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Dans le privé et le public, un syndicalisme de lutte pour la transformation sociale

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Actu Solidaires 78 Éducation Précarité

Accompagnant·es d’élèves en situation de handicap : grève le 3 juin

Le 8 avril, nous avons été des milliers à nous mobiliser partout sur le territoire pour dire non aux PIAL et revendiquer un vrai statut et un vrai salaire. Une nouvelle journée de grève est appelée par l’intersyndicale le jeudi 3 juin. Toutes les raisons de la colère sont là !

Contre les PIAL et la mutualisation

Depuis la rentrée 2019, les Pôles Inclusifs d’Accompagnement Localisé sont généralisés. Derrière cette réorganisation de notre travail présentée par le ministère de l’éducation nationale comme un atout, les PIAL sont un outil du développement de la mutualisation des moyens. Nos conditions de travail s’en trouvent dégradées car nous accompagnons de plus en plus d’élèves sur un territoire géographique étendu, tandis que les conditions d’accompagnement des élèves se sont elles aussi fortement détériorées car ils et elles bénéficient de moins en moins d’heures d’aide humaine. Le ministère compense les difficultés de recrutement sur notre dos, nous réduisant ainsi à une variable d’ajustement des politiques de l’école inclusive.
Pour un vrai statut et un vrai salaire

Les CDD de trois ans n’ont rien changé aux difficultés que nous rencontrons : c’est une institutionnalisation de la précarité de notre statut. Les revalorisations salariales prévues ne sont pas une victoire : nos salaires augmentent de seulement quelques euros sur l’ensemble de notre carrière. Le passage à 41 semaines annuelles ne permet pas de compenser le temps de travail invisible et la formation est quant à elle toujours largement insuffisante à notre pratique professionnelle.
Les moyens ne sont pas non plus mis pour, dans le contexte actuel, nous protéger face à l’épidémie de Covid19.

Assez de mépris ! Notre rôle et nos pratiques pédagogiques et éducatives, en tant que professionnels de l’inclusion et de l’adaptation scolaire doivent être reconnus. Jeudi 3 juin, soyons massivement en grève et en manifestation. SUD éducation Paris appelle l’ensemble des personnels à se joindre à l’appel à la grève pour soutenir les revendications des AESH.

Fiche pratique sur le droit de grève des AESH

Le droit de grève est un droit fondamental et constitutionnel incontestable. Les personnels accompagnant-e-s des élèves en situation de handicap ont donc le droit de se mettre en grève, comme tous les personnels de l’Éducation nationale, qu’ils-elles soient fonctionnaires ou non-titulaires.

Fiche pratique AESH et droit de grève
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Affiche


AESH 3 juin 2021 Affiche


AESH 3 juin 2021 – Tract de SUD éducation Paris
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Actu Solidaires 78 Licenciements Transport

Grève en soutien à Ahmed Berrahal, réprimé pour avoir dénoncé des violences sexuelles à la RATP

Ahmed Berrahal aurait dû recevoir une médaille pour son engagement syndical. A la place, il enchaine aujourd’hui son troisième conseil de discipline en un an et demi. Elu CGT à la RATP, il a déjà été confronté à la répression pour avoir remis en cause la conformité des masques fournis par la RATP et dénoncé la vétusté de certains autobus, explique-t-il dans une interview donnée au Courrier de l’Atlas.

Cette fois, ce machiniste receveur est accusé d’avoir harcelé moralement un de ses chefs… lui même accusé par une femme pour des faits d’agression sexuelle. Un préavis de grève a été déposé pour le 10 mai et un rassemblement de soutien à Ahmed Berrahal se tient ce lundi avant qu’il ne soit entendu en conseil de discipline.

« Une salariée m’a averti de son agression. Elle m’a transmis la main courante qu’elle avait déposée contre le chef, je l’ai transférée à ma direction pour l’alerter et on m’a répondu que je n’aurais pas dû faire ça », explique Ahmed Berrahal. Dans la main courante, la jeune femme raconte que son collègue lui a touché les seins et a tenté de l’embrasser de force. Pour le syndicaliste, la répression dont il fait l’objet en dit long à la fois à propos du sexisme qui sévit à la RATP mais aussi de la volonté de la direction de le mettre sous le tapis.

Bien entendu, ce n’est pas un cas isolé. En deux ans et demi, j’ai déjà dû traiter 7 cas d’harcèlement sexiste et ou d’agressions sexuelles. Quand j’ai intégré la RATP en 2004, il y avait très peu de femmes, surtout chez les machinistes. Aujourd’hui, elles sont beaucoup plus nombreuses à conduire des autobus, à occuper donc des postes « fragiles ». Il y a énormément de femmes, parfois des mamans qui élèvent seules leurs enfants, qui sont dans des situations précaires. Il y a sans aucun doute beaucoup plus de cas d’agression sexuelle au sein de la RATP mais la peur du licenciement les empêche de parler. Derrière le beau discours de lutte contre les agressions sexuelles que martèle la direction, il y a la réalité. C’est encore très tabou à la RATP de parler de ce sujet-là. L’omerta règne. C’est pour ça qu’il faut l’ouvrir, raconte Ahmed Berrahal.

Photo : O Phil des Contrastes

Source : Rapports de forces

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Actu Solidaires 78 Automobile

Mobilisation jeudi 20 mai dans l’Ingénierie Renault


Après les débrayages des 23 et 30 mars et le rassemblement du 8 avril à Boulogne, les syndicats de l’Ingénierie Renault appellent à faire grève jeudi 20 mai contre l’externalisation de la maintenance des moyens d’essai, pour la défense des emplois dans l’Ingénierie et les fonctions support.

Externalisation de la maintenance des moyens d’essais, suppressions de postes sans solution de reclassement…

IL FAUT UNE MOBILISATION GENERALE :
CONTRE l’externalisation de la maintenance
POUR la défense des emplois et l’avenir de l’Ingénierie et des fonctions support
Jeudi 20 mai, mobilisons-nous massivement !
RDV à 10h à Aubevoye : devant le CTA
Au Technocentre : Parvis de la Ruche (à côté de Paul)
ou par TEAMS (et aussi devant le site de Renault Lardy)

 
La direction maintient son projet d’externalisation de la maintenance malgré l’impact délétère sur les salariés concernés comme sur le reste des salariés de l’ingénierie.

Les dernières réunions avec les directeurs l’ont confirmé : ils veulent maintenir leur projet « quoi qu’il en coûte ». Même si cela détériore notablement la santé des salariés concernés (17 à Lardy, 6 à Aubevoye, 3 au TCR et 1 au Mans), même si cela dégrade le climat social dans l’ingénierie, même s’il n’y a aucun intérêt technico-économique. Il s’agit juste de mettre la pression sur l’ensemble du personnel.

Il faut donc que nous fassions monter notre mobilisation d’un cran pour les faire reculer : après le succès des débrayages des 23 et 30 mars, il nous faut être plus nombreux et plus déterminés le 20 mai.

Les suppressions de postes sans solution de mobilité commencent à devenir réalité.

Avec 2500 suppressions de postes dans l’Ingénierie/Tertiaire, toutes les directions sont touchées. Et le nombre de postes disponibles sur l’application « Job Opportunities » est réduit. Des centaines de salariés risquent de se retrouver sans poste, ni solution de reconversion. Cette méthode de management par la peur dans le but de pousser les salariés au départ est inadmissible !

Après les promesses d’un plan d’économies « sans souffrance sociale », la direction lance un plan de com’ sur la « Responsabilité Sociétale et Environnementale ». Mais sur le terrain, c’est le caractère inhumain des décisions prises qui saute aux yeux.

Au moment où nos dirigeants insistent sur « la dimension profondément humaine et généreuse de Renault Group » et sur le fait que « chez Renault, la technologie et l’innovation sont toujours au service de l’humain », nous subissons un projet d’externalisation qui s’ajoute à une réduction drastique des emplois et des moyens de l’Ingénierie/Tertiaire. Mais pour J.-D. Senard : « chez nous, chacun peut trouver sa place, et participer à une aventure collective » !

Du travail, il y en a. La transition écologique ne peut être un prétexte pour justifier la casse de l’emploi.

Nous appelons l’ensemble des salariés Renault et sous-traitants à la grève, car l’avenir des emplois et des sites d’Aubevoye et de Lardy s’assombrit de jour en jour. Pour faire barrage à ce projet d’externalisation, mobilisons-nous ! RDV Jeudi 20/05 à partir de 10h au CTA et au TCR

ou par TEAMS : Cliquez ici pour rejoindre la réunion
 

Télécharger le tract intersyndical d’appel au 20 mai
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Actu Solidaires 78 Éducation Précarité

Éducation : le Ministre doit satisfaire les revendications des AED (surveillant·es)

Communiqué CGT Éduc’action, SNES-FSU, SNUEP-FSU, SNALC, FNEC FP-FO, SUD-Éducation

Depuis décembre 2020, les personnels de Vie scolaire se mobilisent contre la précarité, pour avoir de vraies perspectives d’avenir, de meilleures conditions de travail et un vrai salaire. Au-delà de la période de crise sanitaire durant laquelle les personnels de Vie scolaire sont en première ligne et depuis plus d’un an voient leurs conditions de travail se dégrader, les services de Vie scolaire sont largement sous dotés et les conditions d’exercice des personnels AED sont inacceptables : des contrats d’un an renouvelable dans une limite de 6 ans, temps partiels parfois imposés, salaires largement insuffisants, temps de formation insuffisant.

Pourtant le ministre refuse de répondre aux revendications légitimes des AED mobilisés : diminution du temps de travail, recrutement massif de postes supplémentaires, augmentation du temps de formation, augmentation de salaire, versement des primes REP et REP+ et de vraies perspectives d’avenir, ce qui passe dans un premier temps par l’arrêt des menaces de licenciements et des licenciements tout court…

Pour toutes ces raisons, les collectifs AED appellent à une nouvelle semaine d’action et de grève le 17 mai 2021 et à une manifestation nationale à Paris le 20 mai, un préavis de grève a été déposé.

Les organisations syndicales CGT Éduc’action, SNES-FSU, SNUEP-FSU, SNALC, FNEC FP-FO, SUD-Éducation soutiennent la semaine d’action et de grève du 17 mai 2021 des personnels AED.

Paris, le 12 mai 2021

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Actu Solidaires 78 Éducation

Mobilisation lycéenne : quoi de neuf à Saint Ex ?

Depuis une semaine, une vingtaine de lycéen·nes de St Exupéry à Mantes la jolie, forment un mur humain devant le portail de leur établissement scolaire.
« – Ce blocus se veut d’une part partiel, les étudiant·es en prépa et BTS peuvent entrer et d’autre part pacifique, aucune dégradation ni violence verbale ou physique ne sera toléré dans ce mouvement lycéen·nes ». témoigne un lycéen.
Cette mobilisation à pour objectif de dénoncer les conditions du passage des épreuves du BAC : « – Nous voulons être pris·ses au sérieux et être écouté·es, nous venons de vivre deux confinements, des cours en présentiels, distanciels, des périodes très difficiles des difficultés de connexion  et nous sentons un écart se creuser entre la réalité des examens et la réalité du terrain », témoigne un autre lycéen.

Le mouvement  est compris par les lycéens·nes de seconde, qui ne cachent pas leur solidarité envers leurs camarades, d’ailleurs personnes ne cherchent à rentrer dans l’établissement, les secondes sont tout autant touchées par cette période de stress et d’inquiétude.


Sur le lieu du blocus partiel et afin de veiller à ce que tout ce passe bien des profs, les CPE, le directeur adjoint et les représentantes de parents d’élèves sont présent·es.
« – Nous avons tous et toutes  l’image de nos jeunes agenouillé·es par la police; nous sommes présent·es pour veiller à ce que plus jamais notre jeunesse ne  soit agenouillée et puissent s’exprimer librement et sereinement », témoigne une maman.

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Actu Solidaires 78 Éducation Luttes féministes

Lutter contre le sexisme dans l’Éducation nationale : ressources et analyses

Lutter contre le sexisme dans l’Éducation nationale : ressources et analyses – Une brochure de SUD éducation

Si elle a connu dans les 20e et 21e siècles des avancées significatives quant aux droits et au statut des femmes, notre société est toujours porteuse d’inégalités et de discriminations à l’encontre des femmes et des personnes LGBTQI. Syndicat de lutte et de transformation sociale, SUD éducation veut être de tous les combats qui se jouent au sein de l’école contre les discriminations et inégalités découlant du système de domination patriarcale et hétérosexiste, traduites par les stéréotypes de genre. Ces combats concernent tous les acteurs et toutes les actrices des écoles et établissements.

Comme ailleurs, les discriminations sont effectives dans notre champ professionnel. Dans l’Éducation nationale, à ancienneté égale, le salaire des femmes progresse moins vite que celui des hommes. Cet écart de salaire se répercute au moment de la retraite. Par ailleurs, le métier est largement féminisé mais la hiérarchisation patriarcale se reproduit : les postes de direction sont largement masculins (à plus de 75%), et plus on avance dans le système scolaire vers des postes plus valorisés socialement, moins il y a de femmes (elles sont 83% chez les PE, mais seulement 35% à l’université). De plus, comme sur tout lieu de travail, l’Éducation nationale n’échappe pas aux problématiques de harcèlement à l’encontre de tous les personnels féminins (enseignantes, agentes, AED…). Enfin, les personnels reçoivent peu de formation sur les questions de genre et sur les moyens de mettre en œuvre des pédagogies ou des pratiques de travail antisexistes et anti-LGBTQIphobes. La domination patriarcale n’est pas la seule forme de domination qui pèse sur les individu-e-s : capitalisme et division de la société en classes sociales, racisme et discriminations/stigmatisations, traditionalisme et obscurantisme, viennent confluer avec patriarcat et hiérarchisation hétérosexiste. Il est nécessaire de penser ces formes de domination comme articulées les unes aux autres. Cette imbrication doit influer sur nos stratégies de lutte et sur notre vigilance militante pour que le féminisme ne soit pas instrumentalisé, notamment au service d’argumentaires xénophobes qui détourneraient ou confisqueraient sa lutte, qui oeuvre pour l’émancipation de toutes et tous.


Précarisation des femmes et inégalités salariales

Le gouvernement avait annoncé vouloir faire de l’égalité entre les femmes et les hommes une grande cause du quinquennat. Comme pour le reste, Macron et son gouvernement communiquent sans jamais passer aux actes. Pire, en continuant sa politique de régressions sociales, la casse des services publics et la ruine du système de protection sociale, le gouvernement, comme les précédents, organise l’aggravation de la précarité des femmes. Cela a de graves conséquences notamment dans l’Éducation nationale qui est un des deux ministères les plus féminisés avec 72% de femmes. Les professeur-e-s des écoles sont 83% de femmes.

Assez d’inégalités salariales

Les travailleuses de l’Éducation nationale subissent le sexisme de l’institution dans l’évolution de leur carrière. Dans la Fonction publique, 23% des femmes fonctionnaires sont à temps partiel, contre 6% des hommes. Cela a des conséquences sur la rémunération et sur l’avancement.

Quelques chiffres soulignent les inégalités de salaires :

• Pour la retraite, au 31 décembre 2018, le montant moyen des pensions mensuelles brutes de droit direct pour les femmes était de 2 063 euros et de 2 449 euros pour les hommes ;

• En 2017, le salaire net mensuel moyen dans la Fonction publique d’état est de 2 408 euros pour les femmes et de 2 785 euros pour les hommes.

Les salaires et calcul de pension

La contre-réforme des retraites, dont le projet n’est pas abandonné mais seulement reporté, creusera encore plus les inégalités.

Le projet de contre-réforme repose sur un changement majeur : le calcul de la pension sur l’intégralité de la carrière au lieu des 6 derniers mois pour le public et des 25 meilleures années pour le privé actuellement. Cela imposerait un taux de remplacement inférieur à 60% sur le salaire moyen de l’intégralité de la carrière ; c’est très inférieur aux 75% du dernier traitement dans la Fonction publique ou des 25 meilleures années dans le privé. Ce changement de calculs a pour effets principaux de diminuer globalement les pensions et de pénaliser les carrières heurtées. C’est en particulier le cas des femmes, conduites à arrêter momentanément de travailler ou à se mettre à temps partiel pour assumer l’éducation des enfants.

Le gouvernement a pour projet d’ajouter un prétendu âge d’équilibre fixé initialement à 64 ans, amené à reculer encore pour les générations suivantes (jusqu’à 66 ans pour la génération 1987). Il faudra donc travailler encore plus tard pour ne pas subir de décote.

La division sexuelle du travail dans l’Éducation nationale

La sociologue Danièle Kergoat la définit comme la forme de division du travail social découlant des rapports sociaux entre les sexes : « elle a pour caractéristiques l’assignation prioritaire des hommes à la sphère productive et des femmes à la sphère reproductive ainsi que, simultanément, la captation par les hommes des fonctions à forte valeur ajoutée (politiques, religieuses, militaires, etc…) ».

Elle a des conséquences concrètes sur les personnels féminins en ce qui concerne les disparités d’avancement, de salaires, d’affectations, de souffrance au travail, et de précarité.

Ainsi, les personnels d’encadrement sont, proportionnellement, majoritairement des hommes. Le personnel de direction de l’administration centrale du ministère de l’Éducation nationale comprend 52 % de femmes.

Plus le public auquel on s’adresse est jeune plus la profession est féminisée. Ainsi 83% des enseignant-e-s du primaire sont des femmes alors qu’elles ne sont que le tiers des effectifs des enseignant-e-s à l’université. Or le salaire des enseignant-e-s du supérieur est en moyenne plus élevé.

Les femmes toujours en première ligne face aux crises

Dès la fin du confinement du printemps 2020, les agent-e-s d’entretien ou administratif-ve-s, les AED et les AESH, qui sont le plus souvent des femmes, ont dû et doivent encore parfois faire face à des pressions hiérarchiques tentant de les obliger à venir sur leur lieu de travail même lorsqu’elles sont exposées à un risque de contamination évident. En effet, quand les équipements de protection (gel, gants, masques) manquent, elles doivent tout de même assurer leurs missions qui peuvent les mettre en situation très précaires face au virus.

De plus, les femmes doivent faire tenir de multiples journées en une. Ainsi, elles effectuent la majorité du travail domestique pour lequel elles ne perçoivent bien sûr aucune rémunération. Elles ont dû et doivent encore gérer la vie quotidienne du foyer. Selon une étude de l’Insee effectuée en 2012, les femmes font 72 % des tâches ménagères et prodiguent 65 % des tâches parentales hors période de confinement.

Ces pourcentages ont augmenté dans la situation de crise comme l’a prouvé l’enquête commandée par le Secrétariat d’État chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations sur “l’impact du confinement sur les inégalités entre les femmes et les hommes en matière de répartition des tâches au sein des foyers”. Cela a exposé les femmes à une forte augmentation de la charge mentale. Les femmes sont aussi les principales pourvoyeuses d’aide aux personnes âgées qui leur sont proches. Or, on sait que cette catégorie de population est particulièrement vulnérable à la Covid-19.

L’égalité professionnelle : Qu’est-ce qu’on attend ?

L’accord du 30 novembre 2018 relatif à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans la Fonction publique prévoit l’élaboration d’un plan obligatoire qui devrait être effectif en décembre 2020. L’employeur doit mettre en place des mesures concrètes pour résorber les écarts de salaires entre femmes et hommes, notamment en travaillant sur “l’articulation entre vie personnelle et vie professionnelle”. Or en l’absence d’un service public de la petite enfance efficace, c’est trop souvent aux femmes qu’incombe la responsabilité de prendre un congé parental ou de travailler à temps partiel. Cet état de fait a bien sûr de lourds effets sur la rémunération. Pour l’instant aucune mesure n’a été prise pour mettre en oeuvre ce projet.


Violences sexuelles et sexistes au travail

Aucune mesure n’a été mise en place ni pour prévenir les violences sexistes et sexuelles au travail ni pour accompagner les victimes. Chaque jour, en France, des femmes sont victimes de violences psychologiques, verbales, économiques, médicales, physiques ou sexuelles. Tous les deux jours, une femme est assassinée par son conjoint ou ex-conjoint : 146 féminicides en 2019 (en augmentation par rapport à 2018 où l’on avait recensé 121 féminicides).

Aujourd’hui dans l’Éducation nationale, on peut harceler ou agresser sexuellement en toute impunité. Pourtant la circulaire du 9 mars 2018, qui prévoit la protection des victimes de violences sexistes et/ou sexuelles dans la Fonction publique, existe. Elle dégage trois axes : la prévention, le traitement des violences et enfin les sanctions pour leurs auteurs (il s’agit de façon écrasante d’hommes qui sont incriminés). Cette circulaire n’est pas appliquée : les collègues qui ont dénoncé les violences subies n’ont bénéficié ni de protection ni d’accompagnement convenables. Pourtant l’employeur est responsable de la santé et de la sécurité des agent-e-s sur leurs lieux de travail ! SUD éducation revendique l’application de cette circulaire.

Violences sexistes et sexuelles : des chiffres inquiétants !

Les violences à l’encontre des femmes ne se bornent pas à la sphère privée comme le montre le Défenseur des droits : 1 femme sur 5 affirme avoir vécu des situations de violences au travail et seulement 5 % des femmes portent plainte pour dénoncer des violences qui ont lieu dans la sphère professionnelle. Ces violences qui comprennent les insultes, les discriminations, le harcèlement, les menaces, le chantage, mais aussi les agressions physiques et sexuelles, doivent cesser. Parmi les victimes de ces violences, les femmes célibataires, bisexuelles, lesbiennes et trans sont plus exposées au harcèlement. Dans le cadre du travail, les ouvrières et les salariées précaires et dans une moindre mesure les professions intermédiaires subissent une pression sexuelle plus intense que celle des autres catégories sociales.

La circulaire du 9 mars 2018 prévoit un accompagnement pour les victimes de violence, or il n’a jamais lieu. Une victime qui demande la protection fonctionnelle après avoir déposé plainte pour viol à l’encontre d’un agresseur, doit attendre un mois pour obtenir une simple réponse de l’employeur. De même, quand des collègues dénoncent du harcèlement sexuel, l’employeur préfère leur proposer de changer d’établissement.

L’Éducation nationale se cache derrière l’inaction de la justice en matière de lutte contre les violences sexuelles pour ne pas agir. Pourtant 16 % des femmes subissent des viols ou des tentatives de viol. 93 000 femmes ont été violées en 2017, parmi elles seules 10 % ont porté plainte et seulement 10 % de ces plaintes ont abouti en Cour d’assises. Une part importante des plaintes pour viols ne sont pas instruites aux assises comme les autres crimes mais en correctionnelle comme un simple délit.

La circulaire du 9 mars 2018 rappelle aussi que « L’obligation de protection des agents s’impose à tout employeur public ». Ainsi, les agent-e-s des collèges et lycées relevant des collectivités territoriales doivent aussi pouvoir bénéficier d’un accompagnement et de protection.

L’accord du 30 novembre 2018 relatif à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans la Fonction publique s’appuie notamment sur cette circulaire pour “ renforcer la prévention et la lutte contre les violences sexuelles et sexistes”. Cependant, aucune mesure concrète n’est prise pour faire de ce projet une réalité. Par exemple, la mise en place des cellules d’écoute psychologique pour les victimes n’est pas effective. L’employeur avait pourtant affirmé qu’il y en aurait dans toutes les académies.

Harcèlement sexuel : comment le repérer ?

Le harcèlement sexuel peut se manifester par des propos ou gestes à connotation sexuelle, par une attitude particulièrement insistante malgré des refus répétés ou encore par des propositions de nature sexuelle. Deux types de harcèlement sexuel sont distingués : celui qui repose sur la répétition d’actes de harcèlement et celui qui résulte de la commission d’un seul acte.

SUD éducation revendique l’application de la circulaire du 9 mars 2018 qui prévoit :

-une campagne de prévention des violences sexistes et sexuelles dans la Fonction publique  : des formations pour tous les personnels notamment pour les représentan-t-e-s du personnel, ainsi que pour les personnels d’encadrement qui ont tendance à oublier leurs obligations.

-des dispositifs d’information, de communication et de sensibilisation auprès de l’ensemble des personnels avec la diffusion d’un numéro vert, le rappel de la loi, l’organisation de réunions de sensibilisation.

-la définition et la mise en œuvre d’un dispositif de signalement et de traitement des violences sexistes et sexuelles : ce dispositif est aujourd’hui inexistant ! Les signalements des personnels restent sans réponse de l’administration.

-la protection et l’accompagnement des victimes : l’employeur a la responsabilité de protéger les personnels : « une fois informée des agissements répréhensibles, l’administration doit mettre en œuvre toute action appropriée pour éviter ou faire cesser les violences auxquelles l’agent victime est exposé, même lorsqu’aucune procédure judiciaire n’est enclenchée  ». Elle peut prendre une « mesure interne de changement d’affectation voire suspension de la personne présumée agresseur dans l’attente du conseil de discipline ». Circulaire du 9 mars 2018.

-de sanctionner les auteurs des violences : aujourd’hui, bien souvent l’administration se contente de déplacer soit la victime soit l’auteur des violences ou attribue une sanction parmi les plus basses aux auteurs de violences sexistes ou sexuelles. Pourtant la circulaire indique que « les employeurs se doivent d’être exemplaires dans la sanction des violences sexuelles et sexistes ». « Les actes constitutifs de violences sexuelles ou sexistes doivent être sanctionnés par le biais de la procédure disciplinaire et/ou par le juge pénal. Ils peuvent également donner lieu à une indemnisation par le juge civil. Les procédures disciplinaires, administratives et pénales sont indépendantes les unes des autres. ». Circulaire du 9 mars 2018.


Le 8 mars : une journée internationale de lutte des femmes

En 1910, une centaine de femmes de dix-sept pays différents se rassemblent à Copenhague pour la deuxième conférence des femmes socialistes. Ces militantes appartiennent à l’Internationale socialiste des Femmes, organisation sœur de l’Internationale socialiste. Clara Zetkin y propose une motion soulignant la nécessité d’une « journée internationale des femmes » qui est votée à l’unanimité. Ce moment de lutte est réfléchi comme international, car ces militantes, en tant que socialistes, insistent sur la nécessaire solidarité de classe pour gagner contre le capitalisme et l’impérialisme. La classe ne connaît pas de frontière. De la même manière, les femmes sont exploitées au-delà des délimitations nationales, la lutte contre le sexisme est internationale. Les objectifs de cette journée de lutte sont l’obtention du droit de vote, du droit de travailler librement, le combat contre les violences sexistes au travail. Plus généralement, les revendications portent sur l’égalité économique, juridique et politique des femmes.

Il n’y a pas de date précise proposée au départ. Le 8 mars est choisi après la révolution russe.

Une histoire de grève de travailleuses qui a contribué à déclencher une révolution

En effet, au début de l’année 1917, les ouvrières et les ouvriers de Petrograd, notamment, se mettent en grève pour dénoncer la guerre et la pénurie de pain. Le 23 février (8 mars du calendrier moderne), des ouvrières en grève manifestent pour leurs droits, pour des conditions de travail et de vies décentes. Les ouvriers des industries leur emboîtent le pas, les grèves se généralisent. Les travailleuses et les travailleurs s’arment alors pour affronter la police et l’armée. Elles et ils gagnent contre le Tsar et mettent à bas son régime autoritaire.

Un moment de lutte contre la récupération du combat pour les droits des femmes par les institutions capitalistes et de l’État

Les mouvements féministes de la deuxième vague (qui débutent dans les années 1960) investissent alors la date du 8 mars. En 1975, le Mouvement de Libération des Femmes (MLF) s’en sert notamment pour manifester contre l’Année internationale de la femme organisée par l’ONU.

L’oppression spécifique des femmes se trouve au croisement de l’exploitation capitaliste subie par tous les travailleurs et toutes les travailleuses et l’exploitation sexiste qui résulte d’inégalités sociales liées aux genres. Elle se trouve aussi à l’intersectionnalité du racisme et des discriminations subies par les personnes LGBTQI.

Les syndicats vecteurs de progrès social se sont saisis et se saisissent encore du 8 mars pour lutter contre le sexisme.

Un moment de lutte pour l’émancipation des femmes et pour la destruction du patriarcat

La grève du travail salarié est un moyen pour les femmes de montrer qu’elles ne sont pas dupes et que l’égalité professionnelle est encore à conquérir. La lutte féministe a pour objectif de renverser toutes les structures de domination.

La lutte féministe est intersectionnelle : la libération des femmes doit se faire au profit de toutes, et pas seulement au profit de quelques-unes et au détriment d’autres.

La grève du travail domestique et des soins aux personnes dépendantes est une manière de mettre en évidence le fait que ce sont les femmes qui font majoritairement ces tâches largement invisibilisées, méprisées et naturalisées.

C’est aux femmes elles-mêmes de récupérer leur dignité mise à mal par les injustices, les violences et le mépris qu’elles subissent en manifestant. Le 8 mars est une journée de combat pour l’émancipation des femmes et leur visibilisation.


Sexisme et manuels scolaires

Outils de travail quotidien pour les élèves et les enseignant-e-s, les manuels scolaires sont bien souvent les vecteurs de représentations stéréotypées et sexistes. Ils contribuent par là à perpétuer un ordre patriarcal synonyme de discriminations.

Le Centre Hubertine Auclert a produit de nombreuses études analysant les représentations sexuées dans les manuels d’histoire, de français, de mathématiques. Ces études permettent de mieux comprendre les biais sexistes de nombre de manuels.

Une sous-représentation des femmes

Les femmes sont très peu présentes dans les manuels. Seulement 3,2 % des biographies des manuels d’histoire sont consacrées à des femmes. Minorées comme actrices de l’histoire, elles sont aussi minorées comme autrices de documents-sources  : près de 96 % des documents présentés dans les manuels scolaires d’histoire ont pour auteur un homme !

Le constat dans d’autres disciplines est tout aussi édifiant : les autrices proposées à l’étude dans les manuels de français ne représentent que 5 % de l’ensemble  ! Cette sous-représentation concerne tous les domaines  : scientifique, artistique, politique. Dans les manuels d’EMC, on trouve seulement 15 % de femmes dans le domaine relevant de la politique.

Le clitoris absent des manuels de SVT

Depuis 2011, les manuels de SVT ont introduit la notion de genre et initié ainsi une prise en compte du construit social dans la formation des identités sexuées. Si on peut se réjouir de cette avancée, on peut encore relever des aspects problématiques dans les manuels de SVT.

Ainsi, certains manuels ne daignent pas mentionner/représenter le clitoris, et à la rentrée 2017, seul un manuel sur huit le représente correctement, à savoir comme un organe de dix centimètres, qui ne se limite pas à sa partie externe. Cela n’est pas sans conséquence quant à la méconnaissance des jeunes filles de leur propre corps et du plaisir sexuel féminin.

De plus ces manuels de SVT invisibilisent le plus souvent les variations intersexes (qui ne correspondent pas aux définitions binaires type des corps masculins ou féminins) en présentant les sexes biologiques masculin/féminin comme binaires, bien délimités et en miroir… alors que les travaux scientifiques récents, comme ceux d’Anne Fausto-Sterling, montrent qu’il est plus pertinent de dépasser une vision binaire et de parler de continuum des sexes, tant les facteurs qui définissent le sexe biologique (génitaux, gonadiques ou chromosomiques) peuvent varier et se combiner différemment. Par ailleurs, quand les variations intersexes sont évoquées, elles le sont sous l’angle pathologique, comme des «malformations» ou des «dysfonctionnements».

Ressources antisexistes alternatives

Sur internet, le site du Centre Hubertine Auclert fournit de nombreux outils, de même que les sites Genrimages (outils d’analyse d’image), Matilda (courtes vidéos) ou le site du Centre Simone de Beauvoir.


L’écriture inclusive

L’écriture inclusive est un moyen de remettre en cause la domination patriarcale qui se manifeste jusque dans le langage.

L’écriture inclusive est une écriture qui n’invisibilise personne et permet de prendre en compte véritablement tout le monde, y compris les personnes non binaires qui ne s’identifient ni comme hommes ni comme femmes.

Un peu d’histoire…

En France, l’écriture inclusive est née de l’idée que l’on ne voulait plus utiliser le masculin dit générique pour parler indifféremment de toute personne. C’est un système d’écriture qui a été trouvé pour donner une égale visibilité à tou-te-s dans la langue écrite, pour que chacun-e ait une égale importance.

À l’heure actuelle, il n’y a pas d’unification. On peut utiliser des traits d’union, des barres obliques, des points bas, des points hauts, des points médians.

L’expression « écriture inclusive » est assez récente et est encouragée par le Haut conseil à l’Égalité (HCE) qui a publié en 2015 un guide pratique « pour une communication sans stéréotypes » : « Une langue qui rend les femmes invisibles est la marque d’une société où elles jouent un rôle second. C’est bien parce que le langage est politique que la langue française a été infléchie délibérément vers le masculin durant plusieurs siècles par les groupes qui s’opposaient à l’égalité des sexes ».

On peut très bien dire pour parler de l’ensemble de la population « les Français et les Françaises  » mais on emploie généralement « les Français » pour désigner l’ensemble car on pense que ça suffit pour comprendre. Or les formes féminines et masculines existent : ce n’est donc pas forcément la langue qui est discriminante mais c’est la manière dont on l’utilise. Notons que l’expression « les Français et les Françaises » n’est pas satisfaisante en soi, car elle pose une partition binaire qui exclut les personnes intersexes et non-binaires. Donc l’écriture inclusive cherche par une graphie plus rapide à faire exister les activités humaines sous une forme qui englobe tout le monde (les « français-es »), sans avoir recours au masculin dit générique. Le masculin n’est pas neutre lorsqu’il s’agit de parler d’êtres humains.

La grammaire inclusive et pourquoi il est dangereux de dire que le masculin l’emporte

La grammaire inclusive, c’est :

la féminisation des noms de métiers ;

l’accord de proximité ;

l’accord en fonction du nombre ;

Un exemple d’invisibilisation révélateur.

Le mot « autrice » a existé avant le XVIIe siècle. À partir du XVIIe, « autrice » a disparu, condamné par des grammairiens.

Auparavant les accords se faisaient au gré de chacun-e, comme c’était le cas en latin. C’est au XVIIe siècle que cette règle du « masculin qui l’emporte sur le féminin » s’est imposée car les grammairiens étaient des hommes qui ont érigé le masculin en genre plus noble en se justifiant par des arguments patriarcaux et essentialisants : « Le masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle » (Beauzée, Grammaire générale… 1767).

La volonté de domination patriarcale se reflète dans la normalisation et l’évolution de la langue. De plus, au cours des siècles, se généralise l’utilisation du masculin à valeur générique comme « Homme » au singulier ou au pluriel pour désigner tous les êtres humains…mais dans les faits, cette règle conduit à invisibiliser le féminin et à placer le masculin au centre de toutes nos projections mentales. On note également une absence de féminisation des noms de métiers qui n’existent qu’au masculin, y compris dans les manuels scolaires (« un savant», « un humaniste »…). Et répéter cette formule grammaticale, « le masculin l’emporte sur le féminin » aux enfants à partir de 7 ans induit des représentations mentales qui conduisent à accepter la domination masculine, et une partition binaire des genres. Cette maxime patriarcale, devenue règle grammaticale, doit être mise au ban de l’école.

Par l’enseignement de la langue et la grammaire, le féminin est relégué à une position subalterne.

De la nécessité de voir le langage comme une manifestation sexiste parmi d’autres

L’emploi de la langue est une manifestation parmi d’autres du sexisme. Différence de salaire, inégale répartition des tâches ménagères, publicités sexistes, discrimination à l’emploi, harcèlement de rue, agressions sexuelles, harcèlement sexuel sur le lieu de travail, violences conjugales, injonctions vestimentaires, viols et langage sexiste font partie d’un même système. Il ne faut pas minimiser le combat de la langue et il faut attaquer le sexisme sous plusieurs angles. Ainsi l’écriture et la grammaire inclusives remettent aussi en question la position inégalitaire des femmes dans la société. L’écriture inclusive permet aussi, par des formes écrites qui englobent en une seule formule masculin et féminin, de sortir d’une langue binaire soit masculine soit féminine, et inclure par là toutes les personnes qui ne se reconnaissent pas dans cette partition binaire. Il est nécessaire de chercher un langage non sexiste pour tenter de réduire les inégalités ou violences faites aux femmes, et à tout-e-s les personnes qui ne se reconnaissent pas dans la partition binaire des genres. C’est au sein de l’école que beaucoup de choses se jouent, c’est par l’éducation des plus jeunes que le système sexiste pourra être modifié. C’est une lutte idéologique qu’il faut mener, et le langage est aussi un enjeu de cette lutte.


Mixité / Non mixité, quels outils de lutte ?

Quelques rappels

La pratique de la non-mixité fait partie intégrante de l’histoire du mouvement féministe.

Son utilité et sa raison d’être ont été notamment explicitées par la génération fondatrice du Mouvement de Libération des Femmes, Christine Delphy en tête, notamment dans son texte Nos amis et nous, écrit en 1977 et publié aujourd’hui dans L’ennemi principal. Hors du champ féministe, elle a aussi été revendiquée par d’autres mouvements d’émancipation collective, comme par exemple aux Etats-Unis le mouvement pour les droits civiques mené par les Afro-Américain-e-s.

Non mixité ET mixité choisies

Tant que subsisteront toutes les formes d’oppression (patriarcale, raciste, LGBTQIphobe), la non-mixité apparaîtra comme un outil utile. Mais si elle constitue la voie de l’émancipation, elle n’en est pas son horizon. Sa pratique, nécessaire, est aussi indissociable d’une convergence des luttes synonyme de mixité choisie.

De l’importance d’une non mixité choisie

Un constat : notre époque est celle de la non-mixité subie et de la mixité sans égalité.

• Le système patriarcal exclut les femmes de la société politique, économique ou médiatique (malgré une mixité apparente) tant au niveau national qu’international (gouvernement, hauts cadres administratifs, ONU, OCDE…) ou exclut les femmes des postes décisionnels dans des associations, clubs de sport ou autres ;

• Au sein des familles, il n’y a pas d’égalité femme-homme (violences conjugales, inégalité dans la prise en charge des tâches ménagères et de l’éducation des enfants) ;

• La parité numérique (50 % d’hommes/50 % de femmes) est un leurre car certaines professions sont beaucoup plus féminisées que d’autres ;

• La mixité à l’école, certes obligatoire depuis 1975, est censée offrir la même éducation à toutes et tous, mais telle qu’elle est pratiquée, elle reproduit les conditionnements sexués existants dans la société.

La non-mixité choisie permet aux femmes de se libérer

C’est aux femmes qui subissent de s’auto-émanciper car ce ne sont pas les hommes qui, ayant une position de dominants, vont lâcher de leur pouvoir, ce n’est pas à eux de dire comment les femmes doivent s’émanciper. Les femmes choisissent la non-mixité car :

Elle libère la parole, la sécurise, permet une sorte d’empowerment ( aux personnes opprimées de parler, de prendre l’espace, de parler mieux, de parler sans se faire sans cesse couper la parole, de se comprendre, mieux qu’en présence de personnes dominantes).

Elle permet aux femmes une prise de conscience de leur statut de dominées, en échangeant, elle voit les multiples facettes de l’oppression patriarcale.

La non-mixité est une stratégie de résistance politique à des dominations structurelles telles que le racisme ou le sexisme.

C’est un moyen de signifier aux hommes qu’ils doivent prendre conscience de leur place de dominants.

Investir des temps de non-mixité choisie est ainsi la base de toute lutte d’émancipation.

La mixité choisie (ou plus exactement : la possibilité de choisir – ou pas – la mixité) constitue un objectif pour les dominé-e-s, le chemin qui y mène passe nécessairement par des moments de non-mixité choisie.

• La mixité dans notre société est vue comme un progrès social mais elle n’attaque pas le patriarcat, elle n’est pas synonyme d’égalité : les stéréotypes de genre et les comportements sexistes ont la vie dure. L’égalité entre femmes et hommes par contre est un principe inaltérable.

• La mixité doit être un atout pour la convergence de toutes les luttes d’émancipation. Mais dans cette convergence, les allié-e-s ne doivent pas se substituer au groupe opprimé pour fixer modalités d’action et revendications. La mixité dans son sens large (mixité entre les sexes, mixité racisé-e-s-blanc-he-s), est indispensable au fonctionnement de notre société, et elle est de toute façon inhérente à chaque lutte.

Et ailleurs aujourd’hui ?

L’expérience des femmes Kurdes de Kobanê

La stratégie du mouvement des femmes consiste à la fois à promouvoir l’organisation non-mixte des femmes à tous les niveaux, et à assurer parallèlement une participation

égalitaire dans les structures mixtes.

En 2014, le Rojava déclarait son autonomie. Les femmes de Kobanê participaient à la mise en place d’un système d’égalité de genre inédit avec pour principes la co-présidence à tous les niveaux décisionnels et les assemblées autonomes de femmes au sein de chaque instance politique.

Lorsque le quota -40 % de femmes- n’est pas respecté, alors l’assemblée est annulée, ou alors les femmes ne sont pas tenues de respecter les décisions qui en découlent. Vu que les femmes s’organisent en non-mixité pour discuter et prendre les décisions qui les concernent, lorsque l’on applique ce quota au sein des organisations mixtes, il s’agit en fait de personnes porte-parole du mouvement des femmes.

Voici les principales structures du mouvement des Femmes Libres du Bakur dont nous avons connaissance :

• les Académies de Femmes, ces lieux où elles se retrouvent pour apprendre ensemble, dans une démarche proche de l’éducation populaire, en partant des expériences et connaissances de chacune, et où l’alphabétisation et la formation politique sont la base ;

• les coopératives permettent aux femmes d’accéder à un revenu et viser l’indépendance économique ; souvent il s’agit de se mettre ensemble pour produire et vendre l’artisanat qu’elles fabriquaient déjà chez elles sans avoir d’accès à la vente ;

• JINHA, une agence de presse composée exclusivement de femmes a été créée le 8 mars 2012 pour contrecarrer les articles extrêmement misogynes écrits dans la presse officielle ;

• les conseils de rues, de villages et de quartiers ont leurs propres structures en non-mixité. Elles traitent des sujets qui les concernent, mettent en place des commissions pour amener des solutions aux problèmes qu’elles soulèvent, puis ces espaces sont le premier repli pour les femmes victimes de violences ;

• de nombreuses associations de femmes, indépendantes des autorités étatiques, ont vu le jour. Une de leurs activités principales est de venir en soutien aux femmes victimes de violence conjugale. Pour cela, plusieurs refuges dans les principales villes accueillent ces femmes.


Des ressources utiles pour aller plus loin

Sources et bibliographie :

KERGOAT, D. Le rapport social de sexe. De la reproduction des rapports sociaux à leur subversion. 2001

Ministère de l’Education Nationale. Repères et références statistiques, Chapitre 8, Les personnels. 2020. https://www.education.gouv.fr/reperes-et-references-statistiques-2020-1316

Harris Interactive. L’impact du confinement sur les inégalités femmes-hommes. 2020 (enquête commandée par le Secrétariat d’État chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes) https://harris-interactive.fr/opinion_polls/limpact-du-confinement-sur-les-inegalites-femmes-hommes/

Service Checknews. Combien y a-t-il de viols chaque année ? Combien de plaintes ? Combien de condamnations ? Libération. 2019.

https://www.liberation.fr/checknews/2019/02/08/combien-y-a-t-il-de-viols-chaque-annee-combien-de-plaintes-combien-de-condamnations_1708081

Ifop pour le Défenseur des droits. Enquête sur le harcèlement sexuel au travail. 2014. https://www.defenseurdesdroits.fr/sites/default/files/atoms/files/ddd_etu_20140301_harcelement_sexuel_synthese_ifop_0.pdf

Des textes de lois et autres textes juridiques

La loi n°2018-703 du 3 août 2018 renforçant la lutte contre les violences sexistes et sexuelles modifie ou complète certaines dispositions pénales existantes (prescription, infractions sexuelles sur mineurs, harcèlement sexistes et sexuel de groupe …), crée de nouvelles infractions (outrage sexiste, captation d’images intimes, administration de substances) et renforce la prise en compte des violences via la formation de divers professionnels, l’extension de compétences ou dans l’élaboration d’outils de planification.

La loi n° 2012-954 du 6 août 2012 relative au harcèlement sexuel instaure une nouvelle définition plus large et plus précise du harcèlement sexuel conforme au droit européen et assortie de sanctions plus lourdes. Elle harmonise ainsi les dispositions législatives relatives au harcèlement sexuel applicables au plan civil et au plan pénal. Elle élargit la protection contre les discriminations et renforce l’obligation de prévention qui incombe à l’employeur.

Des outils pour aller plus loin

Le site de l’AVFT (association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail) Notamment sa boîte à outils. https://www.avft.org/

Les conseils sur le site du CFCV (collectif féministe contre le viol) https://cfcv.asso.fr/

Le Guide de Solidaires Agir syndicalement contre violences sexistes et sexuelles au travail en ligne et en pdf ici : https://solidaires.org/Guide-Solidaires-Agir-syndicalement-contre-les-violences-sexistes-et-sexuelles

Le centre Hubertine Auclert pour des ressources pédagogiques https://www.centre-hubertine-auclert.fr/

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Actu Solidaires 78

« Quel effet Covid sur les militant·es, les collectifs de lutte ? » – Débat Solidaires 78

Débat-échanges mardi 4 mai 2021

Retour sur « Quel effet Covid sur les militant.es, les collectifs de lutte ? »

Le rendez-vous hebdomadaire de l’accueil syndical Solidaires 78 à La Librairie La Nouvelle Réserve de Limay, a inauguré le débat mensuel prévu avec ce thème sensible qui a passionné les présent.es (12)

Oui, la brutalité de la situation inédite due à cette pandémie et sa gestion désastreuse par les gouvernants avec la casse sociale, les attaques contre les libertés et les droits, n’a pas épargné les collectifs militants et leurs participant.es. Un coup d’arrêt brutal a été donné en pleine mobilisation contre la réforme des retraites après l’année intense de lutte avec les Gilets Jaunes, où nous avions goûté à des moments collectifs souvent réjouissants, et même envisagé des projets prometteurs !

Notre quotidien, nos habitudes, notre équilibre à la fois personnel et collectif en ont été bousculés, déboussolés, ébranlés, que nous ayions été contaminés ou pas. Fatigue, repli sur soi, mal-être, angoisse et dépression ont aussi atteint nos rangs en plus de la colère, elle, très partagée.

Nous n’en sortons pas tous et toutes indemnes. L’inédit peu réjouissant nous a aussi impacté.es: confinements, restrictions de déplacements et des droits, couvre-feu, charge mentale au travail et à la maison, amplifiée pour certaines professions, notamment féminisées (à l’hôpital, dans les services à la personne, pour les personnels de l’éducation, les caissières ou femmes de ménage…).

Des situations familiales souvent percutées, la crainte de l’avenir pour les jeunes, du chômage- réel- pour d’autres, l’isolement pour certain.es : une avalanche de contraintes déstabilisantes, les collectifs de travail éclatés, n’ont pas épargné les militant.es et leurs organisations. Certes une partie d‘entre nous avons peut-être trop intériorisé la pression générale, piégés par l’infantilisation pesante et culpabilisante du gouvernement.

Ce mardi a été aussi abordé longuement la question des effets et de la place du télé-travail (notre visio-formation du 6 avril par internet avait déjà creusé le sujet).

Malgré les décalages et l’éparpillement, il a fallu donc s’organiser autrement pour continuer, ne pas perdre les liens, comme dans une sorte de clandestinité, faire encore plus preuve de ténacité et d’imagination : réunions internes ou publiques par visio conférences (de Solidaires 78 ou avec d’autres comme l’Assemblée de lutte du Mantois ou l’AG interpro des Mureaux), multiplication des échanges par réseaux sociaux ou mails, actions de désobéissance civile, rencontres fortuites, mais aussi rassemblements publics déclarés avec d’autres forces ou actions possibles notamment dans certains secteurs, et avec d’autres groupes locaux.

Saluons ici la ténacité du groupe féministe des Fffrac du Mantois qui a tenu des rassemblements très animés presque tous les 8 du mois dès septembre pour préparer la grève des femmes du 8 mars 2021!

Pour Solidaires 78, ne pas disparaître de la circulation a été aussi notamment possible localement grâce à l’ouverture de la librairie La Nouvelle Réserve à Limay. Ainsi nous avons pu démarrer dans une salle ou dans la cour, l’accueil syndical hebdomadaire envisagé depuis l’été 2020 (?). Ce temps précieux du mardi fin d’après-midi a permis aussi de lancer et peaufiner notre site d’information sur lequel vous lisez cette lettre hebdomadaire, entre autres.

Oui, parce qu’il faut des lieux et du temps pour que les collectifs militants puissent survivre !

Constatons qu’en plus des atteintes aux droits, le désastre social en cours avec la montée du chômage à bas bruit, la flopée de licenciements notamment dans l’automobile, la surexploitation exacerbée par la crise, n’ont pas encore trouvé de réponses massives à la hauteur.

Même si des luttes défensives n’ont pas cessé (contre la répression et des licenciements), il est temps de préparer la contre-offensive en étant encore plus régulièrement sur le terrain que ce soit dans des secteurs visibles (hôpital, éducation, multinationales…) ou plus invisibles comme les petites boites, les sous-traitants, les précaires… Nous avons des idées, appliquons-les !

L’effet Covid peut aussi rebooster notre détermination combative et imaginative !

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Actu Solidaires 78 Finances publiques

10 mai : en télétravail ou en présentiel, journée de grève DGFiP

Soutien des fédérations des Finances à la journée de grève DGFiP du 10 mai

Les fédérations des finances Solidaires, CGT, FO, CFDT et CFTC soutiennent pleinement la journée de grève nationale des agents des Finances Publiques le lundi 10 mai.

Ce 10 mai l’intersyndicale DGFiP, Solidaires, CGT, FO, CFDT/CFTC appelle l’ensemble des personnels (en télétravail ou en présentiel) à se mettre en grève et manifester leur ras le bol face à leur administration qui continue de restructurer, démembrer, amputer, atomiser missions et structures comme si rien ne s’était produit depuis un an.

Face à la pandémie et à ses conséquences humaines, sociales et économiques, le gouvernement et Bercy ont su pourtant recourir aux qualifications, à l’expérience et à la conscience professionnelles des agents, rappelant l’importance du service public en général et en son sein la place de la DGFiP.
Rien que le bilan de cette situation exceptionnelle, situation qui perdure aujourd’hui, aurait dû inviter les pouvoirs publics et administratifs à revoir leur copie dévastatrice.
Pourtant la DGFiP, non seulement démantèle les services, mais elle détruit plus encore les repères des agents et des usagers, méprisant l’investissement des uns réduits à n’être que des variables d’ajustement budgétaires, ignorant les besoins des autres bien loin d’un service virtuel sans contact humain ajoutant ainsi un peu plus d’angoisse dans cette période.

Plus que jamais, les missions de service public de la DGFiP démontrent leur utilité au service de l’intérêt général. C’est le moment pour réaffirmer les besoins de ce service public.

Le 10 mai est l’occasion pour exiger pour la DGFiP et ses agents :

  • des implantations de proximité qui soient des services de plein exercice assumant leurs missions de service public ;
  • des moyens humains et budgétaires pour exercer leurs missions essentielles au fonctionnement de l’État ;
  • des conditions de travail respectueuses des personnels ;
  • la juste reconnaissance des engagements professionnels des agents en termes de droits, de garanties et de pouvoir d’achat.

Cette journée de grève ne concerne pas que la DGFiP et ses personnels. Elle concerne bel et bien l’intérêt général et le maintien d’une république démocratique et sociale fondée sur l’impôt, outil de redistribution des richesses, et sur le contrôle du bon usage des deniers publics ainsi collectés.
Cette journée raisonne dans tout le ministère, pas une seule direction n’est aujourd’hui épargnée par le jeu de massacre qui consiste à démanteler le contenu des missions, à diluer ces dernières, à les rendre non opérationnelles, en réduisant de façon drastique les effectifs et les moyens.

Dans la situation sanitaire actuelle, Bercy et ses directions sont tout particulièrement au cœur de la bataille, de la relance au financement de l’action publique et contribuent à ce que la société ne s’effondre pas.

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Actu Solidaires 78 Éducation

Annonces sur les examens : le ministre est toujours loin du compte

Après avoir reçu les syndicats ce mercredi 5 mai, Jean-Michel Blanquer a, comme à son habitude, réservé ses annonces aux médias. Le ministre annonce maintenir toutes les épreuves du baccalauréat.
Quelques aménagements à la marge sont annoncés, notamment le remplacement de la note de l’épreuve de philosophie par la moyenne du contrôle continu si la première lui est inférieure. L’épreuve anticipée de français n’est modifiée également qu’à la marge : une augmentation du nombre de sujets. Cette modification peut même s’avérer contre-productive et faire perdre un temps précieux en analyse des sujets.
Le ministre a annoncé contre tout bon sens le maintien de l’épreuve du grand oral : SUD éducation n’a eu de cesse de dénoncer le caractère socialement discriminant de cette épreuve et demander sa suppression. En cette année où les élèves auront encore moins eu le temps de la préparer, le petit aménagement proposé (annoncer les sujets n’ayant pas été traités en cours) ne saurait être suffisant. En lycée professionnel, le ministère persiste à maintenir l’épreuve de chef d’œuvre de CAP. Les lycéen-ne-s réclament l’annulation de cette épreuve et les pétitions à ce sujet comptent de nombreux signataires. On voit ici encore l’entêtement du ministre, prêt à tout pour sauver les apparences et faire croire que le baccalauréat conserve sa valeur de diplôme national. SUD éducation continue à réclamer la suppression de cette épreuve pour cette année et pour celles à venir.
SUD éducation revendique pourtant depuis 12 mois l’aménagement et l’adaptation des programmes à la crise sanitaire. Le ministre Blanquer est resté sourd à cette revendication de bon sens. Il porte la responsabilité de la désorganisation actuelle et de l’angoisse des lycéen-ne-s à l’approche des épreuves. SUD refuse de se laisser enfermer dans un dilemme entre le maintien à tout prix des épreuves terminales (discriminantes au vu de l’année écoulée) et l’effet d’aubaine que représente la crise sanitaire pour les partisans du démantèlement du baccalauréat national.
Les lycéen-ne-s ont de nombreuses raisons d’être en colère et de se mobiliser pour dénoncer l’injustice qui préside aux décisions du ministère. Ils et elles s’étaient déjà mobilisé-e-s en novembre contre la mauvaise gestion de la crise sanitaire par le ministre. SUD éducation les soutient une nouvelle fois dans leurs actions et dénonce la répression policière et administrative dont ils font l’objet.
Face à l’entêtement du ministre, la question de l’annulation ne doit pas être tabou. Il est déjà arrivé que le baccalauréat soit accordé à tout-e-s les candidat-e-s. SUD éducation appelle les personnels à se réunir en assemblées générales et à définir leurs revendications et modalités de soutien aux lycéen-ne-s.
SUD éducation continue de revendiquer l’abrogation des réformes Blanquer du lycée et du baccalauréat.

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