La loi dite « Bachelot » de 2008 a initié la T2A, le financement de l’hôpital à partir du nombre d’actes effectués. D’où une dérive budgétaire de l’hôpital qui se construit depuis autour de la rentabilité de certains actes médicaux, au détriment d’une politique sanitaire anticipatrice capable de faire obstacle à une pandémie… La loi « Touraine » dite de « modernisation de la santé » s’applique depuis le 1er juillet 2016 avec la mise en place des Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT). Pour les hôpitaux publics, les G.H.T. ont accentué des économies d’échelles en regroupant indûment les fonctions transversales : système d’information, fonction achat, logistique, formation… En aggravant le manque de médecins, en centralisant géographiquement les spécialités, en aggravant la baisse des effectifs des personnels, notamment par la mutualisation des équipes. Aujourd’hui, les personnels hospitaliers travaillent en service minimum toute l’année. Ce dispositif GHT a été une véritable attaque contre les établissements publics de soins, affaiblissant entres autres la capacité des services de réanimation. La loi “Buzyn” nommée “Ma santé 2022” accentue la casse de notre système de santé et pousse à la privatisation. Par exemple, en hiérarchisant les hôpitaux par niveau de spécialisation, ne permettant plus un accès aux soins équitable ni de proximité.
La carence de lits et les sous effectifs sont ainsi devenus chroniques.
Nous rappelons que la délocalisation du service oncologie de Meulan à Mantes la Jolie a été un traumatisme certain sur le Val de Seine, tout comme la fermeture de l’Hôpital des Courses à Maisons Laffittes. Et que dire du sacrifice de la cardiologie interventionnelle de Mantes la Jolie…Ces fermetures déstabilisent encore aujourd’hui la répartition territoriale de l’offre de soins.
Depuis le 1er juillet 2016, que contient le projet médical commun entre les établissements des deux GHT des Yvelines ? N’a-t-il pas montré ses limites en cette année ?
Quels sont les impacts de ces nouvelles organisations sur les conditions de travail des soignant·es ? Quelles sont les contraintes engendrées par ces changements ? Comment ont-elles été évaluées et quelles ont été les compensations ?
La pénurie de personnel a déséquilibré encore plus les services.
Quant aux usager.es, a-t-on évalué l’aggravation du transport des patient·es mais aussi de leur entourage qui les visite ? A-t-on pensé aux mesures d’accompagnement, telle la construction de structures familiales permettant l’accueil des accompagnant·es venant de loin durant les hospitalisations des patient·es ?
Ces regroupements de services et de spécialités ont de toute évidence engendré des coûts supplémentaires pour les organismes de protection sociale (transports notamment).
Pour le GHT sud Yvelines, c’est par exemple à l’hôpital de Plaisir le projet d’intégration de la psychiatrie de l’ex-Charcot dans les murs de l’ex-HGMS, qui sert de prétexte à la future externalisation de 110 lits d’EHPAD vers le privé. Mais également tout ou partie de la logistique de l’hôpital de Versailles qui irait au CH Plaisir, Versailles ne voulant sûrement pas s’encombrer de cela. N’est pas « l’hôpital support » qui veut…
La crise du Covid-19 est révélatrice : la politique sanitaire du gouvernement et de ses prédécesseurs est à proscrire, il faut qu’un véritable plan de de relance des hôpitaux et maternités de proximité soit impulsé. Nous ne pouvons pas accepter que soit remise en cause la pérennité de certains établissements comme nous l’avons vécu pour la réanimation ou l’établissement de Meulan par exemple. Nous devons nous donner les moyens collectifs de défendre nos hôpitaux de proximité !
La pseudo-concertation du gouvernement dans le « Ségur » de la santé n’est qu’un enfumage supplémentaire masquant les véritables besoins du service public de la santé et de son personnel. Une augmentation de salaire qui ne s’annonce pas à la hauteur des attentes, rien sur les titularisations des contractuel.les, rien sur le moratoire des fermetures des lits. Ah si, une médaille pour le 14 juillet…
Nous vous proposons de nous réunir vendredi 26 juin à 14h, au sein de la salle des syndicats de l’Hôpital de Poissy pour créer un contre-pouvoir local des syndicats et des collectifs des usagè·res et de toute organisation de progrès social. Des dates de mobilisations nationales sont déjà annoncées les 30 juin et 14 juillet. Nous pourrions dans ce cadre nous organiser sur les Yvelines.