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Dans le privé et le public, un syndicalisme de lutte pour la transformation sociale

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Actu Solidaires 78 Automobile

Des quotas de notation à Renault

La saison des « people review » bat son plein à Renault. Ces comités de carrière sont chargés d’évaluer les salariés. Cette notation déterminera ensuite leur évolution salariale. Or les dés sont pipés car la direction a fixé des quotas de notation, en toute illégalité.

La saison des « people review » bat son plein à Renault depuis la mi-novembre. Ces comités de carrière sont organisés par service puis par direction afin d’évaluer la contribution individuelle de chaque salarié. Au sein de ces comités, des représentants de la fonction RH (Ressources Humaines) et de la hiérarchie (chefs d’équipe, chef de service…) sont chargés de noter les salariés selon deux grands critères :

  • Le « Quoi » : c’est le niveau global d’atteinte des objectifs fixés, mesurable à l’aide d’indicateurs.
  • Le « Comment » : il s’agit de noter le « comportement professionnel » du salarié.

En fonction du niveau obtenu dans chacun de ces deux critères, chaque salarié se voit ensuite positionné dans le « tableau à 9 cases » de l’évaluation :

Tous les tutoriels de l’entreprise concernant la « people review » précisent que cette « évaluation est importante pour la révision du salaire et l’évolution de la suite du parcours professionnel ». Le résultat de cette évaluation détermine en fait le niveau des augmentations de salaire et des primes individuelles (part variable) qui seront versées au mois d’avril suivant. Or la direction ajoute un troisième paramètre qui supplante tous les autres : les quotas de notation. C’est ce qu’elle appelle les « golden rules », les « règles d’or » de l’évaluation.

Cette année, les quotas de notation fixés par la direction sont les suivants :

  • Contribution insuffisante : 5% des salariés
  • Contribution partielle : 10% des salariés
  • Contribution forte : 55% des salariés
  • Contribution excellente : 20% des salariés
  • Contribution exceptionnelle : 10% des salariés

Chaque salarié ne sera donc pas noté selon le travail qu’il a effectué, mais il sera repositionné dans le « tableau à 9 cases » en fonction de ces quotas. Tous les membres d’un service ne pourront pas avoir le même niveau de contribution, ou se répartir dans deux ou trois cases du tableau. Leurs hiérarchiques directs devront discriminer les membres de leurs équipes, trouver absolument des collègues qui seraient moins bons ou meilleurs que les autres, même si la nature obligatoire de ce jugement le rend forcément arbitraire et artificiel. Ce sont des méthodes illégales et délétères.

Le « forced ranking » est illicite. La société Hewlett-Packard France (HPF) en a fait les frais. HPF a été définitivement condamné par la Cour de cassation en 2013 pour avoir effectué « la mise en œuvre d’un mode d’évaluation reposant sur la création de groupes affectés de quotas préétablis que les évaluateurs sont tenus de respecter » (voir le jugement de la Chambre sociale de la Cour de cassation n° 11-26539 du 27 mars 2013).

La direction oblige ainsi les managers de terrain à faire un « tri » dans leurs équipes. Ces quotas divisent, individualisent et opposent les salariés entre eux. Ils visent à les mettre en concurrence. Ils ont une effet psychologique énorme sur les salariés et un effet non moins important sur leur évolution salariale.

Le syndicat SUD appelle la direction à faire cesser cette pratique illicite et à enterrer définitivement tout processus qui définit et met en œuvre des quotas de notation dans l’entreprise.

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