenne et de la France.

C’est tout le contraire qu’il faudrait faire parce que le transport est un levier essentiel pour lutter contre le dérèglement climatique. Nous avons besoin d’un grand service public du transport ferroviaire de marchandises, d’investissements publics à la hauteur de la crise environnementale, sans laisser à des entreprises privées des choix politiques qui nous concernent toutes et tous.

Il en va de même pour le transport de passagers, et à Solidaires nous revendiquons la gratuité des transports en commun.

La mobilisation de l’intersyndicale cheminote, avec l’Alliance écologique et sociale, est emblématique des combats que nous menons partout en France, où les travailleurs et travailleuses, les syndicats et les mouvements écologistes s’allient pour la justice sociale et environnementale : contre l’A69, contre le TGV Lyon-Turin, contre les méga-bassines, contre les polluants éternels dans la vallée de la chimie.

Et c’est le même combat qui est mené contre Greendock à Genevilliers. Ce week-end, 2000 personnes ont manifesté contre un projet d’entrepôt logistique géant sur les bords de Seine, qui menace une zone Natura 2000. 50 ont été arrêtées de façon particulièrement violente. La mobilisation contre Greendock, comme la mobilisation pour le fret ferroviaire, s’est construite avec les collectifs et associations écologistes, non pas contre l’emploi, non pas contre les travailleurs, mais avec les unions départementales Solidaires et CGT du secteur.

Quand nous nous opposons à Greendock, nous luttons pour préserver l’environnement en banlieue nord, mais aussi pour la qualité des emplois dans la logistique, pour un transport de marchandises respectueux de l’environnement, pour un contrôle démocratique de ce qu’on produit, de ce qu’on consomme, de ce qu’on transporte.

Dans tous ces combats, nous construisons pas à pas un grand mouvement social pour la justice sociale et environnementale.

Nous démontrons que c’est le mouvement social, ce sont les organisations syndicales et écologistes qui portent les alternatives dont nous avons besoin pour sortir de la crise sociale, politique, environnementale.
La politique du gouvernement contre Fret SNCF nous convainc qu’il n’y aura pas de reconversion écologique si elle n’est pas imposée, si elle n’est pas faite par les travailleurs et travailleuses eux-mêmes.

Nous devons gagner le moratoire contre la liquidation de Fret SNCF.

Nous devons gagner cette bataille, qui sera le point d’appui pour d’autres victoires.

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Union syndicale Solidaires
31 rue de la Grange aux Belles – 75 010 Paris
01 58 39 30 20
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Commerce

L’Union syndicale Solidaires renforce son implantation chez les travailleurs et travailleuses des plateformes

Pour la deuxième fois, 51 096 VTC et 71 282 livreurs·euses étaient appelé·es à voter pour désigner leurs représentant·es à l’ARPE (Autorité des Relations des Plates formes d’Emploi).

Avec 10,27 % des suffrages l’Union syndicale Solidaires confirme sa représentativité chez les livreurs et livreuses avec une nette progression (+ 4,58 points).

Chez les VTC, pour sa première candidature, Solidaires obtient 203 voix soit 2,04 % des suffrages, confirmant son début d’implantation.

L’Union syndicale Solidaires a fait le choix depuis son congrès de 2017 d’organiser l’ensemble du monde du travail : salarié·es de droit privé, agent·es de la fonction publique titulaires comme non titulaires mais aussi tout·es les salarié·es déguisé·es et notamment les auto-entrepreneurs·euses, travailleurs·euses des plateformes….

C’est la confirmation que le syndicalisme ne s’arrête pas aux frontières tracées par le patronat.

Il s’agit d’une étape importante pour le renforcement de notre capacité d’action. En parallèle de notre action de terrain, nous poursuivons également notre action juridique. Ainsi, du 5 au 14 juin se tiendra le procès en appel de Deliveroo à la Cour d’Appel de Paris, condamnée en première instance à 375 000 euros d’amende pour travail dissimulé. Par ailleurs l’Union syndicale Solidaires se portera partie civile sur la même thématique lors des procès de Frichti et Foodora.

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Retraites

Note mensuelle de l’UNIRS (Union nationale interprofessionnelle des retraité-es solidaires) de mai 2024

Voici la note mensuelle de l’UNIRS, envoyée à toutes les personnes retraitées dont nous avons les adresses internet.

Au sommaire de cette note mensuelle :

  • Décisions des 9 organisations de retraité·es
  • Les 10 ans du « Groupe des neuf » G9
  • Menaces : désindexer retraites et allocations sociales
  • L’aide à domicile à bout de souffle
  • Ehpad : un résident sur dix a moins de 75 ans
  • Dossier sur les mensonges du RN
  • Accord à la SNCF pour partir plus tôt en retraite
  • Réunion européenne de retraité·es, les 23 et 24 mai à Bilbao

Décisions des 9 organisations de retraité·es

La réunion s’est tenue le mercredi 15 mai 2024, de 14 h à 16 h 30 dans les locaux de la FSU, en présence de CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Solidaires, LSR, FGR-FP. Ensemble & Solidaires, en congrès, est excusée.

Les 10 ans du « Groupe des 9 » le 23 mai

La plus grande partie de la réunion a été consacrée à la préparation de la réunion avec Jean-Marie Pernot le 23 mai sur les 10 ans du G9 et le syndicalisme retraité. Voir article de compte-rendu du 23 mai page suivante.

Campagne santé et pouvoir d’achat

Un questionnaire à destination des équipes de militant·es, à renvoyer pour le 30 juin au plus tard, est à remplir collectivement dans les départements par le G9. Cette réponse collective doit être l’occasion de rencontres et de réflexions départementales (voire locales) sur ce que le G9 a fait dans le département et sur les initiatives possibles concernant la santé et la résistance à l’austérité qui fragilise ou ferme des structures publiques (pour les hôpitaux, les EHPAD, etc.).

L’important est d’avoir le retour des départements, il n’est pas nécessaire de répondre à toutes les questions, il est possible d’ajouter des points, des commentaires. Les réponses seront analysées et prisent en compte pour prévoir une action nationale santé et pouvoir d’achat fin septembre / début octobre.

Lettres au gouvernement

Deux lettres sont envoyées pour demander une rencontre.

Celle au Premier ministre Gabriel Attal lui détaille les éléments sur le recul du pouvoir d’achat et les craintes pour l’avenir, alors que les retraité·e·s ne sont pas un coût mais une richesse avec toutes leurs heures de bénévolat effectuées. Elle dénonce l’assèchement des ressources de la Sécurité sociale par les 70 milliards d’exonérations de cotisations sociales et par le transfert des compétences de la Sécurité sociale aux complémentaires santé qui augmentent leurs tarifs. Elle demande des moyens aux Ehpad et aux services d’aide à domicile.

Celle à la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, Catherine Vautrin, rappelle que le cabinet du Premier ministre l’a mandaté pour nous rencontrer au sujet de la santé.

Les droits familiaux et la réversion

Le gouvernement a commandé au COR (Conseil d’Orientation des Retraites) une étude sur les bonifications conjugales et familiales. Le Haut Conseil de l’Âge HCA se réunit pour en discuter. Les menaces sont réelles, notamment autour de l’abattement de 10 % de la pension et de la remise en cause de la pension de réversion. Pour le moment, le COR se contente d’indiquer plusieurs pistes d’évolution et d’harmoniser les droits entre les différents régimes, mais vers le haut ou vers le bas dans une période de recherche d’économies importantes.

Prochaine réunion : lundi 24 juin à 14 h.

Les 10 ans du « Groupe des neuf » G9

Une manifestation des retraité·es de 9 organisations syndicales et associatives a défendu le 3 juin 2014 les acquis remis en cause par un projet de réforme des retraites engagé par Hollande et Touraine.

Pendant une période historiquement exceptionnelle de 10 ans, cette unité s’est poursuivie et s’est renforcée autour de 3 revendications principales, les pensions et le pouvoir d’achat, la santé et une sécurité sociale à 100 %, les services publics.

Cette unité inédite dans le mouvement syndical méritait une réunion débat avec un spécialiste du syndicalisme, l’historien politologue Jean-Marie Pernot. Environ cent personnes sont venues à la Bourse du Travail de Paris, boulevard du Temple, le 23 mai 2024 de 14 h à 17 h.

Après un bref rappel, par le G9, de son histoire, Jean-Michel Pernot a développé ses idées avant de laisser la parole à la salle. Le compte-rendu complet de ce moment figure sur le site de Solidaires (pdf ci-contre à télécharger). Voici déjà les idées essentielles de Jean-Michel Pernot.

Les retraité·es sont un groupe hétérogène qui reproduit les inégalités de la société, qui est utile à la société et qui s’occupe souvent des petits-enfants et des ascendants toujours vivants … on est loin de l’image du retraité profitant à 100 % de loisirs. Les retraité·es sont le monde du travail continué, cela justifie la bataille de conviction des syndicats pour la continuité syndicale, pour que les retraité·es restent ou deviennent syndicalistes.

Nous vivons dans un contexte politique à hauts risques. Les politiques publiques néolibérales sont l’inverse de l’état social mis en place dans l’après-guerre. Elles sont de pire en pire et remettent en cause tous les acquis.

Après la mise en place en 1945 du programme du CNR, chaque génération avait l’espoir d’avoir une vie meilleure que la précédente. Ce n’est plus le cas, l’espérance s’est effondrée dans les années 80 / 90, l’espérance a laissé la place au rejet, au repli sur soi, à la haine de l’autre qui est ou qui parait différent, la haine qui séduit et est dangereuse.

Le discours moralisateur ne suffit pas pour décrocher du discours d’extrême-droite. L’alternative, c’est l’action collective et c’est aux syndicats de franchir le premier pas, de susciter un désir d’émancipation, puis d’autres, les forces politiques continueront.

Qu’est-ce que signifie représenter les travailleurs ? Le syndicalisme représente les travailleurs, parle en leur nom, et non à leur place. Par l’action collective, il rompt l’isolement. Il défend le quotidien et mobilise des valeurs, un imaginaire, des positions politiques, il met en scène des valeurs, une représentation de la société, une vision du monde et il oriente leur vie.

Le syndicalisme n’est pas au mieux, il faut reconstruire puissance et légitimité.

Le syndicalisme, français et mondial n’est pas au mieux, à cause de la mondialisation capitaliste qui entraîne chômage et insécurité sociale, mais il a représenté un espoir en 2023, avec l’unité. Des luttes nombreuses existent, mais elles ne suffisent pas pour inverser le rapport de forces, elles n’exonèrent pas la nécessité de construction du syndicalisme.

Il faut réduire le décalage des salarié·es avec le syndicalisme, perçu comme extérieur, institutionnalisé, comme un service qui n’est utile que lorsqu’on en a besoin. La reconstitution de cette représentation du syndicalisme est un travail de longue haleine, qui nécessite l’unité, une unité qui ne nie pas les divergences et les diversités mais les gère, une unité qui permet de dépasser l’extériorité car si tous les syndicats sont d’accord sur une chose, c’est qu’il faut s’y intéresser.

Les épreuves politiques à venir, avec les menaces de l’extrême-droite, doivent trouver face à elles un syndicalisme uni et mobilisateur pour faire vivre l’idéal d’émancipation qui est le sien depuis les origines, pour que l’espérance qu’il fera renaître puisse conjurer le monstre.

Menaces : désindexer retraites et allocations sociales

Où trouver 20 milliards d’euros d’économies en 2025, pour diminuer la dette de 3 100 milliards d’euros et le déficit de 5,1 % du PIB en 2024 ? Des députés de la majorité proposent de ne pas appliquer la loi, de ne pas revaloriser les pensions, les prestations sociales et le barème de l’impôt sur le revenu en 2024, alors que l’inflation est prévue à 2,5 % : « C’est une méthode facile, pérenne et qui rapporte bien ».

Emmanuel Macron a déjà appliqué cette méthode : la revalorisation de 0,3 % en 2019 pour une inflation de 1,3 % a « rapporté » 2,8 milliards d’euros. Le ministre délégué aux Comptes publics, Thomas Cazenave, a envisagé la désindexation des retraites … et a aussitôt reçu une remarque cinglante d’Emmanuel Macron « Il faut arrêter de sortir des mesures qui n’ont même pas été évoquées, sauf si vous voulez perdre les élections… », car cette méthode simple pour trouver des économies est politiquement explosive, et risque de détourner les votes des retraité·es dont la majorité, selon les sondages officiels, soutient la majorité présidentielle.

Le président du groupe Renaissance à l’Assemblée, Sylvain Maillard, a pourtant insisté pour une « année blanche » : l’absence de revalorisation des pensions et des prestations sociales (APL, allocations familiales, etc.) permettait une économie de 20 milliards d’euros. Plusieurs poids lourds budgétaires de la majorité pensent la même chose.

A suivre…

L’aide à domicile à bout de souffle

L’aide à domicile est « dramatique », « en détresse », « en souffrance » selon les employeurs, les salarié·es et les chercheurs. Tous les rapports depuis 10 ans ont donné l’alerte. Le plus récent, celui de l’IGAS, l’inspection générale des affaires sociales, le 29 mars 2024, évoque des « situations de grande tension ». Pour la Fédération française de services à la personne et de proximité (Fedesap), « il manque 60 000 salariés à l’ensemble du secteur ». Et demain sera pire avec le « virage domiciliaire » et l’augmentation des besoins d’accompagnement au domicile de 20 % d’ici à dix ans et de 60 % d’ici à trente ans !

Les métiers, à 95 % des femmes, n’attirent personne avec un revenu mensuel net de 936 €, une proportion importante de CDD et de temps partiel, un travail aux extrémités de la journée pour lever, laver, nourrir et/ou coucher les personnes en perte d’autonomie… et entre les deux, des heures jugées « improductives » non rémunérées. Le gouvernement veut que l’aide à domicile reste l’un des premiers employeurs de travailleurs pauvres, il refuse d’augmenter les 600 000 salarié·es, ne serait-ce que de 2 € de l’heure, ce qui lui coûterait 1,2 milliard. Le secteur ne tient que sur des professionnelles qui s’engagent sans compter, malgré leur précarité et l’intensification des cadences, aux conséquences difficiles pour elles et les bénéficiaires.

L’Apa, l’Allocation personnalisée d’autonomie, contribue au paiement des dépenses nécessaires au maintien à domicile. La loi de financement de la Sécurité sociale 2022 a acté un tarif socle de 23,50 euros de l’heure. Certes certains départements qui ne payaient que 16 euros ont dû s’aligner, mais l’unique étude sur le coût horaire moyen l’estimait à 25 euros… il y a dix ans. Et tous les employeurs affirment qu’il faudrait au moins 32 euros de l’heure.

La loi ambitieuse sur l’autonomie, promise depuis le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, n’est même plus évoquée par la nouvelle ministre déléguée aux personnes âgées, Fadila Khattabi.

Encart

La loi Borloo sur les services à la personne a, en 2005, ouvert aux entreprises ce champ jusqu’alors réservé aux structures non lucratives. Une aide à domicile peut être employée par le secteur public, par le « privé non lucratif » (une association), par le « privé lucratif » (une entreprise) ou directement par un particulier. Elle dépend de quatre conventions collectives différentes, avec chacune leurs grilles salariales et leurs indemnités kilométriques.

Le secteur associatif ne peut pas dégager de bénéfices, il négocie avec le Conseil départemental le taux de l’heure d’APA, il reçoit la participation du bénéficiaire sur la base d’un ticket modérateur. Les entreprises sont libres de leurs tarifs, et peuvent dégager des bénéfices, elles reçoivent une participation fixe du département.

Fin encart

Ehpad : un résident sur dix a moins de 75 ans

Selon la DREES, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, fin 2019, voir le document en cliquant ici : https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2024-05/ER1302.pdf), 11 % des résidents d’établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) avaient moins de 75 ans, soit 67 000 personnes (dont 14 000 de moins de 65 ans).

Ces jeunes en Ehpad sont davantage des hommes, avec moins de ressources et une surreprésentation de difficultés psychiques et peu de maladies dégénératives. La moitié des résidents de moins de 65 ans ont eu une reconnaissance administrative de handicap avant 60 ans.

Seulement un résident de moins de 65 ans sur dix est hébergé dans une des rares unités spécialisées dans l’accueil de personnes handicapées âgées, elles ne sont que 280, à comparer aux 7 450 Ehpad.

Les 15 % de résidents qui ont moins de 75 ans sont plus souvent pris en charge dans des Ehpad publics hospitaliers et dans des établissements habilités à l’aide sociale à l’hébergement (ASH).

Dossier sur les mensonges du RN

Le sujet du Rassemblement National est complexe, tant ce parti politique avance masqué sur de nombreux sujets (le racisme, l’antisémitisme, le sexisme, notamment). Il est brûlant parce que cette organisation se présente, mais est aussi présentée comme totalement intégrée dans le paysage politique français, par un certain nombre de médias et de chroniqueurs et chroniqueuses (inconscient·e·s ?).

Les lois que votent ou que rejettent ses parlementaires le prouvent :

NON, le RN n’est pas une organisation politique comme une autre !

OUI, le RN et toute l’extrême droite, sont liberticides, racistes, sexistes, réactionnaires en termes de droits de l’homme et du travail, d’écologie et de progrès social !

Pour plus de détail, voir le dossier UNIRS sur le site de Solidaires en cliquant ici : https://solidaires.org/sinformer-et-agir/actualites-et-mobilisations/sectorielles/rn-ses-promesses-et-mensonges-ses-votes/

Il y a tract en 4 pages, sa synthèse en 2 pages, et l’analyse des votes du RN en 42 pages.

Accord à la SNCF pour partir plus tôt en retraite

Les organisations syndicales, dont SUD-Rail, ont toutes signé un accord avec la direction de la SNCF.

Fin 2007, à la suite de la contre-réforme des retraites sur les régimes spéciaux, la direction de la SNCF, sous la pression des mobilisations, avait proposé un accord de fin de carrière qui est entré en vigueur début 2008 et permettait aux cheminots de bénéficier d’un départ anticipé. Mais seulement 12 % des futur·e·s retraité·e·s l’utilisaient.

Tous les salarié·es peuvent bénéficier d’une CPA de 12 mois, payée à 60 % pendant les 12 mois, 6 mois travaillés et 6 mois non travaillés (dans l’ancien accord, c’était un an dont un semestre payé à 60 %). Avec un emploi pénible tenu pendant au moins 20 ans, la CPA passe à 15 mois, payée à 75 %, 7,5 mois travaillés et 7,5 mois non travaillés. Avec 25 ans d’emploi pénible, la CPA dure 18 mois (deux périodes de 9 mois) payée 75 %.

Le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a jugé le 2 mai, que cet accord n’était « pas satisfaisant », car il pense qu’il « engage les équilibres de la réforme des retraites et les équilibres financiers de la SNCF ». Il affirme, en tant que ministre de tutelle, qu’il aurait dû « être tenu au courant ». Pourtant :

– Dès le 22 février, la presse, notamment le Monde, annonçait l’ouverture de négociations.

– « C’est le premier ministre qui conduisait la réforme des retraites et qui a voulu ouvrir une perspective de sortie de crise en disant que les branches et les entreprises seraient bienvenues à ouvrir ce genre de négociations », affirme publiquement le PDG de la SNCF.

– Le ministre délégué aux Transports, Patrice Vergriete a validé l’accord. À l’Assemblée nationale, il a assuré que « le contribuable ne versera pas un centime pour financer cet accord […] C’est donc en interne, avec des gains de productivité, que la SNCF devra financer cet accord ».

Rancunier, le gouvernement a toutefois viré le PDG de la SNCF !

Réunion européenne de retraité·es, les 23 et 24 mai à Bilbao

Cette réunion était organisée par le mouvement des retraités basques et d’autres mouvements de retraité·es de l’État espagnol. Ce mouvement a mobilisé des centaines de milliers de retraité·es tous les lundis pendant plus de six ans : l’Unirs a soutenu et était présente aux manifestations nationales de fin 2022 et le 28 octobre 2023 que nous avons relaté dans les notes Unirs 103 de mars 2023 et 111 novembre 2023.

Pour voir notre compte-rendu de cette réunion où l’UNIRS était représentée, les propositions pour la suite, la déclaration issue de ces deux journées et un document reprenant diverses données statistiques comparatives à l’échelle européenne, il suffit de cliquer ici : https://solidaires.org/sinformer-et-agir/actualites-et-mobilisations/sectorielles/reunion-europeenne-des-retraitees-les-23-et-24-mai-a-bilbao/

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Éducation Répression Solidarité !

Contre la répression syndicale : Solidarité avec notre camarade Ernesto

Publié le 1 juin 2024 par Solidaires Pyrénées Atlantiques – 64

La répression continue de s’abattre sur celles et ceux qui refusent la régression sociale.

Le 22 novembre 2023, 4 manifestants contre la réforme des retraites étaient convoqués au commissariat de Pau. Le rassemblement de soutien a réuni 200 personnes, solidaires face à la répression. Nous remercions l’ensemble des personnes mobilisées tout au long de la journée, qui ont fait la démonstration que la solidarité de classe n’est pas un concept dépassé.

Après sa convocation au commissariat et le report à deux reprises de son procès, notre camarade Ernesto, syndicaliste à Solidaires étudiant-e-s et SUD éducation, est déféré devant le tribunal correctionnel de Pau le 20 juin prochain. Il lui est reproché des faits supposés de violences lors d’une manifestation contre la réforme des retraites. Bernard, un militant gilet jaune comparaîtra le même jour pour des faits reprochés lors de la même manifestation.

Nous condamnons cet acharnement, nous le redisons : la violence n’est pas à chercher du côté des manifestant·es contre la réforme des retraites mais bien du côté des forces de l’ordre et du gouvernement Macron. Les convocations au commissariat et les poursuites sont là pour casser les militants, criminaliser une colère légitime face à une réforme des retraites injuste. Nous exprimons notre solidarité totale avec notre militant, et invitons les organisations et les militant·es opposé·es à la régression sociale à faire de même.

La nature des faits qui servent de prétexte à ces poursuites montre sans ambiguïté possible qu’il existe une volonté indéniable de la part des autorités de museler toute volonté de contestation dans le pays, en réprimant sévèrement le mouvement social et ses représentant-es. Contre cette nouvelle tentative d’intimidation, il faut répondre par la solidarité la plus large.

Contre la réforme des retraites, contre la répression syndicale, contre la criminalisation du mouvement social, rassemblons-nous le 20 juin à partir de 13h devant le palais de justice de Pau !


Communiqué signé par l’Union syndicale Solidaires, la fédération Solidaires étudiant-e-s – syndicats de luttes, Union départementale Solidaires Pyrénées-Atlantiques, SUD éducation 64-40, Solidaires étudiant-e-s Pau – Béarn, Union locale CGT Pau, FSU Pyrénées-Atlantiques, Génération.s Béarn

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Culture Idées, débats, cultures

Du 7 au 30 juin : Ré-existence 3 – exposition aux réservoirs de Limay

Du 7 au 30 juin à l’Emap de Limay, 2 rue des réservoirs 78520.

Vernissage est le vendredi 7 juin à 18h30.

Le dossier de presse

Dossier de presse

Toute œuvre d’art est politique. Au printemps 2019, Erwan Keruzoré, artiste-ouvrier à Limay dans les Yvelines, organisait aux Réservoirs une exposition-manifeste intitulée « Ré-existence », dans laquelle quatre artistes engagés interrogeaient la place de l’art et de la création plastique dans les mouvements sociaux pré-Covid.

Cinq ans plus tard, la manifestation s’est muée en biennale. L’acte 3 de « Ré-existence » réunit un ensemble d’œuvres de Nicolas Daubanes, Olivier Garraud, Erwan Keruzoré, Manon Pretto et Cécile Tuloup.


L’art est envisagé comme une puissance d’insurrection, compris comme le lieu possible de la lutte des classes, un espace de contestation face à l’extrême-droitisation d’une société qui change de paradigme sous nos yeux en renversant ses propres valeurs. Face à un pouvoir occidental aux allures de faux-semblants démocratiques qui cachent en réalité de vraies valeurs
conservatrices prenant appui sur le sacro-saint diptyque capitalisme et patriarcat, les progressistes sont désormais suspects.

À la normalisation d’une extrême-droite hier encore persona non grata répond la criminalisation des mouvements de gauche, victimes et bourreaux s’inversent dans l’opinion publique, bien aidée par des médias appartenant désormais à une poignée de milliardaires, des chaines « d’information », redoutables outils de propagande au service de l’idéologie de leur propriétaire. Pour
ces artistes, pour qui l’art n’est pas dissociable de la société dans laquelle ils vivent, les techniques et le répertoire de la création plastique deviennent autant de moyens de contestation. Partant de ce postulat, l’exposition donne à voir des figures d’opposition à l’oppression néolibérale et patriarcale.
Guillaume Lasserre

Nicolas Daubanes

Nicolas Daubanes vit et travaille à Perpignan.
« J’investis des questions essentielles : la vie, la mort, la condition humaine et les formes sociales qui les façonnent. Dans mes derniers travaux, la vitesse, la fragilité, la porosité, l’aspect fantomal des images et des matières, transmettent la pression du passé au croisement de ce qui va advenir.
Mon travail s’inscrit dans la durée, il dessine un chemin, une trajectoire qui tend vers la recherche de la liberté, du dégagement de la contrainte.
Je tâche d’expérimenter l’intensité et la rigueur, je joue avec le danger, mental, visuel, physique, pour renforcer l’énergie créatrice et en transmettre la force. Je suis conduit par mon histoire, mes propres questions existentielles et par le choix
d’une adéquation permanente et subtile entre forme et contenu.»


Olivier Garraud

Olivier Garraud vit et travaille entre Nantes et Paris. Glaneur et observateur ironique de la société, Olivier Garraud revendique
le rapport analogique et low tech au monde qui l’entoure comme une façon narquoise de poser son regard sur celui-ci.
Volontiers grinçantes, ses productions participent du détournement généralisé de signes empruntés au réel ainsi qu’à une sphère médiatique et contemporaine.
Si un tel travail s’alimente en partie par l’usage élargi du crayon, celui-ci développe prismes et compilation d’icônes par le biais de séquences animées, d’installations mixtes ou d’accrochages
muraux.
Extrait du texte de Frédéric Emprou, Black atlas,
les effigies fantômes


Erwan Keruzoré

Erwan Keruzoré vit et travaille à Limay. Ouvrier et artiste autodidacte, il est la cheville ouvrière de ce projet initié en 2019, il était alors invité à exposer son travail plastique aux Réservoirs. Sensible à la pensée politique d’artistes tels que Maximilien
Luce, aux engagements politiques libertaires des artistes et intellectuels de la fin du 19e siècle à nos jours, et plus largement aux expressions dans l’art de la souffrance sociale, c’est sous le titre bannière « RÉ-EXISTENCE », qu’Erwan Keruzoré avait fait le choix de réunir plusieurs exposants inscrits dans les thématiques qui lui sont chères pour manifester un art engagé qui vise à dénoncer les formes plus ou moins insidieuses des violences et aliénations induites par la société. Le sujet n’est pas épuisé et ce troisième chapitre réunit aux Réservoirs cinq
artistes et un auteur.


Manon Pretto

Manon Pretto vit et travaille entre Clermont-Ferrand et Paris. Manon Pretto utilise les images et le numérique pour déconstruire et interroger les questions d’identités inhérentes à notre société actuelle. Puisant son inspiration sur le terrain, elle
s’intéresse aux relations sociales qu’entretiennent les individus entre eux, tout particulièrement les rapports d’autorité, d’oppression et de résistance.
Elle utilise de nombreux médiums allant de la vidéo à l’installation en passant par l’image et la performance.
Ses projets aux allures futuristes jouent avec les codes de la dystopie pour nous entraîner de façon affirmée dans un monde qui nous semble familier.
En pénétrant cet espace, le spectateur devient acteur et créateur de ce qu’il perçoit. Il ouvre un dialogue qui le pousse à s’interroger sur sa perception des images et au rapport qu’il entretient avec. Cette proximité accentuée du corps et de l’image qui finissent par se confondre ne nous laisse pas indifférente, provoquant une multitude de questions quant à ce qui nous façonne aujourd’hui.


Céline Tuloup

Céline Tuloup vit et travaille à Saint-Denis. «Empruntant de multiples formes (objet-sculpture, broderie, dessin, photographie, installation), mon univers artistique puise dans la psychanalyse et
questionne la sphère de l’intime. Il met en jeu les relations entre privé et public, mémoire individuelle et mémoire collective.
La broderie, prenant une part importante dans mes réalisations artistiques, se veut une référence à une activité domestique liée à l’histoire de la condition des femmes mais aussi à l’artisanat nécessitant un savoir-faire. Mon désir est à la fois de réactiver
cette pratique en l’inscrivant dans une recherche plastique contemporaine et de la déplacer en la confrontant à des questionnements traversant notre actualité.»


Les Réservoirs
2r. des réservoirs, 78520 Limay
01 30 98 69 02
01 34 97 27 03
lesreservoirs@ville-limay.fr

Accès: Autoroute A13 (Paris/Rouen) sortie 11 (Mantes est), direction Limay. ou Paris gare Saint-Lazare direction Mantes via Conflans, gare de Limay ou directs gare de Mantes la Jolie.

Entrée gratuite
le jeudi et le vendredi de 14h à 18h,
le samedi et le dimanche de 15h à 18h.
www.facebook.com/lesReservoirs www.ville-limay.fr

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