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Dans le privé et le public, un syndicalisme de lutte pour la transformation sociale

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Enquête en ESAT : quand l’exploitation des ouvriers passe pour de l’action sociale

Enquête en ESAT quand l’exploitation des ouvriers passe pour de l’action sociale / article blog Médiapart

Il y a de nombreux ESAT et EA dans le 78.

https://www.reseau-gesat.com/Gesat/Yvelines-78/

L’enquête sur les ESAT réalisée par Thibault Petit confirme ce que les militants antivalidistes dénoncent depuis longtemps: l’exploitation d’ouvriers et d’ouvrières privés du SMIC et du droit du travail. S’y expriment la colère et les revendications de ces travailleurs jusqu’alors largement ignorés par les organisations du mouvement ouvrier et les travaux sur la condition ouvrière.

morin cecile

morin cecile Militante contre le validisme. Doctorante en histoire contemporaine Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce texte a été initialement publié sur le site de la revue Dièses.

Après les révélations de Victor Castanet sur ORPEA, voici que paraît un autre livre enquête signé par le journaliste Thibault Petit et intitulé Handicap à vendre[1]. Pendant six ans, l’auteur a mené une investigation sur les ESAT, les bien mal nommés « Établissements et services d’aide par le travail ». Le bandeau de couverture donne le ton : « Resteriez-vous sept heures à trier des vis ? eux, oui ! »

Qui croiraient qu’il s’agit là d’une dénonciation des conditions de travail en ESAT par l’auteur se méprendrait : la citation est issue d’une publicité conçue par un directeur d’établissement à l’attention d’entreprises désireuses de sous-traiter leur production.

Dans une annonce qu’il intitule « Cost killing & externalisation », ce directeur vante ainsi les avantages de la main d’œuvre de l’ESAT : « Plus de 175 travailleurs handicapés sont prêts à répondre à vos besoins à un coût défiant l’externalisation tout en vous permettant de réduire votre taxe AGEFIPH », « Leurs différences, leurs petits défauts sont, bien souvent dans le domaine du travail de sous-traitance (minutieux, répétitif, taylorisation) un réel avantage », «Ne déviez-vous jamais du travail fixé par votre chef : eux non. »[2]

Le patronat du XIXe siècle n’aurait pas parlé autrement de l’intérêt d’employer des enfants dans l’industrie : main d’œuvre quatre fois moins coûteuse que les adultes, particulièrement docile, dure à la peine et pourvue d’une surprenante dextérité. « Dans le milieu ordinaire, les travailleurs font chier. Et les handicapés, bah, ils travaillent mieux, oui » déclare d’ailleurs ce facétieux directeur à Thibault Petit[3]

Pas de SMIC ni de droit du travail

Il est vrai que les entreprises auraient tort de se priver de sous-traiter aux ESAT tant la main d’œuvre y est sous-payée et dépourvue de droits. Le journaliste décrit page après page la condition des travailleuses et travailleurs des ESAT que ne cessent de dénoncer différents collectifs antivalidistes, comme l’avaient fait avant eux les militants handicapés des années 1970[4]. La rémunération en ESAT équivaut en moyenne à 11% du SMIC rappelle l’auteur en citant un rapport du Sénat sur le sujet.

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