Madame la Ministre qui n’est pas là,
Instrumentaliser la Culture à des fins de coercition politique était jusqu’à récemment l’apanage des municipalités Front National. Progressivement, cette pratique s’est étendue à certaines collectivités territoriales.
Aujourd’hui c’est l’appareil d’État qui sombre.
En interdisant aux ressortissantes et ressortissants du Sahel l’expression artistique sur le territoire français, le pouvoir politique de ce ministère, ainsi que sa haute administration, ont commis une faute morale.
Ils ont également démontré leur totale incompréhension des personnels placés sous votre autorité.
Quels que soient les piètres rétropédalages que nous avons pu lire dans les médias, la faute demeure : non seulement vous avez validé le fait de faire payer à des individus les errements de leurs dirigeant-es – ce qui est une aberration, a fortiori lorsqu’il s’agit de régimes non démocratiques – , mais en plus vous avez contraint les personnels (en l’occurrence des DRAC) à mettre en œuvre des sanctions allant à l’encontre de leurs missions premières.
Nous sommes sidéré-es de constater qu’à aucun moment, une quelconque personne en responsabilité ait tiré le signal d’alarme.
C’est l’aveu d’une terrible méconnaissance de ce que nous sommes. Et cet aveu sera séquellaire.
Le ministère de la Culture est un ministère militant . Il est animé à tous les échelons par des femmes et des hommes convaincu-es que la culture est et doit être émancipatrice.
Alors que nous vous alertons, vous comme vos prédécesseur-es de la grave perte de sens ressentie par les personnels – perte de sens nourrie par l’intrusion des cabinets conseil, la prégnance du ministère de l’intérieur, la soumission aux intérêts de l’industrie touristique, la confiscation des espaces publics à des fins financières ou médiatico-politiques… – , vous avez franchi un cap.
Celui de l’atteinte à nos valeurs fondamentales. Nous saurons nous en souvenir. Et nous demeurerons, malgré vous, des artisans de la Culture.
SUD Culture Solidaires