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Dans le privé et le public, un syndicalisme de lutte pour la transformation sociale

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Pourquoi des prisons ?

Contre la prison de Magnanville, et les autres, faire entendre des voix critiques ! (IV) Témoignage

Lettre de Sonia,
maison d’arrêt des femmes de Fresnes, 2001


J’ai choisi de me battre… L’isolement incite à la réflexion. Avant mon incarcération, le mot « suicide » ne m’avait jamais effleuré l’esprit. Bien au contraire, la vie était (et est) pour moi quelque chose à croquer à pleines dents. Ce n’est qu’en arrivant à Fresnes que ce mot m’est apparu comme une sortie de secours qui signifie pour moi « exit et liberté ». […]


Mais il faut se dire que tout a une fin, alors pourquoi se donner une fin aussi horrible ?
C’est vrai que pour une première incarcération, le choc est plus dur à encaisser. Je me souviens de mon arrivée ; dès qu’on m’a donné mon fameux paquetage, on m’a escortée jusqu’à ma « splendide demeure » et là, la porte s’est refermée derrière moi. La première chose qui m’a traversé l’esprit a été: « Je n’ouvrirai plus jamais cette porte, c’est eux qui ont la clef. »
Et la deuxième chose qui m’a traversé l’esprit était le suicide.
Mais je n’ai pas été la seule à y penser, car d’autres détenu·e·s y ont pensé ; mais eux ont été jusqu’au bout. Était-ce la seule solution ? Telle est la question ! Le suicide est un acte de courage : c’est dire, c’est crier que l’on en a marre d’être traité ainsi, comme des animaux sauvages en cage. Par ce geste, il ne faut pas oublier la souffrance de notre famille et la jouissance de la justice. La justice se dira qu’elle avait raison, que la personne était coupable et ça, jamais. Ils se permettent de nous juger et
de nous mettre en zonzon, et à leurs yeux, eh bien oui, devinez? On est « des dangers pour la société », on nous catalogue « asociale ». Pourquoi tant de haine dans un monde aussi cruel ? Mais où se trouve le juste dans cette justice injuste ? Il ne faut pas oublier que l’administration pénitentiaire a sa part de responsabilité dans le suicide des détenu·e·s,
car non seulement on se fait juger par nos juges, avocats et autres, mais en plus les surveillantes se permettent de nous juger à leur tour… Pour qui se prennent-elles ? Leur travail est de nous surveiller, non de nous juger ! Si c’est le cas, elles se sont trompées de métier.


Le livre « La peine de mort n’a jamais été abolie » est disponible !

L’État français aurait aboli la peine de mort le 9 octobre 1981. En réalité, la guillotine a été remplacée par des peines infinies qui tuent à petit feu. Des dizaines de personnes meurent chaque année derrière les murs. Violence des surveillants, manque de soin, désespoir…
Depuis 40 ans, des prisonniers prennent la parole et dénoncent la mascarade de l’abolition : « Nous, prisonniers qui vivons dans le ventre de la bête carcérale, nous adressons cette supplique à ceux qui, réunis, fêterons l’anniversaire. Les prisons actuelles sont des mouroirs… »
Joyeux anniversaire ?

Nous sommes fier.e.s de vous annoncer que le nouveau livre de l’équipe de L’Envolée a paru chez Les éditions du bout de la ville. Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir pour le quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort. Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.
Le livre est disponible dans toutes les bonnes librairies, et sur la boutique de la maison d’édition. Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches.

Lien vers la page du site de l’Envolée : https://lenvolee.net/le-livre-la-peine-de-mort-na-jamais-ete-abolie-est-disponible/

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