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Dans le privé et le public, un syndicalisme de lutte pour la transformation sociale

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Mantes : action FFFRAC samedi 6 février 11 h-12 h (préparation grève des femmes du 8 mars)

Une déambulation aura lieu au marché de Mantes-la-Jolie, le samedi 6 février de 11 h à 12 h avec fanfare).

Cette action s’inscrit dans le cadre de la mobilisation nationale et internationale de préparation de la grève des femmes du 8 mars 2021.

Voici un article de la précédente action sur Mantes (Courrier de Mantes, 19 janvier 2021)

La grève des femmes

(texte lu au rassemblement du 8/01/21)

La grève des femmes peut prendre de multiples formes car le travail des femmes car le travail des femmes se caractérise par invisibilité. Qu’il soit rémunéré ou non, dans le secteur formel ou informel, dans la sphère professionnelle ou familiale, le travail des femmes est encore peu reconnu, mal réparti et sous-payé.

Le plus ancien exemple de femmes faisant la grève est celui de la Grecque Lysistrata dans la pièce de théâtre antique d’Aristophane, écrite en 411 avant notre ère. Dans cette comédie antimilitariste décapante, les femmes, menées par Lysistrata, répondent au mot d’ordre de leur rusée cheffe : « Pour arrêter la guerre, refusez-vous à vos maris. » C’est la « grève du sexe » .

Le portefeuille est un autre endroit douloureux pour les hommes puissants. C’est ce qu’avait bien compris Hubertine Auclert, militante du vote pour les femmes et qui en 1880 entame une grève de l’impôt.

Dans le même esprit, en 1909, au Royaume-Uni, les suffragettes créent une Ligue féminine de résistance aux taxes.

Et les femmes mènent aussi des grèves en tant que travailleuses dans la sphère professionnelle.

Les Penn Sardin, ouvrières bretonnes exploitées et maltraitées du port de Douarnenez, ont commencé une grève le 20 novembre 1924 dans l’une des conserveries de poisson. Leur combat devient un enjeu national. Au bout de 6 semaines de violences patronales et policières insensées, leurs revendications aboutissent.

On pense aussi à ces 12 semaines d’arrêt de travail des « femmes machines » à la Fabrique Nationale de Herstal en Belgique, 3000 grévistes travaillant dans des conditions épouvantables d’ambiance, de bruit, de saleté. A travail égal, salaire égal. C’était en Février 1966.

Plus récemment, en mai 2014, on pense à l’exemple des travailleuses sans papiers d’un salon de coiffure du 10e arrondissement parisien : grève, soutien d’un syndicat, occupation des locaux, bataille juridique et finalement, au bout du tunnel, la condamnation des patrons exploiteurs. Quant aux 80 « femmes de chambre en colère » de l’hôtel Park Hyatt Paris-Vendôme qui avaient entamé une grève le 25 septembre 2018, elles ont gagné leur bras de fer avec leur direction après 87 jours de grève.

Plus récemment encore les femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles, Paris 17, appartenant au groupe Accor sont en grève depuis juillet 2019. Des cadences infernales de 3,5 chambre à l’heure, sous payées, forcées de faire des heures supplémentaires non reconnues…Au coeur des revendications, la fin de la sous- traitance synonyme de maltraitence et l’internalisation au groupe Accor pour bénéficier des mêmes droits que les autres employés du Groupe.

Cette lutte des femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles témoigne aussi, pour la sociologue Caroline Ibos, de l’émergence d’un prolétariat de service largement féminin et racisé : « Ces femmes racisées, qui effectuent un travail dévalorisé et déconsidéré, sont à la fois des symboles d’exploitation de genre, de classe, et de race. Mais elles sont aussi le symbole des résistances, des capacités d’organisation contre l’exploitation. Il ne faut pas seulement les voir comme des victimes ou seulement comme des personnes vulnérables, il faut aussi les voir comme des femmes en lutte. »

Et pendant ce temps dans la sphère privée, les femmes ont toujours porté le poids du travail domestique sur leurs épaules. Ce travail effectué au sein de la sphère familiale, gratuit, s’appelle le travail « reproductif ». Il se dissocie du travail « productif » exercé dans la sphère professionnelle qui, lui, est considéré comme un véritable apport à la société : production de richesse, épanouissement par le travail, reconnaissance sociale.

Le travail reproductif est pourtant indispensable au bon fonctionnement d’un foyer, mais aussi de l’économie toute entière puisqu’il alimente le travail productif dans l’économie formelle.

Une femme continue d’avoir une double journée et une charge mentale très élevée : on compte environ 20H de tâches domestiques et familiales pour la femme par semaine.

Ce travail domestique exclut parfois les femmes du secteur de l’emploi formel, car cette charge ne leur permet pas toujours de concilier avec un emploi à temps plein (une Française sur trois est à temps partiel). Une charge d’autant plus lourde à porter que les femmes subissent un rapport de force inégalitaire, à la fois dans le milieu professionnel et au sein du foyer. En bref, comme le résume la journaliste et écrivaine Titiou Lecoq[3], « les hommes vivent chez les femmes, et les femmes travaillent chez les hommes. »

Nous gagnerions à construire un modèle qui conviendrait à la fois aux hommes et aux femmes, et qui permettrait un meilleur équilibre entre travail et vie privée.

Alors une grève féministe c’est quoi ?

A un moment précis, un jour marquant, une heure symbolique, les femmes lâchent tout : Un dia sin mujeres comme disent les mexicaines, un jour sans femmes, on ne va pas travailler, on ne va pas à l’école, on ne s’occupe pas des enfants, on ne soigne personne, one ne consomme pas ni dans les magasins ni en ligne, on ne prend pas sa voiture, on ne fait pas le ménage, on ne cuisine pas…

Ca rend visible tout ce qui ne se fait pas sans les femmes. Si toutes les femmes s’arrêtent, des pans entiers de l’économie sont suspendus. 

En 1974, une militante MLF sur l’enjeu de la conscientisation des femmes« On propose de faire une grève pour que les femmes se rendent compte de ce qui se passerait si elles s’arrêtaient. Qu’elles prennent conscience qu’elles ont un pouvoir, que nous avons un pouvoir, et qu’on peut arrêter le système qui nous fait travailler comme des serfs. »

Puis en 1975, ce sera le tour des Islandaises qui réussissent à mobiliser 90% des travailleuses pour l’égalité des droits et qui en janvier 2018 imposent de façon contraignante le principe « à travail égal, salaire égal », revendiqué souvenez vous par les femmes machines de la FN en Belgique en 1966.

Puis les grèves et soulèvements de femmes se multiplient partout dans les années 2000 : en Pologne ,puis aux USA, en Turquie, en Suisse et en Belgique, en Italie et en Espagne, Amérique du sud,.

L’heure H du débrayage ,calculée sur la base de l’heure à laquelle les femmes devraient débaucher pour toucher un salaire équivalent à celui des hommes, est passée de 14H environ à 16H environ.

La grève féministe c’est aussi la défense de tous nos droits.

La dénonciation des violences envers les femmes

le droit de décider de son propre corps et de sa sexualité ;

le droit à l’avortement,

la dénonciation de l’exploitation des femmes dans la sphère privée,

l’égalité salariale

la dénonciation du modèle hégémonique hétérosexuel ;

la nécessité d’une éducation non sexiste dès la maternelle et jusqu’à l’université…

le rejet de l’islamophobie et du racisme ;

le refus des centres fermés pour les femmes étrangères car aucune femme n’est illégale  ;

la dénonciation de la précarité

la dénonciation du capitalisme , prédateur de la planète

C’est reconnaitre l’imbrication des différents systèmes de domination (sexisme, racisme, capitalisme)

Selon le rapport 2016 du Forum économique mondial (WEF) sur la parité homme-femme, celle-ci pourrait devenir une réalité dans 170 ans, en raison d’un “fort ralentissement” dans ce domaine en 2186 !!!!

NOUS SOMMES PRESSÉES d’avoir une nouvelle société !

Nous n’attendrons pas 2186 !!

Corée, Argentine : solidarité avec les femmes du monde entier !

Texte lu au rassemblement du 8 janvier 2021

Comme à chaque rassemblement Fffrac, nous souhaitons rendre compte de l’actualité et la réalité des combats féministes dans le monde. A ce titre la fronde des sud – coréennes mérite d’être partagée.

Malgré des apparences de modernité et l’essor des nouvelles technologies ultraconnectées, la société sud-coréenne demeure très arriérée sur le plan de l’égalité entre les sexes, une société très machiste. Les femmes doivent être dévouées à leur famille, soumises au fil de leur vie, à leurs pères, leurs maris puis à leurs fils aînés. Les pressions sociales et familiales sont extrêmement fortes pour que les femmes quittent leur emploi dès le premier enfant. Les mères célibataires subissent de plein fouet les effets d’un patriarcat tenace, beaucoup perdent leur emploi, on les force ou à avorter ou à abandonner leur bébé à la naissance (des milliers d’enfants sont adoptés à l’étranger). Dans le monde du travail, les sud-coréennes ont beau être les femmes les plus diplômées de l’OCDE, elles occupent les emplois les plus précaires et les moins bien payés et peuvent se faire licenciées si elles tombent enceintes. Les lois sur l’égalité des sexes au travail existent mais sont ignorées.

Pas facile dans ce contexte, d’être et de s’afficher féministe sans s’attirer les foudres de la famille, des collègues masculins, des internautes ! Et pourtant des féministes résistent. Suite au mouvement mee≠too arrivé tardivement en 2018 dans le pays mais qui a eu un impact considérable, de grandes manifestations ont eu lieu noamment à Séoul et des femmes ont brisé la loi du silence, ont trouvé le courage de parler ; elles ont accusé publiquement leurs bourreaux , dirigeants politiques, cinéastes, artistes, universitaires, supérieurs hiérarchiques… elles ont dénoncé les agressions sexuelles dont elles étaient victimes mais aussi la prolifération des caméras-espions placées dans des lieux publics (toilettes- saunas) pour les filmer à leur insu (vidéos ensuite vendues et diffusées sur internet). Elles ont ainsi obtenu en août 2019, puis en mai 2020 le renforcement de la loi punissant les crimes sexuels en ligne.

Sur le front de l’avortement, elles ont récemment obtenu des avancées majeures : – les juges de la cour constitutionnelle ont rendu un verdict historique en décriminilisant l’avortement (avril 2019).

  • Et le gouvernement a présenté en octobre dernier un projet de loi qui autorise sans restriction l’Interruption Volontaire de Grossesse jusqu’à 14 semaines de grossesse mais l’interdit toujours au-delà en cas de viol, de danger pour la mère ou pour des raisons économiques et sociales dans un délai de 24 semaines.

Ce texte reste bien timoré aux yeux des féministes mais leur révolte paie et les victoires renforcent le mouvement.

Le combat risque néanmoins, comme partout, d’être long et difficile d’autant qu’on observe un regain d’un discours misogyne particulièrement virulent véhiculé par de jeunes hommes se désignant comme victimes de discriminations et revendiquant leurs privilèges traditionnels.

En Argentine, une victoire historique :

Les sénateurs argentins ont autorisé l’interruption volontaire de grossesse (IVG) par 38 voix contre 29, ce mercredi. Jusque-là considéré comme un délit, l’avortement sera possible jusqu’à la quatorzième semaine de grossesse. Une victoire historique du mouvement des femmes après des années de lutte et de mobilisation. Un énorme pas en avant dans la lutte pour les droits des femmes.

Femmage à Anne Sylvestre,

une sorcière comme les autres

Bien que décédée à 86 ans le 30 novembre dernier d’un Avc, pour beaucoup, Anne Sylvestre nous accompagnera encore très longtemps en tant que féministes.

Ce sont les mots et la pensée un peu en marge qui lui donnait sans doute cette éternelle jeunesse. 

A 80 ans elle était encore sur scène au Printemps de Bourges et s’apprêtait pour début 2021 à chanter à la Cigale à Paris…

Autrice-compositrice-interprète, d’ailleurs une des 1ères femmes à écrire ses propres chansons, elle est connue surtout grâce à ses chansons pour enfants (les Fabulettes).

Mais pour nous, Anne Sylvestre c’est aussi et surtout son engagement auprès des femmes, des sans-abris et de toutes les personnes discriminées et mises au ban de la société.

Elle disait d’ailleurs : “Je suppose que ça m’a freinée dans ma carrière parce que j’étais l’emmerdeuse de service, mais ma foi, si c’était le prix à payer…“.

Ses combats n’ont jamais cessé et c’est par la musique et les mots qu’elles les exprimait avec justesse.

Avortement, viol, homophobie, racisme, toutes les injustices lui hérissaient le poil. Tout cela dit joliment et sans détours dans ses albums successifs.

Sur scène, ses mots raisonnaient avec force et conviction.

Non, tu n’as pas de nom (1974), une chanson sur le choix d’avorter parue un an avant l’adoption de la loi Veil

Depuis si longtemps, je t’aime/ Mais je te veux sans problème/ Aujourd’hui, je te refuse / Qui sont-ils ceux qui m’accusent?.

Nous allons vous lire à plusieurs voix une de ses plus belles chansons féministes : Une sorcière comme les autres.

Une sorcière comme les autres Anne Sylvestre

S’il vous plaît, Soyez comme le duvet,

Soyez comme la plume d’oie, Des oreillers d’autrefois

J’aimerais, Ne pas être portefaix

S’il vous plaît, Faîtes vous léger, Moi je ne peux plus bouger

Je vous ai porté vivant, Je vous ai porté enfant,

Dieu comme vous étiez lourd

Pesant votre poids d’amour, Je vous ai porté encore,

A l’heure de votre mort, Je vous ai porté des fleurs,

Je vous ai morcelé mon cœur (…/…)

Quand vous jouiez à la guerre, Moi je gardais la maison

J’ai usé de mes prières Les barreaux de vos prisons

Quand vous mourriez sous les bombes, Je vous cherchais en hurlant

Me voilà comme une tombe, Avec tout le malheur dedans

Ce n’est que moi, C’est elle ou moi

Celle qui parle, Ou qui se tait, Celle qui pleure, Ou qui est gaie

C’est Jeanne d’Arc, Ou bien Margot, Fille de vague, Ou de ruisseau

C’est mon cœur, Ou bien le leur, Et c’est la sœur, Ou l’inconnue

Celle qui n’est Jamais venue, Celle qui est Venue trop tard

Fille de rêve Ou de hasard

Et c’est ma mère Ou la vôtre, Une sorcière Comme les autres

Il vous faut , Être comme le ruisseau,

Comme l’eau claire de l’étang Qui reflète et qui attend

S’il vous plaît, Regardez-moi je suis vraie,

Je vous prie , Ne m’inventez pas, Vous l’avez tant fait déjà,

Vous m’avez aimée servante, M’avez voulue ignorante

Forte vous me combattiez, Faible vous me méprisiez

Vous m’avez aimée putain Et couverte de satin

Vous m’avez faite statue Et toujours je me suis tue

Quand j’étais vieille et trop laide, Vous me jetiez au rebut

Vous me refusiez votre aide, Quand je ne vous servais plus

Quand j’étais belle et soumise, Vous m’adoriez à genoux

Me voilà comme une église, Toute la honte dessous

Ce n’est que moi, C’est elle ou moi

Celle qui aime Ou n’aime pas, Celle qui règne Ou qui se bat

C’est Joséphine Ou la Dupont, Fille de nacre Ou de coton

C’est mon cœur Ou bien le leur

Celle qui attend Sur le port, Celle des monuments Aux morts,

Celle qui danse Et qui en meurt, Fille bitume Ou fille fleur

Et c’est ma mère Ou la vôtre, Une sorcière Comme les autres

S’il vous plaît Soyez comme je vous ai rêvé depuis longtemps

Libre et fort comme le vent,

S’il vous plaît, Libre aussi, Regardez je suis ainsi

Apprenez-moi n’ayez pas peur, Pour moi je vous sais par cœur

J’étais celle qui attend Mais je peux marcher devant

J’étais la bûche et le feu, L’incendie aussi je peux

J’étais la déesse mère, Mais je n’étais que poussière

J’étais le sol sous vos pas Et je ne le savais pas (…/…)

Mais un jour la terre s’ouvre, Et le volcan n’en peux plus

Le sol se rompt, On découvre des richesses inconnues

La mer à son tour divague De violence inemployée

Me voilà comme une vague, Vous ne serez pas noyé

Ce n’est que moi, C’est elle ou moi

Et c’est l’ancêtre Ou c’est l’enfant, Celle qui cède Ou se défend

C’est Gabrielle Ou bien Eva, Fille d’amour Ou de combat

C’est mon cœur Ou bien le leur,

Celle qui est Dans son printemps

Celle que personne N’attend

Et c’est la moche Ou c’est la belle,

Fille de brume Ou de plein ciel

Et c’est ma mère Ou la vôtre, Une sorcière Comme les autres

S’il vous plaît, Faîtes vous léger, Moi je ne peux plus bouger…

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