Là-bas si j’y suis a reconstruit le film de cette journée à partir des images et des vidéos éparpillées sur les réseaux. Un spectacle entièrement produit et diffusé par le pouvoir politique et médiatique. En accès libre.
[VIDÉO : 32’05] Contre la mémoire courte, un montage pour comprendre le déroulement d’un affrontement historique : https://la-bas.org/la-bas-magazine/reportages/un-jour-a-sainte-soline-le-film-de-la-journee-a-partir-des-images-et-des-videos
STRATÉGIE DE LA TENSION
Avec un énorme déploiement de forces de l’ordre, la mise en scène consistait à provoquer une manifestation contre l’accaparement de l’eau au profit de l’agriculture intensive. Il s’agissait de créer des scènes de violences et de discréditer la contestation. Sans cette provocation, selon tous les observateurs, la manifestation se serait déroulée sans problème. Le pouvoir a voulu du grand spectacle : 20 escadrons de gendarmerie (soit 3 500 militaires), 100 enquêteurs judiciaires, 9 hélicoptères, quatre véhicules blindés, quatre canons à eau, 40 motos « quads » et un poste de commandement complet. Au moins 4 000 grenades ont été tirées en deux heures sur les manifestants, faisant 200 blessés dont 40 gravement. L’un deux, Serge Duteuil-Graziani, se trouve dans le coma, entre la vie et la mort, depuis trois semaines. À noter que 47 gendarmes ont été blessés. Cette provocation a eu pour effet de masquer la question de l’accaparement de l’eau par l’agriculture intensive. La question n’était plus la lutte pour le partage de l’eau, mais la question de la violence. « Est-ce que vous désapprouvez la violence ? » L’interrogation répétée mille fois dans tous les médias a fini par masquer un enjeu essentiel et évident pour tous. Le député Fabien Roussel l’a dit en résumé : « entre 400 casseurs et 4 millions de manifestants dans le calme, qu’est-ce qui fera la “une” du journal télévisé ? » À l’heure des sécheresses et du réchauffement climatique, le pouvoir politique fait le choix de privatiser l’eau, une ressource commune au profit d’une agriculture intensive et productiviste qui refuse de se remettre en cause. Un enjeu clair qui touche profondément toutes les populations et qui rejoint la réforme des retraites refusée par une forte majorité du pays. Un président minoritaire, élu par défaut, sans majorité et sans légitimité, n’a pas d’autre choix que d’imposer la répression et la violence. La stratégie de la tension est un bon moyen pour faire désirer l’homme providentiel. Ou la femme. Cette stratégie a été celle de l’extrême droite en Italie dans les années 1960, avec notamment les attentats aveugles qui sont restés impunis. La chaos fait naître le désir d’un pouvoir fort et l’histoire avance masquée, en prenant son temps. Aujourd’hui avec Giorgia Meloni, l’extrême droite triomphe en Italie. Macron, Darmanin et leur bande auront profondément contribué à l’arrivée d’une autre femme blonde au pouvoir en France.
Ah, ça c’est bien vrai, on n’a pas le cul sorti des ronces !D.M.