Monsieur le Préfet,
Notre département est touché par le COVID-19 depuis plusieurs semaines maintenant. Nous vivons une crise sanitaire sans précédent qui oblige l’ensemble des personnels hospitaliers, sociaux et médico-sociaux à s’adapter à des conditions de travail inédites.
Sur le département des Yvelines, les hôpitaux de Poissy, Mantes la Jolie et Versailles sont les sites “références” dans la gestion de la crise COVID-19. Mais les autres établissements de santé sont également répercutés puisqu’ils accueillent les patient·e·s qui viennent des établissements références débordés ou qui restent dans leur établissement ne pouvant être transférés. En effet, le nombre de décès de résident.es d’EHPAD et du médico-social augmente dangereusement, au sein de leur propre structure d’accueil, ce qui a nécessité l’ouverture d’unités dédiées COVID dans des hôpitaux pourtant de 3ème ligne, sans l’aide des plateaux techniques dont disposent les gros hôpitaux.
Le rapport aux soigné·e·s et résident·e·s se fait en mode dégradé :
Les EHPAD sont au confinement total, laissant les résident·e·s sans visites physiques, même si les vidéotéléphones pallient marginalement cet isolement.
Dans les établissements sociaux et médico-sociaux, là aussi l’ensemble du travail a été réorganisé. Les externats sont fermés, pourtant il est demandé aux personnels (AMP, Educs Spé…) de venir travailler tous les jours pour faire du rangement, du ménage et autres tâches qui ne nous semblent pas indispensables au point de rompre le confinement.
Les visites à domicile se font sans application systématique des mesures barrières (Formation, EPI, gel…) pour protéger le visiteur et visité. Et plus grave, pour les patient.es fragiles, les intervenant.s ne sont pas dépisté.es du COVID19. Il serait adapté que les intervenant.es dans des milieux confinés, en contact avec à des personnes fragiles ou contaminées, soient suivi.es par leur médecin du travail.
Aujourd’hui, nous constatons encore une pénurie affligeante de matériels pour tout le personnel du sanitaire et du médico-social : masques, lunettes de protection, sur-blouses, tests sont en nombre restreint et distribués au compte-goutte. Il y a également un manque de matériel médical (pousse seringue, respirateur, etc…).
A trop tirer sur la ficelle, elle cassera, les équipes soignantes commencent à fatiguer physiquement, mais aussi et surtout psychologiquement. Les patient·e·s très lourd.es, nécessitent une prise en charge très longue.
Malgré la mise en place de cellules psychologiques, nous commençons à voir certain·e·s de nos collègues sombrer dangereusement.
En tant que représentant de l’Etat, nous vous demandons expressément de faire remonter aux pouvoirs publics, cette alerte du personnel soignant qui sature et fait les frais, comme toute la population aujourd’hui, des différentes politiques d’austérité de l’Hôpital et de l’ensemble du secteur de la santé.
Aussi, si des efforts sont à consentir par l’Etat, ils doivent être concentrés sur la prise en charge de cette pandémie, par exemple ;
Nous faisons le constat que l’Etat a failli par son manque d’anticipation pour faire face à une pandémie, en affaiblissant toutes les structures d’accueil, notamment le nombre de lits en réanimation.
Nous finissons ce courrier par une boutade qui fait référence aux termes martiaux du Président ; guère de moyens humains, guère de matériels, guère de lits, guère de reconnaissance financière pour les premiers de corvée.
Les meilleurs stratèges sont ceux capables d’anticipation. Il est grand temps de remettre l’Hôpital public et la santé publique au cœur des investissements financiers et humains à venir.
Nous vous remercions de toute l’attention que vous porterez à notre courrier, et vous prions de recevoir, Monsieur le Préfet, l’assurance de notre détermination à nous battre pour sauver le plus de vies possibles. En espérant pouvoir compter sur vous.
Pour SUD Santé Sociaux
Sébastien POINT
Pour Solidaires Yvelines
Frédéric Bruneel