Contre les violences sexistes et sexuelles, aujourd’hui comme hier Solidaires se mobilise
Solidaires participera aux mobilisations autour du 25 novembre contre les violences faites aux femmes partout en France ! A commencer par le 20 novembre à Paris. Que ce soit avec le collectif #NousToutes ou avec d’autres organisations syndicales ou du mouvement social, notre Union appelle à manifester pour dire stop aux violences sexistes et sexuelles. Certains secteurs appellent aussi à des journées de grève.
Ces violences sont engendrées par un système de domination, le patriarcat. Leurs formes sont diverses et elles s’expriment partout : dans le cadre du travail, dans la rue, dans la sphère dite privée, dans les collectifs quels qu’ils soient et elles vont du sexisme au quotidien, en passant par le harcèlement sexuel, jusqu’aux viols, coups, meurtres. Elles n’ont jamais été et ne seront jamais acceptables pour notre Union. Selon les chiffres 2020 du ministère chargé de l’égalité, 30% des femmes ont déjà été harcelées ou agressées sur leur lieu de travail, quand 9% ont subi un viol par quelqu’un de leur milieu professionnel. Tout ceci sans compter le sexisme ordinaire ou le harcèlement d’ambiance. Toute l’année, nos syndicats et fédérations luttent auprès des femmes qui subissent ces violences, et/ou agissent à leurs côtés en justice (comme cette année avec la plainte de Solidaires informatique contre Ubisoft, ou à la RATP). Les politiques menées depuis des années par les gouvernements sur ce sujet sont toujours « en réaction », sans moyens à la hauteur des enjeux et en totale incohérence avec les effets des orientations économiques mises en œuvre.
Solidaires exige : • des formations longues et continues sur ces sujets dès l’école, sur les lieux de travail, et une formation renforcée et obligatoire des acteurstrices qui accueillent les plaintes et jugent ces faits de violences sexistes et sexuelles. • un budget d’un milliard qui soit débloqué pour un plan de prévention, et donner les capacités d’agir pour les associations et lieux d’accueil qui prennent en charge les femmes victimes de ces violences sur l’ensemble du territoire. • une ratification de la convention de l’OIT sur le harcèlement sexuel au travail qui ne se fasse pas à “droit constant” mais qui intègre des dispositifs dans la loi, tels que le droit à des aménagements d’horaires, de poste, des congés payés, la possibilité d’une mobilité fonctionnelle ou géographique choisie, ainsi que l’accès à une prise en charge médico-sociale et psychologique gratuite des victimes de violences sexistes et sexuelles au travail ou de violences conjugales. Pour garantir le droit au travail et le maintien en poste des femmes victimes de violences conjugales, il convient d’interdire leur licenciement comme c’est le cas pour les victimes de violences au travail
Pour les mobilisations avec #NousToutes : Le 20 novembre à 14h Place de la République à Paris et à retrouver ici
et le 25 novembre mobilisation en inter-orga/intersyndicale à Toulouse, Nantes, Mulhouse, Tours, Orléans, Saint-Etienne et le 27 novembre 14h à Lyon, 15h à Le Mans…
Lors de la manif parisienne du 20 novembre, un groupuscule d’extrême droite a attaqué des manifestant·es. Pour mieux connaître ce groupe “Nemesis” voir “Quand les fachos se disent féministes”
Depuis la rentrée chaque 2ème mardi du mois de 18h à 18h30, le collectif féministe du Mantois FFFRAC se rassemble devant la gare de Mantes-la-Jolie pour dénoncer les nombreux féminicides répertoriés en France. Il y en a eu 99 depuis début janvier et 8 en octobre.
Des pancartes lues à haute voix, annoncent la date du crime, le nom de la femme assassinée par son conjoint ou compagnon, son âge et sa ville, afin qu’aucune ne reste anonyme.
Mais surtout il s’agit de faire prendre conscience du fléau meurtrier où amène la domination masculine et le système patriarcal, afin que cela cesse. Car la plupart du temps, cette ultime violence criminelle a lieu lorsque la femme veut se libérer des coups, du mépris, de la maltraitance physique et morale afin de reprendre sa vie en main. Souvent des enfants en sont victimes aussi. “Un féminicide désigne le meurtre d’une femme en raison de son genre. Le lieu le plus dangereux pour une femme est son foyer”.
Les moyens mis en œuvre par le gouvernement lutter contre les violences sexistes et sexuelles ne sont pas suffisants : des numéros d’appels certes mais pas toujours un accueil à la hauteur dans les commissariats faute de formation et de moyens, pas assez de foyers, de lieux d’hébergement, de personnel d’accompagnement. Ces manques dénoncés depuis des années par les associations féministes, les syndicats et certains partis, ne pourront trouver de solutions que si une véritable loi-cadre est mise en place avec des moyens financiers suffisants (un milliard) comme en Espagne par exemple où le nombre de féminicides a baissé grâce à une forte et longue mobilisation féministe.
Chaque année depuis 1999, le 25 novembre est la journée internationale pour l’élimination des violences sexistes et sexuelles faites aux femmes, qui réunit des centaines de milliers de manifestant.es de par le monde.
Cette année à Paris ce sera samedi 20 novembre à 14h départ place de la République.
A Mantes, les Fffrac appellent à un rassemblement à 11h 30 rue de Chanzy devant la Biocoopavant de partir en train à la manifestation parisienne. Soyons en nombre pour y participer !
Contact : FFFRAC ( Fortes Fières Féministes RAdicales et en Colère ) fffrac@protonmail.com Facebook : FFFRAC
Stop aux violences sexistes et sexuelles au travail et dans toute la société ! Le 25 novembre et toute l’année !
Il y a 4 ans presque jour pour jour, déferlait sur le monde une tempête nommée #MeToo ou #BalanceTonPorc. Elle ne s’est pas arrêtée à la porte des entreprises. Mais il reste encore beaucoup à faire pour l’égalité femme/homme, comme en matière de lutte contre le sexisme et les violences faites aux femmes, sur nos lieux de travail et plus largement dans la société.
Sexisme et culture du viol ancrés dans la société… Que ce soit dans la rue, le métro, au sein de nos familles ou de nos couples, ou encore au travail, les agressions, harcèlements, violences sexistes et sexuelles, pouvant aller jusqu’aux féminicides, nous touchent toutes à des degrés divers. En 2021, en France, 1 femme sur 2 a déjà subi des violences sexuelles. Depuis le début de l’année, 100 femmes ont été tuées par leur (ex-) conjoint. 164 000 femmes sont concernées par des violences physiques au sein du couple. Plus de 72000 ont été violées et près de 500 000 ont été agressées sexuellement. Les femmes cis ou trans et toutes les minorités de genre, les femmes réfugiées, migrantes, sans papiers, les femmes en situation de handicap, les femmes précaires (70% des précaires sont des femmes), celles qui sont sans ressources, internées, détenues, les femmes âgées et les enfants sont particulièrement vulnérables aux violences patriarcales. Les violences et attaques lesbophobes et transphobes sont sans cesse en augmentation. 80% des élèves trans sont victimes de harcèlement et cela pousse certain·es au suicide. … et dans les entreprises !
Le monde du travail ne fait pas exception. Les remarques indécentes répétées, blagues sexistes, affichage et fresques pornographiques, injures sexistes, attitudes et gestes non sollicités sont encore le quotidien de nombreuses travailleuses. Ces violences ont des conséquences grave en terme de risques psychosociaux. Dans les cas d’agressions sexuelles et de harcèlement, les victimes se confrontent encore trop souvent à des directions qui tentent de leur mettre des bâtons dans les roues. Pire, elles doivent souvent se battre pour que les rôles ne soient pas inversés, leurs agresseurs étant considérés comme des victimes et elles, comme des coupables…
À l’international Les droits à l’autonomie et à la santé sexuelle et reproductive ne sont guère respectés, voire reculent dans le monde. L’accès à l’avortement reste toujours innaccessible pour des millions de femmes et 47 000 en meurent chaque année dans le monde. Et ce droit est sans cesse remis en cause. Les violences obstétriques sont encore niées. Les femmes autochtones et indigènes sont confrontées à des actes de violence : leur vie est en danger à cause du sexisme et du racisme. Des centaines d’entre elles disparaissent et sont tuées dans l’indifférence et l’impunité. Dans plus d’un tiers des pays, l’homosexualité est pénalisée. L’homophobie et la transphobie tuent (375 personnes trans ont été assassinées depuis le début de l’année, 96% d’entre elles étaient des femmes trans ou des personnes transféminines).
Pour des millions de femmes, en France et partout dans le monde, demain doit être différent. Pour l’Union syndicale Solidaires, il faut s’attaquer au système patriarcal partout et constamment, dès l’école maternelle, dans la rue, dans les médias, dans les entreprises, au travail comme dans toutes les organisations collectives. C’est ce système qui « autorise et tolère » socialement les conduites de dominations, de violences envers les femmes et minorités de genres allant jusqu’à la mort de plusieurs dizaines d’entre elles chaque année.
Assez de blabla, des actes et des moyens pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles ! La parole des femmes et des personnes LGBTQI+ doit être entendue par des personnels formés, des tribunaux spécialisés. Les moyens pour la justice, l’accueil d’urgence et l’accueil longue durée, quel que soit leur situation, avec ou sans papiers, étrangères comme françaises doivent être augmentées à la hauteur des besoins.
Au travail, dans le public comme dans le privé, des moyens doivent être accordés pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Il faut aussi mettre fin à l’impunité des agresseurs, quels qu’ils soient, et d’autant plus quand ils sont au gouvernement ! La France doit aussi ratifier la Convention 190 de l’OIT qui contraint les employeurs à prévenir et sanctionner le harcèlement sexuel et à donner des droits aux femmes victimes de violences conjugales et intrafamiliales.
De nouveaux droits, pour protéger les femmes victimes de la violence domestique, à l’instar du congé de 6 mois, sans perte d’emploi, obtenu par les métallurgistes brésilien·es doivent être donnés.
Partout, dans l’éducation, dans les entreprises, doivent être développées des campagnes de prévention obligatoires et régulières pour des comportements non sexistes, à l’inverse de ce que fait le Ministre de l’éducation qui préfère conseiller des tenues « républicaines » aux filles, leur enjoignant ainsi d’intégrer le schéma sexiste et patriarcal d’un contrôle de leur corps.
Et pour celà il faut un budget à la hauteur de ces ambitions, et nous réclamons comme d’autres organisations féministes un vrai milliard pour enfin stopper cette horreur !
Pour accélérer et imposer la mise en place de ces mesures, il faut être nombreuses et nombreux à se retrouver dans la rue. On vous donne rendez-vous à la manifestation nationale à Paris le samedi 20 novembre à 14h place de la République et dans les nombreuses initiatives prises un peu partout en France autour du 25 novembre, journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes !
En cette journée internationale de luttes contre les violences faites aux femmes, la CGT, FSU, Solidaires réaffirment leur soutien et leur solidarité à toutes les femmes et tous les peuples qui combattent les régimes autoritaires, réactionnaires et libéraux visant à toujours limiter les droits des femmes et organiser leur domination. Nos syndicats condamnent avec la plus grande fermeté les inactions des gouvernements contre ce fléau et le recours toujours impuni aux viols de femmes et de filles toujours utilisés comme arme de guerre dans les zones de conflit. Elles rappellent que l’accès à l’éducation, à la santé, à l’alimentation, au logement, au travail… sont des leviers incontournables d’émancipation.
En France, le manque d’ambition politique et de moyens dédiés n’a pas permis de faire reculer les violences sexistes et sexuelles et laisse persister une situation inacceptable, celles des femmes victimes … jusqu’à la mort.
La sphère du travail, loin d’être épargnée, accuse toujours des constats accablants : 1 femmes sur 3 déclarent avoir été victime de harcèlement sexuel au travail et, selon les chiffres 2020 du ministère chargé de l’égalité, 30% des femmes ont déjà été harcelées ou agressées sur leur lieu de travail quand 9% ont subi un viol par quelqu’un de leur milieu professionnel.
Nos organisations CGT, FSU et Solidaires exigent que le gouvernement français mette la loi en conformité avec les recommandations de la convention 190 de l’OIT qu’il a signé en juin dernier. Il doit doter la législation française de mesures et de moyens ambitieux pour prévenir, contrôler et combattre les violences sexistes et sexuelles au travail. De plus, les milliards d’argent public dépensés dans les plans de relance économique doivent être assortis de contraintes favorables à l’égalité professionnelle et d’obligations imposées aux employeurs de mettre en oeuvre des dispositifs rigoureux contre les violences faites aux femmes. Les employeurs publics ont un devoir d’exemplarité de ce point de vue et doivent renforcer l’axe 5 des plans d’action issu des accords égalité afin que la tolérance zéro s’applique dans les trois versants de la fonction publique, les ministères de tutelle et les collectivités territoriales.
Nos organisations syndicales appellent les personnels à manifester ensemble le 20 novembre au côté de NousToutes à Paris et partout en France. Elles appellent à construire de s actions définies et décidées localement le 25 novembre} pour interpeller nos employeurs privés et publics ainsi que le gouvernement afin d’exiger la mise en oeuvre immédiate d’un grand plan de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Nos visuels6 / 28visuels 01 Images à télécharger Communiqué cgt fsu solidairesTract Solidaires Stop aux violences sexistes et sexuelles
#3Novembre9h22 – Depuis le mercredi 3 novembre à 9h22, les femmes travaillent gratuitement, selon Les Glorieuses. Cette année, l’écart de salaire entre les hommes et les femmes est encore plus grand : 16,5% contre 15,5% l’année dernière.
Cette date symbolique a pour objectif de rappeler que le principe « à travail égal, salaire égal », inscrit dans la loi depuis presque 50 ans, n’est toujours pas respecté.
Militantes et militants féministes se sont retrouvé·es mardi 12 octobre à Mantes-la-Jolie pour dénoncer les violences faites aux femmes en distribuant des tracts et en affichant des banderoles.
Il s’agissait aussi de préparer localement la journée internationale contre les violences faites aux femmes du 25 novembre et la manif parisienne prévue le samedi 20 novembre.
Un rassemblement sur le sujet est prévu tous les 2ème mardi du mois de 18h à 18h30 devant la gare de Mantes-la-Jolie à l’appel des Fffrac.
Un article du site Bastamag signé Nolwenn Weiler qui a retenu notre attention…
« On n’a pas le droit d’aller au milieu de la cour, les garçons ne veulent pas », disent souvent les filles, dès l’école élémentaire. La cour de récréation, le premier espace public que les enfants expérimentent, serait-elle aussi l’un des points de départ des inégalités de genre ? Des élus de Trappes se sont penchés sur les mécanismes à l’œuvre dans les cours d’école, où règne souvent, déjà, une répartition inégalitaire de l’espace. Pour y remédier, et faire en sorte que l’égalité et la mixité s’éprouvent au quotidien, il est possible, et même souhaitable, d’imaginer des aménagements non genrés des cours de récréation. Des alternatives existent.
Avez-vous déjà pris le temps d’observer une cour d’école à l’heure de la récréation ? Au centre, les garçons jouent au foot. À la périphérie, occupant la place qui leur reste, les filles font ce que l’on appelle leurs « petits » jeux : corde à sauter, élastique, jeux de rôles. Apparemment caricaturale, cette répartition de l’espace est pourtant une réalité dans la quasi-totalité des cours d’école en France. Quand on demande aux filles les raisons de leur éloignement du centre, les réponses sont abruptes : « On n’a pas le droit. »
Pourquoi ? « Parce que les garçons ne veulent pas. » Celles qui osent revendiquer, et tentent de négocier, s’entendent dire qu’« elles sont trop nulles ». Disqualifiées d’office, tenues de restreindre leurs mouvements [1].
« Les garçons n’osent pas jouer avec leurs copines parce qu’ils vont se faire traiter de filles »
« Au collège la plupart des filles ont capitulé, souligne Édith Maruéjouls, géographe du genre et auteure de nombreux travaux sur les inégalités dans les cours d’école [2]. Elles sont convaincues qu’elles n’ont pas les mêmes jeux, ni les mêmes préoccupations, ni les mêmes sujets de conversation que les garçons. Et vice versa. »
… Elles disent pourquoi ? “Parce que la fête des mères perpétue un monde machiste qui renvoie les femmes aux seules tâches domestiques et à la maternité, perpétuant ainsi toutes les inégalités et toutes les exploitations.”
La Fête des mères par les FFFRAC, Sur l’air de Cadet Roussel
Depuis longtemps la fête des mères, n’a célébré que nos ovaires
il a fallu que nous fassions de beaux enfants à la nation
puis que nos foyers soient bien nets,
plats mitonnés dans les assiettes
Restez dans vos foyers, avec vos robots ménagers (bis)
Puis il y a eu les colliers de nouille, les cendriers en macramé,
nos tout petits si mignonnets, avec leurs poèmes dédiés,
Et Moulinex, Seb et Hoover, qui nous vendent leurs aspirateurs,
Restez dans vos foyers, briquez rangez, mesdames, souriez ! (bis)
Mais tout cela a bien changé, les femmes ne sont plus au foyer
et attention, la colère gronde,
il va falloir les amadouer, avec des crèmes et des massages,
histoire qu’elles restent là, bien sages…
Massez, gommez souriez, faut tout de même rester en beauté ! (bis)
Et pouvons nous imaginer une autre histoire à raconter
Tâches ménagères à partager, charge mentale éradiquée,
Et des enfants si on en veut, sans nous faire culpabiliser
Restons le poing levé, solidaires dans le monde entier(bis)
Salaires égaux dans tous les métiers, la double journée envolée
Crèches, nounous à proximité, sans emprunter à son banquier
Et si enfin la société foutait la paix à nos nénés !
Restons le poing levé, fêtons toutes la sororité! (bis)
FEMMAGE de lutte : Aujourd’hui d’autres femmes sont à l’honneur : les guerrières de l’hôtel Ibis à Clichy-Batignolles, ces courageuses femmes de ménage, parmi les plus surexploitées- car subissant aussi le racisme-, qui n’ont pas cédé d’un pouce dans un conflit pour leurs conditions de travail pendant 23 mois ; quasiment 2 années de lutte !
En juillet 2019, 34 femmes de chambres sur les 40 que compte l’hôtel, entrent en grève, au mois de décembre suivant 20 saisissent les Prud’hommes. Employées par la société STN, elles veulent la “reconnaissance de l’existence d’un contrat de travail” entre elles et l’hôtel, ainsi qu’entre elles et le groupe Accor, propriétaire de la chaîne Ibis. Elles déplorent notamment que leurs contrats soient établis à la tâche : “Nous avions des contrats de cinq ou six heures par jour, qui correspondaient à 19 ou 21 chambres à nettoyer mais quand nous arrivions le matin, on nous en donnait quarante. Il fallait les faire, sans être payées des heures supplémentaires”
L’Ibis Batignolles, le deuxième plus grand hôtel Ibis de France avec plus de 700 chambres, est devenu par cette lutte le symbole des conditions de travail dégradées des femmes de chambre .
Et en ce dimanche 30 mai , avec leur dignité retrouvée, elles annoncent un « braquage de la fête des mères » pour fêter ensemble leur récente victoire du 21 mai. Elles ont obtenu des augmentations de salaires (250 à 500€ par mois) par 150€ mensuel de prime de panier, l’augmentation des qualifications et de la mensualisation mais aussi la baisse des cadences sur le temps de nettoyage des chambres, la baisse du nombre de chambres à contrôler, la réintégration de 2 femmes en CDD, des déléguées de site, l’annulation des mutations et d’autres mesures positives.
Voilà leur constat dont elle peuvent être fières : « Nous avons mené des actions pendant tous ces mois, en allant dans les hôtels du groupe qui marchaient bien, même pendant le confinement, avec nos confettis et nos chants, rappelle Rachel Keke. Avec la réouverture qui arrive pour ses hôtels, Accor n’a pas voulu prendre le risque qu’on gâche leur image et qu’on perturbe la reprise de l’activité. »
Même si leur intégration au groupe Accor n’a pas été obtenue, il faut signaler ce recul important. Et surtout l’énorme mouvement de sympathie et de solidarité que les femmes de chambre et leur syndicat ont su créer autour de leur lutte : plus de 280 000 € ont été collectés qui ont permis de tenir ce plus long conflit de l’histoire dans l’hôtellerie.
Aujourd’hui le Collectif Fffrac souhaite rendre femmage à Solange, une femme, née en avril 1935, ici à Mantes la Ville dans la maison familiale dans laquelle elle est revenue vivre plus tard.
Citoyenne engagée depuis toujours, femme libre, indépendante, déterminée, combattante, inépuisable, Solange n’a jamais cessé de se battre : aujourd’hui à 86 ans elle continue de manifester, de défendre les droits humains et d’aider les autres.
Elevée dans une famille catholique modeste, Solange a pu, jeune adulte, se dégager de son éducation patriarcale et religieuse et s’ouvrir au monde. Elle a d’abord choisi de faire des études de psychologie tout en étant fille au pair ce qui n’était pas banal à cette époque. Elle a travaillé quelques années en tant que psychologue à l’hôpital dans le service Enfance et aussi en prison.
En 1959, elle rencontre par hasard Djamel, un réfugié clandestin algérien qui se cachait à Paris. Il dormait à la rue, elle l’a hébergé pour une nuit et il est resté 50 ans… ! De cet amour fou, Solange a continué de puiser une énergie incroyable pour attaquer des études de médecine, alors qu’elle avait déjà mis au monde sa première fille Salima et qu’Attica n’allait pas tarder à naître, et elle a milité aux côtés de son compagnon pour l’Indépendance de l’Algérie.
Solange, la téméraire, est partie travailler en Algérie en 1962 dans la maison des orphelins pour se rapprocher de Djamel qui avait tenté un retour dans son pays après l’Indépendance. Quand elle évoque Alger, elle garde un souvenir ému de la grand-mère de Djamel qui avait l’habitude, dans la Casba d’Alger ,de préparer un couscous pour tous les pauvres du quartier chaque vendredi ; elle regrette juste à cette époque de ne pas avoir appris l’arabe mais elle s’y attèle actuellement avec l’aide d’une jeune marocaine !
Puis elle est devenue médecin, métier qu’elle a exercé jusqu’à l’âge de 61 ans….
De retour en France, Solange et sa famille se sont d’abord installées à Bourg la Reine avant de revenir à Mantes la Ville dans la maison familiale.
Dans le Mantois, Solange est là, présente, sur tous les fronts, récemment sur tous les rassemblements féministes, à tous les rassemblements “Nous voulons des Coquelicots”, elle était là à Nuit Debout et aux marches des Sans Papiers avec La LDH, pendant les manifestations Unies Pour le Climat…à Mantes mais aussi à Paris……..Elle était là lorsqu’il fallait se battre pour la retraite, pour la sécurité sociale, pour l’hôpital….
Lors de la campagne pour les élections législatives de 2017, on se souvient encore avec émotion de Solange inépuisable durant les séances de distribution de tracts au Val Fourré et au centre-ville.
Aujourd’hui, Solange accueille chez elle ceux et celles que la France ne sait pas accueillir dans le respect et la dignité : sans la moindre hésitation, elle héberge généreusement et courageusement celles et ceux qui n’ont pas de toit, une façon de continuer à faire vivre le combat de son compagnon décédé en 2013.
Récemment, opérée de la hanche après s’être faite renversée par une grosse voiture, on la rencontre toute seule avec sa canne trottinant de Mantes la Ville au Val fourré ….pour se rééduquer gentiment à 86 ans…
Elle est avec nous au Cercle du Silence, à l’ASTI, aux rassemblements, de la LDH, des Fffrac, de l’Assemblée des luttes, elle est partout où la cause des droits humains est à défendre.
Elle perpétue le combat de son grand père Ange Drenuc qu’elle a fait reconnaître comme soldat mort pour la liberté car cet homme avait été fusillé pour l’exemple parce qu’il refusait se battre contre les allemands et perpétue aussi celui de son compagnon Djamel, un autre combat pour la liberté.
Rien ne l’arrête, l’oeil vif, un sourire paisible affiché sur son visage, la jambe alerte, les neurones en action et la générosité toujours prête, Solange est une femme chère dans notre coeur et nous sommes fières de lui témoigner notre admiration et de fêter aujourd’hui sa personne.
Nous espérons profiter de son expérience, continuer à vivre de nombreuses luttes à ses côtés et partager nos idéaux communs.