Après l’interdiction faite aux Afghanes de prendre l’avion sans parent masculin et la fermeture des collèges et lycées aux filles, cette nouvelle mesure est la plus sévère restriction à la liberté des femmes depuis le retour au pouvoir des talibans.

Après l’interdiction faite aux Afghanes de prendre l’avion sans parent masculin et la fermeture des collèges et lycées aux filles, cette nouvelle mesure est la plus sévère restriction à la liberté des femmes depuis le retour au pouvoir des talibans.
Le Réseau syndical international de solidarité et de luttes a participé au convoi d’aide des travailleurs à la résistance ukrainienne qui est arrivé dans le pays, précisément à Lviv, le vendredi 29 avril dernier.
Cette initiative émane des membres du Réseau syndical international de solidarité et de luttes. Depuis leur arrivée, se sont rencontrés des syndicalistes et des militants de plusieurs pays comme le Brésil (CSP Conlutas), la France (Solidaires), l’Italie (ADL Cobas), la Lituanie (G1PS), la Pologne (IP – Inicyatywa Pracownicza) et l’Autriche (RCIT), ainsi que des résistants d’Ukraine.
Le 29 avril, environ 800 kg de dons destinés à la population de cette région ont été remis directement au président du syndicat indépendant des métallurgistes et des mineurs de la ville de Kryvyi Rih, le militant Yuri Petrovich. L’initiative, soutenue logistiquement par l’organisation Sotsyalnyi Rukh [Mouvement social], a été considérée comme un succès.
Le convoi a suivi les conseils de l’organisation de résistance des travailleurs de Kryvyi Rih et a donné la priorité à l’envoi de produits d’urgence tels que des médicaments, des trousses de premiers secours, des aliments secs, des aliments pour bébés prêts à l’emploi, ainsi que des batteries et des générateurs, ressources nécessaires dans une situation de pénurie critique de l’approvisionnement en nourriture et en médicaments, ainsi qu’en électricité et en chauffage.
Kryvyi Rih est le centre industriel du pays et comptait environ 615 000 habitants. Actuellement, la ville se trouve à 60 km des troupes russes. Selon M. Petrovich, plus de 3 000 membres du syndicat se sont enrôlés dans les forces de résistance.
Comme nous l’avions déjà signalé dans de précédents rapports sur le convoi, « de nombreuses femmes sont restées dans le pays parce qu’elles ont décidé de ne pas abandonner leur conjoint ou de s’occuper des personnes âgées ou des enfants restés au pays. Ce sont des mères, des sœurs ou des filles, qui survivent difficilement dans des conditions de pénurie dans la distribution de nourriture, de médicaments, d’eau, d’énergie et de gaz ».
Et ce soutien doit être non seulement maintenu, mais aussi de plus en plus renforcé.
Le Service national des gardes-frontières de l’Ukraine a indiqué que le nombre de civils qui rentrent aujourd’hui dans le pays s’élève à environ 30 000 par jour. En raison de la contrainte militaire, presque tous ceux qui franchissent la frontière sont des femmes et des enfants. Ils représentent 90 % des réfugiés du pays.
En raison de ce mouvement de retour, nous devons renforcer, toujours plus, la nécessaire coopération de classe au-delà des expressions publiques et des motions de soutien.
Avec le convoi, nous affirmons une solidarité internationaliste pratique et concrète et nous continuerons à faire campagne pour la défense de ces travailleurs, qui avec peu de ressources ont opposé une ferme résistance aux envahisseurs russes.
Le Réseau syndical international de solidarité et de luttes a marqué le 1er mai aux côtés de la délégation internationale qui composait le convoi.
En raison de la loi martiale en vigueur dans le pays, la manifestation de la Journée internationale de lutte de la classe ouvrière s’est déroulée à huis clos. L’événement a eu lieu au Hhat Khotkevych Lviv, le palais municipal de la culture de Lviv.
Plus de 50 personnes ont participé à l’évènement. Parmi elles, 19 étrangers ont participé à l’initiative de solidarité internationale. Ils venaient d’Autriche (RCIT), du Brésil (CSP-Conlutas), de France (Solidaires), d’Italie (ADL Cobas), de Lituanie (G1PS) et de Pologne (IP – Inicyatywa Pracownicza.
Plusieurs questions ont été abordées, telles que la réforme du travail, l’impact de la guerre sur les personnes et les problèmes mentaux, le stress et la dépression, la situation des femmes, ainsi que la situation des travailleurs.
Lors de la rencontre, les travailleurs des mines de la ville de Kryvyi Rih ont participé par vidéoconférence aux débats et ont pu dialoguer et remercier cette expression de la solidarité internationale de classe.
Nous avons célébré le 1er mai à Lviv et nous nous sommes réjouis de la réussite de ce convoi en soutien à la résistance ouvrière ukrainienne.
Vive la lutte internationaliste !
La ville où s’est rendu le convoi est considérée comme stratégique et est dans le collimateur de l’armée du Kremlin depuis un certain temps.
Non seulement parce qu’il s’agit d’un important centre industriel minier et sidérurgique, proche de territoires pris par l’armée de Vladimir Poutine, comme la région de Kherson, mais aussi en raison du symbole et de la victoire politique que constitue la conservation de la ville. Kryvyi Rih est la ville natale de Zelensky et permet l‘accès à la région d’Odessa tant désirée par le Kremlin.
Le chef de l’administration militaire de Kryvyi Rih, Oleksandr Vilkul, a déclaré le 24 avril que l’ennemi « prépare une attaque offensive dans notre direction. Dans les jours à venir, nous nous attendons à une éventuelle action offensive”.
Au cours des trois derniers jours, Kyvy Rih a évacué plus de 5 000 résidents venant de la région de Kherson vers différents endroits.
Au total, plus de 100 000 migrants sont passés par Kryvyi Rih et 50 000 sont restés dans la ville, selon les autorités locales.
Jusqu’à présent, l’invasion russe a forcé 5,4 millions d’Ukrainiens à quitter leur pays et plus de 7,7 millions ont fui et sont déplacés à l’intérieur du pays, selon les chiffres officiels des Nations Unies.
En suspendant la dissolution du Collectif Palestine Vaincra, lequel a pour objectif le soutien aux luttes des populations palestiniennes contre l’oppression qui leur est faite par l’État d’Israël, le Conseil d’État vient d’infliger un revers majeur à la politique de répression mise en œuvre par Macron et son gouvernement contre la liberté d’association. En effet, depuis la publication de la loi séparatisme, ces derniers ne cessent de s’en prendre au milieu associatif dont les combats leur déplaisent : des associations luttant contre les discriminations faites aux populations musulmanes mais également luttant sur le terrain de l’antifascisme jusqu’à des médias exprimant ou relayant des positions politiques avec lesquelles ils sont en désaccord.
S’agissant du Collectif Palestine Vaincra, son soutien aux populations palestiniennes réprimées lui ont valu d’être dissout par Darmanin début mars en raison, entre autres, de ses positions et actions en faveur du boycott des produits israéliens commercialisés, de son soutien à la libération de prisonnier·es palestinien·nes ou encore pour ne pas avoir modéré des propos considérés comme haineux sur les réseaux sociaux, actes qui seraient de nature selon le gouvernement à favoriser le terrorisme.
Le Conseil d’État a répondu le 25 avril en procédure de référé que les griefs sont infondés, précisant notamment que « l’appel à boycott de produits israéliens qui est une modalité particulière d’exercice de la liberté d’expression ne saurait constituer en lui-même une provocation ou une contribution à la discrimination à la haine ou à la violence contre un groupe de personnes ». Il n’y a dès lors aucun motif à dissolution et le Conseil d’État conclue que le décret de dissolution est manifestement entaché d’un doute sérieux sur sa légalité. Quand il examinera dans quelques mois ce décret au fond, il y a de sérieuses probabilités que celui-ci soit envoyé à la poubelle d’où il n’aurait jamais dû sortir. En attendant le Collectif Palestine Vaincra est réhabilité et les arguments du Conseil d’État attestent de la légalité de nombre de combats légitimes en faveur des populations discriminées et opprimées.
C’est assurément une grande victoire dont l’union syndicale Solidaires, intervenante volontaire dans ce procès, se félicite. Elle démontre toute la nocivité de la loi séparatisme dont l’ensemble des dispositions doivent être abrogées et elle permet d’avoir de nouveaux éléments de droit à opposer dans les batailles juridiques contre la campagne BDS. Cette victoire renforce notre détermination à lutter toujours plus contre toutes les discriminations et oppressions, où qu’elles se situent et contre les mesures liberticides destinées à entraver nos combats pour la justice sociale !
Deux mois de guerre en Ukraine – Intervention de Solidaires78
Sur la place de la mairie à 15h la plupart des organisations présentes ont pris la parole : UL CGT Poissy, Mouvement de la Paix Poissy, FSU 78, LDH Poissy, Attac78 Nord, Secours Populaire Poissy, L’ARAC et Solidaires 78 devant 80 personnes. La chorale des Couacs a chanté plusieurs fois des chants anti-guerre et de lutte.
Intervention Solidaires 78
Il y a 2 mois, exactement jeudi 24 février, Poutine a commencé sa guerre en Ukraine.
Une invasion militaire russe inacceptable contre le peuple ukrainien !
Aujourd’hui, des rassemblements ont lieu, à Paris, dans de nombreuses villes et pays.
« Stop à l’agression russe en Ukraine ! Pour une Ukraine libre et souveraine pour les travailleuses et travailleurs ! » est notre position commune au sein du Réseau syndical international de solidarité et de luttes, dont l’Union syndicale Solidaires est membre fondateur.
Les conséquences de cette guerre sont dramatiques en termes de déplacement de populations, de régression des conditions de vie des habitantes et habitants, de régression des libertés syndicales et des
libertés démocratiques.
Les travailleurs, travailleuses, le peuple, subissent la mort par milliers, la privation de liberté, les viols de masse –des femmes des enfants et des hommes-, le pillage, la destruction des habitations, des services,
des commerces, de l’infrastructure des villes.
La guerre ne profite qu’aux puissants, aux marchands d’armes et aux capitalistes.
Contrairement à ce que les gouvernements, le patronat et la bourgeoisie européennes voudraient nous faire croire, il y a déjà beaucoup d’autres
guerres dans le monde ! Pas de tri entre les guerres !
Les guerres sont alimentées par les ventes d’armes de ceux qui font semblant de regretter cette guerre en Ukraine.
Être contre la guerre, c’est rejeter le militarisme, la course aux armements, les ventes d’armes.
Nous condamnons et dénonçons l’agression de la Russie contre l’Ukraine et exprimons notre entière solidarité avec le peuple attaqué.
Nous apportons notre plein soutien aux syndicalistes indépendants d’Ukraine et de Russie, mais aussi de Biélorussie, de Pologne et de Moldavie.
Aujourd’hui nous réaffirmons plus que jamais :
• Troupes russes hors d’Ukraine !
• Troupes et bases américaines hors des pays d’Europe ! Dissolution de l’OTAN !
• Soutenons celles et ceux, en Russie, qui rejettent la politique de Poutine et qui se battent pour la paix, la solidarité entre les peuples, contre le nationalisme et les extrême-droite.
• Soutenons celles et ceux, en Ukraine, qui rejettent toute politique xénophobe, d’exclusion ou fasciste.
• Condamnons tout tri fait par les dirigeants français et européens entre réfugiés ukrainiens et réfugiés africains, arabes, indiens, asiatiques en Ukraine ou aux frontières de l’Europe.
• Mêmes mesures d’urgence pour tous les réfugiés !
• Intensifions les mobilisations anti-guerre et
appelons à les rejoindre !
Stop à l’agression russe en Ukraine !
Pour une Ukraine libre et souveraine des travailleuses et travailleurs !
Créé en mars 2013 sur la base d’orientations et de pratiques syndicales communes par l’union syndicale Solidaires, la CSP-Conlutas du Brésil et la CGT de l’état espagnol, le RSISL a pour but de fédérer les syndicats de lutte à travers le monde, dans un réseau de syndicalisme offensif, de luttes, et démocratique, autonome, indépendant des patrons et gouvernements, écologiste, internationaliste, construisant le changement par les luttes collectives, combattant contre toutes formes d’oppressions. Plusieurs dizaines d’organisations de tous les continents rejoignent rapidement le réseau.
Lors des rencontres de Dijon, près de deux cents syndicalistes venu-es d’une trentaine de pays se retrouveront pour échanger à la fois sur leurs luttes sectorielles (éducation, rail, banque, commerce, journalisme, santé…), mais aussi sur des luttes transversales (lutte des femmes, autogestion / contrôle ouvrier, écologie, colonialisme…).
LES ORGANISATIONS MEMBRES DU RÉSEAU SYNDICAL INTERNATIONAL DE SOLIDARITÉ ET DE LUTTE
Organisations syndicales nationales interprofessionnelles
Organisations syndicales nationales professionnelles
Organisations syndicales locales
Organisations syndicales internationales
Courants, tendances ou réseaux syndicaux
L’Union syndicale Solidaires participe à l’organisation de convois syndicaux pour l’Ukraine. Elle y travaille notamment avec d’autres organisations syndicales de France et avec le Réseau syndical International de Solidarité et de Luttes.
Notre engagement est syndicaliste, nous défendons les travailleurs et les travailleuses, quel-les qu’ils et elles soient, en particulier quelques soient leurs origines ou nationalités.
Notre solidarité, de tout temps, est internationale parce ce que nous savons que, en temps de guerre, ce sont les peuples, ceux et celles qui travaillent qui sont les victimes, et que nous pouvons l’être aussi ici demain. Nous avons exprimé cette solidarité internationaliste à de nombreuses autres occasions. Aujourd’hui, l’Ukraine est agressée militairement.
Nous récoltons de l’argent pour les syndicats et les travailleurs et travailleuses d’Ukraine et nous achèterons selon leurs besoins. Nous ne récoltons pas de biens matériels à ce stade. Nous agissons à la demande des syndicats là bas.
L’argent récolté leur sera destiné, la logistique des convois étant financée sur les fonds de l’union syndicale Solidaires.
Nous rencontrerons nos contacts syndicaux physiquement si eux et nous le pouvons. Nous rendrons compte à notre retour des montants reçus, des actions, des personnes rencontrées.
L’association « Convoi syndical » qui a participé à de nombreuses actions de solidarité héberge nos dons. Les syndicats, sections syndicales, syndicalistes, travailleurs et travailleuses peuvent :
→ faire un chèque à l’ordre de « Convoi syndical » et l’envoyer à Solidaires, 31 rue de la Grange aux belles, 75010 Paris (en indiquant « convois syndicaux » sur l’enveloppe)
ou
→ effectuer un virement sur le compte du Convoi syndical : 2796496A020 La Banque postale.
appels et tribunes
international
conflits armés et guerres
Pour réagir à l’agression de la Russie poutinienne contre l’Ukraine, les éditions Syllepse (Paris), Page 2 (Lausanne) et M Éditeur (Montréal), les revues New Politics (New York), Les Utopiques (Paris) et ContreTemps (Paris), les sites À l’encontre (Lausanne) et Europe solidaire sans frontières, le blog Entre les lignes entre les mots (Paris) et le Réseau syndical international de solidarité et de luttes se sont associés pour coéditer Liberté et démocratie pour les peuples d’Ukraine.
Vous trouverez en fichier joint le premier volume de ce livre. Le volume 2 est en préparation.couverture
La guerre ne profite jamais qu’aux puissants, aux marchands d’armes et aux capitalistes. Les travailleuses et les travailleurs, les populations, vont subir les morts, les privations de libertés, les viols et pillages, les destructions. Les conséquences militaires et économiques dépassent le territoire de l’Ukraine et vont concerner pleinement la population française.
Les impérialismes russes et occidentaux, avec l’OTAN, s’affrontent sur un nouveau terrain. Ce sont les droits des peuples et les libertés qui sont en danger. Le bruit des bottes se fait de plus en plus fort derrière les discours martiaux.
L’Union syndicale Solidaires appelle à participer à l’ensemble des rassemblements et mobilisations des jours à venir contre la guerre.
Nous exigeons la paix, immédiatement !2022 02 24 Stop à la guerre en Ukraine
Article extrait du site
Informations sur la situation des droits humains en Algérie
François Gèze, 73 ans, éditeur, membre d’Algeria-Watch, Algeria-Watch, 15 janvier 2021
Quand est survenu le coup d’État du 11 janvier 1992, je n’avais découvert les réalités de l’Algérie et de son histoire que depuis quelques années. Ayant pris le relais de François Maspero à la tête de la maison qu’il avait fondée en 1959 (devenue La Découverte en 1982), j’avais fait la connaissance d’auteurs algériens prestigieux qu’il avait publiés, au premier rang desquels l’immense Mouloud Mammeri, qui m’a beaucoup appris sur les réalités algériennes. Puis, après avoir voyagé à plusieurs reprises en Algérie, j’ai eu le privilège de faire la connaissance d’Hocine Aït-Ahmed, qui m’a permis de l’accompagner lors de son mémorable retour d’exil dans son pays, en décembre 1989. Un moment inoubliable.
La même année, grâce à notre amie commune José Garçon, journaliste à Libération et très fine connaisseuse de l’Algérie, j’avais publié le livre d’Aït-Ahmed L’Affaire Mécili, en hommage à son compagnon de toujours Ali Mécili, assassiné en mai 1987 à Paris par un tueur de la Sécurité militaire (SM), la police politique algérienne. Aït-Ahmed y décortiquait le rôle central joué depuis l’indépendance par la SM au cœur du régime, instrument essentiel de contrôle de la population. Malgré les espoirs soulevés par l’« ouverture démocratique contrôlée » ayant suivi la terrible répression des émeutes populaires d’octobre 1988, je savais donc que les chefs de l’armée et de la SM étaient toujours en embuscade pour préserver leurs intérêts, devenus économiques autant que politiques, grâce au contrôle de filières de corruption leur rapportant chaque année des milliards de dollars. Aussi, le coup d’État annulant la victoire électorale du FIS n’était pour moi qu’une demi-surprise : les généraux avaient déjà, sept mois plus tôt, organisé un premier putsch pour se débarrasser du gouvernement des « réformateurs », qui entendaient en finir avec la corruption systémique ; cette fois, c’est d’abord parce qu’ils redoutaient l’appropriation par les islamistes de leurs réseaux d’enrichissement occulte que les généraux ont décidé d’empêcher leur arrivée au pouvoir.
En revanche, je n’imaginais pas que la violence répressive immédiatement déchaînée par les « janviéristes », emmenés par les généraux Khaled Nezzar, Larbi Belkheir, Mohammed Médiène, Mohammed Lamari et Smaïl Lamari, allait s’emballer au fil des mois au point de devenir, pendant des années, une terrible guerre contre la population, moyennant ce que nous appellerons plus tard une véritable « machine de mort ». Reste que, dès 1992, nous étions plusieurs, à Paris, à nous étonner du discours médiatique dominant, qui présentait l’interruption du processus électoral comme une initiative de militaires « républicains » et « laïques » pour sauver la démocratie menacée par la « barbarie islamiste ». Alors que, dans le même temps, des nouvelles de plus en plus alarmantes nous parvenaient sur les violations des droits humains perpétrées aussi bien par les « forces de sécurité » que par les groupes armés se réclamant de l’islam. C’est ce qui a conduit un petit groupe de journalistes et universitaires, français et algériens, réuni à l’initiative de José Garçon, à réaliser sous la signature de Reporters sans frontières l’ouvrage collectif Le Drame algérien. Un peuple en otage, que j’ai publié en juin 1994 (et qui a connu deux rééditions actualisées, en juin 1995 et juin 1996). Ce livre, qui reste une référence, soulevait déjà nombre d’interrogations sur les véritables commanditaires des crimes atroces revendiqués par les « groupes islamiques armés ».
C’est notamment ce travail qui m’a amené à rejoindre le combat d’Algeria-Watch, association créée en Allemagne en 1997 pour dénoncer les violations des droits humains en Algérie, quels qu’en soient les auteurs, militaires ou islamistes. Puis à publier les témoignages extrêmement forts de Nesroulah Yous (Qui a tué à Bentalha ? Algérie : chronique d’un massacre annoncé, 2000) et de Habib Souaïdia (La Sale Guerre. Le témoignage d’un ancien officier des forces spéciales de l’armée algérienne, 2001). L’ampleur de la désinformation mise en œuvre par les janviéristes pour masquer leurs crimes et leurs manipulations de la violence islamiste apparaîtra en pleine lumière lors du procès en diffamation intenté (et perdu) à Paris par le général Nezzar en juillet 2002 contre Habib Souaïdia (dont j’ai publié ensuite les minutes). Et plus encore avec le livre enquête de Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire, Françalgérie, crimes et mensonges d’États (2004), qui donne les clés pour comprendre l’ampleur symétrique des complicités politiques, économiques et médiatiques entre les « décideurs » français et leurs homologues algériens.
Parallèlement, grâce au travail opiniâtre de militants algériens des droits humains, au premier rang desquels les avocats feu Mahmoud Khelili, Mohamed Tahri et Rachid Mesli, ainsi que le médecin Salah-Eddine Sidhoum, nous avons pu, avec Algeria-Watch et d’autres ONG, organiser à Paris en novembre 2004 une session du Tribunal permanent des peuples sur « les violations des droits de l’homme en Algérie (1992-2004) » (dont les rapports font toujours référence). Et depuis lors, nous avons poursuivi patiemment notre action d’information, principalement grâce au site d’Algeria-Watch, dont l’audience est allée croissant au fil des années, en Algérie et ailleurs.
Bien sûr, je suis conscient du fait qu’un tel travail d’information ne pourra jamais, à lui seul, mettre un terme à des décennies d’oppression d’un régime d’autant plus puissant qu’il bénéficie du soutien indéfectible des États occidentaux, la France en tête. Mais je sais aussi qu’il peut, modestement, contribuer à nourrir la détermination de la seule force qui pourra obtenir l’accomplissement de cet objectif de démocratie et de liberté : le peuple algérien lui-même. La formidable mobilisation du Hirak, de 2019 à 2021, en a apporté la preuve. Dans le livre collectif Hirak en Algérie. L’invention d’un soulèvement (2020), nous avons ainsi rendu compte, non sans émotion, de la remarquable lucidité et de l’intelligence politique dont ont fait preuve les millions de manifestant.e.s, y compris celles et ceux nés après le coup d’État.
Trente ans après, ils et elles témoignent que l’espérance et le courage qui avaient permis à leurs aîné.e.s, il y a soixante ans, d’obtenir la libération de leur pays du joug colonial sont toujours bien présents. Une réalité qui ne peut que conforter le devoir de solidarité.