Communiqué de presse de l’Union Départementale Solidaires des Yvelines, le 20/03/2020
Solidaires 78 et SUD Santé Sociaux 78 sont et seront entièrement mobilisé·es auprès de l’ensemble des personnels de l’Hôpital. Nous continuons de revendiquer des effectifs et des lits supplémentaires, des moyens matériels et 300€ d’augmentation pour l’ensemble du personnel. Nous n’avons que faire de quelques primes.
De plus, nous exigeons que toute contamination en lien avec l’activité professionnelle soit reconnue comme accident du travail.
Parce que la prévention est essentielle, au-delà du secteur hospitalier, nous exigeons que :
- les salarié·es soient dispensé·es des tâches non urgentes ou non indispensables par l’arrêt immédiat des activités non indispensables et que les mesures de chômage partiel soient étendues à tous et toutes ;
- le maintien de la totalité des rémunérations pour tout le monde : salarié·es du privé et du public, y compris ceux et celles en sous-traitance, intérim, intermittence, contrats à durée déterminée ou vacataires, agent·es public·ques contractuel·les, ainsi que celles et ceux en auto-entreprenariat ;
- les droits des chômeurs et chômeuses soient prolongés ou accordés pour ne pas se trouver sans ressources ;
- l’interdiction de licenciements soit mise en place ;
- les salarié·es qui travaillent dans les secteurs indispensables soient protégé·es correctement ;
- la suspension des loyers et des factures pour tous ceux et celles qui en ont besoin ;
- la réquisition de logements vides ou utilisés à des fins spéculatives de type Airbnb.
- tous et toutes soient protégé·es, y compris les plus fragiles et précaires, sans domicile, personnes migrantes…
pour que la crise sanitaire ne se transforme pas en désastre social !
Aujourd’hui, les hôpitaux Yvelinois font face à une crise sanitaire sans précédent. Les patient·es touché·es par le COVID-19 affluent en masse, même si le pic de l’épidémie est attendu d’ici une à deux semaines. Les hôpitaux s’adaptent comme ils le peuvent, méthodiquement, grâce aux agents de l’Hôpital, Directions comprises, qui puisent dans leurs réserves d’énergie, ce qui est à saluer. Une fois de plus, l’ensemble du personnel hospitalier répond présent, malgré les conditions de travail dégradées et cela depuis plusieurs années. Heureusement, l’Hôpital, garant d’un service public, a résisté aux ministres de la casse de la santé publique : Bachelot, Touraine et Buzyn (à noter que cette dernière a su flairer la sortie de crise…).
L’organisation des services d’urgences sanitaires va reposer essentiellement sur un personnel sensible à la continuité du service public. Mais le manque d’anticipation du gouvernement se révèle aussi par la pénurie sur les Yvelines de produit réactif servant à détecter le COVID19. Plus aucun dépistage possible à ce jour. Livraison prévue en début de semaine, paraît-il…
La guerre ? Avec quelles troupes et quels équipements ?
Pour faire la guerre, il faut des troupes et pourtant l’hôpital « de campagne » de Versailles appelle à l’aide sur les réseaux sociaux pour obtenir du renfort de personnels….
Pour accueillir dans les meilleures conditions les malades d’établissements débordés, c’est un service désaffecté au Centre Hospitalier de Plaisir qui va rouvrir pour des patients de Versailles. Mais dans l’obligation de travailler sur un régime journalier de 12 heures, les agents vont flirter avec la fatigue chronique. C’est l’hôpital de Meulan qui récupère les interventions chirurgicales de Poissy ; Meulan, qui pour rappel, depuis quelques années, a dû résister fermement pour garder sa réanimation et s’est fait amputer son service d’oncologie. Les blocs opératoires sont fermés, sauf pour urgences vitales, afin que les salles de réveil puissent accueillir les patient·es contaminé·es.
Que penser de certains établissements sociaux et médico-sociaux qui ne prennent pas au sérieux l’épidémie ? Leur personnel se plaint du manque de protection contre les projections de bave, postillons et autres vecteurs de maladie. Telle la Croix Rouge sur les Yvelines qui n’informe son personnel que le dimanche soir de la fermeture de l’Externat. Comble du manque de respect des consignes de confinement, une fois l’Externat fermé, le personnel devait être redéployé pour des visites à domicile, sans aucune protection (masque, gants, SHA – Savon Hydro Alcoolique) alors qu’il y a un cas avéré de contamination. Et pourtant, pour le gouvernement, seuls les pique-niques étaient jugés irresponsables le week-end passé…
Qu’en est-il de la prévention des risques d’être contaminé par le COVID 19 pour le personnel hospitalier ? Le manque de masques au niveau national, fait que la distribution est contrôlée et priorisée, même pour le personnel. Certains distributeurs de SHA sont vides. Les matériels médicaux (pousse-seringue, et tout matériel nécessaire à la bonne prise en charge du patient) sont en rupture de stock. Devra-t-on sortir les vieux brancards obsolètes comme dans les Hôpitaux italiens ? Les risques s’aggravent pour toutes et tous, patient·es et soignant·es. Pour toute l’équipe hospitalière, le télétravail n’est naturellement que peu adapté…
L’argent : le nerf de la guerre
Bref, nous payons aujourd’hui les conséquences des politiques désastreuses sur la santé depuis plus de 20 ans.
En 20 ans, ce sont 100 000 lits fermés, des hôpitaux de proximités fermés, des suppressions de postes et de services à la pelle. La crise d’aujourd’hui nous rappelle à quel point la santé ne peut être une marchandise, mais un bien commun pour toutes et tous, avec un maillage territorial pour un accès aux soins partout.
Les ARS, conseils départementaux et préfectures doivent rappeler aux employeurs leurs obligations en matière de protection de leurs salarié·es (confinement à domicile, fourniture de protections..). Parce que malheureusement l’activité économique continue, des élections municipales sont maintenues alors que l’important devrait être de ne pas saturer les Hôpitaux, de ralentir une pandémie qui s’accélère.
Le gouvernement sermonne et s’attaque aux libertés individuelles, il sanctionne. Mais ne se remet pas en question. Il continue par un déploiement de 100 000 policiers et militaires qui seront sans doute un nouveau vecteur de contamination.
L’énergie déployé aurait dû privilégier le soutien des salarié·es pour réussir le confinement, stopper la marche économique délirante. Mettre des moyens coercitifs pour obliger les enseignes d’alimentation à protéger leurs vendeurs et vendeuses.
Comment Macron peut-il considérer le personnel soignant comme des héros, alors que sa police nous gazait il y a encore un mois lorsque nous réclamions justement les moyens qui nous font défaut aujourd’hui. Le gouvernement va devoir rendre des comptes sur les économies réalisées qui nous conduisent dans cette situation aujourd’hui.
La population peut compter sur nous,
pouvoir compter sur le président et ses semblables reste à prouver.
Les ministres et les patrons qui cassent l’hôpital public et veulent continuer à faire travailler les salarié·es non indispensables sont des irrésponsables, vis à vis de ces salarié·es et de toute la population. Ils devront eux aussi rendre compte.
La santé de l’ensemble de la population, sans restriction,
et les droits n’ont pas à être sacrifiés dans une situation d’exception.
Une fois sortie de cette crise, c’est bien l’ensemble du système qui nous y a conduit qu’il faudra changer, pour qu’il réponde aux urgences sociales, économiques, démocratiques et écologistes.
Toutes et tous ensemble, il nous faudra imposer un autre avenir.
Solidaires78@wanadoo.fr