… Elles disent pourquoi ? “Parce que la fête des mères perpétue un monde machiste qui renvoie les femmes aux seules tâches domestiques et à la maternité, perpétuant ainsi toutes les inégalités et toutes les exploitations.”
La Fête des mères par les FFFRAC, Sur l’air de Cadet Roussel
Depuis longtemps la fête des mères, n’a célébré que nos ovaires
il a fallu que nous fassions de beaux enfants à la nation
puis que nos foyers soient bien nets,
plats mitonnés dans les assiettes
Restez dans vos foyers, avec vos robots ménagers (bis)
Puis il y a eu les colliers de nouille, les cendriers en macramé,
nos tout petits si mignonnets, avec leurs poèmes dédiés,
Et Moulinex, Seb et Hoover, qui nous vendent leurs aspirateurs,
Restez dans vos foyers, briquez rangez, mesdames, souriez ! (bis)
Mais tout cela a bien changé, les femmes ne sont plus au foyer
et attention, la colère gronde,
il va falloir les amadouer, avec des crèmes et des massages,
histoire qu’elles restent là, bien sages…
Massez, gommez souriez, faut tout de même rester en beauté ! (bis)
Et pouvons nous imaginer une autre histoire à raconter
Tâches ménagères à partager, charge mentale éradiquée,
Et des enfants si on en veut, sans nous faire culpabiliser
Restons le poing levé, solidaires dans le monde entier(bis)
Salaires égaux dans tous les métiers, la double journée envolée
Crèches, nounous à proximité, sans emprunter à son banquier
Et si enfin la société foutait la paix à nos nénés !
Restons le poing levé, fêtons toutes la sororité! (bis)
FEMMAGE de lutte : Aujourd’hui d’autres femmes sont à l’honneur : les guerrières de l’hôtel Ibis à Clichy-Batignolles, ces courageuses femmes de ménage, parmi les plus surexploitées- car subissant aussi le racisme-, qui n’ont pas cédé d’un pouce dans un conflit pour leurs conditions de travail pendant 23 mois ; quasiment 2 années de lutte !
En juillet 2019, 34 femmes de chambres sur les 40 que compte l’hôtel, entrent en grève, au mois de décembre suivant 20 saisissent les Prud’hommes. Employées par la société STN, elles veulent la “reconnaissance de l’existence d’un contrat de travail” entre elles et l’hôtel, ainsi qu’entre elles et le groupe Accor, propriétaire de la chaîne Ibis. Elles déplorent notamment que leurs contrats soient établis à la tâche : “Nous avions des contrats de cinq ou six heures par jour, qui correspondaient à 19 ou 21 chambres à nettoyer mais quand nous arrivions le matin, on nous en donnait quarante. Il fallait les faire, sans être payées des heures supplémentaires”
L’Ibis Batignolles, le deuxième plus grand hôtel Ibis de France avec plus de 700 chambres, est devenu par cette lutte le symbole des conditions de travail dégradées des femmes de chambre .
Et en ce dimanche 30 mai , avec leur dignité retrouvée, elles annoncent un « braquage de la fête des mères » pour fêter ensemble leur récente victoire du 21 mai. Elles ont obtenu des augmentations de salaires (250 à 500€ par mois) par 150€ mensuel de prime de panier, l’augmentation des qualifications et de la mensualisation mais aussi la baisse des cadences sur le temps de nettoyage des chambres, la baisse du nombre de chambres à contrôler, la réintégration de 2 femmes en CDD, des déléguées de site, l’annulation des mutations et d’autres mesures positives.
Voilà leur constat dont elle peuvent être fières : « Nous avons mené des actions pendant tous ces mois, en allant dans les hôtels du groupe qui marchaient bien, même pendant le confinement, avec nos confettis et nos chants, rappelle Rachel Keke. Avec la réouverture qui arrive pour ses hôtels, Accor n’a pas voulu prendre le risque qu’on gâche leur image et qu’on perturbe la reprise de l’activité. »
Même si leur intégration au groupe Accor n’a pas été obtenue, il faut signaler ce recul important. Et surtout l’énorme mouvement de sympathie et de solidarité que les femmes de chambre et leur syndicat ont su créer autour de leur lutte : plus de 280 000 € ont été collectés qui ont permis de tenir ce plus long conflit de l’histoire dans l’hôtellerie.