Skip to content

Dans le privé et le public, un syndicalisme de lutte pour la transformation sociale

Catégories
Luttes féministes

Féminisme, travail, syndicalisme

A l’heure où une femme (pour la 1ère fois) est à la tête de la CGT, nous proposons ce texte sur un livre sorti il y a quelques années


« Les syndicats veulent voir les femmes libres, indépendantes, fières, capables de prendre position dans la bataille sociale non en auxiliaire mais en égales, en collaboration, en vue de l’émancipation intégrale » La Bataille syndicaliste, 1913, citée par Maryse Dumas

« les femmes ne constituent pas une catégorie homogène, elles constituent la moitié de l’humanité et bientôt la moitié du salariat ; leurs aspirations sont multiples, liées aussi à leur place diverse dans les différentes catégories de salariés » Maryse Dumas

« le travail n’est pas seulement le lieu principal de la domination, il est aussi le lieu de solidarité et de coopération, de socialisation » Danièle Kergoat citée par Rachel Silvera

« Les chiffres sont les mêmes depuis des années : les femmes gagnent moins que les hommes – un quart en moins, en moyenne » Rachel Silvera

« Face au chômage durable et de masse, le choix des gouvernements successifs a été fait de se servir du travail des femmes comme variable d’justement par le temps partiel et la précarité, plutôt que par la réduction du temps de travail pour tous et toutes » Rachel Silvera

« L’objectif n’est pas de s’aligner sur un modèle masculin mais bien de transformer la société » Sophie Binet

« La mise en opposition des rapports sociaux de sexe et de classe ou l’oubli des uns au profit des autres sert traditionnellement à neutraliser le combat féministe en la coupant du mouvement social » Sophie Binet

« Confier des responsabilités aux militant-e-s qui se dégagent « naturellement » est à la fois discriminant pour les femmes et dangereux pour le syndicat » Sophie Binet

Je ne vais pas discuter ici de la notion de féminisme appliquée à une organisation mixte. Je préfère quant-à moi parler d’orientation pro-féministe, réservant le terme féministe au mouvement d’auto-émancipation des femmes.

Je ne formulerai pas non plus de divergences avec l’histoire reconstruite par Maryse Dumas – cependant beaucoup moins dogmatique et fantasmatique que celle racontée majoritairement dans les années 80 et 90 -, je me contenterai de souligner les points qui me semble aujourd’hui importants.

Les femmes, le travail salarié (le travail domestique fait gratuitement en faveur du ménage et donc des hommes, ainsi que plus globalement les rapports sociaux de sexe dans ce qu’ils ont de plus spécifiques ne sont pas directement abordés, mais leur imbrication avec les rapports sociaux de classe sont pris en compte), les femmes au travail dans les entreprises, les femmes salariées, les travailleuses…

Trois autrices :

  • Maryse Dumas : Un siècle d’émancipation des travailleuses par elles-mêmes… et avec la CGT !
  • Rachel Silvera : Le féminisme passe par le travail
  • Sophie Binet : Les conquêtes sociales passent par la féminisme

Maryse Dumas souligne que « la place des femmes dans le travail d’abord puis dans le syndicat, n’est jamais allée de soi ». Elle aborde, entre autres, les « conférences féminines » organisées de 1923 à 1985, l’invisibilité des femmes travailleuses à la fin du XIXe siècle (30% des travailleurs/travailleuses), la situation de mineure dépendante du mari ou du père, le poids des traditions religieuses, les positions misogynes de Pierre-Joseph Proudhon, le fait que les femmes ont toujours travaillé, l’« affaire Couriau », l’adoption d’une « résolution hostile au travail des femmes », le fédéralisme, la journée de huit heures, le principe « A travail égal, salaire égal », celles qui durant la première guerre mondiale et l’union sacrée (à laquelle la majorité de la CGT participa) déclarèrent « guerre à la guerre », les conférences et commissions « féminines » à la CGTU « sans créer une organisation parallèle ou autonome des femmes », la réunification syndicale de 1936 et l’absence de la participation de femmes, la Résistance et la longue occultation de la participation de femmes, l’identité de classe (qui ne serait pas sexuée !), les premiers stages syndicaux spécifiques aux femmes, la double journée de travail (mais le silence sur l’auto-dispense des hommes pour le travail domestique), les luttes des employées, Madeleine Collin, Antoinette, l’exigence d’abrogation de la Loi de 1920, la réduction du temps de travail sans réduction de salaire, l’opposition au temps partiel et l’exigence d’un autre partage des tâches, l’absence de femmes dans la délégation aux discussions de Grenelle, des revendications dont certain·es estiment qu’elles ne relèvent pas du champ syndical, le droit à l’IVG (mais le silence sur le MLAC), la conférence « Les femmes salariées aujourd’hui », l’« activité engluée dans une spirale de crises internes », Chantal Rogerat puis la fin d’Antoinette, l’hétérogénéité de la catégorie femme (mais il en est de même de la catégorie salarié·e ou prolétaire), « C’est donc la conception générale de la CGT qu’il faut changer ! », un siècle se termine et une autre page est désormais ouverte…

Des encadrés nous rappellent Marie Saderne ; la première bataille pour l’égalité salariale : le institutrices dans les années 1910 ; Lucie Baud ; Les grèves de 1917 : des midinettes aux munitionnettes ; 1925 : « A travail égal, salaire égal », la lutte des dames des PTT ; Juin 36 : grève dans les grands magasins ; Marie Guillot ; Aux origines de la journée internationale de luttes pour les droits des femmes du 8 mars…

Comme l’indique Rachel Silvera, les revendications féministes pour un droit au travail et des salaires égaux ont eu une place particulière. L’autrice réaffirme la centralité du travail dans les combats féministes. Elle aborde, entre autres, les reconfigurations des inégalités au travail, le fait que les femmes ont toujours travaillé (on ne le répétera jamais assez), les 2,3 millions d’ouvrières en 1914, les illusions d’optique des mesures statistiques, le caractère longtemps suspect du travail des femmes, les conquêtes faites par les femmes (dont « leur niveau d’éducation et leur progression parmi l’encadrement »), l’absence de réelle mixité des emplois, la persistance d’inégalités, le spectre du salaire d’appoint, la prise en compte de la situation familiale des femmes mais pas de celle des hommes, les abattements historiques sur les salaires des femmes, la tolérance à l’inégalité lorsqu’elle concerne les femmes, la naturalisation de compétences acquises (les soi-disant aptitudes des femmes)…

L’autrice analyse notamment la croissance de l’emploi à temps partiel comme « fruit des politiques de l’emploi », le sous-emploi imposé aux femmes, « ce temps partiel se traduit par des salaires partiels, mais aussi par des carrières partielles et au bout du compte des retraites partielles », les choix sous contrainte, la ségrégation professionnelle, les plafonds de verre et les parois de verre, le salaire égal pour un travail de valeur égal, la dévalorisation des critères définissant la plupart des emplois à prédominance féminine, l’invisibilisation ou la sous-estimation de la pénibilité, les effets de la maternité (dont la suspicion générale sur la maternité potentielle des femmes au travail), les critères de présentéisme et de disponibilité, l’articulation travail famille qui ne semble concerner que les femmes, les raisons du faible effet du congé parental, les primes en moins, les retards de carrière en plus, le plancher collant, les conséquences des inégalités salariales sur les retraites et leur aggravation ave les contre reformes encours (en complément possible, Christiane Marty : Réforme Delevoye : un projet régressif, /reforme-delevoye-un-projet-regressif/), les femmes travailleuses pauvres…

Rachel Silvera met en avant pour permettre d’avoir une vie décente, « droit à un mode d’accueil accessible pour les enfants, accès à la formation et aux transports, accompagnement vers l’emploi… », la fin de la référence à la situation familiale et l’individualisation des droits sociaux, « l’individualisation des droits sociaux, et notamment des minima, donnerait une plus grande autonomie financière à toutes les femmes, et aussi la possibilité de divorcer, quand elles le souhaitent… » (il faudrait ajouter l’imposition fiscale unipersonnelle). Comment construire l’égalité si certain·es sont encore considéré·es, non comme des individus plein·es et entier·es, mais comme des membres secondaires d’une unité « matrimoniale » existante ou supposée ?

Sans oublier les indicateurs pour mesurer les inégalités, un partage non réalisé des taches domestiques et familiales, des politiques d’égalité… inégalitaires, des réglementations pour les entreprises qui par leur méthodologie (cinq critères, catégories professionnelles, seuil de pertinence) dispensent les grandes entreprises d’actions de rattrapage de salaire…

« C’est par la lutte et un rapport de force en faveur de toutes les femmes salariées que la plupart des avancées ont eu leu, et c’est encore par de telles mobilisations que l’on parviendra à avancer encore, à mettre fin au temps partiel précaire, à revaloriser les emplois à prédominance féminine et à avancer vers l’égalité salariale »

Des encadrés nous rappellent Emma Couriau ; Eté 1953 : la grève de la fonction publique ; Rose Zehner ; Les ouvrières du textile dans le nord en juin 1968 ; 1078 grève à Moulinex ; Les « filles de Chantelle » la grève de l’hiver 1981-1982 ; Martha Desrumaux.

Sophie Binet discute les conquêtes sociales dues au féminisme, l’ordre établi bousculé par les mobilisations de femmes, les enjeux d’émancipation des femmes et de lutte contre le racisme, le renouveau du féminisme et la question des femmes dans la CGT, l’articulation des rapports sociaux de classe et de sexe (il faudrait ajouter au moins les procès de racisation), la nécessite du prisme de genre, « mettre les lunettes du genre pour examiner chaque question, faute de quoi l’universel sera masculin », l’interaction des inégalités au travail et dans la société, les clichés sexistes, la mixité, la remise en cause des rapports de domination et de pouvoir masculin, le #8mars15h40 et l’heure symbolique où les femmes cessent d’être payées…

L’autrice analyse notamment les écarts de rémunération et de déroulement de carrière, la question du temps partiel, « tout sauf un outil permettant une meilleure articulation des temps », comment rendre visibles les discriminations, la revalorisation des métiers à prédominance féminine, l’individualisation des rémunérations, la place de la négociation collective, « Mettre fin aux discriminations, est-ce bien le rôle de la négociation collective ?» – la loi et les législateurs/législatrices doivent de garantir l’application du principe fondamental qu’est l’égalité -, les actions juridiques de groupe, un service public de la petite enfance…

Sophie Binet souligne que les violences sexistes et sexuelles sont au fondement des rapports de domination. Elle parle des violences au travail, du soupçon qui pèse sur les femmes qui les dénoncent, de la honte qui doit changer de camp, du sentiment d’illégitimité, de la socialisation sexiste des médecins, des actes et agissements aux seins des syndicats, des freins et des leviers à la prise de responsabilités syndicales, des clichés de genre, de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans la CGT, de ce qui entretient le fatalisme…

Des encadrés nous rappellent 1988 la coordination des infirmières « ni bonnes, ni nonnes, ni connes » ; Marie Couette ; Les caissières de supermarché Carrefour Grand Littoral « marre d’encaisser en silence » (février 2008) ; 2012-2019 : grève des femmes de chambre de grands hôtels ; Madeleine Colin ; 2018-2019 : la lutte des assistantes maternelles (« assmats ») ; Christiane Gilles.

Une contribution syndicale. Reste que la construction d’un mouvement féministe puissant dans les entreprises, s’il peut s’appuyer sur des espaces syndicaux spécifiques ou non, nécessite aussi des structures autonomes, non mixtes et auto-organisées par les femmes, dépassant les clivages syndicaux et catégoriels…

Sophie Binet, Maryse Dumas, Rachel Silvera : Féministe, la CGT ?
Les femmes, leur travail et l’action syndicale
Les éditions de l’atelier, Ivry-sur-Seine 2019, 192 pages, 17 euros

Didier Epsztajn


En complément possible :
Nicola Cianferoni : Travailler dans la grande distribution. La journée de travail va-t-elle redevenir une question sociale ?, le-retour-de-la-journee-de-travail-au-coeur-de-la-question-sociale-du-xxie-siecle/
Convention (n° 190) sur la violence et le harcèlement, 2019, convention-n-190-sur-la-violence-et-le-harcelement-2019/
Sous la direction de Margaret Maruani : Je travaille, donc je suis. Perspectives féministes, penser-lemancipation-construire-legalite-reelle-entre-les-femmes-et-les-hommes/
Sous la direction de Margaret Maruani : Travail et genre dans le monde – L’état des savoirsdans-le-monde-du-travail-les-femmes-sont-partout-legalite-nulle-part/
Margaret Maruani et Monique Meron : Un siècle de travail des femmes en France 1901-2011L’apport de la force de travail des femmes a toujours été massif et indispensable
Rachel Silvera : Un quart en moins. Des femmes se battent pour en finir avec les inégalités salarialespour-les-femmes-rien-nest-egal-par-ailleurs/
Coordonné par Xavier Dunezat, Jacqueline Heinen, Helena Hirata et Roland Pfefferkorn : Travail et rapports sociaux de sexe. Rencontres autour de Danièle Kergoatun-rapport-social-ne-peut-pas-etre-un-peu-plus-vivant-quun-autre-il-est-ou-il-nest-pas/
Sous la direction de Jules Falquet, Helena Hirata, Danièle Kergoat, Brahim Labari, Nicky Le Feuvre, Fatou Sow : Le sexe de la mondialisation. Genre, classe, race et nouvelle division du travaille-genre-est-un-organisateur-cle-de-la-mondialisation-neoliberale/
CGT, F.S.U, Union syndicale SolidairesToutes à y gagner. Vingt ans de féminisme intersyndical, dans-le-monde-du-travail-les-femmes-sont-tout-sauf-une-minorite/
Intersyndicales femmes : CGT, FSU, Solidaires : Journées intersyndicales femmes, formation-débat des 29 et 30 mars 2018, indispensable-prise-en-compte-des-femmes-dans-lanalyse-des-rapports-sociaux/

Catégories
Actu Solidaires 78 Dans les Yvelines, une classe en lutte... Éducation En grève ! Énergie Enseignement supérieur, recherche Luttes féministes Luttes logement Rail Retraites Revue de presse

Dans les Yvelines, une classe en lutte, épisode n° 48

Au sommaire : Mantes, Versailles, Magnanville, Rambouillet, Guyancourt, Buchelay, Beynes, La Queue-Lez-Yvelines, Limay…

Une classe en lutte dans les Yvelines !


Petit tour d’horizon des mobilisations sociales dans le département… Liste forcément non-exhaustive, n’hésitez pas à nous transmettre vos infos à contact@solidaires78.org


Source : 78actu.fr
Source : 78actu.fr
Source : Le Parisien
Source : 78actu.fr
Source : 78actu.fr
Source : 78actu.fr
Source : 78actu.fr
Source : 78actu.fr
Source : 78actu.fr
Source : 78actu.fr
Source : 78actu.fr
Source : 78actu.fr
Source : 78actu.fr
Source : 78actu.fr
Source : 78actu.fr
Catégories
En grève ! Luttes féministes

Communiqué de presse du comité d’organisation de la #GrèveFéministe #8mars2023 : Journée de mobilisation historique pour les droits des femmes

La journée internationale de lutte pour les droits des femmes a été le signe d’une très forte mobilisation nationale : 70 000 personnes à Paris, plusieurs centaines de milliers partout en France pour près de 200 mobilisations. Ces chiffres sont historiques.

Quelques images du rassemblement du 8 mars à Mantes


Le mot d’ordre était commun : toutes les femmes s’opposent à la réforme des retraites. Les organisations syndicales et associations féministes ont manifesté pour faire des femmes les grandes gagnantes en obtenant le retrait de la réforme des retraites.

Emmanuel Macron et son gouvernement l’ont compris : le 8 mars a été pour eux l’occasion de présenter des mesures censées améliorer les droits des femmes. Le plan interministériel présenté par la Première ministre ne contient pourtant aucune mesure sur la revalorisation des salaires. L’extension de l’index égalité professionnelle à la fonction publique et le conditionnement de l’accès aux marchés publics aux entreprises ayant une bonne note ne changera rien aux 28% d’écart de salaire. Aucune mesure non plus sur la création d’un service public de la petite enfance. Pourtant, 80% des salarié.es à temps partiel sont des femmes notamment car elles sont majoritairement en charge des enfants et des proches en situation de dépendance.

Le plan interministériel met l’accent sur la lutte contre les violences sans, pour l’instant, une réelle augmentation du budget associé. 2 milliards pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles : voilà ce qu’aurait dû prévoir ce nouveau plan d’action.

Rien non plus sur une réelle mise en œuvre de la loi de 2001 sur l’éducation à la vie sexuelle et affective. Pourtant, c’est l’éducation, la prévention et la formation qui permettront de construire une société plus égalitaire.

Les femmes migrantes, précaires et étrangères sont les grandes oubliées de ces annonces. Garantir l’égalité pour toutes, c’est prendre en compte toutes les femmes.

Enfin, l’annonce de la constitutionnalisation de l’IVG est une victoire pour les droits des femmes. Les associations féministes et les parlementaires de gauche se battent depuis des années pour l’obtenir. Nous attendons de ce projet de loi que le droit à l’IVG soit garanti dans la constitution comme étant un droit fondamental et une liberté, condition indispensable pour sécuriser ce droit pour les années à venir. Cette annonce doit maintenant suivre avec l’amélioration concrète de l’accès à l’avortement en France.

Le comité d’organisation de la #GrèveFéministe du 8 mars appelle à poursuivre les mobilisations dès demain avec les organisations de jeunesse, samedi pour la mobilisation intersyndicale et tous les autres jours.

Sans les femmes, le pays est à l’arrêt

Catégories
Actu Solidaires 78 Luttes féministes

Du 4 au 8 mars : mobilisations féministes

4 mars

Manifestation à Mantes – départ 10 heures de la collégiale

Événement féministe de 15h à 19h à Paris : nombreuses interventions et moments festifs 


Rendez-vous locaux pour le 8 mars journée internationale pour les droits des femme et grève féministe :   

Mantes de 11 h à 12 h : rassemblement animé par les Fffrac devant la mairie – départ en car à la manif parisienne ( République -Bastille)
Les Mureaux : 20 h ciné-débat au cinéma Frédéric Dard : La Syndicaliste : avec Isabelle Hupert, en lanceuse d’alerte chez Areva (histoire réelle) – proposé par la mairie et participation au débat d’Attac 78 Nord.

Catégories
Actu Solidaires 78 En grève ! Luttes féministes

8 mars grève féministe ! Grandes Gagnantes : le retour

Le 8 mars, ce n’est ni la fête des mères, ni la fête des femmes, c’est la journée internationale de lutte pour les droits des femmes.

Nous appelons à la grève féministe en solidarité avec nos sœurs du monde entier, notamment iraniennes, afghanes et kurdes qui subissent une remise en cause de leurs droits fondamentaux et qui payent parfois de leur vie leur résistance acharnée à l’oppression. Nous soutenons nos sœurs ukrainiennes confrontées à une guerre cruelle et meurtrière dont un grand nombre vit en exil ou ont à affronter la peur des bombardements et les exactions des soldats russes. Nous soutenons nos sœurs féministes russes qui manifestent contre ces menées militaristes au prix souvent de leur liberté.

Nous appelons à la grève féministe pour gagner l’égalité au travail et dans nos vies, pour garantir notre indépendance économique.

En France, le gouvernement s’attaque de nouveau et frontalement aux femmes avec une réforme des retraites, qui va les percuter de plein fouet. Au cœur de la lutte contre cette réforme, le 8 mars est l’occasion demettre sur le devant de la scène la situation et les revendications des femmes et d’amplifier la mobilisation. Le 8 mars 2020 a été la dernière manifestation avant l’enterrement de la réforme des retraites à points ! Faisons du 8 mars 2023 celui du retrait de cette nouvelle réforme de régression sociale majeure. Ensemble, nous gagnerons !

Toujours payées un quart en moins, concentrées sur les emplois moins bien rémunérés et à temps partiels, les femmes sont de plus en plus nombreuses à ne pas pouvoir boucler les fins de mois. Au lieu de sanctionner les entreprises qui discriminent, au lieu d’augmenter les salaires et les pensions,de lutter contre les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes, ce gouvernement et le patronat veulent imposer une réforme des retraites violente et injuste. Contraintes par des salaires plus faibles et des carrières plus courtes du fait de la prise en charge des enfants et des aîné·es, nous touchons déjà aujourd’hui une pension en moyenne inférieure de 40% à celle des hommes. Reporter encore l’âge de départ, alors que nous sommes nombreuses à partir en retraite avec une carrière incomplète dégradera encore notre situation. Nous refusons de travailler plus pour gagner moins ! Au contraire, mener des politiques volontaristes pour l’égalité des salaires et des taux d’emploi procurerait des cotisations supplémentaires supérieures au déficit invoqué par le gouvernement pour justifier la réforme des retraites.

Handicapées, nous subissons d’autant plus les violences sexistes, y compris sexuelles, qu’elles soient privées, institutionnelles, médicales, ou économiques. Nous ne voulons plus être invisibles, privées de nos droits à l’auto-détermination, à l’éducation, à l’autonomie, à l’emploi, aux soins, et à la procréation pour celles souhaitant devenir mère. Nous voulons notre indépendance économique, l’accessibilité universelle de l’ensemble de l’espace public, des logements, des écoles et lieux de formations, professionnels ou de loisirs.

Travailleuses sans papier, nous voulons être déclarées et pouvoir cotiser. Pas question, comme le fait le projet de loi asile immigration, de donner les pleins pouvoirs aux patrons pour décider de notre régularisation !

Privées d’emploi, nous ne voulons pas que la durée de notre indemnisation, comme le prévoit désormais la loi, dépende des aléas de la conjoncture économique.

Nous refusons de subir les effets du projet de loi sur le logement Kasbarian-Bergé actuellement en discussion qui criminalise les locataires et occupantes précaires mises dans l’illégalité en accélérant les mises à la rue, précarisant encore davantage celles qui subissent des violences et des inégalités.

Nous appelons à la grève féministe pour défendre le droit à l’avortement toujours menacé ou criminalisé dans le monde. En France, ce droit doit être inscrit dans la Constitution ! Il doit aussi être effectif sur l’ensemble du territoire avec le maintien et la réouverture de maternités et hôpitaux de proximité.

#MeToo a mis en lumière que les violences contre les femmes et les filles étaient partout. Nous voulons enfin en tous lieux être respectées et 2 milliards pour l’accompagnement des victimes, la mise en œuvre des politiques de prévention pour assurer la fin des violences sexistes et sexuelles. Nous en avons assez de l’impunité des agresseurs ! Nous voulons une réelle solidarité avec les victimes ! Nous voulons que les lois existantes soient complétées et appliquées !

De bons salaires, de bonnes retraites, c’est la garantie de notre indépendance économique. Pas question, de dépendre de nos pères, de nos conjoints ou de toute forme de patriarcat !

Nous voulons du temps pour vivre, un vrai partage des tâches domestiques et parentales, une réduction du temps de travail pour toustes ! Nous voulons des services publics pour socialiser ces tâches et prendre en charge nos enfants et nos parents !

Nous voulons avoir les moyens de faire nos choix de vie et de vivre librement notre orientation sexuelle et nos identités. Nous voulons mettre fin aux attaques et discriminations misogynes, racistes et LGBTQIAphobes. Celles-ci sont relayées par les discours de l’extrême droite dont l’ADN est la haine de l’« autre ».

Nous voulons une éducation non sexiste, la mise en place effective d’une éducation à la sexualité et au consentement, la fin des stéréotypes dans les manuels scolaires et une orientation scolaire et professionnelle non genrée.

Le 8 mars, on s’arrête toutes et on manifeste. On fait la grève féministe.

On montre la solidarité et la force des femmes. Le 8 mars, on grève, on débraye, on agit. Faisons du bruit à 15h40, heure à laquelle chaque jour les femmes arrêtent d’être payées.
Le 8 mars, toustes ensemble, on envahit les rues contre la réforme des retraites, pour l’augmentation des salaires, contre les violences sexistes et sexuelles et en solidarité internationale avec les femmes du monde entier.
Ras le bol du patriarcat !

Organisations nationales : APEL-Egalité, Attac France, Collectif National Droit des Femmes, CGT, CNT-Solidarité Ouvrière, Femmes Egalité, Femmes Solidaires, FSU, Fédération Nationale des centres d’information sur les droits des femmes et des familles (FNCIDFF), L’Assemblée des Femmes, Ligue des femmes iraniennes pour la démocratie (LFID), Marche Mondiale des Femmes France, Mouvement des Femmes Kurdes (TJK-F), #NousToutes, On arrête Toutes !,  Planning familial,  Réseau féministe “Ruptures”, Stop aux Violences Obstétricales et Gynécologiques France, Union des femmes socialistes (SKB)France, UNEF (union nationale des étudiant•e•s de France ), Union Syndicale Solidaires, 

Organisations locales : Collectif CIVG Tenon, Le Planning Familial 94, ZORA Paris, Fédération Régionale des Centres d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles du GrandEst, Fédération Régionale des CIDFF d’Auvergne Rhône-Alpes

En soutien : Ensemble!, Gauche Eco Socialiste, Génération S., Mouvement Jeunes Communistes de France (MJCF), NPA, Parti Communiste des Ouvriers de France, Parti communiste français, Union Communiste Libertaire, 

appel1024_1
appel1024_2
Catégories
Actu Solidaires 78 En grève ! Luttes féministes

Édito bulletin Solidaires et Égales – 8 mars Grève Féministe !

À l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, comme dans plus de 70 pays, L’Union syndicale Solidaires appelle à la grève sur les lieux de travail, dans les foyers, dans les écoles et les universités. Pour interrompre toute activité productive et reproductive, formelle et informelle, rétribuée et gratuite. Pour se réapproprier tous les espaces publics.
Les femmes représentent 90 % du personnel de caisse des magasins, 70 % du personnel de santé et de soutien et 67 % du personnel d’entretien. En France, 70 % des personnes précaires sont des femmes. Les femmes sans papiers sont confrontées à la surexploitation et aux discriminations, épuisées par les conditions de travail dans lesquelles elles exercent leurs métiers. Au quotidien, les femmes et minorités de genre subissent les violences sexistes et sexuelles en plus des violences économiques : salaires extrêmement bas, temps partiels… Et les femmes handicapées subissent d’autant plus toutes ces violences et inégalités.
Solidaires réaffirme que ce ne sont pas aux femmes de payer le prix de la crise sanitaire, économique et sociale et nous nous opposons aux politiques patriarcales, sécuritaires, nationalistes, néolibérales et extractivistes dont les femmes sont les premières victimes. Aides à domicile, assistantes d’élèves en situation de handicap (AESH), enseignantes, soignantes, travailleuses sociales… Les grèves se multiplient dans les métiers féminisés. Faisons converger ces luttes le 8 mars pour imposer des revalorisations salariales, des emplois stables et durables : à travail de valeur égale, salaire égal ! Revendiquons la régularisation des sans papiers !
La grève féministe est notre outil commun pour bâtir un monde libéré de toutes oppressions et violences patriarcales et racistes. Sa dimension internationaliste est fondamentale. Construisons alliances, réflexions et mobilisations permanentes par delà les frontières, occupons tous les espaces, soyons uni·e·s, visibles et solidaires.
Le 8 mars, mettons-nous en grève, investissons la rue et rejoignons ou impulsons localement les initiatives, rassemblements et manifestations féministes : arrêtons tout !

Contact
Catégories
Éducation Luttes féministes

Revalorisation des enseignant·es : le Ministère va accroître les inégalités salariales entre les hommes et les femmes  !

Alors que les femmes vont être particulièrement impactées par la réforme des retraites que le gouvernement tente de nous imposer, le Ministère a ouvert des concertations au sujet de la revalorisation salariales des enseignant·es, PsyEN et CPE sans faire aucune mention des inégalités salariales entre les hommes et les femmes.

Pour SUD éducation, il est inadmissible de penser une politique salariale à l’échelle de notre ministère sans inclure la question de la réduction des inégalités de genre alors que les salaire des enseignantes est inférieur de 13% à celui des enseignants.

Les écarts de salaire se creusent lorsqu’on regarde la situation de l’ensemble des personnels puisque plus de 90% des 132 000 AESH sont des femmes et gagnent en moyenne à peine 900 euros par mois en raison des temps incomplets imposés.

Les inégalités entre les salaires des enseignantes et des enseignants résultent du décrochage salariale entre le 1er et le 2nd degré. Dans le 1er degré, on compte 83,9% de femmes alors que les femmes ne représentent que 58,5% des effectifs enseignants du second degré, or le salaire des professeur·es des écoles est en moyenne de 2407 euros net mensuel moyen à temps complet et de 1697 euros nets mensuel pour un temps partiel ou incomplet contre 2695 euros nets en moyenne pour un temps plein et 2008 pour un temps partiel pour les professeur·es certifié·es.

De plus, les inégalités salariales résultent de la surreprésentation des femmes parmi les personnels qui bénéficient des temps partiels de droit pour la naissance ou l’adoption d’un enfant ou pour prendre soin d’un proche. 12,1% des enseignantes travaillent à temps partiel contre 5,8% des enseignants. Les hommes bénéficient davantage que les femmes de temps partiel pour raison thérapeutique, pour créer une entreprise, pour des tâches liées à un mandat électif ou sur autorisation alors que les femmes bénéficient davantage de temps partiel pour élever un enfant ou pour donner des soins à un proche.

La politique de missions et d’heures supplémentaires aggravent les inégalités. Pourtant le “Pacte” s’inscrit dans cette logique du “travailler plus pour gagner plus”. Tous les personnels ne sont pas libres d’augmenter leur temps de travail, en particulier les femmes qui assurent davantage de tâches domestiques et qui prennent plus en charge l’éducation des enfants. Conditionner les augmentations de salaire à la réalisation de nouvelles missions engendre une aggravation des inégalités.

Enfin, les hommes sont favorisés dans l’accès à la classe exceptionnelle : les femmes ne représentent par exemple que 74% des effectifs de la classe exceptionnelle pour les PE, soit 10% de moins que pour l’ensemble du corps. Chez les certifiés, elles représentent 59% de la classe exceptionnelle contre 64% dans l’ensemble du corps.

Les missions dans lesquelles les hommes sont surreprésentées sont valorisées dans le passage à la classe exceptionnelle.

SUD éducation revendique une vraie politique de lutte contre les inégalités salariales avec des mesures destinées à les corriger : le maintien du salaire pour les personnels en temps partiel de droit et la part de femmes promues à la classe exceptionnelles doit respecter celles du corps des personnels du corps.

Le Ministre doit abandonner le “Pacte” et la politique des missions et heures supplémentaires.

Le “Pacte” et la réforme des retraites sont de nouvelles attaques contre les femmes.

RSS
Follow by Email