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Dans le privé et le public, un syndicalisme de lutte pour la transformation sociale

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Actu Solidaires 78 Éducation

Reprise de l’épidémie, et toujours pas de plan d’urgence pour l’éducation

La reprise de l’épidémie, aujourd’hui manifeste, n’a conduit à aucun changement de la part du ministère de l’Éducation nationale en cette rentrée de janvier. Le ministre Blanquer continue dans sa stratégie de l’autruche, en affirmant contre tout bon sens que le protocole sanitaire en vigueur dans les écoles et établissements depuis le 2 novembre est suffisant pour éviter que ceux-ci ne deviennent des foyers de contamination. Pourtant, le risque est réel : l’idée que les enfants et jeunes adolescent-e-s sont moins contaminé-e-s que les adultes est aujourd’hui battue en brèche, et les chiffres publiés par Santé publique France sur les contaminations des enfants au cours du mois de novembre sont édifiants. Différents pays européens ont d’ailleurs pris des mesures drastiques pour ce début d’année civile.

Les seules annonces nouvelles concernent le passage à 18h du couvre-feu dans un certain nombre de départements. Celui-ci doit être accompagné de garanties concernant l’ouverture des établissements au-delà de cette heure pour que les cours de fin de journée ne soient pas rabotés, et également le maintien du transport scolaire dans les amplitudes horaires déjà existantes. En ce qui concerne la campagne de vaccination, elle se réduit à ce stade à une campagne de communication. Au vu du risque sanitaire que représentent les écoles et établissements dans de telles conditions sanitaires, SUD éducation revendique que les personnels de l’éducation puissent en faire partie rapidement s’ils et elles le souhaitent. Enfin, dans l’incapacité d’apporter une réponse claire et pérenne aux inquiétudes des élèves et personnels concernant les examens, le ministère a publié le 26 décembre une ordonnance permettant de modifier les modalités de passation des examens 15 jours avant les épreuves. Le remède est pire que le mal, et plongera les élèves et les personnels dans une situation de stress inacceptable. Les difficultés éprouvées par les personnels et les élèves lors des rentrées précédentes se renouvellent : absence de nouveaux masques, obligation d’aérer les salles alors que les températures sont de plus en plus basses…

Pour SUD éducation, l’objectif est clair : maintenir ouverts le plus longtemps possible les écoles et établissements, tant la faillite de l’enseignement à distance a été manifeste au printemps. Mais pour cela, il faut prendre immédiatement des mesures permettant le respect des gestes barrières et la distanciation physique. Ces mesures, SUD éducation les revendique depuis le printemps : il s’agit de mettre en œuvre un plan d’urgence pour l’éducation, afin de faire face à l’épidémie et de compenser les inégalités scolaires qui se sont accrues pendant le confinement. Il s’agit tout d’abord de baisser les effectifs, par le recrutement de postes à hauteur des besoins. Celui-ci peut se faire dès à présent, par le biais du recrutement des listes complémentaires, de l’admission des admissibles aux concours internes, de la titularisation à temps plein des contractuel-le-s et de l’ouverture de concours supplémentaires dans les départements où cela s’avérera le plus indispensables. Chacune de ces mesures a déjà été mise en œuvre par le passé, et relève donc d’un choix politique que le gouvernement se refuse aujourd’hui à faire. L’accueil de tou-te-s les élèves nécessitera également des ouvertures de locaux, par le biais de constructions ou de réquisitions.

SUD éducation dénonce l’inaction du ministère, revendique un plan d’urgence pour l’éducation, et appelle les personnels à mettre en débat les modalités d’action pour obtenir satisfaction sur les revendications, en s’appuyant en particulier sur l’appel intersyndical à la grève du 26 janvier.

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Actu Solidaires 78 Éducation

Éducation : grève le 26 janvier – battons nous pour nos salaires

Le tract de Sud éducation 78 pour la grève du 26 janvier…

Battons nous pour nos salaires

Le salaire des personnels de la Fonction publique (titulaires ou contractuel·les) est calculé à partir de la valeur attribuée au point d’indice. Depuis 25 ans, l’augmentation de la valeur du point d’indice a été inférieure à l’inflation 21 fois. Rapporté à la situation de 1995, le salaire d’un·e professeur·e des écoles ou d’un·e certifié·e au 5e échelon (indice 476) est plus bas de 551 euros bruts constants !
Dans le même temps, certain·es agent·es comme les AED et les AESH perçoivent un salaire si bas que lorsque le SMIC est revalorisé pour tenir compte de l’inflation, leur salaire calculé sur la base de la grille indiciaire se trouve alors en dessous du Smic. L’administration est alors obligée de verser une indemnité différentielle pour que les AED et AESH perçoivent le salaire minimum.

Des inégalités salariales femmes / hommes qui persistent

Le salaire net des enseignantes est inférieur de 13,9% à celui de leurs collègues masculins. Il existe plusieurs raisons à cela. Les HSA profitent essentiellement aux hommes, qui perçoivent 51% de rémunération liée aux HSA de plus que les femmes. De plus, les femmes sont plus souvent contraintes de prendre en charge la garde des enfants et sont bien plus souvent à temps partiel.

Pour SUD éducation, il est urgent d’obtenir satisfaction sur les revendications immédiates :
– l’indexation des salaires sur l’inflation pour garantir le maintien du niveau de vie des personnels ;
– l’intégration des primes et indemnités au salaire ;
– une augmentation significative des salaires, d’autant plus forte que le salaire de l’agent·e est bas, pour réduire les inégalités salariales.

SUD éducation revendique également dans le cadre du projet d’égalité salariale qu’elle porte : avec l’Union syndicale Solidaires, une augmentation du Smic à 1 700 € nets ; la titularisation sans condition de concours ni de nationalité à temps plein de tous les personnels contractuels de l’Éducation nationale.

AESH, le 26 janvier : en grève !

Lorsqu’on parle de l’école inclusive, ou de la bienveillance on sait bien que les AESH ont un grand rôle à jouer ; elles/ils sont des actrices/acteurs indispensables pour que les élèves en situation de handicap puissent poursuivre une scolarité comme tout un chacun.
Les personnes accompagnant les élèves en situation de handicap font partie de la communauté éducative et participent très activement aux bien-être physique et moral des élèves qu’elles/ils accompagnent durant leur parcours scolaire dans le 1er et 2e degré pour la voie classique mais n’oublions pas les parcours professionnels (accom­pa­gner l’élève lors de ses premières journées de stage…).

Imaginez une journée sans AESH, pas d’enfants en situation de handicap dans les écoles… Pourquoi celles/ceux qui veillent à ce que les enfants et les personnes handicapées ne soient pas exclues du système d’enseignement général et professionnel sont si maltraité·es voire méprisé·es.

Les AESH, personnels les plus précaires dans l’Éducation nationale.

Nous, AESH, demandons :

  • L’abandon des PIAL qui désorganisent notre travail et ne nous permettent pas de suivre au mieux nos élèves.
  • La titularisation sans condition des AESH par la création d’un statut de fonctionnaire et d’un métier d’éducateur/trice scolaire spécialisé(e), car nous ne faisons pas qu’accom­pa­gner l’élève, nous lui apportons une aide personnalisée et adapté à son handicap.
  • Un salaire à 1 700 € net en début de carrière, afin de vivre dignement de notre travail.
  • La reconnaissance d’un temps plein à 24 heures d’accompagnement plus les heures de travail invisible préparation des adaptations, suivi, coordination, formation, réunions d’équipe, projets, etc.
  • Une réelle formation initiale et continue, afin que l’on puisse au mieux accompagner les élèves.

Prof’docs, le 26 janvier : en grève !

Non à la discrimination
des professeur·es-documentalistes !

Encore appelé·es familièrement « dames du CDI », les professeur·es-documentalistes subissent une véritable discrimination dans l’Éducation nationale. Alors que leur mission est clairement celle d’enseigner, ces 11 800 personnes sont toujours considérées comme des sous-enseignant·es. Faut-il y voir la conséquence d’une très grande féminisation (87 %) de ce métier ?

Les inégalités de traitement sont multiples et bien documentées*. Il faut rappeler la scandaleuse absence d’agrégation en Documentation (alors que le Capes de cette même discipline existe depuis 30 ans), et des heures supplémentaires et indemnités inférieures à celles des autres enseignants. Ce qui aboutit à une rémunération inférieure pour les professeur·es-documentalistes.

Plus récemment, le ministre refuse d’octroyer aux prof’docs la « prime d’équipement infor­ma­tique » accordée à tous les autres enseignants. Les motifs invoqués (« pas devant élèves » ou « ils ont un poste informatique sur leur lieu de travail ») sont aussi stupides que malhonnêtes.

Il s’agit là d’une véritable discrimination de genre, héritée des stéréotypes d’un autre siècle, qui enfreint notre Constitution nationale. Alors que les prof’docs ont mission d’éduquer aux valeurs républicaines à leurs élèves et de lutter contre les discriminations, ils/elles subissent­ quotidiennement ces discriminations.

Avec Sud éducation, mettons fin à ces discriminations,
exigeons l’égalité de traitement de tou·tes les enseignant·es
!

AED, le 26 janvier : en grève !

Depuis le début de la crise sanitaire les assis­tant·es d’éducation (AED, AP et APS) sont en première ligne dans les écoles et établissements.
Nos conditions de travail se sont considérablement dégradées avec la multiplication des tâches induites par la mise en place des protocoles sanitaires et l’exposition particulière aux risques de contamination. Pas de limitation du brassage pour celles et ceux qui doivent gérer l’urgence et jongler avec le manque d’effectifs !
Ce manque de reconnaissance n’est pas nouveau, il est d’ailleurs inhérent à la précarité du contrat des assistant·es d’éducation : sous-payé·es, sans formation et sans perspectives.

Cette précarité permet tous les excès de la part de la hiérarchie et des chef·fes d’établissements, elle est source de nombreuses injustices. Trop souvent les AED sont victimes de décisions arbitraires : non-renouvellement abusifs, périodes d’essais déguisées, contrats inférieurs à un an, chantage à l’emploi, traitement infantilisant.
La grève des assistant·es d’éducation (AED, AP, APS) du 1er décembre a été massivement suivie et soutenue par d’autres catégories de personnels. Partout sur le territoire des vies scolaires ont été totalement fermées et des dizaines de rassemblement se sont tenus devant le rectorat, DSDEN, établissements employeurs. Cette mobilisation est historique.
En amont la préparation de cette journée grève a donné naissance à plusieurs collectifs auto-organisés d’assis­tant·es d’éducation et a renforcé ceux déjà existant qui étaient à l’origine de cet appel.

SUD éducation revendique :

– la titularisation sans condition de tous les personnels qui le souhaitent par la création d’un statut d’éducateur·trice scolaire ;
– l’augmentation des salaires et la baisse du temps de travail ;
– l’obtention de la prime REP/REP+ pour tous les personnels travaillant en éducation prioritaire ;
– le recrutement massif de personnels AED et la fin du recrutement par les chef-fe-s d’établissement : pour un recrutement académique ;
– l’accès à une formation et l’augmentation du crédit d’heures pour formation.

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Actu Solidaires 78 Éducation

Prof’docs : la colère ne faiblit pas !

Le 17 décembre 2020 restera dans les mémoires de toutes et tous les professeur(e)s-documentalistes. Avec des initiatives très variées, ces enseignants ont manifesté leur colère de se voir privés d’une prime d’équipement informatique que le ministre réserve aux professeurs « devant élèves ». De plus, contrairement au discours officiel, les prof’docs ne sont pas les seul(e)s à disposer d’un ordinateur sur leur bureau. Tous les enseignants ont un ordinateur dans leur classe, ne serait-ce que pour faire l’appel des élèves ! Le refus de la prime informatique est une discrimination basée sur des motifs malhonnêtes. Sur des fake news, dirait-on en cours d’EMI (éducation aux médias et à l’information).

Ce mécontentement a suscité de nombreux témoignages de soutien, de la part de parents, d’élèves et de collègues enseignants. Tous connaissent et reconnaissent l’indispensable mission des professeurs-documentalistes, spécialisés dans l’EMI. Mais il faut aller plus loin. Handicapés par des injonctions contradictoires (ils/elles doivent faire cours aux élèves, mais le fonctionnement de l’établissement les en empêche souvent) et peu nombreux, les professeurs-documentalistes ne doivent pas rester seuls.
C’est pourquoi nous appelons dès maintenant à participer à la grève du 26 janvier prochain, pour exiger de meilleurs salaires et une prime d’équipement informatique pour tous les enseignants, les CPE et le personnel de vie scolaire. Et avant cette date, Sud-éducation soutiendra toutes les initiatives légales pour défendre les prof’docs.

La discrimination ne passera pas par nous !

Sud éducation 78

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Actu Solidaires 78 Éducation Luttes féministes

La transphobie tue et monsieur Blanquer regarde ailleurs. Communiqué du Collectif Education contre les LGBTphobies

Après le suicide de Doona, étudiante trans de Montpellier en septembre, nous apprenons celui d’Avril ce mercredi, lycéenne trans de 17 ans, élève au lycée Fénelon à Lille. Alors qu’elle aurait été exclue de l’établissement au début du mois car elle portait une jupe, elle avait vécu une vague de soutien de la part d’élèves de la ville. Une enquête devra faire la lumière sur les circonstances de son exclusion et sur la responsabilité d’acteurs et actrices de la communauté éducative dans ce drame.

A cette heure, nous tenons à présenter nos condoléances à tou.te.s les proches d’Avril et appelons à rejoindre le rassemblement prévu ce jour à 12h45 devant l’établissement.

Alors que le rapport 2020 d’SOS Homophobie montre que 42% des actes de transphobie visent des femmes trans, il est urgent que le ministère prenne ses responsabilités. Alors qu’elles sont confrontées à la transphobie du corps médical et des institutions y compris scolaires, le silence de monsieur Blanquer et des services de la Dgesco à nos nombreuses sollicitations revêt une cruelle résonance.

Il est urgent de prendre en compte la transidentité et de lutter contre la transphobie au sein des établissements et des institutions accueillant des élèves et des étudiant.e.s. Le parcours de transition des élèves comme des personnels doivent être pris en considération. L’administration doit notamment faciliter le changement de prénom sur simple demande d’un.e élève. Il est inacceptable qu’encore aujourd’hui, l’identité de genre de membres de la communauté éducative ne soit pas respectée.

Comme nous le demandons depuis de trop nombreuses années, les personnels doivent être formés aux sujets LGBTI, les cours d’éducation à la sexualité et à l’affectivité doivent être dispensés partout par des personnels eux aussi formés.

Aujourd’hui encore, à Montpellier, à Lille et ailleurs les LGBTIphobies mettent en péril la vie de nos élèves et étudiant.e.s. Des promesses ont été faites par le ministère et par le gouvernement depuis 2018. Nous ne pouvons plus attendre qu’elles se transforment en actions. En octobre 2019, monsieur Blanquer avait notamment annoncé la mise en place d’un groupe de travail ayant comme mission de construire des outils pour aider les équipes à accueillir les élèves trans. Depuis, ce groupe n’a jamais été réuni. Nous avons pourtant relancé le ministère à plusieurs reprises sans obtenir de réponse de sa part. Cette inaction pèse lourdement sur tous et toutes les Avril dans tous les établissements.

#JusticePourAvril

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Actu Solidaires 78 Éducation Précarité

1er décembre : vies scolaires en grève !

Depuis le début de la crise sanitaire les assistant-e-s d’éducation (AED, AP et APS) sont en première ligne dans les écoles et établissements.

Leurs conditions de travail se sont considérablement dégradées avec la multiplication des tâches induites par la mise en place des protocoles sanitaires et l’exposition particulière aux risques de contamination. Pas de limitation du brassage pour celles et ceux qui doivent gérer l’urgence et jongler avec le manque d’effectifs.

Ces personnels, pourtant déterminants pour le bon fonctionnement des établissements, ne reçoivent pas la reconnaissance à laquelle elles-ils ont droit et ne sont associé-e-s que très marginalement aux prises de décisions.

Ce manque de reconnaissance n’est pas nouveau, il est d’ailleurs inhérent à la précarité du contrat des assistant-e-s d’éducation : sous-payé-e-s, sans formation et sans perspectives. Cette précarité permet tous les excès de la part de la hiérarchie et des chef-fe-s d’établissements employeurs, elle est source de nombreuses injustices. Trop souvent les AED sont victimes de décisions arbitraires de la part des directions d’établissements : non-renouvellement abusifs, périodes d’essais déguisées, contrats inférieurs à un an, chantage à l’emploi, traitement infantilisant.

L’absence de droit à la prime REP/REP+ pour ces personnels est tout à fait emblématique. SUD éducation a lancé une campagne pour l’obtention de cette prime. Nous appelons les assistant-e-s d’éducation à se rapprocher du syndicat SUD de leur académie.

Face à ces situations, les AED se retrouvent bien souvent isolé-e-s, mais elles-ils ont décidé de faire bloc !

Le 10 novembre dernier la mobilisation des vies scolaires a été forte dans de nombreux établissements. Dans l’académie d’Aix-Marseille une nouvelle journée de grève a été appelée le 19 novembre dernier. Plusieurs collectifs d’AED en lutte ont vu le jour ces deux dernières années et ont décidé conjointement d’appeler à une nouvelle journée de grève le mardi 1er décembre 2020.

SUD éducation rejoint cette initiative et appelle l’ensemble des assistant-e-s d’éducation à s’organiser localement et à se mettre massivement en grève le 1er décembre. Un préavis de grève national spécifique a été déposé.

SUD éducation revendique :

- la titularisation sans condition de tous les personnels qui le souhaitent par la création d’un statut d’éducateur scolaire ;

- l’augmentation des salaires et la baisse du temps de travail ;

- l’obtention de la prime REP/REP+ pour tous les personnels travaillant en éducation prioritaire ;

- le recrutement massif de personnels AED et la fin du recrutement par les chef-fe-s d’établissement : pour un recrutement académique ;

- l’accès à une formation et l’augmentation du crédit d’heures pour formation.

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Actu Solidaires 78 Collectivités territoriales Éducation Nettoyage Restauration

Restauration et entretien des collèges du 78 Scandale de la gestion de la crise sanitaire par C’Midy et le CD 78

La situation dans les collèges du 78 est des plus alarmantes du fait de la gestion de crise par la société C’Midy : temps de repas non sécurisés, nettoyage et désinfection des locaux négligés, personnel en nombre insuffisant…

Le reconfinement décrété le 29 octobre dernier s’est accompagné du renforcement du protocole sanitaire dans tous les établissements scolaires reposant sur le non-brassage des classes, la distanciation physique et la désinfection régulière des locaux. Or, sur ces deux derniers points, C’Midy est bien loin de répondre aux normes de santé.

La société C’Midy incapable d’assurer le respect du protocole sanitaire

Le fonctionnement à sous-effectifs constants, le non-remplacement des absences (nombreuses en cette période), l’application de procédures managériales aussi inutiles que chronophages constituent, en cette période de circulation active de la COVID-19, un problème de santé publique des plus préoccupant dans nos établissements.

Classes non nettoyées et non désinfectées, espace de restauration non sécurisé

C’Midy et son donneur d’ordre le CD des Yvelines sont incapables de répondre aux exigences du protocole sanitaire et mettent donc en péril les efforts de chacun. Les remontées – témoignages et photos à l’appui – sont des plus alarmantes : salles de classe non nettoyées plusieurs jours de suite, brassage des élèves et non respect des gestes protecteurs lors des repas, pressions sur les personnels pour qu’ils ne revendiquent pas leurs droits…

Quand les bénéfices de quelques-uns priment sur la santé de tou·tes !

En refusant de remplacer les personnels en arrêt, en refusant d’embaucher le personnel nécessaire, en se tenant à l’écart des concertations menées par les personnels et les familles inquiètes pour leur enfant, C’Midy fait primer la quête de profit sur l’intérêt général.

Dans les Yvelines, c’est en effet la société C’Midy (Semop filiale de la multinationale Sodexo) qui, depuis le 1er janvier 2019 s’est vue déléguer la mission de nettoyer les 117 collèges du département et d’assurer le service de près de 50 000 repas par jour (pour un chiffre d’affaires de 56 553 300,00 €). Mais C’Midy ne se soucie ni des personnels ni des élèves ni des familles… Les agent·es d’entretien – en première ligne pour nous protéger du virus, et qui font de leur mieux dans les conditions qui sont les leurs – appuyé·es par les personnels de l’Éducation nationale et les familles, n’ont eu de cesse de dénoncer la dégradation de la qualité du service imputable à une gestion purement comptable où le seul objectif est de réduire au maximum les coûts et de pressuriser les personnels pour engranger des bénéfices.

Fiasco sanitaire, horreur managériale et responsabilité politique

Premier département de France à avoir fait le choix de l’externalisation et de la sous-traitance à une entreprise privée, le Conseil départemental porte la plus grande partie de la responsabilité. Les opérations de communication d’un goût douteux qui consistent à distribuer aux élèves des masques publicitaires aux couleurs du département relèvent, dans ce contexte, de l’hypocrisie la plus complète : sans embauches massives de la part de C’Midy, la population des Yvelines doit avoir conscience que la situation sanitaire dans les collèges risque de se dégrader.

Le 22 novembre 2020

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Actu Solidaires 78 Éducation

Éducation : une délégation reçue par le sous-Préfet de Mantes la Jolie le 10 novembre 2020

Dans le contexte de la journée de mobilisation du 10 novembre pour obtenir un renforcement du protocole sanitaire, une délégation composée de représentants d’organisations syndicales (FSU-CGT Educ’action-Sud éducation) et de fédérations de parents d’élèves (FCPE) a été reçue par le sous-Préfet de Mantes la Jolie. Une trentaine de peronnels et de parents étaient présents devant la sous-préfecture, représentatifs des établissements en lutte dans le Mantois (Jules Ferry, la Vaucouleurs, George Sand…).

Un état des lieux de la situation a été porté à la connaissance de M. le sous-Préfet concernant la gestion indigne de l’hommage à Samuel Paty qui a généré au-delà de l’incompréhension une violence institutionnelle qui pour beaucoup de personnels s’est traduite en mal-être et en colère.

Notre démarche s’inscrit dans la volonté que les établissements scolaires restent ouverts de la maternelle à l’université et ce, afin de ne pas revivre le 1er confinement avec la détresse des personnels, des élèves et de leur famille et ses conséquences pédagogiques mais aussi sociales et humaines. Nous pensons que le cadre sanitaire actuellement posé – qui n’est pas de nature à assurer cette sécurité – ne permettra pas que cette ouverture soit possible dans la durée. De plus cet accueil doit permettre des conditions décentes d’apprentissage pour tous et d’épanouissement des élèves.

C’est pourquoi, nous exigeons le renforcement immédiat et sans équivoque du protocole sanitaire : distanciation physique dans les classes, la demi-pension, les transports… Cela nécessite que l’ accueil des élèves dans les établissements scolaires, soit organisé en effectifs allégés de la maternelle à l’université.

Cette organisation devra privilégier des temps en présentiel très réguliers, que le travail donné en autonomie à la maison ne nécessite ni connexion ni aide des parents, que la prise en charge des plus jeunes puisse être quotidienne avec la participation des collectivités locales en terme de locaux et de personnels adaptés permettant cet accueil.

Des propositions ont été faites comme l’accueil des élèves dans le 1er degré en demi-journée école et demi-journée collectivités locales, ce qui signifie davantage d’ enseignants en faisant immédiatement appel à la liste complémentaire mais aussi au recrutement massif de personnels pour encadrer les élèves.

Concernant les matériels de protection fournis aux personnels, nous déplorons trop souvent leur absence. Quant aux masques à la protection discutable, le nombre fourni ne couvre pas l’ensemble du temps de leurs missions. Concernant les élèves, nous voulons que des masques adaptés soient fournis gratuitement à tous, pour des raisons financières et sanitaires.

Par ailleurs, le port du masque et son utilisation continue par les personnels comme les élèves a des conséquences sur leur santé physique et psychologique qui doivent aussi être prises en compte.

Le plan VIGIPIRATE écarlate, nécessite d’être clarifié car dans nos établissements son respect, est très problématique et souvent difficile à mettre en place. Ont été évoqués les déplacements en dehors des établissements inscrit dans l’emploi du temps et notamment l’incohérence de maintenir l’activité piscine qui, de plus, va à l’encontre des gestes barrières.

La situation sanitaire a remis en lumière l’état désastreux de nos locaux scolaires : des fenêtres bloquées, l’absence de point d’eau, de sanitaires en état de fonctionner et en nombre suffisant ne permettant même pas le respect des règles élémentaires d’hygiène. Les effectifs démesurés dans les établissements et dans les classes que nous ne cessons de dénoncer et qui aujourd’hui ne permettent aucune réelle distanciation physique.

Mais aussi les conséquences de l’externalisation par le département des missions concernant la demi-pension et l’hygiène des locaux dans les collèges. Se traduisant par des personnels en nombre insuffisant avec des missions mal définies et dans des temps contraints impossibles à tenir. Ces mêmes problématiques sont signalées dans le 1er degré où de nombreuses municipalités ont aussi fait le choix d’externaliser ces missions. Avec des conséquences dramatiques sur l’application très approximative des protocoles sanitaires dans les écoles. De manière générale nous constatons que le renvoi des responsabilités au local participe à l’inégalité de traitement sur le territoire.

Notre délégation a alerté le sous-préfet afin que toutes les problématiques évoquées soient entendues et relayées auprès des autorités compétentes. Que les écueils rencontrés lors du premier confinement de mars servent d’appui pour que les mêmes erreurs ne soient pas réitérées voire aggravées par cette gestion incohérente comme c’est le cas depuis septembre. Gestion qui s’est tout particulièrement illustrée au retour des congés d’automne par sa cacophonie et son mépris affiché pour les personnels, les élèves et leurs familles.

Nous dénonçons l’impréparation de l’état face à la propagation de la COVID. Nous dénonçons l’irresponsabilité du ministre Blanquer et de son protocole sanitaire adaptable en fonction des problèmes structurels des établissements scolaires et du nombre insuffisant de personnels. C’est-à-dire qui ne protège personne. Rien n’a été pensé depuis Juillet 2020, cette gestion, toujours en réaction et jamais en anticipation, génère de fortes tensions qui ne s’apaiseront pas avec des réponses répressives.

C’est pourquoi nous exigeons, qu’immédiatement, les mesures sanitaires prises dans les établissements scolaires , le soient en suivant très scrupuleusement les prescriptions du Haut Conseil de la santé publique et en s’appuyant sur les compétences des professionnels que nous sommes et la réflexion collective de la communauté éducative notamment celle des parents d’élèves.

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Actu Solidaires 78 Éducation Luttes féministes

Violences sexistes et sexuelles au travail – Stop ! – Dossier de SUD éducation

Alors que Macron avait annoncé faire de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles la « Grande cause de son quinquennat », SUD éducation constate qu’aucune mesure n’a été mise en place ni pour prévenir les violences sexistes et sexuelles au travail ni pour accompagner les victimes. Chaque jour, en France, des femmes sont victimes de violences psychologiques, verbales, économiques, médicales, physiques ou sexuelles. Tous les deux jours, une femme est assassinée par son conjoint ou ex-conjoint : déjà 149 féminicides depuis le 1er janvier 2019 (en augmentation par rapport à 2018 où l’on avait recensé 121 féminicides à la même date).

Stop aux violences sexuelles et sexistes sur nos lieux de travail

Dans l’Éducation nationale, les violences sexistes sont communes, courantes et impunies. Si 1 femme sur 5 affirme avoir vécu des situations de violences au travail, seulement 5% porte plainte pour les dénoncer. Elles comprennent insultes, discriminations, harcèlement, menaces, chantage, mais aussi les agressions physiques et sexuelles. Les femmes les plus exposées au harcèlement sont celles qui subissent des discriminations liées à leur origine et à leur identité de genre et/ou leur orientation sexuelle. Dans le cadre du travail, ouvrières et salariées précaires et dans une moindre mesure les professions in-termédiaires subissent une pression sexuelle plus intense que celle des autres catégories sociales. La circulaire du 9 mars 2018, qui prévoit la pro-tection des victimes de violences sexistes et/ou sexuelles, n’est pas appliquée : les collègues qui ont dénoncé les violences subies n’ont bénéficié ni de protection ni d’accompagnement conve-nables. Pourtant l’employeur est responsable de la santé et de la sécurité des agent-e-s sur leurs lieux de travail !

Assez d’inégalités salariales

De plus, les travailleuses de l’Éducation nationale subissent aussi le sexisme de l’institution dans l’évolution de leur carrière. 12 % des femmes sont à temps partiel, contre 3 % des hommes, avec des conséquences sur la rémunération et sur l’avance-ment. Dans les postes les plus précaires et moins payés , comme celui d’AESH, 90 % sont occupés par des femmes. Plus les élèves sont jeunes plus la profession est féminisée : en 2006, 80 % des enseignant-e-s du primaire sont des femmes alors qu’elles ne sont que 35% dans les universités. Chez les agents-e-s, la répartition du travail est sexuée : aux hommes les postes de techniciens et de chefs cuisine, aux femmes les tâches dites polyvalentes (nettoyage ou service des repas).

Ras-le-bol de l’éducation aux inégalités

Le système scolaire perpétue les violences de genre et contribue à les fabriquer auprès des élèves. Quel exemple la hiérarchie donne-t-elle aux élèves en ne protégeant pas les personnels victimes de violence et en octroyant l’impunité aux agresseurs sexuels ? Quel modèle social l’institution propose-t-elle aux élèves en n’agissant pas pour abolir le système patriarcal et la division sexuée du travail ?

L’éducation proposée aux élèves véhicule l’invisibilisation et l’infériorisation des femmes et les enferme dans des rôles binaires en fonction des genres stéréotypés filles/garçons qui entravent leur émancipation. D’ailleurs, les femmes, absentes ou très minoritaires dans les programmes scolaires et manuels scolaires ne sont pas érigées en modèles disparaissant de tout récit historique. Et pourtant, elles existent et ont existé!

A l’école : une éducation nécessaire aux sexualités

Rappelons qu’à l’école, si les garçons sont plus exposés à la violence (insultes, bagarres…), les filles, subissent plus d’agressions sexuelles et sexistes (baisers imposés, jeux où on doit tou-cher leurs fesses dans la cour de récré, et surtout cyber-harcèlement). Afin que cessent les violences, l’école doit éduquer permettre une construction aux sexualités, dans une perspective non hétéro-centrée, en insistant sur l’éducation au consentement.

Contre toutes les formes de violences sexistes et sexuelles, SUD éducation appelle à participer massivement à toutes les initiatives à l’occasion des journées de luttes du 21 au 25 novembre.


Vous trouverez ci-dessous :

le matériel (tract et affiche) de SUD éducation

le matériel (tract et affiche) intersyndical CGT-FSU-SUD éducation

la brochure SUD éducation intitulée “Lutter contre le sexisme dans l’éducation nationale : ressources et analyses”

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Actu Solidaires 78 Éducation

Communiqué Sud éduc 78 : Soutien aux personnels mobilisés, ce n’est que le début !

Les personnels d’enseignement et d’éducation de l’ensemble du pays ont dû faire face une nouvelle fois, dans les jours précédant la rentrée des congés scolaires d’automne, au mépris décomplexé du ministère à leur égard. En effet, moins de quinze jours après l’assassinat de leur collègue Samuel Paty, en lien direct avec l’exercice de ses missions d’enseignant, le ministère, après avoir annoncé la tenue de 2 heures d’échanges entre les personnels suivies d’un hommage, fait volte-face au prétexte d’impératifs sécuritaires. Le temps d’échange est supprimé, et l’hommage à Samuel Paty est désormais réduit à une minute de silence. Cette décision est ressentie par nombre de personnels comme une insulte, à la fois à la mémoire de leur collègue, mais également à l’égard du traumatisme que pour beaucoup d’entre-eux, les congés n’ont absolument pas permis d’atténuer.

En outre, dans un contexte sanitaire critique, le protocole « renforcé » annoncé par le ministère de l’Éducation nationale jeudi 29 octobre au soir ne s’inscrit aucunement dans la conformité avec les mesures prévues par le ministère lui-même cet été, en cas de nouvelle période de circulation active du virus : pas de dédoublement des classes, permettant de limiter le brassage des élèves, mais des consignes dérisoires portant sur l’aération fréquente des locaux (à la veille du mois du novembre), sur leur désinfection régulière (sans qu’aucun moyen humain supplémentaire chez les agents ne soit déployé pour le permettre), sur le port du masque, étendu aux élèves de l’école primaire. De plus, à la veille de la rentrée, les stocks de masques et de gel hydro-alcooliques n’étaient pas encore parvenus aux écoles et aux établissements du secondaire, montrant combien le discours ministériel qui se vante de « choyer » les enseignants est hypocrite. Le ministère met donc délibérément en danger plus de 800 000 personnels, 12 millions d’élèves, et plus largement l’ensemble de la population, alors que les hôpitaux sont saturés et que le décompte des morts quotidiens atteint voire dépasse le niveau de mars-avril.

Face à cette situation indigne et alarmante, de nombreux établissements se mobilisent depuis lundi 2 novembre. Dans les Yvelines, nombre de collègues du secondaire des bassins de Mantes (lycée Saint-Exupéry à Mantes-la-Jolie, lycée Senghor à Magnanville, lycée Condorcet à Limay, collège de la Vaucouleurs à Mantes-la-Ville, collège Cézanne à Mantes-la-Jolie, collège George Sand à Magnanville), des Mureaux (lycée Villon aux Mureaux, lycée Van Gogh à Aubergenville), de Sartrouville (collège Romain Rolland) se sont mis en grève lundi et réunis en Assemblée Générale afin de décider de la suite des actions à mener pour réclamer une rentrée digne et la mise en place des dédoublements. À partir de mardi et / ou dans la suite de la semaine, la mobilisation a été massivement reconduite dans certains établissements, et s’est invitée dans de nouveaux : collège Chénier et collège Ferry (Mantes-la-Jolie), collège Pagnol (Bonnières), lycée Claudel (Mantes-la-Ville). Dans d’autres, les collègues ont déposé un droit de retrait au vu de la mise en danger qui les guette, non seulement eux mais aussi l’ensemble de la société, en reprenant leurs classes dans ces conditions. Cette mobilisation peut et doit payer ! C’est le cas au collège Claude Monnet de Carrières-sous-Poissy ou du lycée St Exupéry de Mantes-la-Jolie qui fonctionneront en demi-groupes à partir de lundi 9 ou du lycée Van Gogh d’Aubergenville avec division des effectifs par 2 et 3 jours de lycée par semaine pour chaque élève et 3 jours à la maison.

Les élèves ont également été partie prenante de cette mobilisation, en rencontrant parfois les personnels grévistes par le biais de leurs représentants dans leurs instances et organisations collectives, en exprimant leur contestation et leur indignation à la porte d’établissements incapables de les recevoir dans des conditions sanitaires sérieuses. Face à la mobilisation lycéenne, une nouvelle fois la réponse du gouvernement c’est la matraque et les lacrymos, sans compter l’usage de grenades de désencerclement à St Exupéry… Les parents d’élèves ne sont pas en reste : à la Vaucouleurs, les élus appellent à une journée collège mort vendredi 6. Malgré l’ampleur de la mobilisation, la Direction académique n’avait jusque ici pas apporté de réponse globale à ces revendications, mais s’est contentée d’envisager d’hypothétiques aménagements au cas par cas en demandant aux chefs d’établissements de leur communiquer les scenarii de reprise possible localement.

SUD éducation 78 apporte tout son soutien aux personnels mobilisés du département, rappelle qu’un préavis de grève national permanent est déposé par la fédération SUD éducation, et appelle à poursuivre la mobilisation partout dans le département, jusqu’à obtention de conditions de travail dignes et pourquoi pas de bien plus !

Après un premier recul du Ministre sur les lycées, nous devons amplifier la mobilisation pour que la protection des personnels et des élèves, que les 1/2 groupes et l’allégement des programmes soient étendus à tous les niveaux… C’est par le rapport de forces que nous imposerons nos demandes !

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Actu Solidaires 78 Éducation

Vessies et lanternes dans l’Éducation nationale

Ou comment la propagande ministérielle, médiatique et républicaine,

fait passer l’école pour autre chose que ce qu’elle est

La communication ministérielle, et plus généralement l’écho médiatique qui a suivi l’ignoble assassinat de notre collègue, ont mis au centre du débat l’école publique et républicaine. Elle en sort grandie et presque intouchable, on lui donne un rôle de phare de la République dans cette période sombre1. Ce texte se veut une réflexion sur le sens, la fonction de l’école dans le contexte post assassinat de notre collègue, pour démêler le vrai du faux de cette propagande. Trois aspects du discours sont discutés : le soutien de la hiérarchie, le rôle de formation de l’esprit critique et l’universalité de l’école de la République.

On nous affirme avec force que les mécanismes de la hiérarchie, bien huilés, ont parfaitement fonctionné, et qu’ainsi notre collègue a été soutenu du début à la fin. Quiconque a déjà subi des pressions de parents sait que la hiérarchie n’est pas toujours là pour débloquer la situation, quand ce n’est pas elle qui met la pression. Au quotidien, la hiérarchie nous familiarise plutôt avec les atteintes à la liberté pédagogique, le flicage et le tri des bons et des mauvais profs2, les postures de managers et de chefs d’entreprise vis à vis des contractuels, le noyautage des possibilités de rencontre entre personnels et parents d’élèves pour échanger sur les réformes et les moyens de les combattre3, la répression des trouble-fêtes pour fait de grève4, la transmission et l’exécution de toutes les réformes antisociales… Plus récemment, la continuité pédagogique et l’envoi en première ligne pour faire garderie patronale ont montré à quel point la hiérarchie était bienveillante. Toujours, l’Éducation Nationale n’a été qu’une institution extrêmement hiérarchisée, pilotée par le gouvernement dans son intérêt. Nous n’avons, travailleurs et travailleuses de l’éducation, rien à attendre de notre hiérarchie.

On nous dit que l’école de la République est le fer de lance de la promotion de l’esprit critique pour les jeunes, qui transmet « le savoir au service de l’esprit critique, c’est-à-dire au service de la construction de citoyens libres et éclairés » (Blanquer). De qui se moque-t-on quand on affirme cela alors que le cadre général de l’école est d’attendre de la part des élèves discipline et obéissance à l’autorité, recrachage de cours à travers l’évaluation-sélection permanente, et formatage des corps et des esprits par les programmes et l’idéologie républicaine conservatrice5 ? Un léger recul en arrière montre que l’école publique n’a jamais été autre chose – et ce depuis ses origines sous le bien-aimé (des ministres) Jules Ferry -, celle dont les réac-publicains (version IIIème République) ont la nostalgie. Ce discours hypocrite est d’autant plus indigeste que les dernières réformes ne font que renforcer cette tendance d’annihilation de l’esprit critique des élèves et des personnels : suppression d’heures d’enseignement général pour les élèves en voie professionnelle6, élèves que l’on tasse à 36 élèves (voire plus) par classe dans les lycées7, classes qui doivent afficher des drapeaux français et des paroles de la Marseillaise8, dans lesquelles on ingurgite des programmes qui ouvrent de moins en moins aux critiques de la société9. Pour qui s’y risquerait tout de même, l’article premier de la loi « pour l’école de la confiance », permet de sanctionner les personnels trop remuants.

On nous vend une école et une République des Lumières, universelles, à même de combattre l’obscurantisme religieux qui frappe notre Nation. Mais derrière ces grandes images – qui, finalement, ne sont que des mots – l’école, loin d’unifier la population et d’assurer les moyens à tous de choisir son avenir, reproduit les inégalités de génération en génération. C’est dans ce contexte social duquel l’école est partie prenante, que les vautours idéologues du racisme, du complotisme et du fanatisme s’alimentent de la colère des populations exclues et précaires, la dirigeant dans leur intérêt vers des cibles factices, ce qui n’est porteur d’aucune perspective émancipatrice. Loin de l’image de l’ascenseur social dont on nous abreuve, l’école n’a que pendant une brève parenthèse historique permis l’ascension sociale d’une petite partie de la population (devenus gestionnaires et encadrants de l’exploitation des autres travailleurs…) alors qu’elle a sans cesse maintenu son rôle majeur de sélection sociale et de formation des futurs travailleurs aux exigences du marché de l’emploi. On appelle ça pudiquement « orientation » et « préparation d’un projet professionnel ». « Pour leur bien », les enfants des pauvres seront des travailleurs précaires, mis très tôt sur les rails de l’alternance, des formations courtes professionnalisantes, etc., et pour les enfants des classes supérieures, les études… supérieures et les diplômes d’élite. L’école ne fait donc rien pour répondre à la fracture sociale grandissante entre les différentes classes sociales, si ce n’est l’accentuer davantage, grâce aux dernières réformes notamment10.

Derrière le discours de façade de soutien de notre ministre qui hier nous traitait de « décrocheurs », derrière la vague médiatique #jesuisprof qui présente les personnels comme des héros du quotidien et l’école comme parangon de vertu, se cachent en réalité bien des contradictions. Celles-ci nous sautent aux yeux dans une période comme la nôtre, car les belles paroles masquent mal la réalité d’une école capitaliste dans une société capitaliste. En définitive, il serait illusoire de croire que l’école que l’on connaît soit avant tout un service public émancipateur : la soumission à l’autorité y est omniprésente, les apprentissages y sont mis au service d’une sélection des élèves en vue de leur future existence de travailleurs, répondant aux besoins en main d’œuvre de la classe capitaliste.

Ce n’est donc pas la défense en bloc du service public d’éducation et le front républicain11 qui nous aideront à surmonter les contradictions de l’école publique, tant ces idéologies peinent à cacher leurs ambiguïtés. Il y a au contraire à repenser un discours, des luttes et un projet pour attaquer l’école capitaliste dans ses fondements.

1Le ministère de l’Éducation Nationale est bien sûr celui qui a le discours le plus consensuel, et les syndicats ont critiqué notamment le discours « L’institution scolaire aux côtés de Samuel Paty à chaque étape de ce qui a précédé cette tragédie »

2Voir l’IA de l’Ariège qui appelait à « garder mémoire nominative des engagements remarquables et remarqués ; l’inverse est aussi vrai… » des enseignantsaprès la « continuité pédagogique »

3Dans beaucoup d’académies et de lycées tout a été fait pour empêcher les enseignants de rencontrer les parents d’élèves pour discuter avec eux de la réforme du lycée, entre 2018 et 2020

4Du 12 au 16 octobre ont eu lieu les CAPA disciplinaires de 4 enseignants de l’académie de Poitiers, pour leur participation à la lutte contre les E3C l’année scolaire passée

5Dernier exemple en date, l’affaire de la « tenue républicaine » (contre les tenues jugées antirépublicaines comme le crop top), ou comment l’institution dit aux filles comment elles devraient s’habiller !

6Dernière réforme de la voie professionnelle, 2019

7Comment faire circuler la parole en 1h de cours avec 36 élèves ? Comment organiser un débat ?

8Loi Blanquer, dite « pour l’école de la confiance », 2019

9Voir la suppression de Marx dans les derniers programmes de SES

10Parcoursup qui écrème les classes populaires des études supérieures, la dernière réforme du lycée et du bac qui renforcent le côté élitiste de l’évaluation…, sans compter dernièrement l’ouverture des classes prépas alors que les universités sont fermées, pendant le deuxième confinement.

11Où est passé la « solidarité » #jesuisprof aux personnels de l’éducation, pour cette rentrée où sont piétinés les besoins de concertation entre collègues vis à vis de l’assassinat de S. Paty et le « protocole sanitaire » ?

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