Dix ans après le meurtre de Clément Méric par des skinheads en plein Paris, les groupuscules d’ultra-droite demeurent actifs dans toute la France. Quelle menace représentent-ils ? Les pouvoirs publics en prennent-ils toute la mesure ?
Avec
- Nicolas Lebourg Spécialiste des extrêmes droites, chercheur au Centre d’études politiques et sociales (CEPEL) (CNRS et Université de Montpellier)
C’était 6 avril dernier. Au téléphone, Yannick Morez, le maire de Saint-Brevin nous racontait ses doutes face à sa charge d’élu après des semaines de harcèlement et de manifestations de groupuscules d’extrême droite dans sa commune. L’incendie de ses véhicules et d’une partie de son domicile, et l’absence de soutien de l’État le conduisait quelques semaines plus tard à démissionner de la mairie et quitter Saint-Brevin.
Depuis, il a reçu le soutien du président de la République, a été reçu par la Première ministre et entendu par les sénateurs, la gauche rassemblée s’est aussi rendue à saint-Brevin pour lui manifester son soutien…
Mais au-delà du sentiment d’abandon des élus locaux et de la violence qu’ils subissent, et dont nous parlions dans cette émission en avril dernier, c’est aussi la place grandissante dans l’espace public des groupuscules d’extrême droite et de leurs liens avec l’ex Front National qui a émergé dans le débat. De la renaissance du GUD aux descentes de groupuscules néofascistes dans les universités ou lors du match France-Maroc en décembre dernier, aux manifestations contre l’implantation de Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile, comme à Saint-Brevin, ou Callac dans les Côtes-d’Armor, les mobilisations et intimidations de l’extrême droite française se sont multipliées ces derniers mois. Une recrudescence inédite.
Faut-il y voir la résurgence de factions adeptes de l’agit-prop ou une véritable augmentation des troupes ? Des fils Telegram ouverts aux cortèges lestés de croix celtique et de symbole néo-nazis, comment lire cette volonté de visibilisation exacerbée dans l’espace public ?
Dix ans après le meurtre du jeune militant antifasciste Clément Méric, un an après la mort du rugbyman Federico Martin Aramburu, tué par balles pour s’être interposé dans une agression raciste, et alors qu’un weekend international antifasciste se tient en ce moment même à Paris, où en est la lutte contre l’extrême droite ?
A lire pour aller plus loin :
Les références de l’ouvrage Les nazis ont-ils survécu ? Enquête sur les internationales fascistes et les croisés de la race blanche, par Nicolas Lebourg (éditions du Seuil, 2019)
Les références de l’ouvrage Clément Méric, une vie, des luttes, publié aux éditions Libertalia
Les références de l’ouvrage Lyon et ses extrême-droites, écrit par Alain Chevarin et préfacé par Nicolas Lebourg (éditions de la Lanterne, 2020)
Mort de Clément Méric : dix ans après, l’urgence de la lutte au présent, article de Libération
Manifs d’extrême droite dans Paris : des fachos en rue libre ? Article de Libération