Dans le cadre de ses accueils syndicaux, Solidaires 78 organise un débat-formation “Comment animer une union locale ?” sous forme de lecture en arpentage le mardi 29 mars à partir de 17 heures à la librairie La Nouvelle Réserve (Limay)
Entrée libre et gratuite.
La lecture en arpentage, c’est quoi ?
L’arpentage est une méthode de découverte à plusieurs d’un ouvrage, en vue de son appropriation critique, pour nourrir l’articulation entre pratique et théorie.
Arpentage et éducation populaire
La lecture collective, ou arpentage, est utilisée comme un outil d’éducation populaire. Il ne s’agit pas d’un apprentissage et d’une restitution scolaire, mais bien de s’approprier un texte, de s’en saisir afin de le faire résonner en nous, au sein d’un groupe.
En effet, il est moins question d’en faire un résumé classique que de susciter la réflexion, la remise en question de soi et de ses pensées, de se positionner vis-à-vis de nos expériences et de celles des autres et de populariser la lecture.
Cela va plus loin qu’une lecture individuelle, sans pour autant la remplacer. Celle-ci est militante, puissante. L’objectif est de susciter l’échange, les conversations, de mettre en perspective différents points de vue et les émotions qui naissent à la lecture de l’ouvrage.
Dans l’arpentage, l’élément le plus important est le collectif. Chacun.e, en fonction de son vécu, aura sa manière propre de parler de l’œuvre, et c’est ce qui fait toute la richesse de cette méthode de lecture collective.
La force de l’arpentage est sa fonction revendicatrice : l’accès aux écrits est un moyen de structurer notre propre pensée, partager les lectures permet donc de lutter contre les inégalités d’accès aux connaissances écrites.
L’arpentage en pratique ? Une lecture collective aux formes multiples
L’arpentage peut prendre des formes multiples : chacun.e peut lire une partie de l’ouvrage et la restituer aux autres. L’œuvre peut ainsi être entièrement couverte et mise en commun.
Et matériellement ? Tous les moyens sont bons : emprunter les ouvrages dans des bibliothèques ou à des ami·es, les acheter dans nos librairies indépendantes préférées, photocopier la partie choisie ou même découper le livre de base !
Une autre option consiste à lire à plusieurs un même passage ou chapitre afin de créer une discussion, d’échanger, de mutualiser les points de vue, les interprétations d’un même texte. A coup sûr, il y aura autant d’avis que de lecteur·rices et c’est précisément l’effet qui est recherché.
L’arpentage dans un atelier d’éducation populaire
Objectifs :
– désacraliser l’objet « livre », populariser la lecture
– expérimenter un travail coopératif et critique
– créer une culture commune autour d’un sujet, d’un savoir théorique
– comprendre qu’aucun savoir n’est neutre, que tout point de vue est situé
Origines :
Méthode de lecture collective issue de la culture ouvrière (cercle ouvrier) puis réutilisée par les praticiens de l’entrainement mental pendant la seconde guerre mondiale par des résistants (autour de Dumazedier), diffusée plus largement par Peuple et Culture, mouvement d’éducation populaire, à partir des années 1950. Plus récemment, Jean Claude LUCIEN (Peuple et Culture Normandie) a continué l’élaboration de cette méthode. Christophe CHIGOT (Crefad-Lyon) et Anthony DUROY (Agora Peuple et Culture) l’ont reprise sous une forme et un fond légèrement différent.
Témoignages :
” À Sud éducation 78, on a pratiqué une lecture en arpentage en stage syndical, autour du livre « La force du collectif ». Il y a eu bien sûr des exclamations lorsque le livre a été déchiré, puis chacun·e s’est mis en posture de lecture, a pris connaissance (possession?) de ses pages. J’ai été impressionnée par l’intensité de l’activité mais j’avoue ne plus me souvenir de ce qui en est ressorti.
Je pense que c’est aussi parce qu’il y avait globalement consensus sur l’interprétation et sur la manière dont le livre résonnait en nous.
Si je devais recommencer avec un public adulte, je choisirais plutôt un livre polémique, qui peut déranger. Je pensais à un moment à « Pour une culture du viol à la française », de Valérie-Rey Robert, qui est massif, qui convoque plein de références et… qui bouscule (et c’est un bien!).”
En 2018, plusieurs personnes se sont prêtées au jeu de l’arpentage. Voilà ce qu’elles en racontent.
“Ce que j’ai surtout aimé c’est de pouvoir verbaliser une lecture, je trouve souvent que ce que je lis reste enterré en moi, se décompose et finit aux oubliettes.
Et là en le déterrant, eh bien ça le rend vivant directement, ça me laisse plus de souvenirs sur cette lecture. Ça me permet de me la rappeler et d’entendre des anecdotes des autres personnes autour du livre. C’est très actif. “
“J’ai adoré ce moment. Et je suis rentrée avec une tête pleine de livres que je souhaiterais arpenter !”
“Ce que j’ai apprécié c’est de travailler sans stress : pas d’évaluation, pas de compétition, pas d’exigences particulières, juste lire et restituer ce que l’on a compris ou pas. D’avoir lu une partie d’un livre que je n’aurai sûrement jamais lu de mon propre chef et d’en parler avec d’autres personnes avec des sensibilités et des expériences différentes dans un cadre agréable et calme.”
“C’est intéressant de ne pas être toute seule. Ça permet de se lancer. On sent un soutien, ne serait ce que parce qu’il y a des gens autour, un thé, on se dit qu’on va y arriver.
Et puis être obligée de restituer, ça force à trouver ses propres mots. Du coup on retient mieux que lorsque l’on ne fait que le lire. Je suis presque sûre que je serai capable d’en parler.”
“Quand je lis seule, c’est toujours passionnant, mais je ne suis pas capable d’en parler ensuite.
C’est bien de prendre le temps, ensemble.
Je me demandais comment allait se faire les connexions entre les parties. J’avais mon petit chapitre perdu là… Mais peu à peu ça prend forme !”
Pour plus d’info sur la lecture en arpentage, on peut aller voir par là :
http://www.scoplepave.org/pour-discuter
http://la-trouvaille.org/arpentage/