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Dans le privé et le public, un syndicalisme de lutte pour la transformation sociale

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Éducation

Rentrée 2025 : une école toujours en crise

Motion d’actualité de SUD éducation

En cette rentrée scolaire 2025, le compte n’y est toujours pas pour le Ministère de l’Éducation nationale. Il manquait au 1er septembre plus de 2500 professeur·es. De nombreux établissements font à nouveau face à des classes surchargées et manquent d’AESH et d’AED. Une autre politique doit être mise en place pour pallier les lacunes d’un ministère moribond depuis plusieurs années. En cette rentrée, SUD éducation revendique plus que jamais : l’amélioration des conditions de travail par la baisse des effectifs en classe et l’augmentation des salaires, la titularisation de tou·tes les enseignant·es contractuel·les, la création d’un statut de fonctionnaire pour les AESH et les AED, le recrutement massif de personnels, la rénovation et le désamiantage du bâti. Le déploiement des PAS (pôles d’appui à la scolarité) à marche forcée et avec peu de moyens, nous fait craindre des dérives dans sa mise en œuvre et des conséquences sur les conditions de travail des personnels.  Par ailleurs, l’école reste une machine à trier et à ségréguer les élèves. Les établissements des quartiers populaires et des zones rurales défavorisées ont les moins bonnes conditions d’étude. La politique du ministère ne cesse de creuser les inégalités sociales en continuant de subventionner le privé. Nous sommes d’ailleurs inquiet·es et en colère face au détournement du programme d’Enseignement à la vie affective relationnelle et sexuelle (EVARS) par l’enseignement catholique qui réaffirme la binarité de genre, la complémentarité femme-homme et ainsi se positionne comme sexiste et lgbtiphobe. De plus, externaliser l’enseignement de l’EVARS à une association anti-avortement est totalement en opposition avec les objectifs premiers de ces programmes. Ajoutons à cela les propos tenus par le secrétaire général de l’enseignement catholique redonnant « clairement le droit à un·e enseignant·e de faire une prière avec des élèves ». Le contrat d’association entre l’école privée sous contrat et l’État est pleinement rompu. Plus un euro pour les écoles privées ! A contrario l’Éducation prioritaire est démantelée et effacée petit à petit derrière une multiplicité de dispositifs illisibles (cité éducative, CLA, établissement à aider…). Les élèves à besoins éducatifs particuliers pâtissent également du manque de moyens chroniques comme ielles pâtissent de l’orientation néolibérale des politiques éducatives.

L’austérité budgétaire touche aussi la culture et a des conséquences directes dans l’Éducation Nationale. Les coupes drastiques du pass culture privent les élèves issu·es des familles les plus précarisées de l’accès à une éducation artistique et culturelle nécessaire. Elles mettent en péril l’émancipation de tou·tes.

C’est avec tristesse et colère que nous avons appris le décès de notre collègue Caroline Grandjean, professeure et directrice de l’école de Moussages dans le Cantal. Victime de lesbophobie et de menaces de mort, elle a mis fin à ses jours le 1er septembre, jour de rentrée. Cette collègue est restée isolée et a été très peu soutenue par la mairie et ses supérieur·es hiérarchiques, sa mort nous rappelle la nécessité de combattre les LGBTIphobies dans toute la société et en particulier à l’école. SUD éducation demande au Ministère de faire la lumière sur cette disparition tragique, d’assumer complètement sa part de  responsabilité et d’en tirer les conséquences. Son décès vient raviver le souvenir de Christine Renon et nous interroge sur le nombre de personnels qui mettent fin à leurs jours en raison de leurs conditions de travail ou de l’absence de soutien de l’administration face aux menaces, aux intimidations et aux difficultés rencontrées. SUD éducation demande au ministère de communiquer un bilan réel des suicides et tentatives de suicide parmi les personnels, de mettre en place toutes les mesures de protection et de prévention qui s’imposent.

Faut-il des morts pour susciter une réaction de l’institution ? Comme pour Dinah en 2021, une élève nantaise qui s’était suicidée après des mois de harcèlement. Leur mort nous rappelle que les LGBTIphobies sont structurelles au sein de l’Éducation nationale qui n’agit qu’après les drames. SUD éducation demande un soutien explicite et franc de la hiérarchie quand on est victime de LGBTIphobies.

Nous tenons également à soutenir la collègue agressée à Benfeld, dans le Bas Rhin. Cet acte de violence est le résultat d’un service public défaillant. SUD éducation réaffirme la nécessité d’allouer des moyens pour la santé mentale des élèves et des professionnel·les afin que tout le monde puisse enseigner et apprendre dans de bonnes conditions.

La répression anti-syndicale fait rage en cette rentrée scolaire. Christine Gorce et Frédéric Salvy, muté·es dans l’intérêt du service, ne réintégreront pas leur poste au lycée Victor Hugo de Marseille cette année malgré leur victoire au tribunal administratif. En effet, le Ministère s’obstine et fait appel. Comme à son habitude la hiérarchie continue donc de réprimer le droit syndical. Partout les personnels perdent leurs libertés. La parole syndicale et politique est de plus en plus contrainte, comme l’illustre bien le projet de règlement intérieur imposé à l’université de Nantes. Celui-ci vise à restreindre fortement la liberté de réunion et d’information syndicale des personnels et des étudiant.es

La répression s’intensifie également dans le premier degré : certain·es DASEN n’hésitent pas à convoquer des collègues pour motif RH lorsque des équipes les alertent pour manque de moyens.

C’est maintenant ! En grève pour la censure populaire ! 

Les mobilisations des 10 et 18 septembre ont été un succès : de très grosses manifestations dans plusieurs villes, des actions de blocages économiques, de très nombreux points de rassemblements de travailleurs·euses, une irruption de la jeunesse, des AG de secteurs… Cependant, sur les lieux de travail, la grève et l’auto-organisation ne sont pas encore au niveau pour augmenter le rapport de force face au gouvernement afin qu’il retire son projet de loi de finances. Il nous semble nécessaire d’abandonner la stratégie des grèves perlées qui a montré son inutilité. Nous nous devons d’être à la hauteur de la situation et d’appeler à une grève reconductible. 

Dans nos secteurs de l’Education nationale et de l’ESR, l’enjeu pour les syndicats et les militant·es de SUD éducation est de construire auprès des collègues la suite de la grève et de lui permettre de se prolonger. Pour cela, il faut favoriser les cadres d’auto-organisation et de décision qui permettent de discuter de la reconduction, de mettre en mouvement nos collègues au delà des milieux militants, de faire écrire des tracts par toutes et tous, faire des banderoles, des actions, de se lier aux usager·ères (lycéen·nes, étudiant·es, parents). 

Nos mots d’ordres doivent permettre de fédérer et solidifier le mouvement : 

  • après le départ de Bayrou et la nomination d’un fidèle macroniste à Matignon, c’est désormais la politique d’austérité et toutes les propositions injustes de ce projet de budget qu’il faut balayer ;
  • pour nos conditions de travail, du fric pour l’école publique, pas pour l’enseignement privé. Alors que l’on nous promet austérité et rigueur pour le public, l’Etat et les collectivités territoriales financent et subventionnent à hauteur de plusieurs milliards l’enseignement privé confessionnel ;
  • contre la paupérisation des personnels, augmenter les salaires ;
  • l’austérité n’est pas une fatalité : ce n’est pas aux travailleurs·euses et aux services publics de payer, c’est au patronat en prenant sur les dividendes et en récupérant les centaines de milliards d’aides publiques.

C’est par la grève, les manifestations, l’organisation collective, que nous pourrons bloquer ce projet de budget et imposer d’autres choix. Quel que soit le gouvernement, nous appelons l’ensemble des personnels à se mobiliser par la grève reconductible dès le 2 octobre et à maintenir la pression pour que ce ne soit pas que le casting qui change mais aussi la politique menée. 

A l’école comme dans la société : contre le racisme, les discriminations et les guerres, solidarité !

A cette politique austéritaire s’ajoute une montée en puissance du racisme et de la xénophobie. Dans l’Éducation nationale, cette politique s’illustre notamment par un dévoiement de la laïcité à des fins islamophobes et par des attaques répétées contre les enfants, les parents et personnels étranger·ères. Les actes racistes et islamophobes se multiplient. À Puget-sur-Argens, dans le Var, Hichem Miraoui a été assassiné parce qu’il était arabe. Son meurtrier a revendiqué son acte et sa haine raciste sur les réseaux sociaux. La nuit du 14 juillet, à Garges-lès-Gonesse, quatre policiers ont enlevé, humilié et tabassé Aly, un jeune homme de 17 ans sans défense, puis l’ont abandonné dans la nature. La police réprime la jeunesse dans la rue et à l’école. À Bobigny, un bâtiment municipal renommé Danièle Djamila Amrane-Minne, une militante algérienne pour l’indépendance, a été incendié. 

Rappelons que la police tue. Souvenons-nous de Zyed Benna, Bounna Traoré, Malik Oussekine ou des Algérien·nes noyé·es dans la Seine le 17 octobre 1961. Nous devons lutter au quotidien sur nos lieux de travail contre les violences racistes, notamment grâce à la campagne menée par l’union syndicale Solidaires.

Partout, l’extrême droite avance ses pions pour imposer sa vision du monde : dans l’Éducation nationale, cela se traduit notamment par le quasi-monopole de Bolloré sur les manuels scolaires, mais aussi par les attaques contre l’EVARS.

En cette rentrée scolaire, 2000 enfants sont à la rue. Cette situation, contraire à la convention des droits des enfants, nous rappelle également que l’enfance est un sujet politique. C’est pour cette raison qu’il est important de se mobiliser, notamment le 20 novembre pour la journée internationale des droits des enfants. La circulaire Retailleau et la loi Darmanin ont des conséquences sur la scolarité de certain·es élèves qui risquent de voir leurs études interrompues, leur insertion professionnelle et sociale remise en cause et de se retrouver sans domicile. À Rouen, les jeunes mineur·es non accompagné·es, hébergé·es pendant l’été, vont notamment se retrouver à la rue dès le 30 septembre, en plus d’être non scolarisé-es. 

De même, le recul des droits des femmes organisé par les gouvernements fascistes à l’internationale, nous rappelle combien ces droits sont fragiles. SUD éducation appelle à participer aux grèves, manifestations et actions féministes des 28 septembre, 11 octobre et 25 novembre. Face à la montée en puissance des actes LGBTiphobes partout dans notre société, il faut  également se mobiliser pour les droits des personnes LGBTQIA+, notamment à l’occasion de la manifestation de l’existransinter à Paris le 18 octobre 2025, mais aussi pour la journée du souvenir trans le 20 novembre.

Enfin, alors que le génocide à Gaza s’intensifie, la reconnaissance de l’État palestinien ne suffit pas. En nommant comme Premier ministre l’ancien ministre des armées qui n’a pas hésité à mentir sur le rôle de la France dans l’exportation d’armes israéliennes, l’État français poursuit sa complicité avec le gouvernement israélien et son implication dans le génocide en cours. De plus, la France empêche les étudiant·es gazaoui·es de s’inscrire dans les universités françaises et n’engage aucune sanction contre Israël. Dans l’Éducation nationale et dans l’Enseignement supérieur nous devons agir, politiser et nous mobiliser contre ce génocide, notamment en participant aux manifestations.

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