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Dans le privé et le public, un syndicalisme de lutte pour la transformation sociale

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Vers une démocratie autogérée ? Dans et hors de l’entreprise

Trop connotée, difficile à mettre en œuvre sur le plan pratique et contradictoire avec le système capitaliste, pour ses contempteurs, l’autogestion serait reléguée au rang des utopies passées de mode depuis les années 1970. Pourtant, la période montre qu’il est plus que jamais nécessaire de reposer la question de la démocratisation de l’économie et du travail qui concilierait (voire réconcilierait) le rôle de travailleur/travailleuse et citoyen/citoyenne.
La première partie de ce texte est initialement paru dans Cerises la coopérative n°47, mai 2023 (www.ceriseslacooperative.info)

Militante de Solidaires Finances publiques dont elle a été déléguée nationale adjointe, Ophélie Gath est membre du Secrétariat national de l’Union syndicale Solidaires. Elle a publié (avec Vincent Drezet) Argent public pour mieux vivre ensemble. Impôts, dépense publique, service public, protection sociale : et maintenant que fait-on ? Éditions L’Harmattan, 2021.

[DR]

Si pour les gouvernants, la crise démocratique n’existe pas au motif qu’ils ont été élus et qu’ils appliquent un programme dans le respect du cadre institutionnel, nous vivons en réalité la plus grave crise démocratique de ces 50 dernières années. On observer une fracture entre une grande partie de la population et celles et ceux qui exercent le pouvoir. Le président de la République a négligé depuis le début de son mandat les « corps intermédiaires » de toute sorte, et singulièrement les organisations syndicales (si tant est que ce soient des « corps intermédiaires). Malgré des alertes récentes comme la crise des Gilets jaunes, Emmanuel Macron et son gouvernement ont estimé que leur projet était le seul possible et qu’il ne souffrait d’aucune alternative. Dés lors, face au rejet massif du projet de contre-réforme, la seule issue possible pour le pouvoir était de l’imposer, « coûte que coûte » et de veiller à ne tenir aucunement compte de la position des organisations syndicales alors que celles-ci étaient jugées plus représentatives et légitimes que le gouvernement. Les artifices et arguments du pouvoir (l’utilisation de textes constitutionnels, l’absence de vote de l’Assemblée nationale, le 49-3, les déclarations provocatrices ou encore la répression policière ont largement contribué à aggraver la crise.

Ce qui est aujourd’hui rejeté est donc sa manière d’être, de se comporter, ses mesures et la façon dont fonctionnent les institutions, en quelque sorte une crise d’illégitimité de cet ensemble. A contrario, le conflit retraites et les enjeux liés au pouvoir d’achat dans un contexte inflationniste ont réhabilité le rôle et la légitimité des organisations syndicales et du mouvement social. Comment éviter qu’une nouvelle mesure illégitime soit imposée et comment faire vivre une vraie démocratie sociale, dans l’exercice du pouvoir et dans nos entreprises et administrations, sur nos lieux de travail ?  Répondre à ces questions est d’autant plus nécessaire que les enjeux économiques, sociaux et écologiques actuels sont immenses.

La question démocratique se pose à tous les niveaux

Dans le monde du travail, il est urgent d’associer les salarié·es aux décisions de l’entreprise, concerné·es au premier chef. Ceci suppose de donner un véritable rôle aux travailleur·ses et à leurs représentant·es, dans toutes les instances – y compris celles qui régissent les stratégies. La démocratie sur les lieux de travail ne saurait toutefois être réelle si elle reste guidée par les objectifs actuellement dominants. Ceci implique par conséquent de sortir du management actionnarial, avec la finance et les profits pour seule boussole, et préférer des formes de lieux de travail plus coopératifs et solidaires au sein desquels la démocratie sociale s’exprime réellement. Il s’agit aussi ici de refaire sens et de faire rimer conditions de travail et conditions de vie. « L’objet social » de l’entreprise en serait profondément réorienté et les services publics retrouveraient leur sens premier. La démocratie doit également pouvoir vivre et s’exprimer dans les choix concernant la population. De ce point de vue, l’exercice solitaire et de plus en plus intolérant est discrédité.

[Solidaires/Syllepse]

Il nous faut donc revoir le modèle social dominant et faire émerger un autre projet, celui auquel semble aspirer une part croissante de la société au regard de l’érosion intrinsèque du modèle capitaliste qui au-delà de creuser les inégalités, aliène les travailleurs∙ses et pourrit la planète. Cette transformation sociale passe par une forme d’autogestion, laquelle reste cependant à définir et construire collectivement, et qui ne peut être déconnectée des enjeux écologiques.  Dans cette approche, et sans aller dans le détail, la population doit se sentir représentée légitimement avec des consultations des organisations du mouvement social, mais aussi des consultations directes de la population et globalement à réussir le défi de construire une société des égalités, avec le respect des minorités.

La démocratie ne résulte pas en un vote périodique, lequel exclut au passage les personnes qui vivent et travaillent dans notre société, les étranger·es sont privé·es d’un droit fondamental qu’est celui de l’expression, et de participer à une vie collective. Sur la base de règles claires connues et reconnues, la démocratie : c’est partout et tout le temps. Un nouveau contrat social, en somme !

Face à la crise du « travail », quelle voie pour l’autogestion sociale et écologique ?

Le débat sur le travail que la contre-réforme des retraites a, de facto, alimenté le démontre aisément : parler de la place et du rôle du travail, mais aussi de son organisation et de son sens profond est l’affaire de chacun∙e. Dès lors, on ne peut ignorer les enjeux et l’approche d’une organisation dans laquelle les travailleuses et travailleurs auraient une place centrale dans les décisions et qui remettrait en cause le management, l’individualisation et, finalement, l’objectif surdéterminant consistant à dégager un profit capté pour l’essentiel par une minorité d’agents économiques. La question est d’autant plus sensible que, fidèle à sa capacité d’appropriation des concepts pouvant le gêner, le capitalisme porte une approche très individualisée de l’autogestion. Face à celle-ci, qui ferait de l’autogestion un outil au service de la seule rentabilité, il nous faut donc penser une organisation qui place les travailleuses et travailleurs au centre des décisions dans la gestion de la production et la répartition de la richesse créée.

« L’autogestion » à la sauce capitaliste

La flexibilité, la performance ou encore l’évolution du mode de travail redessinerait-elle l’autogestion ? C’est ce que pourrait laisser croire le discours managérial selon lequel il faudrait que la coordination du travail, certains arbitrages ou encore des choix techniques et fonctionnels soient décidés par les travailleurs et travailleuses. A titre d’exemple, dans le secteur privé comme dans le secteur public, les réunions visant à les « associer » pour porter des propositions de simplifications, de revue et d’amélioration des process ou tout simplement pour l’organisation matérielle des open-spaces évoluant vers des flex-offices ont tendance à se multiplier. Il en va de même pour l’organisation du télétravail, de plus en plus répandu. La participation de toutes et tous étant au cœur de ces échanges, cette évolution du travail est par conséquent présentée comme procédant d’une meilleure collaboration et le fruit d’une intelligence collective de l’ensemble des personnels. Ces transformations redéfiniraient le rôle du manager, lequel serait incité à mieux gérer l’humain grâce à des techniques de coaching, de communication et de gestion du stress. Tout cela relèverait donc d’une autogestion positive, car tournée vers la performance et le développement des compétences.

Seulement voilà, outre que ce qu’il faut bien appeler « mode de gouvernance et de management » n’associe pas les citoyen∙nes à l’orientation que doit prendre le travail par exemple, l’objectif reste d’améliorer la productivité pour, in fine, améliorer la rentabilité de l’entreprise et, dans le secteur public comme dans le secteur privé, de réduire les coûts. Évidemment, la propriété de l’entreprise relève ici toujours des actionnaires qui veillent jalousement à leurs intérêts ; en témoignent les versements records de dividendes de ces deux dernières années. Ces dividendes nourrissent non seulement des patrimoines économiques et personnels de plus en plus importants, mais aussi un système de domination, au sein duquel le pouvoir est concentré dans un nombre réduit de personnes et de (très grandes) sociétés, qui pèse sur l’organisation de la vie en société. Cette captation de la valeur apparaît d’autant moins soutenable et supportable que nos sociétés font face à des défis écologiques et sociaux majeurs. Permettre à chacun et chacune de vivre dignement implique d’améliorer la rémunération du plus grand nombre de d’augmenter la part des salaires dans la valeur ajoutée. En outre, financer la transition climatique et réduire les inégalités suppose ainsi des rentrées fiscales, mises à mal par des décennies de politiques fiscales injustes marquées d’une part, par des baisses d’impôt dont les grandes entreprises et les plus riches sont les grands bénéficiaires et d’autre part, par un évitement colossal de l’impôt. Ces politiques ont accru les injustices et nourri une crise démocratique qui est apparue au grand jour au premier semestre 2023.

Lier « travail » et « démocratie » ne saurait donc s’inscrire dans une approche qui fait du capitalisme un système indépassable face auquel il n’y aurait pas d’alternative.

Quelle approche de l’autogestion de demain ?

L’autogestion consiste à penser un travail (ou une activité) dirigé directement par les travailleurs/travailleuses, qui en définissent et suivent collectivement et directement les règles, les normes et les institutions. Il ne s’agit plus ici d’obéir à des consignes décidées en amont. Le refus d’une hiérarchie verticale et d’une division entre « gouvernant∙es » et « gouverné∙es », autrement dit entre patrons ou actionnaires et salarié∙es (direct∙es ou sous-traitants) accompagne cette organisation. Enfin, dans un tel cadre, les citoyen∙nes sont également associé∙es aux objectifs et sont informé∙es de l’évolution du travail d’une entreprise. Toutes les parties prenantes (travailleurs, producteurs, utilisateurs, consommateurs, membres de soutiens divers, etc.) étant concernées, il est en effet légitime qu’elles aient leur place dans les prises de décisions et dans leur mise en œuvre.

Outil d’une véritable transformation sociale, qui doit également poursuivre un objectif écologique, l’autogestion demeure compatible avec des formes d’entreprises coopératives et ce qu’il est convenu de nommer « l’économie solidaire ». Basée sur une remise en cause du fonctionnement managérial et hiérarchique traditionnel, elle n’implique pas pour autant une absence de la division du travail ni par conséquent que tous les personnels fassent tout et n’importe quoi. Elle repose sur le principe fondateur selon lequel elle se concentre sur la participation aux décisions, leur mise en œuvre et sur l’organisation du travail.

Une telle organisation doit donc être structurée afin que les modalités de discussions, de décisions et de mise en œuvre soient claires, démocratiquement décidées ex ante et évaluées ex post. Ce faisant, elle favorise l’implication et l’émancipation de chacun.e. Au fond, si plusieurs modalités pratiques sont possibles (rotation de mandats, contrôle, etc), le principe est que la décision finale est toujours du ressort du groupe formé par les travailleuses et travailleurs. Les décisions et les orientations doivent par ailleurs associer les populations puisqu’elles peuvent directement être concernées sur les conséquences des choix de l’entreprise qu’il s’agisse des conséquences sociales (la politique de l’emploi dans un bassin économique donné) ou environnementales (pour faire face au risque de pollution) par exemple.

« Le patron a besoin de l’ouvrier. L’ouvrier n’a pas besoin du patron… » [DR]

Quelle forme pourrait prendre les entreprises autogérées ? On peut évoquer ici les actuelles Sociétés coopératives de production (SCOP), qui reposent sur une gouvernance démocratique. Les salarié∙es ayant le statut d’associé∙e sont en effet nécessairement associé∙es majoritaires de la société et possèdent donc au minimum, ensemble, 51 % du capital social. Aucun∙e associé∙e ne peut détenir plus de la moitié du capital et concentrer ainsi le pouvoir. Lors d’un départ d’un∙e salarié∙e ayant le statut d’associé∙e, le capital qu’il ou elle a investi lui est remboursé, Tous les salarié∙es d’une SCOP n’en sont pas associé∙es, mais ont vocation à le devenir. La forme associative, à but non lucratif, est également une forme d’organisation à prendre en compte. Cet existant constitue en quelque sorte un « point de départ » que rien n’empêcherait de faire évoluer. Dans une action complémentaire à celles des services publics, ces organisations nouvelles du travail pourraient également se décliner en Sociétés coopératives d’intérêt général. Celles-ci n’auraient pas vocation à dégager un profit. Organisées autour du principe « un associé = une voix », elles pourraient intervenir dans la prise en charge de certains travaux, par exemple en matière d’isolation thermique des bâtiments publics ou de transports publics de proximité. Là aussi, la population et ses représentant∙es seraient associé∙es aux décisions et à la gestion d’une structure poursuivant par définition un objectif d’intérêt général.

Pour nourrir la réflexion, il peut être utile d’analyser par exemple la façon dont plus d’une centaine de maisons médicales fonctionnent en Belgique. Celles-ci ont en effet remis en cause le fonctionnement hiérarchique traditionnel et offrent une large place aux travailleuses et travailleurs dans la gestion. Si la place centrale revient à l’usager∙e, toutes les parties prenantes travaille ensemble : médecins généralistes, infirmier∙es, travailleurs et travailleuses sociaux, etc. Du fait de leur proximité avec la population, elles occupent une place importante dans les quartiers où elles sont situées.

Si cette nouvelle autogestion peut se concevoir à l’échelle locale voire sur certains secteurs particuliers et dans des structures de taille réduite voire moyenne, rien n’empêche de réfléchir à un mode d’organisation inspiré des mêmes principes dans des structures de grande taille. Chaque salarié∙e peut en effet être associé∙e aux décisions de son unité de travail locale et mandater un ou une représentant∙, qui rendrait compte, pour le niveau que l’on qualifiera ici de plus « global ». Enfin, l’idéal serait qu’au plan national, cette organisation autogérée du travail soit portée dans une orientation politique et mise en œuvre dans le cadre d’une planification stratégique. Sans cela en effet, elle n’apparaîtra que comme un supplément d’âme dans un système inchangé alors qu’elle a vocation à s’inscrire dans une transformation profonde et globale.


Ophélie Gath

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Internationalisme Retraites

Bulletin international Unirs mai 24

Et voici le sixième bulletin lié à l’actualité de nos activités syndicales internationales, notamment à travers le Réseau syndical international de solidarité et de luttes .

Au sommaire du bulletin international de l’UNIRS n°6 de mai 2024 :

  • Argentine : Front des retraité∙es
  • Italie : le numéro 3 de Pensionati uniti
  • Venezuela : les retraité∙es refusent la misère
  • Italie : des promesses aux décrets, il y a de la marge !
  • Rencontre européenne de retraité∙es

Argentine : Front des retraité∙es

Le Frente de Jubilados en Lucha (FREJEL) a manifesté, le 28 février, aux portes de l’Administración Nacional de la Seguridad Social (ANSES) Rosario, situées à Rioja et Sarmiento, pour demander une augmentation de la pension minimale. En outre, ils ont mis en garde contre la forte augmentation des prix de nourriture et de médicaments. Un des responsables du FREJEL a déclaré : « Nous avons toujours manifesté, quel que soit le gouvernement, parce que tout le monde, y compris l’administration péroniste précédente, utilisait les retraités comme variable d’ajustement. »

Un responsable de la Coordinadora de Jubilados y Pensionados de Río Negro a indiqué : « entre décembre et janvier, il y a eu une inflation de 51 %, et l’augmentation des pensions a été de 27,18 %, augmentation que nous ne percevrons que le mois prochain ». Il a précisé que cette perte était systématique depuis au moins 6 ans maintenant.

Italie : le numéro 3 de Pensionati uniti

La revue organise une initiative nationale le 17 mai, à Rome. Le n°3 revient sur la démarche unitaire qui est le fondement du projet lancé en fin d’année dernière : « ce n’est qu’avec une unité large et forte que nous pouvons espérer gagner, et pour cette unité, cela vaut la peine de s’arrêter et même parfois de faire quelques pas en arrière ! L’union fait la force, et ce n’est pas un slogan, mais une réalité dont seuls ceux qui l’ont vécue sont pleinement conscients. […]

Notre revue luttera toujours pour cette unité et pour une pension publique, en refusant les pensions soutenues par les confédérations et les puissances financières dominantes, appelées pensions complémen­taires, et les nombreux et désormais tristement célèbres fonds de pension. »

A travers la publication et diverses rencontres, on retrouve des militants et militants retraité∙es des différents syndicats de base italiens : CUB, ADL COBAS, SIAL COBAS, USB, COBAS, SGB, ORSA, UNICOBAS et SI COBAS.

Venezuela : les retraité∙es refusent la misère

Au Venezuela, les mesures gouvernementales antisociales touchent les travailleurs et travailleuses en activité, mais aussi les pensionné∙es. Le Comité Nacional de Conflicto de Trabajadores en Lucha dénonce : « […] en laissant de côté plus de 5 millions de retraité∙es, en maintenant la pension à 130 bolivars [3,30 €], [la politique gouvernementale] devient une action criminelle qui aggrave encore la misère des personnes âgées, condamnées à mort par le pouvoir exécutif national. » Malgré la répression, comme les attaques violentes envers le rassemblement du 1er mai à Caracas, le syndicalisme indépendant poursuit la lutte pour les droits des travailleurs et travailleuses, y compris celles et ceux en retraite. De nouvelles manifestations sont organisées, un front unitaire est en voie de constitution.

Italie : des promesses aux décrets, il y a de la marge !

Extrait de la lettre du Sindacato Autonomo Pensionati – OR.S.A. (SAPENS-ORSA) : « le 15 mars, les premières “réponses concrètes aux besoins de nos plus de 14 millions de personnes âgées” (comme l’a déclaré l’actuel gouvernement) ont été apportées par le décret législatif n° 29. Et là, la merveilleuse promesse d’un doublement de l’allocation d’accompagnement pour les personnes âgées les plus fragiles et nécessiteuses s’est immédiatement heurtée au financement mis à disposition, une douche glacée […] En résumé, pas plus de 24 500 personnes en bénéficieront [de la couverture économique], soit un peu moins de 3 % des 1,49 million de personnes handicapées et non autonomes de plus de 80 ans […] On le voit, il y a une distance sidérale entre ce qui a été promis dans la loi et ce qui a été alloué dans le décret. Une fois de plus, la montagne a accouché de la souris… C’est au syndicat de faire entendre sa voix – haut et fort – à nouveau. »

Rencontre européenne de retraité∙es

Elle est organisée par « les plateformes et mouvements soussignés de retraités appartenant à différents peuples et communautés de l’État espagnol […] nos plateformes et mouvements de retraités mènent d’importantes mobilisations communes depuis plus de six ans et nous nous caractérisons par la pluralité et l’implication des retraité∙es dans l’organisation et le développement de nos revendications et mobilisations. » L’invitation propose les objectifs suivants :

« Évaluer les possibilités de partage d’un diagnostic concernant les attaques persistantes contre les systèmes publics de retraite résultant des politiques de l’Union européenne et des États membres.

Proposer des objectifs communs possibles pour mettre fin aux politiques de coupes budgétaires et coordonner les dynamiques spécifiques de revendications et de mobilisations qui peuvent être assumées par tous les groupes de retraité∙s des différentes villes européennes. Dans le contexte économique, social et politique actuel, nous considérons qu’il est particulièrement important d’apporter une réponse commune au niveau européen aux attaques continues contre les salaires, les retraites et les conditions de vie et de travail. »

L’Union nationale interprofessionnelle des retraité∙es Solidaires y sera représentée.

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Internationalisme Kanaky

Kanaky : il doit finir le temps des colonies

Solidaires exige le retrait du projet de loi élargissant le corps électoral en Nouvelle-Calédonie et la reprise de la négociation avec les représentant·es du peuple Kanak.

Les parlementaires français⋅es ont adopté cette nuit un projet de loi d’élargissement du corps électoral en Kanaky (Nouvelle-Calédonie). Ce projet de loi s’oppose directement aux revendications du peuple Kanak.

Les manifestations populaires ont fait l’objet d’une répression intense à laquelle participent des colons armés. À l’heure actuelle, les blessé·es se comptent déjà par centaines. Trois manifestant·es ont perdu la vie, ainsi qu’un gendarme. Solidaires adresse ses condoléances à leurs familles et leurs proches.

La situation est grave. Le Haut-commissaire a exprimé publiquement sa crainte d’une guerre civile.  Pour Solidaires, ces drames auraient pu être évités en entamant réellement un processus de décolonisation et en respectant l’esprit de l’accord de Nouméa en associant réellement les représentant·es du peuple Kanak. 

Le gel du corps électoral prévu par l’Accord de Nouméa (après 4 années d’insurrections) s’inscrit dans cette logique : il s’agissait d’organiser la décolonisation : les électeurs, électrices étaient appelé·es à devenir les futurs nationaux d’une Kanaky souveraine à l’issue d’une période de décolonisation pacifique.

On revient complètement sur cette logique aujourd’hui : élargir le corps électoral comme le gouvernement, la droite et l’extrême droite viennent de le décider n’a qu’un seul but : faire en sorte que les Kanak soient minoritaires au sein de la colonie de peuplement qu’est la Nouvelle Calédonie.

Le gouvernement porte directement la responsabilité des événements. Il doit sans tarder se donner les moyens de restaurer la paix civile, en commençant par retirer le projet de loi constitutionnelle sans délai, et entamer sur le champ des pourparlers dans le respect du droit international et des résolutions de l’ONU qui a inscrit l’archipel sur la liste des territoires « non autonomes et à décoloniser ». L’indépendance est inéluctable : réprimer l’aspiration à la liberté du peuple Kanak est vain et ne conduira qu’à de nouveaux drames inutiles.

Solidaires condamne les propos va-t-en-guerre du Président de la République et du ministre de l’intérieur qui ont instauré l’état d’urgence, un mécanisme hérité de la guerre d’Algérie. Solidaires s’oppose fermement à toute intervention armée sur le territoire de Kanaky, et soutient les organisations de lutte contre le colonialisme en Kanaky, en particulier l’Union syndicale des travailleurs Kanak et des exploités (USTKE) et s’investit dans le cadre du collectif français Solidarité Kanaky.

Paris, le 15 mai 2024

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Internationalisme Kanaky

Connaître pour mieux combattre : le colonialisme en Kanaky

Ressources

Bulletins et communiqué du collectif Solidarité Kanaky (dont Solidaires est membre) sont disponibles ici : Bulletin – Collectif Solidarité Kanaky 

Dernière expression de l’USTKE (Solidaires était présente à son dernier congrès) : L’USTKE réagit face aux derniers évènements

En complément : la collection complète de Bwenando, premier journal de Kanaky est ici : Bwenando

Brochure Kanaky Nouvelle Calédonie de Survie : une colonie en lutte pour son indépendance

Visuels du collectif Solidarité Kanaky (des autocollants et affiches du Collectif sont en cours d’impression et seront bientôt disponibles)

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Rail Retraites Transport

Sud Rail : Est-ce que Bruno Le Maire veut gâcher les JO ?

Le cynisme politique, dont la macronie est au summum dans cet exercice, aura décidé d’éjecter le PDG de la SNCF avant l’heure. Bien entendu, la fédération SUD-Rail a combattu la politique d’entreprise menée par Jean-Pierre Farandou ces dernières années qui se concrétise, entre autres, par le plan de liquidation de Fret SNCF et le transfert des premiers cheminots dans des sociétés privées dans le cadre de l’ouverture à la concurrence des TER.

Nous sommes affligés de constater, par cette nouvelle séquence Bashing Cheminot, que le gouvernement considère comme une faute professionnelle qu’une négociation aboutisse à un accord d’entreprise signé par l’ensemble des organisations syndicales.

La fédération SUD-Rail lance un avertissement très sérieux au gouvernement. Il est hors de question de remettre en cause l’accord d’entreprise sur les aménagements de fin de carrière conclu ces derniers jours. Nous combattrons tous les mensonges et procès d’intention qui se multiplient ces dernières heures concernant cette négociation. Les dispositifs signés entre la SNCF et les fédérations cheminotes sont financés par l’entreprise elle-même et donc par la richesse produite par les agents SNCF.

Comme nous l’affirmons avec notre Union syndicale Solidaires, le rapport de forces construit à la SNCF doit être un exemple pour exiger d’ouvrir des négociations similaires dans d’autres entreprises, administrations et branches. Les privilégié·es, dans cette société, ce sont celles et ceux qui nous font des leçons de moral toute la journée alors qu’ils ne contribuent à rien pour l’intérêt général !

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Actu Solidaires 78 Éducation

Contre les groupes de niveau, nous voulons des classes à effectifs réduits, toute l’année !

Contre les groupes de niveau, nous voulons des classes à effectifs réduits, toute l’année !

Notre opposition aux réformes destructrices menées par le gouvernement Macron s’accompagne du projet d’une autre école, inclusive, égalitaire et émancipatrice pour toute la jeunesse.
Parmi les alternatives que nous voulons construire, nous évoquons souvent des classes hétérogènes à effectifs réduits. Mais… des classes à 20, qu’est-ce que ça changerait, réellement ? Comment y travaillerait-on ? En quoi l’accompagnement des jeunes serait-il différent ? Pourquoi est-ce une perspective plus désirable que les groupes de niveau ?

Des conditions de travail et d’études plus favorables

Moins de bruit, moins de fatigue !

Car nous ne travaillons jamais dans le silence : ça discute, ça chuchote, ça rigole aussi parfois, et c’est normal. A 30, c’est infernal. A 20, les élèves sont beaucoup plus libres d’échanger et de discuter entre pair·es car le brouhaha d’une classe à 20 est moindre par rapport à celui d’une classe à 30 élèves. Et au final, c’est la fatigue éprouvée après une journée de cours qui s’en trouve diminuée !

Circuler, bouger, librement !

La classe est plus aérée. Il y a beaucoup moins de tables et de chaises, ce qui permet les déplacements : l’enseignant·e et de l’accompagnant·e d’élève en situation de handicap, surtout lorsqu’elle/il a plusieurs élèves, peuvent circuler dans la classe pour étayer les apprentissages. Les élèves peuvent se déplacer avec ou sans fauteuil roulant, sans chahut pour aller chercher du matériel en autonomie, faire une recherche sur un poste informatique, prendre un manuel, etc.
Contre la domestication et l’immobilité des corps, nous souhaitons une liberté de mouvements, mise au service des apprentissages.

Des espaces différenciés dans la classe !

Au gré des scénarios pédagogiques et des besoins des élèves, il peut y avoir : l’espace cours magistral ; l’espace travail en groupe en îlots sur lesquels les élèves peuvent être autonomes ; l’espace recherche informatique et documentaire ; l’espace travail individuel sur des productions écrites ; l’espace expérimental avec des fac-similés d’archives, d’objets archéologiques ; l’espace musée avec des productions d’élèves ; l’espace conférence avec le tableau numérique ; l’espace explication, avec la professeure expliquant le même point à 3 ou 4 élèves ; l’espace calme, où un·e élève peut s’isoler un moment…
Cette organisation permet également d’offrir une véritable place à chaque élève, contrairement à un groupe beaucoup plus important dans lequel pour certains ou certaines il est plus difficile d’oser prendre la parole.
Enfin, l’espace libéré pourrait permettre d’accueillir un matériel adapté aux besoins : assise ergonomique, tables hautes, tables adaptées aux personnes en fauteuil roulant, etc.

Une pédagogie différenciée, adaptée aux besoins

Connaître chacun·e des élèves, pour mieux les accompagner

Cet effectif réduit permet de prendre la mesure, avec beaucoup plus de précisions, des compétences de nos élèves. Nous avons une connaissance plus fine des différents besoins de chaque élève. Cela nous permet de pouvoir mettre en place beaucoup plus rapidement différents ateliers de travail en fonction des compétences de chacun·e, tout en veillant à ne pas tomber dans l’individualisation des élèves plutôt que dans la différenciation. De même, le risque est de les sursolliciter et de rendre leur journée de 6 heures de travail équivalente à une journée de 8h.
1/3 d’élèves en moins, cela constitue 1/3 de temps en moins pour les corrections. Autant de temps gagné pour penser à tête plus reposée les remédiations et ajuster les accompagnements.

Travailler en ateliers spécialisés
C’est d’abord et avant tout la question pédagogique qui doit primer avant toute considération de gestion des flux ou de rentabilité.
Parfois, nous nous rendons compte que des élèves ont besoin d’un accompagnement très spécifique (lecture non consolidée, alphabétisation des élèves allophones, etc.) : ici, le travail en atelier ponctuel peut être organisé avec l’aide d’un·e collègue de l’enseignement spécialisé.

Apprendre à coopérer !
À 20 on peut faciliter le travail collectif, 5 groupes de 4, ou 4 groupes de 5 pour de vraies équipes, entre élèves de niveau hétérogène évidemment. La coopération permet l’échange de pratiques, d’astuces concernant les apprentissages, mais également la mise en commun des connaissances et des compétences de chacun·e, au profit de tou·tes.
C’est cette coopération entre élèves différent·es qui fera naître la solidarité dans la classe, contre les divisions, l’individualisme et l’esprit de compétition nourris par les politiques gouvernementales.

Les fausses bonnes idées de l’institution :

Expériences de classes de niveau… On pourrait nous rétorquer qu’on aura cet effectif dans les groupes de niveau faible. C’est une fausse bonne idée : il y a 10 ans existait le dispositif « 4eme Aide et soutien ». Prétendument pour aider les élèves à récupérer le niveau et à réintégrer une 3e ordinaire. Résultat : sur les 20 élèves, il n’y en avait que 1 ou 2 qui rejoignaient la 3ème ordinaire. Les autres allaient systématiquement en 3e prépa-pro ou découverte pro et ensuite en voie professionnelle.
Et, il faut bien le dire, le groupe était très passif, réduit à son image de “faible”. Triste.

Des petits groupes… dans de petites salles !

Il arrive souvent que la salle mise à disposition de l’UPE2A (dispositif accueillant les élèves allophones) ne soit pas une salle de classe standard, certaines sont très petite. Les faibles effectifs sont souvent l’argument pour ne pas disposer d’espace suffisant, alors que l’indispensable différenciation nécessite une modulation des espaces et différents lieux pour mettre en œuvre par exemple des ateliers….

Bien sûr, tout ceci demande un tout autre investissement de la part d’un gouvernement qui préfère investir dans le SNU, les groupes de niveau et le Pacte enseignant.

Mais cela demande surtout une autre politique éducative, de celle qui croit en l’éducabilité de tou·tes les élèves et qui vise leur émancipation, et non leur tri et leur domestication.

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(re)Penser notre syndicalisme Grève Histoire

Changer le regard sur la grève

Un article à lire sur le site Ballast pour (re)penser la grève et notre syndicalisme…

« La grève ne se décrète pas, elle se construit. » Souvent entendue dans les AG, parfois critiquée, la formule reste pourtant plus que jamais d’actualité — n’en déplaise à certaines organisations dont le fonds de commerce consiste à taper sur les organisations syndicales en lançant des appels à la grève générale malgré leur peu d’assise chez les travailleurs. Les mobilisations sociales de ces dernières années ont fait apparaître la difficulté à organiser des grèves massives de nature à faire plier le pouvoir. Pour retrouver« les outils nécessaires à la construction d’une grève générale », Loez, membre de notre rédaction, soutient dans cet article qu’une des pistes pourrait être de changer le regard sur cette forme de lutte, qui reste l’arme de prédilection des travailleurs dans la guerre sociale.

Lire la suite…

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