Ce mardi 5 juillet marquait la fin de la saison 2 des accueils syndicaux de l’Union syndicale Solidaires 78 à Limay.
A cette occasion, et comme l’an dernier, nous avons tenu à nous retrouver autour d’un verre et d’un repas partagé.
Nous avons aussi proposé aux présent·es d’évoquer un souvenir marquant de cette année, souvenir de lutte ou de rencontre, à l’occasion de cette année militante. Voici quelques-unes des interventions…
F., militant à Orange, est longuement revenu sur le procès en appel de Lombard et Cie qui vient de s’achever. Il y a une quinzaine d’années, une vague de suicides avait suscité l’émotion à France Télécom et au-delà. Les responsables sont donc passés devant les tribunaux. Le verdict est mis en délibéré au 30 septembre 2022 après 15 jours de procès que notre camarade a suivi quotidiennement – chaque audience a fait l’objet de chroniques à retrouver ici. Rendez-vous est déjà pris à la rentrée, autour du 30 septembre, pour une initiative locale dans le 78…
F., retraitée de l’industrie automobile, a quant à elle évoqué deux moments forts dans le Mantois : la commémoration de la Commune de Paris, en juin 2021, ici même, dans les locaux de la librairie La Nouvelle Réserve. Sans nostalgie, mais en partageant témoignages, chansons et victuailles, une centaine de personnes s’étaient retrouvées pour dire que “Non, la Commune n’est pas morte !”. L’autre rencontre, bien plus récente, s’est déroulée le 18 juin dernier, au Collectif 12 de Mantes, avec Dominique Grange, Jacques Tardi et Pedro Fidalgo, le réalisateur du film N’effacez pas nos traces. Un moment très fort qui restera dans nos mémoires (de luttes).
Pour L., Prof des écoles, c’est le soutien du syndicat Sud éducation 78, cette année, qui lui a donné la force d’oser s’opposer à sa hiérarchie. Elle se souvient aussi de la lecture en arpentage de S’engager dans la guerre de classe et des fêtes lors de la mobilisation contre la réforme des retraites avec les grévistes et les Gilets jaunes.
S, AESH (Accompagnante d’élève en situation de handicap), Résumer en un mot cette année ? “On n’a pas lâché !” Plusieurs rassemblements ont eu lieu à l’initiative du collectif AESH 78, mais celui qui a le plus marqué les esprits, c’est bien la déambulation organisée dans les rues de Mantes, le 27 janvier 2022, jour de la grève nationale des AESH. Cortège dynamique, joyeux, bruyant, un véritable “meeting en mouvement” avec des prises de parole régulières tout au long du parcours pour interpeller la population. S. se souvient surtout des préparatifs et reconnaît qu’elle y a pris autant de plaisir que le jour J !
C., libraire, a évoqué avec émotion la rencontre avec Dominique Grange et le film N’effacez pas nos traces, et toutes les luttes qui y sont retracées, qui donnent des perspectives et des envies de s’engager… Souvenir aussi de ce deuxième confinement et de la résistance de la librairie La Nouvelle Réserve, refusant (comme seulement 3 autres librairies en France) de baisser le rideau. Une première lutte en tant que libraire, un acte de désobéissance !
Pour F., prof des écoles, l’année a été marquée par le mouvement de grève des communaux de Mantes-la-Jolie et leur combat contre les attaques portées à leurs conditions de travail… Une lutte avec celles et ceux qu’il fréquente quotidiennement, dans les écoles, les gymnases, etc. – dont certain·es lui avaient parfois reproché de “faire trop souvent grève” ! C’est aussi le souvenir de la manif aux flambeaux, contre les conditions sanitaires dans les établissements scolaires. Une manif en famille… même sous des étendards syndicaux différents !
J., prof en collège, témoigne d’une année marquée par un durcissement des attaques contre les personnels de l’éducation de la part des différentes hiérarchies, des plus basses au plus hautes… Des attaques vécues personnellement, venant parfois même des collègues. Mais quand le collectif de travail est défaillant, on peut heureusement compter sur d’autres relais – Solidaires 78, Sud éduc 78, le collectif Questions de classe(s). Cette expérience, comme bien d’autres rencontrées tout au long de l’année a fait de la souffrance au travail un objet d’intervention syndicale, et c’est important !
P., retraité de l’énergie. Son souvenir ? C’est celui de la lecture en arpentage de S’engager dans la guerre de classe lors d’un accueil Solidaires 78 : un moment partagé de réflexions et d’échanges, en collectif et à égalité…
L. Aesh : cette année, ce fut la rencontre et l’engagement dans le collectif AESH 78, je pensais que nous étions seules, dit-elle, mais beaucoup d’enseignant·es se sont retrouvé·es à nos côtés…
L.-M., prof en collège, a souhaité partager avec nous une note qui éclaire la situation politique, économique et sociale dans laquelle nous sommes aujourd’hui. Il s’agit du Cahier n° 13, de l’OCDE, publié en… 1996.
Extraits :
Sur les fonctionnaires : « Les salaires nominaux peuvent être bloqués (…) ; on peut ne pas remplacer une partie des salariés qui partent en retraite ; ou bien l’on peut supprimer des primes dans certaines administrations, en suivant une politique discriminatoire pour éviter un front commun de tous les fonctionnaires. Évidemment, il est déconseillé de supprimer les primes versées aux forces de l’ordre dans une conjoncture politique difficile où l’on peut en avoir besoin. (…) L’essentiel est d’éviter un mouvement de grève générale dans le secteur public qui remettrait en question un objectif essentiel du programme de stabilisation : la réduction du déficit budgétaire »
« Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement et l’école peut progressivement et ponctuellement obtenir une contribution des familles, ou supprimer telle activité. Cela se fait au coup par coup, dans une école mais non dans l’établissement voisin, de telle sorte que l’on évite un mécontentement général de la population »
« Les grèves comportent un inconvénient sérieux, celui de favoriser les manifestations. Par définition les grévistes ont le temps de manifester » (p.26).
Sur le sujet, voir l’analyse de nos camarades du Snuipp – FSU 38
G., prof en collège, Souvenir récent : le 30 mai dernier, le Rectorat de Versailles organise, à grands renforts de publicité, un Job dating pour recruter en 20 mn chrono des centaines de précaires... Au même endroit, dans le même lieu, un collègue de techno lui aussi contractuel se voit notifier son non-renouvellement de contrat sans aucun élément tangible – mais il était à la veille de ses 6 années d’ancienneté, gage d’une “CDIsation”. Grâce à l’accompagnement syndical de Sud éducation 78, il sera finalement renouvelé.
Cette année, ce fut également une très forte et émouvante rencontre avec la militant chilienne du MIR, Carmen Castillo, venue à la Nouvelle réserve présenter son livre mais surtout nous transmettre la force intacte de ses engagements sociaux, malgré la dictature de Pinochet….
S., prof en collège, il n’y a pas eu beaucoup de luttes. Celle des agents de Mantes a été marquante parce qu’on a pu y croiser des travailleurs de la mairie (de la médiathèque, par exemple, que, précise S., il fréquente régulièrement… et les voir sous un autre jour).
Ce mouvement avait un côté spontané et humain, joyeux et positif qui allait de paire avec son aspect “amateur” (animé par un tout jeune syndicat qui venait à peine de se remonter). Ce qui est rageant c’est que ce même type de lutte, pour les mêmes raisons, s’est déroulé un peu partout en France, à des moments différents et que les organisations syndicales ont été incapables de coordonner la lutte, c’est un véritable échec.
Pour J., prof en collège, la situation des contractuels dans l’éducation a été un des éléments déterminant de cette année dans l’éduc, en particulier celle d’un collègue prof de techno dans son établissement. Sans l’intervention syndicale, son contrat n’aurait pas été renouvelé…
E., prof des écoles, se souvient de l’Ag de lutte éducation dans le Mantois, lors du mouvement des retraites, des rencontres qu’elle y a faites et qui continuent aujourd’hui. Ce fut le début d’un engagement au syndicat Sud éducation 78…
Concernant cette année, il y a eu l’accompagnement de travailleurs sans papiers quand il a fallu donner un coup de main pour aider à la constitution de leurs dossiers de régularisation, ce fut un moment très fort.