Face à une participation en hausse à des débrayages, notamment à Cléon (600 grévistes le 4 octobre et 750 le 12 octobre), la direction a renoncé à basculer le paiement des 20 mn de pause dans la garantie accessoire. C’est une première victoire obtenue par la mobilisation.
A l’issue de la troisième réunion du 12 octobre de négociation d’un nouvel accord de compétitivité 2022/2024, la direction de Renault a annoncé avoir procédé à certains « ajustements » [1] :
- Maintien de 100 % de la rémunération associée aux pauses de 20 minutes pour les salariés actuels [2] (Merci aux camarades de Cléon, ainsi qu’à tous les collègues qui ont débrayé à Lardy, Le Mans, Villaroy…)
- Majoration des heures supplémentaires à 25 %, contre 20 % dans la première version de la direction (… et 50% à partir de la 8ème HS aujourd’hui)
- Franchise basculée en demi-journée de CTI pour les salariés au forfait jour, et en 6 h de CTI pour les autres
- Samedis matin obligatoires : 6 par an contre 8 prévus initialement (rémunérés à 125 %)
- Délai supplémentaire pour la mise en œuvre du nouveau dispositif d’écrêtage des CTI qui serait effectif au 1er avril 2022. [3].
La direction a également précisé les sites et les bâtiments qu’elle compte abandonner et faire évacuer [4] :
- Plessis-Robinson : Équinove (Novadis et Arcade)
- Vélizy : Connect
- Guyancourt (Technocentre) : Gradient, Avancée (hors Design), Modem, Asteria, Pluton.
- Boulogne-Billancourt : M7-M8, Quai Le Gallo, Cristallin, Kinetik. Un regroupement est prévu à terme dans un nouveau bâtiment à Boulogne, qui est encore en attente d’un permis de construire.
C’est donc un projet massif de fermeture de sites qui ne dit pas son nom. Renault parle juste de « libérer » certains sites !
La suite des réjouissances va être ponctuée par une série de réunions entre la direction et des délégués syndicaux centraux (gare au syndrome de Stockholm !) :
- 19, 20 et 21 octobre : observatoire des métiers
- 4, 9, et 16 novembre : transformation de l’emploi et des compétences
- 30 novembre : Qualité de Vie au Travail, reconnaissance, protection sociale
- 7 décembre : Synthèse et mise en signature de l’accord
Si la direction a préféré reculer sur les 20 mn de pause, son projet comporte toujours de nombreux reculs sur le temps de travail et sur l’emploi : 2000 départs « volontaires » dans l’Ingénierie/Tertiaire [5], perte de 20 mn de salaire par jour pour les nouveaux embauchés, allongement possible d’une heure par séance de travail (overtime), calcul des Heures Supplémentaires sur le mois au lieu de la semaine… D’autres mobilisations vont donc être nécessaires.
Notes
[1] Les entités suivantes ne sont pas concernées par les propositions concernant l’OTT : ElectriCity, Société des Automobiles Alpine, Sodicam2, Renault Software Labs, Renault Digital.
[2] Dans son projet initial, la direction voulait réduire le salaire de base de 20 minutes par jour. Pour rappel, ces 20 mn/jour avaient été exclues du Temps de Travail Effectif (TTE) en 1999 (d’où la notion de « pause ») pour atteindre une moyenne de 35 h de TTE par semaine. Cependant, leur rémunération avait été maintenue. En basculant le paiement de ces 20 mn dans une prime dite « Garantie Accessoires », la direction promettait de maintenir le niveau de rémunération des salariés actuels (mais pas des nouveaux embauchés). Sauf que toutes nouvelles augmentations ou primes seraient ensuite déduites de cette « Garantie Accessoires », selon son principe de fonctionnement établi dans l’« Accord à Vivre de Renault » de 1989 (voir les articles 1 et 2 de l’annexe de cet accord).
[3] Au moment de la transition, les jours CTI supérieurs à 15 jours basculeraient dans le compte transitoire dans la limite de 10 jours. Ensuite, dans le nouveau dispositif, tous les CTI supérieurs à 15 jours basculeraient dans le CTC à la fin de chaque trimestre.
[4] Division par deux du nombre de sites tertiaires d’Ile-De-France d’ici 2025.
[5] Le caractère « volontaire » des départs est tout relatif lorsque de nombreuses activités sont supprimées, que les possibilités de reclassement interne se réduisent comme peau de chagrin et que l’avenir de son métier, voire de l’entreprise, s’assombrit.