SUD éducation 78 a organisé deux stages sur la question des UPE2A (Unités pédagogiques pour élèves allophones arrivant·es), afin d’échanger sur les réalités du métier mais aussi sur les conditions d’accueil et d’existence des élèves et de leurs familles.
La 1ère journée, qui a eu lieu le 16 juin et qui a rassemblé 1/3 des enseignant·es d’UPE2A du département, mais également d’autres personnels concerné·es, et a permis aux collègues de dresser une liste de revendications (voir ci-dessous), confirmée lors de la 2e journée de stage en novembre.
Les collègues porteront ces revendications lors d’un échange auprès du/de la défenseur·e des droits départemental·e, du Casnav et de la Dasen, audiences que SUD éducation 78 soutiendra.
La journée de novembre a soulevé les difficultés croissantes des collègues pour organiser des sorties pédagogiques ou financer le matériel nécessaire au travail des élèves, alors même que le département alloue une subvention spécifique aux UPE2A. Celle-ci s’avère insuffisante et son utilisation est parfois freinée par les directions d’établissement.
Il a également été question de la honteuse enquête administrative demandée par l’administration aux collègues du 2nd degré depuis cette rentrée : il s’agit de faire savoir à l’administration à quelle date la famille est arrivée en France, qui en sont les membres, si ils ou elles ont un titre de séjour, quelle est la date de naissance des frères et sœurs, quelles sont leurs coordonnées personnelles, etc. Ce fichage des élèves et de leur famille scandalise les collègues qui l’ont d’ores et déjà fait savoir à leur hiérarchie (notamment dans le 92).
https://sudeducation92.ouvaton.org/spip.php?article2856
Quant au début de l’année 2024, il a été l’occasion d’un début de travail intersyndical sur la question des UPE2A à l’échelle académique, décliné dans plusieurs départements, mais il a aussi montré la précarité des collègues et des dispositifs, menacés de fermeture sans raison, avec des postes non stabilisés (par les délégations fonctionnelles, parfois depuis plus de 10 ans ! le refus de titulariser sur leur poste les collègues contractuel·les pourtant très nombreux·euses en UPE2A ou encore de ne pas inscrire dans la durée des dispositifs pourtant nécessaires).
Des journées de travail essentielles pour construire du collectif, que ce soit sur le plan pédagogique ou sur celui des luttes. C’est pourquoi une troisième journée de stage est d’ores et déjà prévue au printemps !
Quelles revendications pour une scolarité digne des élèves et pour de meilleures conditions de travail ?
(Revendications établies par les personnels lors du stage UPE2A du 16 juin 2023)
Accueil des élèves
- Mettre fin à l’invisibilisation des ENAF (élèves nouvellement arrivé·es en France) dans les effectifs des établissements ;
- Dès qu’un dispositif dépasse les 15 élèves inscrit·es, ouverture d’un nouveau dispositif ;
- Ne pas limiter à une seule année la prise en charge en UPE2A mais individualiser les prises en charges et les parcours en tenant compte des besoins pédagogiques des élèves ;
- Une revalorisation significative de la subvention du Conseil départemental, mise en place d’une subvention pour les lycées sur le modèle de ce qui existe en collège et en école ;
- Des moyens identiques à ceux des rep+ pour les dispositifs upe2a pour les élèves et primes pour les enseignants ;
- Un véritable budget et des investissements pour la gratuité des transports en commun par la région, de la cantine, des sorties, comme pour les élèves à besoins particuliers ;
- Une extension de la bonification UPE2A à tous les vœux d’orientation et pas seulement aux CAP réservés ;
- Un financement par la DSDEN d’un service d’interprétariat pour les échanges avec les familles ;
- Raccourcir les délais de scolarisation tout en maintenant les évaluations en cellules d’accueil dans les CIO pour les élèves à partir de la 6e ;
- La reconnaissance du plurilinguisme des élèves dans le cursus des élèves, l’inscription gratuite au CNED pour leurs langues d’origine ;
Fonctionnement et pilotage départemental
- Avoir des rencontres régulières de bassins (sur des bases géographiques cohérentes), entre coordinateurs et coordinatrices UPE2A pour des échanges de pratiques entre pair·es ;
- Mettre fin à l’opacité sur les ouvertures et les fermetures de dispositifs UPE2A, associer les personnels à la prise de décision ;
- Plus de formateurs et de formatrices CASNAV, pour une présence sur le terrain renforcée en donnant la priorité au pédagogique avec de vrais disponibilités pour l’accompagnement des personnels ;
- Avoir un protocole pour savoir qui contacter sur les questions pédagogiques, sur les questions administratives, sur les questions d’affectation ;
- Harmoniser le fonctionnement national des CASNAV, questionner la pertinence du rattachement départemental à l’ASH 2 ;
- Veiller à une communication respectueuse et des délais raisonnables ;
- Savoir précisément qui remplit quelles enquêtes ;
Reconnaissance du travail en UPE2A
- Disposer d’un temps de service pour l’information et la coordination avec les équipes des établissements ;
- Égalité de traitement titulaires / contractuel·les, en particulier pour les rémunérations du type DELF ou pour le versement des IMP ; augmentation de la NBI
- Stabiliser et titulariser les personnels contractuels sur les établissements ;
- En finir avec l’itinérance, dans tous les cas, la limiter à 2 établissements maximum ;
- Avoir des indemnités de déplacement conséquentes ;
- Versement d’une prime PP pour les UPE2A NSA de lycée ;
- Être inspecté·es par des inspecteurs et inspectrices connaissant les problématiques en UPE2A ;
- Ne pas permettre à la hiérarchie de modifier (en ajoutant ou en enlevant des éléments) la lettre de mission, et supprimer cette lettre de mission, la circulaire de 2012 étant suffisante ;
La formation
- Une vraie formation initiale et continue, en distinguant la certification FLS de la formation ;
- Inviter les candidats et candidates à la certification à observer en priorité des classes ordinaires accueillant des élèves allophones.